Page 161 - LES DEUX BABYLONES
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          Dans les temps modernes, Rome semble avoir joué de malheur avec son siège de Pierre; car même après qu'on
          eut condamné et mis de côté celui qui portait les douze travaux d'Hercule, comme s'il n'avait pu résister à la
          lumière que la Réformation avait jetée sur les ténèbres du Saint-Siège, celui que l'on choisit pour le remplacer
          fut destiné à révéler avec plus de ridicule les impostures effrontées de la papauté. Le premier siège était
          emprunté aux païens; le second paraît avoir été volé aux Musulmans; lorsque les soldats français, sous les
          ordres du général Bonaparte, s'emparèrent de Rome en 1795, ils trouvèrent sur le dos de ce siège, écrite en
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          arabe, cette sentence bien connue du Coran: "la-illah el-allah, Mohamed rasoul allah ." Le pape n'a pas
          seulement un siège pour s'y asseoir, il a aussi un siège pour se faire porter en grande pompe et avec éclat sur
          les épaules de ses fidèles quand il va faire une visite à Saint-Pierre ou à quelque autre église de Rome. Voici
          comment un témoin oculaire décrit le spectacle du jour du Seigneur, dans le quartier général de l'idolâtrie
          papale: "On entendait dehors les roulements du tambour. Les fusils des soldats résonnaient sur le pavé de la
          maison de Dieu, tandis que sur l'ordre des officiers, ils les déposaient à terre, épaulaient, et présentaient armes.
          Quelle différence avec le vrai sabbat! Quelle différence avec le vrai christianisme! Quelle différence avec les
          dispositions nécessaires pour recevoir un ministre du doux et humble Jésus! Bientôt, s'avançant lentement
          entre deux rangs de soldats armés, apparut une longue procession d'ecclésiastiques, d'évêques, de chanoines,
          de cardinaux précédant le pontife romain assis sur un siège doré, et couvert de vêtements resplendissants
          comme   le  soleil. Douze hommes le portaient vêtus de cramoisi précédés immédiatement de plusieurs
          personnes chargées d'une croix, de sa mitre, de sa triple couronne, et des autres insignes de ses fonctions. Il
          s'approchait, sur les épaules des fidèles, au milieu de la foule en extase, la tête ombragée ou recouverte de
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          deux immenses éventails faits de plumes de paon et portés par deux serviteurs ." Voilà ce qui se pratique
          encore à Rome aujourd'hui, avec cette différence cependant que souvent, outre l'éventail qui l'abrite et qui est
          exactement le van mystique de Bacchus, son siège d'apparat est aussi recouvert d'un dais. Or, reportez-vous
          à 3000 ans en arrière, et lisez la visite du souverain pontife égyptien au temple de son dieu: "Quand on
          atteignit les limites du temple, dit Wilkinson, les gardes et les serviteurs royaux choisis pour représenter toute
          l'armée  entrèrent dans les cours. Des compagnies de soldats jouèrent les airs favoris de la nation, et les
          nombreux étendards des différents régiments, dont les bannières flottaient au vent, l'éclat brillant des armes,
          l'immense concours de la foule et l'imposante majesté des hautes tours du propylée, ornées de drapeaux
          colorés flottant au-dessus des corniches, tout cela offrait un spectacle dont
          l'éclat, nous pouvons le dire, a été rarement égalé dans quelque pays que
          ce soit. Le trait le plus frappant de cette pompeuse cérémonie c'était le
          cortège brillant du monarque, qui était porté sur son siège d'apparat par les
          principaux  officiers de l'État sous un riche dais ou marchait à pied, à
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          l'ombre  d'un riche éventail de plumes flottantes ." Nous donnons en
          gravure (fig. 47), d'après Wilkinson, la portion centrale d'un des tableaux
          qu'il consacre à cette procession égyptienne, afin que le lecteur puisse voir
          de ses propres yeux à quel point la cérémonie païenne s'accorde avec la
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          cérémonie papale. Voilà pour l'origine du siège et des clefs de saint Pierre.


          La mitre papale



          Janus, dont le pape a pris la clef avec celle de sa femme ou Cybèle, était aussi Dagon. Janus, le dieu à deux
          têtes qui avait vécu dans deux mondes, était une divinité Babylonienne comme incarnation de Noé. Dagon,
          le dieu poisson, représentait cette divinité comme une manifestation du même patriarche qui avait vécu si
          longtemps sur les eaux du déluge. Si le pape porte la clef de Janus, il porte aussi la mitre de Dagon. Les




                       28     Dieu seul est Dieu et Mahomet est son prophète (Lady MORGAN, L'Italie, vol. III, p. 51). Le Dr.
                              Wiseman a cherché à contester cette affirmation, mais le Times fait remarquer avec raison que cette
                              dame avait évidemment pour elle le meilleur argument.
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                              BEGG, Manuel de la papauté, p. 24.
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                              WILKINSON, vol. V, p. 285-286.
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