Page 207 - LES DEUX BABYLONES
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          de la mer . Les raisons qu'il donne à propos de cette affirmation ne sont pas très solides, mais il peut avoir
          emprunté cette opinion à d'autres qui avaient des raisons plus concluantes. Après examen on verra que si
          Saturne était le nom de la tête visible de la bête, Teitan était le nom de la tête invisible. Teitan est précisément
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          la forme chaldéenne de Sheitan  le nom même sous lequel Satan était désigné de temps immémorial par les
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          adorateurs du démon dans le Kurdistan ; et depuis l'Arménie ou le Kurdistan ce culte du démon symbolisé
          dans les mystères chaldéens, vint en Asie Mineure, et de là en Étrurie et à Rome.

          Ce qui prouve que les nations classiques de l'antiquité savaient bien que Teitan était Satan, ou l'esprit de
          méchanceté, et le principe du mal moral, ce sont les faits suivants: l'histoire de Teitan et de ses frères donnée
          par Homère et Hésiode, les deux écrivains grecs les plus anciens de tous, malgré les récentes légendes qui s'y
          sont évidemment mélangées, est la contrepartie exacte du récit scripturaire de Satan et de ses anges. Homère
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          dit que tous les dieux du Tartare ou de l'enfer étaient appelés Teitans . Hésiode nous dit comment ces Teitans
          ou dieux de l'enfer vinrent demeurer dans ce séjour. Leur chef ayant commis un acte de méchanceté contre
          son père, le Dieu suprême, avec l'assentiment de beaucoup d'autres enfants du ciel, les appela tous d'un nom
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          infamant, Teitans ; il les maudit, et comme conséquence de cette malédiction, ils furent précipités dans l'enfer
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          et enchaînés dans des chaînes de ténèbres au fond de l'abîme . Tel est chez les Grecs le récit le plus ancien
          sur Teitan et ses sectateurs: dans le système chaldéen nous voyons que Teitan était exactement le synonyme
          de Typhon, le serpent méchant ou le dragon qui était universellement regardé comme le diable ou l'auteur de
          toute méchanceté. Ce fut Typhon, suivant la version païenne de l'histoire, qui tua Tammuz et le mit en pièces
          mais Lactance, qui connaissait parfaitement la question, reproche à ses amis païens d'adorer un enfant mis
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          en pièces par les Titans .
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          Il est donc hors de doute que Titan, dans la croyance païenne, était identique au dragon ou Satan . Dans les
          mystères, nous l'avons vu, un important changement se produisit dès que tout fut préparé pour le permettre.
          Tout d'abord, Tammuz fut adoré comme étant celui qui écrase la tête du serpent; on montrait par là qu'il était
          le destructeur annoncé du royaume de Satan. Alors on accorda au dragon lui-même ou à Satan une certaine
          apparence de culte, pour le consoler, disaient les païens, de la perte de son pouvoir, et pour l'empêcher de leur
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          nuire , et enfin le dragon ou Teitan, ou Satan, devint le suprême objet de culte, les Titania, ou rites de Titan,
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          occupaient en effet une place importantes dans les mystères Égyptiens , et aussi dans ceux de la Grèce . La


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                              IRÉNÉE, liv. V, ch. 30, p. 802. Bien que le nom de Teitan fût à l'origine dérivé du Chaldéen, cependant
                              il se naturalisa parfaitement dans la langue Grecque. Aussi pour donner plus d'évidence sur cet important
                              sujet, l'Esprit de Dieu sensible avoir ordonné les choses de telle sorte que le nombre de Teitan s'obtient
                              par la computation grecque et celui de Satur par la computation chaldéenne.
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                              Le lecteur éclairé n'a pas besoin d'exemples pour avoir la preuve de cette transformation fréquent du Sh
                              ou S en T; mais je puis ajourter ceci pour le lecteur ordinaire: l'hébreu Shekel, peser devient en chaldéen
                              Tekel; Shabar, briser, Tabar; Séraphim, devient en chaldéen Teraphim, contrafaçon Babylonienne des
                              divins Chérubins ou Séraphins; hébreu Asar, être riche, chaldéen, Atar; hébreu Shani, second, chaldéen
                              Tanin, etc.
                       23     WALPOLE, Ansayri, vol. I, p. 397. LAYARD, Ninive, vol. I, p. 287-288. REDHOUSE, Dictionnaire
                              Turc, sub voce Satan, p. 303. Les Turcs venaient de l'Euphrate.
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                              HOMÈRE, Iliade, liv. XIV, v. 279.
                       25     HÉSIODE, Théogonie, v. 207, p. 18-19.
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                              ibid. v. 717, p. 56-59. Je pense que le lecteur verra que Ouranos ou le ciel, contre lequel les Titans se
                              révoltèrent, n'était autre que Dieu.
                       27     LACTANCE, De falsâ Religione, p. 221 et CLÉMENT D'ALEXANDRIE, vol. I, P. 30.
                       28     em était le meurtrier de Tammuz. Comme grand adversaire du Messie païen, ceux qui le haïssaient pour

                              cette action, l'appelaient du nom du grand adversaire de tous, Typhon ou le Diable. S'ils donnaient le
                              nom de Beelzebub au maître de la maison, il était évident qu'ils donnaient à son serviteur un nom
                              semblable.
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                              PLUTARQUE, De Iside, vol. II, p. 362.
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                              ibid. 364.
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                              POTTER, Antiquités., vol. I, sub voce Titania, p. 400.
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