Dictionnaire de la Bible J.-A. Bost 1849-M
septembre 3, 2010
M
MAATH,
Luc 3:26, fils de Mattathie, l'un des ancêtres de Jésus par Marie; inconnu.
MACÉDOINE,
pays bien connu dans l'histoire
ancienne, mais dont les frontières varièrent
souvent à la suite des guerres que ses
possesseurs soutinrent, heureusement contre
les Perses, avec perte contre les Romains.
Sous ses premiers rois, avant Philippe le
père d'Alexandre, elle était très resserrée,
ayant au nord la Dardanie, à l'est la
Thrace, au sud la Thessalie, à l'ouest
l'Illyrie; Philippe recula ses bornes
au-delà du fleuve Strymon et y réunit la
Thessalie ainsi qu'une partie de l'Épire et
de la Thrace. Les nombreuses montagnes qui
l'entouraient et la traversaient en divers
sens, renfermaient beaucoup de mines
d'airain et donnaient naissance à plusieurs
fleuves qui assuraient au pays une grande
fertilité, et enrichissaient ainsi ses
plaines et ses vallées. Parmi les rois qui
gouvernèrent la Macédoine, deux sont nommés
1 Maccabées 8:5, Philippe III (V) et Persée
II.
Les démarches politiques de ce dernier
l'ayant rendu suspect au sénat romain, la
guerre lui fut déclarée, et malgré quelques
premiers succès, la Macédoine fut vaincue et
soumise par Paul Émile (168 avant J.-C.);
elle fut partagée en quatre provinces, et
son indépendance momentanément conservée;
mais les dissensions et la rivalité de deux
prétendants au trône nécessitèrent bientôt
une nouvelle intervention des armes
romaines, et la Macédoine fut définitivement
constituée en province proconsulaire de
l'empire romain; c'est sous cette forme
qu'elle apparaît dans le Nouveau Testament,
Actes 16:9; 18:5; 19:21; Romains 15:26; 2
Corinthiens 1:16; 11:9; Philippiens 4:15;
son nom est joint à celui de l'Achaïe, 2
Corinthiens 9:2; 1 Thessaloniciens 1:8. Ses
quatre villes principales étaient
Amphipolis, Thessalonique, Pella et
Pélagonie; le Nouveau Testament nomme encore
Philippes, Néapolis, Apollonie et Bérée,
q.v.
— Voir: aussi Kittim.
MACTÈS,
Sophonie 1:11, nom propre
peut-être d'une vallée près de Jérusalem;
saint Jérôme pense à celle de Siloh, le
paraphraste caldéen à celle de Cédron,
Rosenmuller à celle des faiseurs de fromage,
— Voir: Jérusalem;
ce sont autant de suppositions en l'air. Le
nom de Mactès, qui signifie alvéole, a fait
croire à quelques auteurs (Calmet) que ce
lieu était le même que Ramath-Léhi, où
Samson vit s'ouvrir une dent de laquelle
jaillit une fontaine; c'est une explication
un peu forcée; le mieux est certainement de
ne rien décider.
MADIAN, Madianites.
Peuplade arabe descendue
d'Abraham par Kétura, Genèse 25:2,4. Elle ne
tarda pas à se répandre et à devenir forte
et commerçante, puisqu'aux jours de Jacob,
nous voyons déjà les Madianites formés en
caravane, traverser le désert pour se rendre
de Galaad en Égypte, au travers de la
Palestine, Genèse 37:28,36. Ils paraissent
avoir habité d'abord, comme bergers nomades,
les vastes plaines de l'Arabie Pétrée,
voisines de l'Égypte, Exode 2:15.; ils
vivaient sous l'autorité d'un chef à la fois
sacrificateur et prince, Jéthro, et
poussaient leurs troupeaux jusqu'aux
environs du mont Sinaï, 3:1. Cependant ils
ne s'y trouvaient pas au moment où les
Israélites traversèrent le désert, et
Jéthro, parent de Moïse, dut quitter les
lieux qu'il habitait pour venir à la
rencontre de celui-ci, Exode 18:1; Nombres
10:29. Plus tard nous les trouvons à
l'orient de la terre promise, dans les
plaines de Moab, où de bonne heure déjà des
conflits avaient eu lieu entre les Moabites
et les Madianites, Genèse 36:35; alors ces
deux peuples sont alliés, et ils s'unissent
dans le mal pour séduire Israël et le
perdre, Nombres 22; issus d'Abraham, ils
devaient être épargnés par leurs frères
d'Israël, mais les honteuses machinations
dont ils se rendirent coupables attirèrent
sur eux la vengeance divine; Moïse les
attaqua et en fit un grand carnage, Nombres
25 et 31, cf. Josué 13:21. Sous les juges,
lorsque les Israélites furent définitivement
établis en Canaan, les Madianites alliés aux
Hamalécites et à d'autres hordes arabes,
firent de fréquentes incursions sur leur
territoire et ravagèrent leurs moissons
jusque sur la frontière du pays des
Philistins, Juges 8:3,12; 6:2; mais enfin
Gédéon les surprit dans les plaines de
Jizréhel où ils s'étaient rassemblés, Juges
6:33, et les repoussa au-delà du fleuve au
sud de Scythopolis, les frappa de rechef
dans le voisinage de Succoth et en délivra
définitivement le peuple dont il était juge,
7 et 8; cf. Psaumes 88:9,11; Ésaïe 9:3;
10:26; Habacuc 3:7. Leur nom est encore
rappelé comme celui d'un peuple commerçant,
Ésaïe 60:6, dans un passage où le prophète,
parlant des temps messianiques, et racontant
quelle sera alors la gloire finale du peuple
juif, dit que toutes les nations
s'empresseront de venir déposer devant lui
leurs tributs.
