Page 31 - LES DEUX BABYLONES
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Hermès était le grand prophète qui donna naissance à l'idolâtrie: car il était reconnu par les païens comme
l'auteur de leurs cérémonies religieuses et comme l'interprète des dieux.
Le célèbre Gésénius l'identifie avec le Babylonien Nebo, dieu de la prophétie; et Hyginus montre qu'il était
connu comme principal acteur dans ce mouvement qui produisit la confusion des langues. Voici ses paroles:
"pendant longtemps les hommes vivaient sous le gouvernement de Jove (évidemment ce n'est pas là le Jupiter
des Romains, mais le Jéhovah des Hébreux) sans villes et sans lois, parlant tous le même langage. Mais
Mercure ayant interprété les discours des hommes, (de là le nom de Hermeneutes donné à un interprète)
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sépara aussi les nations. Dès lors la discorde commença ." Ici il y a évidemment une énigme. Comment
Mercure ou Hermès avait-il besoin d'interpréter le langage des hommes puisqu'ils parlaient tous le même
langage? Il faut pour le comprendre s'en rapporter au langage des mystères. Peresh, en Chaldéen, signifie
interpréter, mais ce mot était autrefois prononcé par les Égyptiens et les Grecs, et souvent par les Chaldéens
eux-mêmes de la même manière que "Pères", diviser. Mercure, donc, ou Hermès, ou Cush, le fils de Ham,
était "celui qui sépare les langages". C'est lui, semble-t-il, qui aurait été le promoteur du projet de construire
la grande cité et la tour de Babel; et comme le titre bien connu de Mercure (l'interprète des dieux) paraît
l'indiquer, il les aurait encouragés au nom de Dieu à continuer leur téméraire entreprise, il aurait ainsi amené
la confusion des langues et la dispersion des hommes sur la terre. Or, rapprochez cela du nom de Belus, ou
Bel donné au père de Ninus ou Nemrod. Tandis que le nom de Belus représentait à la fois le Baal et le Bel
des Chaldéens, c'était cependant deux titres distincts. Ces titres étaient souvent donnés au même dieu, mais
ils avaient deux sens entièrement différents. Baal, comme nous l'avons déjà vu signifiait le Seigneur; mais
Bel signifiait celui qui confond. Quand donc nous lisons que Belus, père de Ninus, bâtit ou fonda Babylone,
peut-on douter dans quel sens on lui donne le titre de Belus?
C'était évidemment dans le sens de Bel, celui qui confond. C'est à ce sens du nom du Babylonien Bel que
Jérémie fait une allusion bien claire quand il dit: (Jérémie L, 2) "Bel est confondu", c'est-à-dire: celui qui
confondait est maintenant confondu. Cush était connu de l'antiquité païenne sous le caractère même de Bel,
celui qui confond, c'est ce que démontre très clairement un passage d'Ovide: c'est le passage où Janus le dieu
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des dieux , duquel tous les autres dieux tirent leur origine, dit de lui-même : les anciens m'ont appelé
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Chaos . Or,
1/ ce passage montre d'une manière décisive que le Chaos était non seulement connu comme un état de
confusion, mais comme le dieu de confusion.
2/ Tous les lecteurs un peu au courant des règles de la prononciation du Chaldéen savent que le Chaos
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est précisément une des formes usitées du nom de Chus ou Cush .
le fils de Ra, ou le Soleil, car Ramesses est Hliou paiz (AMMIEN MARCELLIN, liv. 17, ch. 4, p. 162)
le dernier de même veut dire le fils de Thoth. Pour la même raison, Her-mes veut dire le Fils de Her ou
Ham le brûlé, c'est-à-dire Cush.
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HYGINUS, Fab. 142, p. 114. Phoronée, paraît-il, était roi à cette époque.
33 Janus était ainsi appelé dans les hymnes les plus anciens des Saliens, MACROBE Saturn. liv. I, ch. 9, p.
54, c. 2. H.
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Terentianus Maurus l'appelle "Principium Deorum". BRYANT, vol. III, p. 82.
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Me Chaos antiqui, man, res sum prisca, vocabant. – Fastes, liv. I, v. 104, vol. III, p. 19.
36 Le nom de Cush est aussi Khûs, sh en Chaldéen devenant souvent s; et Khus dans la prononciation,
devient naturellement Khawos ou Khaos sans digamma.