Page 137 - Le Vatican l'argent et le pouvoir
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son rayon d'action: il sauvait du scandale, en les redressant, deux
banques catholiques (en remerciement, le Vatican l'aidera à
conquérir son premier institut de crédit) ; il fondait l'Italmobiliare,
une société versée dans la spéculation immobilière; à la fin des
années Soixante-dix, il pouvait compter sur l'intervention d'Emilio
Colombo, démocrate-chrétien et ministre du Trésor, pour empê-
cher Sindona de mettre la main sur l'Italcementi Et il renforçait
aussi ses liens avec les milieux ecclésiastiques et rencontrait
monseigneur Marcinkus.
Son système, pour multiplier l'argent, était à l'épreuve du feu
profitant du mouvement de la reconstruction, il avait fait inscrire
le ciment dans la liste des produits à prix contrôlé (liste dressée
par le ministère de l'Industrie, aux mains des démocrates-
chrétiens). Le mécanisme est simple: le prix du ciment était éta-
bli sur base du coût de production de cimenteries peu rentables
(et maintenues artificiellement en activité), ce qui permettait de
gonfler les gains des autres entreprises, rentables celles-là. En
plus, Pesenti recourait massivement à des emprunts à bas inté-
rêt, spéculant sur l'érosion monétaire.
A la différence de Sindona, le financier d'assaut, Pensenti assure-
ra vite au Vatican une collaboration économique plus lente et ca-
mouflée , mais aussi plus solide et durable. Définitivement entré
dans les secrets des princes de l'Église (Jean XXIII l'appelait res-
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