Dictionnaire de la Bible J.-A. Bost 1849-S


septembre 3, 2010 avec la gracieuse permission du site GoDieu



S


SABBATS (shabbat et shabbathon),


le septième jour de la semaine hébraïque; il commençait le vendredi soir et finissait le samedi soir, Lévitique 23:32. Les Juifs étaient obligés de le consacrer à Dieu par le repos et la sanctification, de même que leurs esclaves et tous les étrangers qui habitaient dans le pays; le bétail même était compris dans la loi du repos, Exode 20:10; 31:13; 34:21; 35:2; Deutéronome 5:14; cf. Jérémie 17:24, etc. Deux agneaux d'un an, sans tare, devaient être offerts dans le temple avec les offrandes non sanglantes qui accompagnaient toujours cet holocauste, Nombres 28:9; cf. 2 Chroniques 31:3; Néhémie 10:33. C'était un jour de repos et un jour de joie, Ésaïe 58:13; cf. Osée 2:11. Les pains de proposition étaient renouvelés, Lévitique 24:5; 1 Chroniques 9:32, et les tours de semaine commençaient pour les prêtres avec les jours du sabbat, 2 Rois 11:5,7,9; 2 Chroniques 23:4; Les travaux relatifs au culte, n'étaient naturellement pas comptés comme une profanation du saint jour, Matthieu 12:5; La peine de mort, notamment la lapidation, était prononcée contre ceux qui contrevenaient à cette loi divine, Exode 31:14; 35:2; Nombres 15:32; Les Juifs cependant se relâchèrent souvent à cet égard, et les prophètes font entendre des plaintes amères sur l'oubli et le mépris dans lequel était tombé le jour du repos, Ésaïe 56:2; 58:13; Ézéchiel 20,16; 22:8; Lamentations 2:6; Néhémie 13:15; ce n'est que depuis l'exil que le sabbat fut observé en Israël avec un scrupuleux respect; on chercha même à compenser par de rigoureuses minuties les négligences du temps passé, et l'on fit un sabbat judaïque du jour qui devait être un sabbat divin. On voulut préciser les choses que le législateur avait désignées sous le nom de travail alors que le législateur n'avait pas cru devoir le faire, laissant à l'opinion publique et à la conscience individuelle le soin de déterminer ce qui constitue un travail, et de résoudre les cas douteux. Une seule chose était positivement défendue dans la loi, c'était de faire du feu dans les maisons pour cuire les aliments, Exode 16:23; 35:3, de sorte qu'il fallait cuire et préparer d'avance la nourriture du sabbat. La sagesse humaine voulut aller plus loin que ce qui était écrit, et l'on vit surgir une véritable casuistique à propos du quatrième commandement. La défense de vendre et d'acheter, même des aliments, allait sans dire, Néhémie 10:31; 13:15-16, et si Néhémie, 13:19, fit fermer les portes de Jérusalem pour empêcher le commerce avec les Tyriens, ce ne fut ni un nouveau commandement, ni un raffinement de l'ancien, mais une simple mesure de police tendant à l'exécution de la loi. Que l'on s'interdît de voyager le jour du sabbat (— Voir: Chemin), c'était encore conforme à l'esprit de la loi, Exode 16:29; cf. Actes 1:12; Matthieu 24:20. Mais l'on a de la peine à distinguer entre le fanatisme et la foi dans le courage avec lequel des armées juives se laissèrent massacrer le jour du sabbat sans se croire permis de recourir à la défense, 1 Maccabées 2:32; sq. cf. 2 Maccabées 5:25; 6:11, etc. Comprenant le facile avantage que l'ennemi devait trouver dans cette attitude passive, les chefs ne voulurent observer le sabbat qu'en ne prenant pas l'offensive, mais ils se réservaient le droit de se défendre au besoin, 1 Maccabées 2:40; sq. 9:34,43, etc.; cependant, vers la fin ils se montrèrent, même à cet égard, moins scrupuleux (Flavius Josèphe, Guerre des Juifs 2, 19, 2). Et qui peut dire que cela leur ait porté bonheur?

Le Nouveau Testament nous montre par plusieurs exemples, jusqu'à quel point les pharisiens avaient poussé la fatuité et le microscopisme. Cueillir des épis en se promenant, guérir un malade, même par une simple parole, et pour le malade, charger son petit lit après sa guérison et s'en aller, étaient pour les pharisiens et leurs adhérents autant de profanations du saint jour, tandis que l'on ne se faisait aucun scrupule, en cas de besoin pressant, de vaquer à des occupations domestiques parfaitement contraires à la lettre et à l'esprit de la loi, Matthieu 12:11; Luc 14:5. Un traité spécial de la Mishna sur le sabbat, compte trente-neuf occupations défendues, plus leurs subdivisons; d'autres écrits vont plus loin encore dans leurs subtilités; les secours médicaux ne doivent être administrés que là où il y aurait péril pour la vie à renvoyer au jour suivant; pour une jambe cassée il faut remettre au lendemain, on peut attendre, etc.

Le sabbat devait être consacré à la méditation de la loi, et c'est en ce jour que le culte se célébrait presque généralement dans les synagogues, par la prière, la lecture, et l'explication des saints livres, 2 Rois 4:23; Marc 1:21; 6:2; Luc 4:31; 6:6; 13:10; Actes 13:27,44; 16:13; 17:2; 18:4. On célébrait de joyeux festins, Luc 14:1; on revêtait ses plus beaux habits; on ne jeûnait jamais, Judith 8:6.

À l'exception d'Antiochus Épiphanes, toutes les puissances étrangères qui dominèrent sur Israël laissèrent aux Juifs la liberté de fêter le jour du sabbat à leur manière, 1 Maccabées 1:45,48; 10:34; 2 Maccabées 6:6, et dans leurs institutions judiciaires elles surent tenir compte des us et coutumes des Hébreux, mais sans les respecter ni les observer pour leur propre usage: les Romains en particulier se moquaient des Juifs comme de paresseux, Juvén. 14, 105, et ailleurs.

Il paraît, d'après Genèse 2:2-3, que le sabbat fut observé sous toutes les dispensations, et même avant la promulgation de la loi: nous ne pouvons examiner ici cette question qui ressort des commentaires et des ouvrages spéciaux auxquels nous renvoyons (sept Sermons de Wilson, Haldane, Comment, de Schrœder, Victor Mellet, le Narrateur, etc.); mais il ressort évidemment de l'histoire de la création elle-même, que la célébration du septième jour était dans l'ordre naturel des choses, de telle sorte que le sabbat n'eût-il été imposé aux Juifs que sur le Sinaï, il n'en existait pas moins pour les hommes depuis qu'Adam l'avait vu solenniser par le repos de l'Éternel. Ce jour appartient en quelque sorte à la loi naturelle, et si les lois ne furent articulées et déclarées telles que par Moïse, elles n'en subsistaient pas moins avant lui, écrites dans les cœurs, et elles subsistent encore après l'écroulement de l'échafaudage judaïque, non plus sur des tables de pierre, mais sur les tables du cœur des chrétiens, 2 Corinthiens 3:3. Il est arrivé de ce commandement comme des autres, que lorsque les prophètes le rappellent, ils ne peuvent le rattacher qu'au jour de sa promulgation, Ézéchiel 20:12; Néhémie 9:14; cf. Deutéronome 5:14, quoiqu'il existât auparavant déjà, cf. Exode 16:23; c'est à un texte positif, à la lettre bien connue, qu'ils en appellent, et cette lettre ne date que de Moïse.

— Il est évident que cette fête religieuse si caractéristique ne pouvait être empruntée ni à des religions étrangères, ni par des religions étrangères, et qu'entre les Juifs et leurs voisins païens à qui ils étaient en horreur, il ne pouvait se trouver aucun lien commun à cet égard, aucune communication religieuse. Or le cycle hebdomadaire, parfaitement connu des Égyptiens et commençant au jour de Chronus (le temps), le septième jour consacré à Saturne par les Romains (samedi), et les saturnales qui, rappelant l'âge d'or, rendaient pour un jour la liberté aux esclaves, démontrent que la tradition d'un septième jour était connue des païens dès l'antiquité la plus reculée. Prétendre que les Juifs auraient emprunté cette coutume aux Égyptiens, serait un simple non sens théologique et historique, qui n'aurait pas même l'avantage de résoudre la question, car il faudrait toujours se demander comment les habitants de l'Asie, de l'Afrique et de l'Europe, se seraient trouvés d'accord à mettre à part un des jours de la semaine, et partout le même: l'universalité, ou la presque généralité de cette observance, ne peut s'expliquer que par l'unité et l'antiquité de son origine. Il serait difficile de comprendre d'ailleurs que Dieu, en imposant à l'homme le travail rude et la fatigue, n'eût pas dès le commencement annoncé qu'il levait cette malédiction à des intervalles déterminés; l'homme n'eût pu la supportera la longue, et neuf cents années d'un travail non interrompu ne se peuvent concevoir; d'un autre côté, le travail interrompu sans autorisation divine fût devenu un péché nécessaire, et nulle part, même dans les plus sévères de ses lois, Dieu n'a demandé à l'homme des choses impossibles à ses forces physiques. De même que le repos, la sanctification et la mise à part d'un jour sur sept appartient aux lois éternelles, et la phase juive qui a été la manifestation la plus éclatante de la volonté divine se traduisant en paroles humaines, n'a été qu'une des phases de l'histoire du septième jour. Les chrétiens, en substituant le dimanche au samedi, l'ont fait à l'imitation des apôtres, qui n'ont pu être amenés à ce changement que sous l'influence de l'inspiration du Saint-Esprit: cette substitution qui consacrait pour eux le souvenir de la résurrection du Sauveur, avait aussi l'avantage de les séparer d'une manière plus complète, dogmatiquement, historiquement, et politiquement, des Juifs avec lesquels les ennemis du peuple de Dieu pouvaient être tentés de les confondre.

La controverse qui a été quelquefois soulevée entre les chrétiens sur le maintien ou la suppression du quatrième commandement dans la loi nouvelle, ne peut que contribuer à faire toujours plus apprécier le bienfait de cette vieille institution, et si le dimanche nous était retiré, tous seraient bien vite d'accord à le redemander à Dieu pour la chrétienté et la pauvre humanité.

Le sabbat avait un sens et un usage typique; il était un signe, une alliance entre Dieu et son peuple, une grâce, un privilège particulier octroyé aux enfants d'Israël, Exode 31:16-17; un mémorial du repos de Dieu, et de la délivrance qui suivit la captivité d'Égypte, Deutéronome 5:15; un type du repos que Dieu donnerait aux Israélites dans la terre de Canaan, qui est appelée pour cela un lieu de repos, Deutéronome 12:9. Il figurait le repos que l'Évangile procure à tous ceux qui le reçoivent dans leurs cœurs, Matthieu 11:29; Romains 5:1; enfin et surtout il figurait ce repos entier et parfait, ce repos éternel des saints qui est réservé au peuple de Dieu, Hébreux 4:9.

Ce jour n'était pas le seul temps de repos qui fût accordé aux Juifs, et outre leurs fêtes solennelles, d'autres sabbats se présentaient pour eux à la fin de chaque mois, à la fin de chaque septaine d'années, puis, derechef, après sept fois sept années;

Voir: Année, Chemin, Jubilé, Lune, etc.

Le sabbat second-premier, Luc 6:1, était, d'après l'opinion de Scaliger généralement adoptée maintenant, le sabbat qui suivait le second jour de la fête de pâque, autrement dit jour des prémices.

Voir: Pâque;

Olshausen pencherait vers une autre supposition; admettant que tous les jours de fête portassent le nom général de sabbat, il pouvait arriver facilement qu'un de ces jours fût immédiatement précédé ou suivi d'un sabbat ordinaire, aux nouvelles lunes, etc.; le premier de ces deux jours solennels consécutifs serait d'après cet auteur le sabbat second-premier, ou plutôt le premier des deux: Olshausen ne donne d'ailleurs cette hypothèse que comme une hypothèse, et il admet ce qu'a d'ingénieux celle de Scaliger.


SABTHA,


Genèse 10:7; 1 Chroniques 1:9, peuplade camite de la famille de Cus. Les uns (Winer) comparent Sabatha, ville située au sud-ouest dans l'Arabie Heureuse, non loin de la mer Rouge, peut-être la même que Sabota dont parle Pline: résidence d'un roi de la tribu des Sabéens, cette ville faisait un grand commerce d'encens; elle était riche, très grande, et comptait soixante temples. D'autres (Gesenius), en suivant le Pseudo-Jonathan, pensent à Sabat ville d'Éthiopie, située sous le 18e degré de latitude. D'autres enfin (Braunschweig, et d'après lui Preiswerk dans le Morgenland), font descendre de Sabtha plusieurs nations de l'Asie postérieure, les habitants primitifs du Thibet, les Chinois, les Malais, et quelques insulaires de l'archipel de l'Océan Pacifique.


SABTHECA,


Genèse 10:7; 1 Chroniques 1:9, descendant de Cam par Cus, comme Sabtha, divise comme lui les interprètes, et paraît avoir suivi de près son sort. Les uns comparent la ville de Satacos, située selon Ptolémée dans le golfe Persique; les autres suivent le Targum de Jonathan, qui rend ce nom par Zangueï, peuple d'Afrique qui habitait les côtes de Zanguebar; d'autres enfin, Braunschweig et Preiswerk, pensent aux îles orientales de l'Asie, Ceylan, Guzurate, Décan, etc. Ce ne sont que des présomptions.


SAC.


Ce mot désigne le plus souvent un grossier vêtement de deuil, presque sans couture et sans ouverture, d'une étoffe très commune, qui couvrait presque entiers ceux qui le revêtaient, Genèse 37:34; 2 Samuel 3:31; 1 Rois 20:31; 21:27; 2 Rois 19:1; Joël 1:8; Jonas 3:6; Ézéchiel 7:18; Matthieu 11:21; Luc 10:13; Apocalypse 6:12; etc. On se l'attachait avec une corde en guise de ceinture, Ésaïe 3:24. La couleur en était foncée, quoique ce soit en chercher la preuve un peu trop loin que de la trouver Ésaïe 50:3. Les prophètes, en se revêtant de sacs, rappelaient aux yeux de tous le sérieux de leur vocation, Ésaïe 20:2; cf. Matthieu 3:4, mais ce qui était utile au peuple charnel de Dieu ne l'est pas à son peuple spirituel, et le Seigneur ni ses apôtres n'ont recouru à de semblables distinctions. Les capucins ne ressusciteront pas Jean-Baptiste.


SACRIFICATEURS,


Voir: Prêtres.


SACRIFICES.


Les offrandes diverses, les sacrifices sanglants ou non sanglants, dont il est parlé dans la législation mosaïque, et qui faisaient à quelques égards le fonds et l'esprit de cette économie, étaient si multipliés, qu'il s'introduit nécessairement une sorte de confusion dans l'idée que l'on peut s'en former, lorsqu'on ne vit pas au milieu de la pratique de ces sacrifices, et que l'on a le bonheur d'appartenir à une alliance qu'un seul sacrifice a faite et consommée. En lisant le Pentateuque, on est frappé des nombreux détails qui déterminent la forme et la nature des offrandes que, tour à tour, le peuple collectivement, elles individus pris à part, devaient présenter à l'Éternel; et le petit nombre de mots que nous avons dans notre langue pour exprimer l'idée ou la nature de ces sacrifices, contraste singulièrement avec la richesse de la langue hébraïque à cet égard, et contribue à entretenir une confusion qui n'existait pas pour les Hébreux, où chaque sacrifice spécial avait son nom qui le distinguait aisément de tous les autres; chaque sacrifice était ainsi une chose à part, un acte distinct, qui ne se rangeait pas, comme chez nous, dans la même catégorie, et sous le même nom, que tels autres sacrifices que nous ne pouvons distinguer que par de plus ou moins longues adjonctions et circonlocutions.

Essayons d'établir un peu d'ordre dans tout ce qu'il y a à dire sur ce sujet, et que la lecture de cet article laisse au moins dans l'esprit une idée claire, nette, et complète du système mosaïque.

Le mot corban (cf. Marc 7:11) était le plus vague et le plus général; il pouvait s'appliquer chez les Hébreux à tous les sacrifices, sans en désigner aucun en particulier.

Les sacrifices ont fait de tout temps, même chez les nations les plus reculées, une des parties les plus importantes du culte rendu à la Divinité; ils remontent aux premiers jours du monde; Abel, Caïn, Noé, Melchisédec, Abraham, Jacob, nous apparaissent déjà comme sacrificateurs, Genèse 4:3; 8:20; 14:18; 15:9; 31:54; 46:1. On ne saurait affirmer qu'ils se fissent une idée bien claire du but du sacrifice; ils lui attribuaient peut-être une valeur, tantôt subjective, tantôt objective; ils pouvaient y voir, tantôt un moyen de plaire à la Divinité, tantôt une simple manifestation de leur désir de se rendre la Divinité favorable; quelquefois, assimilant Dieu à l'homme, ils pensaient faire bien en lui apportant de la nourriture pour ses besoins; d'autres fois, à mesure que l'intelligence de Dieu se développait en eux, et qu'ils avaient davantage aussi l'idée de leur indignité, les sacrifices qu'ils offraient n'étaient plus que des emblèmes par lesquels ils manifestaient leurs besoins, leurs actions de grâces, leurs désirs ou leur repentir. Les dons appartenaient presque toujours à l'ordre alimentaire; chacun offrait ce qui lui paraissait à lui-même particulièrement bon, rare, ou précieux en fait de nourriture, 1 Samuel 15:15; Psaumes 66:15; l'offrande, apprêtée ou non, était bonne à manger, et l'usage du sel, q.v., devait, ne fût-ce que par cette considération, être général et ordinaire. Dans l'origine, et lorsqu'on ne comprenait pas le vrai sens du sacrifice, on offrait des fruits de la terre, et des produits animaux non sanglants, du lait, du miel, etc. Les animaux ne furent offerts d'abord que par ceux dont la foi devançait les siècles, et traversait le nuage épais des 4000 ans qui cachaient à la vue la victime sans défaut et sans tache: le doux Abel sacrifia un agneau. Les païens n'en vinrent à l'idée des offrandes sanglantes que lorsqu'ils eurent eux-mêmes commencé à se nourrir de la chair des animaux, et Noé, sacrifiant au sortir de l'arche, donna à ses fils et à ses petits-fils un exemple, une impulsion qui devait être suivie d'autant plus facilement que la chair allait devenir partie intégrante de la vie et de la nourriture des hommes: c'est peut-être à cette introduction des sacrifices sanglants que remonte aussi l'usage d'allumer le bois du bûcher, et d'embraser l'autel. Que Dieu ait le premier donné aux hommes l'ordre ou même la seule idée de lui offrir des sacrifices, c'est ce qu'il n'est pas facile de prouver; mais que ces sacrifices aient eu dans l'esprit de ceux qui les offraient une signification dogmatique, confuse si l'on veut, mais réelle et positive, c'est ce qu'il est impossible de nier. Le sacrifice était évidemment un rapport que l'homme voulait établir (ou maintenir) avec Dieu; c'était en outre un acte d'humiliation; il renfermait l'idée que l'homme n'est pas aussi près de Dieu qu'il le devrait, que cette séparation doit cesser, que cet intervalle doit être comblé, qu'il peut l'être, mais qu'une offrande est nécessaire: un sentiment religieux quelconque présidait par conséquent à tout sacrifice, et la foi fit voir à Abel ce que les autres ne faisaient que pressentir et entrevoir confusément, Hébreux 11:4.

Ce que les Israélites avaient reçu par tradition, leur législation le fixa et le compléta, en déterminant la nature et le mode des sacrifices, le rituel, et tout ce qui s'y rapportait:

  1. L'objet de l'offrande, animal ou végétal, déposé sur l'autel de Jéhovah, devait appartenir au nombre des aliments purs dont les Hébreux étaient appelés ou autorisés à faire eux-mêmes usage. On distinguait les menachoth et les zebachim, ces dernières étant des victimes sanglantes, par opposition aux premières, 1 Samuel 2:29; 3:14; Psaumes 40:6; Hébreux 8:3. Une substance minérale soluble, le sel, servait d'assaisonnement aux offrandes de ces deux classes. Les offrandes végétales étaient ou sèches, ou liquides: sèches (mincha), comme la fine farine, des grains rôtis, du pain, des gâteaux, de l'encens; liquides (nèsek), comme l'huile et le vin. Les offrandes animales consistaient en animaux purs, cf. Genèse 8:20, taureaux, chevreaux, brebis, tourterelles, etc.; aucun poisson ne pouvait être offert. Ces animaux devaient être nets de toute tache et sans défaut physique; leur âge même est l'objet de l'attention de Moïse; à l'exception des tourterelles, ils ne devaient pas avoir moins de huit jours, Lévitique 22:27, la chair trop jeune étant déjà par elle-même une chose malsaine et souvent dégoûtante. Le sexe des victimes était indifférent dans les offrandes pour le péché, et dans les sacrifices d'actions de grâces, Lévitique 3:1, etc. 5:6; mais, comme holocauste, on ne pouvait offrir que des victimes du sexe le plus parfait. Le choix des victimes était, dans la plupart des cas, laissé à la volonté de celui qui faisait le sacrifice, Lévitique 1:3, mais il est déterminé dans les sacrifices pour le péché, etc., Lévitique 4:3; des boucs sont souvent ordonnés pour ce dernier cas.

    — Les Israélites professaient la plus grande horreur pour les sacrifices humains, Psaumes 106:37; Ésaïe 66:3; Ézéchiel 20:26,31, non seulement parce qu'ils étaient d'origine païenne, Lévitique 18:21; 20:2; Deutéronome 12:31, mais parce qu'ils sont contraires à tous les sentiments de la nature et de l'humanité. L'exemple d'Abraham sacrifiant Isaac ne peut rien prouver contre ce fait, non plus que le sacrifice de Jephthé: le premier obéissait à un ordre spécial et positif de Dieu, qui n'en permit pas même l'exécution; le second obéissait à un vœu irréfléchi qu'il ne se croyait plus le maître de ne pas accomplir.
     

  2. Le lieu où les sacrifices seraient offerts fut déterminé; il ne pouvait y en avoir qu'un: ce fut le tabernacle dans le désert, puis le temple à Jérusalem. Ce lieu devait être unique pour rappeler l'unité de Dieu, puis pour maintenir l'unité du peuple, et faciliter la fusion des tribus rivales en les réunissant autour d'un seul et même sanctuaire. Tout sacrifice offert ailleurs qu'au lieu désigné était considéré comme un acte d'idolâtrie et puni de mort, Lévitique 17:4; Deutéronome 12:5; 1 Rois 12:27. La loi ne fut cependant pas toujours rigoureusement observée, au moins pendant la période des juges, et jusque sous David, 1 Rois 3:2-3; on sacrifiait ailleurs, particulièrement sur des collines, des hauts lieux; Samuel même l'a fait, et David l'a souffert, Juges 2:5; 6:26; 13:19; 1 Samuel 7:17. Les sacrifices sur les hauts lieux continuèrent même après Salomon, et sous les rois les plus pieux, qui ne purent souvent que pallier le mal sans réussir à le détruire. Il va sans dire qu'en Israël cet article de la loi cérémonielle fut traité comme les autres; les rois se séparèrent, et séparèrent leur peuple du sanctuaire de Jéhovah, et ceux qui voulurent rester fidèles à la religion de leurs pères durent quitter le royaume pour adorer à Jérusalem.

    — On s'explique difficilement comment la loi étant là, positive, des infractions aussi flagrantes ont pu avoir lieu, et être, pour ainsi dire, autorisées par l'exemple même de quelques hommes de Dieu: l'éloignement géographique des tribus, leurs querelles intestines, les luttes à l'extérieur, les difficultés de communication, l'absence de fixité dans la résidence de l'arche, peuvent avoir contribué à amener la transgression de la loi; mais toutes ces causes réunies ne suffisent pas pour l'excuser, bien moins encore pour expliquer la conduite illégale du légal Samuel. Il faut croire qu'en général les prescriptions cérémonielles de la loi n'étaient considérées que comme des détails dont on se croyait obligé de tenir compte autant que possible, sans cependant les regarder comme indispensables; peut-être que les Juifs pieux étaient plus spiritualistes qu'on ne se plaît généralement à le croire; les impies et les indifférents auront mis, dans un même vaisseau, le fond et la forme, comme ils le font encore de nos jours, et, négligeant l'amour de Dieu et du prochain, ils auront su trouver de bonnes raisons pour se dispenser des cérémonies extérieures de leur loi. Samuel et les hommes fidèles de ces temps, pénétrés de douleur à la vue de l'incrédulité qui avait envahi le pays, guidés par l'Esprit de Dieu, forts de l'inspiration qui était en eux, et sachant bien que ce n'était pas l'unité de Dieu, mais Dieu lui-même qu'on oubliait, auront songé à relever ses autels, à ramener la religion, à reconstituer l'unité au moyen de ses fractions, et, sans analyser peut-être les motifs de leur conduite, ils auront sacrifié au vrai Dieu là où ils se trouvaient, sachant qu'il y était avec eux. Il est peu probable que les prescriptions cérémonielles de la loi mosaïque aient toutes été observées, ou même connues de tous les Israélites; elles tendaient à rendre le péché excessivement péchant; mais les hommes pieux savaient que Dieu regarde au cœur, les autres ne s'inquiétaient pas de la loi.
     

  3. Quant au but du sacrifice, à l'intention dans laquelle il était offert, ce pouvait être le désir, la reconnaissance ou la repentance; un sacrifice pouvait être une prière, une action de grâces, ou une expiation; il portait alors des noms différents, ainsi qu'on le verra plus loin. Les holocaustes avaient un caractère plus général. Ensuite des divers sentiments qui se manifestaient de cette manière, les sacrifices étaient nombreux, à peu près comme les messes papistes; les uns étaient publics, les autres particuliers; les uns généraux, les autres spéciaux; les uns obligatoires, les autres volontaires; ces derniers étaient souvent des sacrifices de famille, et se répétaient, soit annuellement, soit à des époques plus rapprochées et déterminées, 1 Samuel 1:3,21; 20:6. Les païens étaient admis, comme les Juifs, à présenter des sacrifices, Nombres 15:14; 2 Maccabées 3:35; 13:23, et l'on voit même des Juifs offrir des sacrifices pour des princes païens, 1 Maccabées 7:33.
     

  4. Celui qui offrait un sacrifice sanglant pouvait, après s'être purifié et sanctifié, conduire lui-même l'animal à l'autel; il lui posait solennellement la main sur la tête, comme pour s'identifier avec lui, ou pour le consacrer à Jéhovah, puis il regorgeait, mais il ne touchait pas le sang. Plus tard, cependant, on voit que les prêtres et les lévites eux-mêmes furent assez ordinairement chargés d'égorger la victime, 2 Chroniques 29:24. Le sang de l'animal était reçu par les prêtres, et, suivant la nature du sacrifice, répandu ou employé en aspersions. Celui qui offrait la bête du sacrifice l'écorchait ensuite, lui était la peau (cependant — Voir: 2 Chroniques 29:34), et dépeçait l'animal en morceaux qui, suivant la nature des cas, étaient tous, ou en partie, brûlés sur l'autel; le reste des viandes, lorsqu'il en restait, appartenait, soit aux prêtres, soit à celui qui avait présenté le sacrifice; d'autres fois encore ce reste devait être consumé hors de la ville sainte. Les morceaux brûlés sur l'autel devaient toujours être de ceux qui étaient réputés les meilleurs et les plus succulents, cf. Ésaïe 1:11.

    Voir: sur cet article, Lévitique 1, 3, 4, 8, et 17; 1 Samuel 16:5, et les articles spéciaux Festins, Holocaustes, etc.

    Quant à l'offrande des pigeons,

    Voir: Lévitique 1:14; 5:8,

    Voir: aussi Lever sur la cérémonie du lever et du tournoiement, qui accompagnait quelques sacrifices.
     

  5. Les sacrifices étaient nombreux, continuels, ils devaient nécessairement entraîner avec eux de grandes dépenses annuelles, mais les matières du sacrifice, fruits ou animaux, étaient en quelque sorte sous la main de chaque père de famille, et faciles à se procurer; les jardins, les pâturages et les bois de la Palestine, suffisaient amplement à cette partie des besoins du culte hébreu. Lorsque les richesses naturelles du pays eurent commencé à diminuer, par suite du manque de culture, de la guerre, ou de l'accroissement de la population, des princes étrangers qui voulaient se rendre les Juifs favorables, ou leur donner des preuves de leur amitié, leur fournirent, en nature ou en argent, une, partie de ce qui leur était nécessaire pour la célébration du culte public, Esdras 6:9; 1 Maccabées 10:39; 2 Maccabées 3:3; 9:16; etc.;

    Voir: aussi les articles Temple, et Impôts.
     

  6. Comme acte d'humiliation ou de reconnaissance envers l'Éternel (Psaumes 66:15; 116:17; cf. Matthieu 8:4; Actes 21:26), les sacrifices particuliers furent toujours nombreux en Israël, et celui qui s'abstenait d'en offrir passait pour un homme impie et irréligieux, Ecclésiaste 9:2; cf. Ésaïe 43:23. On jurait en conséquence par les autels et les sacrifices, Matthieu 23:18, et, dans les descriptions qui sont faites de la restauration du monde, le culte des sacrifices est relevé comme devant faire une des gloires de cette époque, de même que l'absence des sacrifices constitue l'une des calamités qui résulteront de l'exil, Osée 3:4; cf. Ésaïe 19:21; 60:7; 61:6; Zacharie 14:21; Jérémie 17:26; 33:18. Il faut ajouter que bien des fois cependant les Israélites, oubliant la signification des sacrifices, n'en firent qu'un opus operatum, et crurent se rendre agréables à Dieu, peut-être même laver leurs péchés, par le seul fait qu'ils offraient sur l'autel quelques pièces de bétail, ou quelque produits de leurs champs. Les prophètes ne cessent de protester contre cette fausse, et orgueilleuse pensée, et de rappeler que c'est l'intention, que c'est le cœur, un cœur pur, humilié, froissé, qui seul peut donner au sacrifice une valeur réelle aux yeux de Dieu, Ésaïe 1:11; Jérémie 6:20; 7:21; Osée 6:6; Amos 5:22; Michée 6:6; Psaumes 40:6; 51:17; Proverbes 21:3; Matthieu 5:23; etc. Les esséniens après l'exil, comprenant que la réalité du culte n'est pas dans sa matérialité, mais voulant être sages au-delà de ce qui était écrit dans leur loi, ne gardèrent du culte extérieur que les lustrations et les ablutions, et supprimèrent entièrement les sacrifices. On peut voir sur ce sujet dans la Mishna les traités Sebachim, Menachoth et Temura, qui renferment les principales dispositions de la tradition juive sur les sacrifices.

Après ces observations générales, nous avons à examiner en détail ce qui est dit des sacrifices propitiatoires. Deux mots sont employés en hébreu pour indiquer en quelque sorte deux nuances du péché: l'un, asham, désignait les sacrifices pour le délit; l'autre, hhatath, se disait des sacrifices pour le péché. Il n'est pas facile de les distinguer clairement l'un de l'autre quant à leur nature et à leur importance; le dernier avait une signification plus profonde et plus générale, le premier n'était peut-être que l'expiation de péchés considérés comme peu graves, accidentels, ou cérémoniels. Nos versions n'établissant aucune différence dans la traduction des deux mots hébreux, nous indiquerons quelques-uns des principaux passages où l'un et l'autre sont employés; ce sera la meilleure manière d'en préciser la valeur.

On offrait le asham pour le délit:

  1. Quand on avait détourné ou retenu par mégarde des choses sanctifiées à l'Éternel, Lévitique 5:15.
     

  2. Quand on avait par ignorance fait quelque chose de con traire à la volonté de Dieu, Lévitique 5:17; cf. Esdras 10:19; 1 Samuel 6:3.
     

  3. Quand on avait nié un dépôt, ou gardé un objet perdu par un autre, ou dérobé quelque chose, ou prêté un faux serment, Lévitique 6:2.3.
     

  4. Dans le cas de séduction exercée sur une esclave fiancée à un homme, et non encore rachetée, Lévitique 19:20.
     

  5. Un lépreux après sa guérison, un nazarien qui s'était souillé par la vue ou le contact d'un cadavre, devaient également offrir un sacrifice pour le délit, Lévitique 14:12; Nombres 6:12.

— La peine, car le sacrifice en était une, variait suivant les cas; dans les quatre premiers il fallait offrir un bélier, dans le dernier un agneau,; en cas de vol il fallait restituer l'objet détourné et y ajouter un cinquième de la valeur, qui revenait de droit soit au prêtre (#1.), soit au propriétaire (#3.). L'animal était égorgé du côté septentrional de l'autel, son sang était répandu tout à l'entour, les graisses étaient brûlées, le reste des viandes appartenaient aux prêtres, Lévitique 7:1-6. Des cérémonies spéciales, notamment quant à l'emploi symbolique du sang, étaient prescrites pour la purification du lépreux, Lévitique 14:14.

Quant aux sacrifices pour le péché (hhatath) il y en avait d'ordinaires, et d'extraordinaires ou spéciaux. On offrait les premiers:

  1. pour tout le peuple, aux jours de nouvelle lune, à Pâque, à Pentecôte, aux fêtes des trompettes et des tabernacles, au grand jour des expiations, Nombres 28, et 29, Lévitique 16;
     

  2. pour les prêtres et les lévites lors de leur consécration, Nombres 8:8; Exode 29;
     

  3. pour le souverain sacrificateur au grand jour des expiations.

— Les sacrifices extraordinaires et non réguliers étaient offerts en diverses occasions:

  1. pour les relevailles d'une femme nouvellement accouchée, Lévitique 12:6,8.;
     

  2. pour la purification d'un lépreux ou d'une maison attaquée de la lèpre, q.v., Lévitique 14;
     

  3. pour la purification d'un homme guéri de la gonorrhée, Lévitique 15:15.;
     

  4. pour la purification d'une femme longtemps souffrante d'une perte de sang, Lévitique 15:29.;
     

  5. lorsqu'un nazarien avait été souillé par la présence d'un corps mort subitement près de lui, ou lorsque le temps de son vœu était expiré, Nombres 6:10,14.;
     

  6. quand l'assemblée, ou un prêtre, ou un simple Israélite avait par mégarde transgressé un des commandements de Dieu, Lévitique 4, Nombres 15:24; cf. 2 Chroniques 29:21.;
     

  7. quand un homme appelé à témoigner par serment, d'une chose qu'il avait vue ou entendue, refusait de le faire, lorsqu'il avait touché un homme ou une chose impure, lorsqu'il avait juré à la légère de faire une chose, bonne ou mauvaise, et qu'il oubliait son serment, Lévitique 5:1-5.;
     

  8. Voir: enfin à l'article Vache rousse,

    une dernière espèce de sacrifices pour le péché (hhatath).

— Pour tous ces cas l'objet du sacrifice était, selon le degré et la nature du mal commis, un jeune taureau, un bouc, une brebis ou une chèvre, un pigeon, ou un tourtereau, et dans un cas spécial des oiseaux quelconques, dont l'espèce n'était pas déterminée, mais qui devaient être purs. C'étaient des taureaux lorsque le sacrifice était offert pour l'assemblée ou pour un prêtre, un bouc lorsque le pécheur était nazarien, un bélier pour la consécration des prêtres, deux oiseaux pour la purification d'une maison lépreuse, etc. Tous ces détails sont marqués aux passages cités.

Les parties grasses des animaux à quatre pieds étaient toujours consumées sur l'autel; les autres parties étaient,

  1. ou bien brûlées hors de la ville, pour les sacrifices ordinaires, Exode 29:14; Lévitique 4 et 16,
     

  2. ou dans les cas spéciaux, abandonnées aux prêtres pour servir à leur nourriture dans le parvis du sanctuaire, Lévitique 6:25; 4:25.

Quant au sang, on en faisait un usage différent suivant les différents cas. Celui de la grande victime expiatoire était tout entier porté dans le lieu très saint, on en arrosait l'arche de l'alliance et l'on en frottait les cornes de l'autel, Lévitique 16:14,18. Dans les sacrifices ordinaires pour le péché on en portait une partie dans le lieu saint, on le versait en aspersions près du voile qui servait d'entrée au lieu très saint, et l'on en oignait les cornes de l'autel des parfums; le reste était répandu au pied de l'autel des holocaustes, Lévitique 4:5,16. Enfin, dans les sacrifices spéciaux pour le péché, l'on en mettait une partie sur les cornes de l'autel des holocaustes, et le reste était répandu au pied de cet autel, Lévitique 4:25,30,34; cf. 2 Chroniques 29:22. D'après Exode 29:12, il semblerait que cette dernière manipulation du sang fût également en usage pour les sacrifices ordinaires et réguliers, ce qui ne s'accorderait pas avec Lévitique 6:30; mais au milieu de tous ces détails, et presque à cause de ces détails mêmes, il est difficile de se représenter d'une manière exacte l'ensemble de ces cérémonies, qui variaient si souvent et à propos des plus petites nuances. D'autres détails, le bouc Hazazel, etc., sont encore mentionnés,

Voir: Lévitique 5:8; 14:49,53; Exode 29:19.

D'après ce qui précède on voit que les offrandes pour le délit et celles pour le péché (asham et hhatath, en allemand Schuldopfer et Sundopfer), analogues par leur nature et leur objet sous bien des rapports, constituaient cependant deux espèces de sacrifices, distinctes l'une de l'autre aux yeux des Hébreux et dans l'esprit de la législation de Moïse, comme cela ressort non seulement du fait qu'il est parlé de chacune séparément, Lévitique 4:6,25; cf. 5:15; 7:1-10, mais encore des passages où elles sont nommées l'une à la suite de l'autre, et des cas de souillure ou de culpabilité où elles sont prescrites comme devant être offertes l'une et l'autre. Le rituel en était différent, notamment en ce qui concerne la manipulation du sang: la destruction des viandes hors de la ville, prescrite dans certains cas de sacrifices pour le péché, ne l'est pas dans les offrandes pour le délit, et quant à ces dernières, le choix des victimes était bien plus facile, bien moins embarrassé de restrictions et d'ordonnances que pour les sacrifices pour le péché.

Mais si l'on doit tenir ces deux ordres de sacrifices pour distincts, il n'est pas facile de dire en quoi consistait la différence morale qui les séparait, le principe spécial qui les caractérisait l'un et l'autre.

À première vue on peut dire que les délits paraissent avoir été d'une moins grande importance que les péchés, les asham que les hhatath; les offrandes sont en général moins considérables, le rituel moins sévère dans le premier cas que dans le second; et sauf le passage Lévitique 5:1-13, qui présente quelques obscurités, on peut dire que les offrandes pour le délit étaient réclamées pour des fautes commises par erreur, par négligence, dont la commission était en quelque sorte regardée comme involontaire, ou comme inévitable, pour l'ensemble des péchés, pour la souillure publique ou sacerdotale qui trouvait son expiation dans les sacrifices annuels, dans les sacrifices de consécration, enfin pour la purification de la lèpre qui dans la symbolique juive représentait la souillure du péché. Le point de vue de cette sorte de sacrifice était pour ainsi dire objectif, et celui qui le présentait semblait s'accuser d'une faute positive, mais involontaire et dont il n'était pas coupable: il semblait dire: Je suis innocent, mais la loi a été violée. Dans l'autre cas, au contraire, dans celui des sacrifices pour le péché, la faute était non seulement positive, mais précise, et volontaire: le point de vue du sacrifice était plutôt subjectif; celui qui apportait son offrande le faisait dans le sentiment d'une transgression volontaire d'un commandement spécial de Dieu: il s'accusait d'une faute qu'il aurait pu éviter, il était coupable parce qu'il l'avait bien voulu, cf. aussi Lévitique 19:20.

Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 3, 9, 3, a reconnu et établi cette distinction. Cependant elle n'est pas toujours maintenue dans la loi, et le principe du législateur n'apparaît pas toujours d'une manière claire: quelques répétitions du livre des Nombres semblent destinées à interpréter ou à compléter, peut-être même à modifier les règles posées dans le Lévitique, et à les modifier dans un sens qui ne s'explique que par le but téléologique de la législation mosaïque. Ainsi nous voyons, Nombres 6:12, que la mort d'un homme dans le voisinage du nazarien, souillait celui-ci, alors même qu'il en était innocent, de telle sorte qu'il était obligé d'offrir pour sa purification un sacrifice pour le péché, hhatath: l'intention du législateur était évidemment de faire ressortir ce fait que le nazarien était un homme à part, et que ce qui n'était pas péché pour les autres, le devenait pour lui. Quant aux prescriptions relatives aux maladies des femmes, Lévitique 15:25, elles se concilient fort bien avec ce que nous avons dit plus haut, et avec les idées que la loi devait donner aux Juifs sur le pur et l'impur.

Reland, Baur, et Winer, partagent avec nous l'opinion de Flavius Josèphe sur la caractéristique de ces sacrifices, telle qu'elle peut être saisie et que nous l'avons exposée.

— Le passage Lévitique 5:1-13, semblerait cependant faire objection à ce point de vue. Les expressions asham et hhatath s'y confondent en effet tellement, et paraissent si souvent se substituer l'une à l'autre, que l'on ne sait parfois de quel sacrifice il est question; on peut se demander même s'il y a entre les deux offrandes, une distinction établie. Cependant, comme le mot hhatath est formellement employé, en parlant de l'offrande, aux versets 6,7,8,9,11,12, nous n'avons pas hésité à ranger ces sacrifices au nombre des sacrifices pour le péché; mais il faut avouer que la distinction faite sur la nature des deux offrandes est ébranlée, ou que, cette distinction existant, Moïse n'a pas cru devoir la maintenir ou l'observer dans tous les cas, ou enfin que les détails de cette distinction nous échappent, et que nous avons perdu la clef de ces nuances, qui ne sont plus pour nous que de fines subtilités, alors même qu'elles pouvaient avoir pour les Hébreux une importance considérable, relativement à l'ensemble de l'économie mosaïque; Nous n'en maintenons donc pas moins l'explication que nous avons donnée ci-dessus, et cela d'autant plus que les essais que l'on a faits d'une interprétation différente, sont loin de nous satisfaire au même degré. Cramer, par exemple, et d'autres, ont voulu voir dans les asham (délits) la violation d'un contrat tacite fait avec des hommes, concitoyens, prêtres, époux, etc., et, dans le sacrifice, la manifestation du remords et le cri de la conscience; c'est trop raffiné, et, d'ailleurs, le détournement des choses consacrées à l'Éternel, qui appartient à cette sorte de délits, ne se rangerait pas à cette explication, à moins d'étendre l'idée de la violation aux contrats, à l'alliance faite avec Dieu; mais alors l'explication irait trop loin, car elle s'étendrait jusqu'aux péchés (hhatath), et ne serait plus caractéristique. D'autres, comme Michaélis, ont vu dans les asham les péchés d'omission, et dans les hhatath les péchés de commission expiés; mais les passages Lévitique 5:17; 15:25, réfutent à eux seuls cette interprétation. Grotius a vu le contraire, qui se réfute également par Lévitique 4:2; 13:27. L'opinion de Saubert est encore moins soutenable: il voit dans les asham la réparation de péchés faits avec mauvaise intention et par méchanceté, et dans les hhatath, celle de péchés commis par ignorance; l'appui que donne à cette opinion l'autorité de Philon et d'Aben Esra (du moins en partie) est plus que renversé par l'examen même des textes. Notons enfin l'explication d'Abarbanel, qui pense que les sacrifices pour le péché étaient offerts dans les cas d'une violation positive et intentionnelle d'un commandement de Dieu, les sacrifices pour le délit dans les cas douteux; c'est de l'esprit rabbinique tout pur.

Nous avons maintenant à nous demander quelle idée les Juifs attachaient à la mort des victimes offertes en sacrifice, s'ils n'y voyaient qu'un présent fait à la divinité offensée, ou, comme le veut Michaélis, une amende exigée comme châtiment, comme peine, ou enfin, dans l'acte du sacrifice, une substitution, et dans la victime un suppléant, un remplaçant destiné à souffrir pour eux la mort qu'ils avaient méritée. Cette dernière opinion est celle de plusieurs rabbins, et, parmi les théologiens modernes, celle de Bauer, De Wette, Gesenius, Scholl, Tholuck, Cœlln, Winer, Schrœder, etc. Elle a été combattue, avec plus de force que d'arguments, par Klaiber, qui a été plus négatif que positif, et qui prouve fort bien que cette doctrine des Juifs ne se trouve pas dans certains passages, sans avoir prouvé qu'elle ne se trouve pas dans d'autres. Nous n'insisterons pas sur les formules: «Le sacrificateur fera ainsi propitiation pour eux, et il leur sera pardonné», ou «il fera propitiation pour son péché», etc., formules qui se retrouvent fréquemment, Lévitique 4:20,26; 5:10,13,18, et qui ne sont cependant pas sans importance; l'acte de poser la main sur la tête de la victime, acte qui, au grand jour des expiations, indiquait positivement la transmission des péchés, Lévitique 16:21, pourrait ne pas avoir eu, dans les autres sacrifices, la même signification, et notre conviction qu'il en était cependant ainsi, n'aurait pas la valeur d'une preuve; enfin la circonstance que, dans certains cas, la victime était regardée comme souillée, ce qui suppose nécessairement qu'elle était chargée des péchés de celui qui l'offrait, n'est pas prouvée pour tous les cas, Exode 29:14. Lévitique 13:46; 16:28, et semblerait même contredite par des passages tels que Lévitique 4:12; 6:27. Nous renonçons à faire usage de ces divers textes, quelque forts qu'ils puissent paraître, et qu'ils soient en effet, parce qu'ils ne sont convaincants que lorsqu'on est déjà convaincu par les déclarations et les faits plus explicites qui suivent, et que nous allons examiner:

Lévitique 17:11. «L'âme de la chair est dans le sang; c'est pourquoi je vous ai ordonné qu'il soit mis sur l'autel, afin de faire propitiation pour vos âmes, car c'est le sang qui fera propitiation pour l'âme.» On ne peut entendre ces paroles de deux manières: elles disent clairement que l'âme de la bête, qui est répandue avec son sang, est offerte au lieu de l'âme du pécheur en propitiation. Il n'est pas même besoin d'insister sur le sens de kipper, expier; le seul parallèle entre l'âme de la chair et vos âmes implique l'idée de substitution, par conséquent d'expiation.

L'effusion du sang de la victime et l'usage qu'on en faisait, prouve que la mort de l'animal n'était pas la seule chose à considérer dans ces sacrifices, comme dans d'autres offrandes où la combustion dés viandes sur l'autel était la chose principale. Or, que pouvaient signifier ces aspersions de sang, sinon que la vie elle-même était dispersée, perdue, jetée loin, et entièrement détruite? l'effusion du sang n'était pas un moyen, celui, par exemple, de tuer l'animal, mais un but; or, elle ne peut avoir été un but que si l'on se représente la vie du pécheur mystiquement unie à celle de l'animal, et anéantie avec elle.

L'idée d'une substitution, la pensée qu'un être pût souffrir et être puni de Dieu à la place d'un autre, se retrouve fréquemment dans l'ancienne alliance, non seulement 2 Samuel 12:15; 24:10; Ésaïe 53:4; Daniel 11:35, surtout 9:26, mais déjà dans la loi de Moïse, à l'occasion du meurtre dont l'auteur restait inconnu, Deutéronome 21:6,8, etc.; puis encore dans la signification symbolique du sacrifice de l'alliance, Jérémie 34:18, dans le rituel du sacrifice du bouc expiatoire, Lévitique 16:21; enfin, Ésaïe 43:3, où le mot de rançon est exprimé par l'hébreu kopher, qui s'emploie si fréquemment lorsqu'il est parlé des sacrifices expiatoires. Le mot hhitteh (expier) est employé avec le régime direct, Genèse 31:39, dans le sens de remplacer, expier une chose, supporter une perte, et c'est le même mot, au même temps, mode et régime, qui est traduit par offrir, Lévitique 6:26 (19) 9:15.

D'autres peuples de l'antiquité étaient encore familiers avec l'idée d'une expiation, que nous estimons avoir été celle que les Hébreux attachaient à leurs sacrifices; Hérodote, Jules César, Ovide, Porphyre, parlent des Égyptiens, des Gaulois, et d'autres nations chez qui une victime, homme ou bête, était censée expier les péchés, et prendre la place de celui qui l'offrait en sacrifice. La même idée se retrouve chez plusieurs peuples sauvages de nos jours, et paraît profondément enracinée dans le cœur humain. Elle a presque partout, et presque toujours, marché de pair avec l'idée de Dieu. On peut consulter, pour les citations, Tholuck, dans Guido et Julius, et pour l'exposition, les sermons de M. Martin sur la Rédemption. Au reste, il est peu de questions qui aient été plus souvent examinées, et qui aient eu l'honneur d'un examen plus profond et plus sérieux, de sorte que la liste des ouvrages à consulter, si nous voulions la donner, serait considérable.

Remarquons enfin que toutes les autres explications qu'on voudra donner du principe et de l'idée des sacrifices sont forcées, obscures et peu naturelles, ainsi que le remarque Winer lui-même, qui ne se pique pourtant guère d'orthodoxie. Michaélis voit dans le sang le principe de la vie, de la sensualité, du péché: l'effusion du sang lui paraît un symbole de la destruction du péché; mais ni l'Ancien ni même le Nouveau Testament, ne justifient une pareille hypothèse. La supposition de Steudel est encore moins soute-nable, et n'aurait pas suffi à faire la réputation de son auteur. Il admet que le principal, dans ces sacrifices, était la réconciliation du pécheur avec Dieu, par le moyen d'une offrande, et que les cérémonies qui entouraient le sacrifice, n'avaient d'autre but que de témoigner le repentir du coupable, et son horreur pour la transgression qu'il avait commise de la loi divine. Klaiber, enfin, est encore au-dessous de ses prédécesseurs: il ne considère que la pureté nécessaire à la bête du sacrifice, et pense que l'offrande d'un animal, sans défaut et sans tache, devait rappeler au pécheur la pureté que la loi exigeait de lui. Ce point de vue, qui s'appliquerait aussi bien à tous les autres sacrifices qu'aux sacrifices pour le péché, a, en outre, le grave inconvénient de ne tenir aucun compte du sacrifice en lui-même, et du rituel qui l'entourait. L'idée d'expiation, de substitution, ne peut donc pas nous paraître devoir être sacrifiée à d'aussi insignifiantes théories, et les passages cités qui l'appuient, puisent, dans le Nouveau Testament, leur dernière et complète justification. Un sacrifice expiatoire, une victime sans tache, offerte en lieu et place des pécheurs, est venue prouver à ceux qui doutaient, que les sacrifices symboliques et typiques de l'ancienne alliance avaient, en effet, une signification expiatoire, et que les victimes représentaient la mort d'une victime, à la place de ceux qui avaient mérité et encouru la condamnation divine.

Les sacrifices du matin et du soir mentionnés Exode 29:38-42; Nombres 28:3-8; Esdras 3:5, étaient un holocauste journalier de deux agneaux d'un an qui étaient offerts, l'un le matin, l'autre le soir, au nom du peuple entier; ce sacrifice était continuel, et n'était supprimé ni les jours de sabbat, ni les jours de grandes fêtes; lorsque d'autres sacrifices étaient présentés, celui-ci prenait place avant eux. Les rabbins ont fixé et multiplié les cérémonies qui accompagnaient ce symbole important du culte juif, et ont fini par n'en plus faire qu'une cérémonie; on voit même (Tamid. 3, 3) que dans le second temple une place particulière était réservée à la partie nord-ouest du bâtiment comme étable des brebis destinées à ces sacrifices.

Quant aux offrandes de purifications, on en a parlé à l'article Pureté. Nous renvoyons de même aux articles spéciaux sus-mentionnés, pour tout ce qu'il y aurait à dire encore sur les sacrifices hébreux, les aspersions, libations, holocaustes, festins, etc.


SADDUCÉENS,


secte juive fréquemment mise en scène dans le Nouveau Testament comme hostile aux pharisiens, mais se liguant avec eux dans une commune hostilité contre l'ennemi commun, Jésus-Christ, qui venait renverser les superstitions des uns et l'incrédulité des autres, Matthieu 3:7; 16:1,6,12; 22:23; Luc 20:27; Actes 4:1; 5:47; 23:7. Ils faisaient dériver leur nom de Tsadoc, disciple d'Antigone de Socho, et l'on prétend que c'est la doctrine de ce dernier qui avait engagé Tsadoc à quitter son école et à se faire chef de secte. Antigone, par un excès de spiritualité, en était venu à exagérer l'amour pur, ou du moins, s'il ne l'avait pas exagéré, il l'avait présenté sous un faux jour: Travaillez, disait-il à ses disciples, travaillez non point comme des serviteurs en vue des récompenses, mais obéissez à Dieu sans vue d'intérêt et sans espérer aucune récompense de vos travaux; que la crainte du Seigneur soit sur vous. Tsadoc, dit-on, en conclut fort à tort, qu'il n'y aurait pas de rétributions dans l'autre monde, par conséquent aussi pas de vie future. Ce qu'on sait des rapports d'Antigone et de Tsadoc est au reste fort confus et ne semble pas justifier cette origine des sadducéens; il est plus probable que ces sectaires, qui se seraient réunis d'une manière beaucoup plus simple et par la seule sympathie de l'incrédulité, auront fini lorsqu'ils auront eu l'idée de se constituer en confrérie, par rechercher un nom célèbre auquel ils pussent se rattacher, et qui pût leur servir de base et de point d'appui; une parole de Tsadoc, interprétée d'une manière favorable à leur système, aura servi de transition entre les fils et le père supposé.

— Les rabbins nous apprennent déjà dans le Talmud qu'Esdras avait ordonné que toutes les prières faites au temple, finissent par la formule «aux siècles des siècles;» il l'aurait fait pour exprimer la foi dans la parole divine qui nous enseigne qu'il y a un monde à venir, et pour protester ainsi publiquement contre certaines doctrines qui tendaient à se glisser dans l'Église juive, renversant l'espérance d'un monde futur et de l'éternité.

— Le mot hébreu tsaddik signifiant juste, quelques-uns ont pensé aussi que le nom de sadducéens pouvait en dériver, et qu'ils avaient choisi les idées morales au lieu des idées religieuses pour leur drapeau. Quoi qu'il en soit, il est probable que les sadducéens ont emprunté leurs principes aux idées philosophiques qui se sont fait jour dans l'Asie antérieure depuis les conquêtes d'Alexandre le Grand; l'existence de la secte des pharisiens a peut-être aussi contribué à provoquer celle des sadducéens; un extrême en provoque un autre; le bigotisme engendre l'incrédulité, et la foi est au milieu, au-dessus de l'un et de l'autre.

Quant à leur doctrine, elle n'avait rien de positif. Ils rejetaient les traditions, ils niaient l'immortalité de l'âme, la résurrection, les rétributions finales, l'existence des esprits, des anges, des démons, etc. Selon eux, la providence divine n'entre pas dans tous les détails de la vie humaine, l'homme ne dépend que de lui-même; on voit que c'est une irréligion complète que représentait cette secte. Le passage de Flavius Josèphe, Archéol. 18, 1, 4, a fait croire qu'ils ne s'attachaient qu'aux cinq livres de Moïse, et qu'ils rejetaient tous les autres livres de l'Ancien Testament; mais comme dans ce passage la foi est opposée aux traditions, il est probable que Flavius Josèphe a voulu désigner tout l'Ancien Testament, la parole écrite, par opposition à la tradition orale; c'est l'opinion d'Olshausen et de Winer, q.v. Il serait difficile, en effet, de comprendre qu'en rejetant des livres aussi respectés des Juifs, et en se plaçant au niveau des Samaritains quant à leur canon, ils eussent été admis à siéger au sanhédrin comme ils le faisaient, Actes 23:6, etc.

Les sadducéens étaient peu nombreux; ils se trouvaient presque exclusivement dans les hautes classes de la société; c'étaient les riches et les puissants, ceux qui étaient contents de ce monde et qui n'en voulaient pas d'autre; c'étaient les esprits forts, les incrédules, qui appartiennent à tous les temps, qui ont été représentés au dernier siècle par l'Encyclopédie, et qui sont représentés de nos jours par les rationalistes de cœur, dans toutes les classes et dans toutes les communions chrétiennes, par ces hommes incrédules, légers, se moquant de tout, tels que toutes les paroisses en présentent un nombre plus ou moins grand. Il est probable que la parabole de Lazare et du mauvais riche, Luc 16:19-31, avait spécialement cette secte en vue. Les sadducéens, du reste, ne formaient pas un corps organisé comme les pharisiens; le bigotisme peut avoir ses confréries, mais il n'y a pas de lien pour les incrédules; ils n'étaient unis que par une identité de principes et de sentiments. Ils disparaissent de l'histoire après la destruction de Jérusalem.

Les ouvrages de Flavius Josèphe, Philon, Reland, Prideaux, Jahn, etc, renferment de nombreux détails sur les sectes juives des pharisiens, des sadducéens et des esséens, et doivent être lus si l'on veut se faire une idée exacte et complète de leurs doctrines et de leur histoire.


SADOC,


un des ancêtres de Joseph, nommé dans la généalogie de Matthieu 1:14; inconnu.


