Page 24 - LES DEUX BABYLONES
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          L'idée Babylonienne de l'unité divine était tellement idolâtre, que Jéhovah le Dieu vivant blâmait sévèrement
          son peuple de la partager à quelque degré que ce fût: "Ceux qui se sanctifient et qui se purifient au milieu des
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          jardins, d'après les rites d'Achad , mangeant de la chair de porc, des choses abominables et des souris, seront
          consumés tous ensemble" (Ésaïe LXVI, 17). Dans l'unité de ce Dieu unique des
          Babyloniens il y avait trois personnes, et pour symboliser cette doctrine de la
          Trinité,  ils employaient, comme  le prouvent les découvertes de Layard, le
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          triangle équilatéral, absolument comme l'Église Romaine le fait de nos jours .
          Dans les deux cas une telle comparaison est injurieuse pour le Roi Éternel, et ne
          sert qu'à pervertir les esprits de ceux qui se la permettent comme s'il y avait ou
          s'il ne pouvait y avoir aucune ressemblance entre une pareille figure et celui qui
          a dit: "à qui comparerez-vous Dieu, et à quoi le ferez-vous ressembler?" (Ésaïe      Fig. 3
          XLVI, 5).



                             La papauté a dans quelques-unes de ses églises, comme par exemple dans le monastère
                             des Trinitaires de Madrid, une image du Dieu en trois personnes, avec trois têtes sur un
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                             seul corps .
                             Les Babyloniens avaient quelque chose de similaire. Dans son dernier livre, M. Layard
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                             donne un spécimen de cette triple divinité qu'adoraient les anciens Assyriens  (fig. 3).
                             La gravure ci-dessous (fig. 4) d'une autre divinité qu'adoraient les païens de la Sibérie,
                             est empruntée à une médaille du Cabinet impérial de St-Pétersbourg et donnée dans le
                 Fig. 4                        26
                             "Japhet" de Parson .



                              qui a le même sens et qui vient aussi du Chaldéen Ziv, éclat ou splendeur (Daniel II, 31) et certainement
                              lorsque le culte du soleil vient se greffer sur la foi des patriarches, la splendeur visible du luminaire
                              divinisé pouvait être suggérée par ce nom. Mais on a des raisons de croire que Deva a une origine plus
                              noble et que ce mot venait réellement à l'origine du Chaldéen Thad bon, que l'on peut aussi prononcer
                              Thev, ou dans sa forme emphatique Theva, ou Theva le Bon. La première lettre représentée par le Th,
                              comme le montre Donaldson dans son "Nouveau Cratylus", se prononce souvent Dh. De Dheva ou
                              Theva le Bon vient naturellement le sanscrit Deva, ou sans le digamma, comme cela arrive souvent Deo,
                              Dieu, en latin Deus, en Grec, Theos, le digamma disparaissant de l'original Thevo-s, comme novus en
                              latin devient neos en Grec. Cet aspect du sujet donne de l'autorité à la parole du Seigneur (Matthieu
                              XIX, 17). Il n'y a qu'un seul bon, c'est (Theos) Dieu. – (le Bon).
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                              Quelques-uns traduisent: (derrière un arbre); mais il n'y a dans le texte aucun mot signifiant arbre; et
                              Lowth admet, avec les meilleurs orientalistes, qu'il faut traduire "d'après les rites d'Achad", c.-à-d. "de
                              celui qui est unique". On objectera qu'il n'y a pas d'article; mais l'objection a peu de portée; ce même mot
                              "Achad" est usité sans article dans le Deutéronome, quand l'unité de la Divinité est affirmée de la
                              manière la plus solennelle: "Écoute, Israël, l'Éternel notre Dieu est le seul Éternel" (Deutéronome VI, 4).
                              Pour affirmer avec le plus de force possible l'unité de la divinité les Babyloniens employaient le mot
                              Achad (Macrobii Saturnalia, liv. I, ch. 23, p. 73).
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                              LAYARD, Ninive et Babylone, p. 605. Les Égyptiens se servaient aussi du triangle comme d'un symbole
                              de leur divinité à trois formes (voir MAURICE, Antiquités indiennes, vol. IV, p. 445, Londres 1794).
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                              PARKURST, Lexique Hébreu, sub voce Cherubim. D'après l'extrait suivant du Catholique Laïque, de
                              Dublin, journal protestant compétent, décrivant un tableau romain de la Trinité, récemment paru dans
                              cette ville, on verra qu'il s'est manifesté, aux portes mêmes de l'Angleterre, une tendance analogue à cette
                              manière de représenter la Divinité. Au sommet du tableau est une représentation de la Trinité. Nous en
                              parlerons avec le respect nécessaire. Dieu le Père et Dieu le Fils sont représentés par un homme ayant
                              deux têtes, un corps et deux bras. L'une de ces têtes est comme les portraits ordinaires du Sauveur.
                              L'autre est la tête d'un vieillard surmontée d'un triangle. Au milieu du tableau, on voit l'Esprit-Saint
                              sortir sous la forme d'une colombe. Nous pensons que tout chrétien verra ce tableau avec tristesse, et
                              répugnance. Le Laïque Catholique, 17 juillet 185.
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                              Ninive et Babylone, p. 160. – On a dit que la forme du pluriel du nom de Dieu, dans l'hébreu de la
                              Genèse, ne fournit pas d'argument pour la doctrine de la pluralité des personnes dans la Divinité, parce
                              que le même mot au pluriel est appliqué aux divinités païennes. Mais si la Divinité suprême chez
                              presque tous les peuples païens était triple-une, la futilité de l'objection est évidente.
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                              Japhet. p. 184.
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