Page 33 - LES DEUX BABYLONES
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roi de la monarchie Babylonienne; et en conséquence dans la version Arménienne de la "chronique d'Eusèbe",
(qui porte un cachet d'exactitude et d'autorité incontestables), son nom est entièrement omis sur la liste des
rois d'Assyrie, tandis que celui de Ninus est le premier, en termes qui correspondent exactement à la
description que l'Écriture fait de Nemrod. Si donc on considère ce fait que l'antiquité fait toujours de Ninus
le fils de Belus ou Bel, on verra que l'identité de Ninus et de Nemrod est encore mieux confirmée puisque le
Bel de l'histoire est le même que Cush.
Mais si nous considérons ce qu'on dit de Sémiramis, femme de Ninus, l'évidence s'accroît encore, et nous
pourrons conclure que la femme de Ninus ne pouvait être que la femme de Nemrod: de plus, nous mettrons
en lumière un des grands caractères sous lesquels on adorait Nemrod divinisé. Dans Daniel XI, 38, on nous
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parle d'un dieu appelé "Ala Mahozim ", c'est-à-dire le dieu des fortifications. – Les commentateurs ont été
fort embarrassés de dire qui était ce dieu des fortifications. Dans les annales de l'antiquité on a généralement
ignoré l'existence d'un dieu des fortifications; et il faut avouer que le lecteur ordinaire n'y découvre aucun dieu
de ce genre qui frappe l'attention. Mais tout le monde sait qu'il y a une déesse des fortifications. Cette déesse
était Cybèle, qu'on représente partout avec une couronne de tours et de murs ou avec des fortifications au-
dessus de la tête. Pourquoi Rhéa ou Cybèle était-elle ainsi représentée? Ovide nous fournit à la fois la
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demande et la réponse. "C'était, dit-il, parce que la première, Cybèle entoura de murs les cités" .
La première ville du monde après le déluge (à partir duquel on datait souvent le
commencement du monde lui-même) qui eut des tours et une enceinte de murailles ce fut
Babylone: et Ovide lui-même nous dit que Sémiramis, la première reine de cette cité, passe
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pour avoir entouré Babylone d'une muraille de briques . Sémiramis donc, la première reine
divinisée de cette cité et de cette tour dont le sommet devait atteindre le ciel, doit avoir été
le prototype de cette déesse qui la première transforma les tours en cités. Si nous
considérons la Diane d'Éphèse, nous trouvons une preuve qui tend au même but. Diane était
ordinairement représentée comme une vierge protectrice de la virginité: mais la Diane
d'Éphèse était entièrement différente. On la représentait avec tous les attributs de la Mère
des dieux (fig. 8) et comme telle, elle portait une couronne de tours, si bien qu'il est
impossible de la regarder sans se rappeler immédiatement la tour de Babel. Or, cette Diane
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avec sa tour, un ancien scholiaste l'identifie expressément avec Sémiramis . Quand donc
on se souvient que Rhéa, ou Cybèle, la déesse qui porte une tour, était en réalité une déesse
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Fig. 8 Babylonienne , et que Sémiramis divinisée était adorée sous le nom de Rhéa, on n'aura plus
Diane d'Éphèse I. de doute, je pense, sur l'identité personnelle de la déesse des fortifications. Il n'y a aucune
raison de croire que Sémiramis seule (bien que quelques-uns l'aient pensé) ait jeté les
fondements de Babylone. D'après le témoignage formel d'un ancien historien, Megasthenes, conservé par
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Abydenus, ce fut Belus qui entoura Babylone de murailles .
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Ala Mahozim est traduit tantôt par le dieu des forces ou les dieux protecteurs. Cette dernière
interprétation soulève une objection insurmontable c'est qu'Ala est au singulier. On ne peut non plus
admettre la première, car Mahozim ou Mauzzim ne veut pas dire "forces" ou "armées", mais
"munitions", c'est à dire fortifications. Stockius, dans son Lexique, donne comme définition de Mahoz,
au singulier, robur, arx, locus munitus, et comme preuve de sa définition, fournit les exemples suivants:
(Juges VI, 26) "Et bâtis un autel à l'Éternel ton Dieu sur le haut de ce rocher" (mahoz, en marge, place
forte) et (Daniel XI, 19) "Alors il tournera son visage vers la forteresse (mahoz) de son pays". Voir aussi
GESENIUS. Lexique, p. 533.
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OVIDE, Oeuvres, tome III, Fastes, 219-221.
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OVIDE, Oeuvres, vol. II, Métam. liv. IV Fab. Pyramus et Thisbe.
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Un scholiaste, à propos du Periergesis de Dionysius, dit Layard (Ninive et ses ruines, vol. II, p. 480,
notes) fait de Sémiramis la même personne que la déesse Artemis ou Despoina. Or, Artemis c'était Diane
et le titre de Despoina qui lui est donné montre que c'était sous le caractère de la Diane d'Ephèse qu'elle
était identifiée avec Sémiramis, car Despoina est le mot grec pour Domina, la dame, titre spécial de Rhéa
ou Cybèle, la déesse portant une tour, dans l'ancienne Rome (ibid. Fastes, liv. XV, 340).
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Voir Layard, Ninive, etc. tome II, p. 451-457.
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Fragments de Cory. p. 45-46.