Page 245 - LES DEUX BABYLONES
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          ou qui produit la lumière , aussi est-elle identifiée par Priscien avec l'Aurore: Matuta, quas significat Auroram
          (PRISCIEN,  II, p. 591, dans SIR w. BETHAM, Etruria, vol. II, p. 53). Matutinus est évidemment le
          correspondant de Matuta, déesse du matin. Janus, donc, comme Matutinus, est Lucifer, fils du matin. Mais
          de plus, Matuta est identifiée à Ino après qu'elle eut plongé dans la mer, et que, en compagnie de son fils
          Melicerta, elle fut changée en divinité marine (Gradus ad Parnassum, sub voce Ino). En conséquence, son
          fils Melikerta roi de la ville fortifiée, est le même que Janus Matutinus, ou Lucifer Phaéton, ou Nemrod. Il
          y a aussi une autre chaîne par laquelle on peut identifier Melikerta, la divinité marine ou Janus Matutinus avec
          le dieu primitif des adorateurs du feu. Le nom le plus commun d'Ino, ou Matuta, après qu'elle est passé à
          travers les eaux était Leucothoé (OVIDE, Métam. liv. IV, 541-542). Or, Leucothoé ou Leu Kothea a un double
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          sens; il vient soit de Lukhoth, éclairer ou mettre à feu , soit de Lukoth, glaner. Dans la médaille de Malte que
          nous avons donnée (fig. 37, p. 239), le lecteur verra un exemple de ces deux sens. L'épi de blé que la déesse
          tient ordinairement à la main, se rapporte à son caractère caché, la mère de Bar le fils, et sert aussi à la montrer
          aux profanes sous le caractère de Spicilega, la Glaneuse, nom populaire (HYDE, De Religione Vet. Pers., p.
          392) de la femme à l'épi de blé, représentée dans la constellation Virgo. Dans Bryant (vol. III, p. 245), Cybèle
          est représentée avec deux ou trois épis de blé à la main, car, comme il y avait trois Bacchus particulièrement
          distincts, il y avait deux ou trois épis à la main. Mais pour en revenir à la médaille de Malte dont nous venons
          de parler, les flammes sortant de la tête de Lucothea, la Glaneuse, montrent que tout en passant à travers les
          eaux, elle est encore Lucothea, celle qui brûle ou qui donne la lumière. Et les rayons qui entourent la mitre
          du dieu sur le revers s'accordent parfaitement avec le caractère du dieu considéré comme Eleleus, ou Phaéton,
          en d'autres termes, le brillant Bar. Or, ce Bar brillent, en qualité de Melikerta, roi de la cité fortifiée, occupe
          la place même d'Ala Mahozim, dont le représentant, nous l'avons ailleurs prouvé, n'est autre que le pape. Mais
          c'est aussi la divinité du soleil qui à cet égard porte la mitre de Dagon (comparez fig. 37, p. 239 et fig. 48, p.
          322, où l'on donne diverses formes de la même divinité Maltaise). La mitre à tête de poisson portée par le
          pape montre que sous ce caractère aussi, la bête qui monte de la mer, il est incontestablement le représentant
          de Melikerta.






































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                              Matuta vient du même mot que Tithonus: Tzet, Tzit ou Tzut, ou en chaldéen Tet, Tit ou Tut, allumer,
                              mettre à feu. De Tit, mettre à feu, vient le latin titio, tison, et de Tut avec le préfixe de formation M vient
                              Matuta, comme Nasseh oublier, donne Manasseh, celui qui oublie (fils ainé de Joseph, Genèse XLI, 51).
                              La racine de ce verbe est d'ordinaire Itzt; mais selon BARKER (Lexique, p. 176) elle peut être Tzt. C'est
                              de cette racine que vient le mot sanscrit Suttee, déjà cité.
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                              En hébreu, le verbe est Lhth, mais la lettre He devient souvent Heth en chaldéen avec la valeur de Kh.
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