LA BIBLE AU XVIe SIÈCLE

 

 

par Samuel Berger

 

Réimpression de l'édition de Paris, 1879

 

 

AVIS

Le Vigilant ne soutient pas la critique du Texte Reçu dans ce document. Nous l'avons mit en ligne simplement pour l'intérêt des ses renseignements historique sur les différentes positions des Réformateurs face aux doctrines et au Canon des Saintes-Écritures.

 

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mise en page par

Jean leDuc et Alexandre Cousinier

 

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TABLE DES MATIÈRES

 

AVANT-PROPOS

 

INTRODUCTION-

L'intelligence de la Bible a la fin du moyen âge

 

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Chapitre premier

L'usage de la Bible

 

Chapitre II

Les manuels

 

Chapitre III

L'Interprétation

 

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LA BIBLE AU SEIZIÈME SIÈCLE

 

Chapitre premier

La Bible en France

 

Chapitre II

Érasme et la Bible

 

Chapitre III

Ximénès et Érasme

 

Chapitre IV

Érasme et la critique

 

Chapitre V

Luther et la Bible

 

Chapitre VI

Luther et Carlstadt

 

Chapitre VII

Luther et la critique

 

Chapitre VIII

Zwingli

 

Chapitre IX

Calvin

 

Chapitre X

Bèze et les Estienne

 

Chapitre XI

Le Concile de Trente

 

Chapitre XII

La Dogmatique

 

Conclusion

 


 

AVANT-PROPOS

 

Cette étude est consacrée aux origines de la critique biblique. Pour apprécier et pour comprendre la révolution opérée dans l'étude de la Bible par la Renaissance et la Réformation, il nous a été nécessaire de pénétrer, par une recherche attentive, dans la pensée des temps antérieurs, auxquels la critique était étrangère. Nous avons dû nous occuper avant toute chose de la Bible en général et des discussions relatives à son autorité. Nous n'en avons pas moins tenu à borner notre travail, autant qu'il a été possible, à l'histoire du Nouveau Testament. Nous n'aurions pu l'étendre aux études hébraïques sans sortir de notre compétence et sans entrer dans un sujet nouveau.

 

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INTRODUCTION

L'intelligence de la Bible à la fin du moyen âge

 

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CHAPITRE PREMIER

L'usage de la Bible

 

Il est impossible de comprendre l'importance de la réforme opérée au seizième siècle dans l'étude de la Bible, si l'on ne se rend compte, en premier lieu, de ce qu'était la connaissance de l'Écriture sainte dans les derniers temps du moyen âge. Il faut savoir en quelle considération était tenue la Bible, et quels étaient les manuels de ceux qui voulaient l'étudier; il faut connaître les principes appliqués par les théologiens à son interprétation. Alors on comprendra quelles difficultés ont eu à vaincre les Humanistes et les Réformateurs, on se rendra compte aussi de la victoire qu'ils ont dû remporter sur les habitudes invétérées de l'esprit théologique, et sur les traditions dans lesquelles ils avaient été élevés. L'histoire de l'Exégèse au moyen âge est encore à écrire. Richard Simon, Rosenmüller, dans son Histoire de l'interprétation des Livres saints 1,M. Reuss dans ses Fragments relatifs à l'histoire de la Bible française, publiés depuis 1851 dans la Revue de Strasbourg, les auteurs de l'Histoire littéraire de la France, M. L. Delisle, et en dernier lieu M. l'abbé Trochon, dans l'intéressante thèse de théologie qu'il vient de soutenir en Sorbonne 2, ont apporté à cette étude de précieux matériaux. Il faudrait qu'une pareille recherche fût faite avec une parfaite liberté d'esprit; nous voulons dire que la patience de l'historien devrait être supérieure aux ennuis d'une lecture monotone, et son amour pour le moyen âge plus fort que l'irritation qui le gagnera quelquefois. Les quelques pages que nous plaçons en tête de ce travail présenteront l'histoire de la Bible par un de ses moindres côtés. Il ne s'agit pas pour nous d'étudier les livres des grands commentateurs du moyen âge, mais l'exégèse des «hommes obscurs ». Nous désirons faire, connaître les idées qui avaient cours sur la Parole de Dieu, dans les derniers siècles du moyen âge, par mile bas clergé et dans les ordres mendiants, c'est-à-dire dans les rangs de ceux qui représentaient véritablement le peuple dans l'Église. Peut-être trouvera-t-on à cette étude quelque nouveauté; quant à nous, nous n'avons pas cru qu'elle fût inutile à notre sujet.

