Page 173 - LES DEUX BABYLONES
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          Dans le chapitre que nous étudions, le grand serpent de feu est représenté avec tous les emblèmes de la
          royauté. Toutes ses têtes sont ceintes de couronnes ou de diadèmes, et ainsi en Égypte, le serpent de feu ou
          le serpent du soleil, était appelé en grec le Basilisk, c'est-à-dire, le serpent royal, pour l'identifier à Moloch
          dont le nom, qui rappelle à la fois l'idée de feu et de sang, signifie proprement le roi. Le Basilisk était toujours
          regardé  chez les Égyptiens et chez beaucoup d'autres nations comme  le vrai type  de la majesté et de  la
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          domination . Comme tel, son image était fixée à la coiffure des rois Égyptiens, et aucun autre n'avait le droit
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          de la porter . Le soleil identifié au serpent était appelé Purros , ce qui voulait dire en même temps le feu et
          le roi, et de ce nom dérivait l'épithète Purros, qui est semblable au feu, épithète donnée au grand serpent à sept
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          couronnes de notre texte .
          C'est ainsi que le soleil, le grand dieu du feu, était identifié avec le serpent. Mais il avait aussi un représentant
          humain, c'était Tammuz pour lequel les filles d'Israël se répandaient en lamentations, en d'autres termes,
          Nemrod. Nous avons déjà vu l'identité de Nemrod et de Zoroastre. Or, Zoroastre n'était pas seulement le chef
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          des mystères chaldéens, mais, comme tout le monde l'admet, le chef des adorateurs du feu . Le titre donné
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          à Nemrod, comme premier chef Babylonien, par Berosus, indique le même fait. Ce titre est Alorus , c'est-à-
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          dire le dieu du feu .

          Comme Nemrod le dieu du feu était Molk-Gheber, ou le roi puissant, en ce sens que ce fut le premier qui
          commença à être puissant sur la terre, nous voyons tout de suite l'origine de cet usage qui consistait à passer
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          au travers du feu; et nous voyons aussi comment le dieu du feu chez les Romains fut appelé Mulkiber . Ce
          ne fut toutefois qu'après sa mort qu'il paraît avoir été déifié. Aussi fut-il adoré plus tard comme l'enfant du
          soleil, ou comme le soleil incarné. Pendant sa vie cependant il n'eut d'autres prétentions que celle d'être Bol-
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          Kahn, ou prêtre de Baal, d'où vient évidemment le nom de dieu du feu chez les Romains, Vulcain .

          Tout dans l'histoire de Vulcain s'accorde avec celle de Nemrod. Vulcain était le plus laid et le plus difforme
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          de tous les dieux . Nemrod, dans le monde entier, est représenté avec les traits et le teint d'un nègre. Quoique
          Vulcain fût si laid que lorsqu'il chercha une femme toutes les belles déesses le repoussèrent avec horreur,
          cependant la Destinée, l'irrévocable, intervint et déclara que Vénus, la plus belle des déesses, était unie au plus
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          affreux de tous les dieux .

          De même Nemrod, en dépit de ses traits noirs et éthiopiens eut pour femme, Sémiramis, la plus belle entre
          toutes. La femme de Vulcain était célèbre par ses infidélités et ses dérèglements; la femme de Nemrod avait







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                              WILKINSON, vol. IV, p. 239.
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                              ibid.
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                              BUNSEN, vol. I, p. 407.
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                              Le mot Purros dans le texte n'exclut pas l'idée de Rouge, car on donnaient au soleil la couleur rouge,
                              pour l'identifier avec Moloch, le dieu du feu et le dieu du sang (WILKINSON, vol. IV, p. 288-296). La
                              première idée et la principale, cependant, c'est celle du feu.
                       16     Pour plus de lumière sur ce sujet voir Appendice, note N.
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                              BUNSEN, vol. I, p. 710.
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                              BRYANT, vol. I, p. 10 et vol. IV, p. 152. Bryant fait venir le mot Alorus de Alaur, le dieu du feu.
                              J'incline à penser que, d'après l'analogie du nom donné dans la suite, il vient de Al-Hor, le dieu qui
                              brûle. Mais le sens est toujours le même.
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                              Ordinairement écrit Mulciber (OVIDE, De art. am, liv. II, v. 562). Mais le c romain était dur. À cause de
                              l'épithète Gheber, les Parsis, ou adorateurs du feu dans l'Inde, sont encore appelée Guèbres.
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                              OVIDE, De art. am., ibid. note.
                       21     Mythologie païenne illustrée, p. 66.
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                              ibid. p. 75.
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