Page 29 - LES DEUX BABYLONES
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Ces détails jettent encore de la lumière sur ce fait déjà remarqué, que le Dieu Hindou Iswara est représenté
comme un nourrisson au sein de sa propre femme Isi, ou Parvati.
Or ce Ninus, ou le Fils, porté dans les bras de la Madone Babylonienne, est décrit de telle manière que nous
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pouvons l'identifier avec Nemrod. Ninus, roi des Assyriens , nous dit Trogue Pompée, résumé par Justin, "fut
le premier qui, animé d'une passion nouvelle, le désir des conquêtes, changea les moeurs paisibles de
l'antiquité. Il fit le premier la guerre à ses voisins et conquit toutes les nations depuis l'Assyrie jusqu'à la
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Lybie, car elles ignoraient encore l'art de la guerre ." Diodore de Sicile nous donne un récit qui s'accorde
entièrement avec celui de Trogne Pompée; il ajoute même un trait qui démontre plus complètement cette
identité: "Ninus, dit-il, le plus ancien roi d'Assyrie mentionné par l'histoire, fit de grandes actions.
Naturellement belliqueux, et ambitieux de la gloire qui vient de la valeur, il arma un nombre considérable de
jeunes gens braves et vigoureux comme lui, leur fit faire pendant longtemps des exercices laborieux et de
pénibles travaux, et les accoutuma ainsi à endurer la fatigue de la guerre et à affronter courageusement les
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dangers ." Puisque Diodore fait de Ninus le plus ancien roi d'Assyrie et qu'il le représente comme ayant
inauguré ces guerres qui ont élevé sa puissance à un degré extraordinaire en lui soumettant les habitants de
la Babylonie, cela montre qu'il occupait exactement la même position que Nemrod dont l'Écriture dit: "Ce fut
le premier qui commença à être puissant sur la terre (I Chroniques I, 10), et il régna d'abord sur Babylone."
(Genèse X, 8). Comme les constructeurs de Babel, lors de la confusion de leur langage, furent dispersés avec
lui sur la surface de la terre et quittèrent la ville et la tour qu'ils avaient commencé de bâtir, Babylone, comme
cité, n'existait pas avant que Nemrod, en y établissant son pouvoir, en fît le fondement, et le point de départ
de sa grandeur. À ce point de vue donc, l'histoire de Ninus et celle de Nemrod s'accordent exactement. La
manière dont Ninus obtint son pouvoir est aussi la même dont Nemrod éleva le sien. Il est hors de doute que
ce fut en endurcissant ses partisans aux fatigues et aux dangers de la guerre, qu'il les forma peu à peu au
métier des armes et qu'il les prépara à l'aider dans l'établissement de sa souveraineté absolument comme
Ninus, en accoutumant ses compagnons pendant longtemps à des exercices pénibles et à de durs travaux, les
rendit propres à faire de lui le premier roi des Assyriens.
Les conclusions que nous tirons de ces témoignages de l'histoire se trouvent puissamment confirmées par
d'autres considérations. Nous avons dans Genèse X, 11, un passage qui, bien compris, jette une vive lumière
sur le sujet. Voici ce passage tel que le donne la version ordinaire: "De ce pays-là sortit Asshur, et il bâtit
Ninive." Il y est dit comme si c'était une chose extraordinaire, qu'Asshur sortit du pays de Schinar, tandis que
la race humaine en général venait du même pays. Cette version se fonde sur cette hypothèse qu'Asshur avait
une sorte de droit divin sur ce pays, et qu'il en avait été en quelque sorte chassé par Nemrod: mais aucun autre
passage du contexte ne fait la moindre allusion à ce droit divin et je ne crois pas qu'on puisse le prouver. De
plus, cette traduction représente Asshur comme établissant dans le voisinage immédiat de Nemrod un
royaume aussi puissant que celui de Nemrod lui-même: Asshur bâtit quatre cités, dont l'une est appelée par
emphase "la grande" (Genèse X, 12). Nemrod d'après cette interprétation, bâtit exactement le même nombre
de villes, dont aucune n'est caractérisée comme "grande". – Or, il est tout à fait invraisemblable que Nemrod
ait supporté patiemment près de lui un rival si puissant!
Lydie et la Phrygie étaient les principaux sièges des mystères, dont les Égyptiens n'étaient qu'une
branche. Ces airs sacrés étaient la musique du grand dieu: Grégoire introduisit ainsi la musique de
Kamut. Selon toute apparence, le nom d'Osiris ou Kamut, le mari de la mère, est devenu chez nous le
nom de l'échelle musicale. Cy'est-ce la mélodie d'Osiris, sept voyelles formées en hymne, sinon la
gamme?
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Le nom d'Assyriens, comme on l'a déjà vu, a un sens très étendu chez les auteurs classiques: il désigne
les Babyloniens aussi bien que les Assyriens proprement dits.
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24. JUSTIN, Trogus Pompeius, Hist. Rom. Script., vol. II, p. 651.
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DIODORE, Bibliotheca, liv. II, p. 63.