SADRAC,


Daniel 1:7, etc. Un des compagnons de Daniel. Son nom hébreu Hanania (grâce de Dieu, ou donné de Dieu), fut changé en celui de Sadrac qui signifie, selon Bohlen, joyeux sur son chemin. Il eut de la joie en ses voies, parce qu'il marcha fidèlement dans les commandements de Dieu. Son histoire est racontée à l'article Abed-Négo.


SAFRAN.


C'est par ce mot que nos versions, et presque toutes les autres, ont traduit l'hébreu karkom, nommé avec le nard et d'autres plantes aromatiques, Cantique 4:14. On a cru pouvoir entendre le karkom du curcuma ou souchet, sorte de safran indien qui se divise en deux espèces, la longue et la ronde: l'analogie du nom hébreu militerait en faveur de cette traduction. Les feuilles du curcuma sont lancéolées, d'un vert de mer: la corolle a quatre feuilles; des cinq étamines quatre sont stériles; les racines sont charnues, genouillées, intérieurement d'un jaune rouge, et bonnes pour la teinture: la graine est renfermée dans une espèce de capsule à trois loges, à peu près ronde. Cette plante originaire des Indes pouvait être connue en Palestine. Cependant il est hors de doute que le nom de karkom comprenait aussi, à cause de la grande ressemblance des couleurs, la famille du véritable safran, du crocus sativus, et comme cette plante était tout à la fois plus belle et plus connue, c'est elle que tous les anciens interprètes, les Septante, la Vulgate, la version arabe, ont vue dans le passage du Cantique. Le crocus vient naturellement et sans culture en Orient; il abondait dans la vieille Cilicie; on le cultive dans l'Europe méridionale. C'est une plante bulbeuse dont les feuilles sont comme celles de l'herbe; en automne on voit sortir presque immédiatement de l'oignon, une fleur d'un violet mat, de la forme d'un lys, et de la grandeur d'une petite tulipe. Le pistil, qui se trouve au milieu de la fleur, se termine par trois stigmates filandreux très odoriférants, d'une couleur qui varie de l'orange à l'écarlate. Ce sont ces stigmates qui, étant séchés, forment le safran du commerce. Les anciens faisaient un très grand usage de ce produit; ils en composaient des eaux de senteur dont on arrosait les théâtres et les grandes salles, que l'on faisait entrer comme assaisonnement dans certaines nourritures, gâteaux, compotes, etc.: on en faisait même, au dire de Lucain 9, 809, de petites fontaines artificielles. Les parfumeurs en composaient des huiles, des onguents, des pommades; les cuisiniers employaient vigoureusement cette plante dans leurs sauces, les médecins enfin s'en servaient pour leurs malades,

Voir: Pline 21, 81, etc.

— La Vulgate a traduit aussi par safran l'hébreu tholah de Lamentations 4:5, mais,

Voir: Cramoisi.


SAGAN,


Jérémie 52:24,

Voir: Sophonie #3.


SAHALBIM, ou Sahalabbim,


ville de la tribu de Dan, mais qui au commencement de la période des juges, était encore au pouvoir des Amorrhéens, Juges 1:35. Sous Salomon elle apparaît comme appartenant aux Israélites. Eusèbe, et Jérôme qui l'appelle un grand bourg, pensaient en retrouver les restes dans la Salaba de Sébaste.


SAHAPH,


fils de Jadaï, n'est connu que comme fondateur de Madmanna, 1 Chroniques 2:47,49; cf. Josué 15:31.


SAHARAJIM.


  1. Benjamite, descendant d'Ehud; il s'établit sur le territoire de Moab, sans doute après quelques victoires, et y épousa plusieurs femmes, 1 Chroniques 8:8. S'il compte parmi ses ancêtres le juge d'Israël on peut croire que les conquêtes de son aïeul favorisèrent son émigration. La mention qui en est faite est obscure; il paraît qu'il avait répudié deux femmes avant de partir.
     

  2. Ville des plaines de Juda, sur l'histoire et la position de laquelle Eusèbe déjà déclare ne rien savoir; Josué 15:36; 1 Samuel 17:52; 1 Chroniques 4:31.


SAHASGAS,


Esther 2:14, officier du sérail d'Assuérus, chargé de surveiller, dans le second harem, celles des femmes que le monarque avait renvoyées; son service l'appelait ainsi auprès des mécontentes, et de celles qui n'avaient point trouvé de faveur ou dont la faveur était passée; Hégaï, son collègue, était plus heureux, chargé de garder celles qui espéraient encore.


SALA ou Séla,


fils de Caïnan, et petit-fils d'Arpacsad; à l'âge de cent trente, ans il devint père d'Héber, et mourut âgé de quatre cent soixante ans. Il est nommé parmi les ancêtres de notre Seigneur, Luc 3:35; cf. 1 Chroniques 1:18,24; Genèse 10:24; 11:12.


SALAMINE,


Actes 13:5, ville maritime située dans la partie orientale de l'île de Chypre. Elle possédait un bon port, et fut autrefois la résidence de rois puissants. Ruinée par un tremblement de terre, elle fut rétablie au quatrième siècle sous le nom de Constantia, maintenant Constanza. Cette ville n'a de commun que le nom avec l'île de Salamine, qui rappelle la gloire de Thémistocle; cette dernière, patrie de Teucer, le chassa pour n'avoir pas vengé la mort de son frère Ajax, et Teucer, conservant dans l'exil le souvenir de sa patrie, donna le nom de Salamine à la ville nouvelle qu'il fonda en Chypre, et que ses descendants possédèrent pendant plus de huit cents ans. Paul vint à Salamine avec Barnabas, et y convertit Serge Paul.


SALATHIEL,


un des ancêtres de notre Seigneur, nommé dans les deux généalogies de Joseph et de Marie, fils de Jéchonias selon saint Matthieu 1:12, et descendant de David par Salomon; fils de Néri, selon saint Luc 3:27, et descendant de David par Nathan. D'après la manière dont nos versions traduisent 1 Chroniques 3:17, ce passage ne présente pas de difficultés; mais les mots «qui fut emmené en captivité (en hébreu assir), ne peuvent pas être considérés comme un qualificatif de Jéchonias, parce que assir n'est pas lié par l'article au nom propre qui le précède; assir doit être pris comme nom propre, et la tradition des rabbins confirme cette traduction: verset 17. «Et les enfants de Jésonias, Assir; son fils fut Salathiel, verset 18, et Makiram», etc. Assir formerait donc un chaînon de plus dans la généalogie. Une autre raison qui milite en faveur de cette explication, c'est Jérémie 22:30, qui annonce à Jéchonias qu'il n'aura point d'enfants; or, s'il avait eu plusieurs fils, cette prophétie aurait été fausse, tandis qu'elle peut être véritable en lui reconnaissant un seul fils: Jéchonias fut emmené captif dans sa dix-huitième année, avant d'avoir des enfants, 2 Rois 24:15; il resta en prison pendant trente-sept ans, et mourut sans laisser de postérité. Mais ne peut-on pas supposer qu'un de ses parents, Néri de la branche de Nathan, en épousant une de ses femmes, lui ait engendré un fils qui serait Assir, père de Salathiel? Cette hypothèse, si conforme à l'esprit du judaïsme, cf. Deutéronome 25:6, cadrerait parfaitement avec le caractère des deux généalogies, et concilierait leur divergence en ce point, saint Matthieu attribuant toujours le fils à son père légal, même Jésus à Joseph, comme il le fallait pour convaincre les Hébreux, et saint Luc donnant au fils son père réel. Le nom de Salathiel qui se trouve encore Esdras 3:2; Néhémie 12:1; Aggée 1:1, parcourt toute la période de la captivité, depuis Jéchonias avec qui elle commença, jusqu'à Zorobabel sous qui elle finit, et sert à combler le vide que son absence aurait laissé dans les généalogies.


SALCA,


ville, probablement frontière, du royaume de Basan, mais conquise avec le reste du pays par les Israélites, et adjugée à la tribu de Manassé, Deutéronome 3:10,13; Josué 12:5; 13:11. D'après 1 Chroniques 5:11, on pourrait supposer que Salca passa plus tard aux Gadites, mais il est possible aussi que Salca dans ce passage soit entendu exclusivement et non inclusivement. Cette ville existe encore à 7 lieues de Botsra, à la frontière sud-est du Hauran vers le désert, sous le nom de Salkhat, ou Sarkhad; elle est protégée par un fort, bâti sur des rochers de basalte.


SALEM,


un des premiers noms de Jérusalem, la capitale du royaume de Melchisédec,

Voir: ces deux articles.


SALIM,


près d'Énon, Jean 3:23. Plusieurs croient que Salim est l'ancienne Salem où Melchisédec avait régné, et où l'on voyait alors un palais en ruines, qu'on prétendait avoir été celui de ce roi de paix; mais comme on l'a vu ailleurs, Salem est Jérusalem, et Salim ne saurait être confondu avec son presque homonyme. Il est difficile de déterminer où cette ville a dû exister; le voisinage d'Énon, lieu également inconnu, ne peut donner aucune lumière à cet égard: ce devait être à l'ouest du Jourdain, et selon Tholuck, très probablement dans la Judée, ou dans le Ghor supérieur. Eusèbe et Jérôme placent Salim et Énon à environ 8 milles sud de Scythopolis; peut-être est-ce le même endroit dont il est parlé Judith 4:3. Il y avait là beaucoup d'eau (plusieurs ruisseaux).

— Plusieurs noms à peu près semblables sont rapportés dans l'Ancien Testament, l'un comme appartenant à la tribu d'Éphraïm, 1 Samuel 9:4, l'autre comme étant de Juda, Josué 15:32; le nom de Hajin qui le suit pourrait être le Énon du Nouveau Testament.

— Simon Zélotes doit avoir été originaire de Salim.


SALIVE.


Cracher contre quelqu'un, ou à propos de quelqu'un, était déjà, dans la plus haute antiquité, considéré comme une insulte grave, Deutéronome 25:9; Nombres 12:14; Ésaïe 50:6; Matthieu 26:67; le simple acte de cracher en présence de quelqu'un était considéré comme une malhonnêteté, Job 30:10, et un Oriental de nos jours, comme du temps d'Hérodote, (1, 99) ne se permettra jamais une action pareille en présence d'un supérieur, Niebuhr, B. 26, 29; ce n'est point seulement comme le pense Jahn, à cause des beaux tapis qui couvrent la terre ou le plancher, mais par cette pudeur naturelle qui dit à chacun l'inconvenance qu'il y a à se purger d'une sécrétion quelconque en présence de personnes respectées; il pourrait, d'ailleurs, arriver qu'un peu de salive vînt à tomber sur les vêtements et même sur la barbe du voisin, ce qui est pour les Orientaux un affront suprême. La salive d'un homme ayant une maladie impure, rendait impur celui sur qui elle tombait par hasard, Lévitique 15:8, et l'on doit voir dans cette prescription morale une précaution médicale.

— La salive a certaines vertus adoucissantes, surtout celle d'un homme à jeun, qui n'est pas gâtée par le mélange d'odeurs diverses et de particules alimentaires; les animaux guérissent ordinairement leurs plaies en les léchant; la morsure des serpents et des scorpions a été souvent guérie par la salive d'homme à jeun; d'autres maladies, notamment certaines ophthalmies, ont été traitées avec succès au moyen de ce remède si simple et si facile,

Voir: Pline 28, 7, etc.;

mais il ne paraît pas que la salive ait pu guérir de véritables cécités, des maux ayant affecté l'organe visuel dans ce qui constitue sa propriété de vision. Ce que Tacite et Suétone racontent en effet de l'empereur Vespasien (Hist. 4, 81. Vesp. 7), se rapporte probablement à des yeux affectés extérieurement et non point au fond, et quelques faits de ce genre qu'on a découverts plus tard, portent un caractère légendaire qui ne permet pas d'en tirer des conclusions positives. Jésus en guérissant un aveugle-né au moyen de salive mêlée de boue, Jean 9:6, évidemment a fait un miracle, et en a voulu faire un; mais pourquoi s'est-il servi d'un moyen, et d'un moyen qui ne pouvait pas atteindre le but? On a diversement répondu à cette question, et l'on peut comprendre dans le bénéfice de la même réponse d'autres faits analogues, où des moyens extérieurs sont employés pour des guérisons miraculeuses, 2 Rois 4:41; Ésaïe 38:21; Marc 6:13; 7:33. Ces moyens, selon Passavant, auraient été les conducteurs physiques de la force surnaturelle qui agissait. Chrysostôme, Mélanchthon, Calvin, pensent, dans le cas particulier, que le Seigneur voulait éprouver la foi du malade, et voir si, après ce traitement en apparence peu efficace, l'aveugle aurait assez de confiance en lui pour se rendre de la ville à la fontaine de Siloé où sa guérison devait être accomplie; peut-être aussi l'emploi d'un moyen quelconque était-il un point d'appui pour une foi faible encore. Winer enfin pense que Jésus voulait, par cette action, protester une fois de plus contre le légalisme absurde des pharisiens qui défendaient de guérir le jour du sabbat, même au moyen de la salive. Toutes ces explications ont de la valeur, et nous les acceptons, mais nous ne repoussons point aussi absolument que Winer, et comme une absurdité, l'opinion de Johren (de Christo medico) que puisque le corps de Christ était entièrement sain et parfait, les facultés qui dorment ou qui sont émoussées en nous, devaient exister en lui dans toute la plénitude de leur perfection, et que si la salive humaine et animale a quelques vertus médicales, celle du Seigneur devait les posséder toutes, et non altérées.

Luc 16:21. Les chiens ont un grand penchant à lécher les plaies, même les plus dégoûtantes; ils sont représentés léchant les ulcères de Lazare, et, comme la langue du chien est très-fine, son action produit toujours une impression agréable sur le malade, et peut procurer sa guérison. On ne s'étonne pas de trouver un détail de ce genre dans les récits de Luc le médecin.


SALLUM.


  1. Quinzième roi d'Israël, 2 Rois 15:10. Fils de Jabès, il conspira contre Zacharie, le tua, éteignit la dynastie de Jéhu, ceignit sa tête de la couronne, la garda un mois, et la perdit comme il l'avait gagnée: Ménahem le tua, vengea son ancien maître, et lui succéda à son tour. Sallum, pour avoir osé assassiner son prédécesseur en présence de tout le peuple, devait avoir un grand nombre de complices, et avoir préparé de longue main son complot.
     

  2. Mari de Hulda, et garde du vestiaire royal sous Josias, 2 Rois 22:14. Il était peut-être mort lorsque son épouse parut sur la scène.
     

  3. Grand-prêtre de la famille d'Aaron, 1 Chroniques 6:12-13.

    — Ce nom était fort commun.


SALMA, ou Salmon.


  1. Arrière-petit-fils d'Éphrata, et père ou prince de Bethléem, 1 Chroniques 2:51.
     

  2. Salma, 1 Chroniques 2:11, appelé aussi Salmon, Matthieu 1:4; Luc 3:32; Ruth 4:20, était fils de Nahasson; il épousa Rachab de Jérico. Son nom se trouve dans les deux généalogies du Seigneur.


SALMAN, ou Salmanéser,


Osée 10:14, ou Salmanéser, 2 Rois 17:3; 18:9, roi d'Assyrie, successeur de Tiglath-Piléser, et prédécesseur de Sanchérib, contemporain de So, roi d'Égypte, 17:4, fondit sur Israël au temps de Hosée, 729 avant J.-C., le soumit, et se le rendit tributaire; mais Hosée s'étant allié avec l'Égypte, et ayant cru, au bout d'un certain temps, être assez fort pour pouvoir se soustraire au paiement du tribut, Salmanéser revint, assiégea Samarie, la prit au bout de trois ans, dans la neuvième année de Hosée, s'empara de la personne du roi, l'emmena en esclavage avec la plus grande partie de son peuple qu'il dispersa en Assyrie, et mit fin au royaume des Dix tribus. C'est cette catastrophe que prédit Ésaïe, 10:9. Les chapitres 15 et 16 du même prophète, sur les Moabites, et notamment le dernier verset de cet oracle, paraissent également annoncer les combats et les victoires de Salmanéser; Moab était sur le chemin du guerrier qui marchait d'Assyrie en Éphraïm, et tout rend probable que ce fut lui que Dieu chargea d'exécuter ses menaces, et d'accomplir ses prophéties; on n'a, du reste, pas d'autres détails sur ces campagnes. Salmanéser, d'après Ménandre, s'empara encore de la Phénicie, mais échoua contre l'île de Tyr. L'histoire profane a conservé son nom; Osée, 10:14, l'a abrégé.


SALMON,


Voir: Salma.


SALMONE,


Actes 27:7, promontoire de l'île de Crète, au nord-est, vis-à-vis de Gnide ou Rhodes, Strabon 10, 474; aujourd'hui cap Sidéro.


SALOMÉ,


femme de Galilée qui accompagnait, avec d'autres, notre Seigneur dans ses voyages, Marc 15:40; 16:1. Il ressort de la comparaison de ces passages avec Matthieu 27:56, qu'elle était mère de Jacques et de Jean, par conséquent épouse de Zébédée. Les anciens en font une fille de Joseph, le père légal de Jésus; d'autres la tiennent pour l'épouse de ce Joseph auquel elle donna deux filles; d'autres, enfin, la font fille d'un frère du sacrificateur Zacharie, le père de Jean-Baptiste; mais tout cela est incertain. Quoi qu'il en soit de ces dernières données, la première est sûre; elle était mère de Jacques et de Jean; c'est elle qui, avec l'idée d'un règne terrestre du Messie, et voyant les adhérents du roi futur se multiplier autour de lui, douze apôtres d'abord, puis soixante-dix disciples, et d'autres encore, s'empressa de recommander ses deux enfants à la protection particulière du maître, en demandant pour eux les deux meilleures places dans son royaume. D'un mot, Jésus renversa l'échafaudage d'espérances charnelles qu'elle avait élevé dans son cœur, et, lorsqu'elle suivit le Seigneur au lieu du supplice, elle put se convaincre mieux encore qu'en effet son règne n'était pas de ce monde; sa résurrection, dont elle fut témoin lorsqu'elle vint avec ses compagnes pour embaumer le corps, acheva de l'éclairer sur la nature du maître de ses fils, sur son royaume, et sur sa gloire.

— Les prétentions de Salomé, pour n'être pas repoussées comme ridicules, devaient être fondées sur une position sociale plus relevée que celle des autres apôtres, et ce fait tendrait à prouver que Zébédée n'appartenait pas aux classes inférieures de la société. Le secret de cet entretien ne fut pas gardé; car, peu après, on voit les apôtres irrités contre les deux frères, qui avaient assisté à la présomptueuse demande de leur mère, et qui paraissent si bien l'avoir appuyée, que saint Marc, 10:35, la leur attribue, comme si c'étaient eux qui eussent porté la parole. On voit, par l'histoire de Salomé, combien l'amour maternel peut égarer les meilleurs esprits: heureux si l'on peut apprendre avec elle que, pour être grand dans le royaume des cieux, il faut se faire petit à ses yeux!

— Salomé était aussi le nom de la fille d'Hérodias, q.v.


SALOMON,


fils de David et de Bathsébah, le dixième fils de David selon la liste de 1 Chroniques 3:5, et son successeur sur le trône de Juda. Son règne de quarante années va de 1015 à 975 avant J.-C. Son histoire est renfermée dans les onze premiers chapitres du premier livre des Rois, et racontée de nouveau sous un autre point de vue, et avec quelques omissions importantes, 2 Chroniques 1-9. Élève de Nathan, il était appelé au trône par les promesses que Dieu avait faites à David, son père, 2 Samuel 7:12; 1 Chroniques 17:11; Psaumes 132:11; 1 Rois 8:20. Une conspiration ayant pour but de le renverser hâta son couronnement. Il fut présenté au peuple par Nathan, Tsadoc et Bénaja, reçut avec modestie les applaudissements de la multitude, déjoua, par son élévation, le complot qui devait lui ravir la couronne avant qu'elle fût posée sur sa tête, et pardonna à son imprudent et malheureux frère Adonija, n'exigeant de lui qu'un avenir de fidélité pour expiation d'une révolte passée. On suppose que c'est à l'âge d'environ vingt ans qu'il monta sur le trône; Flavius Josèphe ne lui donne que quatorze ans, d'autres encore moins, à cette époque de sa vie.

Des révoltes à peine étouffées, des guerres à peine finies, l'habitude de l'agitation chez le peuple, des haines de famille, des rivalités sacerdotales, voilà ce que le jeune roi trouvait sur le trône à un âge où l'on n'a pas encore d'expérience, et après une éducation qui, en l'éloignant du tourbillon de la vie publique, n'avait pu remplacer pour lui l'expérience. Des troubles politiques et des troubles religieux! Mais le ciel ne resta pas longtemps sombre: les nuages se dissipèrent, et le soleil parut.

Quelques actes énergiques commandés par une sage politique, et par le testament de David, firent connaître au peuple que Salomon régnerait avec justice et fermeté. Joab fut mis à mort comme meurtrier d'Abner et d'Hamasa; Adonija, qui renouvela sous une forme détournée ses prétentions à la couronne, fut puni de mort; Simhi, qui avait enfreint la condition de son salut, fut puni de mort; Abiathar, qui avait trempé dans la conspiration d'Adonija, vit la peine de mort commuée en celle de l'exil, en considération des services qu'il avait rendus à son père; Barzillaï et ses enfants reçurent la récompense de leur fidélité.

— En exerçant ainsi la justice, en montrant qu'il ne s'arrêtait pas au rang du criminel, mais qu'il frappait le crime, quel qu'en fût l'auteur, Salomon affermit le sceptre entre ses mains. Jusque là il n'avait fait que suivre les inspirations de son père, et il avait réussi; il devait apprendre à régner seul. Il assembla le peuple à Gabaon, où était encore le tabernacle, et il y offrit mille holocaustes à la fois, splendide inauguration d'un règne qui devait rétablir et achever de régler le culte. La nuit suivante, Dieu lui apparut en songe, et lui demanda de choisir ce qu'il désirait, grave et solennelle épreuve pour le cœur d'un jeune homme! (On se rappelle involontairement l'épreuve de Paris sur le mont Ida). Salomon répondit par une prière touchante et pleine d'humilité, et, sage, il demanda la sagesse. Il éprouva ce que l'homme a tant de peine à croire, que toutes choses sont données par dessus à celui qui cherche premièrement le royaume des cieux et sa justice, Matthieu 6:33. Dieu lui accorda la sagesse qu'il avait demandée, les richesses et la gloire qu'il n'avait pas demandées. Plein de joie, il revint à Jérusalem achever devant l'arche sainte les sacrifices qu'il avait commencés devant le tabernacle à Gabaon. Il fut bientôt appelé à donner publiquement une preuve de sa sagesse, et l'histoire des deux femmes réclamant l'une et l'autre, comme le leur, un même enfant, est un des plus beaux épisodes de sa vie, une des plus belles et des plus naïves peintures de la vie et des mœurs judiciaires de l'ancien Orient. Bientôt la gloire de Salomon se répandit au dehors; sa puissance s'affermit sur tous les pays compris entre l'Euphrate et le torrent d'Égypte; les trésors affluèrent à Jérusalem. En paix avec tous ses voisins, il vit tout prospérer à l'intérieur: le commerce par terre et par mer se développa considérablement; des vallées furent comblées; Jérusalem fut ceinte de remparts; des palais furent construits; des villes et des villages s'élevèrent et s'agrandirent; Palmyre fut fondée au milieu des déserts vaincus et peuplés; de glorieuses alliances le mirent en contact avec tous les princes de son temps, qui vinrent le visiter et admirer sa sagesse autant que ses trésors; l'argent enfin, et l'or, nous dit l'historien, pour résumer en un mot la splendeur de ce règne, n'étaient pas plus estimés à Jérusalem que les pierres, ni les cèdres du Liban que les figuiers de la plaine.

Le culte de l'Éternel ne pouvait rester oublié au milieu de la prospérité générale; le temple dont David avait conçu le dessein et dont Dieu avait promis l'exécution à Salomon, ne pouvait pas tarder à s'élever et devait éclipser en splendeur tout ce qui avait été fait jusqu'alors. Le moment était venu de fixer l'arche et le tabernacle qui, depuis des siècles, avaient été errants de Silo à Nob, puis à Bahalé, puis à Gabaon, puis à Jérusalem, d'abord chez Hobed-Édom, puis sous une tente élevée par David; le moment était venu de réunir d'une manière stable les divers objets du culte jusqu'alors dispersés, et de donner à la religion juive un centre où le peuple vînt adorer une magnificence qui répondît aux charnelles objections des idolâtres, qui excitât l'esprit charnel des Hébreux indifférents. David avait déjà assemblé les premiers matériaux, 1 Chroniques 22:3; Salomon continua; ses rapports avec le roi de Tyr lui rendirent la tâche plus facile; des ouvriers tyriens et les bois du Liban furent mis à sa disposition; plus de 150,000 hommes travaillèrent à ce grand ouvrage qui, entrepris dans la quatrième année du règne de Salomon, fut entièrement achevé en sept ans et demi. La dédicace du temple eut lieu l'année suivante et dura sept jours, puis vint se confondre avec la fête des tabernacles qui commençait. Une foule immense était venue de toutes les parties du royaume; l'arche fut conduite avec pompe, accompagnée de tous les chefs d'Israël, et déposée solennellement dans le lieu très saint; au moment où le voile qui devait la cacher aux yeux du peuple fut abaissé, la nuée de l'Éternel remplit le temple, et Salomon prononça la magnifique prière de consécration que l'Écriture nous a conservée; après s'être levé il bénit le peuple, le feu du ciel tombe et consume les premiers holocaustes; la nuée sainte se répand dans le temple, et le peuple entier se prosterne comme un seul homme. Pendant cette double fête qui dura deux semaines, les sacrifices, les holocaustes, les chants sacrés continuèrent sans interruption; Jérusalem, ornée de feuillage, embellie par ses nouveaux bâtiments, animée par la présence de ses innombrables hôtes, fut ce jour-là la reine du monde et devait présenter un coup d'œil enchanteur; la chair de 22,000 bœufs et de 120,000 brebis offerts en sacrifices par Salomon, servit aux festins de ces nombreux convives qui remportèrent dans leurs tribus, dans leurs villes et dans leurs campagnes, bien des joies et de bien beaux souvenirs.

L'Éternel apparut alors une seconde fois à Salomon; en lui rappelant les promesses de Gabaon, il lui rappela aussi que sa prospérité dépendrait de sa fidélité. Cet avertissement était nécessaire à ce roi de trente-deux ou trente-trois ans; il était à craindre que tant d'élévation ne lui donnât le vertige. Salomon ne répondit rien. Quelques années heureuses et pures s'écoulèrent encore. Le fils de David avait épousé une Pharaon, convertie sans doute au Dieu d'Israël, mais toujours considérée par le peuple comme une étrangère, et ce fut probablement pour céder à l'opinion publique, peut-être aussi par un scrupule personnel, que Salomon ne permit pas qu'elle habitât la maison de David où l'arche était restée quelque temps. Cette Égyptienne était la reine de l'empire, de préférence aux autres épouses de Salomon, parmi lesquelles on trouve encore plusieurs païennes d'origine, Hammonites, Moabites, Héthiennes, Sidoniennes, etc. Si l'on se rappelle les paroles de Moïse, Deutéronome 23:7, on ne peut s'empêcher de trouver un excès de susceptibilité religieuse soit chez le peuple, soit chez le roi, dans le refus de la laisser habiter la maison de David; et si cet excès vaut mieux que l'excès contraire, il faut avouer aussi que bien souvent l'un sert à cacher l'autre.

La visite de la reine de Séba est la dernière gloire de ce règne, et servit peut-être de transition aux désordres qui en déshonorèrent la fin. On voudrait presque ne lire l'histoire de Salomon que dans le livre des Chroniques qui la termine ici. La prospérité, l'achèvement de ses travaux, le repos perdirent le plus sage des rois; des femmes égarèrent son cœur; il se forma un immense harem, et l'impureté poussa à l'idolâtrie le fils de David, le constructeur du temple, le restaurateur du culte; il consacra aux idoles des hauts lieux que Josias détruisit plus tard, 2 Rois 23:13; ses concubines voulurent rester fidèles à la religion de leurs pères, et chacune sut entraîner le grand roi dans son idolâtrie. Une troisième fois l'Éternel lui apparut, mais ce fut pour lui annoncer la division qui déchirerait son royaume après sa mort; le châtiment ne frappa que lorsque l'heure eut sonné, mais il se fit pressentir; le tonnerre gronda longtemps avant qu'on ne vît tomber la foudre; la révolte bientôt étouffée de Hamath, 2 Chroniques 8:3, appartient sans doute à ces signes qui devaient annoncer la fin d'une paix de quarante années; le retour de Hadad en Idumée, les courses de Rézon en Syrie, 1 Rois 11:14, les oracles d'Ahija, les sourdes menées de Jéroboam, tout grondait, et Salomon dut comprendre que sa gloire était passée. Sa vie ne fut point prolongée ainsi que Dieu le lui avait promis; il mourut âgé d'environ soixante ans, laissant une immense réputation dans tout l'Orient, et rappelant à tous les Israélites pieux que celui qui est debout doit prendre garde qu'il ne tombe.

Quelques observations détachées achèveront de faire comprendre son règne et son histoire.

  1. Le nom de Salomon qui signifie le paisible, le pacifique, était, comme les noms de David et de Saül, parfaitement d'accord avec le caractère et la vie de celui qui le portait; il correspond à l'allemand Friederich. Salomon paraît avoir été d'un naturel tranquille et doux, plus ami de l'éclat que du bruit, des fêtes religieuses que des réjouissances politiques, des études paisibles que des glorieuses aventures; plutôt porté à la clémence qu'à la sévérité; modeste, mais sage et ferme, ayant toutes les qualités qui peuvent assurer à un monarque la conservation de ses frontières, et le calme à l'intérieur. Ses études et ses travaux littéraires furent immenses; outre les Proverbes, l'Ecclésiaste et le Cantique, dont il est parlé en leur place, il a écrit des ouvrages d'histoire naturelle dont la science plus que la foi peut regretter la perte, cinq mille cantiques, ou chants lyriques destinés au culte, dont le psaume 127 et peut-être le 45 ont seuls survécu, enfin trois mille paraboles, fables, apologues ou sentences, dont les unes ont été conservées sans doute dans le recueil des Proverbes, les autres peut-être dans les fables orientales auxquelles Pilpay, puis Ésope, ont plus tard donné leur nom, 1 Rois 4:32. Sa sagesse se montra encore dans ses jugements, et son esprit, ami des luttes pacifiques, dans les jeux d'énigmes auxquels il se livrait avec les rois voisins, comme on le voit par l'histoire de la reine de Séba: la tradition veut même que des correspondances de ce genre entre Hiram et Salomon aient longtemps été conservées dans les archives de la ville de Tyr, et Flavius Josèphe cite à cet égard les assertions de Dion et de Ménandre.
     

  2. La sagesse que Dieu accorda à la demande de Salomon, et qui ne l'empêcha pas de succomber aux plus déplorables tentations, n'était point cette sagesse dont il est parlé Jacques 1:5, c'était purement et simplement la sagesse administrative et gouvernementale; Salomon n'en avait pas demandé davantage, 1 Rois 3:9: c'était une sagesse terrestre qui pouvait être sensuelle et diabolique, Jacques 3:15. Le roi était sage, l'esprit de l'homme pouvait l'être aussi; le cœur ne l'était pas nécessairement, et la splendide histoire de ce règne de quarante ans ne le prouve que trop: Dieu éclaira son esprit, agrandit ses vues, développa son intelligence, remplaça pour lui l'expérience par une profonde sagesse et par une connaissance instinctive des affaires, mais laissa son cœur libre, et ne contraignit sa volonté ni vers le bien, ni vers le mal. On comprend dès lors que le plus sage des rois ait pu devenir le plus faible des hommes, et que l'idolâtrie ait pu s'y glisser pour un temps à la faveur de la volupté. À la sagesse politique Salomon joignait des talents particuliers, et sa facilité naturelle pour apprendre trouva de grands avantages dans les loisirs de la paix, dans les découvertes des voyageurs, dans les rapports qui l'unissaient avec les rois des contrées voisines, dans les produits étrangers que lui apportaient d'année en année ses navires de commerce, et dans les impôts en nature ou dans les cadeaux que les pays tributaires faisaient affluer à sa cour. La richesse vint en aide à la science.
     

  3. Quant au commerce de Salomon, quant aux pays d'Ophir, de Tarsis, et aux produits ou aux objets de ce commerce, on trouvera aux articles spéciaux les détails et éclaircissements nécessaires. Nous croyons seulement que toutes ces belles entreprises furent plus conformes à la sagesse humaine qu'à la sagesse divine; plusieurs étaient positivement contraires au texte de la loi, notamment les amas de chevaux que Salomon faisait venir d'Égypte, et si l'administration sembla d'abord y trouver une source de prospérité, le royaume ne tarda pas à apprendre que ce n'est pas impunément qu'on transgresse les ordres de Dieu. L'industrie vint à la suite du commerce, les arts et métiers fleurirent; les constructions nombreuses entreprises par Salomon favorisèrent le développement de l'architecture, de la sculpture, de l'ébénisterie, de l'orfèvrerie, de la bijouterie, et si les travaux les plus fins et les plus délicats furent d'abord confiés à des étrangers, il est bien probable que ceux-ci laissèrent des élèves, et que l'industrie devint nationale en Israël.
     

  4. Mais l'industrie et le commerce amenèrent le luxe à leur suite, avec le luxe la pauvreté, et des germes de mécontentement: le peuple, destiné à la culture de la terre, voulut imiter la pompe de la cour et du culte; la simplicité des moeurs avait disparu, l'orgueil avait pris sa place, et les murmures de la nation ne furent étouffés que par la grandeur et la puissance d'un roi qui n'avait rien à redouter: à sa mort ils éclatèrent, et les successeurs de Salomon durent comprendre que la sagesse dans l'obéissance eût mieux valu que la simple science de la royauté. Le grand commerce de Salomon ne fut que le prélude de ses autres infidélités, et le commencement de la fin.
     

  5. On a beaucoup discuté, et même plaisanté, à propos des immenses richesses de Salomon, et vraiment il n'en valait pas la peine. Dieu lui avait promis les richesses, il les lui a données par les voies les plus naturelles. Les guerres victorieuses de David avaient rapporté au trésor de riches butins; d'immenses contrées tributaires apportaient chaque année leur offrande à Jérusalem; Israël en paix fécondait ses champs et ses montagnes; aucun fléau, ni guerre, ni armée, ni sécheresse, ni famine, ne forçait une année à nourrir l'année suivante, et chacun jouissait en plein de son revenu du moment; tous les bras étaient occupés; les travaux étant nombreux, le salaire était suffisant, les vivres étaient à la portée de tous, et il n'en faudrait pas davantage à nos nations modernes pour qu'elles s'estimassent heureuses et prospères. Or Salomon avait davantage encore; et le commerce qui fit seul la richesse de l'Espagne et du Portugal il y a quelques siècles, le commerce qui place l'Angleterre et les États-Unis à la tête des peuples modernes, le commerce vint faire regorger de ses riches produits les coffres déjà pleins de Jérusalem. Toutes ces causes de prospérité font paraître, non point ordinaire sans doute, mais bien naturel, un état de choses qui paraît au premier abord presque merveilleux, et la seule chose dont on s'étonne, c'est qu'on ait pu être étonné de cet assemblage de richesses dont l'absence seule, en d'aussi propices circonstances, aurait le droit de surprendre. Ajoutons, et ce sera peut-être une restriction, que c'est le roi et non point le royaume qui profitait directement de ces richesses; les sujets n'en subissaient, que l'heureux contre-coup, leur abondance n'était que le reflet de la prospérité du monarque. Salomon avait le bénéfice de tous les transits, le monopole de tous les commerces; rien ne se faisait qu'en régie, et l'Orient ancien n'est à cet égard encore que le frère aîné de l'Orient moderne, où la cour est plus que l'État. La liste civile en provisions de bouche pour chaque jour était considérable, 1 Rois 4:22, et douze commissaires, établis sur autant de districts, avaient tour-à-tour à pourvoir aux besoins de la table royale; la vaisselle d'or abondait, et absorbait une partie des capitaux nationaux; le vestiaire ne le cédait en rien en magnificence aux splendeurs de la table et à la richesse des appartements et du trône; un sérail, composé en grande partie de femmes étrangères, représentait au sein de l'État un État privilégié qui dépensait sans rien produire. Le peuple, de son côté, contribuait à donner de l'éclat au trône, et s'il en recevait quelque bien, il lui donnait cependant davantage; les impôts et les corvées fournissaient à bien des besoins, mais n'enrichissaient que le roi; le peuple était épuisé, 1 Chroniques 29:6, et il finit par le montrer.

    — S'il restait encore des doutes sur les énormes richesses dont pouvait disposer le fils de David, ils devront céder devant une considération qui n'est pas une preuve, et qui peut être davantage: ces richesses sont de notoriété publique; Salomon a laissé dans tout l'Orient la réputation du plus riche des rois, et des réputations de ce genre ne s'usurpent jamais.
     

  6. On verra, à l'article Temple, ce qu'il y a à dire sur le matériel de cette construction. Bornons-nous pour le moment à une observation. Le temple qui dans l'idée de David devait être un hommage de plus rendu à l'Éternel, qui pour Salomon était tout à la fois un acte de piété et un acte de splendeur, n'a pas rendu de grands services à la religion; il l'a plus centralisée, il l'a rendue encore plus nationale qu'elle n'était auparavant, mais il l'a matérialisée, fixée, figée; il en a fait un opus operatum; on a rendu À ses ornements plus d'honneur qu'à la simplicité du tabernacle du désert, et plusieurs se sont fiés sur des paroles trompeuses, en disant: C'est ici le temple de l'Éternel, le temple de l'Éternel, le temple de l'Éternel! Jérémie 7:4. Il semble que le judaïsme déjà, et par les deux plus grands de ses rois, ait dû protester contre le culte des formes. Les Juifs avançaient assez lentement dans les voies de la piété, retenus qu'ils étaient par la pesanteur de leur sensualisme, sans qu'il fût nécessaire de les rattacher encore à la matière, et ce que Salomon fit pour l'extérieur du culte, il le fit au détriment du culte intérieur; il ne fut pas le dernier à en faire l'expérience personnelle. L'autorisation que Dieu donna à l'érection d'un temple n'est pas une approbation, c'est à peine un consentement; il dit à David: je n'en ai pas besoin, ton fils me bâtira une maison. Il semble protester pour sa part, constater un fait, et en laisser l'auteur entièrement responsable.
     

  7. La visite de la reine de Séba est mentionnée avec une sorte d'éclat au milieu de toutes les autres visites qui furent faites à Salomon. Les offrandes qu'elle apportait, la beauté et la grandeur de son cortège, son admiration pour la science et l'esprit du roi hébreu, sont rapportés avec complaisance; ses discours semblent annoncer qu'elle était digne de l'hôte qu'elle venait admirer. Notre Seigneur, en la louant de ce qu'elle avait fait, Matthieu 12:42; Luc 11:31, blâme les Juifs de ne pas pressentir le roi de gloire, la sagesse éternelle qui est au milieu d'eux.

    — Une tradition éthiopienne porte que la reine de Séba eut de Salomon un fils, Méniléhek, duquel les rois actuels d'Abyssinie prétendent encore descendre en ligne directe,

    Voir: Sheba.
     

  8. La relation des Chroniques est en général plus courte que celle des Rois, et elle supprime certains détails qui ne manquent pas d'importance, notamment la chute et l'idolâtrie de Salomon, et les exécutions qui inaugurèrent son règne. Le plan particulier de ces deux livres explique ces différences, et en explique d'autres encore: les Rois racontent, ainsi que leur litre l'indique, l'histoire des rois; les Chroniques racontent davantage l'histoire du royaume théocratique. Plusieurs actes de Salomon, sa chute entre autres, furent des actes personnels, et c'est moins pour ménager sa gloire que pour s'en tenir à ce qu'exigeait leur plan, que les Chroniques ont passé sous silence des faits, instructifs sans doute comme histoire d'un individu, mais presque sans relation avec l'histoire du royaume. Si l'on se rappelle ensuite que les Rois sont l'histoire des prophètes et, pour ainsi dire, du culte libre, et que les Chroniques nous racontent l'histoire dans ses rapports avec le culte lévitique, national, on comprendra certaines autres variantes, omissions, ou additions, telles que 2 Chroniques 2:17; cf. 1 Rois 5:13; 2 Chroniques 5:11-14; cf. 1 Rois 8:10; 2 Chroniques 8:12; cf. 1 Rois 9:25. La conciliation de quelques autres différences, ou le jugement à porter sur leur nature, n'appartient pas à notre travail; c'est l'affaire des commentaires.
     

  9. Que Salomon soit revenu de ses égarements avant de mourir, c'est ce qui ne nous laisse pas l'ombre d'un doute, mais le récit biblique se tait sur ce point. Le fils de David, le constructeur du temple, l'auteur de trois des livres du canon, ne saurait être un réprouvé; il a pu tomber, mais il a dû se relever, et si la réprobation pesait sur lui le livre des Chroniques ne nous laisserait pas sous l'impression de sa fidélité: ce n'est même que parce qu'il s'est repenti que l'auteur des Chroniques a pu passer sa chute sous silence. Une Chute n'était qu'un fait, une apostasie finale eût modifié, ou plutôt changé complètement le jugement que l'histoire doit porter sur ce monarque; et si Dieu l'a jugé digne de lui dénoncer lui-même les châtiments qui fondraient sur son royaume, c'est que Dieu ne le rejetait point; il est d'ailleurs probable que cette vision, et les troubles de ses derniers jours, furent le moyen dont Dieu se servit pour le ramener à lui.
     

  10. La tradition et les légendes se sont emparées de cette vie si riche et si grande, et l'Orient chante encore Salomon: nous n'avons pas à nous en occuper; le seul fait à signaler est la durée de quatre-vingts ans que Flavius Josèphe donne à ce règne; en faisant mourir Salomon à quatre-vingt-quatorze ans, il en fait une sorte de Louis XIV, moins les guerres et les persécutions religieuses.
     

  11. Le nom de Salomon est souvent rappelé dans l'histoire de ses successeurs, ou à propos du temple et du culte. En dehors des livres historiques de l'Ancien Testament, on le trouve Psaumes 72:1; Jérémie 52:20; Néhémie 13:26; Matthieu 6:29; 12:42; Luc 11:31; 12:27; Jean 10:23; Actes 3:11; 5:12; 7:47, et il est à remarquer que dans tous ceux de ces passages où il sert de terme de comparaison, il est nommé avec défaveur et comme terme inférieur.

Le parallèle suivant complétera ce qui a été dit ailleurs du caractère de ce monarque, et contribuera à jeter du jour sur sa vie, sa philosophie et ses récits. Une étude profonde du sujet, et une intelligence parfaite du sens hébreu, ont seules pu inspirer à M. F. de Rougemont ce remarquable fragment. «David et Salomon s'expliquent l'un l'autre par l'opposition de leurs caractères. Le premier est un homme pratique dont la vie agitée est pleine de faits intéressants; Je second est un homme théorique, et ses jours s'écoulent uniformes et tranquilles en un temps de paix. Le premier a la conscience très délicate et le cœur droit et sincère, il sent vivement et ses péchés et les grâces que Dieu lui a faites, et il exprime avec une extrême vérité toutes ses impressions personnelles; le second a plus d'intelligence que de sens moral, il généralise ses expériences intimes, et trouve une vérité et une sentence où son père n'aurait vu qu'un sentiment individuel. David parle dans ses Psaumes au nom de tous les fidèles et même du Messie, parce qu'il est par son cœur intimement lié au grand corps de l'Église; Salomon reste plus en dehors de cette sainte communauté, et lui apporte bien moins son cœur que ses écrits, où il a consigné des vérités générales. La foi et la sainteté sont le tout de David; Salomon est en outre savant, philosophe, poète, il est le seul artiste et le seul littérateur du peuple hébreu. David possède les choses seules nécessaires et concentre sur elles toute son âme; Salomon embrasse par sa pensée une sphère beaucoup plus vaste, il aime tout ce qui est profond, sublime, mystérieux, grandiose. Ce contraste entre David et son fils se reproduit fréquemment dans l'histoire; un prince d'un génie excentrique remplace sur le trône son père, homme pratique et sage; à Philippe de Macédoine succède Alexandre le Grand; à Pépin, Charles le Grand; à Henri l'Oiseleur, Otton le Grand; à Louis XIII, Louis le Grand.

«La Bible nous donne elle-même la clef du caractère de Salomon, comme elle le fait au reste pour la plupart de ses principaux personnages. Hénoch (ou Énoch) marchait avec Dieu, Genèse 5:22, nous dit-elle; Élie se tenait devant le Seigneur, 1 Rois 17:1; Abraham croyait en l'Éternel, Genèse 15, Romains 4:3; David était un homme selon le cœur de Dieu, Actes 13:22; le cœur d'Assa était droit devant l'Éternel, 1 Rois 15:14. De Salomon, que l'Éternel aima dès son enfance, 2 Samuel 12:24-25, il est dit qu'il aimait l'Éternel, 1 Rois 3:3; nul autre homme n'a reçu dans l'Ancien Testament un semblable témoignage.

Salomon se place près de saint Jean, comme David près de saint Paul. Saint Jean est le représentant de la vraie mystique chrétienne, et les notions de la vie, de l'amour et de la parole occupent chez lui une place beaucoup plus grande que chez les autres auteurs du Nouveau Testament. Ainsi Salomon donne au mot de vie (ζωή) le même sens profond que l'Apôtre; il a, le premier, exposé les relations de l'âme avec Dieu sous celles de l'épouse avec son époux, et c'est lui qui, seul d'entre tous les écrivains de l'Ancienne Alliance, nous parle de la sagesse qui est de toute éternité auprès de Dieu.

Mais Salomon ne fut pas dans sa vie tout ce qu'il est dans ses écrits inspirés, et nous ne devons pas entendre par cet amour qu'il avait pour Dieu dès le commencement de son règne, celui qui s'appuie sur l'expérience du pardon et du salut, et qui procède tout entier de l'esprit de Dieu, Psaumes 116; 18:1. Il y avait certainement dans ce sentiment de Salomon un élément naturel et terrestre, et nous le compterions parmi ces âmes qu'un penchant inné entraîne vers les choses invisibles, et qui, si Dieu ne les garde, se précipitent dans ce faux mysticisme qui est de toutes les contrées et de tous les siècles. Salomon aura été préservé de cet écueil par le caractère éminemment pratique et positif de la religion mosaïque et du peuple hébreu, et par l'éducation pieuse qu'enfant, il avait reçue de son père et de sa mère, Proverbes 4:3.

Mais le fanatisme n'est point l'unique écueil contre lequel viennent se briser ces âmes exaltées; elles doivent se tenir en garde de la volupté autant que de l'exaltation; et Salomon, dans sa longue prospérité, se laissa séduire par ses femmes, auxquelles il s'était attaché avec passion, 1 Rois 11:2; l'amour terrestre lui fit oublier l'amour divin et le plongea dans l'idolâtrie...

Aimer Dieu, c'est le connaître, et la science religieuse est sœur de l'amour divin; dans l'histoire des religions, les mystiques donnent la main aux gnostiques. Ainsi, Salomon pénètre plus avant que ne l'a fait aucun autre Israélite, dans les mystères divins, et Dieu lui accorde de nouvelles révélations qu'il nous a laissées par écrit. Ses regards d'aigle ont entrevu, comme à travers un voile épais, le Dieu un et triple, qui a laissé pénétrer dans son âme un rayon de sa gloire, Proverbes 8. Les scènes énigmatiques d'Éden ont occupé longtemps sa haute intelligence; il a reconnu que le péché ne vient pas de Dieu et qu'il ne régnera pas toujours dans le monde, Ecclésiaste 3:11; 7:29, et l'expression figurée de l'arbre de vie lui est familière, Proverbes 3:18; 11:30; 13:12; 15:4, tandis qu'elle ne se retrouve nulle part ailleurs dans l'Ancien Testament et qu'elle ne reparaît que dans un écrit de saint Jean, l'Apocalypse. Salomon a saisi la vie spirituelle du fidèle comme un progrès lent et régulier, et il la compare tantôt à un chemin qu'on parcourt avec plus ou moins de rapidité, tantôt à la lumière du jour qui, pale et faible d'abord, grandit et brille d'un éclat toujours plus vif et plus pur jusqu'à sa perfection, Proverbes 4:18. La nature-même a été l'objet de ses méditations religieuses.

Cependant la science des choses divines n'exclut point chez le fidèle celle de l'homme; saint Jean le prouve aussi bien que Salomon. Dans les écrits du premier, la communion habituelle de l'âme avec Dieu est inséparable d'une vie sainte et d'une charité active, et les hommes se divisent en deux classes uniques: les enfants de Dieu et les enfants du diable. Le second ne s'élève sans doute pas à une telle hauteur, mais il sait poursuivre la sagesse dans ses applications les plus diverses, et ce qui nous a été conservé de ses trois milles sentences ou proverbes, atteste une profonde étude du cœur humain...

«Poète de premier ordre, théologien mystique, moraliste ingénieux, savant naturaliste, habile homme d'État, même heureux guerrier, tel était Salomon, l'un de ces rares génies qui excellent dans les choses les plus diverses et embrassent toutes les sphères de l'activité humaine.»


SALUT, salutation,


Voir: Politesse.


SAMARIE,


en hébreu Schomrôn, en caldéen Schomraym.

  1. Ville du centre de la Palestine, située sur le plateau d'une colline et entourée de montagnes plus élevées, 1 Rois 16:24, noble situation pour une ville royale: isolée, la colline de Sa-marie, haute de 135 mètres environ, ressemble à une citadelle qu'entoure un large fossé; escarpée, elle est cependant pourvue d'eau, et dut sans doute, aux avantages de sa situation, l'honneur d'être choisie pour capitale d'Israël et de le rester malgré plusieurs changements de dynastie. Samarie, conservant le nom de Semer son premier possesseur, fut bâtie par Homri roi d'Israël (928 avant J.-C.) qui, après avoir encore habité six ans la ville de Tirtsa, après que le palais en eut été brûlé, changea de résidence, et passa les six dernières années de son règne à Samarie, cf. 1 Rois 16:29; 20:1,43; 21:1; 22:10,37. Cette ville fut à diverses reprises le siège principal du culte de Bahal en Éphraïm, 1 Rois 16:31; cf. 2 Rois 10:18; Jérémie 23:13. Comme capitale du royaume des dix tribus, elle est souvent opposée à Jérusalem dans les oracles des prophètes, Ézéchiel 16:46; Amos 6:1; Michée 1:1. Elle fut assiégée par les Syriens sous Achab et sous Joram, et prise enfin par les Assyriens sous la conduite de Salmanéser, après un siège de trois ans, 1 Rois 20, 2 Rois 6:7, 17 et 18, (721 ou 722 avant J.-C.), puis peuplée comme les autres villes d'Israël par des colons étrangers, 2 Rois 17:24; Esdras 4:10. Dans les temps qui suivirent l'exil, Samarie était encore une ville forte; Jean Hyrcan la prit après un blocus d'un an, et la détruisit. Son territoire, au temps d'Alexandre, appartenait encore aux Juifs: le général romain Gabinius releva la ville, Pompée la donna à la Syrie, et Gabinius acheva de la fortifier; l'empereur Auguste la donna à Hérode le Grand, qui l'embellit, y mit une garnison de vétérans, la fortifia encore, et lui donna en l'honneur de son maître le nom de Sébaste (Augusta), qu'elle a conservé dans ses ruines sous la forme altérée de Subuste (Maundrell, Buckingham, Keith, p. 214, etc.). La prospérité naissante de Sichem (Néapolis) porta le dernier coup à l'existence de Sébaste qui ne fit que dépérir; on ne trouve plus sur l'emplacement de l'ancienne capitale des dix tribus qu'un petit village tout à fait insignifiant, auquel Clarke et d'autres voyageurs refusent même l'honneur d'occuper la place de l'ancienne Samarie, qu'ils croient être à quelques lieues delà, à Santorri ou Sanhûr, où l'on voit encore les ruines d'un vieux château.

    — Les prophéties sont accomplies, et lorsque tant d'autres villes conservent encore quelque chose d'imposant dans leurs ruines, Samarie n'est plus qu'un monceau de pierres dans les champs, Michée 1:6; ses ruines mêmes ont été démolies dans l'intérêt de l'agriculture, ses pierres ont été précipitées dans la vallée et entourent le tronc des oliviers; ses fondements ont été découverts, et les débris d'une église grecque s'élèvent sur les fondements ruinés et découverts d'un des monuments de l'ancienne Samarie.

    — Une vieille tradition fort incertaine, portant que Jean-Baptiste a été décapité (!) ou du moins enterré à Samarie, il va sans dire qu'on lui a fait un tombeau et une église; vingt et une marches conduisent le voyageur dans le caveau qui contient cinq niches funéraires.
     

  2. Comme capitale du pays, Samarie donna bientôt son nom à la contrée qui l'environnait; on dit: les montagnes et les villes de Samarie, avant de penser à faire de Samarie le nom de la contrée, et les prophètes, considérant la capitale comme le représentant de l'idolâtrie qui avait envahi Israël, contribuèrent pour leur part à étendre le nom de Samarie au pays tout entier, 1 Rois 13:32; 2 Rois 17:26; 23:19; Jérémie 31:5; Ézéchiel 16:51; 23:4; Osée 7:1; 8:5; Amos 3:9; Michée 1:5. L'expression: champs de Samarie, ou territoire de Samarie, se présente pour la première fois Abdias 19, comme désignant d'une manière positive et claire, le pays sous le nom de sa capitale; plus tard cet usage gagna naturellement du terrain, d'autant plus qu'il n'y avait pas d'autre nom convenable pour désigner cette contrée, les anciens noms ayant perdu leur valeur, ou ne rappelant plus que de tristes souvenirs. C'est dans les apocryphes, 1 Maccabées 10:30; 11:28, que le nom de Samarie commence à être employé pour désigner le pays habité par les Samaritains, en opposition à la Judée et à la Galilée; ce pays intermédiaire qui s'étendait de la mer au Jourdain et qui était l'un des plus riches de la Palestine, fut constitué en province par les rois de Syrie, et comprenait le territoire d'Éphraïm, celui de Manassé occidental et la partie sud-est d'Issacar; ses villes principales étaient Samarie, Sichem, Sunem, Éphraïm, Timnath-Sérah, Silo, etc. Césarée, qui appartenait au territoire de Samarie, était cependant une résidence des gouverneurs de la Judée,

    Voir: Flavius Josèphe, G, des Juifs 3, 3; 4.

    Le nom de cette province apparaît fréquemment dans le Nouveau Testament. Jésus la visita, et l'Évangile y fut annoncé par Philippe, Luc 17:11; Jean 4:4; Actes 1:8; 8:1; 9:31; 15:3.


SAMARITAINS.


Nom sous lequel furent généralement désignés, après l'exil, les habitants du centre de la Palestine, de la Samarie, soit qu'ils fussent entièrement d'origine païenne, comme le pense Hengstenberg, soit qu'ils descendissent, par des mariages mixtes, des colons assyriens transplantés sur le sol d'Israël, et des misérables Juifs que Salmanéser avait laissés dans leur pays, ne jugeant pas qu'il valût la peine de les transporter, 2 Rois 17:24-29. Au fond, et quels que fussent leurs rapports de consanguinité avec les Juifs, les Samaritains furent païens dès le principe, et le restèrent longtemps; l'historien sacré pense si peu à en faire des Juifs, ou même des demi-Juifs, qu'il insiste sur la nature et la spécialité des dieux qu'ils adoraient, distinguant leurs dieux les uns des autres: Jéhovah, qu'ils adorèrent aussi, ne fut pour eux qu'un dieu de plus, le dieu du pays, et ils n'eurent garde de lui manquer, mais voilà tout. Lorsque les Juifs revinrent de la captivité, les Samaritains leur offrirent de rebâtir le temple, la ville et les murs de Jérusalem, de concert avec eux; mais Zorobabel et Jésuah, se souvenant que Dieu n'aime pas les cœurs partagés, rejetèrent leur demande; irrités et blessés de ce refus, ils s'opposèrent dès lors, de toutes leurs forces, à la construction du nouveau temple, et réussirent, par leurs délations et leurs calomnies, à faire interrompre les travaux jusqu'en la deuxième année de Darius Hystape, 250 avant J.-C., Esdras 4, Néhémie 4. Néhémie sut briser les obstacles qu'ils accumulèrent sur sa route. Mais ces luttes eurent pour résultat d'aigrir toujours plus l'une contre l'autre deux populations qui n'avaient déjà pas trop déraisons pour se voir d'un bon œil, et l'irritation finit par une scission complète, politique et religieuse. Les Samaritains élevèrent sur le mont Guérizim, près de Sichem, un temple rival de celui de Jérusalem, et y établirent leur culte: ce fut au temps d'Alexandre le Grand. Manassé, frère du souverain sacrificateur Jaddæus, ayant épousé la fille de Samballat, le gouverneur persan, se retira dans la Samarie avec un grand nombre de Juifs qui avaient, comme lui, épousé des femmes païennes au mépris de la loi de Moïse, et qui refusaient de s'en séparer; avec la permission d'Alexandre, ils bâtirent leur temple, et Manassé en devint le premier prêtre; c'est peut-être de lui qu'il est question Néhémie 13:28, quoique son nom ne soit pas indiqué. Dès lors la haine nationale s'accrut au point qu'il n'y eut plus, entre les Juifs et les Samaritains, aucune communication, Ecclésiastique 80:26-27. Une malédiction prononcée publiquement à Jérusalem contre ces derniers, interdit aux Juifs toute relation avec eux, déclara aussi impures que la chair du porc toutes les productions de leur pays (nam quicumque comedit buccellam samaritanam, est ac si comedat carnem porcinam), et leur refusa même le droit dont jouissaient tous les autres peuples païens, d'embrasser, en qualité de prosélytes, la religion judaïque.