Il est difficile de déterminer exactement
d'après l'Écriture, le territoire
qu'occupait cette peuplade; les géographes
arabes du moyen âgé (Edrisi et Abulféda)
parlent des ruines d'une ville nommée Madian
qui était située sur les côtes orientales du
golfe élanitique; Flavius Josèphe connaît de
même une ville Madiène au bord de la mer
Rouge, ce qui placerait le pays de Madian
entre la partie du golfe d'Arabie, l'Arabie
Heureuse, et les plaines de Moab. On
comprendrait, dansée cas, que les Madianites
aient pu faire le commerce de caravane entre
l'Égypte et l'Arabie; mais il reste douteux
que ce soit là qu'on doive chercher cette
peuplade sous Jéthro, d'autant plus qu'à une
époque postérieure, 1 Rois 11:18, Madian est
placé entre les Édomites et le désert de
Paran. Il vaut donc mieux admettre qu'à côté
des Madianites proprement dits, qui
formaient comme le corps de la nation, et
dont le territoire était au sud de Moab, il
se trouvait une autre peuplade, plus nomade,
détachée de la grande famille, ou d'une
souche différente, qui habitait les déserts
de l'Arabie entre Canaan, Édom et le mont
Sinaï; c'est l'opinion de Rosenmuller.
Quelques auteurs (Calmet) admettent qu'outre
Madian fils d'Abraham, il y avait un autre
Madian fils de Cus, et ils se fondent sur ce
que Séphora tille de Jéthro et femme de
Moïse, est appelée cusite (éthiopienne),
Nombres 12:1, bien qu'elle fût Madianite, si
toutefois c'est de Séphora qu'il s'agit dans
ce passage, ce qui est incertain; ils
comparent encore Habacuc 3:7, où Madian est
nommé comme voisin ou parent de Cus ou
Cusan. Toutefois cette question est obscure
et ne peut être décidée.
Les Madianites furent d'abord gouvernés par
des anciens, Nombres 22:4, plus tard par des
princes et des rois, Nombres 25:15,18; 31:8;
Juges 7:25; 8:3, qui paraissent au temps de
Moïse avoir été tributaires de Sihon, roi
des Amorrhéens, Josué 13:21. Ils étaient
extrêmement nombreux, Juges 6:5; 7:12; 8:10,
possédaient une grande quantité de chameaux,
Juges 6:5; 7:12; Ésaïe 60:6, et avaient
acquis de fort bonne heure un grand
bien-être matériel par le commerce et
l'élève des bestiaux, Juges 8:24. Leur
divinité nationale était Bahal Péhor, q.v.,
Nombres 25:3,18.
— Après l'exil leur nom se retrouve encore,
Judith 2:16; mais il disparaît dès lors pour
se fondre avec celui d'Arabes, plus général
et plus connu.
MADMEN,
ville de Moab, Jérémie 48:2. Cependant l'interprète alexandrin et la Vulgate ont pris ce nom pour un appellatif, et traduisent «tais-toi donc.»
MADMÉNA,
Ésaïe 10:31, ville inconnue, du voisinage de Jérusalem.
MADON,
ville royale des Cananéens dans le nord de la Palestine; Calmet pense, mais sans motifs, qu'il faut lire Maron, et chercher cette ville dans le bourg Maronia en Syrie, à 30 milles est d'Antioche, nommé par saint Jérôme, et probablement le même que Maronée dont parie Ptolémée.
MAGDALA,
Matthieu 15:39, petite ville de
Galilée située à l'angle occidental du lac
de Génésareth dans l'endroit de sa plus
grande largeur, à 5 kilomètres de Tibériade,
à 8 de la sortie du Jourdain, près de
l'embouchure d'une petite rivière qui ne
tarit jamais, et au pied de rochers escarpés
qui forment le bord du plateau, et dans
lesquels on remarque des grottes.
Marie-Magdeleine devait son nom à cette
bourgade où elle était née, Luc 8:2. On ne
trouve plus maintenant qu'un misérable
village du nom de Medgel, qui
renferme des ruines dont l'architecture
indique une très haute antiquité, entre
autres une tour (hébreu migdal) qui
expliquerait le nom de Magdala donné à cet
endroit.
— Le village de Dalmanutha, q.v.,
appartenait, à ce qu'on croit, au territoire
de Magdala.
MAGES.
