Page 54 - LA SEPTANTE MYTHIQUE
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les canons de la critique textuelle développée pour la bibliothèque
d’Alexandrie. Cet âge d’or n’a aucune consistance historique:
l’auteur – prudent, à l’inverse de Démétrios de Phalère - ne le raconte
que pour évoquer à mots couverts l’âge de fer qui lui a succédé...»
Or nous savons de nos jours que «la Lettre d’Aristée» fut composée par
un Juif helléniste apostat vers l’an 272 de notre ère, il n’est donc pas
étonnant de voir que plusieurs passages de la Septante s’accordent
avec le Nouveau Testament puisqu’elle lui est ultérieure. La première
analyse philologique s'est avérée que la lettre était une contrefaçon.
En 1684, Humphrey Hody, qui rédigea l’œuvre «Contre le historiam
Aristeae de LXX. dissertatio d'interpretibus», démontra clairement que
la prétendue "lettre d'Aristée" était la contrefaçon d'un juif helléniste
de notre ère, qui à l'origine la circula pour donner du poids à une
Septante qui pré-daterait le temps du Christ et de ses apôtres. La
dissertation a été généralement considérée comme concluante par les
spécialistes de la Suède. D'autres sont de l'avis que «la lettre d'Aristée»
provient d'Origène ou d'un de ses disciples, ce qui est fort probable
puisqu'elle met l'emphase sur Alexandrie, capitale de l'idolâtrie et
source de la corruption des manuscrits de la Bible. Les deux
s'accordent donc pour nous dire qu'il s'agit d'une supercherie. Le Dr.
R.H. Charles affirme la même chose dans son œuvre «The Apocrypha
and Pseudepigrapha of the Old Testament».
Les experts en la matière reconnaissent, pour la grande part, que
l'information dans la lettre d'Aristée est une légende, mais cela ne les
arrête aucunement dans leur propagation du mythe d'une Septante
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