Page 149 - LES DEUX BABYLONES
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          hautement les abeilles, car elles ramassent les fleurs avec leurs pattes et cependant elles ne leur font aucun
          mal; elles ne donnent point le jour à des petits, mais elles produisent leurs jeunes essaims par la bouche,
                                                                                         19
          comme Christ, (pour prendre un exemple admirable), est sort de la bouche du Père ."

          Il  est bien évident qu'ici on veut parler de Christ comme du "Verbe de Dieu" (Jean  I, 1,  2), comment
         l'imagination a-t-elle pu jamais concevoir une ressemblance pareille à celle qui setrouve dans ce passage, si
         ce n'est au moyen de l'équivoque qui existe entre Dabar l'abeille, et Dabar la Parole? Dans un ouvrage papal
         déjà cité, le Pancarpium Marianum, je vois le Seigneur Jésus désigné clairement sous le nom de l'Abeille.
         Parlant de Marie, sous le titre de "paradis de Délices", l'auteur dit: "Dans ce paradis vivait cette céleste abeille,
         c'est-à-dire cette sagesse incarnée. Elle trouva ce rayon de miel qui découlait goutte à goutte et par lequel
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          l'amertume du monde fut changée en douceur ."

          Ces paroles blasphématoires représentent le Seigneur Jésus comme ayant tiré de sa mère tout ce dont il avait
          besoin pour bénir le monde. Une pareille idée a-t-elle pu venir de la Bible? Non. Elle ne peut venir que de
          la source où l'écrivain a appris à donner le nom d'Abeille à la sagesse incarnée. Or, comme l'équivoque qui
          a  pu faire donner  ce nom au Seigneur Jésus est uniquement fondée sur une expression de la langue
          Babylonienne, on voit d'où vient cette théologie: on voit aussi que toute cette prière sur la bénédiction des
          cierges doit venir d'un livre de prières Babylonien. C'est ainsi qu'à chaque pas le lecteur voit de mieux en
          mieux à quel point était juste le nom donné par Dieu à la femme assise sur les sept montagnes: "Mystère,
          Babylone la Grande." (Apocalypse XVII, 5).


































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                              Revue de l'épitre, du Dr. GENTIANUS HARVET de Louvain, p. 349. B et 350. A. Cet ouvrage, la
                              "Ruche de l'Église romaine", contient le texte latin de ce passage qui se trouve dans au moins deux
                              missels romains, fort rares aujourd'hui, imprimés à Vienne en 1506 et à Venise en 1522, antérieurement
                              à la Réforme. Ce passage, enlevé aux éditions postérieures, ne supporte pas l'examen des questions qu'il
                              soulève. La bénédiction des cierges existe dans les Pontificale Romanum de Venise (1543 et 1572).
                              L'introduction, ancienne, de cette formule extraordinaire remonte à une origine italienne: dans les
                              ouvrages de l'évêque romain Ennodius, qui occupait un diocèse italien au VIe siècle, nous lisons dans
                              une prière sur le cierge de Pâques: "C'est parce qu'au moyen des abeilles qui produisent leur cire la terre
                              offre l'image de ce qui est particulier au ciel (meretur habere terra quodcoeli est) et cela, à propos même
                              de la Génération, car les abeilles peuvent par la vertu des herbes, mettre au monde leurs petits par la
                              bouche, en moins de temps qu'il n'en faut aux autres animaux pour les produire de la manière naturelle
                              (prolem, quam herbarum lucro, diligentius possunt ore profligare quam semine)." (ENNOD. Opera).
                              Cette idée vient très certainement d'une liturgie chaldéeene. Mon frère, M. Hislop, de Blair Lodge, dont
                              les recherches approfondies m'ont été très utiles, m'a indiqué le premier anneau de la chaîne des preuves
                              sur ce sujet.
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                              Pancarpium, ch. 29, p. 122.
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