Voir: Jean 4:9:27.

Le nom de Samaritain devint, parmi les Juifs, une injure (8:48), et l'on voit des Samaritains refuser de recevoir Jésus, parce qu'il se rendait à Jérusalem pour y faire la pâque, Luc 9:52-56. Notre Seigneur, par ses actes, a protesté contre ces haines nationales, quelque justifiées qu'elles pussent paraître, et, non seulement il a accepté l'hospitalité que lui offrirent des Samaritains dont la foi le reconnaissait pour le Sauveur du monde, Jean 4:40,42, mais il avait auparavant envoyé chez eux ses disciples pour acheter des vivres, verset 8.

— Sous Alexandre, les Samaritains, avec Sichem, leur capitale, furent sujets macédoniens; à sa mort, ils partagèrent le sort du reste de la Palestine, mais esquivèrent, sous Antiochus Épiphanes, les mauvais traitements de la domination syrienne, en consacrant leur temple à Jupiter Hellénius. Plus tard, le roi juif Jean Hyrcan s'empara de la Samarie, prit Sichem, détruisit le temple qui subsistait depuis deux siècles, et finit par démolir la ville même de Samarie. Sous le roi juif Alexandre, la Samarie fut de nouveau le théâtre de la guerre: elle retomba au pouvoir des Juifs jusqu'au moment où Pompée vint rétablir l'indépendance des Samaritains. Cette période romaine ne fut pas plus favorable à l'une qu'à l'autre des deux nationalités; la Samarie devint une province du royaume d'Hérode, qui en rétablit la capitale, et la peupla de soldats. Pendant les dix années suivantes, elle appartint à Archélaüs, puis fut donnée à la Syrie. Sujets immédiats de Rome, les Samaritains eurent quelquefois l'occasion d'éprouver la dureté de leurs chefs provinciaux; mais il faut avouer aussi qu'ils surent la mériter. Claude ne fit des Juifs et des Samaritains qu'un lot, qu'il adjugea à Hérode Agrippa, que Caligula avait déjà établi roi sur le nord de la Palestine. Ces rapports ne durèrent que peu d'années, et la Samarie, séparée de la Judée, fut associée dans son histoire aux autres provinces romaines de l'Asie antérieure.

Depuis la destruction du temple des Samaritains, la montagne de Guérizim, sur laquelle ils l'avaient bâti, continua d'être pour eux un lieu saint, le centre de leur culte, bien qu'ils possédassent, en d'autres endroits, des maisons de prières: ils avaient abandonné le culte des faux dieux, ils adoraient l'Éternel, mais ils ne le connaissaient pas. Comme les Juifs, ils attendaient le Messie, et Jésus a trouvé parmi eux beaucoup de personnes bien disposées, Jean 4, Luc 17:11-20. On pourrait presque conclure de quelques-uns de ces passages,

Voir: surtout Luc 10:33,

que la haine nationale était moins forte chez eux que chez les Juifs, et que les intolérantes mesures de ces derniers continuaient seules à maintenir entre les deux peuples une barrière que les Samaritains auraient aimé à voir tomber. La principale erreur théologique que les Juifs leur reprochaient, c'était le rejet de tous les livres canoniques de l'Ancien Testament, à l'exception de la loi. Les Samaritains ne recevaient, en effet, que le Pentateuque; ils rejetaient tout le reste, et surtout, ce que les pharisiens ne pouvaient leur pardonner, ils rejetaient les traditions rabbiniques. En tout cas, ils s'attachaient avec conscience à l'observation de ce qu'ils connaissaient de la loi divine, et ce qu'ils y ajoutèrent quelquefois ne peut être considéré que comme une interprétation spirituelle des passages de leur livre. Ils furent les premiers, après les Juifs, à recevoir l'Évangile, et l'on reconnaît en eux, à l'époque de Jésus, un peuple qui, dans le sentiment de sa misère, éprouvant le besoin d'un réparateur, cherche le remède à ses maux auprès des magiciens et des faux prophètes, avant que de le trouver auprès de celui qui est la vraie puissance de Dieu, Actes 8, et 9.

Les Samaritains prirent les armes avec les Juifs contre Vespasien. Sous Justinien, ils persécutèrent les chrétiens de la manière la plus cruelle. Plus tard, ils furent dispersés dans plusieurs villes de la Palestine. De nos jours, ils sont fort peu nombreux; leur secte compte environ cent cinquante adhérents à Sichem, quelques familles à Jaffa, qui se distinguent par une vie paisible et exemplaire. Ils observent la loi mosaïque plus fidèlement même que les Juifs, célèbrent annuellement le sacrifice de la pâque dans leur temple ou sur le mont Guérizim, et ont un souverain pontife qui descend, à ce qu'ils assurent, de Manassé. Leur physionomie n'est pas juive. Autour d'eux, des mahométans sont établis comme maîtres du territoire; protégés par leurs montagnes escarpées et leurs étroits défilés, vivant dans des bourgs situés comme des forteresses sur le sommet des collines, ils sont plus à l'abri des incursions des Arabes que les habitants d'aucune autre partie de la Palestine, et ils jouissent, ainsi que les Druzes et les Maronites dans les hautes vallées du Liban, d'une grande liberté politique. Ils se distinguent par leur amour de l'indépendance, sont toujours armés dans les campagnes, n'obéissent qu'à la force, et sont constamment prêts à se révolter contre les pachas. Sichem, en particulier, forme, avec une centaine de villages voisins, un petit état qui est gouverné par ses propres chefs, et qui peut mettre sur pied une armée de 6,000 hommes. Leur riante et fertile contrée est trois fois plus peuplée que la Judée; elle possède 900 habitants par lieue carrée, autant que le Liban. Enfin, ils sont aussi intolérants que l'étaient leurs prédécesseurs au temps de Jésus-Christ, et ils ne souffrent pas aisément des Juifs et des chrétiens parmi eux (Bræm, traduction Rougemont). On trouve dans les Juifs d'Europe et de Palestine, par Keith, Black, etc., pag. 197-214, d'intéressants détails sur la Samarie et ses habitants; la visite des pieux voyageurs à la synagogue de Sichem, et quelques détails sur le Pentateuque samaritain qui leur fut montré, et qu'on leur dit avoir été écrit, il y a 3,600 ans, par Abisuah, fils de Phinées, méritent particulièrement d'être lus. La langue dans laquelle est écrit ce vieux monument de leur foi, est un dialecte qui tient le milieu entre l'hébreu et l'araméen, et qui trahit par la présence de mots assyriens que les grammairiens désignent sous le nom de cuthéens, une origine moins ancienne que celle qu'on se plaît à leur assigner. Ce Pentateuque, quelle que soit son antiquité, ne saurait être plus ancien que les Samaritains eux-mêmes, et remonte tout au plus au retour de l'exil.


SAMBALLAT,


Néhémie 2, 4, 6, 13; païen moabite, natif d'Horonajim, un des chefs des colonies samaritaines. II s'est fait connaître des Juifs par tout le mal qu'il a cherché à leur faire sans y réussir, et par le courage qu'il a eu de contracter une alliance de famille avec ceux qu'il avait essayé de persécuter. Il a joué, sous Néhémie, le même rôle que Réhum sous Zorobabel. Il a voulu s'opposer à la reconstruction des murailles de Jérusalem; menaces, ruses, diplomatie, tentative de meurtre sur la personne de Néhémie, rodomontades, conseils, levée de troupes, il a tout essayé, mais il a toujours échoué contre la sagesse, la fermeté, la prudence, et la vigilance du prophète-gouverneur. Pour en finir, il donna sa fille en mariage à un petit-fils du grand prêtre Éliasib, ne doutant pas qu'une union aussi mal assortie ne causât de la peine à son triomphant ennemi. La ressemblance du nom, et quelques détails de son histoire, ont fait croire que ce Samballat est le même qui obtint d'Alexandre le droit de faire bâtir un temple pour les Samaritains; il n'y a qu'une objection contre cette identité de personne, mais elle est sérieuse: c'est qu'il est peu probable que l'ennemi de Néhémie ait vécu jusqu'aux jours d'Alexandre le Grand.


SAMGAR,


Juges 3:31; 5:6 (1305 avant J.-C.), troisième juge d'Israël, n'exerça probablement son ministère que dans la partie occidentale et méridionale du pays; il n'est connu que par le seul fait qu'il tua ou défit 600 Philistins avec un aiguillon à bœufs. Débora rappelle l'état déplorable du pays au temps où Samgar se leva.


SAMMA,


un des trois plus illustres guerriers de David, partagea la gloire et les dangers de Jasobham et d'Éléazar, 2 Samuel 23:11; cf. 1 Chroniques 11:11; sq..


SAMOS,


île de la mer Égée qui porte, près de là, le nom de mer Icarienne; elle est séparée par un canal étroit de Pryène, de Mycale, et de Pan-Ionium, non loin des côtes de l'Ionie, à 40 stades du cap Trogyle. Elle est célèbre comme patrie de Junon, qui y avait un temple magnifique. Pythagore y naquit 608 avant J.-C., et y mourut à l'âge de quatre-vingt-dix-huit ans. Elle avait porté anciennement le nom de Parthénie, et s'appelle aujourd'hui Sussam-Adassi. L'air y est sain et le sol fertile; les figuiers, les pommiers, et la vigne même, selon Athénée, y portent des fruits deux fois par an, mais le raisin n'y est pas aussi bon que celui des îles voisines, de Chios, par exemple. La terre y est excellente pour la poterie, et l'on attribue aux Samiens l'invention de ces sortes d'ouvrages: la Vulgate a inséré le nom de Samos dans le passage Ésaïe 45:9, à propos d'argile et de pots de terre, liberté de traduction qui s'explique par la réputation de cette île en cette matière. Il paraît que la prédication de l'Évangile n'avait pas été vaine à Samos; saint Paul y ayant passé dans un de ses voyages, s'arrêta à Trogyle, Actes 20:15.


SAMOTHRACE,


Actes 16:11, île de la mer Égée, située au nord de Lemnos, vis-à-vis de l'embouchure du fleuve Lissus, a porté d'abord le nom de Leucosia, puis celui de Samos; la proximité de la Thrace a fait joindre le nom de ce pays à son nom d'île, et maintenant elle s'appelle encore Samotraki, ou selon d'autres Samandrachi. Elle avait une ville du même nom, avec un temple où l'on célébrait en l'honneur des dieux Cabires, des mystères aussi fameux que ceux d'Éleusis: le temple de ces divinités était un asile sacré et inviolable, et l'on avait pour elles un si grand respect que de les nommer passait pour un crime.

— Cette île ne compte plus aujourd'hui qu'un seul village, et fort peu d'habitants. C'est la patrie d'Aristarque.


SAMSON,


Israélite de la tribu de Dan, et juge d'Israël pendant vingt ans (Juges 13, à 16,), apparaît dans l'histoire comme un homme à part. Sa naissance miraculeuse est presque la moindre des merveilles de sa vie. Nazarien, et béni de Dieu, il fut la Providence des tribus méridionales, qu'il protégea par divers exploits contre les brigandages des Philistins; mais elles lui surent si peu gré d'être l'ennemi de leurs ennemis, qu'elles essayèrent une fois de le livrer entre leurs mains. Vif et bouillant de caractère, emporté, mais gai, ironique, presque bouffon, il se fait un jeu des travaux les plus gigantesques, et dépense parfois ses forces en pure perte, pour étonner plutôt que pour nuire, avec ironie et malice. C'est presque toujours à l'improviste, d'une manière inattendue qu'il apparaît, et ses vengeances particulières servent souvent la vengeance nationale. Sans armes il tue un lion, et n'en tire d'autre profit que de proposer une énigme à ses amis de noce, et de manger le miel que les abeilles ont déposé dans la carcasse. Trompé au jeu, il tue trente Philistins pour avoir les trente robes de rechange qu'il doit payer. Trompé par son beau-père, qui donne sa femme à un autre, il prend trois cents chacals qu'il attache deux à deux avec un flambeau entre les deux queues, les lâche au milieu des blés et des plantations des Philistins et détruit en un jour les récoltes de l'année. Livré aux Philistins par les hommes de Juda qui trouvent qu'il les défend trop bien (fidèle image de ces protestants relâchés qui marchent plutôt contre leurs conducteurs avec leurs ennemis, que contre leurs ennemis avec leurs conducteurs), il se laisse conduire par 3,000 hommes jusqu'en présence de l'ennemi; les cordes neuves qui l'enchaînent tombent alors de ses bras, et d'une mâchoire d'âne il abat mille Philistins qui ne s'y attendaient pas; il célèbre sa victoire par ses chants, mais il oublie que sa force lui vient de Dieu: Dieu doit lui rappeler sa faiblesse,

Voir: Léhi.

Enfermé à Gaza, il n'essaie point de fuir en cachette; il sort par la porte de la ville, qu'il enlève en passant et qu'il va placer, à quelque distance de là, sur une colline qui se trouve sur la route d'Hébron. Il plaisante Délila sur sa curiosité, mais finit par céder à la persistance de ses intrigues féminines; il lui livre son secret, il est nazarien, et la marque de son nazaréat, son énorme chevelure, tombe sous les ciseaux philistins: à son réveil, sentant sa tête dégarnie, il sent qu'il n'est plus nazarien, il comprend que Dieu s'est retiré de lui, et il va faire dans la prison de Gaza de sérieuses réflexions sur sa coupable et malheureuse légèreté. Mais pendant que ses ennemis s'affaiblissent par leur orgueil, il se fortifie par son humiliation: privé de la vue et tournant la meule, il sent flotter de nouveau sur ses épaules le symbole du nazaréat; la paix est rentrée dans son cœur et avec elle le sentiment de sa force. Les Philistins, en un jour de fête, le font venir pour se réjouir de sa honte; ils dansent, mais ils ne savent pas que c'est sur un volcan; Samson aveugle les amuse, mais quel jeu! Ses bras puissants saisissent les piliers sur lesquels la maison est appuyée, et trois mille Philistins périssent ensevelis avec lui sous les décombres de ce vaste bâtiment. Sa mort fut pour ses ennemis un coup fatal qui les affaiblit considérablement, et permit à sa famille de venir sans crainte réclamer son corps; il fut enseveli dans le sépulcre de son père, entre Estaol et Tsorah.

De nombreuses difficultés sont à résoudre dans cette vie; de nombreuses réflexions se pressent dans l'esprit lorsqu'on la lit avec sérieux, et en se rappelant que Samson fut un juge choisi de Dieu; on a vu ailleurs la solution de quelques difficultés, la réponse à quelques questions, c. Léhi, Nazarien, Manoah, Lion, Abeille, etc. Nous résumerons ce qui reste à dire sur ce sujet.

  1. Samson, dont le nom signifie petit soleil, était le type du soleil de justice: il n'a pas été le libérateur d'Israël, il n'a fait que préparer, commencer sa délivrance et sa restauration, que Samuel au point de vue juif, Jésus-Christ au point de vue chrétien, ont achevée entièrement.
     

  2. Comment a-t-il pu, malgré son vœu de nazaréat, s'approcher du cadavre du lion, et manger le miel qu'il y a trouvé? On peut répondre de deux manières. Il est presque sûr, d'abord, que ce cadavre n'était plus un cadavre, mais un squelette désinfecté; autrement les abeilles n'y seraient pas venues; or un squelette ne pouvait pas le rendre impur. Puis, il faut le dire, et plusieurs détails de la vie du héros nous y autorisent, Samson n'y regardait pas de très près, et après avoir avalé le chameau il avait du moins la droiture et le bon esprit de ne pas couler le moucheron.
     

  3. Le mariage de Samson avec une Philistine, ses désordres à Gaza, ses relations illicites avec Délila, sont une preuve évidente des passions voluptueuses du juge d'Israël, et pèsent sur lui beaucoup plus que le contact du lion décharné. Il est impossible de l'absoudre, car Dieu lui-même l'a condamné; des tromperies, la prison, le supplice, la mort ont été la suite de son péché, et il a pu comprendre que les pieds de la femme débauchée conduisent à la mort, Proverbes 5:5; 7:27. Mais nous ne devons pas non plus nous montrer plus sévère que Dieu même; Samson, comme notre Seigneur, a été seul à fouler au pressoir; seul pendant toute sa carrière, sans secours, sans sympathie chez ses compatriotes, isolé comme un prophète, combattant pour la vérité, mais abandonné de ceux qui l'auraient dû défendre, il a souffert en son Âme de son isolement, et ses faiblesses s'expliquent sans l'excuser. Si Dieu ne lui a jamais fait défaut, c'est que le juge d'Israël n'a jamais manqué; l'homme a péri, le juge a triomphé. La foi de Samson brille en quelque sorte d'un éclat d'autant plus vif que ses fautes comme individu ont été plus grandes, et si l'apôtre Paul le compte au nombre des héros de la foi, Hébreux 11:32, ce n'est bien sûrement pas à cause de ses fautes, mais parce que malgré ses fautes il n'a jamais désespéré des promesses et de la fidélité divines. La foi du chrétien, c'est de croire que Dieu est toujours fidèle, alors même que nous cessons de l'être.
     

  4. La chute si prompte et si complète du temple de Dagon, occasionnée par le seul ébranlement de deux piliers, peut à juste titre causer une surprise mêlée de doute, lorsqu'on se représente ce bâtiment construit dans les conditions ordinaires de l'architecture moderne. Mais il est facile de se représenter une construction et une architecture différente: le voyageur Shaw raconte qu'il a vu, à Alger et ailleurs, des maisons et même de grands édifices construits de telle sorte que le tout croulait si les colonnes du centre étaient enlevées; l'architecte Christophe Wren a décrit la manière dont une pareille construction pouvait se faire, et Pline mentionne un théâtre immense construit à Rome par Curion partisan de César, et dont toute la solidité dépendait de celle d'une simple charnière. (— Voir: mes Juges d'Israël, page 96-112)
     

  5. Les cheveux de Samson ne faisaient pas sa force; ils en étaient l'emblème naturel, car la force de l'homme est presque toujours accompagnée d'un grand développement chevelu; ils en étaient en outre le sceau divin, car ils étaient le signe de son nazaréat, de la mission dont il était revêtu, et de l'assistance que Dieu devait lui prêter: en perdant ses cheveux, Samson n'a perdu ses forces que parce qu'il sentait qu'il avait mérité d'être abandonné de Dieu; il n'avait plus de foi en Dieu, ni peut-être de foi en lui-même, et l'on sait que la foi en soi-même double et triple les forces.
     

  6. Il est dit, à plusieurs reprises, que l'Esprit de Dieu fut sur Samson quand il s'apprêtait à faire le mal, ou que ses inclinations vicieuses venaient de l'Éternel: la réponse à cette difficulté est du ressort de la dogmatique; disons seulement que si l'Éternel dirige le cœur de l'homme comme des ruisseaux d'eau, il ne lui enlève point sa liberté. L'homme, esclave naturel du péché, suivait les désirs de la chair, et Dieu le laissait faire, sachant qu'il tirerait le bien du mal.
     

  7. La force miraculeuse du fils de Manoah, a été regardée par plusieurs comme une force fabuleuse, et peu s'en faut que les rationalistes n'aient fait de Samson un être imaginaire, un héros fantastique, un mythe, comme on dit de nos jours. De ce que presque toutes les nations ont conservé le souvenir d'un homme aux exploits prodigieux, on a failli conclure qu'il n'y a jamais eu de Samson, ou tout au moins, et c'est alors une critique et une exégèse à part (on pourrait dire rétroactive), que le Samson des Juges a été emprunté à l'Ovide des Romains, aux traditions grecques sur Hercule, ou au Rama des Indiens. Le lion de Némée, en effet, la biche de Diane, le taureau crétois, la défaite de l'armée d'Ergine par Hercule et sa massue, la naissance miraculeuse d'Hercule, Hercule aux pieds d'Omphale, le Crotoniate Milon, les exploits de Thésée qui charge sur ses épaules un taureau vivant et le porte à Athènes, l'histoire du roi Nisus de Mégare qui perd ses forces avec les boucles rouges de son éclatante chevelure, la source d'Aganippe qui jaillit sous les pieds de Pégase, les énigmes que Rama propose à ses amis de noce, la source miraculeuse qui jaillit à ses côtés pour apaiser son ardente soif, les renards sauvages qu'on avait l'habitude de lâcher à Rome, au milieu du théâtre, avec des brandons attachés à la queue pour célébrer la fête d'Hercule, tous ces détails, et d'autres encore que nous racontent les anciens poètes, rappellent à divers titres l'histoire de Samson, et quant aux usages dont Ovide dit qu'il n'en connaît pas l'origine, il aurait pu la trouver dans les livres sacrés des Hébreux. Si l'on veut nier absolument la possibilité des faits, à la bonne heure; c'est un système, et Vatke a pu démontrer comme quoi Samson n'avait jamais existé, comme quoi Samson est une allégorie, un type du soleil, comme Napoléon. Mais si l'on admet la possibilité de la chose, qu'on en laisse au moins, avec l'histoire, l'initiative au peuple hébreu; qu'on reconnaisse que ce ne sont pas les plus anciens qui ont emprunté leurs traditions aux plus modernes, les Juifs aux Romains, les Juges à Diodore de Sicile.


SAMUEL,


fils d'Anne et d'Elkana (1 Samuel 1-16, et 25). Il était Lévite, 1 Chroniques 6:28, et sa famille habitait Rama dans la montagne d'Éphraïm. Fils d'une mère pieuse, il fut nommé Samuel, c'est-à-dire exaucé de Dieu, parce qu'il fut accordé aux prières de l'épouse stérile d'Elkana, et sa vie fut consacrée à l'Éternel dès ses plus jeunes années. Nazarien par le vœu de sa mère, il fut élevé à Silo par les soins du grand-prêtre Héli, qui l'initia à ses futures fonctions de prophète et de juge, mais Dieu veilla mieux encore que les hommes à son éducation prophétique, et le jeune homme apparut comme prophète et comme juge devant le pontife dont Dieu lui avait révélé les faiblesses et le châtiment. Bientôt il se mit publiquement à la tête du peuple, et conserva pendant toute sa vie des fonctions dont il ne déposa entre les mains de ses indignes fils que la partie extérieure, formelle, et matérielle; le crédit, l'autorité, il la conserva jusqu'à la fin, même sous le régime de la royauté. Son lieu de naissance, Rama, fut aussi le lieu dont il fit son domicile ordinaire; cependant d'autres villes, Guilgal, Mitspa, Béthel, choisies peut-être moins à cause de leur position que parce qu'elles avaient été précédemment des lieux de culte et d'adoration, furent des centres réguliers d'activité pour Samuel, qui chaque année s'y rendait pour réunir le peuple, l'exhorter, ou exercer la justice.

Son influence sur les affaires publiques et sur l'état et la reconstitution d'Israël fut immense; il renversa l'idolâtrie, réveilla, par ses actes comme par ses paroles, la crainte de l'Éternel, ranima l'esprit national, apaisa les rivalités de tribus, établit conformément au vœu populaire la royauté, qu'il renferma, par une charte réciproquement jurée, dans des limites destinées à garantir l'indépendance et la liberté de la nation contre les excès possibles du pouvoir; il appuya le roi par ses conseils fondés sur la sagesse, la modération, la justice et l'esprit théocratique, qui devait présider à tous les actes du peuple juif; il pourvut à ce que la nation fût heureuse après sa mort, et sacra roi David, qui devait mieux que Saül justifier la confiance dont on l'avait jugé digne; il dirigea des écoles de prophètes et organisa cette institution, autant du moins qu'un ordre reposant sur l'inspiration divine peut être organisé par la main des hommes, et les prophètes furent dès lors un contre-poids donné aux empiétements de la royauté, comme au besoin une protestation vivante contre le relâchement et l'infidélité du sacerdoce régulier. Le sacre de David fut en quelque sorte le dernier acte politique de Samuel, qui mourut en paix dans un âge fort avancé, et fut pleuré de tout Israël, 1 Samuel 25:1.

Le gouvernement de Samuel nous apparaît dans l'histoire des Hébreux comme un moment de calme entre deux orages, entre la judicature du faible Héli et le règne de l'infidèle Saül; il reçoit l'héritage vermoulu d'un pontife sans force, et il n'a pas eu le temps d'en réparer les brèches qu'il doit déjà le transmettre à un roi sans obéissance, dont il ne peut prévenir les fautes; il accepte la conduite d'un peuple négligé par son prédécesseur, et dévoué d'avance à son successeur, et pourtant il se charge avec joie de la tâche qui lui est confiée, et se consacre à une œuvre dont il sait qu'il ne recueillera pas les fruits.

Samuel doit être placé auprès de Moïse, Jérémie 15:1; Psaumes 99:6, et de David; ces trois hommes sont les astres les plus brillants du ciel historique des Israélites; les miracles et les exploits de Moïse, de même que les guerres de David et la majesté de son trône, entourent peut-être ces deux derniers d'une plus belle auréole, mais l'influence de Samuel et son activité, pour n'avoir été que d'une nature religieuse, normale, civile, n'en a pas moins été puissante en Israël. Moïse avait donné les préceptes de la loi, Samuel les fit pénétrer dans la vie du peuple. Moïse avait donné les formes, Samuel donna l'esprit, sans lequel la forme conduit à la superstition; David comprit l'un et l'autre, et fut à la fois législateur et prophète d'Israël, vrai roi théocratique et bien aimé de Dieu. C'est à Samuel que les Hébreux doivent d'avoir été constitués en nation, d'avoir été élevés au rang de nation civilisée; car on ne saurait donner ce nom aux tribus telles qu'elles existaient avant lui sous les juges. Avec Samuel, le peuple commence à se reconnaître, à avoir la conscience de lui-même, et les tribus s'unissent pour ne .former qu'un seul corps; l'isolement politique des diverses parties du pays disparaît. La loi divine, comme nous avons eu souvent l'occasion de le voir, n'avait pas encore pénétré les esprits; Samuel fait ce qu'il peut pour les nationaliser, si l'on peut s'exprimer ainsi, et ses efforts sont couronnés; des écoles de prophètes sont établies, et leurs élèves deviennent pour le corps social et ecclésiastique de la nation ce que sont pour le corps humain les nerfs qui conduisent les esprits vitaux. Pendant l'espace de sept siècles, il en sort une succession, non interrompue de prophètes jusqu'à Malachie, et saint Pierre voit en Samuel le chef de ce divin ministère, Actes 3:24.

Il commença sa carrière dans le temps de la plus grande décadence, et l'on ne peut savoir ce que le peuple serait devenu sans lui. Les Philistins étaient les maîtres de la plus grande partie du pays; les Hébreux, découragés, étaient dans un profond abaissement; le sort de Samson prouvait que la régénération d'Israël ne pouvait être opérée par un homme semblable aux autres juges, mais qu'on avait besoin d'un remède plus général, plus profond, plus intérieur, et que la restauration nationale devait être basée sur une réformation religieuse. C'est qu'aussi la religion même semblait ne plus se trouver nulle part en Israël. Le mal, comme une gangrène, avait envahi jusqu'au sanctuaire; la parole de l'Éternel était rare en ces jours-là, et il n'y avait point d'apparition, ni de vision; Héli sans doute reconnaissait encore la voix de Dieu, mais ses fils faisaient mépriser le culte du Seigneur, qui déjà ne consistait plus que dans le matériel de quelques cérémonies. La mort du pontife, la défaite des Israélites, la perte de l'arche, furent le comble du malheur, et c'est aussi dès ce moment que date la renaissance; l'activité de Samuel commence dès lors à se déployer et à s'accroître, tranquille mais profonde, lente mais toujours égale. Une seule victoire lui suffit pour humilier les Philistins pendant toute sa vie.

Ses voyages, ses visites dans toutes les parties du pays, les soins qu'il donnait avec tant de zèle au peuple qu'il voulait relever, amenèrent enfin Israël à un certain degré de prospérité nationale et de développement intellectuel et religieux; mais Samuel était âgé, ses fils ne suivaient pas ses voies, et l'on s'en servit comme prétexte pour demander un roi. Il est vrai que les, craintes des Israélites n'étaient pas sans fondement; on pouvait prévoir qu'après la mort de Samuel les Philistins reprendraient courage, et que les tribus réunies par sa puissante autorité, se dissoudraient ou se désuniraient de nouveau lorsque les unes ou les autres auraient été attaquées par l'ennemi. Il était nécessaire de prendre des mesures pour éviter que tous les avantages obtenus par Samuel ne fussent pas perdus en peu de temps. Mais il ne fallait pas pour cela un roi «comme en ont les autres nations;» on n'avait qu'à s'attacher sincèrement à la constitution théocratique donnée par Moïse, dans laquelle la sagesse de son auteur avait assez eu égard à l'union des forces nationales et à leur facile concentration sans l'intervention de la royauté. L'organisation nationale, qui jusqu'alors avait été patriarcale, devait être remplacée par une organisation plus civilisée; mais celui qui s'était manifesté d'abord comme Père suprême, pouvait également, pour une nation plus avancée dans son développement, se manifester comme seul et vrai roi. Les Hébreux montrèrent donc dans cette occasion combien peu ils étaient pénétrés de l'esprit de la révélation divine; ils voulaient un roi en dépit de la volonté et de la miséricorde célestes, qui leur avaient donné un esprit directeur et organisateur, se manifestant dans le sanctuaire de son tabernacle. Samuel dut céder à leur obstination: Dieu leur donnait un roi dans sa colère, Osée 13:11.

Maintenant que le vœu du peuple est exaucé; maintenant que, selon ses désirs, une royauté politique a remplacé la royauté théocratique, nous verrons si des jours plus heureux se lèveront pour cette pauvre nation tourmentée depuis des siècles. Dieu continuera d'en être le vrai souverain, le pays sera toujours le royaume de l'Éternel, 1 Chroniques 28:5; la révolution s'est faite avec la permission divine, et c'est le grand Samuel qui a sacré les deux premiers rois de la jeune monarchie. Celui qui se manifestait par les prophètes, les pontifes ou les juges, se manifestera toujours, mais par l'intermédiaire des rois; la théocratie subsistera toujours, mais sous une autre forme dont le peuple s'est promis des avantages merveilleux; l'histoire montrera si cette nouvelle forme sera favorable à la nation, si la prospérité sera plus grande, la piété plus sincère. Dieu est toujours le même, il ne s'est pas opposé au changement voulu par les Israélites; il a même promis de les bénir s'ils sont fidèles, il ne leur demande pas autre chose; de beaux jours peuvent commencer. Si l'histoire du royaume est moins glorieuse, moins heureuse que l'histoire ancienne d'Israël, ce n'est point parce que c'est un royaume, c'est parce que le cœur s'est corrompu, parce que Dieu a été oublié.

Nous avons donné les détails de cette belle vie, et présenté les observations qu'elle suggère, à la fin de l'Histoire des Juges d'Israël, p. 114-142; nous n'avons plus à présenter ici que les réflexions les plus importantes, et celles qui n'ont pu trouver place dans notre précédent travail.

  1. La vie de Samuel a été une crise perpétuelle depuis les malheurs de la maison d'Héli, jusqu'à la chute de la maison de Saül. En politique, la royauté se substituait a la république aristocratique; en religion, l'arche était déposée chez Abinadab, le tabernacle était tour à tour à Silo, à Nob, à Gabaon; Ahimélec était souverain sacrificateur, et Samuel offrait le sacrifice, sacrait deux rois, jugeait le pays, opposait le prophétisme au sacerdoce, et méritait d'être nommé à côté de Moïse et d'Aaron, Psaumes 99:6. La splendeur du culte auquel il présidait, mais d'une manière extra-légale, est rappelée 2 Chroniques 35:18.
     

  2. Accusé d'égoïsme par bien des commentateurs, Samuel se lave de ce reproche, par ses actes. On a voulu voir dans les objections qu'il fait à l'établissement de la royauté, dans son opposition à Saül, dans l'élection de David, autant de preuves d'égoïsme, d'amour-propre et de recherche de soi-même. Mais si l'on se rappelle le temps où il a vécu; si l'on tient compte des circonstances extraordinaires qu'il a traversées et qui nécessitaient des mesures extraordinaires; si l'on réfléchit que les tribus, divisées entre elles, n'étaient unies par aucun lien commun, et que leurs dissensions maintenaient le pays dans un état de continuelle agitation; si l'on oppose le courage tranquille, l'esprit de sagesse et de courageuse persévérance, les grandes vues, et la fermeté d'exécution des plans de Samuel, à la fougue brutale et à l'orgueilleux arbitraire de la conduite de Saül; si l'on réfléchit combien la déchéance de Saül et son remplacement par David ont été merveilleusement justifiés par leurs conséquences; si l'on reconnaît enfin que Samuel n'avait rien à gagner à l'élection de David qui ne devait monter sur le trône qu'après sa mort, et qu'il compromettait au contraire la paix de ses vieux jours par cet acte solennel d'opposition, on se fera une idée de ce que vaut le reproche fait à Samuel d'avoir été dur, barbare, arbitraire, égoïste, intéressé, on comprendra ce que valent les jugements du rationalisme extrême dont l'Allemagne semble avoir seule le monopole. Le peuple, et c'est beaucoup dire, rendit à Samuel un tout autre témoignage que cette espèce de savants théologiens, 1 Samuel 12:3, et ce peuple avait connu le joug de Samuel; il jugeait en connaissance de cause.
     

  3. Samuel est le même depuis sa naissance jusqu'à sa mort; il semble qu'au milieu de tous les changements dont il est témoin, seul il ne change pas; calme et tranquille, ferme, prudent, il se montre un homme de foi jusque dans les plus petits détails de sa conduite; il annonce les oracles de Dieu, mais il ne fait rien pour en procurer l'accomplissement; il communique à Héli les menaces divines, mais il ne change rien à ses rapports avec son vieux maître; il rejette Saül devant les anciens du peuple, mais il évite de l'humilier; il oint David pour succéder à Saül, mais il se retire en sa ville, laissant à Dieu le soin de faire triompher le jeune berger; actif pour ce qu'il doit faire, passif pour le reste, il se montre sans fraude et réalise le type du chrétien. Les luttes politiques ne l'intéressent pas; il défend la république pied à pied; lorsqu'elle est renversée, il soutient la monarchie dont il sacre le premier roi; il passe de Saül à David, se bornant à constater ce changement de dynastie, cette révolution, et ne reconnaît de légitime que le roi théocratique, obéissant et fidèle. La forme du gouvernement lui importe peu, il les sert tous, mais il les veut tous soumis au roi des rois, le maître de tous. C'est le principe évangélique, Romains 13:1.
     

  4. Sur l'évocation de l'ombre de Samuel,

    Voir: Pythonisse.
     

  5. On lui attribue la composition des livres de Ruth, Juges, et 1 Samuel 1-6, ou 1-13,

    Voir: les différents articles.
     

  6. Son nom est rappelé, outre les passages cités, par Jérémie, saint Pierre et saint Paul qui le citent à l'égal de Moïse, le placent parmi les plus grands hommes d'Israël et caractérisent par son nom toute une époque, Jérémie 15:1; Actes 3:24; 13:20. Hébreux 11:32.

Livres de Samuel, Les deux livres connus sous le nom du juge-prophète n'en formaient qu'un dans le canon juif; ce sont les Septante qui les partagèrent en deux parties; la Vulgate suivit cet exemple, qui fut depuis, à cause de la division plus commode en chapitres et versets, adopté même pour nos versions hébraïques, mais seulement depuis Bomberg. Les Septante appelèrent ces livres premier et second livre des Rois; la Vulgate latine imita son original grec, mais le nom primitif, le nom par lequel les Hébreux désignaient ce livre, est celui de Samuel, non qu'il se rapporte à l'auteur, ou qu'il caractérise tout le contenu du livre et qu'il en épuise la matière, mais parce qu'il commençait par l'histoire de Samuel, et que Samuel en était le principal personnage, celui dont le rôle était le plus important; cf. 1 Chroniques 29:29.

— Les livres de Samuel reprennent l'histoire là où celui des Juges s'arrête, et la poursuivent jusqu'au point où ceux des Rois la continuent. Diverses sources ont été consultées pour la composition de ces livres, des recueils de poésies, des ouvrages prophétiques, et les annales du royaume. On est assez d'accord à penser que plusieurs auteurs ont travaillé à la rédaction du premier livre de Samuel. Selon Grégoire le Grand, Théodoret et Procope, Samuel aurait composé lui-même les vingt-cinq chapitres qui racontent sa vie, mais les éloges nombreux qui lui sont donnés ne seraient guère bien placés dans sa bouche ou sous sa plume. Quant à ceux qui attribuent à David la composition des chapitres suivants, Isidore, etc., la formule fréquemment employée «jusqu'à ce jour», semble s'opposer à leur opinion, dans les passages surtout où certains actes de David sont racontés comme ayant laissé un long souvenir qui ne pouvait évidemment pas s'éteindre de son vivant, 1 Samuel 27:6; 30:24-25. Il semble qu'en faisant allusion aux livres de Samuel le passage 1 Chroniques 29:29, doive nous mettre sur la voie, et l'on ne risquera pas beaucoup de se tromper en admettant que Samuel a écrit les choses qui se sont passées sous Héli et sous son propre gouvernement, que Gad et Nathan ont écrit celles qui ont eu lieu dans les règnes de Saül et de David, et qu'un homme pieux et inspiré, Jérémie ou Esdras, en travaillant à conserver les souvenirs de l'histoire d'Israël, a rédigé, mis en ordre, peut-être annoté, les ouvrages des prophètes, historiens des temps passés.

— Bien que trois biographies forment le fond des deux livres de Samuel, il est aisé de voir que ce n'est pas dans un intérêt biographique qu'ils ont été composés: les noms de Samuel, de Saül et de David appartiennent à l'histoire théocratique; leur prospérité et leurs revers renferment des enseignements publics qui ne se comprennent qu'au point de vue théocratique. Dieu est le roi. David commet de plus grandes fautes à nos yeux que Saül, et il en est puni par de grands malheurs (concatenata infortunia, dit très bien Heidegger), mais ces malheurs sont individuels comme sa faute: Saül perd son trône, parce que son péché est un acte de rébellion contre son Roi, contre Dieu. Saül a péché comme roi, et c'est comme tel qu'il est puni; David pèche comme homme, et n'est puni qu'en cette qualité. Les livres de Samuel ne sont bien compris que si l'on se rappelle la royauté de celui qui est le maître de toutes choses, et qui avait spécialement voulu être le maître d'Israël. Ils sont riches en détails, et leur lecture offre à tous les esprits l'intérêt le plus grand et le plus soutenu.


SANCHÉRIB,


2 Rois 18:13; 2 Chroniques 32:1; Ésaïe 36:1, etc., roi d'Assyrie, fils et successeur de Salmanéser. Voulant se venger d'Ézéchias qui refusait de payer le tribut annuel, il marcha contre le royaume de Juda dans la quatorzième année du règne d'Ézéchias (711 ou 712 avant J.-C.); une forte contribution de guerre qui lui est payée à condition qu'il retirera ses troupes, ne fait qu'encourager son humeur conquérante et faciliter ses succès; il met le siège devant Jérusalem, ne voulant pas sans doute laisser entre les mains d'un vassal peu sûr une place de guerre aussi importante sur le chemin de l'Égypte, car Tirhaca, roi d'Égypte, venait à sa rencontre. Les sommations qu'il fait adresser à Ézéchias restent sans effet, les prières du roi de Juda sont exaucées, les oracles d'Ésaïe s'accomplissent, un pouvoir surnaturel détruit en une seule nuit l'armée des assiégeants; 185,000 hommes succombent, et le général, sans armée, se hâte de regagner Ninive sa capitale; deux de ses fils l'assassinent aux pieds des autels, et le troisième Ésar-Haddon, monte sur le trône à sa place. On trouve dans les prophètes diverses allusions et prédictions relatives aux luttes victorieuses de Sanchérib contre l'Égypte, mais ces guerres ne sont pas racontées, Ésaïe 10:24; 20:4; 30:31, etc., Nahum 3:8.

— La destruction de l'armée de Sanchérib est un fait miraculeux qu'une cause tout à fait naturelle a pu produire, le vent empoisonné du désert, la peste dont l'armée avait peut-être apporté le germe d'Égypte ou de son contact avec une armée égyptienne, une tempête peut-être et les coups de la foudre; aucun détail ne permet de décider cette question; l'ange de l'Éternel avait passé, il ne laissait plus derrière lui qu'une armée de corps morts; cette délivrance extraordinaire venait sauver Juda après que le royaume d'Israël avait succombé, ne laissant que des débris à la place de ses villes; c'était un dernier avertissement que Dieu donnait à ce royaume endurci, lui rappelant par un même prodige son amour, sa puissance, et sa sévérité.

L'histoire profane contient différentes mentions de Sanchérib: au dire d'Hérodote, il aurait attaqué l'Égypte près de Pelusium, au temps du roi Séthos, prêtre de Vulcain; mais il aurait été repoussé. Cet événement, qui aurait eu lieu vers l'an 718 avant J.-C., et qui aurait été précédé déjà, ou suivi, par un autre échec, l'abandon du siège de Tyr, aurait engagé Sanchérib à laver sa honte dans une victoire remportée sur le faible royaume de Juda; selon d'autres, une partie de son armée aurait envahi l'Égypte pendant que le reste assiégeait Jérusalem. Il y a, du reste, d'autres difficultés chronologiques dans l'histoire de Sanchérib, comme dans toute celle des rois d'Assyrie, q.v.


SANG,


Voir: Sacrifices.

— Perte de sang,

Voir: Hémorroïsse.


SANGLIER,


Voir: Porc.


SANGSUE.


Le mot hébreu haloukah, qui ne se trouve que Proverbes 30:15, a été rendu par les Septante, la Vulgate et nos versions, par sangsue, d'après l'analogie de la racine arabe, qui signifie se pendre S, et dont les dérivés consacrent et rendent probable la traduction adoptée. Comme il ne s'agit dans le passage cité que d'un terme de comparaison, et que le mot ne se trouve qu'une seule fois dans l'Écriture, l'imagination a pu se donner libre carrière pour la détermination de ce mot; les uns y ont vu le vampire avec tout le prestige que lui prête la fabuleuse poésie de l'Orient; d'autres y ont vu la goule si célèbre des contes arabes; d'autres y ont vu autre chose encore, mais toujours un être aussi insatiable que la cupidité dont il est l'emblème, un être dont les deux filles, l'avarice et l'ambition, ne se rassasient jamais, et disent toujours: apporte, apporte; en hébreu, hab, hab, onomatopée bien digne de la chose. Bochart croit qu'il s'agit ici du Destin, dont les deux filles, la Mort et l'Enfer, ne disent jamais: c'est assez! Il suffit que l'on comprenne l'image employée par le philosophe prophète, et ces différentes explications peuvent être choisies, ou même cumulées.


SANHÉDRIN.


  1. C'était, vers le temps de Jésus, le tribunal suprême des Juifs, celui qui jugeait en dernier ressort. Il siégeait à Jérusalem, et se composait de soixante et onze membres, sacrificateurs ou anciens, pharisiens, sadducéens, scribes, qui se réunissaient sur la convocation et sous la direction d'un président, lequel pouvait être, et était ordinairement, le souverain sacrificateur. Un vice-président et deux ou trois secrétaires complétaient le bureau du tribunal, Matthieu 26:57; Marc 15:1; Luc 22:4; Actes 5:21,27,34; 23:6. À la droite du président (hannasi, le prince), siégeait le vice-président; à sa gauche, selon quelques auteurs, siégeait un membre du conseil qui portait le nom de sage par excellence, et Vitringa pense que c'est à cette fonction que notre Seigneur fait allusion lors qu'il appelle Nicodème un maître en Israël, magister; mais rien ne confirme ou ne justifie cette tradition. On peut en dire autant des soixante-dix langues que chaque membre du sanhédrin était, dit-on, obligé de comprendre (Gem. Sanhedr); cette vaste science se réduisait évidemment à des proportions plus humaines, et doit s'entendre soit, en général, de connaissances solides et étendues, soit surtout de l'intelligence du texte sacré (Hartmann). Dans des cas pressants, le conseil s'assemblait dans la maison de son président, Matthieu 26:3; mais, hors de là, il se réunissait journellement dans une salle des sessions, située aux alentours du temple, du côté du midi. Plus tard, dans les quarante années qui précédèrent la chute de Jérusalem, il se réunit à Hanoth, dans certaines demeures (tabernæ) situées, selon les rabbins, sur la montagne du temple en descendant; de là, il descendit plus bas encore dans la ville de Jérusalem, et, s'éloignant toujours plus du temple, il se fixa à Jérico, puis à Usa, puis ailleurs, et enfin à Tibériade, où il demeura jusqu'à son entière extinction.

    Ce tribunal décidait seul des questions de droit qui pouvaient s'élever entre tribus; les rois, les grands-prêtres, les faux prophètes, les cas de guerre volontaire et de blasphème, appartenaient également à la connaissance de ce tribunal, et de lui seul. Les accusés et les témoins étaient entendus, et, suivant les cas, le sanhédrin prononçait, soit l'une des quatre peines capitales, le feu, la corde, la décapitation et la lapidation, ou la peine du fouet, Matthieu 26:60; Actes 4:7; 5:40; 6:13. Jésus comparut devant ce tribunal comme faux prophète et faux Messie; Pierre, comme thaumaturge, s'attribuant des forces divines; Jean, comme faux prophète et séducteur du peuple; Étienne, comme blasphémateur; Paul, comme enseignant de fausses doctrines, Jean 11:47; Actes 4:8, etc. Le droit d'arrestation était naturellement dans les attributions de ce conseil, et l'on voit, par Actes 9:2, qu'il s'étendait au-delà des limites de la Palestine. Relativement à l'exercice de la justice criminelle, on a trouvé dans Jean 18:31, le texte de nombreuses difficultés; malgré la précision des termes, portant que les Juifs (le sanhédrin) n'avaient pas le droit d'appliquer la peine de mort, plusieurs interprètes ont contesté ce fait, et n'y ont voulu voir qu'un échappatoire des Juifs pour se soustraire à la responsabilité du crime qu'ils voulaient pouvoir rejeter sur Pilate. Le passage Matthieu 10:17, ne prouve rien dans cette question, ni pour, ni contre, et, quanta la condamnation d'Étienne, elle porte les caractères d'une vengeance populaire plutôt que ceux d'un jugement régulier. La tradition rabbinique est unanime à dire que, quarante ans avant la destruction de Jérusalem, le sanhédrin avait été dépouillé par les procurateurs du droit de vie et de mort, et Flavius Josèphe (Antiquités Judaïques 20, 9, 1) raconte que lors de l'exécution de Jacques le Juste, quelques-uns des meilleurs membres de ce corps accusèrent le souverain pontife Anne auprès du procurateur Albinus, comme ayant outrepassé ses pouvoirs et sa compétence, en prononçant la peine de mort. Ajoutons que si les paroles, Jean 18:31, n'ont pas le sens qu'on leur donne ordinairement, elles n'en ont aucun; que si elles expriment une idée fausse, on ne comprend pas que ceux qui les ont prononcées aient osé le faire, et enfin que le silence de Pilate, en présence de cette réponse des Juifs, serait inexplicable si les Juifs avaient avancé un fait faux, lorsqu'il avait lui-même le plus grand intérêt à se débarrasser d'une affaire qui engageait sa responsabilité sans lui rapporter ni profit ni honneur. Il faut donc admettre que, du temps de notre Seigneur, le sanhédrin était dépouillé du droit de prononcer une condamnation à mort, quoique les causes qui pouvaient la provoquer fussent encore de son ressort, et qu'il fût chargé de l'instruction du procès pour les délits ou les crimes ecclésiastiques qui devaient être jugés d'après les principes de la loi mosaïque. Au reste, le grand sanhédrin n'était pas seulement une cour de justice, mais encore le pouvoir suprême en matière de législation et d'administration ecclésiastique; il fixait le commencement des nouvelles lunes, et veillait, d'une manière générale, à tout ce qui concernait les besoins et l'exercice du culte.

    Les Talmudistes font remonter l'origine du grand sanhédrin à Moïse, qui, dans le voyage du désert, Nombres 11:16, nomma un collège de soixante-dix anciens chargés de le seconder dans l'administration de la justice, et dans l'application des règlements de la police juive; ils prétendent qu'Esdras, après le retour de l'exil, pourvut à la réorganisation de cette assemblée. Mais il est probable que les fonctions de ce collège cessèrent avec l'entrée des Israélites en Canaan; il n'en est plus reparlé dans les saints livres, et l'on ne comprend pas, en effet, quel rôle il eût joué sous les juges et sous les rois, qui avaient un état civil bien organisé, des juges, des préfets, etc. La tradition rabbinique ne vient sans doute, comme tant d'autres, que du désir de donner à une institution nationale le lustre d'une haute antiquité. C'est au temps d'Antipater et d'Hérode que se rapporte la première mention qui est faite du sanhédrin, Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 14, 9, 4; il était cependant plus ancien, et l'on doit convenir que le collège des anciens de Moïse a pu fréquemment être pris pour modèle d'une institution de ce genre; car, avant l'exil déjà, le roi Josapbat avait établi à Jérusalem un tribunal supérieur de soixante-dix juges, composé de prêtres et de lévites, 2 Chroniques 19:8. Les livres des Maccabées (2 Maccabées 1:10; 4:44; 3 Maccabées 1:8) l'appellent le sénat (la vieillesse), et le font remonter aux temps de la domination séleucide, peut-être avec raison; mais il n'est guère probable que les anciens mentionnés 1 Maccabées 7:33; 12:35; 13:36, aient eu, comme le pensent quelques-uns, aucun rapport avec le sanhédrin.
     

  2. De plus petits collèges du même nom, de petits sanhédrins de vingt-trois membres, doivent, d'après Sanhedr. 1, 6, avoir été établis dans toutes les villes de la Judée qui comptaient plus de cent vingt habitants (ou familles?), pour juger tous les cas de blessures, d'homicides etc.; il y en avait deux à Jérusalem même. Toutefois Flavius Josèphe n'en parle pas, non plus que du tribunal des trois, qui était chargé de s'occuper des petites causes, de régler les affaires d'argent, de statuer sur les dommages causés, etc. Il parle plutôt d'un tribunal de sept membres, dont deux au moins de la tribu de Lévi, établi dans les villes de province, et auquel il serait fait allusion Matthieu 5:22; 10:17; Marc 13:9; 14:55, etc. Ces petits sanhédrins ne pouvaient prononcer au-delà de quarante coups de fouet.


SANOAH.


Deux villes de la tribu de Juda, situées l'une dans la plaine, Josué 15:34, l'autre dans les montagnes, 15:56. C'est de la première sans doute qu'il est parlé, Néhémie 11:30; cf. 3:13. Eusèbe et Jérôme ne s'accordent pas sur son emplacement.


SANSANNA,


ville de la partie méridionale de la tribu de Juda, Josué 15:31.


SAPH,


géant de la race de Rapha, tué à Guéser par Sibbécaï de Huza, 2 Samuel 21:18. Il est nommé Sippaï 1 Chroniques 20:4. C'est peut-être par une erreur de copiste qu'on lit Gob au lieu de Guéser dans le premier passage;

Voir: Gob.


SAPHAN, ou shaphan.


  1. Fils d'Atsalia, et secrétaire de Josias; occupé à recueillir les fonds offerts pour les réparations du temple, il reçut d'Hilkija l'exemplaire autographe de la loi de Moïse, retrouvé contre toute attente; il le porta au roi et lui en lut ces fragments qui produisirent sur le monarque une si profonde impression: il dut se rendre alors avec son fils et le souverain sacrificateur auprès de la prophétesse Hulda, qui confirma les menaces de la loi à l'égard des transgresseurs, rendit à Josias un témoignage de droiture et de justice, et lui annonça une fin tranquille,

    Voir: Hilkija, Hulda, etc.

    On ne peut déterminer quel est le morceau que Saphan lut au roi: quelques-uns ont pensé à Deutéronome 28:15, etc., mais c'est un jeu d'esprit que de faire de pareilles recherches; Saphan a lu peut-être à rouleau ouvert, et dans tous les cas, s'il a choisi, il a dû faire un autre choix que celui qu'on lui prête et qui ne convenait pas du tout au caractère et à la vie du roi.

    — Fils d'un père inconnu, Saphan est devenu le chef d'une famille illustre qui sous les derniers rois a su résister au torrent de la corruption, et seconder le ministère de Jérémie; son fils Ahikam, et son petit-fils Guédalia sont souvent cités avec le nom de leur père, Jérémie 39:14, etc. C'est peut-être le même Saphan qui fut père d'Élhasa, Jérémie 29:3, et de Guémaria, Jérémie 36:12; ce dernier, dans ce cas, serait frère d'Ahikam.
     

  2. Le saphan, ou shaphan, est un animal nommé par Moïse à côté du lièvre et du chameau, Lévitique 11:5; Deutéronome 14:7, et déclaré impur, quoiqu'il rumine, parce qu'il n'a pas l'ongle fendu: on y a vu tour à tour le lapin, la marmotte, et la gerboise; mais il paraît plutôt que c'est un habitant spécial des déserts de l'Idumée, nommé oueber par les indigènes, retrouvé, décrit, et dessiné par L, de Laborde, une espèce de gros rat, moins gros que l'écureuil, de couleur grisâtre, avec les pieds de devant et la queue du rat; il a les jambes de derrière plus longues que celles de devant; il rumine, il aime la demeure des rochers, et marche par troupes, caractères qui conviennent au saphan de l'Écriture, cf. Proverbes 30:26; Psaumes 104:18.


SAPHIR,


pierre précieuse qui porte le même nom en hébreu, Exode 24:10; 28:18; 39:11; Ézéchiel 28:13. D'un bleu céleste et d'un bel azur, cf. Ézéchiel 1:26, le saphir est dans les prophètes la couleur du trône de Dieu: il est transparent, et plus dur que le rubis. Les anciens paraissent avoir aussi appelé de ce nom la substance du lapis lazuli, également bleue, mais opaque, tournant sur le bleu foncé ou le violet, et semé de taches d'un jaune d'or, Pline 37:39; mais comme cette pierre n'est pas assez précieuse pour avoir mérité d'être nommée Job 28:6,16, et que d'ailleurs elle ne se travaille pas bien, ce qui ne concorderait pas avec Exode 28, il est probable que c'est du véritable saphir qu'il est question dans ces passages, quoique la version perse l'ait traduit une fois par lazurad, lapis lazuli.


SAPHIRA,


Actes 5:1, femme d'Ananias, et sa complice dans le mensonge par lequel ils ont tenté le Saint-Esprit. Interrogée à part, elle répondit comme son mari, et fut frappée comme lui d'une mort subite; une même tombe recueillit à quelques heures de distance les deux coupables, bien dignes de mourir ensemble. Ce serait aller plus loin que l'Écriture, si l'on affirmait qu'ils sont morts réprouvés, de Dieu; un grand exemple devait être donné à l'Église naissante, et ce malheureux couple l'a donné; peut-être que rachetés de Dieu, ils n'ont été frappés de mort subite pour leur dernier péché qu'afin de servir d'enseignement à l'Église. Leur déplorable chute n'était peut-être qu'une chute, grave sans doute, mais qui n'eût pas exclu le repentir, et leur prompt châtiment ne prouve pas qu'ils soient morts dans l'impénitence finale; autrement il faudrait dire que tout chrétien qui est surpris par la mort dans l'accomplissement d'un acte coupable, perd par là-même le bénéfice de la grâce divine,

Voir: Ananias.


SAPIN.


C'est par ce mot que nos versions françaises et allemandes, à l'exemple de la Vulgate, ont traduit l'hébreu b'rôsh, Ésaïe 14:8; 37:24; 55:13; 60:13; Cantique 1:16; Zacharie 11:2; Ézéchiel 27:5; Nahum 2:3; 2 Samuel 6:5; 1 Rois 5:8; 6:15,34, etc. Cette traduction est démentie par le rôle même que cet arbre et son bois jouent dans les passages cités; nous la remplaçons, avec la plupart des auteurs modernes (Gesenius, Rosenmuller, etc.), par cyprès, q.v. D'autres ont pensé au pin, mais les objections restent les mêmes.


