Page 85 - VERSIONS ET RÉVISIONS DE LA BIBLE
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être que l'apanage de Dieu, comme il nous l'a montré au
jour de la Pentecôte, où les apôtres pouvaient parler
toutes les langues du monde sans qu'il soit besoin
d'interprètes: ou plutôt, ils parlaient une langue
compréhensible de quiconque, c'est à dire la traduction
parfaite ! Car être fidèle en matière de traduction, c'est
assurer une adéquation entre le texte source et le texte
cible: une telle adéquation met donc en jeu la vérité, et ce
d'autant plus que Dieu est le garant de la vérité absolue.
Mais la Bible c'est aussi un texte littéraire et lorsqu'on la
traduit, on est confronté au même type de questions: dois-
je privilégier le sens ou le style ? Est-il possible de
concilier les deux ? Ma langue permet-elle de concilier les
deux ? On sent bien qu'une traduction n'est jamais
parfaite de ce point de vue: c'est d'une certaine manière
un travail infini. Cicéron disait dans le De Oratore qu'il
faut traduire sens pour sens et non mot à mot. Donc la
traduction suppose des variations dans le sens des mots.
Il semble bien que la perfection d'une traduction soit en
fait liée au but qu'elle s'était fixé. En aucun cas le
littéralisme ne peut être une solution: c'est «l'assassinat
du texte», pour reprendre l'expression de Walter Benjamin
(De Jonas à Jonas). On en vient donc à de véritables
théories de la traduction: certains privilégient le sens, et
c'est ce qui caractérise la plupart des traductions de la
Bible en français. Le danger, là encore, est de s'éloigner
beaucoup du texte original pour vouloir faire son propre
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