Page 434 - Dictionnaire de la Bible J.A. Bost 1849
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faiblesse n'est qu'un malheur et doit être pardonnée, et le tact chrétien joint à la charité pure saura
toujours faire distinguer les uns des autres.
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ÉVANGILE, Évangélistes.
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L'Évangile, cette clef de voûte d'une économie nouvelle où le mystère est remplacé par l'amour,
l'Évangile, mot sacramentel que les anges proclamèrent du haut des cieux, Luc 2:10, en annonçant aux
hommes un grand sujet de joie, l'Évangile, cette épigraphe de la religion chrétienne et d'elle seule, ce
résumé des gratuités divines, ce nom que chacun réclame dans l'Europe chrétienne et qui s'avance en
conquérant dans toutes les parties du monde, sur les côtes de l'Amérique, dans les déserts de l'Afrique,
au bord des fleuves de l'Asie, et dans les îles de l'Océanie, jusqu'à ce qu'il ait gagné des hommes de toute
tribu, langue, peuple et nation, l'Évangile n'est dans son origine comme dans sa signification littérale, ni
un système de philosophie, ni un système de devoirs, ni une prédication de morale, mais la publication
simple d'un fait, d'une nouvelle, d'une «bonne nouvelle», ainsi que le marque son nom même, dérivé des
deux mots grecs Εύ, άγγέλιον, qui ont cette signification. (Le mot Évangile signifie proprement: le
message de la grâce, bonne nouvelle pour les élus, méchante nouvelle pour les réprouvés.)
Ce fait, c'est que Jésus est venu chercher et sauver ce qui était perdu, Matthieu 18:11; c'est qu'il n'y a point
sous le ciel d'autre nom qui soit donné aux hommes par lequel il nous faille être sauvés, Actes 4:12; c'est
que Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son fils au monde, afin que quiconque croirait en lui ne pérît
pas, mais qu'il eût la vie éternelle, Jean 3:16.
Fait historique, il repose sur un fait moral qu'il suppose, celui de la corruption entière du cœur humain,
corruption telle qu'il ne peut plus être question pour l'homme d'un simple changement, d'une
amélioration, d'un mieux-aller, mais d'une métamorphose totale, d'une transformation, d'une conversion,
d'une rétrogradation complète et sans restriction aucune. Cette base posée, cette corruption reconnue,
dont les conséquences naturelles sont une éternelle condamnation, Dieu a opposé comme remède la mort
de son fils éternel dont le sang doit à la fois expier et purifier. Ce plan, conçu dès avant la fondation du
monde a été dévoilé à l'homme aussitôt après la chute; et dès lors, développé de plus en plus clairement
par les sacrifices, par le mosaïsme, par les prophéties, et par la foi des Juifs craignant Dieu, il a pris place
dans l'histoire de l'humanité il y a 1849 ans, le Verbe s'étant incarné, ayant souffert, étant mort, étant
ressuscité, s'étant montré publiquement, ayant été vu, entendu et touché pendant plusieurs années, ayant
prêché dans les plaines et sur les montagnes, dans les villes et dans les déserts. Puis son œuvre étant
accomplie, il est retourné dans le sein de son Père.
Tous ces faits avaient pour but unique le salut des hommes, et c'est leur ensemble qui constitué
l'Évangile, la bonne nouvelle.
Il importe donc extrêmement pour ce mot comme pour tous les autres, et plus encore, d'en conserver
présente à la pensée la signification historique et salutaire, afin de ne se pas fourvoyer comme on le fait
souvent, dans des phrases creuses et sonores qui n'ont aucun sens; pratiquer l'Évangile, la loi de
l'Évangile, les menaces, les foudres de l'Évangile, autant de formules qui dénotent chez ceux qui les
emploient l'ignorance la plus triste et la plus déplorable de ce qui fait le fondement de la religion
chrétienne.
— Nous ne pouvons développer, ni même indiquer ici toutes les idées également importantes,
qu'entraîne après elle, et comme conséquence, la bonne nouvelle annoncée aux hommes: l'inutilité
d'œuvres supplémentaires à la mort de Christ qui a pleinement accompli le salut, en même temps que la
nécessité des œuvres produites par une foi opérante dans la charité, ou plutôt la production même de ces
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