SARA ou Saraï,


femme d'Abraham, mère d'Isaac, Genèse 11:29; 12:5; sq., était probablement fille de Taré comme son mari, mais d'une autre mère, Genèse 20:12, quoique un grand nombre de commentateurs, Flavius Josèphe, Jérôme, Augustin, l'identifient avec Jisca, fille de Haran, petite-fille de Taré, et nièce d'Abraham, 11:29. Elle naquit en Caldée, suivit son mari d'abord à Caran, puis en Palestine et en Égypte, où Dieu la délivra une première fois des dangers auxquels sa beauté et la faiblesse d'Abraham l'avaient exposée. Privée d'enfants et sans espérance d'en avoir, elle donna sa servante Agar pour concubine à son mari, ne se doutant pas de tous les maux dont cette concession aux usages d'alors serait la source: elle fut mère en effet par Agar, mais cette maternité usurpée porta des fruits amers; Agar méprisa maîtresse, qui se vengea d'autant mieux qu'Abraham consentit à sa vengeance. Dieu, cependant, se rappelait les promesses qu'il avait faites à son serviteur, et n'oubliait pas Sara, dont le premier nom Saraï signifiait noblesse, et dont le second signifie princesse, changement qui indiquait sans doute que, noble par l'alliance du grand Abraham, elle s'élèverait à un rang plus haut encore en donnant une postérité au père des croyants. Ces promesses furent répétées avec plus de précision lors de la visite des anges au patriarche, et Sara qui les entendit fixer l'époque de la naissance de son fils ne put pas réprimer un sourire dans un premier moment d'incrédulité: ce sourire fut le nom de son fils et dut lui rappeler à la fois sa joie et son manque de foi. Pour éviter un même danger, elle commit à Guérar le même péché de ruse et de mensonge qu'elle avait commis en Égypte, et l'intervention divine put seule la préserver de ses terribles conséquences. Enfin les promesses se réalisèrent à son égard; elle donna le jour à un fils, et le nourrit elle-même, 21:7. Mais les épouses rivales furent aussi des mères jalouses, et comme les mères, les enfants se haïrent, Galates 4:29; Sara demanda le renvoi de sa servante et de son fils, et le patriarche, cédant à un ordre de Dieu, dut y consentir: il fournit aux exilés les vivres nécessaires à leur voyage, et adoucit sans doute par de riches présents la dureté d'une séparation qui lui était imposée par une volonté qui n'était pas la sienne: confiant dans les promesses divines, 16:10; 17:26; 21:13, il abandonna son fils entre les mains de celui qui devait valoir mieux pour lui que sa marâtre. Sara ignora sans doute le projet du sacrifice d'Isaac, qui peut-être même n'eut lieu qu'après sa mort; les précautions et le silence du patriarche prouvent assez que dans cette circonstance le combat ne fut connu que de Dieu et de lui. Sara mourut à Hébron, âgée de cent vingt-sept ans, de dix ans plus jeune que son mari, et fut ensevelie dans la caverne de Macpéla; 23:1; 49:31.

— Belle jusque dans l'âge le plus avancé, Sara montre plutôt des instincts que du caractère: simple et soumise, elle aime son mari, et obéit à ses ordres les plus étranges, sans seulement paraître les avoir discutés; sa docilité est rappelée avec éloge, 1 Pierre 3:6; saint Paul loue sa foi, Hébreux 11:11. Son nom se retrouve encore Ésaïe 51:2; Romains 4:19; 9:9 (Sermon de Gaussen).

Origène et Chrysostôme blâment Abraham et Sara de leur conduite envers Pharaon et Abimélec; le patriarche a exposé sa femme à l'adultère, et celle-ci y a consenti. Augustin fait au contraire l'apologie d'Abraham, en disant:

  1. Qu'il n'a pas menti en disant que Sara était sa sœur, et qu'il s'est borné à taire une vérité qu'il n'était pas obligé de découvrir.
     

  2. Qu'il était exposé à la mort et au déshonneur de sa femme, s'il parlait, et qu'il ne pouvait éviter ni l'un ni l'autre; qu'en se taisant, il avait au moins la chance d'éviter la mort.
     

  3. Qu'il laissait à Dieu le soin de conserver l'honneur de Sara, et qu'il agissait en cela par la foi.
     

  4. Que dans la pire supposition, l'adultère ayant été involontaire, il aurait été sans crime et sans infamie. Mais on a beau expliquer, et invoquer peut-être les mœurs brutales de cette époque, ce double épisode forme une double tache dans l'histoire d'Abraham et de Sara, et c'est se tacher soi-même que de l'excuser. Le père des croyants a manqué de foi là même où l'honneur seul aurait pu lui en tenir lieu.


SARDES,


ancienne capitale de la Lydie, splendide résidence de ses rois, était située au pied septentrional du mont Tmolus, à 30 lieues sud-est de Pergame, dans une plaine fertile arrosée par le Pactole. Elle fut prise par Cyrus, sous Crésus, 545 avant J.-C.; plus tard, au temps d'Antiochus, elle passa sous la domination romaine, mais elle ne tarda pas à décliner. Un tremblement de terre la détruisit sous Tibère, mais les empereurs la firent rebâtir, et elle conserva sa grandeur et sa dignité jusqu'à sa prise par Tamerlan, vers 1402. Ce n'est plus maintenant qu'un pauvre petit village nommé Sart, où l'on distingue les ruines de deux anciennes églises, qui sont peut-être les restes des édifices dans lesquels se réunissaient ces chrétiens qui avaient le bruit de vivre, mais qui étaient morts.

— Les habitants de Sardes étaient fort méprisés à cause de leur mauvaise foi et de leur passion pour le libertinage et la bonne chère; ils représentent parfaitement, Apocalypse 3:1, l'Église dans les temps qui précédèrent la réformation, cette Église corrompue où il ne se trouvait plus que peu de personnes qui n'eussent pas souillé leurs vêtements, et qui s'illustra par Wicleff, Jean Huss et Jérôme de Prague. Le livre de M. de Bonnechose, les Réformateurs avant la Réforme, est le meilleur commentaire de la lettre que le Saint-Esprit fil écrire à l'ange de l'Église de Sardes.


SARDOINE,


en hébreu odem, qui signifie rougeur, Exode 28:17; 39:10. C'est une pierre précieuse couleur de chair, à moitié transparente, estimée pour la fraîcheur de sa couleur et pour sa dureté; elle se laisse cependant travailler. La plus belle vient de l'Arabie. Elle a quelques rapports avec la chalcédoine. Saint Jean la nomme, Apocalypse 21:20, à côté du sardonyx.


SARDONYX,


Apocalypse 21:20, espèce intermédiaire entre la sardoine et l'onyx, et désignée probablement par l'hébreu yahalom, Exode 39:11; Ézéchiel 28:13. Si par onyx on entend la cornaline, le sardonyx sera une pierre semblable, mais plus claire, comme la couleur de l'ongle posé sur la chair vive;

Voir: Onyx.


SARÉETSER,


Voir: Adrammélec #2.


SAREPTA,


Luc 4:26, ville phénicienne, située entre Tyr et Sidon, à 3 lieues de cette dernière ville, 1 Rois 17:9; Abdias 20. Elle produisait, au dire de quelques auteurs, un vin si fumeux que les plus hardis buveurs n'en auraient su boire une pinte en un mois. On a cru que son nom venait des fonderies de verre et de métaux qui se trouvaient dans son voisinage; tsaraph signifie fondre; et la mythologie dit que c'est à Sarepta que Jupiter, déguisé en taureau, ravit Europe à ses compagnes. Cette ville a de plus beaux souvenirs; elle fut le séjour d'Élie, le théâtre de quelques-uns de ses miracles, et la patrie de cette pieuse veuve qui crut avant que les païens eussent été appelés à la foi. La plaine fertile qui l'avoisine est peut-être désignée dans l'Évangile sous le nom de frontières de Tyr et de Sidon, et l'on suppose que le Seigneur se dirigeait de ces côtés lorsque la syrophénicienne vint lui demander la guérison de sa fille, Matthieu 15:21. Sarepta était encore au moyen âge une place forte, maintenant elle s'appelle Sarfend. Jadis elle s'étendait vers le rivage, là peut-être où l'on voit le village de Aïn-Teen, mais aujourd'hui elle est sur une hauteur à environ vingt minutes de la mer, dominant une vallée étroite, où les oliviers ont remplacé les célèbres vignobles. Une mosquée est bâtie, dit-on, sur le lieu même de la maison de la veuve qui logeait Élie, et la cave, toujours éclairée, de ce bâtiment, doit avoir produit des cures merveilleuses.


SARGON,


roi d'Assyrie, qui envoya Tartan, l'un de ses généraux, pour faire le siège d'Asdod, ville des Philistins et la clef de l'Égypte: il fut heureux dans une expédition contre ce dernier pays, et en ramena un grand nombre de prisonniers, Ésaïe 20:1; etc. Son nom n'appartient pas à l'histoire profane, et ne se trouve que dans le seul passage cité; on a voulu y voir tour à tour Salmanéser, Sanchérib, et Ésar-Haddon, et à la rigueur on pourrait l'entendre des deux premiers; mais il paraît plutôt que Sargon fut le prédécesseur immédiat de Sanchérib, et que ses succès en Égypte eurent lieu sous le règne de So.


SARON,


belle et vaste plaine du bas pays de Canaan, longue d'environ 18 lieues, et d'une largeur irrégulière, qui va en diminuant du sud au nord; elle était jadis peuplée, fertile, et cultivée,

Voir: saint Jérôme, ad Ésaïe 65:10.

Les sables et les dunes, les espaces rocailleux, les champs, les pâturages, y alternent, 1 Chroniques 27:29; Ésaïe 65:10. La partie qui portait proprement le nom de Saron, et qui était la plus célèbre par sa beauté, Ésaïe 35:2; Cantique 2:1, est la contrée qui traverse la route de Jaffa à Jérusalem. Le chemin est aujourd'hui bordé de haies de cactus qui entourent des jardins d'orangers, et la multitude des roses blanches et rouges, des narcisses, des anémones, des lys blancs et jaunes, des tulipes, surprend et récrée le voyageur. Les villages nombreux qui vivifient cette plaine, et dont l'un portait autrefois aussi le nom de Saron, Actes 9:35, sont entourés d'oliviers et de sycomores; ce terrain, fertile quoique sablonneux, serait couvert des plus belles récoltes si le despotisme des Turcs ne détruisait toute agriculture, mais les champs demeurent incultes, et les villages sent pleins de ruines: ainsi s'accomplissent les justes jugements de Dieu, Ésaïe 33:9 (Chateaubriand, Raumer, Bræm, etc.). La ville de Saron mentionnée Josué 12:18, comme résidence d'un roi cananéen, est peut-être la même dont il a été parlé ci-dessus; les faubourgs de Saron, 1 Chroniques 5:16, paraîtraient se rapporter à une ville située au-delà du Jourdain, si l'on n'était autorisé à croire que les tribus transjourdaines, occupées de bestiaux, possédaient aussi des établissements et des pâturages en dehors des limites de leur territoire. Enfin, une ville de ce nom, Saronas, était située, d'après Eusèbe, au nord de la Palestine, entre le mont Tabor et le lac de Tibériade.


SARUG,


Luc 3:35, ou Sérug, fils de Réhu, père de Nacor, mourut à l'âge de trois cent trente ans. II est nommé dans la généalogie de Marie. La tradition fait de lui un des apôtres de l'idolâtrie.


SAT,


Voir: Mesures.


SATAN,


mot hébreu qui signifie ennemi, accusateur, calomniateur, et qui est parfaitement traduit par le mot grec diable. Il est employé en parlant de David, 1 Samuel 29:4, où l'original porte: «pour qu'il ne devienne pas pour nous un satan;» en parlant de Hadad et de Rézon, 1 Rois 11:14; 23:25, où nos versions l'ont rendu par ennemi; de saint Pierre, Matthieu 16:23; Marc 8:33. Son sens le plus ordinaire est cependant celui de diable, de démon, de chef des démons, Job 1:6-7; 2:1,7; Psaumes 109:6; Zacharie 3:2; 1 Rois 22:21; Jude 9; Matthieu 12:26; Marc 3:23; Apocalypse 2:9,13; 12:9; 20:2; etc. On peut voir aux articles Anges, et Diable, ce qu'il y a à dire en général sur ce sujet; il n'y a que peu de choses à ajouter sur ce mot spécial.

Matthieu 12:26. Satan est représenté comme un roi qui a sous ses ordres une armée dont la discipline fait la force, cf. Marc 3:23; Luc 11:18. Jésus accusé par les pharisiens (qui du reste ne croyaient pas un mot de ce qu'ils disaient) de chasser les démons par Béelzébul, prince des démons, fait ressortir l'absurdité de cette accusation, en montrant que, de la part de Satan, ce serait se faire la guerre à lui-même.

Actes 26:18. Saint Paul montre qu'il n'y a pas de milieu entre Dieu et Satan; on est de l'un ou de l'autre, sous l'influence de l'un ou sous celle de l'autre, vérité qui ressort de toutes les déclarations de l'Évangile, et qui reste telle devant Dieu, quoique à nos faibles yeux il puisse paraître qu'il y a toutes sortes de gens, et des degrés infiniment divers dans la piété et dans l'impiété; cf. 2 Corinthiens 6:14; sq. 1 Jean 3:10; Jean 8:44, etc.

Luc 10:18. Jésus contemple Satan tombant du ciel comme un éclair; il le dit aux soixante-dix disciples qui, après leur mission, viennent lui rendre compte de leurs travaux et de leurs succès. Les démons mêmes leur sont assujettis, et le Sauveur, rappelant en son coeur les visions qu'il a eues, répond à la joie de ses envoyés par cette déclaration, que le chef même des démons a été vaincu; il l'a vu tomber, comme ailleurs il est dit d'Abraham qu'il a vu la journée de Christ; c'est la vue de la foi, Jean 8:56. Jésus, en prononçant ces paroles, a sans doute eu présentes à l'esprit celles d'Ésaïe 14:12, où le roi de Babylone, symbole de l'ennemi de Dieu, est comparé à l'étoile du matin qui tombe des cieux.

Luc 13:16. Satan est considéré comme l'auteur, sinon de toutes les maladies, du moins d'un certain nombre des affections qui affligent l'humanité. Avec ce passage on n'a pas de peine à comprendre ce qui est dit d'Hyménée, d'Alexandre, et de l'incestueux de Corinthe, livrés à Satan pour leur salut, 1 Timothée 1:20; 1 Corinthiens 5:5. Si quelques auteurs, et spécialement ceux de l'Église romaine, pensent qu'il ne s'agit ici que de l'excommunication, il est évident cependant que saint Paul a en vue quelque chose de plus grave qu'une pénitence ecclésiastique; il s'agit d'un châtiment réel qui devait détruire la chair, et tout en reconnaissant que ces pécheurs étaient excommuniés, nous sommes contraints d'admettre que la sentence de l'apôtre entraînait avec elle une peine corporelle, une maladie grave, fruit du péché et infligée par Satan.

Apocalypse 2:9. La synagogue de Satan se rapporte dans ce passage aux Juifs incrédules, qui n'avaient de juif que le nom et les traditions, mais qui, en repoussant Jésus, prouvaient qu'ils repoussaient l'esprit de Moïse et de tout l'Ancien Testament. La même expression est employée 3:9, où il est question de l'Église chrétienne, et elle désigne les chrétiens de nom qui mentent en s'appelant chrétiens, parce qu'ils n'ont pas gardé la parole de Dieu; c'est dire que ce nom désigne l'Église de Rome, déjà désignée 2:13, comme le siège et l'habitation de Satan; les mystères de cette église, ses ruses pour séduire et corrompre les consciences, sont désignées, 2:24, sous le nom de profondeurs de Satan.

Apocalypse 20:1; sq. Satan est lié pour mille ans, puis délié pour un peu de temps après le millénium; après cela, vaincu par l'armée céleste, il sera de nouveau saisi et jeté avec les siens dans l'étang ardent de feu et de soufre, où ils seront tourmentés jour et nuit aux siècles des siècles.

Luc 22:31. Satan est représenté, de même que dans le prologue de Job, comme cherchant à séduire les élus de Dieu; la prière, l'intercession de Jésus est le seul moyen de sortir victorieux de cette lutte. Tous les apôtres étaient menacés par les manœuvres de Satan; saint Pierre était par son caractère le plus exposé à succomber, Jésus prie pour lui; Judas était dans ces dispositions intérieures pour lesquelles il n'y a plus de prières, cf. 1 Jean 5:16; il restait sans défense entre les mains de celui à qui il s'était livré.

La foi aux démons est aussi ancienne que la foi en Dieu, et ceux qui ont conçu l'idée du bien n'ont pu le faire qu'en admettant la notion contraire, l'idée du mal. Chez les Hébreux l'idée de Dieu prédominait cependant, et c'est l'idée capitale; Dieu était admis comme thèse, la notion contraire appartenait plutôt à la controverse; la loi de Moïse établissait le bien plutôt qu'elle ne combattait le mal. Mais conclure de là que l'existence des démons était inconnue aux Hébreux, c'est aller un peu loin (— Voir: Diable); le bouc Hazazel serait déjà une antique protestation contre cette hypothèse, et depuis la Genèse, depuis Job, jusqu'à Zacharie, nous trouvons des traces même assez positives de l'universalité de cette croyance. Les paroles de notre Sauveur prouvent surabondamment que les Juifs de son temps croyaient à la personnalité des mauvais esprits, et l'on aurait d'autant plus mauvaise grâce à dire qu'il s'accommodait aux superstitions et aux préjugés populaires, que dans la plupart des cas il aurait pu tout au moins s'abstenir, que ses déclarations n'étaient nullement provoquées, et que celui qui était venu apporter la vérité sur la terre, ne saurait être soupçonné d'y avoir au contraire entretenu le mensonge et l'erreur.

Satan sous ses divers noms de Diable, de Malin, de Béelzébul, Belsébub, ou Belsébuth, de Bélial, ou Béliar, 2 Corinthiens 6:15, est représenté dans l'Écriture comme la source de tous les maux, Luc 10:19; 13:16; 22:31, comme l'ennemi du règne de Dieu, Matthieu 13:39; Luc 10:18; Jean 12:31; 14:30; 16:11, comme le tentateur et séducteur des croyants, 1 Corinthiens 7:5; 1 Thessaloniciens 3:5; 1 Pierre 5:8, lequel avait essayé même de tenter le fils de Dieu, Matthieu 4:1. La première manifestation de son influence malfaisante remonte aux jours de la création, au jardin d'Éden,

Voir: Hébreux 2:14; 2 Corinthiens 11:3; cf. Apocalypse 12:9,

et par le péché il est devenu le père de la mort, 1 Corinthiens 15:26; Hébreux 2:14. Il avait été créé droit, de même que les démons qui le servent, mais par leur propre faute, par leur orgueilleuse rébellion, ils sont tombés, ils ont été chassés du ciel, Jean 8:44; 2 Pierre 2:4; Jude 6, et maintenant ils règnent sur les ténèbres, ils sont dans l'air, ils pèsent sur l'humanité déchue, Éphésiens 2:2; 6:12; cf. Colossiens 1:13; Jean 13:2; sq. 2 Corinthiens 4:4, et finiront par éprouver un terrible jugement, car Christ est apparu pour renverser et détruire l'empire de Satan, 1 Jean 3:8.

Voir: aussi Apocalypse 20.

Noter encore les passages Zacharie 3:1, et surtout 1 Rois 22:21.

— Il est probable que Milton, dont le génie ne regardait pas de très près à l'exactitude historique (son sujet, d'ailleurs, ne le comportait pas), a puisé dans Apocalypse 12:4, sq., l'idée de Satan entraînant avec lui dans sa révolte la troisième partie du ciel. Peut-être aussi n'y a-t-il eu que simple réminiscence, car cette idée était naturelle et simple; Satan ne pouvait être ni égal, ni trop inférieur à Dieu. Égal, c'eût été le placer trop haut; trop inférieur, c'eût été rendre la lutte illusoire et nuire à l'intérêt de l'action.

(Le nom grec de l'ennemi du genre humain, διαβοίος, de διαβαλλω, qu'on traduit ordinairement par adversaire, ne serait-il pas mieux rendu par le vieux mot français traversier, celui qui traverse? Il y aurait, pour cette traduction, l'analogie du serpent traversant de nos versions.)


SATRAPES,


Voir: Perse.


SATURNE,


Voir: Kijun, Caldée, Caldéens.


SAÜL,


Voir: Paul.


SAÜL.


  1. Fils de Siméon et d'une Cananéenne, Nombres 26:13; 1 Chroniques 4:24; Genèse 46:10; Exode 6:15. La mention spéciale qui est faite de sa mère est un blâme contre ces unions mixtes avec des femmes païennes.
     

  2. Saül, premier roi des Hébreux, était fils de Kis, de la tribu de Benjamin, et régna quarante ans, 1 Samuel 9, et suivant; 1 Chroniques 8:33; 9:39. Distingué par sa beauté et par la grandeur de sa taille, il avait ce qu'il fallait pour plaire au peuple sur lequel il devait régner; il fut choisi par Samuel, oint d'huile, puis solennellement présenté aux Israélites à Mitspa, après que le sort, dirigé de Dieu, eut ratifié le choix que le dernier des juges avait fait du premier des rois; Saül dut octroyer préalablement une espèce de charte constitutionnelle à son peuple, qui le salua par des acclamations de joie que le mécontentement de quelques-uns ne réussit pas à troubler; Saül fit le sourd aux murmures des mécontents, et resta d'abord modestement dans la vie privée, pour laisser aux animosités le temps de se calmer, et pour ne pas alimenter par sa présence et l'exercice de ses droits, l'aigreur qu'avait produite chez quelques-uns sa subite élévation. Sa première expédition fut dirigée contre les Hammonites; elle réussit, et ce succès ramena les mécontents, 1 Samuel 11. Dès lors Saül dut mettre tous ses soins à protéger le pays contre les attaques incessantes des Philistins, 13:1; mais le peu d'esprit militaire des Israélites, et le manque d'armes, 13:6,19, auraient suffi à paralyser ses efforts, si Jonathan son fils, par un acte héroïque, n'eût mis en fuite l'armée des Philistins qui ne tarda pas à être complètement défaite, 1 Samuel 14. Les Philistins revinrent cependant à la charge, ainsi que d'autres peuples du voisinage, les Moabites, les Édomites, les Syriens de Tsoba, etc. Saül triomphait parce que Dieu était avec lui, mais il perdit ce secours par sa faute dans une guerre d'extermination dirigée contre les Hamalécites, il désobéit aux expresses injonctions de Samuel, il épargna le roi et les bêtes grasses (15), et le prophète irrité prononça sa déchéance, et nomma pour lui succéder un jeune homme de la tribu de Juda, David, qui fut placé à la cour, jouit, de la faveur particulière du roi pendant quelque temps, mais finit par être l'objet de sa jalousie et de sa haine. Les exploits du jeune guerrier, que Saül exposait aux plus grands dangers, et qui se tirait avec honneur des plus mauvais pas, méritèrent à David la faveur populaire, et cette faveur causa sa disgrâce (16). Accablé d'une noire mélancolie, Saül essayait de se distraire en écoutant de la musique, ou en poursuivant ce David qu'il croyait son ennemi (17-20), mais rien ne pouvait rendre la paix à son cœur ulcéré; deux fois ses jours furent épargnés par David, et il s'attendrit un moment à la vue de tant de générosité, mais ses remords sans repentance ne suffirent pas à retenir ses poursuites, et Saül fut malheureux jusqu'à la fin sous le poids de la colère divine. Il finit par perdre les traces du prétendant réfugié à Gath (27), et les Philistins s'étant de nouveau levés contre Israël, Saül marcha à leur rencontre, consulta une devineresse la veille de la bataille, reçut d'elle un déplorable oracle que le lendemain devait voir s'accomplir: la bataille fut perdue, ses fils furent tués, et lui-même fatigué de la vie se jeta sur son épée, et termina par le suicide une vie commencée sous de meilleurs auspices, un règne que l'obéissance à Dieu eût rendu à la fois glorieux et tranquille (28-31).

    C'est une étrange histoire que celle de Saül; l'homme et le roi sont étranges, et l'on ne saurait dire lequel l'est le plus. Le début de la royauté devait la compromettre dans l'esprit du peuple dont elle fil le malheur; Dieu donnait à Israël un roi dans sa colère. Et cependant Samuel avait pris toutes les précautions destinées à prévenir ou à diminuer les maux qu'Israël amassait sur sa tête: non seulement il avait cherché à détourner le peuple du caprice qui le portait à demander un roi, mais une fois la chose décidée, il avait posé des limites à la puissance et aux prétentions du monarque; il l'avait choisi membre d'une tribu qui, par sa petitesse, n'avait pas de rivales; il l'avait choisi beau de visage et de haute stature, afin que, sans éveiller les jalousies, il sût captiver l'attention et les regards bienveillants de ses futurs sujets; il l'avait choisi vaillant et courageux afin que, bon capitaine, il offrît au peuple la seule qualité dont le besoin se fît sentir, la garantie nécessaire au maintien de l'intégrité du territoire; il l'avait choisi après que Saül, ayant prophétisé, eut donné à tout Israël le spectacle d'un jeune homme qui se laisse diriger par les conseils de la sagesse divine; il lui avait imposé enfin une constitution qui devait mettre le peuple à l'abri des empiétements du pouvoir royal. Tout cela ne servit de rien; Saül ayant atteint à une hauteur qu'il ne rêvait peut-être pas lorsqu'il cherchait les ânesses de son père, fut saisi de ce vertige qui tourne les têtes trop faibles à une certaine élévation; il oublia qu'il était le serviteur de Dieu, pour se rappeler seulement qu'il était le roi du pays, et sans s'en rendre compte, mais entraîné par le manque de foi, il secoua le joug de l'Éternel et voulut régner par lui-même. Au sacrifice de Guilgal, sa déchéance fut annoncée, elle fut arrêtée et décidée après que, par ses ménagements envers Agag, il eut prouvé que la parole de l'Éternel ne lui était pas sacrée. Ce ne sont pas les détails, ce n'est pas même l'ensemble des faits que le prophète lui reproche; c'est le manque de foi, le manque de respect pour un ordre divin, le manque de confiance en celui qui peut d'un mot remplacer les troupes qui désertent, la désobéissance à celui qui aime mieux obéissance que sacrifice. La dynastie de Saül est déshéritée du trône parce que Saül a oublié qu'il n'était pour ainsi dire roi qu'en second. Et si l'on regrette que l'aimable et généreux Jonathan porte la peine des fautes de son père, il faut se rappeler que cette solidarité du péché était générale à cette époque et dans ces pays, qu'elle a été longtemps sanctionnée de Dieu d'une manière générale, et que dans l'espèce le péché de Saül entraînait nécessairement cet ordre de châtiment; c'est moins l'homme que le roi qui a péché, et la peine que Dieu inflige, comme les peuples, aux rois coupables, c'est la déchéance de leur dynastie. Saül aurait eu les qualités d'un bon capitaine, il a de la grandeur, il ne manque pas de générosité, il est courageux, prompt, mais il n'a pas les qualités d'un roi, bien moins encore celles d'un roi d'Israël.

Quelques détails de sa vie nécessitent des observations spéciales.

  1. Les circonstances de son élection sont d'une simplicité tout à fait antique et patriarcale, bien en rapport avec la vie presque idyllique de ces temps reculés. Le but de son voyage, sa visite à Samuel, les signes qu'il reçoit, sa rentrée dans la vie privée, tout porte le cachet de l'époque, et pour se moquer de ces détails, il faut, comme dit Winer, ne pas connaître l'antiquité et ne pas savoir s'y reporter en esprit. L'élection de Saül est racontée de deux manières; Gramberg y a naturellement vu la preuve de deux documents compilés par l'auteur; il eût été facile cependant de se rendre compte de cette double élection sans recourir à une hypothèse aussi dénuée de vraisemblance. La première fois Samuel oint Saül et lui déclare, mais en secret, les desseins de Dieu à son égard; évidemment cela ne pouvait pas suffire; le choix devait être rendu public, et Samuel, pour écarter toute idée de préoccupation personnelle, en appelle publiquement à la voie du sort, persuadé que le résultat était entre les mains de l'Éternel; le sort se prononce en faveur de Saül. Ce n'est pas une seconde relation, c'est un second fait.
     

  2. L'âge de Saül n'est indiqué nulle part, non plus que la durée de son règne. Flavius Josèphe le fait régner quarante ans, d'après une fausse traduction de 2 Samuel 2:10; cependant le chiffre en lui-même n'a rien d'invraisemblable. Quant à son âge, on peut remarquer seulement que, dès les premières années de son règne, il avait déjà un fils en état de porter les armes et même de commander, 1 Samuel 13:2, de sorte qu'on ne pouvait pas lui donner, à l'époque de son avènement, moins de trente ou trente-cinq ans. Le passage 1 Samuel 13:1, omis dans les Septante, doit se traduire littéralement: «Saül était fils de — an, quant à son règne;» les uns suppléent le chiffre, et disent: Saül avait régné un an (nos versions); d'autres traduisent par:

    — chargé d'ans, âgé; d'autres enfin (Heine) supposent que l'écrivain sacré a laissé en blanc le chiffre de l'âge de Saul qu'il ignorait et qu'il se proposait d'intercaler plus tard, et que cette lacune n'a jamais été comblée. Quoi qu'il en soit, si l'on admet la traduction de nos versions, il faut en changer la ponctuation, autrement le verset n'aurait aucun sens; la première partie du verset se reporterait à ce qui précède, la seconde à ce qui suit immédiatement.
     

  3. Saül a prophétisé à plusieurs reprises, non seulement à son avènement, mais encore après sa déchéance, 10:11; 11:6; 19:24. Il a été nâbi (— Voir: Prophètes), et quoi que l'on veuille entendre par ce genre de prophétie, on est contraint d'avouer que c'était plus que le langage ordinaire des hommes pieux d'Israël. L'étonnement public, lorsqu'on apprend que Saül est aussi au nombre des prophètes, prouve surabondamment que ce n'était pas une chose commune, et si l'on ne veut pas admettre cette inspiration accompagnée de visions qui caractérisait les prophètes d'un ordre supérieur (hhosé), on doit admettre au moins que Saül était animé de l'esprit de Dieu, plongé dans une extase surnaturelle, ravi hors de lui-même, dans un état d'exaltation involontaire, dans laquelle il parlait et enseignait, louait et bénissait Dieu, avec une force et une effusion intérieure que l'Esprit d'en haut pouvait seul produire. Son esprit, son cœur, sa conscience étaient réveillés; Saül n'était plus Saül, il était un autre homme, l'intermédiaire de la pensée divine qui se révélait à lui, et qu'il ne pouvait méconnaître. Alors il s'oubliait lui-même, et son ravissement était tel qu'il fut une fois, une nuit et un jour entier, couché sur la terre et dépouillé de ses vêtements. Mais on se demande comment un homme, animé de pareilles dispositions, a pu être en même temps un homme sans foi et rejeté de Dieu. La réponse est aisée: sa piété s'évanouissait avec les circonstances extraordinaires qui en avait provoqué les mystérieux élans, Osée 6:4; au lieu de retenir dans son cœur les enseignements qu'une faveur singulière de Dieu lui envoyait par intervalles, il laissait s'éteindre le lumignon qui fume, il contristait, il repoussait le Saint-Esprit; et notre Seigneur, en parlant de ceux qui ont prophétisé en son nom, quoiqu'il ne les ait jamais connus, Matthieu 7:22, nous montre la possibilité de cette existence du caractère prophétique chez des hommes voués à la réprobation. C'est une grâce extérieure que Dieu leur accorde, ils la repoussent en faisant usage de leur liberté morale; ils se montrent des exemples vivants et terribles de ce mystérieux antagonisme entre la volonté de Dieu et celle de l'homme, dans lequel la volonté de l'homme peut encore triomphera force d'endurcissement. Saül rejeté, et cependant prophétisant en la présence de Samuel, c'est le remords se réveillant dans le cœur à la vue d'un homme qui lui rappelle de beaux jours et de grandes grâces; mais les passions, l'envie, la haine sont plus fortes, et elles étouffent les semences du bien.
     

  4. La mélancolie de Saül est la suite naturelle de sa réjection. Il y avait là en effet de quoi troubler le cœur et l'esprit d'un homme. C'est la tristesse du remords. Il n'est pas nécessaire d'y voir autre chose. Abandonné de Dieu, abandonné de Samuel, contraint de s'avouer que c'est par sa faute, il sent trembler dans ses mains le sceptre qui déjà n'est plus à lui; l'image de David le poursuit partout comme une ombre; il veut la frapper et la faire disparaître; l'amitié de Jonathan pour son rival lui paraît une révolte dénaturée, l'enthousiasme du peuple pour le jeune guerrier lui paraît une rébellion, les succès d'autrui lui semblent une injure, l'asile donné par un sacrificateur au capitaine qui se dit envoyé de sa part, lui apparaît comme une conjuration; il voit un complot dans l'absence de David, une ruse de guerre dans sa fuite, peut-être même une insulte dans sa pitié. Son esprit est perdu, son jugement est égaré, sa vue se trouble, les faits les plus simples sont grossis et dénaturés, les objets ne lui apparaissent plus sous leur aspect ordinaire; alors on le voit tour à tour se faire le bourreau de son fils que le peuple lui arrache, l'assassin de son gendre que sa fille lui dérobe, le meurtrier des sacrificateurs de Nob que Doëg lui livre et met à mort, le meurtrier des Gabaonites que Dieu venge plus tard, l'insensé conjureur d'une pythonisse, et enfin le suicidé de Guilboah. Rien dans sa conduite ne trahit une folie proprement dite, mais depuis sa désobéissance, tout en lui porte le caractère d'une mélancolie noire; il est sombre comme Charles IX après la Saint Barthélemy; c'est un phénomène physiologique fréquemment observé, et les moyens employés pour calmer le malheureux sont plutôt destinés à le distraire qu'à l'exorciser; l'emploi de la musique dans des cas de ce genre est général, et ses heureux succès ont été constatés toutes les fois qu'il en a été fait usage. Le terme de malin esprit envoyé par l'Éternel, 1 Samuel 19:9, ne contredit en rien cette explication, car nous ne nions nullement que cette maladie noire ne fût l'œuvre d'un malin esprit, et qu'elle ne le soit en général, comme nous admettons que les bonnes dispositions du cœur sont l'œuvre du bon esprit de Dieu.
     

  5. Voir: à l'article Samuel

    ce que nous avons dit sur les mobiles de la conduite du prophète à l'égard du roi déchu.
     

  6. Quant à la consultation de la pythonisse d'Endor,

    Voir: Pythonisse.
     

  7. La mort de Saül est racontée de deux manières différentes, 1 Samuel 31, 2 Samuel 1. Dans le premier passage, Saül se tue, dans le second, il est tué par un jeune Hamalécite; Gramberg y trouve une nouvelle preuve à l'appui de son hypothèse des deux documents. Le récit prouve que le jeune Hamalécite a fait un conte dont il espérait une autre récompense que celle qu'il a reçue, de sorte qu'un second document n'a rien à faire ici; dans le cas où cette explication ne suffirait pas entièrement, rien de plus simple que d'admettre avec Flavius Josèphe une fusion des deux récits; Saül a essayé de se tuer, et comme il n'avait plus la force d'achever son crime, il a prié le jeune Hamalécite qui passait de mettre un terme à ses souffrances.
     

  8. L'extermination des Gabaonites n'est connue que par l'allusion renfermée 2 Samuel 21:1. Les uns supposent que Saül fit égorger avec les prêtres de Nob les Gabaonites employés au service du temple; d'autres pensent que les Gabaonites, n'ayant rien à perdre et tout à gagner à une révolution, prirent le parti de David contre Saül, ce dont celui-ci se serait vengé par leur complète extermination. L'on ne peut rien affirmer à cet égard si ce n'est que Saül a commis le crime, et que ses enfants l'ont expié.
     

  9. Le nom de Saül est rappelé plusieurs fois dans les livres historiques et dans les Psaumes de David;

    Voir: en particulier 2 Samuel 1:17; 2:4; 5:2; 7:15; 12:7; 16:8; 22:1; 1 Chroniques 26:28; Psaumes 18, 32, 54, 57, 59, (suscr.).

    Sa résidence est quelquefois désignée par son nom, 1 Samuel 15:34; Ésaïe 10:29. Le seul passage du Nouveau Testament qui en fasse mention est Actes 13:21.


SAULES


(Sauces). C'est la traduction généralement admise de l'hébreu érèb, ou arab. Il en est parlé Lévitique 23:40; Job 40:17, comme d'un arbre touffu et d'un ombrage agréable, Ésaïe 44:4, et ailleurs, comme d'un arbre croissant le long des eaux (amnicolæ salices, Ovid. Met. 10, 96, umbrosæ, Fast. 3, 17). C'est du saule pleureur qu'il est sans doute question Psaumes 137:2; il vient naturellement en Babylonie et a reçu le nom technique de salix babylonica. Le zaphzepha de Ézéchiel 17:5, désigne aussi une espèce particulière de saule différente de celle qui précède; mais les descriptions qu'ont données du safsaf les rabbins et les voyageurs modernes ne s'accordent pas assez pour qu'on ait pu le classer d'une manière définitive; d'après Rauwolf cet arbre aurait même beaucoup de rapport avec le bouleau par la longueur, la finesse, et le jaune mat de ses feuilles; les descriptions des talmudistes se rapporteraient au salix caprea.

— Le torrent des Saules que nos versions ont, d'après les Septante, traduit par torrent des Arabes, Ésaïe 15:7, est le Wady el Ahsa qui arrose la frontière méridionale du pays des Moabites: il prend sa source près du château d'El Ahsa sur le chemin de la Syrie, et coulant au nord-ouest, va se jeter à l'extrémité sud de la mer Morte. Hitzig a traduit le torrent de la plaine (ou du désert) en comparant le passage Amos 6:14. Dans ce dernier passage quelques commentateurs, notamment Rosenmuller, pensent qu'il s'agit du Cédron, parce que le nom de plaine s'appliquait spécialement à la contrée des environs de Jérico; mais comme il est opposé à Hamath la frontière septentrionale, il doit nécessairement signifier la frontière méridionale, et désigner le même torrent que celui dont il est parlé dans le passage d'Ésaïe.


SAUTERELLES.


Leur incroyable fécondité fait de ces insectes un des fléaux les plus redoutés et les plus terribles des pays chauds, de l'Orient en particulier, Exode 10:4; 1 Rois 8:37; 2 Chroniques 6:28; 7:13. Elles sortent de terre au printemps, surtout dans les années dont la sécheresse a favorisé la maturité des innombrables œufs qu'elles déposent toujours dans la terre; c'est de l'Arabie qu'elles sortent en plus grand nombre, et portées sur les ailes des vents, elles viennent s'abattre en tourbillonnant et comme d'épais nuages sur les plaines de l'Égypte, de la Palestine ou de la Syrie. Ces nuages ont quelquefois de 4 à 6 lieues de longueur, de 2 à 3 lieues de largeur. Elles sont encore loin que déjà le bleu sec du ciel se nuance d'un jaune fade et mat; lorsqu'elles approchent elles voilent le ciel, couvrent la terre de leur ombre, et font entendre le dur et assourdissant frôlement d'un million d'ailes et de pieds. Où elles s'arrêtent, et on chercherait vainement à les en empêcher, elles forment sur la terre qu'elles cachent, une couche épaisse qui parfois dépasse la hauteur d'un mètre; elles rongent alors en un clin d'œil, de leurs dents aiguës, et avec un bruit qui, au dire de Volney, rappelle la marche rapide de la cavalerie, l'herbe, les feuilles, les fruits, surtout les raisins, et jusqu'à l'écorce et à la racine des arbres; leurs goûts et leur nourriture varient; chez les unes le goût est plus fin, chez les autres il est plus grossier; cf. Joël 1:4. Lorsqu'elles ont tout dévasté, elles se remettent en marche, ne laissant derrière elles que leurs œufs, leurs excréments, et quelques cadavres qui produisent une odeur d'une telle infection, que la peste se déclare souvent après leur passage; cf. Juges 6:5; Joël 1, et 2; Jérémie 46:23; 51:14; Nahum 3:17; Psaumes 109:23; 78:46; 105:34; Ésaïe 33:4. Leur marche est très régulière, Proverbes 30:27; Joël 2:8,25; elles volent par colonnes, de jour seulement, et avec des intervalles de repos; le soir elles s'établissent sur la terre, repartent le matin si elles n'ont rien à manger, volent, ou marchent si la rosée de la nuit a mouillé leurs ailes, Nahum 3:17; elles vont droit devant elles, et presque toujours du sud au nord. Aucun mur, aucune haie, aucun fossé, ne les arrête; c'est en vain qu'on met le feu aux herbes et aux broussailles, c'est en vain même qu'on envoie contre elles des troupes de soldats (Pline 11, 35); elles évitent tous les dangers, et ne sauraient être évitées. Elles pénètrent jusque dans les habitations, et en rongent non seulement les ustensiles de bois, mais encore les boiseries, les planches et les poutres, Pline 11, 29. Exode 10:6; Joël 2. Quelques oiseaux leur font une guerre redoutable, qui en fait périr un grand nombre, mais c'est surtout la mer qui est chargée de leur donner la mort. Fatiguées de leur vol, elles s'abattent sur les eaux comme sur la terre, Exode 10:19; Joël 2, et leurs légers cadavres, entraînés vers les rivages, viennent bientôt y apporter la peste, et les désoler par leur mort, après les avoir désolés par leur vie.

On a remarqué que les sauterelles dépouillées de leurs accessoires, avaient en petit une forme assez semblable à celle des chevaux, Joël 2:4; Apocalypse 9:7. Leurs ailes sont d'ordinaire vertes ou jaunâtres, quelquefois rouges ou brunes. Leur longueur varie entre 3 et 15 centimètres.

Il était permis aux Hébreux de s'en nourrir, Lévitique 11:22. (Oken prétend à tort que ce sont quatre espèces d'oiseaux qui sont désignées dans ce passage); cependant elles ne passaient guère pour un aliment délicat, Matthieu 3:4; Marc 1:6. D'autres peuples de l'ancien Orient les mangeaient de même, au rapport de Strabon, de Diodore de Sicile, de Pline, etc., et de nos jours encore on les porte par voitures sur les marchés de l'Arabie (Tavernier, Niebuhr, Joliffe, Burckhardt; d'après Gobât, Voyage en Abyssinie, p. 392, on les entasse dans des tonneaux). On les fait bouillir dans de l'eau, quelquefois on les rôtit, après leur avoir arraché les pieds et les ailes, on les saupoudre de sel, et on les mange. Elles doivent être meilleures que des pigeonneaux, et aussi bonnes que des écrevisses.

Il est parlé dans la Bible de plusieurs espèces de sauterelles; les principales sont l'arbéh, le solham, l'hargol, le kagab (ou hhagab), le tsaltsal, le yélèk, le hhasil, et le gazam, Lévitique 11:22; Joël 1:4. L'arbéh est l'espèce la plus connue et le plus souvent mentionnée; c'est le gryllus gregarius de Linnée: le poitrail vert et fortement bombé, une tête aplatie, des yeux rouge-brun, des antennes de 3 centimètres de long, des ailes supérieures d'un jaune gris et tachetées de jaune à la partie inférieure, et des ailes de dessous vertes et très larges, caractérisent cette espèce. Ce sont les ailes supérieures, et les pattes de derrière, qui produisent le bruit qu'elles font en volant. Le hhargol est peut-être la jeune sauterelle qui ne vole pas encore; les Septante traduisent chenille. Quant aux autres espèces, il n'est pas possible de les déterminer exactement; les termes hébreux sont diversement traduits par les anciens interprètes, qui seuls auraient pu fixer leur signification, et les indices étymologiques sont trop vagues pour qu'on essaie d'en tirer parti. La sauterelle à tête pelue (Dahler), le gryllus cristatus, ou Kammheuschrecke, qui se rencontre souvent en Orient, et qui est mangeable, doit être l'une de ces espèces, cf. Apocalypse 9:8, et Œdmann la voit dans le yélèk à cause de Jérémie 51:27, où l'épithète de samar qui signifie chevelue lui est donnée: le tsaltsal, d'après Tychsen, serait le gryllus stridulus. Le nom de gob, Amos 7:1; Nahum 3:17, semble être le nom générique de l'espèce entière.

L'examen de Apocalypse 9:3; et suivant appartient aux commentaires;

Voir: Ewald, Vivien, Digby, etc.

Les passages Apocalypse 9:3-12; et Joël 2:4, ont été cités à l'article Sauterelles comme ne se rapportant qu'à l'insecte proprement dit, mais il est bien évident, et tous les commentateurs sont d'accord sur ce point, qu'on doit les entendre d'une manière figurée. «Je pense, dit Newton (Pensées), que comme les chérubins, les sauterelles qui sortent de l'abîme sont des représentations symboliques d'un caractère de pouvoir dont certains agents vivants vont être revêtus. Ceux-ci paraissent avoir le même rapport à l'abîme que les chérubins au ciel. Les chérubins représentent le pouvoir qui est sous le contrôle suprême de Christ, et dont les serviteurs de Dieu et de Christ seront revêtus pour tout ce qui appartient à la vie, à la gloire, et à la bénédiction. Les sauterelles, semblables à des scorpions, et dont la forme est plus compliquée que celle des chérubins mêmes, sont sous la direction d'Apollyon leur chef, et elles représentent, à mon avis, le pouvoir dont ses serviteurs seront revêtus pour l'œuvre qui leur est assignée, de tourmenter d'un tourment infernal.»

— Vivien va plus loin (Essai): «Évidemment nous avons ici l'emblème d'une armée qui envahit la Palestine sous la conduite du Destructeur. Nous trouvons dans Joël une prophétie tout à fait parallèle, et par conséquent bien propre à confirmer notre interprétation. Au chapitre 1:2-7, le prophète prédit un jugement terrible qui doit tomber sur la nation juive; il l'annonce sous l'emblème des sauterelles, et il dit que cette nation a des dents comme des dents de lion, 1:6; cf. Apocalypse 9:7-8. Après avoir exhorté le peuple au jeûne et au deuil, il décrit ce jugement 2,1-11. Qu'on lise attentivement cette description, et l'on ne pourra s'empêcher de remarquer l'analogie frappante qui existe entre la prophétie de Joël et la première trompette de malheur (la cinquième). Le texte même de cette prophétie suffit de plus pour prouver qu'elle n'a point encore été accomplie. Il suit de là que cette cinquième trompette, comme les quatre premières, ne concerne directement que la nation juive, conclusion qui se déduit naturellement de la transaction qui a précédé l'ouverture du septième sceau, et de ce qui est dit ici de l'ordre donné aux sauterelles de ne nuire qu'aux hommes qui n'ont pas le sceau de Dieu sur le front.»

Ceux qui regardent la plus grande partie des prophéties apocalyptiques comme accomplies, voient dans les sauterelles de la cinquième trompette les Sarrasins du septième siècle, et si, à d'autres égards, on peut avoir des doutes légitimes quant à la valeur de leur système d'interprétation, il faut avouer que sur ce point, du moins, leurs raisons ne manquent pas de vraisemblance. Les sauterelles sont originaires de l'Arabie; sur leur tête, est-il dit, sont des couronnes semblables à de l'or (les turbans jaunes des Sarrasins); à les voir il semble qu'on voie des chevaux (et ils courent comme des cavaliers), des visages comme des visages d'hommes, des cheveux comme des cheveux de femmes, des dents comme des dents de lions, des cuirasses comme des cuirasses de fer, et le bruit de leurs ailes est comme un bruit de chariots à plusieurs chevaux qui courent au combat; leur puissance de nuire est dans leur queue, et Ésaïe nous dit: La queue, c'est le prophète qui enseigne le mensonge, 9:14. Ces sauterelles ne feront de mal ni à l'herbe, ni à la verdure, ni aux arbres, mais aux hommes, et à ceux-là seulement qui n'ont point la marque de Dieu sur leurs fronts. Gibbon, et ce n'est pas une autorité suspecte, rapporte qu'Abubeker, successeur de Mahomet, donna à ses sectateurs cet ordre remarquable: «Ne faites aucun mal à l'herbe de la terre, ni aux arbres, au-delà de ce qui est nécessaire; et quand vous trouverez des hommes qui, comme simples chrétiens, adorent Dieu, laissez-les et ne leur faites aucune violence. Mais quant à ceux qui ont la tête rasée, qui se prosternent devant les saints et les idoles, ayez soin de leur fendre la tête, et ne les laissez vivre qu'à condition qu'ils se soumettent et qu'ils paient le tribut.»

— Cette nuée de sauterelles couvrit et ravagea pendant un siècle et demi la chrétienté tout entière, soit en Orient, soit en Occident; mais deux pays, ceux dans lesquels étaient cachées les vraies Églises du moyen âge, les Albigeois et les Vaudois, furent presque exemptés de cette plaie, et si les Sarrasins, ayant franchi les Pyrénées, s'abattirent un moment sur le centre de la France, les Pauvres de Lyon sauvèrent le royaume par leurs prières et leur fidélité. Charles-Martel, suscité de Dieu, remporta sur les Sarrasins une victoire décisive sous les murs de Poitiers. Digby fait observer encore «qu'il ne fut pas permis à ces sauterelles de tuer les hommes, mais seulement de les tourmenter», et qu'en effet, après avoir tourmenté pendant longtemps les états de la chrétienté qui étaient tombés dans l'apostasie, ils finirent par se retirer sans avoir pu, ni renverser l'empire romain, ni établir (comme les Turcs le firent plus tard) un empire mahométan sur les ruines d'un empire chrétien. La durée du pouvoir de ces sauterelles symboliques devait être de cinq mois prophétiques, c'est-à-dire de cent cinquante ans, et l'histoire nous apprend que cent cinquante ans après le commencement de la carrière de Mahomet (612), les Sarrasins, fatigués de la guerre et las d'errer depuis si longtemps, se tournèrent vers l'agriculture, et bâtirent sur les bords du Tigre, en 762, la ville de Bagdad, à laquelle ils donnèrent le nom de Cite de la Paix, en témoignage de leur nouvelle résolution. Quant au roi de ces sauterelles, Digby le voit naturellement dans Mahomet lui-même.


SAVON,


Voir: Nitre.


SCEAU,


Voir: Cachet.

Les sceaux de l'Apocalypse 5:9; sq., qui tiennent fermé le livre de l'avenir, désignent le mystère dont les choses futures sont encore enveloppées, et que Jésus-Christ seul a acquis le droit de connaître et de pénétrer.


SCEAUX.


L'explication suivante des sept sceaux apocalyptiques a de l'intérêt comme résumé des vues d'une école, l'école allégorique ou école des prophéties accomplies. Nous ignorons si son auteur, M. Guers, persiste dans ce point de vue qui, à bien des égards, nous paraît trop spirituel. La deuxième édition de son histoire de l'Église, qui est annoncée, nous dira ce qui en est. Dans tous les cas, l'auteur ferait bien de justifier par une introduction sur l'étude de la prophétie, un système qui a été bien des fois attaqué et qui n'a pas encore été solidement défendu.

Les sceaux apocalyptiques, dit-il, paraissent se rapporter à de grands jugements que Dieu déploie, dès les premiers siècles de l'Église, contre Rome idolâtre et persécutrice, et les autres ennemis de sa parole et de son nom. Au milieu de ces jugements, l'Église a beaucoup à souffrir; mais les justes fléaux qui châtient le monde, servent à la purifier.

Le premier sceau:

Jésus, vainqueur miséricordieux, étend partout sa domination spirituelle. Rome païenne voit ainsi se miner le ténébreux empire de l'idolâtrie. Bientôt elle recevra des échecs d'un autre genre.

Le deuxième sceau:

le cheval rouge, emblème de l'effusion du sang. Jésus, Don plus dans sa grâce, mais dans sa providence, frappe Rome persécutrice.

— Insurrections, batailles sanglantes, massacres affreux, dévastations inouïes entre l'an 100 et l'an 138 de notre ère. Cinq-cent quatre-vingt mille Juifs sont exterminés par les gentils; un plus grand nombre de gentils le sont par les Juifs.

Le troisième sceau:

le cheval noir, emblème de deuil et de calamité. La balance, signe de la rareté des vivres. On pèsera à chacun sa nourriture exactement, comme cela se fait dans une compagnie réduite à l'extrémité. Le denier était la journée de l'esclave, et le chénix, ce qu'il lui fallait, à lui seul, de pain pour un jour; à présent, qu'aura sa famille?

— Grande famine de 138 à 193.

Le quatrième sceau:

le cheval fauve porte la mort, suivie de l'enfer ou sépulcre (hadès).

— De 193 à 270, l'empire a plus de vingt chefs qui, pour la plupart, le gouvernent avec une tyrannie révoltante. En outre, plus de trente usurpateurs périssent dans le même intervalle avec des multitudes de leurs partisans. La guerre est suivie de la famine et la famine de la mortalité, qui règne pendant quinze ans avec une fureur presque sans exemple. Les bêtes sauvages désolent les terres, les hommes se battent avec des lions, des loups et des tigres.

Le cinquième sceau:

grande persécution dioclétienne. Le sang des âmes sous l'autel crie vengeance: «Jusques à quand, Seigneur, supporteras-tu ces crimes? jusques à quand tarderas-tu de venger le sang de tes élus, coulant à flots dans tout l'empire?»

Encore un peu de temps, le sixième sceau sera brisé, Rome idolâtre tombera. Enfin, le septième sceau, renfermant les sept trompettes et les sept fioles, ou sept plaies, comprend tous les fléaux qui doivent châtier le monde et toutes les épreuves paternelles qui doivent épurer l'Église, depuis la chute de Rome idolâtre jusqu'à la grande délivrance des élus, c'est-à-dire jusqu'au millénium.

 

(Il faut veiller pour ne pas tomber dans l'hérésie des sectes millénaristes. Le millénium est spirituel et se rapporte au temps de la grâce entre les deux avènements de Christ, et non à un règne littéral de mille ans sur la terre.)


SCÉBA, ou Sheba.


  1. Descendant de Cam et de Cus par Rahma, nommé à côté de Dedan, Genèse 10:7; cf. 1 Chroniques 1:9.
     

  2. Descendant de Sem et de Héber par Joktan, Genèse 10:28; cf. 1 Chroniques 1:22. La tradition arabe a conservé cette origine pour une de ses peuplades.
     

  3. Fils de Joksan, et petit-fils d'Abraham et de Kétura, Genèse 25:3. Il est également nommé à côté de Dédan. (Quant à Séba, fils aîné de Cus, — Voir: Séba.) Ces trois hommes du nom de Sheba sont-ils différents? sont-ils des chefs d'autant de peuplades différentes? Rosenmüller le pense, et il retrouve la troisième famille Job 1:15, où cependant il est plus naturel de l'entendre des Arabes en général, de troupes d'Arabes. L'identité de nom des deux frères pourrait faire penser à une identité des individus, #1 et #3, si la descendance n'était pas différente, la première étant camite et la troisième sémite. Quant aux deux premiers chefs, Michaélis essaie de les fondre en une seule famille, ou plutôt en une alliance de familles, tellement que le pays de Sheba aurait été habité en partie par des Cusi-tes, en partie par des Joktanides; Vater et Bohlen y voient au contraire deux traditions différentes sur l'origine d'une même peuplade; Schrœder tient le milieu entre ces deux opinions, mais inclinant davantage vers la première: les Sabéens, dit-il, ont dans cette table généalogique, un double élément d'origine, ils remontent par une fusion de races à Cam et à Sem, et peut-être les uns à Cam, les autres à Sem, mais habitant le même territoire et ne formant plus qu'un seul peuple, sinon une même famille. On ne doute pas qu'il ne s'agisse sous le nom de Sheba, des célèbres Sabéens de l'Arabie Heureuse, habitant le nord de l'Yémen actuel, selon d'autres une partie de l'Arabie méridionale, Joël 3:8; Psaumes 72:10; Jérémie 6:20. Leurs caravanes traversaient les déserts, et portaient jusqu'aux ports marchands de la Méditerranée, les trésors de leur riche végétation et de leurs précieuses mines, de l'or, des pierreries, des épices, de l'encens, de la casse, etc. Ézéchiel 27:22; 38:13; Job 6:19; Ésaïe 60:6. Cette peuplade riche et belle, la plus grande de l'Arabie, devait à ses richesses la considération générale dont elle était entourée, et les parfums aromatiques de ses rivages donnaient lieu aux récits les plus exagérés, aux légendes les plus fabuleuses. Ils faisaient le commerce de transit entre l'Asie et l'Europe, et leurs caravanes allaient jusqu'en Syrie et en Mésopotamie; ils paraissent même avoir été en relations d'affaires avec les Indes. Leur capitale, bâtie sur une colline, portait le nom de Sabas, et resplendissait de palais et de temples aux colonnes plaquées d'or; des travaux d'art, gigantesques, et de la plus haute antiquité, réunissaient au-dessus de la ville les eaux des montagnes voisines, et formaient un lac artificiel dont les eaux, en s'écoulant par un nombre considérable de petits canaux, assuraient aux jardins, aux prairies, et aux plantations d'arbres, une fertilité digne du paradis. Descendants de Cus, les Sabéens, déjà grands, trouvèrent un nouvel élément de grandeur et de puissance dans leur fusion avec les Sabéens joktanides, auxquels se joignirent plus tard encore, comme troisième élément d'une nationalité qui grandissait en se mélangeant, les Sabéens issus d'Abraham et de Kétura. Ils paraissent avoir fait un commerce d'esclaves, Joël 3:8.

    La reine de Sheba qui visita Salomon, 1 Rois 10, était selon toute apparence originaire de cette contrée, et c'est à tort que Flavius Josèphe la fait venir d'Éthiopie; les détails qui accompagnent le récit de sa visite s'accordent mieux avec la première supposition qu'avec la seconde. Les Abyssins, du reste, ont accepté la tradition de Flavius Josèphe comme donnant un certain lustre a leur histoire; ils ajoutent qu'elle se nommait Maqueda, et qu'elle eut de Salomon un fils qui ressemblait tellement à son père que celui-ci, jaloux, le renvoya; le jeune Menihélec emporta l'arche de l'alliance, qui l'aida un jour de sabbat à traverser une rivière, et ce miracle le convertit (Gobât, p. 322); la reine elle-même aurait aussi embrassé le judaïsme.

