Page 220 - LES DEUX BABYLONES
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                                         Note B, p. 15 - Chronologie Hébraïque



            Le docteur Haies a essayé de substituer la chronologie des Septante comme plus complète, à celle des
          Hébreux.  Mais cela impliquerait que l'Église Juive, comme corps, ne garda pas fidèlement le dépôt des
          Écritures qui lui fut confié, ce qui est opposé au témoignage du Seigneur sur ces Écritures (Jean V, 39; X,
         35), où il n'y a pas la moindre allusion à cette prétendue infidélité (Romains III, 2). Nous pouvons trouver une
         raison qui ait pu amener les Septante d'Alexandrie à allonger la période de l'histoire ancienne du monde, nous
         n'en trouvons pas qui ait amené les Juifs de Palestine à l'abréger. Les Égyptiens avaient dans leur histoire des
          ères longues et fabuleuses, et les Juifs qui demeuraient en Égypte peuvent avoir été tentés de faire remonter
          leur histoire sacrée aussi haut que possible, et l'addition des 100 années dans chaque cas, comme le font les
          Septante, à l'âge des patriarches, semble être une falsification volontaire; mais nous ne pouvons pas imaginer
          pourquoi les Juifs de Palestine auraient fait un changement sur ce point. On sait que la version des Septante
          contient d'innombrables erreurs et des interpolations. Bunsen repousse toute chronologie scripturaire, quelle
          qu'elle soit, hébraïque, samaritaine ou grecque; et il adopte les dynasties insoutenables de Manetho, comme
          si elles étaient suffisantes pour supplanter la Parole divine sur une question de fait historique. Mais si les
          Écritures ne sont pas historiquement vraies, nous ne pouvons avoir aucune assurance de leur véracité. Or, il
          est bon de remarquer ceci: Hérodote affirme qu'à une certaine époque, il n'y avait pas moins de douze rois
          contemporains en Égypte. Or, Manetho, comme le fait observer Wilkinson (vol. I, p. 148) ne fait aucune
          allusion à ce détail, et il prétend que toutes ses dynasties de rois de Thinus, Memphis, ou de Dispolis, et une
          longue  suite d'autres, se sont succédé! La période pendant laquelle ont régné les dynasties de Manetho,
          constitue en elle-même une trop longue période pour être raisonnablement acceptée. Mais Bunsen affirme
          qu'il y a eu de longues suites de rois puissants dans la Haute et la Basse Égypte, pendant une période de deux
          à quatre mille ans (vol. I, p. 72), même avant le règne de Menés. En arrivant à une pareille conclusion, il
          suppose que le nom de Mizraïm, nom scripturaire du pays d'Égypte, et dérivé évidemment du nom du fils de
          Ham et du petit-fils de Noé, n'est pas après tout, le nom d'une personne, mais le nom du royaume uni formé
          sous Ménès, parles "deux Misr", "la Haute et la Basse Égypte" (ibid. p 73), qui avaient auparavant existé
          comme  royaumes séparés, le nom de Misrim, d'après lui, étant  un mot pluriel. Cette dérivation du nom
          Mizraïm, ou Misrim, mot pluriel, laisse cette impression que Mizraïm, fils de Ham, doit être un personnage
          mystique. Mais il n'y a pas de raison sérieuse de penser que Mizraïm soit un pluriel, ni qu'il soit devenu le
          nom du pays de Ham. Ce qui est vrai, c'est que ce pays était tout simplement le pays du fils de Ham. Mizraïm
          comme on le trouve dans l'hébreu de la Genèse sans les points voyelles est Metzrïm et Metzrïm signifie "celui
          qui enferme ou arrête le mer" (ce mot vient de Im, le même que Yam, la mer, et Tzr, enfermer, avec le préfixe
          de formation, M).


          Si les récits de l'histoire ancienne sur l'état primitif de l'Égypte sont exacts, le premier homme qui s'est établi
          dans ce pays doit avoir accompli l'acte impliqué dans ce nom. Diodore de Sicile nous dit que dans les temps
          primitifs,  ce qui était l'Égypte  au moment où il écrivait, était, disait-on, non une contrée, mais une mer
          universelle (DIOD., liv. III, p. 106). Plutarque aussi dit (De Iside, vol. II, p. 367) que l'Égypte était une mer.
          Hérodote nous fournit des preuves frappantes qui tendent au même but. Il excepte de cette affirmation la
          province de Thèbes; mais si l'on remarque que la province de Thèbes n'appartenait pas à Mizraïm, ou l'Égypte
          proprement  dite (qui, dit l'auteur de l'article Mizraïm, dans l'Encyclopédie Biblique,  p. 598, veut dire
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          simplement la Basse Égypte) , on verra que le témoignage d'Hérodote s'accorde entièrement avec celui de
          Diodore de Sicile et de Plutarque. Il dit que sous le règne du premier roi, toute l'Égypte (excepté la province
          de Thèbes) était un vaste marais. On ne pouvait voir aucune partie du pays situé aujourd'hui au-delà du lac
          Maeris; la distance entre la mer et ce lac ne pouvait être franchie qu'en sept jours (HÉRODOTE, liv. II, ch.
          4).


                       1      Le révérend R. JAMIESON, dans Illustration de l'Écriture, par PAXTON, vol. I, p. 198 et KITTO,
                              Commentaire illustré, vol. IV, p. 110, adoptent la même opinion à propos de l'étendue de Mitzraïm.
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