Page 59 - LES DEUX BABYLONES
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         En Égypte, le blond Horus fils du noir Osiris, qui était l'objet favori du culte et qui était porté dans les bras
         de la déesse Isis, naquit miraculeusement, dit-on, à la suite des relations de cette déesse avec Osiris après sa
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          mort  et dans une nouvelle incarnation de ce dieu, pour venger sa mort sur ses meurtriers. Il est merveilleux
          de  trouver tant de pays si éloignés l'un de l'autre, et tant de millions de membres de la race humaine
          aujourd'hui qui n'ont certainement jamais vu de nègres, et parmi lesquels cependant on adore un dieu noir.
          Mais, parmi les nations civilisées de l'antiquité, comme nous le verrons plus loin, Nemrod tomba dans le
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          discrédit, et fut dépouillé de son ancien prestige, surtout à cause de sa difformité, ob deformitatem . – Même
          à Babylone, l'enfant posthume, identifié avec son père et cependant possédant plutôt les traits de sa mère,
          devint le type favori du divin fils de la Madone.

          Ce fils ainsi adoré dans les bras de sa mère était considéré comme revêtu de presque tous les attributs, et
          appelé de presque tous les noms du Messie promis. De même que Christ dans l'hébreu de l'Ancien Testament,
          est appelé Adonaï, le Seigneur, de même

          Tammuz était appelé Adon ou Adonis. Sous le nom de Mithra, il était
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          adoré  comme Médiateur . Comme     Médiateur et chef de l'alliance de
          grâce, il était appelé Baal-berith, le Seigneur de l'alliance (Juges VIII, 33).
          Sous ce caractère, on le représente (fig. 24) sur les monuments de Perse
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          comme assis sur l'arc-en-ciel, le symbole bien connu de l'alliance . Dans
          l'Inde, sous le nom de Vichnou, le Gardien ou le Sauveur des hommes,
          quoiqu'étant un dieu, il était adoré comme l'Homme-Victime, qui, avant
          que le monde ne fût, parce qu'il n'y avait point autre chose à offrir, s'offrit   Fig. 24
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          lui-même en sacrifice . Les écrits sacrés des Hindous nous disent que
          cette mystérieuse offrande avant toute la création est le point de départ de tous les sacrifices qui ont été offerts
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          depuis ce moment . Sera-t-on étonné de trouver cette déclaration dans les livres sacrés de la mythologie
          païenne? Mais depuis que le péché est entré dans le monde, il n'y a jamais eu qu'un seul moyen de salut,
          savoir, le sang de l'alliance éternelle, moyen que toute l'humanité connaissait, depuis les jours du pieux Abel.
          Lorsqu'Abel, par la foi, offrit à Dieu un sacrifice plus excellent que celui de Caïn, c'était sa foi au sang de
          l'agneau égorgé dans le dessein de Dieu depuis la fondation du monde, et qui devait être au temps voulu
          immolé sur le calvaire, qui faisait toute l'excellence de cette offrande. Si Abel connaissait le sang de l'Agneau,
          pourquoi les Hindous ne l'auraient-ils pas connu?
          Il est un petit mot qui montre que même en Grèce la vertu du sang divin avait été autrefois connue, bien que
          cette vertu dépeinte par les poètes Grecs fut entièrement obscurcie et dégradée. Ce mot, c'est Ichor. Tous ceux
          qui ont lu les bardes de la Grèce classique, savent que Ichor est le terme spécialement approprié pour désigner
          le sang d'une divinité. Voici ce que dit Homère à ce sujet: "Sur la paume de la main, coule l'Ichor (le sang)
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          incorruptible, liqueur subtile que laissent échapper les dieux bienheureux ."







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                              Plutarchi Opera, vol. II, p. 366
                       31     Mots du Gradus ad Parnassum sur la cause de la chute de Vulcain, dont on voit l'identité avec Nemrod
                              (ch. 7, art. 1).
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                              PLUTARQUE, De Iside, vol. II, p. 369.
                       33     THÉVENOT, Voyages, P. I, ch. VII, p. 514.
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                              Col. KENNEDY, Mythol Hindoue, p. 221, 247, avec la note.
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                              ibid. p. 200, 204, 205. Dans l'exercice de ses fonctions, comme dieu du remède, Vichnou, dit-on, arrache
                              les épines des trois mondes. (MOOR, Panthéon, p. 12). Les épines étaient un symbole de malédiction
                              comme il l'est exprimé dans Genèse III, 18.
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                              HOMÈRE, Iliade, liv. V, v. 339-340.
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