Page 96 - Le Vatican l'argent et le pouvoir
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Aujourd'hui,  aucune  personne  privée  ou  juridique  ne  bénéficie,

               dans la République, des largesses qui viennent d'être octroyées à

               l'État du Vatican et au Saint-Siège.




               Largesses  qui,  semble-t-il,  ne  leur  suffisent  pas  encore:  en  té-

               moigne la grotesque histoire de l' "enlèvement" du Christ ressus-

               cité ou porteur de croix, une statue sculptée par Michel-Ange en

               1520  et  exposée  dans  l'église  de  Sainte  Marie  sur  Minerve,  au

               cœur de Rome. En mai 1984, quelques mois après la ratification


               du  concordat, la  précieuse  statue  était emballée  et  prête  à être

               envoyée à la Nouvelle Orléans où elle aurait dû devenir le clou du

               pavillon  de  l'épiscopat  américain  dans  la  Louisiana  World  Expo,

               'un show de 350 millions de dollars' selon ses organisateurs, une

               sorte de Disneyland provisoire dépourvu de toute intention cultu-


               relle.  L'escamotage  de  la  statue,  éventé  au  dernier  moment  et

               par  hasard,  ignorait  l'avis  contraire  des  experts,  l'autorité  de

               l'administration des Biens culturels (I' Église et son contenu sont

               de propriété domaniale) et violait une loi interdisant le transport

               d'œuvres de grande dimension (la statue mesure deux mètres).


               Avec  la  complicité,  diton,  de  deux  ministres  démocrates-

               chrétiens.  Le  Vatican,  bien  entendu,  déclina  toute  responsabilité

               (c'est pourtant lui qui avait commandité la société de transport)

               et renvoya à l'épiscopat américain. Un épiscopat d'autant plus in-

               touchable qu'il est lointain.






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