Page 57 - LES DEUX BABYLONES
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un terrible exemple, et que les membres dispersés de l'apostat furent envoyés aux principales villes où son
système s'était établi, on le comprendra bien vite, dans ces circonstances, si l'idolâtrie devait durer, si par-
dessus tout elle devait se développer, il était indispensable qu'elle agit en secret. La terreur d'une exécution
capitale, infligée à quelqu'un d'aussi puissant que Nemrod, rendait nécessaire, au moins pour quelque temps,
la plus extrême prudence. Ce fut dans ces circonstances, on ne peut en douter, que commença ce système de
Mystère, qui ayant Babylone pour centre, s'est répandu dans le monde entier. Dans ces mystères, sous le sceau
du secret et la sanction d'un serment, et au moyen de toutes les ressources fertiles de la magie, les hommes
furent graduellement ramenés à toute l'idolâtrie qui avait été publiquement supprimée, tandis que l'on ajoutait
à cette idolâtrie de nouveaux traits qui la rendaient encore plus blasphématoire que jamais. Nous avons des
faits abondants qui établissent que la magie et l'idolâtrie étaient soeurs jumelles et qu'elles sont venues dans
le monde en même temps. Zoroastre, dit l'historien Justin, inventa, dit-on, les arts magiques, et étudia avec
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beaucoup de soin les mouvements des corps célestes . Le Zoroastre dont parle Justin est le Bactrien
Zoroastre; mais on croit généralement que c'est une erreur. Stanley, dans son histoire de la philosophie
orientale, conclut que cette erreur vient d'une similitude de noms, et que pour cette raison on avait attribué
cette invention au Bactrien Zoroastre qui en réalité appartenait aux Chaldéens; car on ne peut imaginer que
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le Bactrien fût l'inventeur de ces arts dans lesquels les Chaldéens, ses contemporains, étaient si habiles .
Avant lui, Épiphane était évidemment arrivé, en substance, à la même conclusion. Il prétend, d'après les
preuves certaines qu'il en avait alors, que ce fut Nemrod qui établit les sciences de la magie et de l'astronomie,
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dont l'invention fut plus tard attribuée au Bactrien Zoroastre .
Comme nous avons vu que Nemrod et le Chaldéen Zoroastre ne font qu'une seule personne, les conclusions
de ceux qui ont fait ou qui font encore des recherches dans l'antiquité chaldéenne sont entièrement d'accord.
Or le système secret des Mystères donnait de grandes facilités pour frapper les sens des initiés au moyen de
tours d'adresse variés et d'artifices de magie. Malgré tout le soin et les précautions de ceux qui dirigeaient ces
initiations, il en est assez venu jusqu'à nous pour nous donner une juste idée de leur véritable caractère. Tout
était si bien combiné pour élever les esprits des novices au plus haut degré d'excitation, qu'après s'être livrés
entièrement au prêtre ils étaient préparés à recevoir n'importe quoi. Après que les candidats à l'initiation
étaient passés par le confessionnal et qu'ils avaient juré d'après les serments ordinaires, on leur présentait des
objets étranges et effrayants. Quelquefois le lieu où ils étaient semblait trembler autour d'eux; quelquefois il
se montrait brillant et resplendissant de lumière, puis il se couvrait de profondes ténèbres; quelquefois il y
avait des éclairs et du tonnerre; quelquefois des bruits épouvantables, des mugissements; quelquefois des
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apparitions terribles étonnaient les spectateurs tout tremblants . Puis enfin, le grand dieu, l'objet central de
leur culte, Osiris, Tammuz, Nemrod ou Adonis, leur était révélé de la manière la plus propre à adoucir leurs
sentiments et à engager leurs affections inconscientes. Voici le récit que fait de cette manifestation un ancien
païen. Il le fait, il est vrai, avec prudence, mais cependant de manière à montrer la nature du secret magique
par lequel on accomplissait ce miracle apparent: "Dans une manifestation qu'il ne faut point révéler, on voit
sur le mur du temple une masse de lumière qui, à première vue, semble très éloignée. Elle se transforme, en
s'agrandissant, en un visage évidemment divin et surnaturel, d'un aspect sévère, mais ayant un air de douceur.
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Suivant les enseignements de la religion mystérieuse, les Alexandrins l'honorent comme Osiris ou Adonis ."
D'après ce passage, on n'en peut douter, l'art magique ainsi employé n'était autre chose que celui dont on fait
usage aujourd'hui dans la fantasmagorie moderne. Ces moyens-là, ou d'autres semblables, étaient employés
aux époques les plus reculées, pour offrir à la vue des vivants dans les mystères secrets ceux qui étaient déjà
morts. L'histoire ancienne contient des allusions à l'époque même de Sémiramis, qui impliquent que l'on
23 JUSTIN, Histoires, liv. I, ch. I, vol. II, p. 615.
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STANLEY, p. 1031, c. I.
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ÉPIPHANE, Adv. Hceres., liv. I, tome I, vol. I, p. 7, c.
26
WILKINSON, Moeurs et coutumes des Égyptiens, vol. V, p. 326.
27
DAMASCIUS, apud PHOTIUM, Bibliothèque, cod. 242, p. 343.