Page 214 - Dictionnaire de la Bible J.A. Bost 1849
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Jamais, d'ailleurs, ce peuple ne jouit d'aucune liberté parmi les Israélites, au milieu desquels il en subsista
toujours un très grand nombre, même après la captivité.
Les Guirgasiens, et peut-être encore quelques autres tribus cananéennes, fuyant devant l'épée de Josué, se
retirèrent dans le nord de l'Afrique, et furent suivies par un grand nombre d'autres qui émigrèrent de
Tyr. Là, sous le nom de Carthaginois, ils jetèrent autour d'eux un certain éclat, mais qui dura peu; dès
lors, et pendant près de deux mille ans, ce pays a été le théâtre des plus tristes événements,
successivement réduit en servitude et dévasté par les Romains, les Vandales, les Sarrasins et les Turcs.
Les Cananéens de Tyr, de Sidon, et autres lieux de la Phénicie, qui s'établirent sur les rivages de la
Méditerranée, n'ont pas eu un meilleur sort. Ceux enfin qui échappèrent aux armes du roi David, les
Héviens, etc., s'enfuirent dans la Béotie au sud de l'Europe, où ils ne purent échapper non plus à la
terrible malédiction de servitude qui pesait sur leurs têtes.
Cependant Canaan, cet enfant maudit, a donné son nom à la portion la plus bénie de l'ancien monde.
Canaan qui réveille dans le cœur la pensée de la désolation, réveille aussi celle de la promesse; sur le
même nom se rencontrent la paix et l'extermination; d'abord l'idolâtrie et les turpitudes du péché, puis le
règne du Messie avec l'alliance de grâce. Il fallait que la prophétie de Noé fût accomplie en tout point, que
Canaan fût le serviteur de ses frères, qu'après avoir baigné de ses sueurs une terre fertile, il la livrât ainsi
travaillée, à la postérité bénie de Sem, et qu'après l'avoir défrichée comme un homme libre, il
l'abandonnât comme un esclave; il fallait que le nom du premier possesseur demeurât à cette terre, afin
que ses nouveaux habitants comprissent et se rappelassent toujours qu'elle avait appartenu d'abord à une
race maudite, et que cette malédiction seule, venant de l'Éternel, les en avait rendus les maîtres.
Une description détaillée de la terre de Canaan ne saurait être donnée ici: nous nous bornerons à indiquer
les traits généraux; quant aux détails, on peut voir les articles spéciaux.
— Voir: aussi la Palestine de Raumer, et en français la Description de la Terre Sainte de Rougemont, et le
Journal d'un Voyage au Levant, t, m.
Canaan avait près de 400 kilomètres du nord au midi, et près de 200 de l'est à l'ouest dans sa plus grande
largeur; il présentait une surface d'à peu près 30,000 kilomètres carrés; et comme le peuple hébreu
comptait 601,730 hommes de guerre lors de la conquête, il y avait pour chacun d'eux environ 5 hectares.
Ce pays est compris entre le 31e et le 34e degré de latitude nord, et s'étend du 32e au 34e degré de
longitude est (Paris). La mer Méditerranée le borne à l'ouest, le Liban et la Syrie au nord; l'Arabie déserte,
Hammon, Moab et Madian à l'est, l'Idumée et le désert de Paran au sud, enfin l'Égypte au sud-ouest.
C'était le pays dont la possession avait été promise aux Hébreux, et dont il leur avait été ordonné de
s'emparer, Nombres 34:1-12; Josué 11:13-21; Juges 1; mais il faut y ajouter les contrées sur lesquelles ils
pouvaient dominer, qu'ils pouvaient avoir l'espérance de conquérir un jour, celles dont la possession leur
était permise plutôt qu'ordonnée, depuis l'Euphrate au nord-est jusqu'au Nil vers le sud-est, Genèse
15:18-21; Exode 23:31; Deutéronome 11:24; Josué 1:3-4. Et, en effet, les tribus transjourdaines chassent
devant elles les peuplades arabes, et poussent jusqu'à l'Euphrate, 1 Chroniques 5:9,18-23. David, plus
tard, soumet la Syrie, Damas, Hammon, Moab, l'Idumée, 2 Samuel 8:2,6,12-13; 10; 12:26; sq. 1 Chroniques
18:6-13; 19:20. Salomon fait bâtir Tadmor bien à l'orient de Damas, construit une flotte à Hetsion-Guéber
sur la mer Rouge, possède Thiphsak sur l'Euphrate, et Hamath sur le versant septentrional du Liban, 1
Rois 4:24; 9:18,26; 2 Chroniques 8:3-4,17.
— Voir: Cellérier. Esp. de la Légis l, mos. II, p. 275.
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