Page 241 - LES DEUX BABYLONES
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                                 Note N, p. 343 - Zoroastre, chef des adorateurs du feu



            Zoroastre était le chef des adorateurs du feu. Les détails suivants pourront l'établir. Bien qu'il ne dise pas
          que le nom de Zoroastre est presque synonyme d'adorateur du feu, le témoignage de Plutarque est d'un grand
          poids: "Plutarchus agnoscit Zoroastrem apud Chaldaeos Magos instituisse, ad quorum imitationem Persae
                              1
          etiam suos habuerunt , Arabica quoque historia, (ab Erpenio edita) tradit Zaradussit non primum instituisse,
          sed reformasse religionem Persarum et Magorum qui divisi erant in plures sectas." (CLERICUS, liv. I, De
          Chaldoeis, vol. II, ch 2, art. 1, p. 195). Plutarque reconnaît que Zoroastre institua chez les Chaldéens les
          mages, à l'imitation des Perses. L'histoire Arabe (éditée par Erpenius) nous raconte aussi que Zaradussit (ou
          Zerdusht) n'a pas institué, mais seulement réformé la religion des Perses et des mages qui avaient été divisés
          en  plusieurs sectes. Le témoignage d'Agathias tend au même but. Il croit que le culte du feu vint des
          Chaldéens chez les Perses (liv. II, ch. 25, p. 118-119).


          Les mages étaient chez les Perses les gardiens du feu sacré et éternel; on peut le conclure de Curtius (liv. III,
          ch. 3, p. 41-42) qui dit que ce feu était porté devant eux sur des autels d'argent; de Strabon (Géograph., liv.
          XV, p. 696) qui dit que les mages gardaient sur l'autel une certaine quantité de cendres et de feu éternel; et
          de la déclaration d'Hérodote (liv. I, p. 63) qui dit que sans eux, on ne pouvait offrir de sacrifice. Le culte du
          feu était une partie essentielle du système des mages Persans (WILSON, La religion des Parsis, p. 228, 235).
          Ils ne prétendaient pas avoir inventé ce culte du feu; mais leur histoire populaire en fait remonter l'origine
          jusqu'aux jours de Hoshang père de Thamurs, qui fonda Babylone (WILSON, p. 202-203 et 579), c'est-à-dire
          aux jours de Nemrod. Pour le confirmer nous avons un fragment d'Apollodore (MULLER, 68) qui fait de
          Ninus le chef des adorateurs du feu. Layard, citant ce fragment, suppose que Ninus est distinct de Zoroastre
          (Ninive et ses ruines, vol. II, p. 443, note), mais, on peut le prouver, bien que beaucoup d'autres aient porté
          le nom de Zoroastre, les lignes d'évidence convergent toutes de manière à démontrer que Ninus, Nemrod et
          Zoroastre étaient la même personne. Les légendes de Zoroastre montrent qu'il était connu comme mage et
          comme   guerrier (ARNOBE, liv. I, p. 327). Platon nous dit qu'Éros Armenius (d'après CLERICUS, De
          Chaldoeis, vol. II, p. 495, il serait le même que le 4e Zoroastre) mourut dans une bataille et ressuscita le 10e
          jour; ce qu'il prétendait avoir appris dans l'Hadès, il l'enseigna aux hommes dans sa nouvelle vie (PLATON,
          De Republica, liv. X, vol. II, p. 614). Nous avons vu que la mort de Nemrod, le Zoroastre original, ne fut pas
          celle d'un guerrier tué au combat; mais cependant cette légende du guerrier Zoroastre favorise entièrement
          l'hypothèse qui dit que le Zoroastre original, premier chef des Mages, n'était pas simplement un prêtre, mais
          un roi guerrier. Partout les Zoroastriens, ou adorateurs du feu, étaient appelés Guèbres ou Gabrs. Or le passage
          dans Genèse X, 8, prouve que Nemrod fut le premier des Gabrs. Comme Zoroastre était le chef des adorateurs
          du feu, Tammuz avait évidemment le même caractère. Nous avons déjà assez de preuves qui établissent
          l'identité de Tammuz et de Nemrod; mais quelques mots de plus le prouveront plus clairement et jetteront plus
          de lumière sur le culte primitif du feu.



          1/    Tout d'abord, Tammuz et Adonis sont la même divinité. Jérôme qui vivait en Palestine à l'époque où
                les rites de Tammuz étaient observés au temps même où il écrivait, identifie expressément Tammuz
                et Adonis (vol. II, p. 353) dans son Commentaire sur Ézéchiel VIII, 14, où les femmes Juives, est-il dit,
                pleuraient sur Tammuz. Le témoignage de Jérôme sur ce sujet est généralement adopté. De plus, les
                rites de Tammuz ou Adonis en Syrie étaient célébrés comme ceux d'Osiris. La déclaration de Lucien
                (De Dea Syria, vol. III, p. 454), le montre d'une manière frappante, et Bunsen (vol. I, p. 443), l'admet
                distinctement. L'identité de Nemrod et Osiris a été largement prouvée dans cet ouvrage. Quand donc
                Tammuz ou Adonis est identifié avec Osiris, l'identité de Tammuz s'ensuit tout naturellement. Et dès
                lors ceci s'accorde entièrement avec le langage de Bion, dans sa lamentation sur Adonis, alors qu'il




                       1      L'institution des Mages remonte à une haute antiquité. Aristote dit qu'ils étaient plus anciens que les
                              Égyptiens (Théopompe, fragments dans MÜLLER, vol. I, p, 280).
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