Page 247 - LES DEUX BABYLONES
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                                       Note Q, p. 399 - L'immolation des témoins


            Est-elle passée ou est-elle à venir? C'est là une question vitale.



          D'après la doctrine en faveur aujourd'hui, elle a eu lieu il y a bien des siècles, et les saints de Dieu ne reverront
          jamais une nuit de souffrance semblable à celle qui précéda l'ère de la Réformation. C'est là le principe
          fondamental d'un ouvrage qui vient de paraître sous le titre: "Le Grand Exode". "La vérité, nous dit l'auteur,
          peut avoir à subir de formidables assauts, les saints de Dieu peuvent être cruellement menacés mais quelles
          que soient leurs terreurs, ils n'ont cependant pas de vraie raison de craindre, car la mer Rouge se séparera, les
          tribus du Seigneur passeront à travers à pied sec, et tous leurs ennemis, comme Pharaon et son armée, seront
          engloutis dans une effrayante catastrophe." Si la doctrine soutenue par plusieurs des interprètes parmi les plus
          sobres de l'Écriture pendant le siècle dernier comme Brower, Haddington, Thomas Scott et bien d'autres, était
          bien fondée, autrement dit si l'anéantissement des témoins est encore à venir, cette théorie doit non seulement
          être une tromperie, mais une tromperie de la tendance la plus funeste, une tromperie qui en enlevant leur
          vigilance à ceux qui la professent, plutôt qu'en les obligeant à se tenir comme des soldats aux endroits les plus
          élevés de la forteresse, et à rendre à Christ un audacieux et invincible témoignage, prépare directement la voie
          pour cette destruction même des témoins qui est annoncée. Je n'entre dans aucune recherche historique sur
          la question de savoir si, en fait, il est vrai que les témoins furent égorgés avant l'apparition de Luther. Ceux
          qui désirent voir un argument historique sur ce sujet peuvent le voir "dans la République rouge", à laquelle
          je crois qu'on n'a pas encore répondu. Je ne crois pas non plus qu'il vaille la peine d'examiner particulièrement
          l'affirmation du Dr. Wylie: j'estime que c'est une affirmation pure et gratuite, celle qui consiste à dire que les
          1 260 jours pendant lesquels les saints de Dieu, dans les temps évangéliques, eurent a souffrir pour la justice,
          n'ont aucun rapport, en tant que demi-période, à un tout symbolisé par les sept époques de Nebuchadnezzar,
          alors qu'il eut à souffrir et fut châtié pour son orgueil et ses blasphèmes, comme représentant du pouvoir du
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          monde . Mais je fais simplement remarquer ceci au lecteur, c'est que même d'après la théorie du Dr. Wylie


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                              L'auteur ne fait pas de l'humiliation du roi de Babylone celle de l'Église. Comment donc peut-il établir
                              une relation entre les sept temps de ces deux cas? Il semble croire qu'il suffit de trouver un point
                              commun entre Nebuchadnezzar et la puissance qui opprima l'Église pendant deux fois sept temps. Ce
                              point est la "folie" de l'une et l'autre. Mais voici l'objection capitale à cette opinion: la folie de
                              Nebuchadnezzar n'était qu'une affliction; dans l'autre cas c'était un péché. La folie du roi ne l'entraîna
                              pas à opprimer un seul individu mais la folie de cette puissance terrestre dans cette théorie est
                              essentiellement caractérisée par l'oppression des saints. Où donc est, entre les deux, la moindre analogie?
                              Les sept temps du roi de Babylone n'étaient que ceux de l'humiliation. Le monarque souffrant ne peut
                              être un type de l'Église souffrante et encore moins ces sept temps d'humiliation profonde. Tout pouvoir
                              et toute force enlevés, peuvent-ils être un type de la puissance terrestre, quand cette puissance allait
                              concentrer toute gloire et grandeur de la terre? Telle est l'objection funeste à cette théorie. Regardons la
                              phrase suivante et comparons-la au fait historique pour mieux montrer combien la théorie est peu
                              fondée. "Il s'en suit incontestablement, dit l'auteur, que comme l'Église doit être tyrannisée par la
                              puissance idolâtre pendant toute la durée des sept temps, elle sera opprimée pendant la première moitié
                              des sept temps par l'idolâtrie sous la forme du paganisme et pendant la seconde moitié par l'idolâtrie sous
                              la forme de la papauté." Or, les premières 1 260 années de l'oppression de l'Église par l'idolâtrie païenne
                              se sont exactement accomplies, dit-on, en 530 ou 532, quand Justinien amena tout à coup sur la scène un
                              nouvel oppresseur. Mais où trouvait-on la puissance terrestre avant 530 maintenant l'idolâtrie comme
                              paganisme? Depuis Gratien au moins, en 376, où y avait-il un tel pouvoir persécuteur? Les nécessités de
                              cette théorie demandent que le paganisme déclaré soit persécuteur de l'Église jusqu'en 532 mais, pendant
                              156 ans (depuis 376), il n'y eut au monde de pouvoir païen capable de persécuter l'Église. "Les jambes
                              du boiteux, dit Salomon, ne sont pas égales" et si aux 1 260 années annoncées il n'en manque pas moins
                              de 156, on peut dire que cette théorie est bancale.

                              Mais les faits s'accordent-ils à la théorie pour les secondes 1 260 années coïncidant avec 1792, époque
                              de la Révolution française? Si ces années d'oppression papale se sont alors terminées et si l'Ancien des
                              jours vint pour commencer le jugement final de la Bête, il a dû venir aussi pour autre chose. C'est ce qui
                              ressort de Daniel (Daniel VII, 21-22): "Je vis cette corne faire la guerre aux saints, et l'emporter sur eux,
                              jusqu'au moment où l'Ancien des jours vint donner droit aux fils du Très-Haut, et le temps arriva où les
                              saints furent en possession du royaume." Le jugement de la corne et la possession du royaume par les
                              saints sont donc contemporains. Longtemps les gouvernements terrestres ont été menés par des
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