Page 126 - Le Vatican l'argent et le pouvoir
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Le procès
Dans une tentative de se disculper, Sindona racontera aux en-
quêteurs américains une fort intéressante histoire: le but de son
voyage en Sicile aurait été d'unifier les forces indépendantistes de
l'île. Pour comprendre le concept, nous devons remonter à la Li-
bération, et plus précisément au massacre de Portella della Gi-
nestra (1er mai 1947) où Salvatore Giuliano, bandit mafiosi, fit
ouvrir le feu sur les travailleurs manifestants. L'enquête ne dé-
couvrit jamais les mandants de l'expédition, mais détermina
l'existence d'une alliance visant à faire de la Sicile, une fois déta-
chée de l'Italie. Une dépendance des États-Unis - une alliance où
se trouve la mafia (bien implantée aux États-Unis et en Sicile, et
en passe de développer ses trafics), les politiciens et franges des
services secrets les plus conservateurs, liés au clergé et à la no-
blesse, et les francs-maçons. Parmi ces derniers, la loge Alam du
prince Giovanni Francesco Alliata di Monterela (par la suite impli-
qué dans au moins deux complots italiens). Le lien entre ces mi-
lieux étant assuré par Frank Gigliotti pasteur, franc-maçon et
agent de l'Oss (ancêtre de la CIA) Lequel, dans les années
Soixante, réalisera l'unification du Grand Orient d'Italie, aujour-
d'hui encore en contact avec la CIA, et, se servant de la loge de
Alliata, fondera la loge P2 qu'il confiera personnellement à Licio
Gelli en 1971 (Gelli avait collaboré, entre autres, avec l'Oss) Le
dénominateur commun de ces personnages est l'anticommunisme
viscéral.
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