Page 230 - LES DEUX BABYLONES
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Note G, p. 115 - Identité de Rhéa ou Cybèle et de Vénus
Dans la doctrine ésotérique de la Grèce et de Rome, les caractères de Cybèle mère des dieux, et de Vénus,
déesse de l'amour, sont généralement très distincts, de telle manière que quelques personnes trouveront peut-
être fort difficile d'identifier ces deux divinités. Mais cette difficulté disparaîtra si l'on considère le principe
fondamental des mystères, c'est-à-dire qu'au fond, ils reconnaissaient seulement Adad, le Dieu unique Adad
étant Triun, cela donna lieu, au moment où le mystère babylonien d'iniquité se forma, à trois formes
différentes de la divinité: le père, la mère et le fils; mais toutes les divinités multiformes dont abondait le
monde païen, malgré leurs diversités se résolvaient au fond en autant de manifestations de l'une ou l'autre de
ces personnes divines ou plutôt en deux, car la première personne était généralement reléguée à l'arrière-plan.
Nous avons des preuves certaines qu'il en était ainsi. Apulée nous dit (vol. I, p. 995-996), "que lorsqu'il fut
initié, la déesse Isis se révéla à lui, comme la première des créatures célestes et la manifestation uniforme des
dieux et des déesses: c'était la seule divinité que toute la terre adorât sous une forme multiple dans des rites
variés, et sous des noms différents", puis il passe en revue plusieurs de ces noms; "elle s'appelait elle-même,
dit-il, Pessinuntica, la mère des dieux, (c'est-à-dire Cybèle), et Vénus de Paphos" (ibid. p. 997). Or, comme
tel était le cas dans les derniers âges des Mystères, il doit en avoir été de même au commencement, car ils se
répandirent partout, et ils doivent nécessairement s'être ainsi répandus avec la doctrine de l'unité de la
Divinité. Ce fait devait naturellement produire une grande absurdité et une grande inconséquence dans le cas
dont nous parlons. Wilkinson et Bunsen, pour échapper aux inconséquences qu'ils rencontrent dans le système
Égyptien, ont cru devoir recourir à une explication qui au fond est la même que la mienne. Ainsi Wilkinson
nous dit: "J'ai montré que Amunre et d'autres dieux prirent la forme de différentes divinités qui tout en
présentant à première vue quelque difficulté, peuvent aisément s'expliquer, quand nous considérons que
chacune de celle dont on adoptait les figures ou les emblèmes n'était qu'une émanation ou un attribut déifié
du même Grand Être auquel on attribuait différents caractères, suivant les diverses fonctions qu'il était censé
remplir." (WILKINSON, vol. IV, p. 245). La déclaration suivante de Bunsen tend au même but: "Avec ces
prémisses nous croyons pouvoir conclure que les deux séries de dieux étaient à l'origine identiques, et que
dans le grand couple des dieux, tous ces attributs étaient concentrés; c'est de leur développement que sortit
dans des personnifications diverses, ce système mythologique que nous avons déjà considéré." (BUNSEN,
vol. I, p. 418).
Tout ceci nous expliquera l'identité de Cybèle et de Vénus ou Astarté. Au fond, il n'y avait qu'une déesse, le
Saint-Esprit, représenté comme femelle quand la distinction des sexes fut injurieusement attribuée à la
Divinité, par une perversion de la grande idée scripturaire que tous les enfants de Dieu sont enfantés par le
Père et nés de l'Esprit; et avec cette idée, l'Esprit de Dieu comme Mère était représenté sous la forme d'une
colombe, en mémoire de ce fait que cet Esprit, à la création, flottait (c'est là le sens exact de l'expression
originale, Genèse I, 2) à la surface des eaux. Cette déesse donc s'appelait Ops, celle qui flotte, ou Junon, la
colombe, ou Khubelé, celle qui attache avec des cordes; ce dernier titre se rapportait "aux liens d'humanité,
aux cordages d'amour" (appelés dans Osée (Osée XI, 4), "Khubeli Adam"), par lesquels non seulement, Dieu
attire sans cesse les hommes à lui, dans sa bonté providentielle, mais aussi par lesquels Adam, notre premier
père, était étroitement uni à Dieu par l'Esprit qui demeurait en lui, tandis que l'alliance d'Éden était détruite.
Ce sujet est minutieusement décrit dans l'histoire païenne et les preuves de nos affirmations sont abondantes;
mais je ne puis m'y étendre ici. Remarquons seulement que les Romains joignaient les deux termes de Junon
et de Khubèle, ou comme on le prononce d'ordinaire, Cybèle; à certaines occasions, ils invoquaient leur
déesse suprême sous le nom de Juno Covella, (STANLEY, Philosophie, p. 1055), c'est-à-dire "la colombe
qui lie avec des cordes". Dans Stace, (liv. V, Sylv., 1- V, 222, apud BRYANT, vol. III, p. 325), nous trouvons
le nom de Cybèle donné à la grande déesse:
Italo gemitus Almone Cybèle
Ponit, et Idaeos jam non reminiscitur amnes.