Page 159 - LES DEUX BABYLONES
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adresser une invocation à Janus , qui était reconnu comme le dieu des dieux . Sa mystérieuse divinité
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combinait les caractères de Père et de Fils et sans elle aucune prière ne pouvait être exaucée; la porte du ciel
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même ne pouvait s'ouvrir . C'est ce dieu qu'on adorait si généralement en Asie Mineure quand notre Seigneur
envoya par Jean son serviteur les sept messagers de l'Apocalypse aux Églises de cette région. Aussi dans un
de ses ordres le voyons-nous repousser tacitement l'assimilation profane de sa dignité à celle de ce dieu, et
réclamer ses droits exclusifs à la prérogative attribuée généralement à son rival: "Écris aussi, écris à l'ange
de l'église de Philadelphie: Voici ce que dit celui qui est saint, le véritable, qui a la clef de David, qui ouvre
et personne ne ferme, qui ferme et personne n'ouvre." (Apocalypse III, 7). Or, c'est à ce Janus, comme
médiateur adoré en Asie Mineure et aussi à Rome dans les premiers siècles, qu'appartenait le gouvernement
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du monde, il avait, suivant les païens, tout pouvoir dans le ciel, sur terre et sur mer . À ce titre, il avait dit-on,
jus vertendi cardinis, le pouvoir de tourner les gonds, d'ouvrir les portes des cieux, ou d'ouvrir et de fermer
dans le monde les portes de la paix et de la guerre. Le pape, s'instituant grand-prêtre de Janus, prit aussi jus
vertendi cardinis, le pouvoir de tourner les gonds, d'ouvrir et de fermer dans un sens blasphématoire et païen.
Ce pouvoir fut tout d'abord affirmé insensiblement et avec prudence, mais une fois les fondements jetés,
l'édifice du pouvoir papal fut solidement établi, siècle après siècle. Les païens qui voyaient quels progrès le
christianisme de Rome faisait vers le paganisme sous la direction du pape, étaient plus que contents de
reconnaître que le pape possédait ce pouvoir; ils l'encouragèrent joyeusement à s'élever de degré en degré au
faîte de ses prétentions blasphématoires qui convenaient au représentant de Janus, prétentions qui, on le sait,
sont maintenant, grâce au consentement unanime de la chrétienté apostate de l'Occident, reconnues comme
inhérentes à la charge d'évêque de Rome. Il fallait cependant une coopération extérieure pour permettre au
pape de s'élever à la suprématie du pouvoir auquel il prétend. Quand son pouvoir se fut accru, quand sa
domination se fut étendue, et surtout quand il fut devenu un souverain temporel, la clef de Janus devint trop
lourde pour sa main, il eut besoin de partager avec un autre le pouvoir du gond. C'est ainsi que ses conseillers
privés, ses hauts fonctionnaires d'État, associés avec lui pour le gouvernement de l'Église et du monde,
reçurent le titre aujourd'hui bien connu de cardinaux, les prêtres du gond. Ce titre avait déjà été porté
auparavant par les grands officiers de l'empereur Romain qui, en qualité de Pontifex Maximus, avait été lui-
même un représentant de Janus, et avait transmis ses pouvoirs à ses créatures. Même sous le règne de
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Théodose, empereur chrétien de Rome, le premier ministre portait le titre de cardinal . Mais aujourd'hui le
nom et le pouvoir que ce nom comporte avec lui ont depuis longtemps disparu de chez tous les fonctionnaires
civils des souverains temporels; et seuls ceux qui aident le pape à porter la clef de Janus pour ouvrir et fermer,
sont connus sous le nom de cardinaux, prêtres des gonds.
J'ai dit que le pape devint le représentant de Janus qui, nous le savons, n'était autre que le messie Babylonien.
Si le lecteur considère seulement les prétentions orgueilleuses de la papauté, il verra combien elle a emprunté
à l'original. Dans les contrées où le système Babylonien s'est développé le plus complètement, nous trouvons
le souverain pontife du dieu Babylonien investi des mêmes attributs que le pape. Appelle-t-on le pape "dieu
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de la terre, vice-dieu, vicaire de Jésus-Christ"? Le roi d'Égypte qui était souverain pontife , nous dit
Wilkinson, était regardé avec le plus grand respect comme le représentant de la divinité sur la terre. Le pape
est-il infaillible, et l'Église de Rome, en conséquence, se vante-t-elle de n'avoir jamais changé et d'être
incapable de changer! Il en était de même pour le pontife chaldéen et le système qu'il patronnait. Le souverain
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OVIDE, Fastes, liv. I, v. 171, 172, vol. III, p. 24.
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Ainsi appelé dans Hymne des Saliens, MACROBE, Sat., liv. I, ch. 9, p. 54, c. 2. H.
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Voir note 1, p. 44 et p. 199.
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OVIDE, Fastes, liv. I, v. 117-118.
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ibid. v. 117-120, 125.
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PARKHURST, Lexique, p. 627.
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Selon Wilkinson (vol. II, p. 22), le roi décrétait les lois et dirigeait toutes les affaires de la religion et de
l'état: ce qui prouve qu'il était le souverain pontife.