    Preiswerk, dans le cinquième volume du Morgenland, p. 50, voit dans Sheba et Dedan, les deux familles principales de l'Inde, unies ou séparées par le Gange, et place Sheba à l'orient; cette opinion ne peut guère se soutenir, quoiqu'elle ait aussi pour elle l'appui de Bohlen.


SCEPTRE,


bâton de bois de la hauteur d'un homme, que déjà les rois de l'antiquité portaient comme les insignes de leur autorité, Amos 1:5; Zacharie 10:11; Ézéchiel 19:11; cf. Genèse 49:10; Nombres 24:17; Ésaïe 14:5, et Iliad. 1, 234; 2, 183. D'après Flavius Josèphe ils emportaient même leur sceptre dans la tombe, vrai symbole de la vanité des gloires et des puissances de ce monde, qui sont enterrées avec ceux qui en ont joui sur la terre. La houlette du berger a peut-être donné naissance à l'idée du sceptre royal, car les premiers rois ne furent que des princes nomades, cf. Psaumes 2:9, et le sceptre ne devait être en effet qu'une houlette, l'emblème du gouvernement, de la direction. Il n'a pas lardé à devenir une verge. D'après Diodore de Sicile, le sceptre des rois d'Égypte aurait rappelé par sa forme un instrument d'agriculture, le grand bras de la charrue. Le sceptre d'Assuérus était d'or, ou plaqué d'or, Esther 4:11, ainsi que celui de plusieurs rois absolus de l'antiquité, Iliad. 1, 15. Cyrop. 8, 7, 13. Strabon parle des autres ornements dont le sceptre est susceptible, et qui étaient particulièrement recherchés des Orientaux. Abaisser son sceptre était de la part d'un roi un acte de grâce, un signe de pardon; en baiser l'extrémité était de la part d'un sujet, un acte de soumission et de dévouement, Esther 5:2. Saül, roi militaire, paraît avoir porté avec lui sa hallebarde en guise de sceptre, 1 Samuel 18:10; 22:6, et Justin raconte qu'aux premiers temps de la fondation de Rome, les rois portaient des lances au lieu de diadème, comme signe caractéristique de leur dignité, et que les Grecs donnèrent à ces lances le nom de sceptre (43:3).


SCÉVA,


principal sacrificateur, ou plutôt rabbin principal d'Éphèse, et père de sept jeunes gens qui faisaient de ville en ville le métier d'exorcistes, Actes 19:14. Jaloux de saint Paul qui faisait plus de miracles qu'eux, et ne voyant en lui qu'un concurrent plus heureux, ils essayèrent de lui emprunter sa formule, et invoquèrent contre le malin esprit dont un homme était possédé, le nom «de ce Jésus que Paul prêche.» Mais cette invocation du nom de Jésus n'étant pour eux qu'une formule, elle ne servit qu'à provoquer encore plus le malin esprit, qui ne leur reconnaissait aucune puissance; il se jeta sur eux, les maltraita et les chassa honteusement. Nous ne reviendrons pas sur ce que nous avons dit ailleurs des possessions, et par conséquent des exorcismes: que toutes les maladies, ou qu'un certain nombre d'entre elles seulement soient produites par l'habitation d'un malin esprit, et deviennent susceptibles d'être guéries par des prières pleines de foi, par des secrets diaboliques, ou par des influences humaines d'un ordre surnaturel, peu importe; l'histoire des fils de Scéva nous montre un homme malade, dont la maladie a résisté aux paroles sans foi de quelques charlatans, et qui a reconnu la puissance de Paul par Jésus.


SCHIBBOLETH,


mot hébreu qui signifie fleuve, ou épi de blé. Il a pris dans notre langue le sens de «signe de reconnaissance», à cause du rôle qu'il a joué à la suite d'une bataille entre Jephthé et les hommes d'Éphraïm, Juges 12:6; sq. Les Éphraïmites avaient été défaits, et Jephthé qui s'était emparé des gués du Jourdain, coupa le passage à tous ceux qui furent reconnus comme membres de cette tribu. Les Éphraïmites avaient à ce qu'il paraît, un défaut de prononciation; ils ne pouvaient pas dire schibboleth, mais sibboleth, et comme ce mot, à cause de sa signification, devait se reproduire naturellement dans la conversation de gens en fuite qui ont un fleuve devant eux, qu'il s'agit de traverser pour sauver sa vie, ils se trahissaient involontairement, sans qu'il soit nécessaire de supposer que leurs ennemis les obligeassent à le prononcer, comme un signe spécial de reconnaissance.


SCIE.


Les Hébreux connaissaient l'usage des scies à marbre, 1 Rois 7:9. Malheureusement ils paraissent avoir fait de cet instrument un usage dont rien ne justifie la cruauté; à l'instar des Égyptiens, des Perses, des Thraces, et même des Romains, ils ont pratiqué à l'égard de leurs prisonniers de guerre, et notamment des chefs, le supplice de la scie, 2 Samuel 12:31; 1 Chroniques 20:3, et l'allusion de Hébreux 11, 37, semble se rapporter au genre de mort qu'Ésaïe selon la tradition, souffrit sous Manassé; cf. Hérodote 2, 137. Val. Max. 9, 2. Sueton. Calig. 27, etc. On regrette que le nom du roi David soit taché du souvenir d'aussi atroces barbaries, et l'on ne peut comprendre de pareils actes qu'en se rappelant qu'ils furent contemporains de ses crimes et de ses remords, antérieurs à sa réconciliation avec Dieu. Il se vengea par des cruautés nouvelles, des cruautés que lui avait fait commettre son coupable amour, et il s'en vengea sur ceux-là même qui en avaient été la cause certes fort innocente, sur les habitants de la ville qu'assiégeait le généreux Une, trop confiant pour prendre garde à sa femme, et se méfier de son roi.


SCILO,


Genèse 49:10;

Voir: Silo.


SCORPION,


mauvais petit insecte des climats chauds, particulier à l'Orient, mais bien connu partout pour le danger mortel que présentent ses piqûres. Il en est parlé dans la Bible, tantôt dans le sens matériel du mot, tantôt d'une manière figurée pour représenter les méchants, Deutéronome 8:15; Ézéchiel 2:6; Luc 10:19; 11:12; Apocalypse 9:3, etc. Le scorpion a beaucoup de rapports avec l'écrevisse des rivières, et n'est guère plus petit; il se tient volontiers dans les lieux humides, sous les pierres, dans des caves, dans des trous de murailles; dans les nuits d'été il se promène sur les escaliers et dans les rues. Sa tête et sa poitrine semblent ne faire qu'un; son front est orné de deux grosses pinces, et de six ou huit yeux; de sa poitrine, sortent huit jambes qui se divisent en six parties couvertes de poils, dont la dernière est munie d'un petit ongle. Son ventre est une grosse queue composée de six anneaux qui sont liés comme des grains de chapelet (Calmet); du dernier, sortent un et quelquefois deux aiguillons creux qui laissent échapper, d'une glande sise à leur origine, un venin froid très acre qui pénètre dans la partie blessée; à moins d'un prompt secours, une fièvre ardente conduit rapidement le malade à la mort. On dit que le meilleur remède consiste à écraser immédiatement le scorpion sur la plaie; c'est qu'entre la piqûre et l'injection du venin il se passe toujours un instant, quelque court qu'il soit, et la mort immédiate de l'animal peut souvent l'empêcher de consommer ce dernier acte. On sait que les orties, froissées avec force, ne font aucun mal, parce que la glande ne peut s'ouvrir; c'est peut-être le même fait qui se produit, quoique sous une autre forme, dans ce qu'on appelle l'application du scorpion en emplâtre. Les scorpions d'Europe (Italie) sont du reste innocents en comparaison du scorpion oriental, qu'on a appelé scorpio afer à cause de sa couleur noir-suie. Il y avait beaucoup de scorpions en Palestine, notamment dans les montagnes de Juda et dans les plaines du Jourdain, et c'est à leur abondance sans doute que cette contrée (de Sichem à Sephna) a reçu le nom d'Acrabatène (de l'hébreu hakkrab) Flavius Josèphe, Guerre des Juifs 2, 12, etc.: de même l'Acrabatène d'Idumée, 1 Maccabées 5:3, et enfin la montée des Scorpions, ou des Hakkrabbim, q.v., à la frontière sud de la Palestine, Nombres 34:4; Josué 15:3; Juges 1:36.

— Les scorpions que nos versions ont rendus par écourgées, 1 Rois 12:11; 14:2 Chroniques 10:11; 14; étaient une espèce de fouet ou de knout armé de pointes.

— L'instrument désigné 1 Maccabées 6:51; sous le nom de scorpion, était une machine de guerre avec laquelle on lançait des flèches; elle est décrite par Tertullien.


SCRIBE,


en hébreu sopher, en grec γραμματεύς, littéralement écrivain. C'était, comme le doctorat de nos jours, une espèce de titre d'honneur qui impliquait certaines connaissances, celle de la loi en particulier, mais qui n'était pas incompatible avec d'autres fonctions d'une nature toute différente, et qui laissait les opinions religieuses et la position ecclésiastique presque entièrement libres. Esdras est appelé scribe, Esdras 7:6,11. Néhémie 8:4,9,13, Tsadoc de même, Néhémie 13:13. Ce mot se trouve deux fois Ésaïe 33:18; la première fois, il désigne celui qui écrit (les impôts); la seconde, celui qui fait le compte des châteaux du pays, espèce de commissaire des guerres. L'officier, chef de l'armée, qui tenait les rôles des soldats du pays, Jérémie 52:25, est aussi un écrivain, un scribe, un sopher; quelques-uns ont pris ce nom de sopher pour le nom propre de cet officier (Luther). Le titre de scribe donné à Esdras signifie un homme versé dans la connaissance de la loi; c'était la philosophie de cette époque; depuis l'exil, tout le culte se réduisait à l'observation de la loi, la conscience se mesurait à la loi pour le peuple; l'esprit s'en allait, les prophètes s'en allaient, le canon se fermait, le culte perdait le prestige d'une splendeur terrestre, la nationalité ne se rattachait plus au territoire, et tout concourait à relever la loi, à lui rendre sa majesté, à en faire l'objet exclusif du respect des Juifs pieux; son étude fixa l'attention des sages, et la science remplaça la sagesse, l'élude remplaça la philosophie. Cette science tourna, chez le grand nombre, à un puéril scolasticisme; chez quelques-uns, elle resta une science selon Dieu. Quelque défaveur qui s'attache au nom de scribe, il y eut des scribes pieux et respectables; ils se mirent à enseigner le peuple, et l'on trouve déjà, Ecclésiaste 12:11, une allusion à des écoles de ce genre. La sagesse se manifestait sous la forme de proverbes, d'énigmes, Proverbes 1:6, de poèmes sentencieux, tels que Job, les Proverbes, l'Ecclésiaste, et un certain nombre de Psaumes; ce sont des considérations générales sur la vie, les leçons de l'expérience reproduites par l'imagination, d'une manière courte, saillante et facile à retenir. La crainte de l'Éternel était le principal de la sagesse; mais, peu à peu, le principal se déplaça, et les sages commencèrent à faire de l'esprit en épiloguant sur la lettre. On les reconnaît toujours là.

Du temps de Jésus, les scribes portaient aussi le titre de docteurs de la loi: c'est même le nom que leur donnent le plus ordinairement Luc et Paul. Ils sont fréquemment nommés à côté des pharisiens, Matthieu 5:20; 12:38; 15:1; 23:2. Quelques-uns d'entre eux étaient réellement pharisiens, Actes 23:9; d'autres étaient sadducéens, Marc 12:28, et il ressort de la comparaison de ces deux passages que les scribes étaient les savants des partis, mais qu'ils n'en constituaient pas un à eux seuls. On les voit en relation avec le souverain sacrificateur, Matthieu 21:15; 27:41,

Voir: aussi Sanhédrin.

Ce corps célèbre se composait du souverain sacrificateur et de pharisiens, au nombre desquels on comptait des scribes. Ces trois puissances étaient liguées contre le Sauveur du monde; les scribes, pour leur part, l'observaient pour avoir l'occasion de l'accuser et de le faire condamner, Luc 6:7; 11:54, commentaient publiquement ses discours, blâmaient ses actes, décriaient ses mœurs, cherchaient à le surprendre par des questions artificieusement posées, et à le mettre dans l'embarras, Matthieu 9:3; 12:38; 22:38; Luc 5:30; 10:25,11,53; 15:2; 20:21, mais le Seigneur leur fermait la bouche, et sa pure intelligence, la divinité de sa morale, lui dictaient des réponses qui les contraignaient de se retirer contus. Les scribes, plus aigris sans doute du ridicule qui rejaillissait sur eux dans ces luttes inutiles, que zélés pour la défense des dogmes juifs ou de leur propre incrédulité, jurèrent sa mort, Luc 20:19; ce fut le seul argument qui leur réussit. Quant à leur position officielle, on voit, par plusieurs passages, que Jésus même leur reconnaissait une sorte d'autorité légale, Matthieu 23:2; ils veillaient de concert avec les pharisiens et les principaux sacrificateurs, aux observances de la loi, faisaient la police du temple et des synagogues, Matthieu 15:1; Luc 20:1; Actes 6:11, et réclamaient du peuple de grandes marques de respect, Luc 20:46. On trouvait des scribes jusqu'en Galilée, Luc 5:17, d'où il ressort que leur activité ne se bornait pas à Jérusalem seulement, mais s'étendait à tout le pays; d'après Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 18, 3, 5, il y avait des docteurs de la loi même à Rome.

Les scribes étaient ainsi les savants du judaïsme, les docteurs, les professeurs de théologie, et en cette qualité ils formaient une espèce de caste avec des intérêts communs. La loi de Dieu étant le centre de toute science juive, le trésor de la vérité, le palladium de leur nationalité, surtout depuis l'exil, c'est comme docteurs de la loi que les scribes se distinguaient surtout, et c'est dans ce sens qu'Esdras est appelé scribe. La loi ayant un côté religieux et un côté civil ou politique, l'éducation des scribes était à moitié théologique, à moitié juridique, et l'étude théorique et pratique de la loi était le champ, le vaste champ, sur lequel ils s'exerçaient avec leurs interprétations allégoriques ou les élucubrations de leur casuistique appropriée à tous les cas et à tous les besoins de la vie. Mais si l'on se rappelle les observances nombreuses et diverses, et les traditions nouvelles qui surgirent après l'exil, et qui, du temps de notre Seigneur, étaient généralement crues et admises même des savants, on comprendra quelle a dû être l'élasticité de leur exégèse, et par quel procédé ils réussirent à trouver dans la loi ce qui ne s'y trouvait pas. Ils surent de cette manière se rendre précieux, non seulement à cause de la profondeur de leurs aperçus théologiques, mais aussi par le droit qu'ils avaient de résoudre les difficultés pratiques, et de décider des cas de conscience.

Ils pouvaient se diviser en trois classes d'après la nature de leur activité. Les uns appartenaient au sanhédrin avec les sacrificateurs; les autres étaient voués à l'enseignement public, et s'occupaient surtout des jeunes gens qui voulaient devenir rabbins; les autres enfin se livraient à l'enseignement privé, servaient parfois de suppléants aux précédents, ou enseignaient pour leur compte d'une manière non officielle, et dirigeaient les jeunes élèves-rabbins dans certains actes particuliers de leur vie, dans le choix d'une vocation, par exemple, car tout rabbin qui se respectait devait apprendre un état qui le mil à même de gagner sa vie. Le célèbre Gamaliel appartenait à la seconde classe, et il est connu sous le nom de docteur de la loi, Actes 5:34. Deux autres scribes de la seconde classe sont nommés Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 17, 6, 2, et le nom plus grec de sophistes paraît avoir été réservé aux membres enseignants de cette caste. On a du reste fort peu de détails sur la nature de leurs écoles. Dans les parvis du temple se trouvaient plusieurs salles qui servaient d'auditoires, et c'est apparemment dans l'une d'elles que Jésus, âgé de douze ans, enseignait les sages qui l'entouraient, et les étonnait par ses réponses, Luc 2:46. Maîtres et élèves étaient assis, Actes 22:3; Luc 2:46. On suppose que l'enseignement se composait moins de discours suivis, que de questions et de discussions, et dans tous les cas il n'est pas douteux que les disciples n'eussent le droit d'interroger leurs maîtres et de leur poser des questions. Ces écoles, du reste, n'acquirent toute leur importance qu'après la ruine de Jérusalem, et la plupart des données historiques qui se rapportent à leur organisation, la promotion des rabbins, etc., sont postérieures à l'époque du Nouveau Testament, et n'ont pas à nous occuper.


SCYTHES.


Chez les anciens géographes, la Scythie était un immense pays aux limites passablement indéterminées, et l'on paraît avoir successivement désigné sous ce nom tous les pays compris entre la mer Noire, la mer Caspienne et la Grande Tatarie actuelle. Peuple nomade, les Scythes n'eurent longtemps qu'une histoire confuse: on les perd au milieu de leurs migrations continuelles; on les voit naître au centre de l'Asie; on les retrouve ensuite à l'orient de l'Europe, près du Palus-Méotide, puis en Syrie, en Égypte; puis, vainqueurs des Mèdes et de Cyrus, ils s'emparent de l'empire de la Haute Asie, le laissent échapper au bout de vingt-huit ans, et finissent par se retrouver dans les montagnes qui furent le berceau de leurs pères. Leur nom ne se rencontre pas dans l'Ancien Testament. Quelques auteurs pensent que le nom de Magog, q.v., désigne les Scythes et la Scythie. Dans le Nouveau Testament, Colossiens 3, 11, cf. 3 Maccabées 7:5, le nom de Scythes désigne simplement un barbare, sans acception de lieu.

— L'invasion des Scythes en Égypte, au temps de Psamméticus, 656-617 avant J.-C., est suffisamment connue par le récit d'Hérodote 1, 103. Il est probable qu'ils touchèrent en passant la Palestine, aussi bien que les côtes des Philistins, et qu'ils y laissèrent des traces de leur passage. Scythopolis, nom donné plus lard à Bethséan, en serait une preuve; mais les historiens sacrés n'en font aucune mention. L'idée que Joël ou Sophonie auraient fait une allusion à cet événement est une malheureuse hypothèse de Cramer; il serait plus vraisemblable d'admettre avec Eichhorn, Bohlen, Dahler, que l'oracle de Jérémie 4:5-6:30, se rapporte à cette invasion, quoique Rosenmuller hésite même à se prononcer dans ce sens.


SÉARJASUB


(ce qui reste se convertira, ou retournera), nom d'un fils du prophète Ésaïe, 7:3; cf. 10:21. Il accompagna son père auprès d'Achaz, lorsqu'Ésaïe vint annoncer au roi qu'il n'eût rien à craindre de la ligue des rois d'Israël et de Syrie; ce jeune homme devait être, en quelque sorte, le témoin du prophète au nom des fidèles.

— Il n'est pas dit que le nom de Séarjasub fût symbolique, et, dans la seule circonstance où nous le voyons figurer, la signification de ce nom n'est pas mise en saillie; mais on sait qu'Ésaïe donnait volontiers à ses fils des noms symboliques en rapport avec ses idées, cf. Lemahersalal 8:3, et le verset 18. Or, l'idée qu'il n'y en aurait qu'un petit nombre de sauvés, un résidu, est fondamentale chez ce prophète, et Séarjasub le caractérise sous ce rapport; le fils rappelle le père.


SÉBAH.


  1. Fils de Bicri, Benjamite, 2 Samuel 20:1. Il succéda à Absalon dans le commandement des rebelles qui s'étaient levés contre David, et, comme Absalon, il paya de sa tête sa criminelle entreprise. Une jalousie de tribus fut peut-être encore à la base de ce mouvement: David avait passé le Jourdain avec la tribu de Juda, et le Benjamite profita de la jalousie que cette préférence apparente avait réveillée chez les autres tribus; mais le temps n'était pas mûr encore. Assiégé dans Abel par Joab, Sébah allait être la cause de bien des souffrances pour la ville qui l'avait reçu: une femme inconnue excita le peuple à livrer le traître, et la tête de Sébah, jetée par dessus la muraille, fut le gage de paix donné aux troupes de David.
     

  2. Séba, ou Sébah, Genèse 10:7, fils aîné de Cus. Son nom s'écrit différemment en hébreu que les trois autres auxquels nos versions donnent la même orthographe,

    Voir: Scéba.

La racine de ce nom, saba, signifie homme en éthiopien; plusieurs des noms de la liste généalogique de Genèse 10 commencent par le même mot seb ou sab, et l'on trouve de fréquentes traces de noms semblables dans les noms propres de l'Arabie et de l'Éthiopie, de sorte que les hypothèses relatives à la direction qu'auraient prise les descendants de Sébah sont douteuses. Cependant, celle qui porte le plus de caractères de probabilité, et qui est le plus généralement admise (Schrœder), c'est que les Sabéens, dont il est ici question, auraient occupé une grande presqu'île formée par le Nil et l'Astaboras, sous le 16° ou 17° de latitude, à laquelle Cambyse aurait donné plus tard le nom de sa sœur, d,'autres disent de sa femme, Méroé (Flavius Josèphe, Strabon, Diod. de Sicile, etc.) Les anciens, qui n'en connaissaient que le nord, pensaient que c'était une île, et Winer est tombé dans la même erreur. Sébah était le centre d'un grand commerce qui se faisait entre l'Éthiopie, l'Égypte, l'Arabie, l'Afrique septentrionale et l'Inde,

Voir: Heeren, Idées sur la politique et le commerce des anciens, II, 371.

Hérodote dit que les Éthiopiens (et les Sabéens appartenaient à ce peuple) étaient célèbres par leur haute stature, et par la longue durée de leur vie (120 ans); ils avaient même reçu, pour cette dernière qualité, le nom de Macrobiotes. Leur taille était évaluée à 12 pieds: Ethiopes duodecim pedes longi (Solinus 30). Inutile d'ajouter que l'imagination de l'auteur était fort grande, ou que les pieds étaient fort petits. Il y a de même de l'exagération dans ce que dit Hérodote, que les captifs mêmes portaient des chaînes d'or, parce qu'on n'avait pas d'autre métal; mais cette tradition prouve au moins que les Sabéens étaient fort riches, et qu'ils avaient la réputation de l'être.

— La capitale du pays portait aussi le nom de Méroé; le trône était électif; il était donné au plus riche, à celui qui se distinguait le plus par la manière d'élever les troupeaux. Les prêtres tenaient le premier rang dans l'État; leur pouvoir était si grand qu'on les a vus ordonner la mort d'un roi et désigner son successeur. Ergamène, par la suite, leur résista, mais ne trouva moyen de se soustraire à leur despotisme qu'en détruisant le temple, et les prêtres qui furent égorgés, environ 300 ans avant J.-C., sous Ptolémée II.

— Les passages, Ésaïe 43:3; 45:14. Psaumes 72:10, qui nous montrent les descendants de Séba en rapport avec les Égyptiens et les Arabes, et distingués par leur stature, permettent d'adopter l'opinion que nous venons d'émettre, et la confirment plutôt qu'ils ne la contrediraient.

— Méroé, dont il reste de belles ruines, porte maintenant le nom d'Atbarah.


SEBNA,


trésorier du palais sous Ézéchias, n'est connu que par les reproches du prophète, Ésaïe 22:15. La destitution et l'exil lui sont annoncés, comme châtiment de ses malversations, de son orgueil, peut-être aussi d'autres faits plus graves encore qui ne sont pas racontés. On ignore si c'est le même dont il est parlé, Ésaïe 36:3; 37:2; 2 Rois 18:18; dans ce cas, son remplacement aurait déjà eu lieu, son exil serait terminé, et il ne serait rentré en grâce que pour remplir la place plus modeste de secrétaire. Il fut député avec Éliakim qui l'avait remplacé, pour entendre les propositions de Rabsaké.


SÉCANIA.


  1. Fils de Jéhiel, de la famille d'Hélam, une des plus distinguées de Jérusalem du temps d'Esdras, 10:2. Il seconda avec énergie les mesures du chef d'Israël contre les mariages mixtes, et montra dans cette circonstance autant de résolution que d'intelligence; sa parole porta coup. On ignore s'il était lui-même au nombre des coupables; il semble s'humilier avec les autres, 10:2; peut-être s'humiliait-il au nom des autres, car son nom ne se trouve pas dans la liste de ceux qui renvoyèrent leurs femmes étrangères, 10:26.
     

  2. Fils d'Arah, Néhémie 6:18; 7:10; Esdras 2:5. Beau-père de Tobija, il trempa dans la trahison de son gendre et dans les complots de Samballat contre Néhémie; qui se ressemble s'assemble. On ne sait si le gardien de la porte orientale, Néhémie 3:29, était fils de celui-ci ou du précédent.


SECOND,


de Thessalonique, compagnon de saint Paul dans quelques-uns de ses voyages, n'est connu que par la mention qui en est faite Actes 20:4.


SÉDÉCIAS


(jugement, ou justice de l'Éternel).

  1. Vingtième et dernier roi de Juda, fils de Josias et d'Hamutal, Jérémie 37:1; 52:1. Il s'appelait d'abord Matthania (don de Dieu), mais son nom fut changé par Nébucadnetsar, lorsqu'en 598, il l'éleva sur le trône vassal de Juda, à la place de Jéojachin (— Voir: Jéchonias), qui l'avait précédé contrairement à l'ordre naturel de la succession. Les rapports de parenté, du reste, ne sont pas nettement établis, Sédécias, étant tour à tour appelé oncle, frère et fils de Jéchonias, 2 Rois 24:17; 2 Chroniques 36:10; 1 Chroniques 3:16; quant au mot fils, il signifie quelquefois successeur, ou bien l'on pourrait admettre dans ce dernier passage, qu'il est parlé d'un Sédécias, fils inconnu de Jéchonias, ce qui est peu probable; les noms de frère, ou d'oncle (frère du père), se prenaient quelquefois l'un pour l'autre, et les relations de neveu et d'oncle paraissent les plus vraisemblables entre Sédécias et son prédécesseur. Sédécias, que Flavius Josèphe nous dépeint comme un homme qui ne manquait pas d'une certaine bonté naturelle, fut un des plus mauvais rois de Juda; pour mieux dire, il ne régna pas lui-même, il n'eut de roi que le nom, et encore pas toujours; des intrigants gouvernèrent pour lui: les grands du royaume tenaient en mains les rênes de l'État, Jérémie 38:5. De faux prophètes, des piètres oublieux de leurs devoirs, des sujets rebelles étaient ligués avec les grands, pour troubler le pays, le corrompre et le jeter dans le précipice, Jérémie 28 et 34. Nul n'osait parler ouvertement, et Jérémie, aux jours de la catastrophe, expia par la prison le tort d'avoir dit la vérité. Le roi lui-même était gêné; il tenait secrètes ses convictions et ses démarches, 38:25,27. Cependant les événements marchaient; se fiant sur l'assistance de l'Égypte, Sédécias crut pouvoir secouer le joug des Caldéens à l'instigation de ses courtisans, et malgré les remontrances de Jérémie, 37:5; Ézéchiel 17:15; cf. 2 Chroniques 36:13. Les Caldéens s'avancèrent alors contre le pays, et après divers succès ils mirent le siège devant Jérusalem; averti de l'approche des Égyptiens, ils marchèrent à leur rencontre, les battirent (sous Hophra), et revinrent assiéger Jérusalem, Jérémie 37:11; cf. 8; et 34:21. C'était au dixième mois de la neuvième année de ce règne. Après dix-huit mois de siège, au quatrième mois de la onzième année, les Caldéens entrèrent dans la ville sainte (588 avant J.-C.), Jérémie 39:2; 52:5. Sédécias s'enfuit du côté de Jérico, mais il ne tarda pas à être arrêté; traduit devant un conseil de guerre, il fut jugé et chargé de fers; il vit mettre à mort sous ses yeux ses fils et ses principaux officiers, puis il ne vit plus rien; on lui creva les yeux, il fut conduit à Babylone et jeté en prison où il resta jusqu'à sa mort. Nébucadnetsar lui fit faire des obsèques royales, sans doute afin de relever sa gloire de toute celle de son illustre prisonnier, 2 Rois 25, Ézéchiel 19, Jérémie 39 et 52. Bientôt Jérusalem ne fut plus qu'un monceau de ruines. Tous ces événements, jusqu'aux plus petits détails, cf. Ézéchiel 12:13; Jérémie 34:4, avaient été prédits parles prophètes.

    — Sédécias ne fut pas un roi théocratique; il fit ce qui déplaît à l'Éternel, et sans atteindre à la perversité de ses prédécesseurs, il combla la mesure; il laissa faire le mal; son trône, son sceptre, ses conseillers, son peuple, tout était vermoulu; Jérémie était une pièce de drap neuf à un vieux habit; il ne servait qu'à faire ressortir le mal. Sédécias ne causa pas la chute du trône de David, mais il le laissa tomber et tomba avec lui.
     

  2. Sédécias, faux prophète, Jérémie 29:21;

    Voir: Achab, #2.
     

  3. Fils de Hanania, Jérémie 36:12.


SÉÉRA,


fille de Béhira et petite-fille d'Éphraïm, n'est connue que par la mention qui en est faite, 1 Chroniques 7:24. Elle fonda des établissements en Israël avant que le peuple entier s'y fût établi.


SÉGUB,


second fils d'Hiel, q.v.


SÉHALIM,


1 Samuel 9:4, probablement un district du centre de la Palestine,

Voir: Salim.

Eusèbe parle d'un bourg de ce nom, situé à 7 milles ouest d'Éleuthéropolis.


SÉHIR,


Genèse 36:20; 1 Chroniques 1:38, chef des Horiens, antérieur sans doute à Abraham, et le premier habitant de l'Idumée. La contrée, connue dans l'histoire sous le nom de monts de Séhir, Genèse 33:14; 36:30; Ézéchiel 35:3, etc., était située dans la partie méridionale de la Palestine, non loin de la vallée du Sel, et voisine des Amorrhéens, Josué 11:17; Deutéronome 1:44; 2 Chroniques 25:11. Primitivement habitée par les Horiens, qui laissèrent à ses montagnes le nom de leur chef Séhir, Nombres 24:18, elle fit ensuite partie du territoire des enfants d'Ésaü, ou Iduméens, Genèse 32:3; 33:14; 36:8; Deutéronome 2:29; cf. 2 Chroniques 25:14. Le district que la vallée d'EI Ahsa sépare de la province de Kérek, au sud-est de la Palestine, porte aujourd'hui le nom de Dshebal (la regio Gebalena des anciens); toutefois l'ancien Séhir embrassait encore les monts d'El Sherah, qui se prolongent jusqu'au golfe élanitique, et qu'un simple wady sépare du Dshebal (Burkhardt). Il importe de se rappeler pour l'intelligence de Nombres 20, et suivant, que cette chaîne, la demeure des Édomites, se jetait à l'ouest dans les sables du Ghor, et à l'est dans les déserts de l'Arabie. On comprend aussi que les monts de Séhir soient nommés dans un même contexte avec les monts de Paran et de Sinaï, également situés dans l'intérieur de l'Arabie Pétrée, Deutéronome 33:2; Juges 5:4. Le nom de Séhir (roux, sauvage, velu) est aussi bien justifié par la désolante sécheresse de la contrée, que par le nom de ses fondateurs, Séhir, ou Ésaü.

— La montagne de Halak, ou montagne chauve, pelée, de Josué 11:17; 12:7, qui semble être désignée comme l'avant-poste des monts de Séhir, serait, d'après Rosenmuller, le mont Madare, que Seetzen a vu sur le chemin d'Hébron à Sinaï, à une journée sud-ouest environ de la mer Morte; mais rien n'est plus arbitraire que de semblables suppositions; ce peut être celle-là, ce peut en être une autre.

Le mot dshebal ou djebel, noté dans cet article ainsi que dans plusieurs autres, signifie en arabe montagne, et entre dans la composition d'un grand nombre de noms propres, même en Europe où il est resté comme un souvenir du passage des Sarrasins; Gibr-al-Tar n'est autre chose que Djebel-al-Tharik, montagne de Tharik; de même Gibraléon en Espagne, etc. L'Etna porte aussi le nom de Gibel.


SÉHIRA,


Juges 3:26, bourg ou village des montagnes d'Éphraïm.


SEL.


Ce savoureux minéral, cet assaisonnement cristallin était fort connu des Hébreux qui le recueillaient en abondance sur les rives desséchées de la mer Morte, dont les eaux débordées chaque année, laissaient, en se retirant, des flaques qu'une rapide évaporation ne tardait pas à réduire en lits de sel, cf. Sophonie 2:9; Ézéchiel 47:11. Ils en trouvaient aussi beaucoup dans la vallée du Ghor (ou du sel), et sur les flancs d'une montagne longue de 3 lieues qui en forme le flanc occidental. Ces deux mines sont loin d'être épuisées; c'est là que les Arabes vont de nos jours encore chercher le sel nécessaire à leurs besoins personnels, et ils font de cette denrée un article de commerce fort lucratif qu'ils exportent principalement en Syrie.

Le sel ne servait pas seulement d'assaisonnement pour les mets, Job 6:6, mais toutes les offrandes végétales offertes à l'Éternel devaient en être saupoudrées, Lévitique 2:13, soit que, par un anthropomorphisme un peu fort, le législateur voulût dire aux Juifs qu'ils ne devaient offrir à Dieu que ce qu'ils pourraient eux-mêmes manger avec plaisir, des plats, des gâteaux tout apprêtés, soit que l'idée de la pureté, de l'incorruptibilité, de la durée, dont le sel était un emblème, eût dicté ce détail des prescriptions mosaïques; on ne risque rien d'adopter, avec Meyer et Tholuck, une partie au moins de cette explication, malgré les persiflages de Winer sur la profondeur de cette symbolique. Il n'est pas dit expressément que les pains de proposition fussent aussi offerts avec du sel, mais cela ressort de l'analogie. Le sel entrait donc pour une grande part dans les besoins du culte, Esdras 6:9; 7:22, et il se vendait sur le marché du temple, où l'on en trouvait toujours une abondante provision; il paraîtrait même qu'il y aurait eu dans le second temple une place spéciale appelée la chambre du sel. Le sel de Sodome (de la mer Morte) que plusieurs pensent à tort être de l'asphalte, était généralement employé dans le sanctuaire.

D'après une tradition juive qui semble confirmée par Ézéchiel 43:24; Marc 9:49; cf. Lévitique 2:13, les offrandes animales étaient aussi présentées avec du sel, comme chez les Grecs et les Romains. Il y avait aussi du sel jusque dans le parfum aromatique, Exode 30:35.

Le sel était le symbole:

  1. De la durée, de la perpétuité, de la sincérité, car le sel préserve de la corruption et de la dissolution; ainsi l'on disait une alliance de sel, Nombres 18:19; 2 Chroniques 13:5; cf. Lévitique 2:13, soit que les contractants missent quelques grains de sel dans leur bouche en gage de leur sincérité, soit que cet acte extérieur n'eût pas lieu.
     

  2. De l'hospitalité. Il y avait un engagement moral contracté entre ceux qui avaient mangé le même sel, maîtres et serviteurs, hôtes et voyageurs, cf. Esdras 4:14, et les Arabes modernes ont conservé la même tradition d'inviolable dévouement à ceux qui ont mangé leur sel ou leur pain (Niebuhr, Rosenmuller, Lamarline, Voyage en Orient, etc.)
     

  3. De la sagesse, de la pureté dans la vie et dans la conversation, Marc 9:49; Colossiens 4:6.
     

  4. De la stérilité; on saupoudrait de sel les terrains maudits et condamnés à rester toujours déserts et stériles, Juges 9:45; Sophonie 2:9; cf. Deutéronome 29:23; Psaumes 107:34 (Job 39:9; l'hébreu porte salée au lieu d'inhabitée);

    Voir: aussi Pline, H. N. 31, 7, 39. Virgile, Géorg. 2, 238-240.

    Ces passages semblent ainsi offrir une contradiction avec Matthieu 5:13, où les fidèles sont appelés le sel de la terre. Calmet résout cette difficulté en changeant la signification du mot; il pense qu'il s'agit là de la marne avec laquelle on fume les terres dans certains pays. On peut l'expliquer aussi dune manière peut-être plus simple en donnant au mot terre le sens de monde, cf. verset 14: le sel serait alors le symbole de la pureté; c'est aux fidèles de préserver le inonde de la corruption.

Quant à la statue de sel de la femme de Lot,

Voir: Lot.

Mer de sel, ou mer Salée, Genèse 14:3.

Voir: mer Morte.

D'après le Dr Daubeny, les eaux de la mer Morte ne contiennent d'autres substances que le sel muriatique, circonstance en harmonie avec l'origine volcanique du pays environnant.

Ézéchiel 16:4. Sur l'usage de frotter de sel les enfants nouveau-nés,

Voir: le commentaire de Hævernick.

Cet usage reposait sur des considérations médicales (saint Jérôme, Gallien, etc.), mais il s'y rattachait sans doute aussi une pensée symbolique, celle de la pureté à laquelle nous sommes appelés, peut-être celle de l'incorruptibilité, de l'immortalité, de l'éternelle durée de l'homme. La salis sparsio qui accompagne le baptême dans l'Église romaine, se rattache peut-être, comme tant d'autres cérémonies, à cette coutume des Juifs, que d'autres peuples de l'antiquité connaissaient du reste également.

Le sel que le prophète Élisée jette dans la fontaine de Jérico pour adoucir l'amertume de ses eaux, 2 Rois 2:21, ne peut avoir été un moyen naturel d'assainissement; les eaux de Jérico se ressentaient du voisinage de la mer Morte, et le moyen employé par Élisée allait plutôt à rencontre du but qu'il se proposait: ce moyen devait faire ressortir avec d'autant plus d'évidence la mission divine du prophète.

Vallée du Sel.

Célèbre par une victoire de David sur les Syriens, 2 Samuel 8:13; 1 Chroniques 18:12; cf. Psaumes 60, (suscr.), cette vallée, large d'environ 3 kilomètres, est située à l'extrémité sud de la mer Morte; elle ne présente pas le moindre vestige de végétation, mais abonde en couches salines.

Maundrell, dans ses voyages, cite un fait qui sert à nous faire comprendre ce que c'est que le sel qui a perdu sa saveur, Matthieu 5:13. Dans la vallée du Sel, près de Gebul (à environ 4 journées d'Alep), il y a un petit précipice causé par de continuels éboulements de sel. J'en brisai un morceau, dit-il, dont la partie qui avait été exposée à la pluie, au soleil et à l'air, quoiqu'elle eût le brillant du sel et des particules salines, en avait cependant complètement perdu la saveur. L'intérieur, qui tenait au roc, conservait le goût salé, comme j'en fis l'épreuve. Dans un des historiens byzantins, on trouve un commentaire vivant et frappant de ce texte. Échabolius avait fait profession d'être chrétien sous le règne de l'empereur Constantin, mais sous celui de Julien l'Apostat il était retombé dans le paganisme. Poussé plus tard à la repentance, il se déclara de nouveau chrétien, et se prosternant sur le seuil de l'église, il s'écria: Foulez-moi aux pieds, car je suis du sel qui a perdu sa saveur.


SÉLA.


  1. Ancêtre de notre Seigneur par Marie,

    Voir: Sala.
     

  2. Fils de Juda et d'une Cananéenne, Genèse 38:5; 1 Chroniques 2:3. Il ne contracta probablement jamais l'union dont il est parlé Genèse 38:11; cf. 26. Il est nommé Nombres 26:20, et sa famille fut une des plus industrieuses d'Israël, 1 Chroniques 4:21.


SÉLAH


(rocher, petra), ville édomite, située au midi de la vallée du Sel; le roi Amatsia la conquit, 2 Rois 14:7, mais plus tard il paraît que les Moabites s'en emparèrent à leur tour, Ésaïe 16:1. Elle est bien connue sous le nom de Pétra, comme capitale des Nabathéens, dans l'Arabie Pétrée. Elle est située à 40 lieues de Jérusalem, dans une petite vallée, fertile, bien arrosée, et entourée de rochers escarpés. Sa position était aussi avantageuse au point de vue militaire que sous le rapport du commerce: deux roules principales s'y croisaient, et la ville renfermait des dépôts considérables à l'usage des caravanes, et les trésors d'or et d'argent qu'elles y déposaient en échange de leurs marchandises. Les rocs infranchissables qui l'entouraient en faisaient une place forte, et le désert qui séparait Pétra de la Judée en rendait, de ce côté du moins, l'abord presque impossible pour une armée. Pendant la période romaine Pétra fut une résidence royale; elle fut en particulier la demeure d'Arétas, roi de l'Arabie Pétrée. Trajan la soumit, ainsi que la contrée environnante, et Adrien paraît, d'après quelques médailles, l'avoir honorée de son nom. Burckhardt a retrouvé ses ruines dans le Wady Mousa, à deux journées nord-est d'Akaba. Un passage très étroit, arrosé d'un ruisseau qui coule entre des rochers de 80 pieds de hauteur, semés de tombeaux et de monuments, conduit, à l'ouest, dans une plaine qui va en s'élargissant, et où l'on trouve les ruines nombreuses et imposantes de l'ancienne Pétra; à l'ouest et au nord, des rochers à pic semblent les protecteurs naturels de cette solitude; deux cents hommes pourraient défendre, à l'est, le passage qui conduisait dans la ville.


SÉLAH


(l'orthographe de ce nom n'est pas la même en hébreu que celle du nom qui précède). Terme hébreu qui se rencontre soixante-treize fois dans les Psaumes, et trois fois dans Habacuc. Les anciens interprètes, les Septante, Théodotion, le, traduisent par pause. De Wette et Winer pensent qu'il indiquait un changement de mesure, ou la répétition de l'air sur un ton plus élevé, da capo (Suidas, Hesychius). D'autres, et quelques-unes des plus anciennes versions, Aquila, Symmaque, le Targ, de Jonathan, traduisent, mais sans justifier étymologiquement leur traduction, par: toujours, éternellement, aux siècles des siècles. Il est difficile de se décider lorsqu'on a perdu tous les éléments d'une décision, la connaissance des secrets de la langue et celle de la musique hébraïque. Herder n'éprouve aucun embarras: le mot sélah, dit-il, ne saurait être ni une pause, ni un signe de répétition, mais un avertissement pour changer de ton, changement qui se manifestait par une augmentation de force, ou par le passage d'un mouvement, d'un mode, à un autre mouvement, à un autre mode. (Les Orientaux aiment encore aujourd'hui une musique monotone que les Européens trouvent triste, et qui, à certains passages des paroles, change tout à coup de mesure et de mode. Le mot sélah indiquerait ces brusques variations). Quand le contenu ou l'expression du chant se modifiait, on se servait sans doute de ce signe pour avertir le musicien qu'à cette place, il fallait varier la mélodie, qui n'était jamais définitivement arrêtée. Cette opinion paraît d'autant plus fondée que le mot sélah se trouve souvent dans les chants passionnés, et jamais dans les psaumes didactiques. Quand il se trouvait à la fin d'un psaume, c'était pour avertir qu'il fallait y en ajouter un autre, car il est certain qu'on aimait ces sortes d'additions et d'enchaînements. Cette opinion qui est aussi, plus ou moins, celle d'Ewald, a été combattue par Gesenius au point de vue de la langue, et par Hengstenberg quant au sens. L'étymologie la plus simple et la plus naturelle de ce mot se trouve dans le verbe syriaque shala, qui a aussi, en hébreu, la signification de reposer; sélah serait alors ou un substantif, repos, pause, ou un impératif, arrête, repose-toi. Cette pause, se rapportant aux paroles, était en même temps un signe musical, parce que la musique s'accordant avec les paroles doit s'arrêter, et rester, en quelque sorte, suspendue, là où le sens de la phrase fixe l'esprit, provoque la méditation, et demande un moment de repos. L'examen des différents passages où sélah est employé, rend cette explication très vraisemblable, et nous l'adoptons comme la plus probable et la mieux justifiée de toutes les hypothèses et opinions produites jusqu'ici.


SÉLAH,


fils d'Arpacsad et petit-fils de Sem, Genèse 10:24. Inconnu.


SÉLEPH,


Genèse 10:26; 1 Chroniques 1:20, peuplade arabe dont le chef est compté parmi les descendants de Joktan. Bochart pense que cette peuplade pourrait désigner les Salapéniens qui, selon Ptolémée 6:8, étaient une des tribus habitant l'intérieur de l'Yémen.


SÉLEUCIE.


Il y avait plusieurs villes de ce nom dans l'Orient ancien. Celle dont il est parlé dans le Nouveau Testament, Actes 13:4, appartenait à la Syrie: elle était située sur la Méditerranée près de l'embouchure de l'Oronte, à 7 lieues sud-ouest d'Antioche à qui elle servait de port. Elle était très forte et passait pour imprenable. Fondée par Séleucus-Nicanor, capitaine d'Alexandre, qui devint après la mort de ce prince roi de Syrie et fut le chef de la dynastie des Séleucides, elle fut la capitale de la province de Séleucie sous les rois de Syrie, et fut déclarée ville libre sous Pompée. Elle portait le surnom de Pieria, du mont Pierius au pied duquel elle était bâtie; on l'appelait aussi Séleucie près la mer (ad mare) pour la distinguer d'autres villes du même nom qui se trouvaient en Syrie. Séleucus y fut enseveli. On en retrouve aujourd'hui les ruines près d'un village nommé Kapse.


SÉLOMITH,


mère d'un homme Israélite qui fut lapidé pour avoir blasphémé, Lévitique 24:11,14. Elle avait épousé quelqu'un de ces Égyptiens qui avaient quitté Israël avec le peuple de Dieu; peut-être même que cet homme ne s'était décidé à ce voyage que parce qu'ils étaient déjà mariés, Exode 12:38. Il ne paraît pas que Moïse énonce un blâme contre Sélomith en rappelant cette union avec un étranger; de pareils mariages dans les premiers temps de l'existence du peuple juif n'étaient peut-être pas encore flétris, et l'on voit Deutéronome 23:7, que des relations intimes avec les Égyptiens sont moins sévèrement interdites qu'avec d'autres nations païennes. Le nom du blasphémateur n'est pas prononcé; le crime en ces temps reculés n'avait pas le privilège de faire des réputations: le blasphème lui-même n'est pas rapporté, parce que c'eût été un appel indirect à l'imitation, tant est grande la force provocatrice du mal: d'ailleurs, s'il est des choses qui ne doivent pas être nommées, un blasphème, une malédiction lancée contre l'Éternel, ne pouvait passer sous la plume d'un écrivain inspiré.


SÉLUMIEL,


préposé de la tribu de Siméon pour faire avec Moïse et Aaron le premier dénombrement d'Israël, Nombres 1:6; 2:12; du reste inconnu.


SEM,


second fils de Noé, Genèse 5:32; 6:10; 7:13; 9:23; 1 Chroniques 1:4; Luc 3:36. Sauvé du déluge, il montra du respect pour son père plongé dans l'ivresse, et fut béni avec Japhet au nom de «l'Éternel, Dieu de Sem»; le nom de Jéhovah, l'Éternel, indiquait une protection plus tendre, plus paternelle que le seul nom de Dieu, d'Élohim, et ce titre annonçait des grâces toutes particulières pour ses descendants. Deux ans après le déluge, Sem, âgé de cent ans, eut un fils, Arpacsad, le premier enfant peut-être du nouveau monde. Il mourut âgé de six cents ans (2446—1846 avant J.-C.).

Voici, d'après Genèse 10, le tableau de sa postérité:
 

Sem|
 

1
Hélam

2
Assur

  3
Arpacsad
  |
  Sélah
  |
  Héber
 

4
Lud

5

   Aram
1 Hus
2 Hul
3 Guéther
4 Mas
 

 

|
 


 
 

|
Péleg
|
Réhu
|
Sérug
|
Nacor
|
Taré
|
ABRAHAM

 

|
Joktan
|
Almodad
Séleph
Hatsarmaveth
Jérah
Hadoram
Uzal
Dikla
Hobal
Abimaël
Séba
Ophir
Havila
Jobab

 
 

Ses descendants s'établirent ainsi dans les plus belles provinces de l'Orient, ils dépossédèrent les enfants de Cam et s'emparèrent de la Palestine; ils furent la famille bénie de laquelle devait naître le Christ selon la chair, et leurs tabernacles furent le berceau du judaïsme d'abord, puis du christianisme: les prophéties étaient accomplies au-delà de ce qu'elles semblaient promettre.

Cinq peuples célèbres appartenaient ainsi à la postérité de Sem, les Hébreux, les Araméens, les Assyriens, les Élamites (Perses), et les Lydiens;

Voir: ces articles.

On s'étonne que les langues de ces cinq peuples n'aient pas un caractère commun qui permette de les rattacher à une même famille, et d'un autre côté, que parmi les peuples issus de Cam il s'en trouve plusieurs dont les langues ne sont pas sans rapports avec les langues sémitiques, celle des Phéniciens et des Cananéens, par exemple. La difficulté, car c'en est une dans l'état actuel de la science, n'est pas encore résolue, mais on ne saurait rien en conclure.

Sem est ordinairement nommé avant Japhet, comme Isaac avant Ismaël, Jacob avant Ésaü, parce qu'il était le chef de la famille théocratique. Il portait le nom de la famille (Sem signifie nom), et c'était aussi parmi ses descendants que Dieu voulait faire demeurer son nom; les enfants de Sem devaient porter le témoignage du vrai Dieu, et c'est parce que cette charge passa d'une manière spéciale dans la famille d'Héber que Sem est aussi appelé le père de tous les enfants d'Héber, 10:21.

Une foule de traditions, les unes curieuses et intéressantes, les autres absurdes, se rattachent au nom de Sem; les uns voient en lui Typhon, le géant de la fable, d'autres Pluton, d'autres Uranus (Shem, pluriel Shamayim, les cieux): d'autres se bornent à le retrouver au temps d'Abraham, sous le nom de Melchisédec, donnant au patriarche les leçons qu'il avait lui-même reçues de Méthusélah, sur la tradition historique, et la doctrine de Dieu. Sem aurait aussi reçu de Noé le testament et le corps d'Adam. D'autres en font un roi, ou un prophète, ou un fondateur de villes. Quelques-uns lui attribuent le Psaumes 110, et un vieux livre hébreu sur la médecine, qui se trouvait en manuscrit dans la bibliothèque de l'électeur de Bavière. Il paraît qu'il fit des observations astronomiques, qu'il remarqua le premier certains mouvements des astres, et qu'il enseigna la manière de compter les mois et les années, avec les mois intercalaires.


SÉMAH,


Voir: Bériha.


SÉMAHIA


(obéissant à l'Éternel).

  1. Lévite, chargé sous David d'enregistrer la division des vingt-quatre familles sacerdotales, 1 Chroniques 24:6. Son nom est inscrit en tête de la liste, comme garantie d'authenticité.
     

  2. Faux prophète, transporté à Babylone probablement avec Jéchonias, et qui, irrité des oracles de Jérémie sur la durée de la captivité, le dénonça comme imposteur aux Juifs de Jérusalem par une lettre écrite en son propre nom, et reçut pour réponse un nouvel oracle, annonçant que ni lui, ni personne de sa famille, ne verrait la fin de cette captivité, Jérémie 29:24-32. Il est appelé Néhélamite, soit que ce nom désigne le village d'où il était originaire (Jérôme), mais on ne connaît aucun village, de ce nom, soit que ce fût un nom de famille, mais il serait également inconnu. Quelques Hébreux voient dans ce surnom un appellatif, signifiant le rêveur, et pensent qu'il l'aurait reçu à cause des rêveries qu'il avait coutume de débiter pour des oracles.
     

  3. Faux prophète, à la solde de Samballat et de Tobija, Néhémie 6:10-14; retenu dans sa maison, il tendit à Néhémie un piège dans lequel un lâche seul pouvait tomber; le noble courage du gouverneur le sauva du danger. Si, pour fuir les assassins, Néhémie avait cherché un refuge dans les parvis du temple, lui qui n'était pas sacrificateur, on pouvait ensuite lui faire son procès et le faire mourir légalement, cf. Nombres 3:38; le bourreau remplaçait les assassins. Sémahia ne laissait que le choix à Néhémie; Néhémie ne choisit ni l'un ni l'autre; méfiance ou courage, il refusa le secours, et évita le piège.

    — On n'est pas d'accord sur le sens du mot retenu, employé en parlant de Sémahia,

    Voir: 10.

    Était-il retenu par quelque infirmité ou maladie? Vivait-il habituellement dans la retraite, pour se faire une réputation de sainteté? Ou bien voulait-il, en restant caché dans sa maison et s'enveloppant de mystères, frapper l'imagination de Néhémie, et le mieux persuader.


SÉMAHJA,


prophète contemporain de Roboam. Il eut le bonheur de prévenir la guerre civile entre les deux royaumes, 1 Rois 12:22; 2 Chroniques 11. Plus tard, lors de l'invasion de Sisak roi d'Égypte, il eut une mission pénible à remplir auprès de Juda; il vint lui dire au nom de l'Éternel: Vous m'avez abandonné, et je vous abandonne au roi d'Égypte. Le peuple et le roi se repentirent alors, et détournèrent une partie des menaces divines: Jérusalem fut épargnée, mais le reste du royaume fut asservi pour un temps, 2 Chroniques 12:5. Sémahja est nommé, 2 Chroniques 12:15, comme auteur d'une vie de Roboam.


SEMAILLES,


Voir: Semence.


SEMAINE


(hébreu Shebouah, sept, une septaine). Pour les juifs comme pour les chrétiens, la division de l'année et des mois en semaines est d'origine divine; elle remonte à la création. Dieu créa l'univers en six jours, et non seulement il se reposa le septième, mais encore il le bénit pour qu'il fût célébré d'âge en âge. Les Hébreux comptèrent par semaines longtemps avant Moïse; et sans parler de plusieurs passages de la Genèse, 4:3 (— Voir: les commentaires); 8:10; 29:27, on pourrait le déduire du décalogue, dans lequel Dieu ne prescrit pas l'observation du sabbat comme une loi nouvelle, mais comme une loi ancienne qu'il confirme. Cette ancienne loi fut d'abord respectée dans tout l'Orient. Les rois de la Chine faisaient au septième jour, appelé le grand jour, fermer les portes des maisons; on ne faisait en ce jour-là aucun commerce, et les magistrats ne jugeaient aucune affaire. Les Perses avaient donné un nom spécial aux premier, huitième, quinzième et vingt-deuxième jours du mois, etc. Mais lorsque les peuples de l'Orient eurent oublié l'origine du monde, et qu'abandonnant le culte du vrai Dieu ils furent tombés dans l'idolâtrie, ils oublièrent la cause de la division du temps en sept jours, et s'imaginèrent que ce nombre avait été indiqué à leurs ancêtres par le cours de la lune, dont chaque quartier ne dure qu'environ sept jours (7 et 3/8). Ideler, et après lui Winer, adoptèrent volontiers cette origine naturelle de la semaine. Dion Cassius prétend que les Égyptiens furent les premiers qui divisèrent les mois en semaines, et que les sept planètes leur en donnèrent l'idée, et Blondel cherche à expliquer par un calcul fait d'après les planètes dominantes de chaque jour et de chaque heure, pourquoi les noms des jours ne sont pas rangés dans l'ordre des planètes considérées par rapport à leurs distances. Court de Gébelin établit que le nom des jours est indiqué dans l'ordre harmonique des différentes planètes. Quoi qu'il en soit du plus ou moins grand degré d'antiquité de la semaine chez les Égyptiens, ils professaient une grande vénération pour le nombre sept et ses multiples. Quant aux Grecs, ils divisaient le mois en trois décades; cependant ils regardaient chaque septième jour comme un jour saint, et dans Hésiode, le premier, le septième et le quatorzième jour du mois sont indiqués comme des jours heureux.

La semaine s'appelle, en hébreu, une septaine et quelquefois aussi un sabbat: Je jeûne deux fois par sabbat, dit le pharisien orgueilleux, Luc 18:12. Les Juifs n'ont aucun nom particulier pour désigner les jours de la semaine, à l'exception du mercredi qu'ils appelaient meoroth (les luminaires), en souvenir du quatrième jour de la création; quant aux autres, ils les désignent par la place qu'ils occupent relativement au sabbat passé ou prochain, comme font les quakers. Les auteurs du Nouveau Testament font de même, Marc 16:2; etc. (— Voir: Bridel, de l'Année juive.)

Les Hébreux avaient, outre la semaine de sept jours, la semaine prophétique qui était de sept ans, qui allait d'une année sabbatique à une autre année sabbatique, cf. Genèse 29:27, et la semaine jubilaire qui était de sept fois sept années, et allait d'un jubilé à l'autre. (Les Romains connaissaient aussi des annorum hebdomades, Gell. 3, 10; etc.) C'est dans cette catégorie que se rangent les fameuses semaines de Daniel, 9:24-27.

