Page 113 - Le Vatican l'argent et le pouvoir
P. 113
Michele Sindona
Une autre histoire de pouvoir: celle de Michèle Sindona. Quand il
entre en scène, à la fin des années soixante, le Vatican connaît
un manque chronique de liquidité. l'APSA a dû se résoudre à di-
minuer ses subventions à la presse catholique. L'Église s'élargit,
et elle a besoin de moderniser ses moyens de communication, sa
propagande. Elle doit faire face aux (timides) revendications sala-
riales de son personnel laïque. Les multinationales grignotent son
espace d'action financière. Tout cela coûte à qui ne sait s'adap-
ter. De plus, l'État italien a, en 1968, réintroduit par surprise
l'impôt sur les dividendes du portefeuille de titres possédé par e
Saint-Siège (son exemption était un de ces privilèges acquis sous
le fascisme). Paul VI, le pape d'alors, cherche à diversifier et à
exporter les investissements. Une décision s'impose : pour trans-
former son entreprise selon les critères du néo-capitalisme, il doit
faire appel à des financiers laïques rompus aux techniques de la
bourse et de la finance internationales.
Michel Sindona sera ce premier technicien. Avocat, né en 1914 en
Sicile, transposé à Milan à la fin des années '40, de banquier il se
fait conseiller fiscal et s'occupe ensuite de vente de sociétés, ce
qui lui permet de prendre le contrôle d'une banque de crédit, la
Privata Finanziara En 1958, par un parent proche de la curie, il
entre en contact avec Massimo Spada alors secrétaire de l'APSA
et encore aujourd'hui conseiller de nombreuses sociétés, dont la
111