Page 138 - Le Vatican l'argent et le pouvoir
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pectueusement 'Monsieur Karoli') il suivra de loin les périlleuses
évolutions de Roberto Calvi.Giulio Andreotti a été appelé par le
Parlement italien à répondre, à la fin de l'année 1984, de ses res-
ponsabilités en tant que ministre vis à vis de la loge maçonnique
P2 de Sindona, et du trafic des pétroles. Chaque fois, il a su trou-
ver les justes arguments et les justes alliances pour être blanchi
de tout soupçon. Et déplacer le débat du thème de la culpabilité à
celui de la bonne foi du politicien harassé par la t-pache.
Giulio Andreotti est l'homme du compromis, du statu quo entre
les parties. Son pouvoir naît de la capacité de savoir combiner
l'équilibre des forces pour déterminer un effet favorable à la Dé-
mocratie chrétienne, sans jamais oublier les intérêts du Vatican.
Cette politique mire, avant tout, à ne produire aucun résultat,
mais plutôt à renforcer la capacité d'agrégation de ses représen-
tants.
Andreotti est dépourvu de projet au-delà de la reconduction du
pouvoir cristallisé autour de sa personne. Il intronise sujet politi-
que tout qui (comme Sindona) a acquis une parcelle de pouvoir
objectif disponible à s'associer à la sienne. Au point de prétendre
'Le pouvoir use. Celui qui ne l'a pas.' Et il a cyniquement raison
en Italie, qui a le pouvoir ne l'exerce pas et donc, selon l'inverse
de la loi de la démocratie, ne s'use pas. Au contraire, l'opposition
est sempiternellement obligée à prendre position, donc à brûler
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