Page 21 - LES DEUX BABYLONES
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                                                    CHAPITRE 2



                                                     Objets du culte


                                           Article 1 - La Trinité dans l'Unité



            Si l'on trouve cette coïncidence générale entre les systèmes de Babylone et de Rome, on se demande est-ce
          tout? Nous répondons: bien loin de là. – Comparons seulement les anciens Mystères Babyloniens au système
          de Rome et nous verrons combien l'un a emprunté à l'autre. Ces mystères furent longtemps enveloppés de
          ténèbres; mais aujourd'hui ces ténèbres épaisses commencent à se dissiper. Tous ceux qui ont prêté la moindre
          attention à la littérature de la Grèce, de l'Égypte, de la Phénicie ou de Rome, savent quelle place les Mystères
          occupaient dans ces pays; ils savent aussi que malgré des diversités secondaires, ces mystères étaient les
          mêmes sur tous les points essentiels dans ces diverses contrées. Or, de même que les paroles de Jérémie déjà
          citées  semblent  montrer que Babylone fut la source première  de tous ces systèmes d'idolâtrie, ainsi les
          déductions des historiens les plus compétents, basées uniquement sur des faits historiques, ont abouti à la
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          même conclusion . Zonaras 2  nous apprend que les témoignages des anciens auteurs qu'il avait consultés
          amènent au résultat dont nous parlons, il nous dit en effet, à propos de l'arithmétique et de l'astronomie: "Ces
          deux sciences, dit-on, sont venues des Chaldéens aux Égyptiens, et de ceux-ci aux Grecs." Si les Égyptiens
          et les Grecs ont pris aux Chaldéens l'arithmétique et l'astronomie, du moment que ces sciences étaient des
          sciences sacrées dont les prêtres avaient le monopole, cela prouve suffisamment qu'ils ont puisé leur religion
          à la même source. Bunsen et Layard, dans leurs recherches sont arrivés au même résultat. Le premier déclare
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          en effet que le système religieux de l'Égypte venait d'Asie, "et du premier empire de Babel ". Layard à son
          tour, quoique envisageant le système des mages Chaldéens à un point de vue plus favorable, parle ainsi de
          ce  système: "Il est évident que ce culte primitif remonte à une haute antiquité, et nous avons le double
          témoignage de l'histoire sacrée et de l'histoire profane pour établir qu'il prit naissance chez les peuplades
          Assyriennes. On lui donna l'épithète de parfait, et on crut que c'était le plus ancien des systèmes religieux,
          antérieur même à celui des Égyptiens. (Egyptiis vero antiquiores esse Magos Aristoteles auctor est in primo
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          de Philosophia libro-Theopompi Frag) . L'identité", ajoute-t-il, "de beaucoup de doctrines Assyriennes avec
          celles de l'Égypte est indiquée par Porphyre et Clément", et toujours sur le même sujet il cite les passages
          suivants de Birch sur les cylindres et les monuments de Babylone: "Les signes du Zodiaque montrent d'une
          manière  indubitable que les Grecs avaient  emprunté aux Chaldéens leurs notions et leur disposition du
          Zodiaque (et par conséquent leur mythologie qui lui était associée). L'identité de Nemrod et de la constellation
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          d'Orion ne peut être contestée ." Ouvaroff, lui aussi, dans son savant ouvrage sur les Mystères d'Eleusis est
          arrivé à la même conclusion. Après avoir cité ce fait que les prêtres Égyptiens réclamaient l'honneur d'avoir
          transmis aux Grecs les premiers éléments du polythéisme, il conclut ainsi: "Ces faits certains prouveraient
          assez, même sans la conformité d'idées, que les Mystères transportés en Grèce qui s'y sont alliés à un certain
          nombre de notions locales, n'ont jamais perdu le caractère de leur origine, qui remonte au berceau des idées
          morales et religieuses de l'univers. Tous ces faits séparés, tous ces témoignages épars confirment ce principe
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          fécond en conséquences qui fait de l'Orient le centre de la science et de la civilisation ." Si nous avons ainsi
          la preuve que l'Égypte et la Grèce ont emprunté leur religion à Babylone, nous avons aussi la preuve que le




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                              Voir HÉRODOTE, liv. II, ch. 109, et DIOGÈNE LAERCE, proem, p. 2.
                       2      Liv. I, 6, p. 34.
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                              BUNSEN, L'Égypte, vol. I, p. 444.
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                              LAYARD, Ninive et ses ruines, vol. II, p. 440.
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                              ibid. p. 439-440.
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                              OUVAROFF, Mystères d'Eleusis, sect. II, p. 20.
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