Page 166 - LES DEUX BABYLONES
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          dans la plus grande corruption. L'histoire du Thibet, de la Chine, du Japon, où la doctrine babylonienne du
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          célibat des prêtres a régné depuis un temps immémorial, témoigne des abominations qui en ont résulté . Les
          excès commis par les prêtres célibataires de Bacchus, dans la Rome païenne, au milieu de leurs mystères,
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          étaient tels, que le Sénat se sentit obligé de les chasser des limites de la République romaine . Dans la Rome
          papale, les mêmes abominations sont nées du célibat du clergé avec le système corrompu et corrupteur du
          confessionnal, tellement que tous ceux qui ont examiné le sujet ont été forcés d'admirer la signification
          étonnante du nom qui lui est divinement donné, dans un sens à la fois littéral et figuré: "la Grande Babylone,
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          la mère de toutes les impudicités et des abominations de la terre ." Nous pouvons citer mille faits de cette
          nature; prenons-en un seul, il est fourni par le célèbre historien catholique romain de Thou: "Le pape Paul V
          songeait  à supprimer les maisons de tolérance de la sainte cité; mais le Sénat romain pétitionna pour
          l'empêcher d'exécuter ce projet, parce que, disait-il, l'existence de ces mai-sons est le seul moyen d'empêcher
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          les prêtres de séduire nos femmes et filles ."

          La tonsur cléricalee


          Les prêtres célibataires ont tous une certaine marque au moment de leur ordination; c'est la tonsure cléricale.
          La tonsure est la première partie de la cérémonie de l'ordination, et elle est considérée comme l'élément le plus
          important du caractère des ordres du clergé romain. Lorsque après de longues discussions, les Pictes se furent
          enfin soumis à l'évêque de Rome, leur clergé accepta cette tonsure comme étant celle de saint-Pierre: ce fut
          là le symbole visible de leur soumission. Naitan, le roi des Pictes, ayant réuni les nobles de sa cour et les
          pasteurs de son église, s'adressa à eux en ces termes: "Je recommande à tout le clergé de mon royaume de
          recevoir la tonsure." C'est ainsi, nous dit Bédé, que cette importante révolution fut aussitôt accomplie par
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          l'autorité royale . Le roi envoya des agents dans chaque province, il imposa la tonsure circulaire à tous les
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          ministres et aux moines, suivant la mode romaine, et les soumit ainsi à Pierre, le prince béni des apôtres .
          Ce fut la marque, dit Merle d'Aubigné, que le pape imprima non sur le front, mais sur le haut de la tête. Une
          proclamation royale et quelques coups de ciseaux placèrent les Écossais, comme un troupeau de brebis, sous
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          la houlette du berger du Tibre . Mais si Rome donne tant d'importance à cette tonsure, quel en est donc le
          sens? C'était l'ordination visible de ceux qui s'y soumettaient, comme les prêtres de Bacchus. On ne peut faire
          reposer cette tonsure sur aucune autorité chrétienne. C'était bien la tonsure de Pierre, mais du Pierre Chaldéen
          des mystères, et non du Pierre de la Galilée. C'était un prêtre tonsuré, car le dieu dont il révélait les mystères
          était tonsuré. Plusieurs siècles avant l'ère chrétienne, Hérodote disait à propos de la tonsure Babylonienne:
          les Arabes ne reconnaissent pas d'autres dieux que Bacchus et Uranie (c'est-à-dire la reine du ciel,) et ils disent
          que leurs cheveux étaient coupés de la même manière que ceux de Bacchus; or, ils les coupent en forme
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          circulaire, se rasant autour des tempes .
          Qu'est-ce donc qui a pu donner lieu à cette tonsure de Bacchus? Tout dans cette histoire était représenté d'une
          manière mystique ou hiéroglyphique, et cela de telle sorte que les initiés seuls pouvaient le comprendre. L'un
          des faits qui occupaient la place la plus importante dans les mystères, c'était la mutilation qu'on fit subir a
          Bacchus après sa mort. En souvenir de ce fait, on répandait chaque année des larmes amères sur le "Rosh-


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                              HAMEL, Voyages dans la Corée, Collection de PINKERTON, vol. II, P. 536-537. Voir aussi
                              Description du Thibet dans la même Collection, p. 554, CARON, Le Japonibid. p. 630, et KEMPFER,
                              Le Japon, ibid. p. 747.
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                              TITE-LIVE, XXXIX, 8 et 18, vol. V, p. 196-207.
                       8      Apocalypse XVII, 5. Le Révérend M. H. Seymour montre qu'en 1836 sur un nombre total de 4373
                              naissances à Rome, 3160 enfants étaient des enfants trouvés! Quelle dépravation ce chiffre ne dévoile-t-
                              il pas! Résultats moraux du système romain, p. XLIX, dans Les soirées avec les disciples de Rome.
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                              THUANUS, Histoires, liv. XXXIX, ch. 3, vol. II, p. 483.
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                              BÈDE, liv. V, ch. 21, p. 216.
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                              ibid.
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                              MERLE D'AUBIGNÉ, vol. V. p. 55
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                              HÉRODOTE, liv. III, ch. 8, p. 185. C.
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