Sans entrer dans des détails qui ressortent des commentaires, il suffira de dire que, dans notre opinion, le commencement des soixante-dix semaines doit être daté du moment où Esdras a commencé son œuvre réformatrice, la vraie reconstruction de la vraie Jérusalem, de la Jérusalem spirituelle et théocratique (457 avant J.-C., 483 ans avant la prédication de Jean-Baptiste). Les travaux préparatoires du rétablissement de Jérusalem, l'ordre de Cyrus, 536 avant J.-C., l'ordre de Darius Hystaspe, 520 avant J.-C., le secours accordé par Artaxercès à Esdras, vers 457, l'autorisation de partir accordée par le même monarque à Néhémie vers 445, sont des faits extérieurs qui ne concernaient que la Jérusalem matérielle, le berceau de la Jérusalem vivante, de la Sion sainte; le prophète a plutôt en vue une restauration spirituelle, non celle des rues et des murailles, mais celle du culte; ce rétablissement spirituel coïncide d'ailleurs avec le départ d'Esdras sous Artaxercès, et à peu près avec celui de Néhémie. Le verset 25 parle de la sortie de la parole, d'un ordre donné: par qui? Plusieurs interprètes ont pensé à quelque roi perse; mais la comparaison du verset 23 prouve que c'est de Dieu qu'il s'agit. Ces soixante-dix semaines sont divisées en trois termes de sept, soixante-deux, et une semaines. Pendant les sept premières, c'est-à-dire pendant une cinquantaine d'années à peu près, Dieu continua de se manifester encore par les saints hommes qu'il avait choisis, les Esdras, les Néhémie, les Malachie; puis vint une longue et sombre période de soixante semaines, où la parole écrite remplaça la parole parlée, et où se forma la triste théologie des scribes et des pharisiens; ces soixante-neuf semaines finissent avec l'arrivée de Jean-Baptiste, l'an 26 ou 28 de notre ère, l'an 30 de Jésus, et alors commence la dernière semaine à la fin de laquelle l'alliance doit être confirmée à plusieurs; c'est au milieu de cette semaine que, par la mort de Christ, cesse le régime des sacrifices et des oblations. Après cela (la date n'est pas indiquée d'une manière précise) vient la ruine de Jérusalem et du temple: sous les ailes de l'horreur (est) celui qui désole; (mais) la destruction et la fin (l'extermination) atteindra le dévastateur. Verset 27.


SÉMED,


Benjamite, fondateur de deux villes situées non loin du Jourdain, 1 Chroniques 8:12. Du reste inconnu.


SÉMÉI,


inconnu; l'un des ancêtres de Jésus par Marie, Luc 3:26.


SEMENCE.


La loi défendait de semer dans un même champ deux sortes de graines, Lévitique 19:19. Les uns ont vu dans cette interdiction une mesure tout à fait théologique,

Voir: Accouplements;

les autres n'y ont vu qu'un précepte agricole, et s'appuient sur l'expérience d'anciens agronomes, cf. Virgile, Géorg. 1, 193. Varron, R. Rust. 1, 52: ils pensent que Moïse avait pour but d'engager les Israélites à trier soigneusement leurs grains avant de les confier à la terre, et qu'il rendait ainsi indirectement impossible l'introduction des mauvaises herbes, de l'ivraie, du lolium temulentum en particulier. D'après Lévitique 11:37, un corps mort qui tombait par accident sur des graines destinées à être semées ne les souillait pas, à moins que ces graines ne fussent mouillées, parce que l'humidité absorbe beaucoup plus facilement les gaz et les particules impures que ne font les corps secs.

— Il paraîtrait, d'après les Targums, que les Hébreux avaient déjà découvert une espèce de semoir, ou de machine à semer, et que l'honneur de l'invention n'appartient pas à notre siècle.


SEMER,


possesseur de la montagne de Samarie, la vendit pour deux talents d'argent à Homri roi d'Israël, qui y bâtit sa capitale, et lui conserva le nom de son ancien propriétaire, 1 Rois 16:24. Comme la vente des héritages de famille était défendue aux Israélites, Lévitique 25:23, on a supposé que Semer était un descendant de ces Cananéens qui n'avaient pas été dépossédés lors de l'entrée de Josué dans le pays, d'autant plus que son nom, contrairement à l'usage, n'est accompagné d'aucune notice généalogique. D'un autre côté, les lois de Moïse étaient assez oubliées et violées en Israël, pour que l'on puisse admettre aussi que la loi des héritages n'ait pas été respectée par Semer et Homri dans le contrat de vente.


SÉMINITH.


Ce mot qui est traduit par octave, 1 Chroniques 15:21, signifie le huitième, ou les huit. Il est employé dans l'inscription des Psaumes 6 et 12, et a été diversement interprété: les uns y ont vu un instrument à huit cordes, une espèce de lyre ou de guitare, ce qui est d'autant moins probable qu'un autre instrument, le néguinoth, est indiqué comme devant accompagner le Psaumes 6. D'autres, comme Hengstenberg, pensent que c'est l'indication du ton.

Voir: Musique, et Psaumes.

On pourrait traduire l'inscription du Psaumes 6: «Psaume de David, donné au maître chantre, air de basse, avec accompagnement d'un instrument à cordes.»


SÉNEVÉ,


Voir: Moutarde, et dans cet article, Sinapi, lisez: Sinapis.


SÉNIR,


Voir: Hermon.


SENNACHÉRIB,


Voir: Sanchérib.


SÉPHAR,


montagne, ou plutôt ville, qui servait de frontière orientale aux Joktanides, Genèse 10:30. Selon quelques-uns, Bochart, Gesenius, ce serait Taphar, ou Dâfar, située sur les frontières de Hadramaouth. Il est plus probable cependant (Winer, Preiswerk), qu'il s'agit de la ville désignée par Pline et Ptolémée, sous le nom de Saphar, à l'extrémité sud de l'Arabie Heureuse,-à quelque distance de la mer. Le mot montagne d'orient est probablement une indication générale de la contrée, comme le nom d'un département ajouté à la suite d'un nom de ville ou de village. On suppose qu'il s'agit ici de la chaîne qui traverse l'Arabie depuis les environs de la Mecque jusqu'au golfe Persique. Les deux noms de ville marqueraient les limites nord et sud du pays; les montagnes indiqueraient la position de Testa l'ouest: c'est aussi plus ou moins ce que la tradition nous a laissé sur le pays de Joktan.


SÉPHARAD.


Cette ville ou contrée était habitée par des Juifs exilés, Abdias 20, mais elle est inconnue, et les commentateurs sont loin de s'entendre sur la valeur de ce nom, qui ne se trouve qu'ici. Les Septante et la version arabe portent Éphrata; le syriaque et le caldéen ont Ispania, l'Espagne, ce qui est très improbable. Saint Jérôme pense au Bosphore en suivant une étymologie assyrienne; Hardt à Sipphara en Mésopotamie, mais cette ville avait un autre nom en hébreu,

Voir: l'article suivant.;

d'autres enfin pensent à Sparte, q.v.


SÉPHARVAJIM.


District d'abord indépendant, 2 Rois 19:13, puis assujetti à la domination syrienne, et d'où une colonie fut envoyée en Israël pour repeupler le territoire de Samarie, 2 Rois 17:24; cf. 18:34; Ésaïe 36:19. D'après Rosenmuller, ce serait la Sipphara de Ptolémée, située au sud de la Mésopotamie sur la rive orientale de l'Euphrate, la même que la ville des Sipparéniens d'Eusèbe, et peut-être que l'Hipparenum de Pline. Vitringa et d'autres, concluent au contraire de ce que, dans Ésaïe 36:19, cette ville est nommée avec deux autres villes syriennes, qu'elle doit être cherchée en Syrie même, mais ils pensent que la place exacte ne saurait en être déterminée. Schulthess la voit dans le Seidenaïa du pachalik de Damas. Mais la ville de Hénah mentionnée Ésaïe 37:13. à côté de Sépharvajim, nous ramène en Mésopotamie, et probablement à l'explication de Rosenmuller.


SÉPHATIA,


Jérémie 38:1;

Voir: Guédalia #2.


SÉPHÉLAH,


mot hébreu qui est traduit par plaine, Josué 9:1; 10:40; 11:16; Jérémie 32:44; 33:13; Zacharie 7:7, et par plat pays, 1 Maccabées 12:38. On suppose généralement que ce nom désignait tout le littoral de la Palestine, ou du moins une partie des côtes baignées par la Méditerranée, et le plus souvent d'une manière spéciale la partie des côtes possédée par les Philistins, depuis la plaine de Saron.


SÉPHORA,


Madianite, fille de Jéthro, et femme de Moïse, Exode 2:21; 4:25; etc. La scène mystérieuse de l'hôtellerie a beaucoup tourmenté les interprètes; de toutes les explications, la plus simple nous paraît être celle qui est aussi le plus généralement admise. Moïse tombe gravement malade dans une hôtellerie (l'Éternel cherche à le faire mourir); cette maladie peut n'être que la suite naturelle de ses fatigues et de ses travaux; sa femme, conformément à l'idée alors généralement répandue, que les épreuves sont des châtiments (Genèse 42:21-22; Job), se demande avec inquiétude quel crime ou quelle faute a pu attirer sur eux la colère divine; elle se rappelle que son second fils n'a pas encore revêtu le sceau de la famille d'Abraham, elle le circoncit, et à la vue du sang qu'elle fait couler, elle jette avec dépit ou frayeur son couteau aux pieds de Moïse, et s'écrie: Tu m'es un époux de sang. Moïse se rétablit, et à tort ou à raison, elle établit entre son obéissance et la guérison une relation qui pouvait exister dans la pensée de Dieu, ou n'être qu'accidentelle. Peut-être Séphora s'était elle opposée à la circoncision de son fils, peut-être trahit-elle trop de vivacité dans cette circonstance; elle dut se séparer de son époux qui continua seul son voyage: plus tard elle vint le rejoindre en Horeb, Exode 18:2, et le suivit avec ses fils dans les campements du désert. On ignore quand elle mourut. On ignore également si c'est d'elle qu'il est question Nombres 12:1, mais c'est probable: le sujet de la querelle n'est pas indiqué; peut-être sa qualité d'étrangère faisait-elle l'objet du débat, mais après quarante ans et plus, c'eût été s'y prendre bien tard pour critiquer la convenance de ce mariage; peut-être Séphora s'était-elle glorifiée des faveurs que Dieu accordait à Moïse, et Aaron en avait-il été blessé? La réponse de Marie et d'Aaron infirmerait qu'il y avait quelque chose de semblable, mais Séphora eût été blâmable dans ce cas, et l'on ne s'explique pas la Condamnation dont Marie fut frappée. Il est plus probable qu'Aaron et Marie eurent les premiers torts envers elle,

Voir: Marie.


SEPT,


Voir: Nombres.


SÉPULCRES, Sépultures.


Les Hébreux, comme de nos jours encore les Orientaux, avaient l'habitude d'enterrer leurs morts hors des villes, et loin des habitations, Genèse 23:9; Josué 24:33; Luc 7:12; Jean 11:30. Les rois seuls, et les prophètes, paraissent avoir eu quelquefois le privilège d'avoir leurs tombeaux dans des villes, 1 Samuel 25:1; 28:3; 1 Rois 2:10; 2 Rois 10:35; 12:21; 2 Chroniques 16:14; 28:27. D'ordinaire ces tombeaux étaient des grottes ou des cavernes, et l'on choisissait de préférence des endroits ombragés, des jardins entourés d'arbres, Genèse 23:17; 35:8; 1 Samuel 31:13; 2 Rois 21:18,26; Jean 19:41; la Palestine contient beaucoup de grottes naturelles, cependant on aimait mieux en général en construire d'artificielles, faire creuser dans un rocher une chambre, ou un caveau régulier, parfois très étendu, comprenant plusieurs compartiments réunis par des galeries, et destiné soit à une famille entière, soit à des personnes privilégiées. Ésaïe 22:16; 2 Chroniques 16:14; Matthieu 27:60; Jean 11:38; Luc 23:53. Quelquefois aussi ces tombeaux étaient placés sur des montagnes, 2 Rois 23:16; cf. Virgile Æneid. 11, 849. On voit par Ésaïe 14:18; 1 Rois 2:34; 2 Chroniques 33:20, que des personnes pouvaient obtenir l'autorisation de se faire enterrer dans leurs maisons, c'est-à-dire sur leur propriété, dans le jardin attenant à leur maison. Les princes et les grands n'étaient pas seuls à posséder des tombeaux de famille, 2 Rois 9:28; 2 Chroniques 32:33; 35:24, mais on en trouvait dans presque toutes les familles aisées et respectables, Genèse 23:20; Juges 8:32; 2 Samuel 2:32; 1 Rois 13:22; Tobie 14:13, et c'était un vœu naturel des mourants d'être ensevelis dans les sépulcres de leurs pères, Néhémie 2:3; Genèse 47:29; 50:5; 2 Samuel 19:37; 1 Rois 13:22,31, et l'on voit par Jérémie 26:23, que c'était pour les grands une grave peine que d'être ensevelis dans le cimetière commun. Ceux qui n'avaient pas de tombeaux de famille, désiraient au moins d'être ensevelis dans leur patrie, en terre sainte. On fermait les sépulcres avec de grosses portes, ou en roulant une pierre à leur ouverture, surtout pour les préserver du carnassier chacal, Matthieu 27:60; 28:2. On les reblanchissait à neuf après la saison des pluies, au mois de mars, Matthieu 23:27, et les rabbins ajoutent que c'était pour prévenir les nombreux voyageurs qui se rendaient à Jérusalem pour la pâque, de ne pas se souiller en s'arrêtant trop près de la demeure des morts. La Palestine, la Syrie, et le vieux Édom, renferment encore un grand nombre de ces monuments: les uns sont creusés perpendiculairement dans la terre, et l'on y descend par des degrés; les autres sont placés horizontalement, et l'on y entre de plain-pied: à l'intérieur on trouve le plus souvent deux ou trois pièces ou divisions, dont la seconde est plus basse que la première: la plupart ont dans la muraille des niches ou enfoncements de 6 à 7 pieds de long, dans lesquels on déposait les cadavres.

Parmi les tombeaux qui entourent Jérusalem, les plus remarquables sont les sépulcres des rois, 2 Chroniques 21:20; 28:27; Néhémie 3:16. Ils sont situés au nord de la ville, se composent d'un vestibule et de sept chambres, et paraissent réellement être des tombeaux de rois; mais il est peu probable que ce soient ceux des anciens rois de Juda. Les tombeaux des juges (des membres du sanhédrin), au nord-ouest de Jérusalem, sont moins remarquables et encore plus entourés de mystère quant à leur authenticité.

De bonne heure l'usage s'introduisit d'élever des monuments sur les tombeaux: ce ne furent d'abord que des pierres brutes ou grossièrement travaillées, cf. Job 21:33. Iliad. 23, 255. Virgile Æneid. 6, 365; plus tard, ce furent de magnifiques mausolées, souvent enrichis d'inscriptions, de sculptures ou de bas-reliefs symboliques, 2 Samuel 18:18; 1 Maccabées 13:27-28. La violation des sépulcres, le vol des ornements, des armes, Ézéchiel 32:27, et, en général, de ce qu'on pouvait avoir déposé avec les morts dans la tombe, la sacrilège exhumation des ossements, passait déjà, dans l'antiquité, pour une honteuse et barbare profanation, Jérémie 8:1; Baruc 2:24. Quelquefois on dérobait les cadavres pour les employer à des sortilèges, et l'on a cru voir Ésaïe 65:4, une allusion à cette coutume; mais il est plus probable qu'il s'agit, dans ce passage, ou de sacrifices superstitieux offerts sur les tombeaux pour apaiser les mânes des morts, ou d'une espèce de nécromancie qu'on pratiquait la nuit sur les tombeaux. Après l'exil, on rechercha soigneusement les tombeaux des prophètes et des saints hommes de l'ancienne alliance, on rétablit ceux qui tombaient en ruines, et on les embellit de divers ornements, Matthieu 23:29, signe de respect que l'antiquité grecque connut aussi, mais qui ne sauva pas les Juifs des accusations méritées de Notre Seigneur et du reproche de persécuter les prophètes vivants et de les honorer morts.

Voir: Mort, Synagogues, etc.


SÉRAH,


fille d'Aser, et petite-fille de Jacob, nommée on ne sait pourquoi, et contre l'habitude des généalogistes juifs, dans le recensement de Nombres 26:46. Les rabbins n'ont pas manqué de raconter un tissu de fables plus ou moins merveilleuses sur son compte, mais on ne sait réellement pas à quel fait elle doit son illustration et la place qu'elle occupe dans le dénombrement.


SÉRAÏA.


  1. Le dernier grand-prêtre d'Israël avant la captivité, 1 Chroniques 6:14; 2 Rois 25:18; Jérémie 52:24; Esdras 7:1. Le roi de Babylone le fit égorger à Ribla, c'est tout ce que nous savons de lui, mais la mort d'un martyr permet de soupçonner sa vie, et la conduite qu'il a tenue au milieu des troubles de son pays.
     

  2. Fils de Nérija et frère de Baruc, Jérémie 51:59. La charge qu'il occupait à la cour de Sédécias est diversement expliquée par les interprètes: chef de la prophétie (Vulgate), maréchal des voyages (syriaque), chef des largesses ou présents (alexandrin et caldéen), grand chambellan (Dahler); cette dernière explication est la plus probable. Envoyé à Babylone par Sédécias, il reçut de Jérémie l'ordre de faire connaître aux Juifs les oracles écrits du prophète contre Babylone, et il remplit ainsi à la fois deux missions opposées, l'une de dépendance au nom de son roi, l'autre d'espérance et de liberté au nom de l'Éternel.
     

  3. Complice d'Ismaël, 2 Rois 25:23; Jérémie 40:8.
     

  4. Fils de Hazriel, chargé d'arrêter Baruc et Jérémie, Jérémie 36:26.


SÉRAPHINS.


Êtres mystérieux qui ne sont nommés que Ésaïe 6:2-6. Ils entourent l'Éternel et célèbrent ses louanges; ils ont la forme humaine, et six ailes; de deux ils couvrent leur face en témoignage de respect, de deux ils couvrent leurs pieds, de deux ils volent. Des nombreuses hypothèses qui ont été faites pour expliquer leur nature, voici les trois plus importantes:

  1. On déduit le mot de l'hébreu saraph, qui signifie brûler; ce seraient des êtres brillants, et comme de feu (Gesenius); il est bien possible qu'ils aient été nommés ainsi comme les serviteurs de celui qui est un feu consumant, Deutéronome 4:24. Hébreux 12:29.
     

  2. On compare le titre arabe de shérif, qui désigne un noble, un chef de tribu, et comme tels les séraphins seraient les puissances des cieux.
     

  3. Les serpents brûlants (et volants) du désert, Nombres 21:6, ont été aussi pris comme terme d'analogie et de comparaison (Valke); on allègue ensuite le culte rendu aux serpents dans plusieurs religions orientales, et la divinité égyptienne Sérapis (Hitzig), et l'on en conclut que les séraphins étaient des figures qui avaient quelque ressemblance avec les serpents par leur forme, avec l'homme par leur figure, avec les oiseaux par leurs ailes; d'autres pensent que c'étaient des corps d'homme, avec des têtes de serpents. D'autres supposent que les séraphins ne sont qu'un autre nom des chérubins. D'après Michaélis enfin, ce seraient des prêtres célestes offrant l'encens sous la forme des chérubins.


SÉRÉBIA,


fils de Mahli, lévite, homme intelligent, établi à Casiphia pendant la captivité, se décida, à l'instigation de Iddo, à retourner à Jérusalem avec Esdras et sa caravane; les ustensiles sacrés et les présents qu'Esdras emportait, furent, pendant le voyage, confiés à ses soins et à ceux de ses amis, Hasabia et Ésaïe, Esdras 8:18,24. On le retrouve encore, sous Néhémie, parmi les prêtres qui font dans le temple l'explication de la loi et les prières solennelles, Néhémie 8:7; 9:5.


SERGE-PAUL,


Actes 13:7, sénateur romain, préteur de l'île de Cypre. Homme intelligent, dégoûté des erreurs du paganisme, désireux de connaître la vérité, il avait admis auprès de lui Bar-Jésu, l'enchanteur, espérant que peut-être sa doctrine satisferait les besoins de son âme. L'arrivée de l'apôtre Paul excita de nouveau sa religieuse curiosité; Serge assista à une entrevue qui eut lieu entre l'apôtre et le magicien, et, plein d'admiration pour la doctrine chrétienne, qu'un éclatant miracle confirma en sa présence, il crut et embrassa l'Évangile.


SERMENT.


Moyen assez ordinaire chez les Hébreux d'établir, soit dans les affaires publiques, soit dans la vie privée, soit en présence des tribunaux, la vérité de ses paroles passées ou présentes, Genèse 24:37; 50:5; Exode 22:11; Lévitique 6:3-5; Juges 21:5; 1 Samuel 19:6; 20:17; 2 Samuel 19:23; 15:21; 1 Rois 18:10; Esdras 10:5; Matthieu 26:74. Nous voyons confirmés par serment un traité d'alliance, Genèse 31:53; Josué 9:15; 2 Rois 11:4, et une promesse de secours et d'assistance à la vie et à la mort, 2 Samuel 15:21. Le serment reposait sur une idée éminemment religieuse; son nom hébreu (une septaine) indique déjà qu'une pensée de perfection dans la vérité présidait à son usage; c'était dire sept fois la vérité. Quant à sa valeur juridique et à sa forme, la législation mosaïque ne nous a donné aucun détail, et ce fait semble en faire une œuvre de conscience et de bonne foi, échappant aux prescriptions légales. Le plus souvent, on jurait par l'Éternel, Juges 21:7; Deutéronome 6:13; 1 Samuel 24:7; 2 Samuel 19:7; 1 Rois 1:29; 2:23; Ésaïe 19:18; 65:6; Jérémie 38:16, etc.; les Israélites idolâtres juraient par de faux dieux, Jérémie 5:7; 12:16; Amos 8:14; Sophonie 1:5. On jurait aussi par la vie de la personne à laquelle on s'adressait, 2 Rois 2:2; 1 Samuel 1:26; 20:3; par la vie du roi, 1 Samuel 17:55; 25:26; 2 Samuel 11:11; plus rarement par sa propre vie, Matthieu 5:36; quelquefois, chez les païens, par un des membres les plus précieux du corps, par ses yeux, Ovid. Amor. 3, 3, 13; par la terre, Matthieu 5:35; par le ciel ou le soleil, Matthieu 5:34. Virgile Æneid. 12, 176; par les anges, par le temple, ou par quelqu'une de ses parties, Matthieu 23:16; par Jérusalem enfin, la sainte ville, Matthieu 5:35, cf. encore l'adjuration de Cantique 2:7. Quant aux cérémonies qui accompagnaient la prestation du serment, elles étaient simples et peu nombreuses; dans l'époque patriarcale, il paraît que l'on plaçait sa main sous la cuisse de celui à qui l'on prêtait serment, Genèse 24:2; 47:29; plus ordinairement, on étendait sa main vers le ciel, Genèse 14:22-23; cf. Deutéronome 32:40; Exode 6:8; Ézéchiel 20:5. Plus tard, à ce que dit Maïmonides, mais on ne saurait préciser à quelle époque remonte cette coutume, les Juifs jurèrent en touchant les phylactères. Devant la justice, le serment consistait à répondre amen! à une formule d'adjuration qui était lue à celui qui devait jurer, 1 Rois 22:16; cf. Nombres 5:19; Matthieu 26:63. Les femmes et les esclaves n'étaient pas admis à prêter serment. Les principes relâchés des pharisiens, à l'endroit du serment, sont relevés Matthieu 23:16, et les Juifs paraissent avoir eu généralement une assez mauvaise réputation sous ce rapport, Martial 11, 95; 7. D'après Philon, quelques docteurs luttaient contre cette tendance à jurer toujours, pour peu de chose, et, par conséquent aussi, sans respect pour le serment prêté. Philon lui-même désirait la suppression du serment, cf. Matthieu 5:34, et les esséens l'avaient réellement supprimé, comme les quakers l'ont fait de nos jours.

— Le parjure était défendu au point de vue religieux, puisque c'est sur ce point de vue que reposait le serment, Exode 20:7; Lévitique 19:12; cf. Matthieu 5:33; Zacharie 8:17. On ne voit, du reste, que deux espèces de faux serments mentionnés, l'un relatif au témoignage, l'autre à la négation d'un dépôt ou d'une trouvaille, Lévitique 5:1; Proverbes 6:2; 29:24. Pour les deux cas, un sacrifice expiatoire est ordonné, et de plus, pour le dernier cas, une restitution supérieure à la valeur reçue ou dérobée. La peine paraît légère, parce que les traditions papales nous ont habitué à toute autre chose; mais la législation juive, plus avancée que celle du moyen âge qu'on a essayé de ressusciter sous Charles X, mais sans succès, ne punissait que le délit humain, et laissait à Dieu le soin de venger son nom faussement invoqué. L'ancienne Rome, la ville païenne, l'avait aussi compris, Cicer. Legg. 2, 9; aux dieux seuls appartenait la peine du faux serment, le censeur se bornait à noter les parjures. Plus tard, à mesure qu'elle perdait l'esprit et devenait charnelle, la synagogue introduisit des peines corporelles, le fouet et l'amende, pour punir ce péché contre Dieu.

— Jésus-Christ paraît avoir défendu le serment, Matthieu 5:33-37; du moins, s'il eût voulu le défendre, il n'eût pu se servir d'expressions plus claires et plus positives.


SERPENT.


La Palestine et les contrées qui l'avoisinent, surtout les lieux déserts de l'Égypte et de l'Arabie, étaient, dans les temps anciens, fort riches en serpents, gros et venimeux. Forskal a distingué, en Égypte et en Arabie seulement, huit espèces de couleuvres. Les serpents de Syrie ont, d'après Russel, la réputation de n'être que peu ou point malfaisants. Toute cette espèce d'animaux fut naturellement classée parmi les viandes dont l'usage était interdit aux Israélites, Lévitique 11:10,41. On compte au moins huit noms hébreux pour désigner différentes sortes de serpents. Calmet va jusqu'à onze; mais il met dans cette catégorie le képhir, qui signifie jeune lion, Ézéchiel 19:2-3, le tsabouah, c'est-à-dire la hyène, ou des bêtes sauvages en général, Jérémie 12:9, le tsimmaôn, un lieu désert et aride, Ésaïe 35:7, et le shachal, qui est encore un lion. II convient, du reste, pour ces quatre mots, que la traduction de sa Vulgate est fort loin d'être sûre. Quant à une désignation bien claire des sept ou huit espèces mentionnées dans la Bible, on ne saurait la donner, et l'on doit se borner à des présomptions, les noms de ces espèces n'étant généralement pas accompagnés de détails qui les fassent reconnaître; cependant, lorsqu'à ces détails qui mettent sur la voie, se joint une analogie du nom dans les langues voisines, l'arabe surtout, la présomption devient vraisemblable, et la possibilité devient probabilité.

  1. Le tsèphah ou tsiphehoni, et
     

  2. Le shephiphon, désignent le céraste ou couleuvre cornue, q.v.
     

  3. Le péthen,

    Voir: Aspic.
     

  4. Le kippoz, que le prophète représente comme pondant des œufs et les couvant, Ésaïe 34:15. On a cru d'abord que c'était une espèce d'hirondelles; nos versions même l'ont traduit par martinet. On est d'accord maintenant à penser qu'il s'agit du serpent que les Grecs nommaient άκοντιάς (le dard), et les Latins anguis jaculus: il est très commun en Arabie et en Afrique; il se jette sur sa proie avec la rapidité de la flèche. Les Septante, le caldéen et saint Jérôme, traduisent par hérisson.
     

  5. Le haksoub, Psaumes 140:3, serpent venimeux, dont l'espèce ne saurait être déterminée de plus près.
     

  6. Le ephehéh, serpent venimeux, Job 20:16; Ésaïe 30:6; 59:5. On le trouve, entre autres, en Égypte. D'après Avicenne, le mot arabe correspondant désigne la vipère à tête plate, au col étroit, à la queue émoussée, qui fait du bruit en rampant, et fait entendre un léger sifflement; c'est le coluber vipera d'Égypte, de Hasselquist, et l'animal nommé dans le Nouveau Testament, Matthieu 3:7; 12:34; 23:33; Luc 3:7; Actes 28:3.
     

  7. Le nachash, Genèse 3:1; Exode 4:3; 7:15; d'après l'étymologie, ce serait un serpent qui siffle; d'après le contexte des divers passages où il est nommé, ce serait un serpent en général, sans désignation spéciale; il est probable que c'était en effet le nom de l'espèce et non celui d'un genre en particulier. Il rappelait cependant l'idée de grandeur, et a donné son nom à la constellation du serpent,

    Voir: Astres. Cf. aussi Ésaïe 27:1,

    et ce qui en sera dit plus loin.
     

  8. Le saraph, ou serpent brûlant, que les Israélites rencontrèrent dans les déserts de l'Arabie, Nombres 21:6,8; Deutéronome 8,15. Le même saraph est désigné comme un animal qui vole, Ésaïe 14:29; 30:6, mais par le contexte même, on doit reconnaître dans ces mots une image poétique plutôt qu'une description zoologique; car, bien que plusieurs auteurs, les anciens surtout, Hérodote, Élien, et même quelques modernes, aient soutenu l'existence de serpents volants en Arabie et en Égypte, cet animal n'a pas été vu de ceux en l'assertion desquels on pourrait avoir le plus de confiance; et comme les plus dignes de foi de ces témoins ajoutent expressément que ces serpents ailés ont des pieds, il est fort à croire qu'ils auront confondu des serpents avec des lézards. Il paraît, en effet, que dans certaines parties du sud de l'Asie, on trouve une espèce de lézards volants, dont les pattes parallèles sont unies par une fine membrane semblable à celle des ailes de la chauve-souris. Les théologiens ne sont pas d'accord sur l'espèce de serpents désignée sous le nom de serpents brûlants. Le voyageur Laborde pense que les Israélites furent mordus par des scorpions, fort abondants dans cette contrée, où ils ont même donné leur nom à la vallée d'Hakrabbim, et que ces scorpions furent nommés brûlants (saraph), à cause de la douleur cuisante que causaient leurs morsures; mais cette explication est inadmissible, et l'on doit se contenter de l'idée générale exprimée par saraph, de serpents très venimeux.

Le serpent d'airain, que sur l'ordre de Dieu, Moïse dressa à la vue de tout le camp, afin que ceux qui le regarderaient fussent guéris, a naturellement fort préoccupé les interprètes. Les uns ont mis la force curative du remède dans la force d'imagination du malade, aidée de quelques herbes ou potions administrées conjointement avec la foi au serpent; d'autres ont pensé que c'était un échantillon, un modèle destiné à faire connaître aux Israélites la forme de l'animal, de manière à ce qu'ils pussent le distinguer et l'éviter; pour d'autres, le mouvement que se donnaient les Israélites mordus dans la campagne pour arriver au plus tôt en présence de l'image, était le véritable remède; la course faisait transpirer, et le venin sortait avec la sueur, comme on dit en Italie que le mouvement de la danse guérit de la tarentule celui que la piqûre de cette araignée a affligé de la rage de la danse. D'autres, beaucoup plus simplement encore, prétendent que le serpent d'airain était l'enseigne de l'hôpital général où ceux qui avaient été mordus, étaient sûrs de trouver tout ce dont ils avaient besoin, médecins, médecines, infirmiers, etc. On voit que ces explications sont tout à fait naturelles et passablement ridicules. Quelques Juifs en ont donné de plus recherchées, et ils expliquent la vertu du serpent d'airain par l'influence des constellations sous lesquelles il avait été fondu et travaillé. Mais la vraie vertu du remède, le vrai sens dans lequel doivent être prises les paroles de Moïse, nous est indiqué dans le chapitre même; le peuple s'était repenti, Moïse avait supplié l'Éternel, et Dieu, pour guérir des blessures inguérissables, devait intervenir miraculeusement; il ne mettait à la guérison de tous qu'une condition, la foi; il guérissait par sa puissance tous ceux qui, en faisant acte de confiance, montraient qu'ils regrettaient leurs rébellions et leurs murmures passés. Le serpent d'airain n'était qu'une image, un signe visible; mais comme il a plu à Dieu, même sous la nouvelle alliance, de rattacher à des signes visibles des grâces réelles, de même, la contemplation de ce signe, acte d'obéissance et de foi, procurait aux malades croyants la guérison de leurs corps. Le signe n'était rien en lui-même, et les Juifs, en s'en faisant une relique,

Voir: Néhuslan,

se sont montrés infidèles à leur foi; Ézéchias a brisé la relique, Rome l'a raccommodée.

Saint Jean, 3:14-15, nous apprend, quant à ce détail de l'histoire juive, ce que saint Paul nous dit de l'histoire juive tout entière, 1 Corinthiens 10:11. Hébreux 3:4, que le serpent d'airain était un type de Jésus-Christ. Le venin est le symbole du péché qui donne la mort; les serpents brûlants rappellent le serpent ancien qui est Satan, et Jésus, comme le serpent d'airain, de même forme et non de même nature, a dû être élevé, crucifié pour être vu de tous, et guérir tous ceux qui auraient confiance en lui;

Voir: Moïse dévoilé, et le sermon de Gaussen sur ce sujet.

Ajoutons encore ici quelques observations détachées.

  1. Satan est appelé le serpent ancien, le dragon, Apocalypse 20:2, parce qu'il prit la forme d'un serpent pour séduire nos premiers parents. La condamnation qui frappa l'animal est-elle juste? Quelle est-elle? Le serpent avait-il des pieds avant cette époque? Le serpent se nourrit-il réellement de terre, etc.? Bien des questions curieuses ont été faites, et il n'est pas nécessaire d'y répondre. Quant à la justice de la condamnation, l'on ne discute pas avec Dieu; pourtant on peut dire que la complicité la plus indirecte établit déjà parmi les hommes une solidarité, et que Satan choisit le serpent, parce qu'il était le plus rusé des animaux; être distingué par le diable, c'est une condamnation, comme être reconnu de Dieu c'est une grâce. Quant à la nature de la peine, il est probable que le serpent avait avant cette époque ses quatre pieds, dont on peut encore reconnaître les rudiments sous sa peau; il ne paraît pas, quoique ce fût une opinion répandue chez les Grecs et les Romains, qu'aucun serpent mange de la terre; dans sa condamnation, Genèse 3:14; Michée 7:17; cf. Ésaïe 65:25, il n'est pas dit qu'il mangera volontiers de la terre; on peut entendre, au contraire, que la privation de ses pieds, le forçant de ramper, l'obligera souvent à avaler de la poussière malgré lui; il y a cependant aussi une terre grasse et argileuse que certaines espèces de serpents aiment à manger.
     

  2. La ruse et la prudence du serpent sont indiquées dans l'Écriture comme des qualités qui le distinguent de tous les autres animaux, Genèse 3:1; Matthieu 10:16, et l'ancien Orient a développé cette même idée sous toutes les formes; il n'est sorte de fables qu'on n'ait inventées: le serpent a l'art de se rajeunir; quand il boit, il jette sa première gorgée de peur de s'empoisonner; il se bouche les oreilles pour ne pas entendre la voix de l'enchanteur, cf. Psaumes 58:4-5, etc. Dans ce dernier passage, le psalmiste fait allusion aux préjugés reçus, sans entendre ni les partager, ni les confirmer.

    — La docilité du serpent entre les mains des enchanteurs de l'Orient, aura aussi contribué à lui donner cette merveilleuse réputation de prudence et d'habileté.
     

  3. Le serpent a été autrefois l'un des principaux objets du culte et des superstitions païennes; les Égyptiens l'employaient dans tous leurs symboles, dans la coiffure d'Osiris, autour de son sceptre, dans leurs représentations de l'Être suprême, etc. De même, chez les Grecs et les Romains, Anchise, devenu dieu, envoie un serpent goûter aux oblations mortuaires que lui offre son fils, le pieux Énée; et deux serpents annoncent la ruine de Troie, puis se retirent sous le bouclier de Minerve après la mort de Laocoon. Esculape, le dieu de la médecine, était représenté sous la forme d'un serpent; et le caducée, emblème de la paix, était un bâton, ou une croix, autour de laquelle deux serpents entrelaçaient leurs corps annelés. On a voulu faire intervenir la fable du dieu de la médecine dans l'explication des motifs qui dictèrent à Moïse le symbole destiné à guérir les Israélites mordus par les serpents du désert. Trop de gens sont encore tentés d'expliquer la Bible par la mythologie plutôt que par la Bible elle-même.
     

  4. La secte des ophites, ou serpentiniens, qui parut vers l'an 150 après Christ, adoraient Christ dans le serpent qui avait le premier affranchi l'humanité. Le Dzaldabaoth avait créé l'homme pour l'aider dans sa lutte contre les puissances supérieures; mais il ne voulut pas que l'homme s'émancipât, il voulait le maintenir sous tutelle et lui avait interdit le fruit de l'arbre de la science; l'âme du monde, Christ, se servit du serpent pour pousser l'homme à secouer le joug d'un créateur indigne, et le Dzaldabaoth irrité renferma l'homme dans une écorce terrestre qui devait, en gênant ses mouvements, lui ravir les dons précieux de l'esprit. Le Christ céleste, ne voulant pas laisser incomplète son œuvre d'affranchissement, redescend sur la terre, et se sert pour son incarnation de l'homme Jésus. Cette secte avait donc entrepris l'œuvre immense d'unir Christ et Bélial, et le démon, qui avait séduit nos premiers parents, a réussi à faire diviniser, comme un trophée de sa victoire, l'animal maudit sous la forme duquel il a triomphé des hommes et de Dieu pour un temps.
     

  5. Le passage Ésaïe 27:1; est traduit d'une manière peu claire et peu littérale dans nos versions, qui ont ajouté les mots dis-je pour donner de la clarté au sens, et n'ont fait que l'obscurcir. L'Éternel, y est-il dit, punira de sa forte épée trois nations qui, selon l'usage prophétique, sont représentées par autant d'animaux, le léviathan, serpent traversant (le crocodile qui désigne l'Égypte), le léviathan, serpent tortu (le serpent en général, qui paraît désigner l'Assyrie ou la Babylonie), et il tuera la baleine qui est dans la mer (ou à l'Occident, car le même mot désigne les deux choses; ce serait l'empire d'Occident, la Rome païenne, et la Rome papale). Le mot léviathan est pris ici dans son sens le plus général, puis, il est déterminé deux fois par le mot serpent avec deux épithètes dont la seconde est facile à comprendre, mais dont la première n'a pas toujours été bien saisie: l'hébreu bariach signifie selon les uns s'enfuir, s'étendre, et on a traduit serpent fugitif, ou droit, ou encore traversant: selon d'autres il se rapporte au mot verrou qui marque en général la raideur et l'inflexibilité, et il renfermerait une allusion aux mouvements gênés et raides du crocodile.


SÉRUG,


Voir: Sarug.


SÉSAÏ,


fils de Hanak, q.v.


SÉSAK,


Jérémie 25:26;

Voir: Babylone.


SÉSAN,


Voir: Jarhah.


SESBATSAR,


Voir: Zorobabel.


SETH,


Genèse 4:25; 5:3,6-7, etc.; 1 Chroniques 1:1; Luc 3:38. Troisième fils d'Adam, il compte parmi les ancêtres de Jésus, et parmi les nôtres, puisque Noé qui était de sa race, échappa seul au déluge. Il fut père d'Énos, et vécut neuf cent douze ans. Ses descendants sont comptés comme une famille élue qui conserve la connaissance et le service du vrai Dieu: ils eurent avec Adam cette ressemblance en bien, 5:3, comme la famille de Caïn représenta les péchés de ses premiers parents. Quelques-uns des descendants de Seth se détournèrent cependant de la foi pour suivre les voies des voluptés charnelles, 6:2,

Voir: Géants.

Un grand nombre de fables rayonnent autour de l'antique figure de ce patriarche; on lui a attribué des révélations, une ascension au ciel, des visions, des prophéties, plusieurs écrits, entre autres un sur l'astronomie, un autre encore dans lequel il serait parlé de l'étoile qui apparut aux mages de l'Orient, etc. La tradition la moins invraisemblable, quoiqu'elle le soit encore un peu, est celle que rapporte Flavius Josèphe, de deux colonnes, l'une de briques, l'autre de pierres, sur lesquelles auraient été consignées certaines observations astronomiques et peut-être aussi quelques lois morales.

La secte des séthiens qui parut au deuxième siècle, prétendait que deux couples primitifs avaient été créés, l'un par les anges de ténèbres, Caïn en descendait, l'autre par le démiurge; ce dernier couple fut vaincu en la personne d'Abel: la sagesse aurait alors créé, pour le remplacer, Seth, qui serait le père des spirituels, par opposition aux charnels; mais la lutte aurait continué entre ces deux races, et Seth, pour assurer le triomphe de sa postérité, aurait cru devoir paraître de nouveau dans la personne du Messie.

— La secte opposée avait pour héros Caïn dans l'Ancien Testament, et Judas Iscariot dans le Nouveau. Telles sont les ruses de l'enfer que des hommes tordent les Écritures à leur propre perdition.


SÉTHARBOZNAÏ,


Voir: Tattenaï.


SÉVA,


fils de Sahaph, continua ses travaux, et fut nommé père ou prince de Macbéna et de Guibba, en Juda, Josué 15:57; 1 Chroniques 2:49.


SHÉIKH.


C'est ainsi que doit être traduit, d'après Schrœder, l'hébreu alouph, Genèse 36:15; sq. que nos versions ont rendu par le mot si ridicule de duc, q.v. Le mot chef serait, dans notre langue, celui qui rendrait le mieux l'idée exprimée par le terme hébreu. Aleph est la première lettre, la tête, le chef de l'alphabet; alouph, non point comme simple assonance, mais comme dérivé, renferme la même idée. D'autres (Court de Gébelin, par exemple), ont été chercher leurs analogies plus loin; du mot arabe alaph, s'accoutumer, on a fait dériver éleph, bœuf bétail apprivoisé, puis le taureau par excellence, le chef du troupeau. Mais c'est trop recherché.

— Outre le passage cité plus haut, alouph est employé dans le sens de chef, en parlant des Édomites, Exode 15:15, où nos versions l'ont rendu par princes, 1 Chroniques 1:51; sq., où nous retrouvons le titre de ducs; rarement il se dit des chefs des familles Israélites;

Voir: cependant Zacharie 9:7; 12:5-6, où nos versions l'ont rendu une fois par chef et deux fois par conducteurs. (Il y a ainsi quatre mots français pour la traduction de ce seul mot hébreu).

L'idée de filiation est d'ailleurs toujours censée unir le chef de la tribu avec ses administrés; c'est l'aïeul, ce n'est point un conquérant.


SIBBOLETH,


Voir: Schibboleth.


SIBBÉCAÏ


de Husa, l'un des chevaliers de l'ordre de Jasobham, chef lui-même de 24,000 hommes, n'est connu que par sa victoire sur Saph ou Sippaï, géant philistin, 2 Samuel 21:18; 1 Chroniques 11:29; 20:4; 27:11.


SIBHA,


Genèse 26:33, puits que les serviteurs d'Isaac creusèrent, et qu'ils appelèrent sept ou serment, shibeah. La ville porta le nom de Béersébah, ou puits du serment, q.v.


SIBMA,


ville de Ruben, située au-delà du Jourdain, Nombres 32:38; Josué 13:19. On y cultivait la vigne, Ésaïe 16:8. Après la destruction du royaume d'Israël, les Moabites s'en emparèrent et l'habitèrent, Jérémie 48:32. D'après saint Jérôme, elle n'aurait guère été éloignée d'Hesbon que de cinq cents pas.


SIBRAJIM,


ville qui n'est nommée que Ézéchiel 47:16, entre Damas et Hamath, et dont on ne trouve d'ailleurs aucune trace; la version syriaque l'a confondue avec Sépharvajim.


SICHEM.


  1. Fils d'Hémor, enleva Dina, fille de Jacob, la fit ensuite demander en mariage à son père, et périt victime de la violence et de la perfidie de Siméon et de Lévi, Genèse 34, cf. Actes 7:16. La ville de Sichem existait probablement déjà, et l'on suppose que les noms d'Hémor et de Sichem s'étaient conservés dans cette famille.
     

  2. Sichem, hébreu Shekem, ville d'Éphraïm, située entre l'Hébal et le Guérizim, dans une étroite vallée, au milieu d'une belle et fertile contrée. La vallée, avec ses nombreux jardins qu'arrosent des sources abondantes, apparaît au voyageur comme une épaisse forêt d'arbres fruitiers: elle s'ouvre tout près de la ville, sur la campagne de Jacob, qui forme une plaine agréable et fertile, arrosée par un ruisseau limpide, et entourée de toutes parts de collines verdoyantes. C'est là probablement la plaine où Abraham habitait dans le bois de More, où Jacob fut troublé en voyant ses fils attaquer et piller Sichem, où il fut affligé à cause de l'idolâtrie de sa famille, Genèse 34, et 35. Le champ qu'il y avait acheté resta sa propriété, 33:18-20; ses fils y paissaient leurs troupeaux, 37:12-13. Plus tard, il le reconquit sur les Amorrhéens avec l'arc et l'épée, et, près de mourir, en Égypte, il le donna, plein de foi, à son fils Joseph, en demandant d'y être enseveli, 48:21-22. La dépouille de Joseph y rejoignit plus tard celle de ses pères, Josué 24:32; cf. Genèse 50:25. Sous Josué, Sichem entendit les bénédictions et les malédictions solennellement prononcées du haut des monts, Deutéronome 27:12; puis elle fut déclarée ville de refuge et ville lévitique, Josué 20:7; 21:21, et servit, pendant sa vie, de centre aux douze tribus, 24:1,25. Pendant la période des juges, elle fut quelque temps la résidence de la royauté improvisée par Abimélec, qui, après avoir perdu sa couronne, détruisit la ville qui lui avait donné une assistance passagère, Juges 9; ainsi, la méchanceté des hommes de Sichem, Dieu la fit retourner sur leurs têtes. Du reste, elle ne tarda pas à être rebâtie, cf. Psaumes 60:6. Roboam y convoqua cette assemblée populaire qui fut si fatalement décisive pour le royaume, 1 Rois 12:1, et la scission s'étant opérée, Sichem passa avec sa tribu à Jéroboam, qui en fit longtemps sa résidence royale, 1 Rois 12:25; 14:17. Elle échappa aux désolations de l'exil, Jérémie 41:5, et fut, après le retour, le centre principal du culte samaritain, cf. Jean 4:20. Jean Hyrcan la conquit, et en détruisit le temple situé sur le mont Guérizim. Depuis les temps apostoliques, le nom de Sichem est remplacé par celui de Naplouse ou Néapolis, et l'on trouve sur des médailles ce dernier nom, et le nom plus complet de Flavia Néapolis, qui lui fut donné en l'honneur de Flavius Vespa-sien, qui la rétablit après qu'elle eut été presque détruite pendant la guerre des Juifs. Elle ne paraît pas, du reste, avoir été reconstruite à la même place, ou du moins elle n'occupe plus tout l'espace qu'elle occupait anciennement; Flavius Josèphe même donne à la nouvelle ville le nom de Mabortha, et Pline celui de Mamortha, qu'on essaie de rattacher au nom du val More, qui était près de là. Elle était située à 12 milles nord de Silo, à 28 milles de Béthel, à 390 stades de Jérusalem. Mieux protégée par sa situation contre les attaques imprévues des Arabes que beaucoup d'autres villes de la Palestine, Sichem, aujourd'hui Nablus, a conservé jusqu'à nos jours une assez grande importance; entourée de toutes parts d'arbres fruitiers, au-dessus desquels brillent ses dômes et ses minarets, elle fait un commerce assez actif; on y trouve encore une soixantaine de Samaritains, qui vivent tranquilles et sans bruit. D'après Keith (les Juifs d'Eur., etc., p. 205), leur nombre s'élèverait à 150.

    On a beaucoup discuté sur le nom de Sichar, ou Sychar, que Jean, 4:5, donne à cette ville. Les uns pensent que ce sont les Samaritains eux-mêmes qui ont occasionné ce changement de lettre en substituant l'r à l'm, comme on cite d'autres changements analogues entre les lettres liquides, Béliar pour Bélial, Nébucadretsar, Jérémie 46:13, etc. D'autres pensent que ce sont les Juifs qui ont changé le nom de Sichem en Sychar, soit pour rappeler l'hébreu sheker, qui signifie menteur, ville idolâtre, apostate, soit en souvenir de Ésaïe 28:1., ou les habitants d'Éphraïm sont appelés des ivrognes (hébreu shikkor); les Juifs se seraient ainsi vengés des Samaritains, qui donnaient à Jérusalem la sainte (mik'dash) le nom de Mik'thash, ville de percussion, de meurtriers (Lightfoot, Reland, etc.). Hengstenberg pense que c'est Jean lui-même qui, en passant, aura cru devoir protester par ce nom ironique contre l'ensemble trompeur du culte samaritain; c'est peu probable.
     

Voir: encore Jacob, Samarie, etc.


SICLE.


Le sicle a été, dès les plus anciens temps, l'unité de poids des Hébreux, comme chez nous la livre d'abord, puis, aujourd'hui, le gramme. C'est au poids qu'ils mesurèrent longtemps la valeur des objets, des marchandises, du blé, des épices, mais surtout des métaux, de l'or, de l'argent et du fer, Genèse 24:22; Exode 38:24; Nombres 31:52; Josué 7:21; Juges 8:26; 2 Samuel 14:26; Ézéchiel 4:10. Ce poids déterminé, et qui variait peu, ce poids ordinairement d'argent, ne tarda pas à acquérir une valeur courante, et il finit par devenir également une unité monétaire, avant même que la monnaie existât, et le même mot servit à désigner deux unités différentes, comme chez nous aussi la livre a longtemps servi d'unité de poids et de valeur tout à la fois; le mot pound en anglais, et quelquefois pfund en allemand, réunissent encore les deux significations. On ne pesa plus seulement, on compta en sicles. Les prestations des Israélites pour le sanctuaire, les amendes, les dédommagements, les estimations sacerdotales, les impôts civils, les marchandises, tout fut évalué en sicles, Exode 30:13; Lévitique 5:15; 27:3; Nombres 18:16; Néhémie 5:15; 2 Samuel 24:24; 2 Rois 7:1; etc. Toutefois, même avec la valeur reconnue du sicle, on continua de peser, comme on pèse encore quelquefois certaines monnaies d'or, Genèse 23:16. Jérémie 32:9, quoiqu'il paraisse que, pour le commerce de détail, de petites pièces d'argent de la valeur d'un sicle, et ses fractions, peut-être frappées, aient été mises en circulation. Outre le sicle vulgaire, on comptait encore le sicle du sanctuaire, d'après lequel étaient perçus les impôts ecclésiastiques, Exode 30:13; Lévitique 5:15, etc., et, sous David, le sicle royal, 2 Samuel 14:26, qui servait de mesure pour la perception des impôts civils. On suppose que ces deux derniers ne faisaient qu'un seul et même poids, et qu'ils ne se distinguaient du sicle ordinaire que par un peu plus de pesanteur, et par conséquent de valeur; ils étaient la mesure officielle, normale, qui est toujours un peu plus élevée que la valeur courante,

Voir: Mesures, et Poids.

Ce serait se donner une peine inutile que d'essayer de déterminer plus exactement la valeur relative des différents sicles, comme aussi de traduire en valeurs modernes la valeur exacte de l'ancien sicle. Calmet l'évalue à 32 sous 1/2 de notre monnaie; Winer, Eisenmenger, à 7 gros; De Wette à 8 gros; dans le système philétérien (— Voir: Concordance de Mackenzie), le poids du sicle serait de grammes 11,667. On ne peut décider non plus si le sicle d'or avait la même valeur ou le même poids que le sicle d'argent; dans le premier cas, il aurait été plus petit; dans le second, il aurait valu davantage. La dernière supposition paraît plus vraisemblable, d'autant plus que le sicle d'or n'est employé que comme mesure de pesanteur, et l'on peut parfaitement comprendre une cuillère d'or pesant 10 sicles, Nombres 7:14, et une couronne d'or en pesant 3,000, 2 Samuel 12:30, sans admettre un sicle plus petit.

— Le mot sicle est souvent omis, précisément parce qu'il était l'unité courante, comme on omet en français le mot francs quand on dit: cet homme possède plusieurs millions.

Après l'exil, le prince Simon ayant obtenu de la Syrie le droit de battre monnaie, l'an 173 ou 174 de l'ère des Séleucides, donna aux Juifs leur première monnaie proprement dite, 1 Maccabées 15:6, et fit frapper des sicles, des demi-sicles, et des quarts de sicles en argent, Matthieu 26:15; 27:3; on trouve encore plusieurs de ces pièces dans nos cabinets de numismatique. Les légendes sont écrites en hébreu avec les vieux caractères samaritains, et portent la valeur de la pièce, l'année de l'émission, parfois le nom du prince, et pour empreinte tantôt une coupe, tantôt une palme, ou l'urne où la manne était renfermée. Les successeurs de Simon et les Hérodes firent faire toutes les inscriptions en grec.

Quanta Ézéchiel 45:12,

Voir: Mine.


SIDDIM,


charmante vallée du sud-est de la Palestine, qui faisait autrefois la gloire et les délices de ses habitants, et que Dieu détruisit en la recouvrant des lourdes eaux de la mer Morte. Genèse 14, et 19.


SIDON,


ancienne et célèbre ville des Phéniciens, fondée par Sidon, le fils aîné de Canaan, Genèse 10:15. Son nom, qui signifie la pêche, ou la pêcheuse, se rattachait sans doute à l'abondance de poissons (sid, sidôn) que l'on trouve dans ses eaux jusqu'à nos jours. Située au bord de la Méditerranée, dans une plaine étroite, à 3 lieues nord de Tyr, à 12 de Béryte (Baïruth), à 22 de Damas, avec un bon port naturel, elle ne tarda pas à mériter le premier rang parmi les villes de la Phénicie, et fonda des colonies au près et au loin. Le nom de Sidon la grande lui est déjà donné Josué 11:8; 19:28. On croit même que Tyr, qui effaça bientôt la gloire de sa rivale, était primitivement une colonie sidonienne. Lors de la conquête de Canaan elle échut en partage à la tribu d'Aser, et dut servir de limite septentrionale à la terre promise, Josué 19:28; mais cette tribu ne sut ni la conquérir, ni la conserver, Juges 1:31; 3:3, et l'on serait plutôt en droit de conclure, de 10:12, que les Sidoniens opprimèrent pendant un temps les habitants de cette tribu, ou du moins, qu'ils eurent le dessus dans une rencontre. Ce passage est d'ailleurs le seul qui nous montre cette paisible cité en lutte avec le royaume d'Israël. Les habitants de Sidon avaient un commerce fort étendu par terre et par mer, comme en général les Phéniciens, q.v., Ésaïe 23:2; Ézéchiel 27:8; cf. Diod. de Sicile, 16, 41; 45. Leurs fabriques de verre, leurs manufactures en tous genres, en lin, étoffes précieuses, objets d'art, etc., étaient renommées dans l'antiquité païenne,

Voir: Iliade 6, 289; 23, 743. Æneid., 4, 75.

Leurs architectes étaient fort recherchés, 1 Rois 5:6; 1 Chroniques 22:4; Esdras 3:7,

Voir: Temple.

— Aux jours de David, cette peuplade industrieuse paraît être sous la dépendance de Tyr (1015 avant J.-C.), mais elle secoue le joug de sa rivale lors de l'invasion de Salmanéser, et elle se soumet au vainqueur: il paraît cependant qu'elle conserva ses rois nationaux sous la domination des Syriens, comme plus tard sous celle des Caldéens et des Perses, Jérémie 25:22; 27:3. Sous cette dernière, sa marine paraît avoir pris un développement considérable. Elle s'émancipe sous Artaxercès Ochus, qui la reprend malgré une opiniâtre résistance, et la détruit. Ses habitants la relèvent de ses ruines; après la bataille d'Issus, les Sidoniens se placent sous le protectorat, c'est-à-dire sous la dépendance d'Alexandre, qui dépose Straton, offre inutilement la couronne à deux jeunes frères, et la place enfin sur la tête d'Abdolonyme, qu'il retire de son obscurité, pauvre, et vivant du travail de ses mains: en récompense de ses vertus il augmente même ses états d'une partie des dépouilles des Perses. Ce petit royaume partage néanmoins les vicissitudes de la Syrie, et finit par tomber avec elle sous la domination romaine.

— Il n'en est parlé qu'incidemment dans l'Évangile, et toujours conjointement avec Tyr, Matthieu 11:21; Marc 3:8; Luc 4:26, etc. Dans les Actes 12:20; 27:3, nous voyons la communauté d'intérêt des Tyriens et des Sidoniens, menacés par Hérode, et une visite de Paul aux chrétiens de Sidon, ce qui montre que l'Évangile y avait pénétré.

— C'était encore une ville importante du temps de Méla. Aujourd'hui Saïda ou Seyde, peuplée de 8000 habitants, appartient au pachalik turc d'Acre; elle n'est pas tout à fait sans importance pour le commerce, bien que son port, recouvert de sable, n'offre plus de grande garantie aux vaisseaux: du côté de l'est ses fortifications subsistent encore; deux mosquées aux minarets élancés, sont les seuls édifices qui dominent ses autres constructions; un pont de neuf arches, souvenir des croisades, unit la ville à la forteresse, bâtie sur un rocher dans le port: derrière la ville, jusqu'au pied des montagnes, il y a des jardins magnifiques et très productifs, arrosés par une rivière considérable qui descend du Liban et se jette dans la mer. L'ancienne magnificence de Sidon a disparu, conformément aux prophéties, Ézéchiel 28:21,23, et ses marchands ont cessé de sillonner les mers, Ésaïe 23:4.

