Page 219 - LES DEUX BABYLONES
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                                   Note A, p. 14 - La femme qui tient une coupe d'or



            Pausanias  (liv. I, Attica, ch. 33, p. 81) parle d'une déesse  ayant l'attitude même de la femme de
         l'Apocalypse. – "De cette pierre (du marbre de Paros), dit-il, Phidias fit une statue de Némésis; et sur la tête
         de la déesse, on voit une couronne ornée de cerfs et des images de la victoire d'une grandeur ordinaire. Elle
         tient à la main gauche une branche de frêne et à la main droite une coupe sur laquelle sont représentés des
         Éthiopiens." Pausanias se déclare incapable de dire pourquoi les Éthiopiens sont sculptés sur cette coupe, mais
         si on lit, p. 70, 71, et 74, etc., on verra clairement ce que signifient ces Éthiopiens et ces cerfs. Nous voyons
         cependant, d'après des passages du même chapitre, que Némésis représentée d'ordinaire comme la déesse de
         la vengeance, doit cependant avoir été aussi connue sous un caractère tout différent.

         Voici ce que dit Pausanias à propos de la statue: "Cette statue de la déesse n'a Pas d'ailes. Chez les Smyrniens,
         cependant, qui possèdent les très saintes statues de Némésis, je me suis aperçu plus tard que ces statues
         avaient des ailes. Car, comme cette déesse est surtout la déesse des amoureux, on peut supposer qu'ils ont
          donné des ailes à Némésis, aussi bien qu'à l'Amour, ou Cupidon." Le fait de donner des ailes à Némésis, la
          déesse des amoureux, parce que Cupidon lui-même en portait, montre que dans l'opinion de Pausanias, elle
          était la contrepartie de Cupidon, ou la déesse de l'amour, c'est-à-dire Vénus.


          C'est bien là la conclusion qu'il faut tirer des paroles de Pausanias: de plus nous la trouvons confirmée par
          une déclaration expresse de Photius (Lexique, P. II, p. 482), à propos d'une statue de Némésis de Rhamnus:
          "Elle fut tout d'abord représentée sous la forme de Vénus, et portait aussi une branche de pommier." Bien
          qu'une  déesse de l'amour et une déesse  de la vengeance paraissent avoir des caractères bien différents,
          cependant n'est pas difficile de voir comment cette distinction a pu se faire. La déesse qui, dans les mystères,
          était  révélée aux initiés de la manière la  plus séduisante, était aussi impitoyable et inflexible dans ses
          vengeances  envers ceux   qui révélaient ses mystères car tous ceux qui étaient découverts étaient
          irrévocablement mis à mort (POTTER, Antiquités, vol. I, Eleusia, p. 354). Ainsi donc la déesse qui portait
          la coupe était en même temps Vénus, la déesse de la licence, et Némésis, la déesse sévère et impitoyable pour
          tous ceux qui se révoltaient contre son autorité. Quel type remarquable de la femme que vit Jean, et qu'il
          appela d'un côté "la mère des prostitutions" et de l'autre, "la femme qui s'enivre du sang des martyrs"!
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