Page 15 - Héresie du Sabellianisme
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répand  des  calomnies  sur  Marie,  la  mère  de  Jésus,
               l’accusant d’être devenue enceinte à la suite d’un adultère
               commis avec un soldat nommé Panthèra. Dans les milieux

               chrétiens, on commence à se diviser sur la signification de
               l’Incarnation. La  découverte  des apocryphes,  ces  textes
               des  premiers siècles  chrétiens qui n’ont  pas  été retenus
               dans le canon du Nouveau Testament, permet aujourd’hui
               de connaître l’ampleur des débats. L’un des courants qui a
               le plus marqué le IIe siècle est le docétisme, issu  de la

               gnose.  Pour les tenants de  ce système  de pensée,
               caractérisé  par le rejet de la matière, il était impensable
               que Dieu ait pu s’incarner. Ils niaient donc l’humanité du
               Christ, et par conséquent sa naissance et sa mort. Mais ils

               admettaient  que  le  corps  de  Jésus  avait  été  visible.
               Toutefois, ce corps n’était qu’une apparence  sans réalité
               matérielle.  L’évêque  Irénée  de  Lyon  a  longuement
               combattu  les  différents  systèmes  gnostiques,  et  plus
               particulièrement le docétisme.


               Grâce  au traité «Contre Fauste»  de saint Augustin, on
               connaît  également  la  pensée  des  manichéens,  qui s’est
               développée au IIIe siècle.  Pour les  adeptes de ce
               mouvement, le Christ avait un corps immatériel, un corps

               astral en somme. Les manichéens considéraient la matière
               comme mauvaise. Jésus n’avait donc pu ni s’incarner, ni
               souffrir,  ni  mourir  réellement.  Fauste  prétendait  que  le
               Christ  était  descendu du monde de  la lumière pour


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