Le nom de Sidon a continué de désigner la Phénicie tout entière, dont cette ville fut si longtemps le plus glorieux représentant sous le rapport des arts et du commerce, même après qu'elle eut perdu sa prépondérance et sa richesse; et c'est dans ce sens qu'on doit entendre ce qui est dit des marchands de Sidon, Ésaïe 23:2, des dieux de Sidon, 1 Rois 11:5,33; 16:31; 2 Rois 23:13, des femmes de Sidon, 1 Rois 11:1, de la langue sidonienne, Deutéronome 3:9. Quant au nom de roi de Sidon qui est donné à Ethbahal roi de Tyr, 1 Rois 16:31, il s'explique par le fait que ces deux villes n'étaient régies que par un seul et même roi. Les poètes grecs employaient de même dans son sens le plus absolu l'épithète et le nom de sidonien.

Voir: encore les articles Tyr et Phénicie.


SIHON,


roi des Amorrhéens, refusa à Moïse le passage sur son territoire, mais fut complètement défait, et vit sa capitale réduite en cendres, Nombres 21:21; 32:33. Deutéronome 1:4, etc. Cette victoire célébrée par un chant de triomphe, est rappelée en plusieurs passages des Écritures et plus souvent que son importance apparente ne semblerait le comporter, ce qui tient sans doute à ce qu'elle est un des premiers exploits du peuple devenu libre, Josué 2:10; 9:10; 12:2; 13:10; 1 Rois 4:19; Psaumes 135:11; 136:19; Néhémie 9:22. Le nom de Sihon est toujours joint à celui de Hog son contemporain, sauf Juges 11:19.


SIHOR.


  1. Le fleuve ainsi nommé Ésaïe 23:3; Jérémie 2:18, est, de l'accord de tous les interprètes, le Nil, de même que 1 Chroniques 13:5; et Josué 13:3, où sont indiquées non les limites historiques de la Palestine, cf. Nombres 34:5, mais les limites qui lui avaient été promises, Genèse 15:18. L'hébreu sichor signifie noir (trouble) et se rapporte au limon noirâtre (nigra arena, Virgile) que le Nil en se retirant laisse déposé sur ses bords; les Grecs appelaient ce fleuve Mêlas, le Noir, et d'après Bohlen le mot Nil aurait en sanscrit la même signification, celle de noir ou de bleu foncé.
     

  2. Sihor, Josué 19:26,

    Voir: Libnah.


SIKRON


(ivresse), Josué 15:11, ville frontière septentrionale de la tribu de Juda.


SILAS


(hébreu trois), Actes 15:22; sq., appelé Silvain dans les épîtres de Paul, fut le compagnon des voyages de l'apôtre depuis le concile de Jérusalem. Citoyen romain comme lui, et exerçant le ministère prophétique dans l'église de Jérusalem, il le suivit dans son second voyage missionnaire en Asie Mineure, passa avec lui en Macédoine, partagea sa prison à Philippes, resta quelque temps seul à Bérée, et ne rejoignit Paul qu'à Corinthe, où il se distingua par son zèle évangélique, Actes 15:18; 1 Thessaloniciens 1:1; 2 Thessaloniciens 1:1; 2 Corinthiens 1:19. C'est probablement le même dont il est parlé 1 Pierre 5:12. La tradition grecque le fait évêque de Corinthe sous le nom de Silas, et de Thessalonique sous celui de Silvain.


SILO ou plutôt Shilôh,


Genèse 49:10, mot difficile, et sur la signification duquel les interprètes ont beaucoup varié (— Voir: Grandpierre, Essais, etc.). Voici les principales explications qu'on en a données. Le sceptre, est-il dit, ne se départira pas de Juda, jusqu'à ce que le Shilôh vienne, et que les peuples lui obéissent.

  1. Quelques commentateurs, les plus anciens, lisent shélôh, qui d'après un caldaïsme signifie à qui il (c'est-à-dire appartient); ils traduisent en conséquence: Le sceptre ne se départira point de Juda jusqu'à ce que vienne celui à gui il (appartient): selon les uns le Messie, ce serait alors une prophétie messianique, et le Messie appartenant à la tribu de Juda, la phrase reviendrait à dire que le sceptre ne sortira jamais de cette tribu; selon les autres, Salomon, et alors la promesse ne s'étendrait que jusqu'à ce monarque, le sceptre ayant été brisé sous son successeur.

    — Cette explication, sous cette forme du moins, est presque généralement abandonnée.
     

  2. Shilôh signifierait dans ce passage, le seul où il aurait ce sens, repos. C'est ainsi que l'entendent Herder, Gesenius, Hofman, etc., mais avec des nuances dans leurs interprétations. Le bâton de conducteur en chef ne quittera jamais Juda, le bâton de héros le suivra dans tous ses voyages (ses pieds), jusqu'à ce qu'il soit arrivé au lieu de repos, etc. (Herder); ce dernier mot, le même que Silo, paraît une allusion à l'arrivée des Israélites en Canaan, à Silo, mais on peut objecter avec raison que jusqu'à cette époque Juda n'a pas eu le bâton de commandement, et qu'il n'eût pu par conséquent le déposer en mettant le pied sur la terre promise. Gesenius entend que Juda ayant la prééminence sur les autres tribus, fera respecter son droit d'aînesse, et n'abaissera son sceptre qu'après avoir obtenu d'une manière générale la paix et le repos. Dans ce sens, et quoique ce ne soit pas l'intention de Gesenius, les paroles de Jacob sont encore une prophétie messianique.
     

  3. Tuch traduit librement: Le sceptre restera entre les mains de Juda jusqu'à ce que la conquête de Canaan soit achevée et que le sanctuaire national soit élevé à Silo; littéralement, jusqu'à ce qu'on soit venu à Silo. Shilôh n'est donc pour lui qu'un nom géographique. Mais le motif allégué ci-dessus contre la simple allusion à Silo, reste le même quand l'allusion se change en affirmation directe; Juda n'a pas eu la conduite du peuple jusqu'à ce moment; ni Moïse, ni Aaron, ni Josué n'appartenaient à cette tribu. D'ailleurs, comme le fait remarquer Hengstenberg, Silo ne nous apparaît, Josué 16:6; 18:1, que comme un lieu de campement et non comme une ville; ce n'est que peu à peu que Silo grandit et paraît dans l'histoire; aux jours de Jacob, il n'était rien encore, et rien ne pouvait faire présager au patriarche que l'arrivée de ses descendants en cet endroit serait pour eux une époque décisive. On peut même se demander avec Hofman, si en effet Silo a jamais été pour Israël, et pour Juda en particulier, une époque décisive, quand et comment?
     

  4. En laissant à Silo le sens de repos, Bengstenberg, Hævernick et Schrœder, qui varient pour les détails, s'accordent à lui donner une signification appellative et personnelle; «jusqu'à ce que vienne le repos, c'est-à-dire, celui qui donnera le repos, le pacificateur, le prince de paix.» L'abstrait est employé pour le concret, ce qui est parfaitement autorisé par le génie de la langue hébraïque. On peut rapprocher de ce passage, Ézéchiel 21:32, où des calamités sont annoncées jusqu'à ce que vienne celui à qui appartient le gouvernement (le droit), c'est-à-dire, le Messie à qui appartient le droit de juger sur la terre, le véritable réparateur et dispensateur de la justice dans le monde, Ésaïe 9:6; 42:1; Jérémie 23:5; Psaumes 72:11. Les idées de droit et de repos sont corrélatives; celui qui amène l'un, amène l'autre, et l'on est d'autant plus fondé à croire qu'Ézéchiel a en vue le passage de la Genèse, qu'il fait de fréquentes allusions à la prophétie de Jacob sur Juda, 19:2,10; 21:15. Cette analogie nous montre en outre comment Ézéchiel expliquait le Silo; non-seulement il nous donne la plus ancienne explication de ce mot dans le sens messianique, mais encore il nous y fait voir l'idée d'un Messie personnelle, et l'idée abstraite de repos exprimée par Jacob est traduite par Ézéchiel en l'idée personnelle d'un individu ayant des droits et exerçant le gouvernement. Le sceptre restera dans la tribu de Juda jusqu'à ce que soit venu le (prince du) repos, issu de Juda, mais élevé au-dessus de toute tribu et de tout peuple; alors ce ne sera plus à Juda, mais à son enfant comme souche d'un nouveau pouvoir, que sera due l'obéissance des peuples. Il n'y a rien d'étonnant à ce qu'au moment de mourir, le patriarche ait jeté un regard prophétique sur l'avenir, et qu'il ait entrevu l'objet des promesses faites à ses pères. II serait surprenant, au contraire, qu'un fait aussi important que celui de la venue d'un réparateur, eût été omis au milieu des autres événements que Jacob entrevoit. Abraham, en léguant à Isaac, Isaac à Jacob, le droit de primogéniture, avaient tracé la ligne de leur postérité dans laquelle le Christ apparaîtrait; Jacob fait de même, il désigne Juda comme le premier-né de droit, c'est à Juda qu'appartiendra l'autorité jusqu'au moment où la nation, cessant d'exister comme théocratique, verra son sceptre devenir un pouvoir spirituel et passer entre les mains de celui qui donne la paix en faisant régner le droit. La paix, qui est le triomphe du Messie, est aussi le triomphe de l'humanité; le monde cessera d'être travaillé et tourmenté; il aura trouvé le repos.


SILO,


ville d'Éphraïm, située sur une hauteur au nord de Béthel, au sud de Libona, Juges 21:19, à 4 lieues de Sichem, presque au centre du pays, ce qui lui valut d'être considérée sous Josué comme l'endroit le plus favorable pour les con vocations du peuple, et en fit pendant trois siècles, depuis Josué jusqu'à Héli et Samuel, le siège du tabernacle, Josué 18:1,9; 19:51; 21:2; 22:9,12; 1 Samuel 1:3, etc.; 2:14; 3:21; 4:3; 14:3; cf. Psaumes 78:60; Jérémie 7:12. Silo apparaît encore aux jours de Jéroboam comme ville d'Israël, 1 Rois 11:29; 14:2,4, mais paraît avoir souffert lors de la destruction de ce royaume, Jérémie 7:12,14; 26:6,9. Elle subsistait cependant encore pendant l'exil, Jérémie 41:5. Saint Jérôme y trouva les restes d'un autel, et de nos jours encore Schubert croit en avoir vu les ruines.


SILOÉ


(envoyé), village, réservoir, et source célèbre des environs de Jérusalem, Jean 9:7. Le village est situé à droite quand on remonte la vallée de Josaphat, et il est comme suspendu sur le sommet escarpé du mont du Scandale, sur lequel Salomon avait bâti un temple à ses dieux étrangers. La source, appelée aussi fontaine de la Vierge, jaillit au fond d'une vaste caverne taillée en partie par la main des hommes dans les flancs rocailleux du mont Morija, dans la vallée de Josaphat; deux rampes de degrés, aussi unis et aussi blancs que du marbre, conduisent à la source, dont les eaux qui coulent doucement, Ésaïe 8:6, se réunissent par une pente presque imperceptible dans un canal souterrain qui, après avoir traversé toute la colline, reparaît dans la vallée des Tyropéens, et dépose ses eaux dans le réservoir du même nom. Ce réservoir a la forme d'un parallélogramme, les murs en sont de pierres de taille; après avoir grimpé un moment dans une grotte taillée dans le roc, on descend quelques degrés pour arriver à l'endroit où l'eau se jette dans le réservoir; elle y arrive, non point en se versant par-dessus l'ouverture de la grotte, mais en filtrant secrètement par dessous: une grande abondance de fleurs sauvages croissent sur ses bords. De là, par un petit canal creusé dans le rocher, l'eau du réservoir va arroser les jardins situés plus bas sur des terrasses (cf. Cantique 4:15), et connus sous le nom de jardins du roi, Néhémie 3:15. En ne distinguant pas toujours la source de son réservoir, on est arrivé, soit à confondre la source de Siloé avec la fontaine du Foulon,

Voir: Roguel,

soit à voir des contradictions dans les données bibliques, soit à changer la position du réservoir; Gesenius, Tholuck, Hitsig, d'après quelques anciens, placent cette source à l'angle sud-ouest de Sion; Winer la confond avec le bassin inférieur du Guihon.

Il faut remarquer que la source de Siloé, qui n'est nommée qu'une ou deux fois dans l'Ancien Testament, et trois fois dans le Nouveau, n'est jamais accompagnée du moindre renseignement topographique, de sorte que c'est à la tradition seule qu'on doit en appeler pour la fixation de son emplacement, comme nous l'avons fait. Il en résulte aussi que la grande réputation que ces eaux ont acquise, n'est qu'une renommée légendaire et traditionnelle, qui n'a rien de biblique; le doux murmure d'une source tranquille, ornée d'un beau nom, et quelques moines intéressés à la faire valoir, ont fait de Siloé un poste important, que les anciens habitants de Jérusalem seraient étonnés de voir si grandement apprécié.

Abandonnée pendant la captivité, la porte de Siloé (?) fut reconstruite ou réparée par Sallum, Néhémie 3:15. Il y avait une tour au-dessus de la source, dans le village de Siloé, et son écroulement, qui écrasa dix-huit personnes, donna lieu à Jésus de redresser les fausses idées des Juifs sur la relation des châtiments avec le péché, Luc 13:4. C'est au réservoir de Siloé que Jésus envoya l'aveugle-né laver ses yeux qu'il avait guéris avec de la boue, un jour de sabbat, Jean 9:7.

Voir: Salive.

Sans qu'il y ait intermittence complète, les eaux de cette source sont par moments, et tour à tour, beaucoup plus rares et beaucoup plus abondantes; Robinson a constaté ce phénomène, qui avait déjà été attesté par Chateaubriand et par d'autres; l'eau est troublée subitement par les eaux nouvelles qui se précipitent, et peut-être que la vertu du réservoir de Béthesda, Jean 5:7, provenait d'un fait analogue qui mettait en mouvement des matières ayant des propriétés curatives spéciales. L'eau de Siloé a été goûtée et diversement appréciée par presque tous les voyageurs; Chateaubriand l'a trouvée saumâtre; Lamartine, limpide et savoureuse; Richter, bonne; Robinson lui a trouvé un goût un peu salé, mais point du tout désagréable; du reste il avoue qu'en de certaines saisons, elle a un mauvais goût. De nos jours encore, les plus incrédules ne manquent pas de s'y laver les yeux pour se préserver d'ophthalmies. Winer pense que le fons perennis aquæ de Tacite, Hist. 5, 12, est le même que Siloé.


SILYAIN,


Voir: Silas.


SIMÉON


(exaucement).

  1. Fils de Jacob et de Léa, Genèse 29:33; Exode 6:15; 1 Chroniques 2:1 (1757 avant J.-C.). D'accord avec Lévi, il vengea par la violence et fa perfidie l'injure faite à Dina sa sœur, que Sichem le ravisseur voulait réparer d'une manière plus douce et plus naturelle. La religion servit de prétexte et de moyen à leur vengeance, et le pillage couronna dignement cette œuvre sanglante. Ce crime fit tache sur toute la vie de Siméon, et sur l'avenir de sa postérité, Genèse 34:25; 49:5,7. Plus tard, il fut choisi comme otage par Joseph en Égypte, et ne fut délivré qu'au retour de ses frères ramenant avec eux Benjamin, 42:24; 43:23. On a voulu voir dans le choix que fit Joseph de cet otage, un indice que Siméon avait été le plus coupable dans la vente de Joseph, qu'il en avait pris peut-être l'initiative; mais ce n'est pas prouvé. Joseph voulait s'assurer de la personne d'un des aînés, mais laisser l'aîné à la tête de la famille; l'aîné était pour lui une personne sacrée; d'ailleurs Ruben lui avait sauvé la vie: il prend le second.

    Siméon fut le chef d'une des douze tribus, mais d'une tribu «divisée en Jacob, et dispersée en Israël», Genèse 49:5-7. Depuis le dénombrement de Sinaï jusqu'à la fin des voyages du désert, elle avait diminué de plus de moitié; de 59,300 hommes elle était descendue à 22,200, Nombres 1:23; 26:14. Elle ne reçut que dix-sept villes (dont deux lévitiques), éparses au milieu du territoire de Juda, vers les frontières de l'Idumée et du désert d'Arabie, et en majeure partie dans les montagnes, Josué 19. Elle ne fait la guerre que de concert avec Juda son frère, quand les autres tribus la font séparément, Juges 1, et lors du partage des douze tribus en deux royaumes, elle paraît s'être unie au royaume de Juda, sous la dépendance et sur le territoire duquel elle se trouvait; ainsi Béersébah et Tsiklag sont nommées, 1 Rois 19:3; 1 Samuel 27:6, comme appartenant à Juda; cf. 1 Samuel 30:30; et Josué 19:4. Elle possédait de nombreux troupeaux, et du temps d'Ézéchias, comme elle s'était beaucoup multipliée, grâce peut-être à l'air salubre de ses montagnes, et que ses limites primitives n'étaient plus assez grandes pour la contenir, une colonie s'avança vers l'est, traversa la vallée du Sel, et trouva de gras pâturages dans les montagnes de Séhir, où elle s'établit après avoir détruit les Hamalécites qui y demeuraient, 1 Chroniques 4:34-48. L'accroissement de Juda avait peut-être aussi empiété sur le territoire de Siméon, et motivé cette émigration. Le nom de Siméon est omis dans la bénédiction de Moïse, Deutéronome 33; le législateur du peuple ne connaît pas, ou du moins ne veut pas reconnaître, cette faible tribu que le péché de son fondateur a flétrie et réduite à presque rien: ce silence est une sentence de destitution. Son nom est cependant rappelé Ézéchiel 48:24. Apocalypse 7:7, parce que l'Éternel ne tient point à toujours sa colère; le fils de Jacob est rentré en possession des promesses; sa place lui est rendue en Israël.
     

  2. Siméon, ancêtre de Marie et de Jésus, Luc 3:30; inconnu.
     

  3. Siméon, le pieux témoin de la présentation de Jésus dans le temple, Luc 2:25. Une révélation intérieure lui fit reconnaître dans ses langes et dans son humilité celui qui devait être la gloire d'Israël; son cantique, sa prière, les paroles qu'il adresse prophétiquement au Messie et à sa mère, fixent l'attention sur cette scène imposante et simple qui se dessine comme au frontispice de la vie de Jésus; on aime et l'on vénère cet homme si plein de foi qui, ayant vu la journée de l'Éternel, est prêt à s'endormir en paix, avant d'avoir vu se réaliser toutes les espérances que la venue de Christ devait faire naître en lui pour la terre. Les Juifs attendaient le Messie depuis bien des années, et sa venue faisait sans doute l'objet de leurs conversations quand ils se réunissaient chaque jour dans les parvis du temple; mais ils l'attendaient sous une forme glorieuse. Le témoignage d'un pharisien, d'un homme pieux, d'un homme universellement estimé, devait contribuer à renverser ce funeste préjugé, et Jésus fut dès sa naissance proclamé roi sauveur dans le temple de Jérusalem, par la voix d'un Israélite non suspect et qui savait fixer l'attention: cet événement ne put rester secret, et la ville put apprendre que le libérateur était venu.

    — On a voulu honorer Siméon en le faisant fils du célèbre Hillel, et père de Gamaliel, mais la tradition ne nous fournit que son assertion. L'âge de Siméon ne peut même être déterminé, et l'on a tort peut-être d'en faire un vieillard.
     

  4. Siméon, ou Syméon, 2 Pierre 1:1, ou Simon, surnom de Pierre, q.v.
     

  5. Siméon, prophète et docteur de l'Église d'Antioche, Actes 13:1. Le surnom de Niger qu'il avait reçu, semble indiquer qu'il avait de fréquents rapports avec Rome et l'Italie.


SIMHI.


  1. Benjamite, fils de Guéra et parent de Saül, n'est guère connu que par les lâches insultes dont il poursuivit David fugitif, et par les lâches excuses qu'il lui fit après la défaite d'Absalon, 2 Samuel 16:5; 19:16. David légua à Salomon par son testament, le soin de venger une injure qu'il avait laissé impunie, 1 Rois 2:8; etc., et Simhi fut consigné dans l'enceinte de Jérusalem; il savait que la mort punirait la rupture de son ban, et pendant trois ans il fut fidèle à son serment; mais soit imprudence, soit sécurité, soit cupidité, il se mit à la poursuite de deux de ses esclaves qui s'étaient enfuis à Gath, et à son retour il périt d'une mort violente, selon la sentence de David. Simhi est une âme basse, qui s'attache au vainqueur, qui fait le brave en présence d'un ennemi faible ou désarmé, et qui rachète par la violence de ses injures la lâcheté de ses procédés. Mais lâche, il était redoutable, parce que son honneur perdu n'avait plus rien à perdre, et Salomon crut devoir Je garder sous sa surveillance à Jérusalem, au lieu de lui permettre de vivre sur ses terres. Lorsqu'il maudissait David, il jetait de la poussière en l'air, selon l'usage des Orientaux actuels qui, lorsqu'ils maudissent un homme, lui crient encore: Tu seras bientôt comme cette poussière. David lui pardonna de son vivant comme homme et comme roi; il le fit punir comme roi théocratique après sa mort, lorsqu'il n'avait plus de vengeance à savourer, de rancune à garder: ce point de vue est essentiel à rappeler pour tout l'ensemble du testament de David.
     

  2. Officier de David, 1 Rois 1:8. II ne prit point de part à la révolte d'Adonija. Quelques-uns l'ont confondu avec le précédent. Il est plus probable que c'est le même, fils d'Éla, qui fut chargé sous Salomon d'administrer les revenus de Benjamin, 1 Rois 4:18.
     

  3. La famille de Simhi, nommée Zacharie 12:13, représente selon les uns les familles des docteurs de la loi, selon d'autres les premières familles de Jérusalem à cette époque. La tradition montre qu'un grand nombre de docteurs célèbres ont porté ce nom.


SIMON.


  1. Père de Judas Iscariot, n'est nommé que dans saint Jean 6:71; 12:4; 13:2,26, sans doute après sa mort. Il est du reste inconnu.
     

  2. Simon Pierre,

    Voir: Pierre.
     

  3. Simon Cananéen, surnommé aussi Zélotes, fils de Cléopas et de Marie, frère de Jacques, de Jude, et de Joses, l'un des douze apôtres, Matthieu 10:4; 13:55; Marc 3:18; 6:3; Luc 6:15; Actes 1:13. On ne connaît rien de lui, ni action, ni parole. Le surnom de Zélotes qui lui était donné, le même que Cananéen qui dérive de l'hébreu kana (avoir du zèle), prouve qu'il avait appartenu à cette secte des zélotes dont parle Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, IV, 3. 9, laquelle se distinguait par son zèle pour la patrie et la religion. Ce zèle de libéralisme, Simon l'appliqua plus tard à son propre affranchissement spirituel. Quelques-uns dérivent le nom de Cananéen de Cana, et font Simon combourgeois de Nathanaël. D'autres distinguent Simon Zélotes de Simon de Cana, et en font deux individus. Les traditions varient: les unes le font évêque de Jérusalem, et martyr sous Trajan; d'autres disent qu'après avoir évangélisé l'Égypte, la Cyrènaïque, la Mauritanie, et la Libye, il finit par se rendre en Angleterre où il fut crucifié; d'autres enfin le font voyager en Perse et en Babylonie, et mourir à Suanyr (Sunir).
     

  4. Simon le pharisien, Luc 7:40, de Naïn. Il invite Jésus à prendre un repas chez lui, soit pour lui donner un témoignage de respect, soit pour satisfaire sa curiosité. On ne peut soupçonner ses intentions d'être mauvaises, mais la réception qu'il fait à son hôte est digne de l'orgueil pharisaïque; croyant avoir assez fait en l'invitant à sa table, il se dispense non seulement de toute bienveillance, mais encore de toute politesse à son égard. Une femme, une ancienne pécheresse, entre dans la salle, et fait avec amour et dévouement ce que Simon n'a pas voulu faire; Simon comprend cette leçon plus qu'indirecte, mais elle est pour lui une offense, et comme les orgueilleux, il élude la leçon et ne cherche à s'excuser qu'en accusant intérieurement, et la femme, et Jésus dont ce contact doit, selon lui, compromettre la dignité prophétique. Jésus alors prend la parole, et par une comparaison claire, mais embarrassante, oblige Simon à reconnaître que cette femme, beaucoup pardonnée, aime plus que lui dont les vertus n'ont pas demandé de pardon. La femme se retire avec l'assurance de son salut, et Simon reste avec le désagrément d'une scène qui l'a pris à l'improviste et dont l'issue n'a pas tourné à l'avantage de son amour-propre. On ne sait pas si Jésus avait eu des rapports antérieurs avec Simon; on ne sait pas davantage si la leçon que Jésus lui donne était d'une manière générale une leçon d'humilité, ou si elle se rapportait à quelque circonstance secrète de la vie de Simon; on ignore enfin si cette leçon a produit de l'effet, ou si au contraire le pharisien, enfoui dans son orgueil, n'aura pas profité de l'évidente supériorité que la parabole lui accordait sur la pécheresse, pour s'endurcir dans son impénitence, (— Voir: Sermon de Saurin.)

    — C'est à tort qu'on a voulu le confondre avec le suivant.
     

  5. Simon de Béthanie, Matthieu 26:6; Marc 14:3; cf. Jean 12:1. Il était surnommé le lépreux, à ce qu'on croit, parce que Jésus l'avait guéri de cette maladie. C'est dans sa maison qu'eut lieu, peu après la résurrection de Lazare, et quelques jours avant Pâque, le repas qui devait célébrer le retour de Lazare à la vie. Marthe servait, ce qui semble indiquer des rapports de parenté ou d'intimité entre sa famille et celle de Simon; la liberté d'action de Marie, la présence de Lazare, confirmeraient cette idée. Quelques traditions font en effet de Simon le père de Lazare, d'autres le font le mari de Marthe; c'est possible, mais ce n'est pas prouvé. Ce n'était peut-être qu'un ami de la famille. La présence de Lazare au festin devait témoigner de sa complète guérison. (Sermons de Bonnet.)
     

  6. Simon le Cyrénéen, Matthieu 27:32; Marc 15:21; Luc 23:26, était originaire de Cyrène où se trouvaient un grand nombre de Juifs. On pense qu'il était déjà disciple de Christ, quant des soldats brutaux, prophétisant sans le savoir, le contraignirent, par un acte arbitraire que rien ne justifiait, à porter la croix de Jésus, cf. Matthieu 10:38, etc. Simon devait éprouver autant de joie à soulager son maître, que de douleur à porter l'instrument de son supplice, et sa famille tout entière fut bénie avec lui; ses fils, et sa femme, que Paul chérissait comme sa mère, Romains 16:13, durent conserver longtemps le souvenir de cet épisode déplorable, et ils comprirent dans toute son étendue la portée de cette parole de Jésus que les bourreaux avaient matérialisée avec tant d'ironie: Celui qui veut me suivre doit porter ma croix.
     

  7. Simon le magicien, Actes 8:9; etc. Il était suivant la tradition natif de Gitta ou Gittim en Samarie, selon d'autres de l'île de Chypre. Il étudia de bonne heure la philosophie platonicienne, et les sciences qui d'après les Orientaux conduisaient à la philosophie; un peu d'astronomie, de médecine, de physique, et beaucoup d'adresse, en firent un célèbre charlatan prestidigitateur. Il se faisait passer pour un grand personnage, et le peuple disait de lui qu'il était la grande vertu de Dieu. Mais une vertu plus grande et plus vraie vint le confondre. Il entendit Philippe, il vit ses miracles, et mieux que personne il fut à même de reconnaître dans les apôtres la puissance de Dieu; il fut baptisé, et demanda pour de l'argent les dons du Saint-Esprit; Pierre lui répondit par une foudroyante apostrophe, et flétrit en Simon la simonie que celui-ci a léguée à une secte célèbre, qui prétend compter au nombre des siens celui qui l'a le plus vigoureusement condamnée. Sous l'empire d'une émotion pleine de honte, Simon se recommande aux prières des apôtres, mais il ne paraît pas qu'il comprît lui-même la portée de ses paroles et de ses vœux; il a peur, et la peur n'a jamais été de la piété. Dès ce moment, la tradition ne nous le montre plus qu'au nombre des ennemis du christianisme. Il se rend de la Samarie à Antioche, où il épouse une femme nommée Hélène; il passe avec elle à Rome, où une inscription mal comprise par Justin martyr a fait croire qu'il avait été reçu au nombre des dieux. Il renverse tous les esprits par ses sortilèges; il se fait fort de s'élever dans les cieux; il monte au Capitule, se jette dans les airs, vole un moment avec des ailes factices, mais à la prière de saint Pierre ses ailes se détachent, et le malheureux se précipite et meurt. Cette tradition peut avoir quelque chose de vrai, mais elle est compromise par le nom de Pierre, qu'on y fait intervenir si mal à propos, et la plupart des historiens se montrent un peu incrédules sur cette fable. Ce qui est plus probable, c'est que Simon a voulu fonder une religion nouvelle qui aurait été, comme celle de Mahomet, un mélange de judaïsme, de christianisme, et de paganisme. Irénée lui fait dire qu'il avait paru parmi les Samaritains comme Père, parmi les Juifs comme Fils (Messie; c'est peu probable), et parmi les païens comme Saint-Esprit. Il prétendait que son corps était uni à l'un des plus nobles et des plus sublimes Éons, et que Dieu l'avait envoyé dans le monde pour amener les hommes à la vérité; il ajoutait que sa femme avait également en elle un Éon femelle, appelé Ennoga, qui avait enfanté les esprits, et qui avait précédemment habité plusieurs corps, notamment celui de la fameuse Hélène de Troie.

    — Ses disciples s'adonnèrent à l'impureté.
     

  8. Simon le corroyeur, hôte de saint Pierre à Joppe, probablement disciple, Actes 9:43; 10:6. Un voyageur raconte qu'il a logé à Jaffa dans une maison que l'on assure être bâtie sur les ruines de celle du corroyeur; on montre même un vieux pan de mur qui en faisait partie, dit-on.


SIMRI


(ma vigne).

  1. Lévite de la branche de Mérari, fut nommé chef de la famille par son père, quoiqu'il ne fût pas l'aîné, 1 Chroniques 26:10. On ignore les motifs de cette infraction à la loi, Deutéronome 21:17.
     

  2. Roi d'Israël,

    Voir: Zimri #2.


SIMSAÏ,


secrétaire de Réhum, q.v.


SIN


(boue).

  1. Ville d'Égypte nommée Ézéchiel 30:15, avec Thèbes et Memphis, et surnommée à bon droit, à cause de sa position, la force, le rempart de l'Égypte: c'est Péluse, dont le nom copte, Ph-er-omi, a, comme en hébreu, le sens de ville boueuse, ou marécageuse; elle était située sur le bras oriental de l'embouchure du Nil, et sur la rive orientale, à 20 milles de la Méditerranée. Les marais dont elle était entourée en faisaient, autant que ses puissants remparts, la clef de l'Égypte vers l'orient, et toutes les armées d'invasion qui essayèrent de pénétrer en Égypte de ce côté commencèrent en effet par l'assiéger et la réduire. Non loin de son emplacement se trouve encore le village de Tinèh (ou Sinèh), appelé en Égypte Pérémoun, ou Péromi, d'après son ancien surnom.
     

  2. Sin, désert situé entre Élim et le mont Sinaï, ou plus exactement entre la mer Rouge et Daphka, Exode 16:1; 17:1. Nombres 33:12. On suppose que c'est le Whadi Gharendel, et c'est à tort que l'on dérive son nom de la ville de Sin située à 1,500 stades de l'extrémité nord de la mer Rouge. D'après Rosenmuller, ce serait le wadi Esscheickh, c'est-à-dire, la partie sud du Gharendel, que les Israélites auraient traversé, et l'on y trouve une quantité d'arbustes dont le suc abondant et aromatique donne une espèce de manne, cf. Exode 16.


SINAÏ


(Tur Sina; pleine de broussailles). C'est le nom général que l'Écriture donne au désert et au massif de montagnes, formant une espèce de triangle compris entre le désert de Tsin ou Paran (El Tyh) au nord, et les deux bras de la mer Rouge. Au sud du plateau El Tyh, commencent à s'élever ces montagnes si célèbres de l'ancien monde juif. La crête des hauts sommets court du nord au sud dans la même direction que le Liban; le Sinaï n'est en quelque sorte que le prolongement de la longue chaîne du Soristan, se précipitant dans la mer Rouge pour y former une presqu'île, et reprenant la hauteur de ses cimes les plus élevées. Ce massif granitique et schisteux a de 16 à 20 lieues de circonférence; il comprend au pied de ses sommets escarpés de hautes plaines et des vallées d'une belle végétation, qui produisent des arbres à fruits, orangers, citronniers, amandiers, mûriers, abricotiers, pêchers, oliviers, ainsi que toute espèce de légumes et de plantes odoriférantes. Sur les hauteurs vivent des chèvres et du gibier. Les côtes sont en plusieurs districts ombragées par de nombreux palmiers. Des sources d'eau vive jaillissent des rochers, même dans les étés les plus chauds, et le versant est, qui descend vers le golfe d'Akaba, et qui est le plus rapide et le plus aride, présente des vallées dont les voyageurs ne peuvent assez louer la beauté,

Voir: F. Strauss, Sinaï und Golgotha.

Cependant ce pays a évidemment été plus fertile qu'il ne l'est aujourd'hui, et il devient de plus en plus aride à mesure que les hommes en font disparaître les arbres. Les hauts sommets sont fréquemment entourés de nuages, et le tonnerre retentit d'une manière terrible entre les parois des rochers et dans les vallées profondes (Brœm).

— Deux ou trois sommets principaux dominent tout le massif, l'Horeb, le Sinaï, et le mont Sainte-Catherine. Le mont Horeb à l'est, faisant face à l'Arabie, est comme le premier étage du groupe; sur son sommet se trouve le couvent d'Élie, bâti au milieu d'une petite plaine. On y monte en un quart d'heure. De là, après une courte descente, on commence à monter de nouveau pendant une demi-heure (Burckhardt), et l'on atteint un sommet plus élevé, le Djebel Musa, ou mont de Moïse, qui est le Sinaï proprement dit; son sommet n'a guère que 60 pieds de tour. En face du Sinaï se trouve le mont Sainte-Catherine, ainsi nommé d'un couvent voisin qui est à 3,500 pieds au-dessus de la mer; son sommet, chauve et nu, est le plus élevé des trois; pour y arriver, on prend, en redescendant par l'Horeb, une vallée à l'ouest dans laquelle s'élève le monastère d'El Erbaïn. Ruppel a, pour la première fois en 1831, mesuré avec un baromètre la hauteur de ces montagnes: le mont Saint-Catherine a 2,814 mètres de haut, le Djebel Musa environ 2,470. C'est dans la vallée que domine l'Horeb (Réphidim) que Moïse vit le buisson ardent, qu'il garda les troupeaux de Jéthro, et qu'il fit jaillir l'eau du rocher, Exode 3:1-2; 17:6; cf. 19:2. On prétend encore montrer près de là ce rocher miraculeux, un bloc granitique de 4m,48 carrés, avec une rigole et quelques stries ou coupures formées par l'écoulement des eaux. C'est peut-être sur l'Horeb aussi que Moïse pria pour le succès des armes de Josué, lors de l'attaque des Hamalécites, 17:8. D'après la tradition, ce serait également sur l'Horeb, et non sur le Sinaï, que la loi aurait été promulguée, Exode 20; mais divers auteurs chrétiens, d'accord à repousser cette tradition, pensent que ce doit avoir été sur l'un ou l'autre des deux sommets plus élevés, sans que rien puisse trancher la question d'une manière absolue. Aujourd'hui, le nom de Sinaï s'applique d'une manière générale à tout le groupe, et il est possible qu'il en fût de même dans l'antiquité; Horeb serait alors le nom de la moins élevée des trois cimes principales.

Le nom de Sinaï est rappelé Juges 5:5; Psaumes 68:8,17; Néhémie 9:13; cf. Hébreux 12:18, comme ayant été le théâtre d'une des manifestations les plus solennelles et les plus redoutables de la grandeur divine. La mention faite de cette montagne, Galates 4:25, la circonstance que le Sinaï était appelé Hagar par les descendants mêmes de la servante d'Abraham, ce que Paul pouvait avoir appris pendant son long séjour en Arabie, et l'usage que fait l'apôtre de cette circonstance, offrent des difficultés qu'il n'appartient qu'aux commentaires de résoudre,

Voir: Olshausen, Sardinoux, etc.


SINGES.


Il n'en est parlé que 1 Rois 10:22; 2 Chroniques 9:21. Les anciens en connaissaient plusieurs espèces et les avaient classés d'après divers caractères, singes à queue, singes sans queue, etc. On les tirait surtout des Indes et de l'Éthiopie, parfois aussi de la Mauritanie. De leur nom indien kapi est venu leur nom hébreu koph, qui se retrouve aussi presque sous la même forme en grec.


SINHAR,


nom primitif de la plaine de Babylone, Genèse 10:10; 11:2; 14:1; Josué 7:21; Daniel 1:2. On y trouvait, non seulement Babylone, mais encore Érek, Akad, Calné: d'où il résulte que cette contrée désignait, non seulement l'ancienne Babylonie, mais encore une partie de la Mésopotamie orientale. Le nom actuel de Sinsjara, ou Singara, est le seul souvenir qui reste de cet ancien nom si célèbre; il désigne, d'après Niebuhr, une chaîne de montagnes qui s'élève au sud de la route de Mossoul à Merdin, au milieu d'une plaine fertile, et qui est la seule chaîne un peu importante qui se trouve sur toute l'étendue de l'ancien territoire de Sinhar.


SINIENS,


Sinim, deux pays ou peuplades dont l'orthographe est la même en hébreu, sont nommées, l'une Genèse 10:17, où il s'agit d'une race cananéenne habitant le Liban, probablement le sud-ouest, et où l'on retrouve encore un bourg Sinnas (Syn), déjà mentionné par Strabon et par saint Jérôme;

— l'autre, Ésaïe 49:12. Il ressort du contexte même que ce peuple ne saurait être confondu avec la peuplade cananéenne; les Siniens y sont représentés comme les habitants d'une contrée fort éloignée qui doit être cherchée à l'orient; les commentateurs, depuis Arias Montanus, sont presque tous d'accord à reconnaître qu'il est question de la Chine dans ce passage. Les Chinois portent un nom semblable déjà dans Abulféda, et il n'est pas étonnant que le nom de ce peuple immobile se retrouve partout et toujours le même, comme celui des Indous; dans les livres saints des bouddhistes, la Chine est appelée Dschina; en chinois, dschin signifie homme. L'opinion de Bochart, ressuscitée des anciens qui faisaient des Siniens les habitants de Sin (Pelusium), q.v., est généralement abandonnée, de même que celle qui confond les Siniens avec la peuplade issue de Canaan; cette dernière était au nord, Péluse au sud, et c'est à l'orient qu'il faut chercher les Siniens de la prophétie. Le règne de Dieu est venu jusqu'à eux.


SION,


dont le nom signifie un lieu sec et haut, ou exposé au soleil, était la plus élevée des quatre collines sur lesquelles était construite l'ancienne Jérusalem; Robinson lui donne 2,360 pieds au-dessus de la mer; d'autres 2,475. Elle était située au sud-sud-ouest de la ville; la vallée des Tyropéens la séparait de Morija, d'Ophel et d'Acra. Le mont de Sion s'abaisse rapidement à l'ouest et au sud vers les profondes vallées de Gihon et de Ben-Hinnom; son sol, comme celui des trois autres collines, est calcaire et blanchâtre. La montagne, du reste, est rarement citée comme telle; sa position n'est indiquée nulle part d'une manière positive, et Flavius Josèphe, on ne sait pourquoi, non seulement ne donne aucun détail précis sur la situation de la colline, mais semble même éviter de prononcer son nom. L'incertitude qui règne sur l'identité des noms actuels avec les lieux anciennement désignés par les mêmes noms, n'a pas épargné la montagne de Sion, et Lightfoot (de même que Calmet), suivant les traces d'Aben Esra, et s'appuyant sur une fausse interprétation de Psaumes 48:2; Ézéchiel 40:2, l'a placée au nord de Jérusalem. Mais sauf cet essai malheureux, l'on est d'accord à reconnaître que la Sion actuelle est bien la même que l'ancienne.

— Après que Jérusalem eut été conquise par les Jébusiens, la citadelle de Sion, élevée sur la colline de ce nom, fut fortifiée davantage encore, et devint le principal boulevard de la terre sainte, 2 Samuel 5:7; 1 Chroniques 11:5. Jérusalem, située au nord-est, fut appelée la fille de Sion, et ce nom, dans le langage des prophètes désigne souvent la ville sainte tout entière; on dit aussi la montagne de Sion, 2 Rois 19:31; Psaumes 48:2; 78:68; 133:3; Ésaïe 4:5; 29:8; Abdias 17, Hébreux 12:22;

— la montagne sainte, Psaumes 2:6; Joël 3:47;

— la demeure du Dieu d'Israël, Psaumes 9:11; 74:2; Ésaïe 8:18; 24:23; Jérémie 8:19, etc.; et le nom du mont Morija sur lequel le temple était construit, disparaît ainsi devant le nom plus solennel de la Sion sainte. Plusieurs auteurs, Olshausen entre autres, étonnés de ce fait, en sont venus à conclure contre toute la tradition que les deux noms de Sion et de Morija ne désignaient qu'une seule et même colline, celle du temple.

— Des caveaux creusés dans les flancs du mont de Sion renfermaient les sépulcres de David et de plusieurs de ses successeurs, dont il est écrit qu'ils furent ensevelis dans la cité de David, 1 Rois 2:10; 14:43, etc. Jean Hyrcan, puis plus tard Hérode le Grand, firent ouvrir ces tombeaux et en arrachèrent tout ce qu'ils renfermaient de précieux; au dire de Dion Cassius, une partie du tombeau de Salomon s'écroula, sous Adrien, pendant le second siège de Jérusalem. Quoi qu'il en soit, ces monuments existaient encore au temps des apôtres, Actes 2:29, et il est probable que des fouilles faites dans le mont de Sion les feront découvrir et reconnaître tôt ou tard; une petite mosquée est aujourd'hui bâtie sur la place où la tradition prétend que se trouve le tombeau de David.

— Sion, dont la moitié seule est encore comprise dans les murailles de la Jérusalem moderne, est véritablement désolée; ses tours et ses forteresses sont détruites, sauf la tour d'Hippicus qui s'élève sur la place même du fort de David, et en présence de tant de ruines, quand la montagne reste seule debout, on comprend l'exclamation du psalmiste, 125:1; la charrue se promène sur ces mêmes terrains où s'agitaient jadis les bannières des guerriers, et la prophétie s'est accomplie, Michée 3:12.

Sion est aussi le nom d'une ville d'Issachar, Josué 19:19, que l'on trouvait encore au temps d'Eusèbe et de Jérôme sous le nom de Séon.

— Il résulterait enfin de Deutéronome 4:48; cf. Psaumes 133:3, que le mont Hermon était quelquefois appelé Sion.


SIPHRA


(éclat, beauté), et Puah (la brillante, d'après Simonis; sifflante, d'après Mackensie), sages-femmes qui, ayant reçu l'ordre de Pharaon de mettre à mort tous les fils qui naîtraient aux Hébreux, éludèrent cet ordre et répondirent par un mensonge aux reproches qui leur furent faits par le roi au sujet de leur désobéissance. Elles craignaient le Dieu d'Israël, et Dieu les récompensa, non pour leur mensonge, mais pour leur foi; Dieu leur donna des maisons, Exode 1:15, etc.


SIPPAÏ,


Voir: Saph.


SIRA,


2 Samuel 3:26, citerne située près d'Hébron.


SIRJON,


Voir: Hermon.


SISAK,


roi d'Égypte, contemporain des dernières années de Salomon et des premières de Roboam, 1 Rois 11:40; 14:25 (environ 980 avant J.-C.). Il fournit un asile à Jéroboam compromis, et favorisa plus tard l'établissement de son protégé, comme roi des dix tribus, en faisant, autant par calcul que par amitié, une invasion dans le royaume de Juda (vers 970); à la tête d'une nombreuse armée, il s'empara de plusieurs places fortes, et ne se retira qu'après avoir contraint le monarque hébreu de capituler et de se reconnaître son tributaire.

— Sisak est le Sesonchis, ou Sesonchusis de l'histoire profane, le premier roi de la 22e dynastie égyptienne (les Bubastides), quoique Eusèbe fasse de Sesonchis le contemporain de Joas, et que d'autres fassent de Sisak le Psusennes de la 21e dynastie (tanitique), qui régna quarante-un ans, ou le Psosennus qui régna trente-cinq ans; quelques nouveaux chronologistes ont même confondu Sisak avec Sésostris.

Dans le palais de Karnak, à Thèbes, se trouve un immense bas-relief qui représente Sesonchis traînant aux pieds des dieux les chefs des nations vaincues; le royaume de Juda y est distinctement représenté par un personnage à barbe longue et pointue: ce bas-relief a trois mille ans.


SISÉRA,


chef des troupes du roi cananéen Jabin, Juges 4:2, etc. Vaincu par Barac, il dut s'enfuir; il implora l'hospitalité de Jahel, se cacha dans sa tente, et en reçut le coup de mort. Son nom est rappelé dans le cantique de Débora, Juges 5:20,26, puis par Samuel et par Asaph, 1 Samuel 12:9; Psaumes 83:9.


SITHRI,


fils d'Huziel et cousin d'Aaron, Exode 6:22. Son nom n'est pas rappelé avec ceux de ses frères lors de la sépulture de Nadab et d'Abihu, Lévitique 10:4, soit qu'il fût mort, soit pour tout autre motif.


SITNAH,


Genèse 26:21. Ce nom, dérivé de satan, discuter, quereller, fut donné par les bergers d'Isaac à un puits dont les bergers cananéens leur disputèrent la possession.


SITTIM.


  1. Campement des Israélites, connu par de grands péchés et de grandes plaies, Nombres 25:1; 33:49; cf. Michée 6:5. Il était situé dans les plaines de Moab, à l'est de la mer Morte. Josué envoya de là des espions à Jérico, Josué 2:1. Une journée suffit à l'armée pour se rendre de Sittim aux bords du Jourdain, 3:1. D'après Flavius Josèphe, la distance ne serait que de 60 stades. La vallée de Sittim nommée Joël 4:18, est un nom appellatif qui doit être traduit par vallée des acacias, c'est-à-dire vallée aride et stérile, parce que l'acacia préfère, en général, un terrain sec à un terrain humide. C'est en deçà du Jourdain qu'il faut chercher cette vallée qui, du reste, ne peut être déterminée de plus près; quelques-uns la placent dans les environs de Jérusalem; peut-être est-ce une partie de la vallée de Cédron.
     

  2. Il est souvent parlé dans l'Écriture du bois de sittim (shitta, shittim), employé pour la construction du tabernacle, de l'arche de l'alliance, de la table des pains de proposition, etc., Exode 25:5; sq. 26:15; sq. 27:1; 30:1; 35:7,24; 37:1; 38:1; Deutéronome 10:3. Le mot sittim est d'origine égyptienne; mais, sauf Luther qui le traduit par pin (Fœhrenholz), on est généralement d'accord à l'entendre de l'acacia. Il y en a plusieurs espèces, sans compter l'acacia de nos contrées, qui n'a rien à faire avec l'acacia véritable, et qui est connu sous le nom de faux acacia, ou robinia pseudoacacia. Les espèces principales sont originaires de l'Égypte et de l'Arabie, et l'on ne peut pas déterminer de laquelle il est plus spécialement question dans les livres de Moïse,
     

    1. L'acacia véritable (vera, ou mimosa nilotica de Linnée), est un grand arbre dicotylédone, à forts et nombreux rameaux, à écorce rougeâtre, dont les épines sont noires, longues d'un demi-doigt, et unies par paires; les feuilles sont divisées en folioles qui se terminent en pointes; les fleurs sont jaunâtres, odorantes, formées en épis; elles donnent une cosse d'un brun-noirâtre. La gomme qui découle de cet arbre est bien connue sous le nom de gomme arabique.
       

    2. L'acacia arabica ressemble beaucoup au précédent; il a, comme lui, des épines, une écorce brunâtre, des feuilles disposées par paires, et une cosse de la grosseur d'une groseille.

      — Le bois de l'acacia est extrêmement dur, et résiste même à l'action de l'eau; il est en même temps fort léger, et brunit avec le temps; lorsqu'il est vieux, il est presque aussi noir que de l'ébène; aussi était-il très estimé des anciens, et l'on s'en servait en particulier pour la construction des vaisseaux.


SMYRNE,


ville de l'Ionie, célèbre surtout comme place de commerce. Elle était située à 15 lieues nord d'Éphèse, à l'embouchure du Mélès, sur un golfe de la mer Égée, à laquelle elle avait donné son nom. Fondée, dit-on, par l'amazone Smyrna, elle était peu de chose dans les commencements; détruite par les Lydiens, elle resta presque déserte pendant quatre cents ans, se releva sous Alexandre le Grand, ou, d'après Strabon, sous Antigone (à 20 stades de son ancien emplacement), fut renversée par un tremblement de terre en 178 ou 180, fut restaurée par Marc Aurèle, et atteignit sous les empereurs romains le plus haut degré de prospérité; ses rues étaient pavées et coupées à angle droit. Le christianisme y fut annoncé de bonne heure, et une église s'y fonda, Apocalypse 1:11; 2:8. La Smyrne actuelle est encore la place la plus commerçante de l'Asie Mineure; elle compte environ 120,000 habitants, dont 9,000 Juifs, 1,000 Européens, 8,000 Arméniens, et 20,000 Grecs.


SO,


roi d'Égypte, dont Osée rechercha l'alliance, mais qui ne sut pas défendre son protégé contre Salmanéser, roi d'Assyrie, 2 Rois 17:4. On peut même conclure de Ésaïe 20, que Sargon, l'un des princes assyriens, aurait remporté sur lui de grands avantages. So est ou le Sabacon de l'histoire profane, de race éthiopienne, chef de la 25e dynastie, ou Sévéchus, son fils, ou, selon Hitzig, Set ou Séthon, de la 23e dynastie, dite tanitique. La seconde opinion serait rendue plus vraisemblable par l'orthographe orientale des noms.


SOBAC, ou Sophach,


2 Samuel 10:16, ou Sophach, 1 Chroniques 19:16, chef des armées d'Hadadhéser, marcha contre David jusqu'à Hélam, où il fut défait; il mourut sur le champ de bataille, tué peut-être de la main même de David.


SOBAL,


père ou prince de Kiriath-Jéharim, où l'arche fut longtemps déposée, 1 Chroniques 2:50. On trouve aussi ce nom répété parmi les descendants d'Ésaü, Genèse 36:20,23,29, etc., et l'histoire des croisades nous parle d'une Syrie de Sobal, située au sud de la Palestine, dans l'Arabie Pétrée, et d'une ville forte de ce nom.


SOBI,


fils de Nahas, et frère ou neveu du dernier roi des Hammonites, désapprouva sans doute l'outrage fait aux ambassadeurs de David, et contribua à soutenir, en lui envoyant des provisions, le monarque hébreu fuyant devant son fils. Sobi continua de vivre paisiblement à Rabba, où il exerça peut-être même quelque autorité sur les débris soumis de son peuple, 2 Samuel 17:27.


SODOME,


ville de la vallée de Siddim, dans laquelle Lot s'était établi, attiré par la beauté et la fertilité de ses environs, plus sans doute que par l'hospitalité et les mœurs de ses habitants, Genèse 13:12; 14:12; 19:1. Elle était gouvernée par ses propres rois, Genèse 14:2,8, etc. Elle partagea le sort de Gomorrhe et des autres villes de la plaine, Genèse 18, et 19; le feu du ciel embrasa son sol bitumineux, qui se fondit, s'abîma dans les eaux souterraines qu'il recouvrait, et la mer Morte occupe depuis cette époque la place d'une vallée qui avait la réputation d'être une espèce de paradis terrestre.

— Flavius Josèphe, et depuis lui quelques voyageurs, parlent d'une espèce de fruit auquel ils donnent le nom de pomme de Sodome, beau à voir, et en apparence bon à manger, mais qui se réduit en cendres quand on le touche pour l'ouvrir. Il serait difficile de contester d'une manière absolue l'existence de produits analogues à celui dont on parle, mais c'est à l'histoire naturelle d'en établir et surtout d'en expliquer la nature et l'existence.

— Les auteurs sacrés rappellent souvent le nom de Sodome pour montrer que, de tout temps, le jour du Seigneur vient sur ceux qui se croient en sûreté dans l'oubli de Dieu et au sein de leurs péchés, Ésaïe 1:9; 13:19; Jérémie 49:18; 50:40; Sophonie 2:9; Ézéchiel 16:46; Deutéronome 29:23; Matthieu 10:15, etc. Au temps de notre Seigneur, et même à une époque moins ancienne, on doit avoir vu, près des bords de la mer Morte, des ruines de murs et de palais dans l'emplacement des villes détruites; plusieurs notices parlent même de Sodome comme d'une ville épiscopale, et c'est un Sévère, évêque de Sodome, qui souscrivit l'un des premiers au symbole du synode de Nicée.

— Cette contrée doit être un jour renouvelée, Ézéchiel 16:53; 47:8, etc.


SOIE.


Cette substance précieuse que l'Orient vendait aux Grecs et aux Romains au poids de l'or, et qui paraît originaire de la Chine et du Thibet, où du moins on commença de la travailler, n'est nommée d'une manière positive et incontestée que Apocalypse 18:12. On n'oserait affirmer qu'elle soit nommée dans l'Ancien Testament, quoique Luther, Calmet et d'autres auteurs, aient cru la trouver dans certains passages, tels que Exode 25:4; Esther 1:6; 8:15; Ésaïe 19:9; Lamentations 4:5; Ézéchiel 16:10,13; 27:16. Il serait possible cependant qu'elle fût désignée par le meshi de Ézéchiel 16:10,13. (Gesenius, Hævernick). Au temps des Ptolémée, la soie était l'un des articles les plus importants du commerce alexandrin, et les Israélites peuvent l'avoir reçue d'eux, soit directement, soit par l'intermédiaire des Phéniciens.


SOLEIL,


Voir: Création.

Ce grand luminaire, dont la lumière et la chaleur répandent sur le monde entier tant de bienfaits, est l'une des créations qui ont été l'une des premières, et bien naturellement, substituées au créateur dans le culte impur d'une humanité remplie de ténèbres, Hérodote 1, 212. 216, etc. Ce culte du soleil, familier aux Sabéens, aux Égyptiens, aux Perses, aux Grecs et aux Romains, qui l'adoraient sous les noms d'Apollon, Osiris, On, Mithra, etc., ne fut pas étranger aux Cananéens, quoique l'identification de Bahal et du soleil, affirmée par quelques auteurs, ne puisse pas être prouvée; mais les fêtes d'Adonis, et les célèbres temples du soleil élevés à Héliopolis, Émèse, Palmyre, Hiérapolis, sont des preuves du culte que les Syriens, les Phéniciens, et sans doute aussi d'autres peuplades cananéennes, rendaient à cet agent vivificateur de la nature. Les tribus égarées loin du vrai Dieu glissèrent au bord du précipice, et diverses traces nous montrent qu'au milieu de leurs autres idolâtries, elles surent donner une place au culte du soleil. Nous voyons en effet, 2 Rois 23:11, le char d'Apollon et les quatre chevaux blancs que les Perses attelaient au blanc chariot du soleil; ce furent des rois de Juda qui se rendirent coupables de ce crime. Ailleurs, Jérémie 19:13; Sophonie 1:5; cf. 2 Rois 23:5, c'est une allusion à la coutume d'offrir à l'armée des cieux, aux astres, des parfums du haut des toits, coutume empruntée aux Nabathéens. Les paroles d'Ézéchiel 8:17: «Ils mettent une écharde à leurs nez», ont aussi été, par quelques commentateurs, rapportées au culte du soleil. Winer, par exemple, en modifiant la traduction et en lisant: «Ils tiennent des épines devant eux», voit dans ce passage une allusion à la coutume des Perses de saluer le soleil en tenant à la main un barsom, un faisceau de branches de palmiers ou de grenadiers; mais cette explication est forcée, et il vaut mieux entendre la phrase, soit proverbialement avec Lightfoot, dans le sens de: ils jettent de l'huile sur le feu, soit avec Hævernick comme une allusion à la coutume païenne de se déchirer le visage dans le deuil,

Voir: encore Deutéronome 4:49; 17:3; Job 31:26; sq. Ézéchiel 8:16;

enfin Lévitique 26:30, et Ésaïe 17:8, où le mot hammanim, traduit par tabernacles, signifie probablement statues du soleil; le dieu du soleil est appelé Bahal Hamman sur des inscriptions phéniciennes.

