Page 22 - LES DEUX BABYLONES
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système religieux des Phéniciens sort de la même origine. Macrobe démontre que le caractère distinctif de
l'idolâtrie Phénicienne doit avoir été importé d'Assyrie, qui pour les écrivains classiques comprenait Babylone.
"Le culte de Vénus Architès, dit-il, florissait autrefois chez les Assyriens comme aujourd'hui chez les
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Phéniciens ."
Or pour établir l'identité entre les systèmes de l'ancienne Babylone et de la Rome papale, il n'y a qu'à chercher
à quel degré le système de la papauté s'accorde avec le système établi dans ces Mystères de Babylone. Dans
une pareille recherche, nous avons à surmonter des difficultés considérables; car de même qu'en géologie, il
est tout à fait impossible d'atteindre les couches profondes qui s'étendent sous la surface de la terre, ainsi il
ne faut pas croire que dans aucun pays nous puissions trouver un exposé complet et harmonique du système
qui y est établi. Mais cependant comme le géologue, en examinant ici l'intérieur d'une fissure, là une
éminence, ailleurs les différents aspects de la surface elle-même, peut déterminer, avec une merveilleuse
certitude, l'ordre et les contenus généraux des différentes couches de toute la terre, il en est ainsi pour la
question des mystères Chaldéens. Ce qui manque dans un pays est fourni par un autre, et ce qui apparaît dans
plusieurs directions, détermine nécessairement le caractère de bien des faits qui ne se montrent pas
directement au grand jour. Étant donc admis l'unité et le caractère Babylonien des anciens Mystères de
l'Égypte, de la Grèce, de la Phénicie, et de Rome, prenons ces deux traits pour la clef qui doit nous guider
dans nos recherches, et comparons point par point la doctrine et la pratique des deux Babylones, celle de
l'Ancien et celle du Nouveau Testament.
Nous remarquerons, en premier lieu, l'identité des objets de culte de Babylone et de Rome. Les anciens
Babyloniens, exactement comme les Romains modernes, croyaient formellement à l'unité de la Divinité; et
tout en adorant une infinité de divinités secondaires, qui, disait-on, possédaient une certaine influence sur les
destinées humaines, ils reconnaissaient distinctement l'existence d'un seul Créateur infini, et tout-puissant,
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élevé au dessus de tout . La plupart des nations faisaient de même. "Dans les âges reculés de l'humanité, dit
Wilkinson dans les « Anciens Égyptiens », on semble avoir cru généralement à une divinité unique et toute-
puissante qui a créé toutes choses; la tradition apprit aux hommes les mêmes notions sur ce sujet, notions qui
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plus tard ont été adoptées par toutes les nations civilisées ." "La religion Gothique, dit Mallet, enseignait
l'existence d'un Dieu suprême, maître de l'univers auquel, disait-on, tout obéissait, tout était soumis" (Tacite
de Morib. Germ.). L'ancienne mythologie de l'Islande l'appelle "l'auteur de tout ce qui existe, l'Être éternel,
vivant et terrible, celui qui scrute les choses cachées, l'Être qui ne change jamais". Elle attribue à cette divinité
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"un pouvoir infini, une connaissance illimitée, une justice incorruptible ". C'était là aussi, nous en avons des
preuves, la foi des anciens Hindous. Bien que le moderne Brahmanisme reconnaisse des millions de dieux,
les livres sacrés des Hindous montrent qu'autrefois il n'en était nullement ainsi. Le major Moor dit, en parlant
de Brahma, le Dieu suprême des Hindous: "Aucune image ne peut le représenter, lui dont la gloire est si
grande. Il éclaire tout, réjouit tout, de lui viennent toutes choses! C'est lui qui fait vivre les êtres vivants, c'est
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à lui que toutes choses reviennent." (Veda) . Dans les décrets de Manou il est ainsi caractérisé: "Celui que
l'esprit seul peut percevoir: dont l'essence échappe aux organes sensibles, qui est invisible, qui exista de toute
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éternité: l'âme de tous les êtres, qu'aucune créature ne peut concevoir ." Dans ces passages, il y a quelques
traces de panthéisme, mais le langage même témoigne qu'il y a eu parmi les Hindous une période où la foi
était beaucoup plus pure.
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Saturnalia, liv. I, ch. 21, p. 79.
8 JAMBLICHUS, sect. VIII, ch. 2. – MACROBIUS, Saturnalia, p. 65.
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WILKINSON, vol. IV, p. 176.
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MALLET, Antiquités du Nord, vol. 1, p. 78-79.
11
MOOR, Le Panthéon, p. 4.
12
Col. KENNEDY, La Mythologie Hindoue, p. 290.