Page 58 - LES DEUX BABYLONES
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L'un des passages auxquels je fais allusion se trouve dans les paroles suivantes de Moses de Chorene
dans son Histoire arménienne, à propos de la réponse de Sémiramis aux amis d'Arasus, qu'elle avait
égorgés dans une bataille: "Diis, inquit, (Sémiramis) meis mandata dedi, ut Arasi vulnera lamberent, et
ab inferis excitarent... Dii, inquit, Araeum lamberunt, et ad vitam revocarunt." J'ai, dit Sémiramis, donné
l'ordre à mes dieux de lécher les blessures d'Araeus, et de lui rendre la vie. Mes dieux, dit-elle, ont léché
Arasus, et l'ont rappelé à la vie. (MOSES CHORON, liv. I, ch. 14, p. 42). Si Sémiramis avait vraiment
fait ce qu'elle disait, c'aurait été un miracle. Les effets de la magie étaient des miracles simulés, et Justin
et Épiphane montrent que les miracles simulés apparaissent aux origines même de l'idolâtrie. Or, à moins
que le miracle simulé de la résurrection des morts par les arts magiques ne fût déjà notoirement pratiqué
à l'époque de Sémiramis, il n'est pas probable qu'elle eût donné une pareille réponse à ceux qu'elle
désirait se rendre favorables: car d'un côté, comment aurait-elle jamais pensé à faire une pareille réponse,
et de l'autre comment aurait-elle prévu qu'il obtiendrait l'effet désiré s'il n'y avait pas des croyances
populaires aux pratiques de la nécromancie? Nous lisons qu'en Égypte, vers la même époque, on
pratiquait des arts semblables s'il faut en croire Manetho. Manetho dit, d'après Josèphe qu'il (Horus,
l'aîné, dont il parlait évidemment comme d'un roi humain et mortel) était admis en présence des dieux, et
qu'Aménophis désirait obtenir le même privilège (