Page 13 - LA SEPTANTE MYTHIQUE
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d'une langue sémitique à la langue grecque sont bien plus divers.
Qu'on songe à la diversité des désignations du divin dans la Bible
hébraïque: El, Eloah, Elohim, El Shadday, Sabaoth dont certaines ne
trouvent aucune solution satisfaisante ou qui sont banalisés, lors du
passage en grec par theos, le dieu, n'importe lequel, kurios, seigneur
ou pantokrâtor, tout puissant. Le chaos initial, vide et désert (tohu wa
bohu) devient la matière invisible et inorganisée des philosophes; le
souffle divin devient pneuma qui peut nommer le vent mais qui est
aussi une composante de l'âme humaine. Le pneuma à distinguer de
nephesh qui représente une réalité supérieure au corps, mais
inférieure à l'âme: même la matière inerte est dotée d'un nephesh qui
peut être considéré comme tout ce qui lui permet d'exister.
Les divergences avec l'hébreu ne sont pas toutes des lectures
particulières ni des fautes de traduction. Elles s'expliquent aussi: par
la différence entre leur modèle et le texte hébreu d'aujourd'hui (la
stuttgartensia, par exemple); par les diverses vocalisations possibles
(codifiées dans la Temura); par les permutations de consonnes; par
l'enjambement d'une proposition sur une autre; par des actualisations
diverses, comme l'effacement ou l'atténuation de tours jugés
impropres pour parler du divin, spécialement les menaces des
prophéties furent adoucies, au nom de la miséricorde divine
exprimant l'espérance des communautés juives hellénistiques.
Ces divergences ont été telles qu'au début de l'ère chrétienne
plusieurs érudits se lancèrent dans des révisions du texte de la
Septante afin d'obtenir une version grecque plus conforme aux textes
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