Page 421 - Dictionnaire de la Bible J.A. Bost 1849
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son impétuosité dans les filets d'une mère et d'un frère dont il eût dû se méfier. Il oublia bientôt cette
imprudence; il en fit une autre en épousant deux Cananéennes (Héthiennes), Genèse 26:34; 36:1,

— Voir: Élon.

et se compromit lui-même gravement par cette infidélité, compromettant en même temps la paix de la
famille patriarcale. Puis son père étant devenu vieux, et voulant donner sa bénédiction au fils aîné qu il
chérissait, Genèse 27:1, Jacob l'enfant de la ruse le supplanta par un habile déguisement, et accomplit par
un péché les plans éternels de la Providence: Ésaü ne reçut que les restes de la bénédiction paternelle, la
promesse d'une nombreuse postérité, puissante, belliqueuse et riche, mais parfois soumise à celle de
l'aîné béni. Justement indigné, Ésaü croyait pouvoir se faire justice à lui-même, et ne cachait pas son
intention de tuer son frère après la mort d'Isaac; mais Jacob ayant disparu d'après les conseils de sa mère,
Ésaü, espérant de rentrer dans la faveur paternelle, et peut-être dans celle de Dieu, par une alliance avec
la famille d'Abraham, épousa une fille d'Ismaël; ce fut en vain; lorsque le cœur n'est pas sain, l'esprit ne
peut l'être non plus. La famille d'Ismaël n'appartenait pas à la promesse, et ne fit venir aucune
bénédiction sur celui que l'Éternel avait rejeté hors du peuple qui devait être le dépositaire de la vérité,
Malachie 1:2; Hébreux 12:16. Les années s'écoulèrent, la haine s'éteignit dans le cœur d'Ésaü, et lorsque
Jacob revint de la Caldée, dans l'entrevue qui eut lieu entre l'usurpateur et la victime, Genèse 32, Ésaü se
montra bien au-dessus de son frère par la chaleur de son affection, la noblesse de sa conduite, et son oubli
du passé; car, évidemment, tout ce que Jacob pouvait lui offrir n'était rien en comparaison de la
bénédiction dont il l'avait dépouillé. Les deux frères se revirent encore une fois à la mort de leur père,
Genèse 35:29. Ésaü continua d'habiter au pays de Séhir, dont Dieu avait assuré la possession à sa
postérité, Deutéronome 2:5. On ne sait rien sur sa mort.

Le nom d'Ésaü signifie velu (comme un manteau de poil), Genèse 25:25, et lui fut donné à sa naissance;
celui d'Édom signifie roux, et lui fut donné peut-être aussi à sa naissance, à cause de la couleur de son
poil, mais plus probablement à cause du plat de lentilles, Genèse 23:30. Ces deux noms sont employés
l'un et l'autre pour désigner les tribus iduméennes et la contrée qu'habitèrent les descendants d'Ésaü,
mais ce dernier s'emploie surtout dans les livres prophétiques, Jérémie 49:8,10; Abdias 6,8,9,19.

Pour les trois femmes d'Ésaü,

— Voir: Genèse 26:34; 28:9; cf. 36:2; sq.

Il existe une tradition assez singulière sur la descendance d'Ésaü, et qui excite fortement l'indignation du
père Calmet, c'est qu'Ésaü aurait eu un fils nommé Roum, duquel serait descendu Romulus et les rois de
Rome; voici du reste ce qu'il dit: «C'est une tradition commune à toutes les nations du Levant qui ont
quelque connaissance des livres sacrés, que du temps d'Habdon, juge des Hébreux, une colonie
d'Iduméens passa en Italie où elle s'établit, que Latinus régna parmi eux, et que Romulus fondateur de
Rome tirait d'eux son origine. Tout cela est une fable mal inventée par les Juifs pour faire tomber contre
les chrétiens (de Rome) tout ce qui est dit dans l'Écriture contre l'Idumée, et les Iduméens. Les plus
fameux rabbins soutiennent opiniâtrement cette impertinente tradition. Le Talmud appelle l'Italie et
Rome «le cruel empire d'Édom;» Édom signifie roux; les empereurs romains étaient vêtus de rouge; les
cardinaux portent encore la même couleur. Les belles raisons!»

— Nous comprenons l'indignation de Calmet, toutefois il ne nous paraît pas que l'interprétation de toute
les nations du Levant, appuyée de celle de tous les interprètes juifs et d'un fort grand nombre
d'interprètes chrétiens, doive être rejetée entièrement. Les Édomites sont dans leur origine, comme dans
leur histoire, un type frappant des nations anti-chrétiennes qui touchent au peuple de Dieu, qui sont à
même de connaître la vérité, qui sont placées, pour ainsi dire, sur les frontières de la terre sainte, et qui

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