Page 206 - LES DEUX BABYLONES
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         On sait assez que la première partie de ce passage fut appliquée à Adonis, car les lamentations annuelles des
          femmes sur Tammuz furent bientôt changées en réjouissances à cause de son prétendu retour du Hadès ou
          des régions infernales. Mais ce qu'on sait moins, c'est que le paganisme appliquait à son dieu médiateur
          l'incorruption  du corps du Messie. C'est ce que nous apprend cette parole caractéristique de Pausanias:
          "Agdistis,  c'est-à-dire Cybèle, dit-il, obtint de Jupiter qu'aucune partie du corps d'Attès ne tomberait en
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          décomposition ou ne se perdrait ."

          Ainsi le paganisme applique à Attès, le pécheur, l'honneur incommunicable de Christ qui vint sauver son
          peuple de ses péchés, comme l'indique le langage divin du doux psalmite d'Israël, un millier d'années avant
          l'ère chrétienne. Si donc le pape occupe, comme nous l'avons vu, la même place que Janus, l'homme, n'est-il
         pas évident qu'il occupe aussi la même place qu'Attès le pécheur et dès lors, comme il est frappant à ce point
          de vue, ce nom d'homme de péché divinement donné par la prophétie (II Thessaloniciens II, 3) à celui qui
          devait être la tête de l'apostasie chrétienne, et qui devait concentrer dans cette apostasie toute la corruption
          du paganisme Babylonien!

          Ainsi à tous les points de vue le pape est donc la tête visible de la bête. Mais la bête a aussi une tête invisible
          qui  la gouverne. Cette tête invisible n'est autre que Satan, la tête de la première grande apostasie qui
          commence dans le ciel même. Voici des paroles qui mettent ce point hors de doute: "Ils adorèrent le dragon
          qui avait donné pouvoir à la bête, en disant: Qui est comme la bête? Qui est capable de lutter contre elle?"
          (Apocalypse  XIII, 4). Ce langage montre que le culte du dragon est semblable au culte de la bête.
          Primitivement le dragon était Satan, le chef ennemi lui-même; c'est là un fait qui est prouvé par la déclaration
          du chapitre précédent: "Et le dragon fut précipité dehors, c'est-à-dire l'ancien serpent, appelé le Diable, et
          Satan qui trompe le monde entier." (Apocalypse XII, 9). Si donc le pape est, comme nous l'avons vu, la tête
          visible de la bête, les sectateurs de Rome en adorant le pape adorent nécessairement le diable. Avec le langage
          divin sous les yeux il nous est impossible d'échapper à cette conclusion. Et c'est précisément ce qu'il fallait
          prévoir en nous plaçant sur un autre terrain. On se rappelle que le pape comme étant le chef du mystère
          d'iniquité est le fils de perdition, Iscariote le faux apôtre, le traître (Luc XXII, 3). Or, il est expressément
          déclaré que Satan, le prince des démons, entra en Judas avant qu'il n'ait commis sa trahison, et prit une entière
          et complète possession de son âme. Par analogie nous pouvons présumer que le cas fut le même ici. Avant
          que le pape ne pût même concevoir un pareil projet de noire trahison à la cause du Seigneur, comme on a
          prouvé qu'il le fit avant d'être qualifié pour exécuter son perfide dessein, il fallait que Satan lui-même entrât
          en lui. Le mystère d'iniquité allait alors agir et se développer suivant son pouvoir, c'est-à-dire littéralement
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          suivant l'énergie  ou la grande puissance de Satan (II Thessaloniciens II, 9). C'est donc Satan, et non un autre
          esprit subordonné de l'enfer qui doit présider à tout le système d'iniquité sanctionné; il faut qu'il prenne
          possession en personne de celui qui est sa tête visible, afin que le système puisse être guidé par son habileté
          diabolique et fortifié par son pouvoir surhumain. En ne perdant pas cela de vue, nous voyons tout de suite
          comment, en adorant la bête, les sectateurs du pape adorent aussi le dragon qui donna le pouvoir à la bête.
          Ainsi, sans parler des preuves historiques, nous arrivons irrésistiblement à cette conclusion que le culte de
          Rome est un vaste système du culte du démon. Si on admet que le pape est le chef de la bête qui sort de la
          mer, nous sommes tenus sur le simple témoignage de Dieu, sans aucune autre preuve, d'admettre ceci: c'est
          que sciemment ou à leur insu, ceux qui adorent le pape adorent le démon.

          Mais que dis-je? Nous avons une preuve historique, et une preuve remarquable que le pape comme tête des
          mystères chaldéens est aussi directement le représentant de Satan, que du faux Messie Babylonien. Irénée a
          fait cette remarque il y a bien longtemps, vers la fin du IIe siècle, que le nom de Teitan contenait le nombre
          mystique 666; et il déclare que, dans son opinion, Teitan est le nom le plus vraisemblable de la bête qui sort







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                              PAUSANIAS, liv. VII, Achaica, ch. 17.
                       20     Le mot d'énergie employé ici, l'est sans cesse dans les livres chaldéens. Il dépeint l'inspiration venant des
                              dieux et des démons (TAYLOR, Jamblichus, p. 163).
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