Page 14 - La Guerre Sainte par John Bunyan
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tous remords, il étouffa sa conscience dans les débordements de sa
fougueuse jeunesse. Loin de craindre le danger, il semblait le bra-
ver. A deux reprises, il risqua de se noyer: une fois dans la rivière
de Bedford, une autre fois dans la mer. Un jour, trouvant une vi-
père, il lui ouvrit la gueule avec un bâton et, de sa main, lui arracha
les crochets à venin sans se blesser. Fait qui prouve et son courage
et sa dextérité. En 1642, il s'engage dans l'armée des Parlemen-
taires qui tient campagne contre celle de Charles I. Au siège de Lei-
cester, il est désigné comme sentinelle. Un camarade insiste pour
occuper le poste confié à Bunyan, on le lui accorde et il y est tué. A
nouveau, la vie de John Bunyan était miraculeusement préservée. Il
ne semble pas que cela ait amené le jeune homme à réfléchir.
A vingt ans, il quitte l'armée, et, suivant le conseil d'amis qui espé-
raient que le mariage le sauverait d'une vie de désordre, il épousa
une orpheline. Elle était si pauvre qu'elle n'apportait dans le mé-
nage qu'une soupière, une cuillère et deux livres, qu'elle tenait de
son père, un puritain. L'un de ces livres était intitulé: « La Pratique
de la Piété », l'autre: « Le chemin de l'homme droit vers le ciel ».
Leur lecture était le seul délassement du ménage à la fin d'une
journée de labeur. Souvent alors, la jeune femme parlait aussi à son
mari de son père, homme craignant Dieu, et de la vie qui avait été
la sienne. Ceci eut une certaine influence sur Bunyan qui reprit l'ha-
bitude d'assister aux services divins deux fois par dimanche.
C'est ainsi que, certain jour, il entendit un sermon de Christophe
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