Page 191 - LES DEUX BABYLONES
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          de la papauté, et en s'établissant, c'était précisément le dieu des fortifications qu'il honorait. C'est le culte de
          ce dieu qu'il introduisit dans l'église romaine et, en agissant ainsi, il fit la forteresse même de son pouvoir de
          ce  qui aurait été pour lui une source de faiblesse: il fit du paganisme même de Rome la citadelle de sa
          puissance. Quand une fois il fut prouvé que le pape voulait adopter le paganisme sous des noms chrétiens,
          les païens et les prêtres païens se montrèrent ses plus fervents et ses plus sérieux défenseurs. Et quand le pape
          chercha à dominer les chrétiens, quels hommes recommanda-t-il, quels hommes favorisa-t-il, pour leur donner
          accès aux honneurs et à la puissance? Précisément ces hommes qui étaient le plus dévoués au culte de ce dieu
          étranger qu'il avait introduit dans l'église chrétienne! La reconnaissance et l'intérêt personnel conspirèrent à
          cette élévation. Jovinien et tous ceux qui résistèrent aux idées et aux pratiques païennes furent excommuniés
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          et persécutés .

          Ceux-là seuls qui étaient attachés de coeur à l'apostasie (et personne ne pouvait l'être alors autant que les
          véritables païens), obtinrent faveur et avancement. Ces hommes furent envoyés de Rome dans toutes les
          directions, même jusqu'en Angleterre pour relever le paganisme: ils furent honorés de titres magnifiques; des
          pays leur furent distribués, et tout cela pour accroître le bénéfice du siège épiscopal et faire arriver de tous
          côtés au pontife romain le denier de saint Pierre. Mais il est dit encore que le roi qui se glorifiait ainsi honorait
          un dieu que ses pères n'avaient point connu, avec de l'or, de l'argent et des pierres précieuses. Le principe sur
          lequel  repose la transubstantiation est évidemment un principe babylonien, mais  rien ne prouve que ce
          principe ait été appliqué comme il l'a été par la papauté. Il est certain, nous en avons la preuve, que jamais
          aucun dieu hostie semblable à celui qu'adore la papauté, n'a été adoré dans la Rome païenne. "Quel homme
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          a jamais été assez insensé, dit Cicéron, pour se faire un dieu de l'aliment qui le nourrit ?" Cicéron n'aurait
          pu parler ainsi, si le culte de l'hostie avait été établi à Rome. Mais ce qui était trop absurde pour les païens
          Romains n'est point absurde pour le pape. Cette hostie est enchâssée dans une boîte ornée d'argent et de
          pierres  précieuses. Il est donc évident que ce dieu inconnu même aux pères païens du pape est honoré
          aujourd'hui par le pape d'une manière absolument conforme aux termes mêmes de la prophétie. Ainsi, à tous
          les égards, quand le pape fut investi du titre païen de Pontife et qu'il s'efforça de faire de ce titre une réalité,
          il accomplit exactement la prédiction de Daniel prononcée plus de 900 ans auparavant! (Daniel XI, 36-45;
          XII, 1-4).


          Les symboles de l'Apocalypse


          Mais revenons-en aux symboles de l'Apocalypse. Le déluge d'eau sortit de la gueule du dragon de feu. Le pape
          comme aujourd'hui, était, à la fin du IVe siècle, le seul représentant de Belshazzar ou Nemrod sur la terre, car
          les païens l'acceptèrent ouvertement comme tel.

          Il était aussi par conséquent le successeur légitime du Dragon romain de feu. Aussi, quand après avoir reçu
          le titre de pontife, il se mit à propager la vieille doctrine babylonienne de la régénération par le baptême ce
          fut l'accomplissement formel et direct de cette parole divine: "Le grand dragon de feu jettera de sa bouche un
          déluge d'eau pour entraîner la femme dans ce déluge." (Apocalypse XII, 15). C'est lui, aidé de ceux qui ont
          travaillé avec lui dans ce sens, qui a préparé la voie pour élever cet effrayant despotisme civil et spirituel qui
          commença à se dresser à la face de l'Europe en 606, quand au milieu des convulsions et des bouleversements
          des nations agitées comme une mer orageuse, le pape de Rome fut fait évêque universel et que les principaux
          royaumes d'Europe le reconnurent comme le vicaire de Christ sur la terre, le seul centre de l'unité, la seule
          source de stabilité pour leurs trônes. Alors, de sa propre volonté, par sa propre initiative et du consentement
          de tout le paganisme Romain, il fut le représentant de Dagon; et comme il porte aujourd'hui sur la tête la mitre





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                              Gibbon (vol. V, p. 176) déclare qu'il fut persécuté et exilé comme ennemi du célibat et des jeûnes
                              décrétés par Rome. Voir aussi BOWER vol. I, p. 256 et MILNER. Histoire de l'Église, V siècle, vol. II,
                              c. 10, p. 476, note.
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                              CICÉRON, De Naturâ Deorum, liv. III, vol. II, ch. 16, p. 500.
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