Page 17 - LES DEUX BABYLONES
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Babylonien contenait en principe, il fallait nécessairement que ce fût en secret et à la dérobée . Quand même
le souverain l'aurait introduite, elle aurait pu produire une réaction, et la partie de l'humanité demeurée fidèle
aurait fait de violents efforts pour la détruire; dans tous les cas, si elle s'était manifestée tout à coup, dans toute
son horreur, la conscience humaine se serait alarmée et l'on aurait manqué le but qu'on se proposait
d'atteindre. Ce but était de soumettre tout le genre humain d'une manière aveugle et absolue, à une hiérarchie
qui dépendait entièrement des souverains de Babylone. À cet effet, toute la science sacrée et profane fut
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monopolisée par le clergé qui la distribuait à ceux qu'il initiait aux Mystères, selon que le demandaient les
intérêts de son grand système de despotisme spirituel. C'est ainsi que partout où se propagea le système
Babylonien, les hommes furent livrés à la domination des prêtres. Ceux-ci étaient les seuls dépositaires des
connaissances religieuses, seuls ils avaient la vraie tradition par laquelle on devait interpréter les rites et les
symboles de la religion du peuple, et sans une soumission aveugle et entière, les prêtres refusaient de faire
connaître ce qui était nécessaire au salut. Comparez cela avec les origines de la Papauté, avec son esprit et
son "modus operandi" à travers tout son développement, et vous verrez combien la ressemblance est exacte.
Était-ce à une époque de lumière patriarcale que naquit le système corrompu des Mystères Babyloniens? Non.
Or ce fut à une époque de lumières encore plus grandes que commença le système impie et antiscripturaire,
qui a trouvé un développement si marqué dans l'Église romaine. Il fut introduit du temps même des apôtres,
alors que l'Église primitive était encore dans sa fleur, que l'on pouvait voir partout les fruits glorieux de la
Pentecôte, et que les martyrs scellaient, de leur sang, leur témoignage à la vérité. Même à cette époque où
l'Évangile brillait d'une lumière si vive, l'esprit de Dieu fit entendre, par la bouche de Paul, cette déclaration
si distincte et si claire: "Le Mystère d'iniquité agit déjà." (II Thessaloniciens II, 7). Le système d'iniquité qui
commençait alors devait aboutir, selon les prophéties bibliques, à une apostasie éclatante qui serait révélée
en son temps d'une manière terrible et continuerait jusqu'à ce que "le Seigneur Jésus viendrait le détruire, par
le souffle de sa bouche, et l'abolir par l'éclat de son avènement". Mais il s'introduisit tout d'abord dans l'Église
en secret et à la dérobée "avec toutes les séductions de l'iniquité". Il travailla "mystérieusement" sous de beaux
mais faux prétextes, "éloignant les hommes de la simplicité et de la vérité telles qu'on les trouve en Jésus".
Et il agit ainsi par les mêmes raisons qui introduisirent secrètement l'idolâtrie dans les anciens mystères de
Babylone; il n'était ni sage ni prudent d'agir autrement. Le zèle de la véritable Église, quoi qu'elle ne disposât
pas du pouvoir civil, se serait soulevé pour mettre ce faux système et ses partisans au ban de la Chrétienté,
s'il s'était tout à coup montré ouvertement et dans toute son étendue, il n'aurait pu dès lors se développer.
Aussi fut-il introduit secrètement et peu à peu, une corruption succédant à une autre; à mesure que l'apostasie
se développait et que l'Église infidèle s'accoutumait à la tolérer, jusqu'à ce qu'elle ait atteint les proportions
excessives que nous voyons aujourd'hui, où, dans presque tous les détails, le système papal est l'antipode du
système de la primitive Église. Les inscriptions copiées dans les catacombes romaines nous prouvent, d'une
manière frappante (et cette preuve nous a été conservée par Rome même) que tout ce qu'elle a de plus
caractéristique s'est introduit graduellement dans son sein, grâce à "l'action du mystère d'iniquité". Ces
catacombes sont de vastes excavations sous-terraines aux environs de Rome, où, pendant les persécutions des
trois premiers siècles, les chrétiens célébraient leur culte et ensevelissaient leurs morts. On trouve encore, sur
quelques-unes de ces tombes, des inscriptions directement opposées aux principes et aux rites actuels de
Rome. Prenons-en un seul exemple. Quel est aujourd'hui le trait distinctif de la papauté? N'est-ce pas le
célibat obligatoire pour le clergé? Or, d'après ces inscriptions, nous avons la preuve la plus évidente, que
même à Rome, il y avait un temps où on ne connaissait pas ce système du célibat des prêtres.
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On verra plus loin (ch. 2) quelle raison puissante il y avait en réalité pour agir dans le plus grand secret.
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Eusèbe SALVERTÉ, Des Sciences occultes, dassim. 13. Dr. MAITLAND, L'Église dans les
Catacombes, p. 191-192.