Page 84 - Le Vatican l'argent et le pouvoir
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Spéculation
Sous cette réalité en apparence inoffensive, se cache en fait ce
qui a été souvent dénoncé comme le premier empire immobilier
de Rome. Selon certaines estimations, il couvrirait un quart de la
superficie de la capitale et équivaudrait à plusieurs centaines si-
non milliers - de millions de dollars. Car il faut, en plus de ce qui
est enregistré, compter avec les 'fraudes pies' (l'attestation à un
prête-nom de biens de l'Église) et les 'fraudes impies' de fait de
privés qui, pour échapper aux taxes italiennes, attestent formel-
lement leurs biens au nom d'un ordre) dont bénéficient aussi bien
laïcs que religieux. Un jungle, disions-nous, où un terrain peut
appartenir à une communauté et la construction qui y est posée
à un autre. Où la plupart des biens ne sont déclarés que pour une
valeur symbolique et, étant réputés à fin de culte de religion,
d'instruction, d'assistance, d'apostolat, d'évangélisation des infi-
dèles et de miséricorde, bénéficient d'exemptions fiscales généra-
lisées (conquises, de droit ou de fait, avec la complicité du pou-
voir démocrate-chrétien), de contributions extraordinaires (cen-
sés, décimes du culte, etc…), d'exemption de la 'main morte'
(taxe sur la succession des sociétés), de subventions communales
pour l'entretien des édifices du culte, d'exonération sur le maté-
riel de construction et sur la valeur ajoutée aux immeubles, de li-
bertés douanières, du paiement retardé de la TVA, de l'exemption
des taxes professionnelles et même d'aides au 'clergé nécessi-
teux'. Pour ne citer que quelques banales facilités. Ce qui permet
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