 

1.  Hist.interpr. Libr. sacr., vol. V. Leipzig, 1814, in-8°.

2.  Essai sur  l'histoire de  la Bible dans la France chrétienne  au moyen âge. Paris, 1878, in-8°. Cf. Revuecritique, 1878, n° 43.

 

A aucune époque du moyen âge il n'avait été facile d'acquérir la Bible. Il serait intéressant de recueillir et de classer les documents qui nous ont conservé le prix de la Bible dans les divers siècles, en même temps que de déterminer la valeur relative des sommes qui représentaient le prix du volume sacré. Dès aujourd'hui, et sans chercher plus loin qu'autour de nous, nous en savons assez pour être assurés que bien peu de prêtres, surtout dans les rangs des curés de campagne, pouvaient se procurer la Bible. Les inventaires des anciennes bibliothèques, le sobituaires des couvents, nous instruisent assez exactement des prix auxquels on estimait le Livre saint. Ces prix étaient fort élevés. Il est vrai que nous trouvons parfois, au quatorzième siècle, à la Sorbonne, la Bible appréciée 9 livres, 8 livres, ou même, en 1403 et 1404, 6 et 7livres 1, c'est-à-dire environ 90, 80, 70 et 60 fr., valeur actuelle; mais il est certain que cette évaluation est inférieure au prix courant de la Bible, laquelle, autant qu'on peut s'en rendre compte, ne se vendait pas au-dessous de 200 à 240 fr. de notre monnaie, somme qui serait bien inférieure à la réalité, sans doute, si l'on tenait compte du prix des subsistances alors et aujourd'hui. De bons auteurs estiment, en effet, que l'argent du quatorzième et du quinzième siècle avait six fois plus de valeur relative, ou, comme on dit, de pouvoir que le nôtre, relativement à la plus générale et à la plus nécessaire de toutes les dépenses, au prix du blé. D'autres admettent des évaluations moins élevées. Il ne nous appartient pas d'entrer ici dans des calculs difficiles et peu sûrs. Quoi qu'il en soit, nous trouvons, à Saint-Victor de Paris, la Bible estimée 20 livres après  1173 2,  14 livres vers1203 3,et en 1218, 17 ou 18 livres 4; à la Sorbonne,

 

1.  Delisle, le Cabinet des manuscrits, II, 1874, p. 189-192.

2. Franklin, les Anciennes Bibl. de Paris, in-4°, I» 1867, p.143.

3.  Franklin, Histoire de la Bibl. de Saint-Victor, 1865,in-8°, p. 11,

4.  Ibidem, p. 12.

 

son prix d’estimation est de 12 livres en 1311 (environ 180 fr.), et de 16 livres (environ 290 fr.) à la fin du treizième siècle 1.En 1389, à Saint-Victor, « une bonne Bible » est estimée 32 fr. 2, c’est-à-dire environ 256 fr. d’aujourd’hui. Les prix, en effet, s’élevaient naturellement avec la beauté de l’exemplaire. Certaines Bibles « très-bien ornées » montaient à des prix bien supérieurs à ceux que nous avons mentionnés. Souvent, et dès les temps les plus anciens, ces grandes Bibles étaient appelées Bibliothèques, et ce nom avait donné lieu au jeu de mots que nous a conservé Th. Wright 3: Bibliotheca mea servat meam Bibliothecam. A la fin du treizième siècle, à Notre-Dame, «une Bibliothèque bonne et très-belle » était appréciée 30 livres parisis et plus 4,soit 480 fr. et au-dessus. En général, nous ne pouvons nous défendre de croire que les prix marqués dans les registres des couvents et des écoles ont été souvent, comme sont d’ordinaire les prix d’inventaire, inférieurs à la valeur vénale des livres. Néanmoins, nous rencontrons, dans ces registres mêmes, des prix fort élevés. En 1415, on évalue à 86 livres parisis (soit 860 fr.) une charmante Bible latine, ornée de miniatures, et un volume des concordances de la Bible, légués par un savant professeur, devenu évêque de Senlis, Pierre Plaru 5. Quant aux Bibles françaises, leur prix était beaucoup plus considérable.