— Le soleil sert, dans les écrivains sacrés. à la plupart des plus nobles similitudes, Ésaïe 13:10; 24:23; Jérémie 15:9; Ézéchiel 32:7; Joël 2:31; Amos 8:9. Trois miracles extraordinaires dont cet astre fut l'objet, sont rapportés dans l'histoire sainte: le soleil s'arrête à la voix de Josué, son ombre recule sur le cadran d'Achaz, il perd sa lumière à la mort du Sauveur, Josué 10:12; 2 Rois 20:11; Matthieu 27:45; on verra, aux articles spéciaux, les essais d'explication qui en ont été donnés. Jésus est appelé le soleil de justice, Malachie 4:2. (Un beau sermon de M. Laget sur ce texte mérite d'échapper à l'oubli). Le soleil est considéré comme l'emblème de l'éternité, Psaumes 72:5; 89:36; cf. Ésaïe 30:26. La femme revêtue du soleil, Apocalypse 12:1, c'est l'Église personnifiée.


SOLHAM,


Lévitique 11:22,

Voir: Sauterelles.


SONGES.


Indépendamment de ces rêveries sans valeur, qui peuvent provenir d'un état maladif, ou d'un accident quelconque, et qui sont le symbole du néant, Job 20:8; Ésaïe 29:7; Ecclésiaste 5:3; Psaumes 73:20, les Hébreux, comme tous les peuples de l'antiquité, et comme les Orientaux en particulier, comptaient des songes significatifs et prophétiques. Ces songes, songes du matin surtout, ne seraient autre chose que le développement d'une faculté que personne ne pense à méconnaître entièrement, celle du pressentiment; elle se développerait d'une manière plus active, lorsque le corps ayant cessé ses fonctions laisse le système nerveux, et l'âme, plus libres d'agir. L'Écriture, Job 33:15, et l'observation se réunissent pour lever un coin du voile qui recouvre les mystères du sommeil, et les explications les plus naturelles n'empêcheront pas que les songes ne soient dans certaines circonstances ce qu'ils ont déjà été, des instructions et des avertissements. Les païens, vivant sans Dieu, mais ne pouvant se passer de directions supérieures, avaient multiplié les signes et symboles de, l'avenir; tout servait à des divinations; les songes ne furent pas négligés, et les auteurs profanes sont remplis d'allusions à ces légères divinités que les dieux envoyaient aux hommes pour les sauver ou pour les perdre, cf. Cic. Divin. 1, 43, etc.; des hommes spéciaux étaient chargés d'expliquer les songes dans les cas difficiles, et nous voyons cet usage régner déjà chez les Égyptiens, Genèse 40:5,8. 41:8,15. Joseph seul comprend des avertissements envoyés de Dieu, et que les habiles du pays se sont déclarés incapables d'expliquer. Les rois cananéens, les patriarches, les juges, offrent aussi de fréquents exemples de ce mode de révélation, Genèse 20:3; 31:10,24; 37:5; Juges 7:13; 1 Samuel 28:6; 1 Rois 3:5; cf. Matthieu 27:19. Chez les prophètes, les songes étaient souvent accompagnés de visions, Nombres 12:6; Joël 2:28, et pendant la période de la captivité babylonienne, ce fut surtout par des songes que Dieu découvrit l'avenir, soit à ses prophètes, soit aux rois païens victimes de leur vain orgueil, Daniel 2:2,4-5; 5:12; 7:1, etc. C'était tantôt une manifestation claire et parlée de la volonté divine, Genèse 20:3; 1 Samuel 28:15; Matthieu 1:20; 2:12,19, tantôt une image symbolique dont il fallait rechercher la signification, Genèse 37:7; Juges 7:13. Dans ce dernier cas, l'on s'adressait à ceux qui faisaient profession d'expliquer les songes, et qui étaient en général des personnages très recherchés et très considérés, Genèse 41, Daniel 1. Les mages de la Caldée s'étaient en particulier acquis dans ce genre d'exercice une grande réputation, comme les esséens parmi les Juifs. Mais s'il est vrai qu'il y ait, ou qu'il puisse y avoir dans les songes des indices des choses futures, le chrétien ne saurait leur accorder qu'une faible et prudente attention; plus que le Juif, il est à même de consulter le grand prophète suscité de Dieu, Deutéronome 18:15-18. La loi et le témoignage doivent lui suffire, et il n'est aucun de nos intérêts, comme aucun de nos devoirs, que la sagesse éternelle n'ait parfaitement prévu, cf. Lévitique 19:26; Deutéronome 18:10. Les faux prophètes avaient aussi leurs songes, et ils en abusaient pour séduire le peuple, Jérémie 23:25,27; le succès même et la réussite de leur divination étaient un piège de plus tendu aux simples, et la peine de mort était prononcée contre ceux qui, s'appuyant sur l'accomplissement de leurs prédictions, cherchaient à semer l'idolâtrie en Israël, Deutéronome 13:1-3. Satan fait aussi des miracles.


SONNETTES des chevaux.


On a parlé, à l'article Prêtre, des sonnettes d'or (72, disent les Juifs) que les prêtres portaient à la frange inférieure de leur rochet, Exode 28:33; 39:25. Il résulte aussi de Zacharie 14:20, que les chevaux, comme dans l'Orient moderne, étaient souvent ornés de petites clochettes. Ce sont les seuls cas où l'Ancien Testament en fasse mention.

Quand il est dit, Zacharie 14, «En ce temps-là, il sera écrit sur les sonnettes des chevaux: Sainteté à l'Éternel», cela signifie que, dans le monde à venir, toutes choses, jusqu'aux plus modestes, seront consacrées à Dieu. (Guers)


SOPATER,


Actes 20:4, probablement le même que Sosipater, Romains 16:21, était parent de saint Paul, natif de Bérée, et, selon la tradition, fils d'un nommé Pyrrhus. Il suivit l'apôtre de Grèce en Asie Mineure.


SOPHACH,


Voir: Sobac.


SOPHONIE


(Tsephanyah; celui que l'Éternel a caché, ou, celui à qui l'Éternel a révélé les choses cachées, ou encore, guérite de l'Éternel).

  1. Le neuvième des petits prophètes, fils de Cusi, appartenait à une grande famille, et remontait par quatre générations au roi Ézéchias: il prophétisa sous Josias, après Habacuc, et avant la destruction de Ninive, 2:13-15, deux dates bien vagues qu'indique le livre lui-même, probablement avant la dix-huitième année de Josias, et l'achèvement des réformes opérées par ce prince, cf. 1:4; 3:4; 2 Rois 23:4-5. Il a concentré dans la courte prophétie qui nous reste de lui, le résumé des prophéties qu'il dut prononcer pendant l'époque de son ministère publie, la censure des vices de son temps, des avertissements aux pécheurs endurcis qui marchent sans crainte à la rencontre d'une vie qu'ils ignorent, des avertissements à ceux dont la conscience n'est pas encore endurcie aux appels de Dieu, l'assurance donnée aux justes qu'ils seront épargnés au jour de la vengeance, et l'espérance glorieuse réservée à la fille de Sion. La promesse succède à la menace, la grâce vient après la justice, ou pour mieux dire, là, comme partout, en petit comme en grand, l'Évangile succède à la loi. Il n'est pas nécessaire d'admettre pour cela, comme le font la plupart des modernes, que le livre se divise en deux oracles distincts; car d'abord, la limite qui sépare les deux oracles, n'est pas bien déterminée, puisque ceux qui l'admettent, diffèrent sur l'endroit où commence le second, puis il est très naturel que dans le même oracle, le prophète, après avoir censuré les pécheurs, console les justes, et encourage ceux qui s'amendent.

    — Il y a peu de commentaires spéciaux sur ce livre; l'un des meilleurs parmi les modernes, est l'ouvrage latin de Strauss (F. Α.), Berlin 1843.
     

  2. Sophonie, Zacharie 6:10,14, père de Josias, inconnu.
     

  3. Sophonie, fils de Mahaséja, sagan ou second sacrificateur (vicaire, Jérémie 52:24, c'est le seul passage de l'Écriture, où cette charge soit mentionnée; le sagan suppléait le souverain sacrificateur dans les cas où celui-ci était empêché de fonctionner.) Sophonie, vicaire de Séraja, paraît avoir été au nombre des ennemis cachés de Jérémie; ayant reçu de Sémahja de Babylone une lettre où Jérémie lui était dénoncé comme faux prophète, il en fit publiquement la lecture en présence du prophète, qui n'hésita pas à répondre immédiatement par une lettre dans le sens de ses précédents oracles, Jérémie 29:25. II avait été deux fois chargé par Sédécias d'aller demander les conseils de Jérémie, 21:1; 37:3, mais on n'a aucun détail sur la manière dont il remplit son message. Il fut mis à mort à Ribla par ordre de Nébucadnetsar, 2 Rois 25:18; Jérémie 52:24.


SOREK,


vallée située entre Askélon et Gaza, et traversée par un torrent du même nom, le plus grand de toute la côte jusqu'au Carmel, le Bésor excepté; les auteurs ne sont cependant pas d'accord sur le torrent désigné parce nom; les uns disent qu'il se jette dans la mer près d'Askélon, les autres entre Asdod et Hékron. Délila, maîtresse de Samson, était native d'un petit bourg situé près de là, Juges 16:4, et Eusèbe dit que de son temps on voyait au nord d'Éleuthéropolis un village nommé Kaphar Sorek (village de Sorek) où la tradition portait que Samson avait vécu habituellement. Il n'y a nul doute que ce bassin auquel appartenaient la vallée des Térébinthes et celle d'Escol ou des Raisins, n'ait reçu son nom des belles vignes qui croissaient sur son terroir; c'était une petite espèce de raisins fort doux, et dont la graine est si molle qu'on a dit quelquefois qu'ils n'avaient pas de pépins; ce plant originaire de Syrie, où il porte encore le nom de serki, serait nommé Ésaïe 5:2; Jérémie 2:21; Genèse 49:11.


SORT.


L'usage du sort est fort ancien chez les peuples orientaux, comme chez tous les peuples primitifs dont l'intelligence n'a pas encore été développée par la connaissance. Non seulement il plaît à l'imagination en lui fournissant une préoccupation vive et facile, mais encore il ne fatigue pas le jugement, il le laisse reposer, et décharge de toute responsabilité celui qui s'abandonne en aveugle à l'aveugle destin, ou le fidèle qui dévotement pense avoir le droit de s'en remettre à Dieu seul pour les décisions importantes de sa vie. L'Ancien Testament nous fournit plusieurs exemples de païens consultant le sort; Haman le consulte, Esther 3:7, pour fixer le jour où les Juifs devront être exterminés; les nautonniers l'interrogent, Jonas 1:7, pour connaître quel est au milieu d'eux le coupable que poursuit sur la mer la vengeance céleste; Nébucadnetsar le jette sur deux flèches pour savoir le chemin qu'il doit prendre, Ézéchiel 21:26, etc. Les Hébreux aussi le consultent, d'après l'ordre de Dieu, pour le partage de Canaan conquis, Nombres 26:55; 33:54; 34:13; 36:2; Josué 14:2; 18:6; 19:51. C'est le sort qui assigne à chaque famille son héritage, et aux Lévites les villes de leur possession; de même au retour de l'exil, Néhémie 11:1. Le sort décide, au temps de David, de l'ordre dans lequel les vingt-quatre classes de prêtres doivent servir dans le temple, 1 Chroniques 6:54,61; cf. Néhémie 10:34; Luc 1:9. Il désigne ceux des hommes du pays, dix sur cent, qui doivent prendre part à l'expédition contre les Benjamites, Juges 20:10. Il préside au partage du butin, 1 Chroniques 24, et 25, et les vêtements de notre Sauveur sont jetés au sort, Matthieu 27:35; Jean 19:24; cf. Psaumes 22:18. Dans les enquêtes criminelles, et en l'absence de témoins suffisants, on procède de la même manière: Hacan, Jonathan, Jonas sont découverts, Josué 7:14; 1 Samuel 14:42; Jonas 1:7. Saül enfin est nommé roi, et Matthias apôtre par le sort, 1 Samuel 10:20; Actes 1:26.

— La législation mosaïque ne fournit qu'un seul exemple où l'emploi du sort soit commandé, c'est celui de la mise en liberté d'un des boucs offerts pour le peuple en expiation de ses péchés, Lévitique 16:8-10, et les passages Proverbes 16:33; 18:18, sont les seuls où la sagesse divine semble accorder une espèce d'approbation à cette manière hasardée de trancher les questions difficiles, Dieu lui-même décidant toujours des événements, quels que soient les moyens qu'on emploie. La Bible ne donne pas de détails sur la manière dont le sort était jeté; on suppose que c'était de dés (une fois de flèches) qu'on se servait habituellement; quelques-uns pensent aussi, mais à tort, que l'Urim et le Thummim était une espèce de sort.

— Quant à la fête des sorts,

Voir: Purim.

Les chrétiens ne sont pas d'accord sur la légitimité actuelle de l'emploi du sort; quelques-uns, les frères Moraves surtout (— Voir: Bost, Hist. des Moraves, II, p. 74, et ailleurs) l'emploient sans scrupule, et peut-être trop souvent, là même où les directions ordinaires de l'Évangile devraient suffire; d'autres regardent comme un péché d'y avoir recours: c'est un point sur lequel nous croyons que la conscience chrétienne doit rester libre, Le sort n'est pas défendu, et nous voyons le collège apostolique nous donner le premier l'exemple non seulement de la tolérance, mais de l'usage même. Il peut se présenter des cas décidément douteux, et dans ces cas s'en remettre au sort avec un esprit de prière, c'est s'en remettre au Seigneur.


SOSANNIM,


Voir: Musique.


SOSIPATER,


Voir: Sopater.


SOSTHÈNES.


Successeur de Crispus comme chef de la synagogue de Corinthe, à l'époque de Gallion et du second voyage missionnaire de Paul, Actes 18:17. Compromis dans l'émeute provoquée par son troupeau contre les chrétiens, et le tribunal ayant décliné sa compétence en matière de controverses religieuses, il fut battu par les Grecs, qui voulaient peut-être faire leur cour au président du tribunal, en protestant de cette manière contre l'appel au bras séculier que les Juifs avaient inutilement tenté. D'autres leçons, moins probables, portent que ce furent les Juifs qui battirent leur chef, soupçonné d'être favorable à l'apôtre. Il paraît en effet, qu'à l'exemple de son prédécesseur, il se joignit plus tard aux disciples, 1 Corinthiens 1:1. (Michaélis, Winer, etc., pensent qu'il ne s'agit pas de la même personne dans ce dernier passage). Eusèbe le range au nombre des soixante-dix disciples, et le fait devenir évoque de Colophon.


SOULIERS.


Les Grecs, les Romains et les Orientaux de tous les temps, portaient, au lieu de souliers, des sandales, ou simples semelles de cuir ou de bois, rattachées sur le coude-pied par des courroies, Genèse 14:23; Ésaïe 5:27; cf. Luc 3:16, et plusieurs bas-reliefs ou sculptures de Persépolis nous ont conservé l'image de cette ancienne chaussure aussi simple que conforme aux besoins des climats méridionaux. Les sandales des femmes étaient en général ornées avec beaucoup de luxe, Judith 16:11; Ézéchiel 16:10; cf. Cantique 7:1. Virgile Æneid. 1, 335, etc.; elles étaient teintes en pourpre ou de plusieurs couleurs, soit que cet ornement ne fût donné qu'aux courroies, soit qu'elles eussent déjà un léger rebord qui en aurait fait des espèces de pantoufles et aurait servi d'acheminement aux souliers proprement dits, que les riches et les nobles d'entre les Perses ne tardèrent pas à substituer aux simples semelles du soulier primitif. Les derniers des esclaves avaient à s'occuper de la chaussure de leurs maîtres, pour la lier, la détacher ou la porter, Matthieu 3:11; Marc 1:7; Jean 1:27; Actes 13:25. On ne portait pas de souliers dans les appartements; aussi, lorsqu'on rendait une visite, avait-on soin de se déchausser avant d'entrer. Ce n'était qu'au festin pascal, par exception, que les Israélites gardaient leur chaussure, afin de mieux figurer les préparatifs du voyage que ce repas leur rappelait, Exode 12:11, car en voyage, tous ceux qui en avaient les moyens marchaient chaussés, Actes 12:8. C'est les pieds nus que de bonne heure on aborda les lieux consacrés à la divinité, Exode 3:5; Actes 7:33; Josué 5:15, et la tradition juive porte que c'est aussi nu-pieds que les prêtres remplissaient leurs saintes fondions, soit qu'il s'y mêlât une idée de macération, soit que ce fût par une idée de pureté, soit enfin qu'il n'y eût là qu'une marque conventionnelle de respect, comme dans la mode européenne de se découvrir la tête; Dans un grand deuil, on marchait aussi déchaussé, 2 Samuel 15:30; Ézéchiel 24:17,23; Ésaïe 20:2. La coutume juridique, d'ôter le soulier de celui qui refusait d'épouser sa proche parente, veuve sans enfants, Deutéronome 25:9,10; Ruth 4:7, s'explique peut-être par l'idée assez naturelle, que toucher la terre de son soulier, c'est en prendre possession, que ce que l'on lient sous son pied, sous sa pantoufle, on le possède; le refus de posséder se constaterait alors par le dépouillement de la chaussure; on a rattaché à cet usage les passages Psaumes 60:8; 108:9, et l'on se rappelle que les rois d'Orient jetaient leur soulier sur un objet comme signe de leur souveraineté; quoique ces passages soient obscurs, et que d'autres explications aient encore été essayées, c'est cependant autour de cette idée que leur vraie signification doit être cherchée.

— Quant aux mesures de propreté nécessitées par l'usage d'une chaussure qui laissait une partie du pied exposée à la poussière,

Voir: Purification.


SOURCES,


Voir: Ruisseaux, Puits, Fontaines.


SOURIS.


La famille entière des souris, les rats y compris, était déclarée impure dans la loi de Moïse, Lévitique 11:29. Quelques-unes des espèces ont cependant été regardées comme un mets délicat par les Arabes, et par les Romains mêmes, qui élevaient des loirs pour leurs tables. Le nom hébreu hak'bar (mange-champ, ou mange-blé), désignerait plus spécialement le rat des champs, si tristement célèbre dans les campagnes; c'est l'espèce mentionnée 1 Samuel 6:4; sq., parmi les tributs que les Israélites imposèrent aux Philistins, et Ésaïe 66:17, parmi les objets d'un culte impur. On ne voit nulle part que les souris aient été réellement adorées, ni même offertes en sacrifices, mais comme c'est un animal qui demeure sous terre et dans l'obscurité, il n'y a rien d'étrange à ce que son nom soit mêlé aux cérémonies de magie nocturne censurées par le prophète. Quant à Ésaïe 2:20,

Voir: Taupes.


SPARTE.


Cette célèbre capitale de la Laconie, au sud-est du Péloponèse, cette capitale de la république lacédémonienne, cette ville si irrégulièrement bâtie sur plusieurs collines, qui n'eut jamais d'autres remparts que sa situation et le courage de ses habitants, et dont il ne reste plus maintenant que des ruines, n'est nommée nulle part dans l'Écriture sainte. Elle ne trouve de place ici que parce que quelques auteurs ont voulu l'identifier avec Sépharad, Abdias 20, et parce que une tradition juive fait descendre les Spartiates d'Abraham, 1 Maccabées 12:21. Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 13, 5; 8; 12, 14; 9. Grotius et Calmet, sont parmi les modernes, les plus fortes autorités qui aient pris cette parenté sous leur patronage; Bochart, Huet et Michaélis, se donnent en revanche beaucoup de peine pour expliquer comment un malentendu a pu donner lieu à cette tradition. Quant au fond de la question, nous n'avons pas à l'examiner.


STACHYS,


disciple de Rome, ami de Paul, Romains 16:9, probablement Grec d'origine; du reste, inconnu. La tradition le fait évêque de Constantinople.


STACTE,


gomme odoriférante qui découle naturellement de l'arbre de myrrhe, et à laquelle aucune autre ne saurait être préférée, Pline 12, 75. On a cru, d'après les Septante, qu'elle était désignée par l'hébreu nataph, Exode 30:34, et nos versions ont suivi cette traduction. Mais la myrrhe a déjà un autre nom hébreu, et d'ailleurs il ne paraît pas qu'elle fût employée sèche et froide, tandis que c'est après avoir été pilée que la substance mentionnée dans l'Exode, entrait dans la composition du parfum du sanctuaire. On croit plutôt que le nataph désignait la plus fine gomme du storax, et que l'arbre lui-même est désigné Genèse 30:37. Osée 4:13, sous le nom de libneh (le blanc), que nos versions ont rendu par peuplier, q.v. Le storax croît en Syrie, en Arabie, dans l'Asie Mineure, en Éthiopie, et même dans les contrées méridionales de l'Europe; il atteint une hauteur de 4 à 7 mètres et ressemble sous quelques rapports au cognassier; il jette une quantité de petites branches; ses feuilles, ovées et pétiolées, ont 6 à 8 centimètres de long, sur 4 à 5 de large; ses fleurs sont d'un blanc de neige et terminent en bouquet l'extrémité des branches; elles répandent une odeur fort agréable; le fruit est une espèce de petite noix qui contient deux graines, dures, lisses et d'un goût très acre. Une résine transparente, blanchâtre ou d'un rouge brun, tendre, plus agréable à l'odorat qu'au goût, découle de cet arbre, soit naturellement, soit par le moyen d'incisions qui, en rendant le produit plus abondant, nuisent cependant au développement et à la vie de l'arbre.

— On a cri aussi que l'hébreu nekoth, traduit par drogues, Genèse 37:25; 43:11, désignait le stacte ou le storax; les Septante l'ont rendu par aromates en général; le sens n'en est pas exactement déterminé; l'analogie de l'arabe fait supposer qu'il s'agit d'une espèce d'astragale, le tragacanthe, qui produit une gomme blanche et dure, sans goût ni odeur, que l'on trouve sous ce nom dans nos pharmacies.

— C'est aussi par stacte que Luther a traduit à tort l'hébreu shehheleth.

Voir: Onyx.


STADE.


  1. Mesure de chemin, grecque d'origine, et qui depuis Alexandre le Grand, fut généralement admise en Orient; elle est souvent employée dans les Apocryphes, régulièrement dans Flavius Josèphe, et quelquefois dans le Nouveau Testament, Luc 24:13; Jean 6:19; 11:18; Apocalypse 14:20; 21:16. Le stade olympique comptait 600 pieds grecs, ou 125 pas romains (625 pieds), environ 220 mètres; 8 stades faisaient un mille, soit la 4e partie d'une lieue géographique, ou la 60e partie d'un degré.
     

  2. Le mot lice, 1 Corinthiens 9:24; cf. Hébreux 12:1, devrait proprement se traduire par stade. On appelait ainsi le lieu où se faisaient les exercices publics de la course, parce que la longueur était précisément d'un stade. Celui qui arrivait le premier, recevait du juge des jeux le prix de la course, une couronne, 1 Corinthiens 9:25; de verdure. Chaque ville un peu considérable de la Grèce, et des colonies grecques de l'Asie, avait un Heu destiné à ces exercices, indépendant ou agrégé au gymnase. Le Nouveau Testament renferme plusieurs allusions aux jeux publics, et à celui-là en particulier.


STATÈRE,


Matthieu 17:27, pièce de monnaie de la valeur d'un sicle, q.v.

— v, aussi Monnaie.

— Le statère d'or valait près de 20 fr. (19 fr. 82 c.); le statère d'argent, Matthieu 17:24, valait 1 fr. 66 c.


STÉPHANAS,


disciple de Corinthe, dont Paul avait baptisé la famille, la première de l'Achaïe qui se fût convertie au christianisme, 1 Corinthiens 1:16; 16:15. Cette famille se distingua par sa piété et son hospitalité, et Paul en recommande l'exemple aux fidèles de Corinthe; quelques-uns de ses membres remplissaient, à ce qu'on suppose, des charges importantes dans l'Église. On croit que Stéphanas était mort lorsque saint Paul écrivait aux Corinthiens.


STOÏCIENS.


Cette secte que l'Évangile rencontra de bonne heure sur son chemin, et contre laquelle Paul fut appelé à lutter à Athènes, Actes 17:18; cf. versets 22-31, représentait la propre justice, et correspondait ainsi aux pharisiens d'entre les Juifs, comme les épicuriens (ibid.) répondaient aux sadducéens par le sensualisme et le matérialisme de leurs doctrines. La philosophie avait alors rempli le cercle de la pensée humaine livrée à elle-même, et tout ce qu'elle a enseigné depuis ne sont que les mêmes idées sous d'autres formules avec des lambeaux de vérité arrachés au christianisme (Gerlach); elle oscille sans cesse, et ne connaît que deux pôles extrêmes. La vérité ne peut être saisie que par l'esprit de vérité.

Zénon fut le fondateur de cette secte. Né en Chypre vers 340 ans avant J.-C. (la même année qu'Épicure, d'autres disent en 362), il se retira du commerce après y avoir éprouvé des pertes considérables. À Athènes, il se mit en relation avec le cynique Cratès, le mégarique Stilpon, et d'autres philosophes, et ne tarda pas à se vouer lui-même à la philosophie. Il s'établit dans un local nommé Στόα ποικιλή c'est de là que son école fut nommée le Portique, et ses partisans stoïciens. Il réunit autour de lui un grand nombre de disciples, et captiva même le roi de Macédoine, Antigone Gonatas, qui l'honora toujours d'une estime particulière. Son but était de rendre à l'homme Sa vigueur première qui tendait à s'énerver par le luxe et la mollesse. Il parvint à un âge très avancé, et ayant fait une chute, il pensa que la terre le rappelait, et il donna l'exemple du suicide. Il était matérialiste. La nature, qui dicte à l'homme ses devoirs, était pour lui un enchaînement de lois immuables qui régissent l'homme invariablement; le fatalisme en devait découler, et, comme Zénon maintenait le fait de la volonté individuelle, il ne pouvait se tirer de cette contradiction entre ses dogmes que par un sophisme. Sa logique était trop subtile; Sénèque, qui était lui-même stoïcien, blâmait leur genre de dialectique, et l'a parodiée dans le raisonnement bien connu: Mus est animal, sed mus etiam syllaba, igitur animal est syllaba. La théologie de Zénon était le panthéisme, sans que peut-être il s'en rendît bien compte à lui-même. En morale, et c'était la partie principale de sa philosophie, Zénon voulait que la vertu (sequi naturam) fût le seul mobile de la conduite de l'homme. Il n'admet d'autre bien que la vertu, d'autre mal que le vice, et trace du vrai sage un tableau idéal qui le place bien au-dessus de l'humanité; il condamne toutes les passions comme autant de faiblesses et de maladies de l'âme, et donne ainsi à sa morale quelque chose de paradoxal et de farouche.

M. Vinet, dans ses Essais de Philosophie, p. 30 et suivant, tout en reconnaissant qu'on peut «s'humilier devant le stoïcisme, et l'admirer, mais avec effroi, avec compassion», le juge et le condamne en ces termes: Le stoïcisme, c'est l'homme qui, pour avoir un Dieu, se fait dieu lui-même. Le stoïcien, à la vérité, parle quelquefois des dieux, mais dans un sens sur lequel il ne faut pas se tromper. Ils sont un autre nom de son idéal, non la règle ni la raison première de sa volonté. Le stoïcien a conçu la vertu sous la notion de la force, non sous celle de l'obéissance. Elle ne se présente pas à lui sous l'aspect du devoir, mais sous celui de la dignité, soit personnelle, soit collective. Sans doute que dans le lointain, le sentiment obscur du devoir se décèle comme la source de cette notion de la vertu; mais le stoïcien se cache à lui-même cette origine; et si, dans cette religion de l'orgueil, le mot devoir se prononce encore, c'est d'un devoir envers soi-même qu'il est question, et le respect envers soi-même est le motif et la substance de tout bien. Il y a dans cette religion les apparences d'une hostilité permanente, d'une guerre à mort contre la volonté, mais seulement les apparences; car s'obéir à soi-même ce n'est pas obéir, et des devoirs dont on est le premier et le dernier terme, ne sont pas des devoirs. Encore ici, la volonté propre est déifiée; on l'exalte, à la vérité, on l'élève en quelque manière au-dessus d'elle-même, afin de pouvoir plus convenablement l'adorer; on la rend presque inaccessible, afin de pouvoir se figurer, dans la volonté, quelque chose d'autre et de plus grand que la volonté; mais tous ces artifices involontaires sont inutiles; et voici ce qui arrive: ou l'on rabaisse enfin jusqu'à soi la règle afin de pouvoir y atteindre; ou bien on la maintient à sa première hauteur, et l'orgueil, sévèrement averti de son impuissance, devient du désespoir. On s'avoue que Dieu n'aurait pas mis la règle si haut qu'on l'a mise; que Dieu qui a fait la nature, n'aurait pas tué la nature: il n'en avait pas besoin; le sacrifice implicite de la volonté est tout ce qu'il aurait demandé; dès lors plus de tension, plus d'efforts démesurés; une disposition tranquille et sereine, fondée sur la confiance en Dieu et sur la promesse de son secours; et, dans les grandes occasions, la certitude que la force viendra, l'humble appel au donateur de cette force, l'amour, dont le ressort n'a point de limites connues, l'amour qui transforme toutes choses, jusqu'à se faire de la souffrance un aliment exquis, l'amour enfin, qui veut un objet hors de l'âme, et qui, par conséquent, est étranger au principe d'action du stoïcien, dont la vertu n'est qu'un mouvement de rotation sur son axe. Quelle que soit la valeur rationnelle et morale du stoïcisme, il a ses hommes, et, dans chacun d'eux, son domaine et son temps, Il est moins un système et une foi que le tempérament de quelques âmes fortes; et dans ces âmes, il ne s'applique pas à tout, comme fait l'amour; il ne cultive qu'une portion du champ de l'âme; il est ordinairement obligé de se faire dur pour être fort; et surtout, viennent des moments inattendus, il apprend enfin à se mesurer; après avoir brisé des rochers, il se brise contre un grain de sable; il n'avait pas recouvert uniformément et également l'âme entière; sa cuirasse d'airain, son æs triplex, fait toujours défaut quelque part; il se donne de terribles démentis; il ne plie pas peut-être, mais il rompt; il ne se courbe jamais, mais il tombe, et ses chutes sont d'autant plus éclatantes qu'il tombe de plus haut; car le stoïcisme est la forme la plus spirituelle de l'orgueil: et l'orgueil, dit l'éternelle sagesse, marche devant l'écrasement.»


STORAX,


Voir: Stacte.


STRYMON.


La plupart des commentateurs voient dans le Strymon qui coule à 14 lieues de Philippes, le fleuve désigné Actes 16:13, mais il est évident que c'est l'aller chercher beaucoup trop loin. Rilliet pense, avec beaucoup plus de vraisemblance, qu'il s'agit dans ce passage, d'un courant d'eau formé par la réunion des sources qui s'échappaient du pied de la colline sur laquelle Philippes était bâtie, ou de la rivière Gangitès, qui n'était qu'à 18 stades (3 kilomètres) de la ville; Comment., p. 12.


SUAH,


fils d'Abraham par Kéturah, Genèse 25:2. Bildad était originaire du lieu peuplé par les descendants de Suah, Job 2:11; 8:1; 25:1, c'est-à-dire de la Saccaïa à l'est de la Batanée, ou plutôt (Raumer) de Szychan dans les monts de Séhir, au sud de Dhana;

Voir: Huz.


SUCCOTH


(tentes, cabanes).

  1. Premier campement des Israélites dans le désert, Nombres 33:5; Exode 12:37. C'était un campement, ou un village nomade, et l'on ne saurait par conséquent en déterminer la position.
     

  2. Ville de la tribu de Gad située au-delà du Jourdain dans une vallée, Josué 13:27; Psaumes 60:6; Juges 8:5; 1 Rois 7:46; cf. Genèse 33:17. Elle existait encore du temps de Jérôme dans la Scythopole, et Burckhardt croit en avoir retrouvé les ruines au sud de Bysan.


SUCCOTH-BÉNOTH,


2 Rois 17:30. Ce nom hébreu qui signifie tentes des filles, est donné à l'un des objets du culte idolâtre des Babyloniens, que les colons de Babylone transportèrent en Samarie. Comme les mots parallèles sont des noms de faux dieux, on a cru que ce mot devait être aussi le nom d'une divinité païenne, et les rabbins le rendant par la poule et ses poussins, l'entendent de la Poussinière (ou des Pléiades), de sorte que nous aurions ici le nom, conforme à la théologie de Babel, d'une divinité astrologique. Winer, d'après Selden et Grolius, pense qu'il s'agit de tentes dans lesquelles les filles se prostituaient en l'honneur de la Vénus babylonienne, Milytta, et le parallélisme ne combat pas d'une manière absolue cette interprétation, que recommandent d'ailleurs plusieurs autorités, et notamment Hérodote 1, 199. Hengstenberg traduit par: petits temples des filles (de Bel et de Milytta). Gesenius enfin modifie le texte, et lit: les tentes des hauteurs, ou des hauts lieux.


SUKIENS,


2 Chroniques 12:3, peuplade africaine qui, avec les Libyens et les Cusites, prit part à l'expédition de Sisak; elle est du reste inconnue. Les Septante et la Vulgate traduisent par Troglodytes, et pensent sans doute à ces Troglodytes éthiopiens qui habitaient la côte occidentale de la mer Rouge, et étaient célèbres par la rapidité de leur course et leur habileté à manier la fronde. D'après Pline 6:29, il y aurait eu dans cette contrée une ville nommé Suché, peut-être le Suaken d'aujourd'hui.


SULAMITHE.


Selon quelques-uns, nom propre; selon d'autres, désignation du lieu d'origine de la bien-aimée que Salomon célèbre dans son Cantique, 5:13; l'article favorise davantage cette dernière opinion. Sunem, q.v., portait aussi le nom de Sulem. (La citation des Sermons de Krummacher est mal placée, II, p. 374; elle doit l'être plus bas; ces Sermons ont pour objet l'épouse du Cantique.)


SUNEM,


Sunamite. Ville d'Issacar, située sur le chemin de Guilgal au Carmel, non loin de Guilboah, Josué 19:18; 1 Samuel 28:4; 1 Rois 1:3; etc., 4:8. C'est surtout par l'histoire de l'heureuse et pieuse Sunamite (Sermons de Krummacher) que cet endroit a été rendu célèbre. L'épouse du Cantique, à cause d'une fausse leçon, a aussi été nommée la Sunamite, au lieu de la Sulamite. D'après Eusèbe, Sunem ou Sulem aurait été située à 5 milles sud du Tabor; il y avait encore une autre Sonam dans l'Acrabatène, aux environs de Samarie.


SUPPLICES,


Voir: Peines.


SUR,


Genèse 16:7; 25:18; Exode 15:22; 1 Samuel 15:7; 27:8. Désert qui va depuis le sud de la Palestine (El Arisch), jusqu'au golfe de Suez et au Nil, et qui sur une étendue de trente-six heures de route ne présente ni terres labourables, ni pâturages, ni habitations: c'est le désert avec ses sables mouvants et tout ce qu'il a d'effrayant. Des dunes bordent la côte de la Méditerranée, et le sol est tellement bas que les vents du nord font avancer les eaux de la mer de plusieurs lieues dans les terres. Cependant, comme cette contrée présente la communication par terre la plus directe entre l'Égypte et la Palestine, elle a été traversée depuis les temps les plus anciens jusqu'à nos jours, par les caravanes, les armées et les peuples.


SUSAN,


ville principale de la province de la Susiane, située entre la Babylonie et la Perse, résidence des rois perses, qui au printemps venaient y faire un séjour dans le château-fort qu'ils y avaient fait construire, Néhémie 1:1; Daniel 8:2; Esther 1:2,5. On en attribuait la fondation à Memnon. La ville était située au bord du fleuve Choaspes, ou Eulæus (— Voir: Ulaï, Daniel 8:2), à 450 milles romains d'Ecbatane, et à la même distance environ de Séleucie: elle était ornée de magnifique monuments, et c'était le dépôt central des trésors des rois perses. Il n'en reste plus que des ruines, à 2 milles ouest de Desphul. Elle est célèbre par les révélations de Daniel, l'histoire d'Ester, et ledit de Darius autorisant le rétablissement du temple.

— Les chaleurs y étaient fort grandes en été, l'hiver y était doux, et le printemps délicieux.


SUZANNE


(lys), une des saintes femmes qui accompagnaient notre Seigneur, n'est connue que par la mention de Luc 8:3.


SYCHAR,


Voir: Sichem.


SYCOMORE


(ficus egyptia, ou ficus sycomores, hébreu shikemim). Cet arbre appartient à la famille du figuier, mais ressemble plutôt au mûrier blanc par son feuillage et son apparence extérieure. L'Égypte est sa patrie, on le trouvait cependant en Palestine et sous des climats plus doux, Psaumes 78:47; 1 Rois 10:27; 1 Chroniques 27:28; Amos 7:14; Ésaïe 9:9; Luc 19:4. Il croît volontiers dans les plaines et dans les vallées, mais demande un sol sec. Son tronc est très noueux, et atteint une grande hauteur, il pousse un grand nombre de branches qui s'étendent au loin, et forment une masse épaisse de feuillage qui a souvent jusqu'à 40 pieds de diamètre: les feuilles sont taillées en cœur, et garnies de petits poils par-dessous; le fruit, sans noyau, ne vient ni en graines, ni à l'extrémité des rameaux, mais attaché par le pétiole au tronc et aux plus grosses branches; il est jaunâtre, et ressemble aux figues sauvages pour la forme et l'odeur. Le goût en est doux, et assez agréable, quoiqu'il n'approche pas du goût des figues, et ce ne sont en général que les pauvres gens qui s'en nourrissent. Ce fruit ne mûrit que si on le pique ou l'égratigne avec des peignes de fer: cette occupation était une des industrie d'Amos, 7:14. Quatre ou cinq jours après cette opération, la figue est mangeable. L'arbre lui-même est rendu plus fécond lorsqu'on en incise l'écorce; de chaque incision découle une espèce de lait qui se coagule, et finit par former un rameau; l'on peut y recueillir en son temps de quatre à sept figues; mais l'arbre s'épuise. À la place de chaque fruit que l'on cueille il en naît un nouveau, et l'arbre toujours vert peut donner quelquefois jusqu'à sept récoltes dans l'année. Le bois du sycomore est léger, mais solide et presque indestructible; aussi les Israélites le recherchaient-ils de préférence comme bois de construction. Ésaïe 9:9.


SYÉNE,


la ville la plus méridionale de l'Égypte, située dans la Thébaïde, non loin de l'Éthiopie, sur la rive est du Nil, ou suivant Pline, sur une presqu'île formée par ce fleuve, à égale distance d'Alexandrie et de Méroé, Ézéchiel 29:10; 30:6. Les anciens avaient déjà remarqué que dans les longs jours, le soleil y tombait perpendiculairement, et que les corps droits ne donnaient pas d'ombre. On croit en reconnaître les ruines, au nord-est desquelles s'élève maintenant Assvan ou Assouan, qui était au moyen âge une ville assez importante. La contrée est riche en rochers de granit. Juvénal y fut exilé. Davoust y battit les Mamelouks en 1799.


SYMÉON,


Voir: Pierre.


SYNAGOGUES,


mot grec signifiant réunions, assemblées, par conséquent aussi églises. C'est le nom que l'on donna depuis l'exil aux lieux où les Juifs se rassemblaient pour l'exercice public de leur culte. La tradition assignait à l'origine des synagogues une très haute antiquité, cf. Actes 15:21, et les rabbins allaient même jusqu'à en faire une institution patriarcale; les tentes de Jacob, Genèse 25:27, leur faisaient l'effet de synagogues. On s'appuyait surtout sur Deutéronome 31:11, et Psaumes 74:8, pour prouver cette ancienneté de l'institution; mais l'un de ces passages ne se rapporte qu'à la lecture de la loi, l'autre aux lieux saints où l'Éternel s'était manifesté, sans que l'idée de synagogue y soit même exprimée (nos versions ont traduit le général par le particulier). C'est surtout pendant l'exil, alors qu'Israël n'avait plus de centre religieux, plus de terre sainte, plus de sanctuaire, que le besoin de réunions d'édification se fit sentir plus vivement aux Juifs; il est fort probable que ce fut alors que prit naissance l'institution des synagogues, ce culte sans sacrifices, dont ils durent se contenter, et auquel ils finirent par s'attacher tellement qu'ils en transportèrent l'idée dans leur patrie dès qu'il leur fut permis d'y retourner, cf. Néhémie 8:1. Au temps de Jésus, on trouve au moins une synagogue dans toutes les villes un peu importantes de la Palestine, à Nazareth, Luc 4:16, à Capernaüm, Marc 1:21; Luc 7:5; Jean 6:59, ainsi que dans les villes de la Syrie, de la Grèce, ou de l'Asie Mineure, Actes 9:2; 13:5; etc., 14:1; 17:1; 18:4; 19:8. Dans les villes plus considérables on trouvait un plus grand nombre de synagogues, proportionnellement aux besoins de la population, et Jérusalem en eut jusqu'à 460, ou 480; chaque corporation, chaque nationalité, paraît avoir eu la sienne, cf. Actes 6:9. Les proseuques, maisons de prière, ou oratoires, ne doivent pas être confondus avec les synagogues (— Voir: Rilliet, Comment, sur l'Épître aux Philippiens, Introduction p. 12, sq.); c'étaient des lieux de réunion, ordinairement non couverts, et situés près d'une eau courante, à cause de l'habitude des Juifs de se laver avant de faire leur prière, Actes 16:13. Il est probable que ces proseuques, premier et modeste essai de culte des Juifs dispersés dans les centres païens, prirent souvent une consistance plus forte, et se changèrent avec le temps en de véritables synagogues, tout en conservant leur nom primitif. Les synagogues étaient le plus souvent bâties dans l'intérieur des villes, et presque toujours en un lieu élevé; ce n'est que plus tard qu'on en éleva aussi dans le voisinage des cimetières. Les frais de construction et d'entretien étaient à la charge de la communauté, mais on voit aussi que souvent de simples particuliers, parfois même des païens, Luc 7:5, contribuaient pour une forte part à ces dépenses, qui n'eussent pu être couvertes par les contributions volontaires de l'assemblée. Les Juifs se faisaient une très haute idée de la sainteté de ces lieux de culte, et ils en respectaient la place alors même que le culte avait été transféré ailleurs. On se réunissait dans les synagogues les sabbats, les jours de fêle, et plus tard le deuxième et le cinquième jour de chaque semaine, les femmes ayant des places séparées, et fermées par des jalousies. Ces réunions étaient consacrées à la prière en commun, et à la lecture d'une portion de la loi ou d'un livre quelconque de l'Ancien Testament, Actes 13:15; 15:21, faite par un des membres de l'assemblée, Luc 4:16, par un prêtre ou par un ancien, d'après Philon: quelques paroles d'édification, simples et libres, sur la lecture qui venait d'être faite, complétaient ce genre de culte, qui se rapproche à tant d'égards des habitudes religieuses de nos Églises. Un passage de Philon fait supposer que le lecteur et celui qui expliquait la lecture n'étaient pas ordinairement la même personne. L'assemblée se retirait ensuite après avoir répondu par un amen solennel à la bénédiction donnée par un prêtre, 1 Corinthiens 14:16.

Les employés de la synagogue (officiers du culte) étaient:

  1. le chef, ou κρχισυναγωγος, qui exerçait en général les fonctions de président, veillant à l'ordre, dirigeant l'assemblée, et s'occupant de tout ce qui concernait le culte, Luc 8:49; 13:14. Marc 5:35. Actes 13:15. 18:8,17. C'était lui qui donnait la parole à ceux qu'il en jugeait capables, et aux étrangers dont on pouvait attendre de l'édification.
     

  2. Les anciens, Luc 7:3, appelés aussi les principaux, Marc 5:22; Actes 13:15, et en hébreu les pasteurs, ou les présidents. Ils formaient, sous la présidence du chef, un conseil de délibération, une espèce de consistoire.
     

  3. Le légat de l'Église, son envoyé, qui faisait les prières, servait de secrétaire, et parfois de messager au conseil des anciens; sa charge n'est pas bien défraie.
     

  4. Le bedeau ou marguillier, Luc 4:20, qui ouvrait et fermait la synagogue, pourvoyait à la propreté du local, prenait soin des livres du culte, et peut-être quelquefois entonnait et dirigeait le chant. Il y avait peut-être aussi des collecteurs, chargés de réunir les aumônes de la congrégation en faveur des pauvres, mais ce n'est pas Matthieu 6:2, qui suffirait à le prouver, et ce que les rabbins nous disent des synagogues en général ne doit pas être entendu d'une manière absolue quant à l'antiquité des usages; les synagogues dont ils parlent ne sont pas celles que l'on trouvait du temps de Jésus, et dans les jours des apôtres; et sous le rapport des ornements matériels, la beauté des descriptions qu'ils en donnent, contraste singulièrement avec la simplicité qui caractérisait les lieux de culte, dans les âges plus anciens et dans les dernières années de Jérusalem. Ainsi l'on ne voit mentionnés, Matthieu 23:6; Jacques 2:3, que des sièges; c'était en quelque sorte la partie constituante du matériel de la synagogue; les premiers étaient réservés aux anciens et aux scribes; on peut croire cependant que même à cette époque il y avait en outre une espèce de tribune, ou de siège plus élevé pour le président, et une armoire pour les saints rouleaux de la loi.

— Certaines peines disciplinaires, et pour ainsi dire ecclésiastiques, étaient subies dans les synagogues, en particulier la flagellation, Matthieu 10:17; 23:34; Marc 13:9; Luc 12:11; cf. 21:12; Actes 22:19; 26:11; 2 Corinthiens 11:24. Mais autant le fait est constaté, autant les motifs et les circonstances qui l'accompagnaient restent obscurs pour nous; selon quelques auteurs, la flagellation, quarante coups moins un, était une commutation de la peine capitale; selon d'autres, elle remplaçait l'excommunication pour les savants et les étudiants; elle s'appliquait dans les cas d'hérésie, ou de péché scandaleux,

Voir: Peines;

l'un des fonctionnaires de la synagogue remplissait les fonctions d'exécuteur,

Voir: Fouet.

Le mot grec synagogue est employé dans son sens étymologique pour désigner des assemblées chrétiennes, Hébreux 10:25; Jacques 2:2.

Voir: encore les articles Écoles, Libertins, Satan, etc.


SYMTICHE,


Voir: Évodie.


SYRACUSE,


Actes 28:12, célèbre ville de la côte orientale de la Sicile: fondée par Archias de Corinthe, elle comprenait primitivement cinq villes qui, avec le temps, ne formèrent plus que cinq quartiers réunis par un mur d'enceinte de 180 stades de longueur (Strabon). Célèbre comme berceau de Théocrite et comme tombeau d'Archimède, elle finit sous Auguste par n'être plus qu'une colonie romaine. Saint Paul y aborda dans son voyage en Italie, et y demeura trois jours, Actes 28:12. Siragossa n'est plus maintenant, comparativement à son ancienne grandeur, qu'un bourg qui s'honore de quelques ruines qu'où trouve dans son voisinage; il compte 14,500 habitants, et ne possède aucun monument moderne.


SYRIE.


Hérodote dit que c'est le nom d'Assyrie, abrégé par les Grecs (7:63); d'autres pensent que c'est une corruption de l'hébreu Tsor, Tyr. Quoi qu'il en soit, la Syrie est l'ancien Aram, passé entre les mains des Grecs et des Romains, avec ses incertitudes géographiques. Dans les Apocryphes, ce nom désigne essentiellement le royaume des Séleucides, dont Antioche était la capitale; dans le Nouveau Testament, la Syrie est une province romaine, qui comprenait la Phénicie, Actes 21:3, et à laquelle, sauf de courts intervalles, la Judée se rattachait depuis six ans avant la naissance de Christ. Si ce nom se rencontre quelquefois dans nos traductions de l'Ancien Testament, il n'y a été introduit que par la substitution des noms nouveaux aux noms anciens, car l'original désigne uniformément la Syrie et ses subdivisions par le nom d'Aram, q.v. Les données des anciens géographes sur les limites de la Syrie, varient considérablement. Les limites les plus probables et les plus constantes seraient au nord le Taurus, à l'ouest la Méditerranée, au sud l'Égypte et les déserts de l'Arabie, à l'est des plaines arides et monotones s'étendant jusqu'à l'Euphrate, la Phénicie et la Judée étant exceptées, et demeurant indépendantes à côté de ce puissant et redoutable voisinage. Au nord du Liban, des chaînes de montagnes couvrent en se ramifiant la partie haute du pays, et vont s'abaissant d'un côté vers l'étroite côte de la Phénicie, de l'autre vers les vastes déserts qui se maintiennent longtemps à une hauteur considérable avant de s'incliner vers l'Euphrate. Une vallée profonde sépare la Syrie occidentale et maritime de la Syrie orientale et intérieure; elle est arrosée par l'Oronte qui, prenant sa source dans la contrée du Liban, court au nord-ouest et se jette dans la Méditerranée un peu au-dessous de Séleucie, après avoir baigné les murs d'Antioche; le Chrysorrhoas fertilise les environs de Damas, et ces deux fleuves, fécondant les prairies et les rendant propres à l'élève des bestiaux, tempèrent en même temps l'ardeur du climat, qui est doux et salubre. Les tremblements de terre et les nuées de sauterelles sont malheureusement deux plaies qui, tour à tour, visitent la Syrie, et mettent à néant les espérances que ce beau pays serait par lui-même de nature à faire concevoir.

La Syrie a été de tout temps la grande voie de communication entre l'Orient et l'Occident, et Damas, le principal entrepôt du commerce entre les deux mondes.

Strabon divise la Syrie en un certain nombre de provinces, qui sont, en venant du nord, la Comagène, la Séleucie, la Cœlésyrie, la Phénicie et la Judée; Ptolémée en compte davantage, mais omet les deux dernières. La Bible mentionne les subdivisions suivantes, sans que rien indique qu'elles forment un tout complet: Aram-Mahaca, c'est-à-dire les contrées voisines de l'Hermon, 2 Samuel 10:6-8; Deutéronome 3:14; Aram-Dammések (la Syrie de Damas), 2 Samuel 8:5-6; Aram-Beth-Réhob, ou la Syrie dans la contrée du passage (qui conduit à Hamath), 2 Samuel 10:6-8; Aram-Tsoba, ibid.; etc.

Quant à l'histoire de ce royaume jusqu'à Alexandre le Grand,

Voir: Aram, et Damas.

Après la domination caldéenne, la Syrie passa avec la Judée et la Phénicie sous la domination perse, puis sous celle des Grecs au temps d'Alexandre, 330 avant J.-C. On se rappelle comment la mort soudaine de ce conquérant, 323 avant J.-C., fut l'occasion de luttes acharnées entre ses généraux, comment la possession de la Syrie fut longtemps disputée, comment enfin, après la bataille d'Ipsus (301 avant J.-C.), elle passa, moins la Cœlésyrie et la Palestine, sous le sceptre de Séleucus Nicator, qui l'occupait déjà depuis vingt ans comme gouverneur, avec la Mésopotamie, la Babylonie, et toutes les conquêtes orientales des armes macédoniennes. La Syrie proprement dite fut dès lors, pendant une période assez longue, le noyau d'une grande monarchie, qui reçut le nom des Séleucides ses maîtres, et eut Antioche pour capitale. Les puissants et rapides progrès de ce royaume (qui ne tarda pas à former des relations avec la Judée), et les premiers symptômes de sa décadence, sont compris entre Séleucus, son fondateur, et Antiochus III, dit le Grand (301-187 avant J.-C.). Antiochus II avait déjà perdu les Parthes (256), qui s'étaient constitués en un royaume séparé; Antiochus III, après avoir donné la Palestine et la Cœlésyrie en dot à sa fille Cléopâtre, épouse de Ptolémée V roi d'Égypte, succomba dans la bataille de Magnésie (189), sous les armes romaines qu'il avait inconsidérément provoquées, et dut abandonner toutes les provinces situées en deçà du Taurus. Un grand nombre de Juifs s'étaient déjà établis en Syrie, notamment à Antioche, où ils éprouvèrent, comme en Palestine, la protection des maîtres du pays.

La seconde période de l'histoire de ce royaume va de Séleucus Philopator à Démétrius Soter (187-151): la Cœlésyrie et la Palestine sont de nouveau provinces syriennes; le cruel Antiochus Épiphanes (175) opprime les Juifs, et les pousse à cette résistance désespérée dont les Apocryphes ont essayé d'esquisser le tableau. La guerre de succession qui commence à sa mort, finit par assurer la victoire aux patriotes juifs, qui érigent leur pays en une principauté libre, 1 Maccabées 13. Les rois de Syrie la flattent et cherchent à se la rendre favorable. L'influence croissante de la politique romaine, des luttes intérieures sans cesse renouvelées, la couronne toujours disputée, toujours des prétendants en présence pour recueillir la couronne au moment où elle tombera, des conflits continuels et sans résultats avec l'Égypte, tels sont les traits principaux qui caractérisent cette période de la domination séleucide. Le royaume marchait à sa ruine, mais son agonie fut longue.

La troisième période, depuis 151, nous montre dans un jour plus vif encore ces déchirements intérieurs, cette agonie politique; aucun roi qui n'ait son compétiteur, et souvent des prétendants divers, ayant chacun leurs partisans, occupent des lambeaux de territoire, et se livrent des guerres d'escarmouches; le pays s'affaiblit, et la Judée y trouve son compte, Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 13, 11; 3. Las enfin de toutes ces dissensions, le peuple appelle à son secours Tigrane d'Arménie, qui monte sur le trône, règne quatorze (ou dix-huit) ans, s'embarrasse dans une guerre avec les Romains, et doit abandonner la Syrie à ses vainqueurs; Pompée déclare le pays une province romaine, 64 ou 63 avant J.-C. Les proconsuls, gouverneurs de la Syrie, intervinrent dès lors assez fréquemment dans les affaires de la Palestine, et surtout dans celles de la dynastie régnante de Judée. La Palestine eut beaucoup à souffrir des guerres qui se livraient ainsi dans son voisinage avec tant de chances diverses, et ce fut presque un bonheur pour ce pauvre pays qu'Hérode le Grand, protégé par Auguste, pût occuper le trône en paix, pendant un certain temps, et libre de toute dépendance à l'égard des provinces voisines (37-4 avant J.-C.). Mais, peu après sa mort, 6 ans avant J.-C., la Judée et la Samarie furent formellement annexées à la Syrie, et des procurateurs romains, sous la direction des proconsuls de la Syrie, furent chargés de l'administration dans ces fragments de province. La Batanée, la Gaulonite et la Trachonite subirent le même sort, l'an 33. Hérode Agrippa, par une faveur spéciale de Caligula et de Claude, réunit pendant quelque temps, sous son sceptre, tout le pays qui avait appartenu à Hérode le Grand; mais, déjà en 44, la Judée vit recommencer le régime des procurateurs et de leurs concussions, qui dura jusqu'à la tin du siècle, sauf pour quelques parties de la Palestine transjourdaine, qui furent données à Hérode Agrippa II (52-99).

Les dialectes parlés en Syrie, le syrien ou syriaque, le syrocaldéen, le samaritain et le phénicien, avaient beaucoup de rapports entre eux, et appartenaient à la famille sémitique. Le syriaque lui-même, une branche de l'araméen, était parlé dans la Syrie proprement dite et dans la Mésopotamie; le grec cependant prévalut à la cour des Séleucides et dans les villes les plus importantes, de sorte que plusieurs termes grecs, et même des tournures de phrases, s'introduisirent dans la langue syriaque, comme précédemment sous la domination perse des mots persans y avaient également pénétré. Le syriaque est maintenant une langue morte, car on ne saurait accorder une grande créance aux récits de quelques voyageurs incompétents, qui racontent qu'à deux journées de Médine, en Mésopotamie, ils ont trouvé cent mille Syriens qui parlent encore la langue de leurs pères.


SYROP,


Voir: Miel.


SYROPHÉNICIE.


C'est le nom qui, dans la période romaine, fut donné à la Phénicie, réunie à la Syrie, pour la distinguer de la Syrie propre. La femme nommée Cananéenne, Matthieu 15:22, parce que la Phénicie faisait partie de l'ancien territoire des Cananéens, est nommée de son nouveau nom, Marc 7:26. Elle avait droit aux deux: Jésus lui en donna un plus beau.


SYRTES.


C'est le nom qu'on donne à deux golfes de la côte septentrionale d'Afrique, entre Cyrène et Carthage, et qui, l'un et l'autre, la grande et la petite Syrte, le golfe de Sidra et celui de Gabès, tirent leur nom du grec συρώ, traîner, non seulement parce que la mer y jette sans cesse une grande quantité de limon, de sable et de pierres, mais encore parce que les vagues semblent y entraîner les vaisseaux qui, une fois engagés dans ces bancs de sable, courent risque d'y périr. Ce sont des bas-fonds qui ne peuvent recevoir que des chaloupes. Le danger est encore augmenté par les atterrissements qui changent de place, et par les écueils dont le milieu du golfe est semé, comme la côte qui le borne. C'est dans la petite Syrte que le vent d'est poussa les vaisseaux d'Énée,

Voir: aussi Horace, Od. I, 22, 5.

On pense que c'est de la grande Syrte qu'il est question Actes 27:17 (où nos versions ont traduit par bancs de sables), attendu que le navire de Paul étant dans le voisinage de la Crète, pouvait craindre d'être entraîné par le vent du nord vers ces dangereux bas-fonds.