Page 11 - Dictionnaire de la Bible J.A. Bost 1849
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Bastie, qui a bien voulu se charger de revoir la plus grande partie de mon manuscrit; à M. Marc Ducloux
dont le désintéressement a assuré la publication de cet ouvrage, et dont l'intelligente activité a su tenir
plus encore qu'il n'avait promis; à M. Juste Olivier, enfin, l'ancien professeur de l'académie de Lausanne,
le poète populaire qui, lorsqu'il chantait:
Il est doux, il est doux d'avoir une patrie,
Des montagnes, des bois, un lac, un fleuve à soi,
Vignes, vergers, champs d'or, fraîche et verte prairie,
Un cimetière en fleur, un autel pour sa foi!
O qu'il est donc amer d'errer à l'aventure,
Privé de tous ces biens!...
ne se doutait pas et ne pouvait guère se douter, qu'un jour ces paroles de l'exilé seraient les siennes, et
qu'il ne pourrait plus chanter que de loin cette belle patrie où Dieu l'avait fait naître, et où ses
compatriotes s'étaient habitués à voir en lui le chantre et l'historien naturel de leur nationalité.
Les circonstances, en le portant ailleurs, m'ont favorisé d'une collaboration qui m'a été d'autant plus
précieuse qu'elle avait pour objet un travail minutieux et pénible, la surveillance et la vérification de
détails que l'auteur est, moins que personne, à même de faire d'une manière convenable, et qui n'en exige
pas moins tous les efforts d'une intelligence attentive et clairvoyante. M. Olivier a ainsi contrôlé, la Bible
sous les yeux, toute cette multitude de chiffres qui y renvoient, afin de s'assurer que sur ce point capital,
où, avec mon système de notation abrégée, le moindre faux trait de lettre ou de plume pouvait entraîner
aisément et bientôt multiplier de graves erreurs, les épreuves n'en laisseraient pas subsister. Le lecteur
peut donc avoir à cet égard une sécurité qui, surtout dans les ouvrages du genre du mien, est une chose
assez rare en typographie, pour qu'il soit juste de la mentionner ici. — Deux ou trois passages, sur
lesquels il y avait eu un malentendu, ont été rétablis dans le supplément.
Je m'arrête. Cependant encore un mot, un mot pour moi plus que pour le lecteur. Après dix années d'un
travail pénible que n'encourageait pas même la perspective d'un heureux dénouement, il m'est permis
d'être ému lorsque je vois enfin tous les obstacles aplanis, et cette entreprise, peu considérable pour
d'autres, mais très importante pour moi, bien grande en comparaison de mes faibles forces, se réaliser au
gré de mes désirs et au-delà de tout ce que j'eusse pu espérer. Pour la première fois depuis dix ans, je puis
respirer à pleins poumons l'air pur de la campagne, et voir une amie dans cette reine des nuits qui
s'incline à l'horizon, saluer avec joie ces premiers feux du jour qui tant de fois m'ont surpris dans un
travail angoissé, qui me trouvent aujourd'hui traçant ces dernières lignes, le cœur plein de joie et de
reconnaissance pour ce Dieu fidèle et bon qui seul m'a soutenu et conduit. J'ai fait une fois de plus la
douce expérience de sa fidélité; j'ai compris une fois de plus qu'il vaut mieux se reposer sur l'Éternel que
sur les principaux d'entre les hommes. C'est pour Lui que j'ai travaillé; c'est entre ses mains aussi que je
remets avec confiance l'avenir de ce travail, le suppliant de le bénir pour l'Église comme il l'a béni pour
moi-même.

Templeux-le-Guérard, le 3 juillet 1849, au matin.
J.-Aug. Bost.
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