 

1-DELISLE, ouvrage cité, 11, p. 187 et 179.

2-Ibidem, p. 215.

3-WATTENBACH, Schriftwesen im Mittelalter, 2° édition. Leipzig,1875, p. 125-129.

4-FRANKLIN, la Bibl. de N.-D. de Paris au XIII siècle, 1S63, p. 24.

5-FRANKLIN, les Anciennes Bibl., I, 243 et s.

 

En 1336, Pierrede Villenay et Marie, sa femme, donnèrent à Saint-Victor « une très-bonne Bible en français , du prix de six vingt francs 1», c’est-à-dire peut-être de 1,725 fr., valeur actuelle.

 

Les prix de vente que nous rencontrons justifient notre opinion sur l’élévation du prix réel de la Bible. En 1284, ainsi que nous le verrons tout à l’heure, une Bible était évaluée, en Normandie, à 50 livres tournois (environ 800fr.). En Alsace, nous voyons les frères augustins, de Strasbourg, acheter aux chanoines réguliers d’Ittenwiller une Bible en cinq volumes pour 35 livres 2(environ 600 fr.). Le 7 septembre 1450, le couvent d’Obersteigen, près de Saverne, vend à Ehrhard Frank, vicaire du grand chœur de la cathédrale de Strasbourg, pour 60 florins d’or (environ 420 fr.) quatre volumes en parchemin, contenant l’Ancien et le Nouveau Testament; le 7 décembre suivant, Frank vendit les quatre volumes, pour le même prix, au couvent des wilhelmites 3. En 1417, le couvent d’Engelthal, dans la Hesse, engage une Bible pour 63 florins d’or (environ 756 fr.) à un autre couvent 4.

 

Nous n’irons pas rechercher, dans les inventaires des bibliothèques royales, les prix énormes que payaient le duc d’Orléans, Philippe le Hardi et le duc de Berry pour leurs « Bibles en françoys, de lettres très-bien historiées 5

 

1-DELISLE, ouvrage cité, Il, 222.

2-SCHMIDT, Livres el Bibliothèques à Strasbourg au moyen âge, Mulhouse, 1877, p. 2?.

3-Archives des hospices de Strasbourg. Communication de notre maître MSchmidt.

4-WATTENBACH, ouvrage cité, p. 464.

5-Voyez BARROIS, Bibliothèque prototypographique, ou Librairies desfils du roi Jean, Paris, 1830; — DE LABORDE, les Ducs deBourgogne. Preuves, III Paris, 1852, etc.

 

Les Bibles glosées et la Postille de Nicolas de Lire s'élevaient à des prix non moins considérables. Nous avons conservé 1 un traité passé entra Gui de la Tour, qui fut évêque de Clermont de 1250 à 1286, et Nicolas le Lombard, venditor librorum Parisius, pour la copie d'une Bible glosée, « d'une seule main », 40 livres parisis (640 fr.) sont dues au vendeur. Au quatorzième siècle, à la Sorbonne, les livres de la Bible glosée sont estimés chacun, ou deux ou trois ensemble, à des prix qui varient entre 40 sous et 12 livres 2 (de 20 à 180 fr., suivant les époques). Les prix marqués en 1394, au collège de Fortet, sont moins élevés 3. La Postille de Nicolas de Lire se vend à des prix plus hauts. En 1464, le chapitre de Notre-Dame met aux enchères un des deux exemplaires de Nicolas de Lire qu'il possédait, « mais non le meilleur », sur la mise à prix de 200 écus, et le cède au chanoine Eustache Luillier, « plus offrant et dernier enchérisseur, » pour 206 écus 4 (2,300 fr.).

