Page 48 - La Guerre Sainte par John Bunyan
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2° J'ajouterai que la loi de votre Roi n'est pas bonne: elle est dérai-
sonnable, compliquée, intolérable. Déraisonnable, car, comme je
viens de le dire, le châtiment n'est pas proportionné à l'offense.
Quelle différence, quelle disproportion, entre la vie et une pomme !
Et cependant l'une répond de l'autre dans le Code de votre Shad-
daï ! je dis encore que sa loi est compliquée, car vous pouvez man-
ger de tout, et tout aussitôt une restriction: il ne faut pas manger
de cela.
3° J'ajouterai qu'elle est intolérable; car le fruit qui vous est interdit
(si toutefois cette interdiction existe ?) est celui-là même, et celui-là
seulement, qui, étant mangé, vous procurerait un grand bienfait
que vous ignorez encore. La chose est patente, et le nom même de
l'arbre donne la preuve de ce que j'avance. Il est nommé « l'arbre
de la connaissance du bien et du mal ». Avez-vous cette connais-
sance ? Non, n'est-ce pas; et vous ne pouvez même pas concevoir
combien ce fruit est excellent, agréable, et combien il est désirable
pour communiquer la sagesse, aussi longtemps que vous restez en
la dépendance de votre Roi en lui obéissant. Est-il juste que vous
soyez tenus dans l'ignorance et l'aveuglement ? Pourquoi vous fer-
mer les portes de la connaissance et de la sagesse ? Ah ! Pauvres
habitants de la célèbre Cité de l'Âme, vous n'êtes pas libres ! Vous
êtes dépendants et même vous êtes esclaves ! Et cela à cause d'une
lamentable menace, d'un ordre donné, sans qu'aucune raison n’y
soit annexée. Rien ! Sinon le bon plaisir du Roi Shaddaï; son: « Je le
veux; que cela soit ! » N'est-il pas douloureux de penser que la
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