Page 13 - LES DEUX BABYLONES
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INTRODUCTION
Il y a une grande différence entre les oeuvres des hommes et les oeuvres de Dieu: le même examen
minutieux et approfondi qui dévoile les défauts et les imperfections des unes, dévoile aussi les beautés des
autres. Examinez au microscope l'aiguille la mieux polie par l'industrie de l'homme, vous y verrez bien des
inégalités, bien des rugosités, bien des aspérités. Mais, examinez de la même manière les fleurs de nos
champs; le résultat est bien différent. Au lieu de voir diminuer leurs beautés vous en découvrirez de nouvelles
et de plus délicates encore qui avaient échappé au simple regard; elles nous font apprécier, à un point de vue
que nous n'aurions pas soupçonné, le sens profond de ces paroles du Seigneur: "Apprenez comment croissent
les lis des champs: ils ne travaillent ni ne filent, et cependant je vous dis que Salomon même dans toute sa
gloire n'a point été vêtu comme l'un d'eux." (Matthieu VI, 29). La même loi se manifeste aussi quand on
compare la Parole de Dieu aux oeuvres les plus parfaites de l'homme. Il y a des taches et des imperfections
dans les productions les plus admirées du génie humain. Mais, plus on sonde les Écritures, plus on les étudie
avec attention, plus on voit leur perfection; on y aperçoit chaque jour de nouvelles beautés, et les découvertes
de la science, les recherches des savants, les travaux des incrédules, tout conspire à la fois pour faire
resplendir la merveilleuse harmonie de toutes leurs parties et la divine beauté qui en revêt l'ensemble.
S'il en est ainsi pour l'Écriture en général, on peut surtout le dire de l'Écriture prophétique. À mesure que se
déroulent les plans de la Providence, les symboles prophétiques prennent des aspects plus beaux et plus
audacieux. C'est surtout le cas pour le langage des prophètes qui forme la base et la pierre angulaire de notre
travail. Aucun protestant éclairé n'a eu de peine à identifier la femme assise sur les 7 montagnes et portant
au front cette inscription: "Le Mystère, la Grande Babylone" avec l'apostasie Romaine. Rome, seule entre
toutes les villes du monde, a été fameuse à cause de sa situation sur 7 collines. Les poètes et les orateurs
païens qui ne songeaient point à expliquer la prophétie, l'ont aussi appelée la cité aux 7 collines. Voici
comment Virgile en fait mention: "Seule Rome est devenue la merveille du monde et seule dans son enceinte
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elle renferme 7 collines ." Properce en parle aussi de la même manière et ajoute un nouveau trait qui complète
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la description de l'Apocalypse: "la haute cité bâtie sur 7 collines qui gouverne le monde entier ." Ces mots:
"gouvernant le monde entier" sont exactement la contrepartie de la déclaration divine: "Elle règne sur les rois
de la terre" (Apocalypse XVII, 18). Appeler Rome, "la cité aux 7 collines", était pour ses citoyens aussi
caractéristique que de la désigner par son propre nom. C'est ainsi qu'Horace, parlant de Rome, la désigne
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uniquement par ses 7 collines, lorsqu'il invoque "les dieux qui ont mis leur affection dans ses 7 collines ".
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Martial nous parle dans le même sens des "7 montagnes qui gouvernent ". À une époque bien postérieure on
se servait du même langage. Symmaque, préfet de la ville et dernier grand-prêtre païen, en qualité de
représentant impérial, recommandant par lettre un de ses amis à un autre ami, l'appelle:
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"De septem montibus virum ", un habitant des 7 montagnes, voulant dire par là (c'est l'opinion de tous les
commentateurs), "un citoyen romain". Puisque ce trait caractéristique de Rome a été de tout temps bien
marqué et bien défini, il a toujours été facile de prouver que l'Église, qui a son siège et sa capitale sur les 7
collines, peut à juste titre être appelée "Babylone" et considérée comme le siège principal de l'idolâtrie sous
la Nouvelle Alliance, comme la Babylone antique était le principal siège de l'idolâtrie sous l'Ancienne. Mais
si l'on rapproche les découvertes récentes faites en Assyrie, de l'histoire de la mythologie du monde ancien,
1
Scilicet et rerum facta est pulcherrima RomasSeptemque una sibi muro circumdedit arces. (Georg., liv. II
531-335).
2
Septem urbs alta jugis toto quae préesidet orbi. (Liv. III. Eleg. 9, p. 721).
3
Diis quibus septem placuere montes. (Carmen Seculare, v. 7, p. 497).
4
Septem dominos montes. (Liv. V. Ep. 64, p. 254).
5 SYMMACHUS, liv II Epist B, note, p. 63.