 

L'invention de l'imprimerie a diminué sensiblement, en le laissant fort élevé encore, le pris de la Bible. Nous avons conservé l'acte de vente par lequel Hermannde Stathoen, colporteur (institor) d'honnête et discrète personne Jean Guymier, libraire juré de l'Université de Paris, vend à l'illustre et savant maître Guillaume de Tourneville, archiprêtre et chanoine d'Angers, un exemplaire sur parchemin de l'admirable Bible de Mayence, de 1462, pour le prix et somme de 40 écus (450 fr.).

 

1.  Delisle,ouvrage cité, II, p. 356.

2.  Ibidem,p. 187 et s.

3.  FRANKLIN, II,p. 230 et s.

4.  Franklin, la Sorbonne, p. 125 et s.

 

Cet acte est daté de1471 (nouveau style) 1.Les Bibles sur papier sont moins chères. En 1465, la maison de Saint-Jean de Schlestadt acquiert une Bible en papier pour 4 florins et 3 livres 11sols 2, ce que M. Hanauer évalue à 81 fr. 36 c. C'était sans doute une Bible imprimée par Mentel. Le prix payé pour la Bible latine était à peu près le même que celui qu'un certain Hector Mulich paya, en juin 1466, pour un exemplaire non relié de la Bible allemande de Mentel, 12 florins 3, soit environ 84 fr. A ce moment, à Paris, une Bible appartenant au cardinal Balue, et saisie en 1469, était évaluée 12 livres seulement, ou environ 72 fr. 4. On voit par ces prix, ce que l'on sait d'ailleurs, que les curés de campagne ne pouvaient songer à se procurer la Bible. Nous ne parlons pas des laïques, auxquels l'usage de la Bible « en roman, » et même en latin, était « très-étroitement interdit ».

 

Lorsqu'un prêtre voulait emprunter la Bible à la Bibliothèque d'un couvent, il devait fournir une caution qui était parfois fort élevée. En 1284, le recteur d'un village du diocèse d'Évreux engage «tous ses biens, meubles et immeubles, présents et futurs, ecclésiastiques et mondains », pour une Bible qu'il a empruntée à des religieux augustins, et qui est estimée à 50 livres tournois ou 800 francs actuels 5.

 

1.  A.. Bernard, De l'Origine et des Débuts de l'imprimerie, Paris, 1853, I,p. 239, et II, p. 287.

2.  Hanauer, Études économiques sur l'Alsace. Paris, 1877, II, p. 588.

3.  Schmidt,ouvrage cité, p. 47.

4.  Delisle,ouvrage cité, I, p. 80.

5.  Bibl. del'École des Chartes, 1872, p. 544.

 

La Bible, en revanche, servait de gage, et en 1457 nous voyons l'Université de Caen emprunter une somme de 90 fr. (432 fr., valeur actuelle) à la Faculté des arts, et lui donner en échange la Bible, quatre volumes de saint Augustin, et le Catholicon 1. Les étudiants de Paris étaient particulièrement favorisés. L'Université de Paris avait réglé, en 1303, le prix des livres qu'ils louaient aux libraires, et l'on ne pouvait leur demander, pour le texte de la Bible, plus de cinq sous 2 (4 fr. 50c). Mais le prêt gratuit était largement pratiqué dans les couvents. Le Concile de Paris, en 1212, avait rappelé aux religieux que le prêt est une œuvre de miséricorde, et que les moines devaient prêter les livres, cum indemnitate domus, aux pauvres écoliers 3. La règle des augustins, en particulier, contenait à cet égard des dispositions fort libérales, et le couvent de Saint-Victor, qui appartenait à cet ordre, avait reçu en don et en legs, ainsi que la Sorbonne et Notre-Dame, de plusieurs personnages, à l'intention « des pauvres clercs, étudiants en théologie », des Bibles, dont l'une en particulier 4 portait sur la garde les mots : Nota pauperibus. Des livres étaient même, en 1409, prêtés aux prisonniers détenus dans les prisons du chapitre de Notre-Dame 5. Quant aux écoliers eux-mêmes, la règle des dominicains, au chapitre De studentibus, ordonnait que chaque province fût tenue de pourvoir les frères envoyés à l'Université « de trois livres au moins, savoir : la Bible, les Histoires écolâtres et les Sentences 6. »

