Page 234 - LES DEUX BABYLONES
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         de celle qui porte l'enfant ". Quand le système Babylonien se fut développé, Ève fut représentée comme la
         première qui occupait cette place, et le nom même de Benoth qui signifie portant l'enfant, explique aussi
         comment il se fait que la femme qui comme Hestia ou Vesta était appelée l'habitation, fut réputée comme
         ayant inventé l'art de bâtir des maisons (SMITH, sub voce Hestia). Benah, le verbe d'où vient Benoth, signifie
         en même temps mettre des enfants au monde et bâtir des maisons, ce qui est métaphoriquement la même chose.


         Tandis que le système païen, pour ce qui concerne la Mère déesse, était fondé sur l'identité des mères célestes
         et terrestres des immortels bienheureux, chacune de ces deux divinités était encore célébrée comme ayant une
         divinité distincte; aussi toutes les différentes incarnations de la semence du Sauveur étaient représentées
          comme  nées de deux mères différentes. On sait fort bien que Bimater, né de deux mères, était une des
          épithètes de Bacchus. Ovide explique l'origine de cette épithète: lorsqu'il était encore en embryon, il fut sauvé
          des flammes qui dévorèrent sa mère, enfermé dans la cuisse de Jupiter et mis au monde au moment voulu.
          Sans chercher le sens caché de ce mythe, je constaterai seulement que Bacchus avait deux déesses pour mère;
          non seulement il fut conçu par Sémélé, mais il fut mis au monde par la déesse Ippa (PROCLUS, Timoeum,
          liv. II, art. 124, p. 292-293). C'est au même fait sans doute qu'il est fait allusion lorsqu'il est dit qu'après la
          mort de sa mère Sémélé, sa tante Ino remplit les fonctions de nourrice et lui donna son lait. La même chose
          se voit dans la mythologie de l'Égypte; nous lisons qu'Osiris sous la forme d'Anubis, ayant été enfanté par
          Nephthys, fut adopté et élevé par la déesse Isis comme son propre fils. Aussi la Triade favorite fut partout
          composée des deux mères et du fils. Dans Wilkinson (vol. VI, fig. 35) le lecteur verra une divine Triade
          composée d'Isis, de Nephthys et de l'enfant Horus au milieu d'eux. À Babylone, d'après Diodore (liv. II, p. 69),
          la Triade se composait pendant un temps de deux déesses et d'un fils, Hera, Rhéa et Zeus; à Rome au Capitale,
          il  en était de même,  la Triade se composait de Junon, Minerve, Jupiter; tandis  que Jupiter, lorsque les
          matrones romaines l'adoraient comme Jupiter puer ou Jupiter l'enfant était en compagnie de Junon et de la
          déesse de la fortune (CICÉRON, De Divinatione, liv. II, vol. III, ch. 41, p. 77). Cette espèce de Triade divine
          semble remonter à des temps très anciens chez les Romains, car il est établi à la fois par Denys d'Halicarnasse
          et par Tite-Live, que bientôt après l'expulsion des Tarquins, il y avait à Rome un temple où l'on adorait Gérés,
          Liber et Libéra. (Dion. HALICARN., vol. I, p. 25-26, et TITE-LIVE, vol. I, p. 233).











































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                              Soit la demeure de l'Esprit de Dieu, pour l'enfantement spirituel des enfants.
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