Page 14 - LES DEUX BABYLONES
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que l'on connaît assez, mais que l'on comprend mal, on verra un sens encore plus profond dans le nom de la
Grande Babylone. Il a toujours été reconnu que la Papauté n'est que du paganisme baptisé. Mais Dieu nous
révèle maintenant ce fait: que le paganisme baptisé par Rome est, dans ses éléments essentiels, le même
paganisme qui florissait dans l'antique Babylone lorsque Jéhovah ouvrit devant Cyrus les doubles portes
d'airain et brisa les barreaux de fer.
Le langage même et les symboles de l'Apocalypse auraient pu nous préparer à affirmer d'avance que quelque
lumière nouvelle et inattendue serait jetée d'une manière ou de l'autre sur cette période de l'Église de la grande
Apostasie. - Dans les visions de l'Apocalypse, c'est précisément avant le jugement prononcé sur elle que pour
la première fois Jean voit l'Église apostate portant sur le front le nom de la "Grande Babylone" (Apocalypse
XVII, 5), Que signifie ce nom inscrit sur le front? Cela ne prouve-t-il pas tout naturellement qu'avant la venue
du jugement, son caractère véritable devait se développer si complètement, que toute personne ayant des yeux
pour voir, et possédant le moindre discernement spirituel, serait forcée, comme par une démonstration
oculaire, de reconnaître la merveilleuse appropriation de ce titre que l'Esprit de Dieu lui a appliqué? Son
jugement approche, cela est évident; et à mesure qu'il approche, la Providence divine, d'accord avec la Parole
de Dieu, démontre de plus en plus clairement qu'en effet Rome est la Babylone de l'Apocalypse; que le
caractère essentiel de son système, ses grands objets de culte, ses fêtes, sa doctrine, sa discipline, ses rites et
ses cérémonies, sa prêtrise et ses ordres sont tous dérivés de l'antique Babylone, et qu'enfin le Pape lui-même
est vraiment le descendant de Belshazzar. Dans la lutte qui a été soutenue contre les despotiques prétentions
de Rome, on s'est trop souvent contenté de combattre et de repousser la présomption avec laquelle elle se
vante d'être la mère et la maîtresse de toutes les Églises, la seule Église Catholique hors de laquelle il n'y a
point de salut. Si jamais on a été excusable de la traiter ainsi, cette excuse n'existera plus. Si l'on peut justifier
le principe que je viens d'établir, il faut lui arracher tout à fait son nom d'Église Chrétienne, car si c'est une
Église du Christ, celle qui était assemblée cette nuit où le roi pontife de Babylone, au milieu de ses mille
seigneurs, "louait les dieux d'or et d'argent, de bois et de pierre" (Daniel V, 4), alors l'Église de Rome a le
droit de porter le nom d'Église Chrétienne; dans le cas contraire, elle ne l'a pas! Quelques personnes penseront
que ma thèse est bien audacieuse; mais ce livre a précisément pour but de la démontrer. Que le lecteur juge
par lui-même si je n'apporte pas une évidence plus que suffisante pour justifier mon assertion.