Page 44 - Le Vatican l'argent et le pouvoir
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l'autre sans ignorer les risques que cela comporte. On donne
l'impression à l'autre qu'il est le seul à décider tout en ne lui lais-
sant pour ce faire qu'un étroit espace de manœuvre.
Karol Wojtyla se pose en porte-parole de cette Ostpolitik: étant
Polonais, il est bien placé pour amener les gouvernements de
l'Est à lui prêter attention.
Wojtyla qui, après avoir pesamment soutenu le syndicat Solidar-
nosc lors d'un premier voyage en Pologne en 1979, retournait
dans son pays en juin 1983 pour une visite 'à caractère exclusi-
vement religieux et moral' d'un genre tout particulier. Aussitôt re-
çu par le général Jaruzelski, il lui réaffirmait 'l'entente et l'accord
parfaits entre l'État polonais et l'Église tout en souhaitant la fin de
l'état de siège (décrété en 1981) et, en contrepartie, condamnait
les sanctions économiques décidées par les USA envers la Polo-
gne. Une telle modération ne pouvait que satisfaire Jaruzelski qui,
à son tour, soulignait 'les valeurs communes entre l'État et l'Égli-
se: l'intérêt de la nation, l'indépendance, la sécurité aux frontiè-
res, l'unité, la croissance intellectuelle' - et de promettre une
substantielle libéralisation.
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