Page 128 - LES DEUX BABYLONES
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          le 30e jour après la mort à Mercure conducteur des morts ". Dans l'Inde, les services du Sràddhà, ou services
          funèbres pour le repos des morts, sont nombreux et onéreux; et pour en assurer l'efficacité, on enseigne que
          "des offrandes de bétail, de terres, d'or, d'argent ou d'autres objets doivent être faites par la personne elle-
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          même aux approches de la mort, ou si elle ne le peut pas, par une autre qui agit en son nom ".

          Partout où nous jetons les yeux le cas est à peu près le même. En Tartarie, les Gurjumi ou prières pour les
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          morts, dit le "Journal Asiatique" sont fort dispendieuses . En Grèce, dit Suidas , le sacrifice le plus grand et
          le plus coûteux était le sacrifice mystérieux appelé le "Télété", sacrifice qui, d'après Platon, était offert pour
          les vivants et les morts, et qui, pensait-on, les délivrait de tous les maux auxquels sont exposés les méchants
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          lorsqu'ils ont quitté cette terre . En Égypte, les exactions des prêtres pour les frais des funérailles et des messes
          pour  les morts étaient loin d'être une bagatelle. "Les prêtres, dit Wilkinson,  entraînaient leurs fidèles à
          dépenser de grosses sommes pour la célébration des rites funèbres, et beaucoup de personnes, qui avaient à
          peine assez pour se procurer les choses indispensables à leur existence, s'efforçaient d'économiser quelque
          chose  pour payer  les dépenses de leur ensevelissement. En effet, outre les frais de l'embaumement, qui
          s'élèvent parfois à un talent d'argent, c'est-à-dire environ 4 000 francs, le tombeau lui-même coûtait fort cher;
          et on faisait beaucoup de questions sur la position de fortune du défunt, avant de faire des prières et autres
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          services pour le repos de son âme ." Les cérémonies, nous dit-il ailleurs, consistaient en un sacrifice semblable
          à celui qu'on offrait dans les temples; on l'accomplissait, pour le bénéfice du défunt, en l'honneur d'un ou de
          plusieurs dieux (Osiris, Anubis et autres dieux infernaux); on lui offrait de l'encens et des libations; on lisait
          quelquefois une prière, et les parents, les amis étaient là comme pleureurs. Ils joignaient même leurs prières
          à celles du prêtre. Celui qui officiait au service funèbre était choisi parmi les pontifes qui portaient une peau
          de léopard; mais l'un des prêtres inférieurs accomplissait d'autres rites variés pour les momies avant de les
          descendre dans le tombeau. On les célébrait aussi à certains intervalles, aussi longtemps que la famille payait
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          pour ces cérémonies .

          Telle était dans la pratique la doctrine du purgatoire et des prières pour les morts chez les païens reconnus et
          déclarés. Sur quels points essentiels diffère-t-elle de la même pratique dans la Rome pratique? Il y a dans l'une
          les mêmes extorsions que dans l'autre. La doctrine du purgatoire est purement païenne, et ne peut résister un
          seul instant à la lumière de l'Écriture. Pour ceux qui meurent en Christ il n'y a point de purgatoire et il n'y en
          a pas besoin; car "le sang de Jésus-Christ, Fils de Dieu, nous purifie de tout péché" (I Jean I, 7). Si cela est
          vrai, comment peut-on avoir besoin d'une autre purification? D'un autre côté, pour ceux qui meurent sans être
          unis personnellement à Christ, et par conséquent sans être purifiés, sans être justifiés, sans être sauvés, il ne
          peut pas y avoir d'autre purification; car si "celui qui a le Fils a la vie, celui qui n'a pas le Fils n'a pas la vie"
          (I Jean V, 12), et ne pourra jamais l'avoir! Étudiez les Écritures, et vous verrez que pour ceux qui meurent
          dans leurs péchés le décret de Dieu est irrévocable. "Que celui qui est injuste le demeure encore, et que celui
          qui est souillé demeure encore souillé!" (Apocalypse XXII, 11). Ainsi la doctrine du purgatoire est un système
          de pure imposture, impudente et païenne, offensante pour Dieu, trompant les hommes qui vivent dans le
          péché, en leur laissant l'espoir de l'expier avant leur mort, et en leur dérobant dès maintenant leurs privilèges
          et leur salut. Dans le purgatoire païen, le feu, l'eau, le vent, étaient représentés (ainsi que l'indiquent les vers
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          de Virgile ) comme s'unissant pour enlever les souillures du péché. Dans le purgatoire de la papauté, même





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                              Les Doriens, vol. II, p. 405. Muller dit que les Argiens sacrifiaient également aussitôt après le décès.
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                              Recherches Asiatiques, vol. VII, p. 239-240.
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                              Journal Asiatique, vol. XVII, p. 143.
                       6      SUIDAS, vol. II, p. 879. B.
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                              PLATON, vol. n, p. 364-365.
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                              WILKINSON, vol. II, p. 94.
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                              ibid. vol. V, p. 383-384.
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                              Voir p. 250.
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