 

1.  De la Rue, Bull, monum., III, 4, 1836.

2.  Jourdain, Index chartarum ad hist. Univ. Paris.,1862, in-folio, p, 76.

3.  Labbe, Conciles, XI,1. 69 et 8.

4.  Delisle, ouvragecité, II, p. 213. Conf. Franklin, la Bibl. de Notre-Dame, p. 17-19.

5.  Franklin, la Bibl.de Notre-Dame, p. 45.

6.  Holstenii  Codex Regularum,éd,  Brockie,   Augsbourg,  1759, IV, p. US.

 

Nous n'osons pourtant affirmer que cette sage prescription ait été généralement mise en pratique.

 

Le livre qui, entre les mains des personnes qui ne savaient pas le latin, et particulièrement des grandes dames, tenait la place de la Bible, était la Bible historial, ou les Histoires escolastres, de Pierre le Mangeur, mises en français par un chanoine de Saint-Pierre d'Aire, Guiars des Mouline. Le texte latin lui-même était d'un prix beaucoup inférieur à celui de la Bible. A Saint-Victor, nous rencontrons ce livre marqué, au treizième et au quatorzième siècle, à des prix qui varient entre 60 sous et 7 livres 1, soit entre 30 et 105 fr. de notre monnaie. L'œuvre du traducteur, ainsi que celle du « maître en histoires», était en effet, ainsi que l'a fait remarquer M; Reuss 2, destinée surtout aux écoles. La Bible historiée allemande paraît avoir été écrite plutôt pour le peuple ; mais le fait même, que l'on peut s'étonner d'avoir retrouvé quarante manuscrits de la Bible allemande 3, montre combien l'usage d'un livre encore bien coûteux était restreint.

 

L'Histoire écolâtre, à vrai dire, est autre chose qu'un simple résumé des livres historiques de la Bible. L'histoire sainte y est mêlée d'histoire profane. Josèphe (ou les ouvrages de seconde main qui traitent de la ruine de Jérusalem), l'Histoire ecclésiastique et Bède, s'intercalent dans le récit des Macchabées, des Évangiles et des Actes.

 

1.  Delisle, ouvragecité, II, p. 179-192.

2.   Revue de théologie,janvier 1857. Strassburger Beitraege, VI, Iéna, 1855.

3.  Mertzdorf, Die deutschen Hitorienbibeln deiMiltelallers, Tubingue 1870, 2 vol.

 

Nous ne parlons pas de la glose que l'on y trouve quelquefois, et qui contient des étymologies enfantines, ou des applications insignifiantes au service de la Messe. Le fait que ce livre ait pu tenir la place de la Bible, nous fait toucher du doigt cette vérité, que le moyen âge se faisait de l'Écriture sainte une tout autre idée que celle qui peu à peu, sous l'influence du protestantisme, s'est substituée aux anciennes conceptions. C'est ainsi que le texte biblique ne se séparait point des Prologues de saint Jérôme, qui en étaient partie intégrante. Luther lui-même, dont la manière de comprendre la Bible est encore, à beaucoup d'égards, celle de son temps, n'a fait qu'user de la liberté du moyen âge en plaçant dans le texte divin ses préfaces, substituées aux Prologues du traducteur de la Vulgate.