Page 50 - Le Vatican l'argent et le pouvoir
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Jerzy Popielusko est encore un tout jeune prêtre quant le cardinal
Wyszynski, le précédent primat de Pologne, l'envoie en première
ligne (en 1980) comme chapelain de Solidarnosc. Dès 1982
(quelques mois après la proclamation de l'état de siège), ses
'messes pour la Patrie' dans une paroisse de la banlieue de Var-
sovie deviennent la tribune de Solidarnosc, officiellement dissous
Elles rassemblent tous les mois dix ou quinze mille personnes :
des fidèles, des bourgeois libéraux, des athées convaincus. De sa
chaire, le prêtre tonne : 'Les idéaux de Solidarnosc sont ancrés
dans le cœur de millions de Polonais: lutter contre eux, c'est cou-
rir à l'échec!'. Et il prend Wojtyla au sérieux, il le cite. Sa provo-
cation envers Jaruzelski et Glemp est permanente. Il doit être
bâillonné en guise d'exemple pour tous les autres. Jaruzelski lui
fait parvenir des menaces. Glemp le somme de réduire son dis-
cours, pense à le faire transférer mais sensible à la pression de la
base, laisse courir. On parle même d'appeler Popielusko à Rome
et de l'ensevelir dans la curie. Rien n'y fait: le jeune curé, origi-
naire d'une région pauvre de la Pologne où la religion est politi-
que et vice-versa, continue en toute Conscience à défier la stra-
tégie du compromis. Glemp l'abandonne à son sort. La presse of-
ficielle le définit un fanatique. Savonarole de Vanticommunisme'.
Popielusko est devenu, selon les opinions, ou un héros populaire,
ou une variable dangereuse dans le pacte de l'immobilisme. Un
personnage incommode, en tout cas pour qui le glas ne peut que
sonner. Il disparaît, enlevé. Glemp temporise, se rend dans la pa-
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