Ce mot est mède ou persan, et
signifie grand; il désignait primitivement,
comme nom propre, une tribu mède qui avait
en quelque sorte le monopole des choses
saintes, le soin des objets relatifs au
culte, et le devoir d'instruire la jeunesse
et l'âge mûr dans les mystères de la
superstition, comme la famille de Lévi était
chez les Hébreux la tribu dépositaire des
oracles de Dieu et chargée de la cure des
âmes. La caste des mages passa des Mèdes
chez les Perses, à qui elle communiqua la
civilisation; elle acquit bientôt un
développement et une puissance prodigieuses,
et accapara l'instruction publique, la
religion, la divination et la magie; ils
jouirent d'un grand crédit auprès des rois,
mais se servirent de leur influence pour
intervenir dans la politique, et présidèrent
à plusieurs révolutions (Hérodote 3, 61),
comme il est arrivé à tant d'ordres
ecclésiastiques qui se sont rendus
successivement aimables à force de
souplesse, nécessaires à force d'habileté,
et redoutables à force d'audace et
d'intrigues. Zoroastre, au septième siècle
avant l'ère chrétienne, introduisit
plusieurs réformes chez les mages mèdes, qui
s'adonnaient particulièrement à l'astrologie
et à l'interprétation des songes; il les
divisa en trois classes, les herbeds ou
élèves, les mobeds ou maîtres, et les
desturmobeds ou maîtres parfaits.
Il est aussi parlé de mages chez les
Caldéens, Jérémie 39:3,13, et les auteurs
profanes nous montrent la même caste chez un
grand nombre d'autres peuples de
l'antiquité: Pline parle de mages de
l'Arabie, de l'Égypte et de l'Éthiopie;
l'interprète grec Aquila donne le même nom à
ceux qui interrogeaient les morts,
Deutéronome 18:11; de même encore Théodotion
pour désigner les astrologues de Babylone.
Daniel 2:2.
— cf. Matthieu 2:1. Il n'est pas à croire
que les mages perses et mèdes aient
volontairement abandonné leurs prérogatives
à d'autres, mais on peut supposer que ce nom
est devenu d'un usage plus étendu, et qu'il
a servi plus tard à désigner d'une manière
générale les sages d'autres nations; les
Caldéens appelaient probablement ainsi leurs
savants, et Jérémie aura répété ce titre
comme il l'avait entendu de leur bouche. Les
Caldéens possédaient en effet une caste de
prêtres savants très distingués, et
organisés à peu près de la même manière que
celle des Perses, cf. Jérémie 50:35; Daniel
2:12, et ils étaient indifféremment nommés
mages ou caldéens par les Romains et les
Grecs. Ils vivaient dispersés dans toutes
les villes du pays, et pouvaient posséder.
Comme leur religion était passablement une
affaire d'étoiles, ils avaient construit de
bonne heure sur le temple de Bélus un
observatoire qui était le complément obligé
de leur culte; c'est de là qu'ils
prédisaient des calamités publiques ou des
bouleversements de la nature, lisant dans
les astres, dans le vol des oiseaux, et dans
les entrailles des victimes, tout à la fois
prêtres, augures et devins, Ésaïe 47:9,13;
Daniel 4. Sis apparaissent dans le livre de
Daniel sous plusieurs noms différents qui se
rapportent sans doute aux différentes
classes ou branches de l'ordre, à leurs
diverses spécialités, mais que nous ne
sommes pas en mesure de déterminer d'une
manière précise {υ. Hævernick,
Commentaire sur Dan.) Au-dessus de la caste
se trouvait un chef ou surintendant, Jérémie
39:3, et nous voyons que Daniel, un
étranger, un Hébreu, fut établi dans cette
haute dignité par la faveur royale, Daniel
2:48.
Le nom de mages fut donné plus tard, sous
les Romains, à tout ce qui s'occupait de
théosophie ou de magie orientale, à tous les
astrologues, devins et jongleurs ambulants
de l'Asie, qui joignaient à tous ces titres
déjà usés, le mérite d'être un peu médecins.
On voit par Actes 8:9; 13:6,8, qu'ils
avaient pénétré bien avant dans la faveur et
l'estime publique.
On s'est perdu en conjectures pour savoir
quels pouvaient être les mages qui vinrent
chercher, pour l'adorer, le Sauveur du
monde, Matthieu 2:1. Ils venaient d'Orient,
nous dit Matthieu, et cette expression vague
(verset 9), de même que celle du verset 12,
montrent qu'il ne pouvait, ou qu'il ne
voulait pas en dire davantage. Quelques
auteurs ont cru trouver, dans les dons
qu'ils apportaient, une preuve qu'ils
venaient d'Arabie; mais cette preuve est
ridicule; car de l'or, de la myrrhe et de
l'encens, on peut en acheter partout.
L'opinion qui se justifie le plus est celle
qui les fait venir de Perse ou des contrées
voisines de la Perse; le système de la
religion Zend est celui des systèmes païens
qui renfermait peut-être le plus de germes
de la vérité; on y trouvait, entre autres,
l'idée d'un Sosiosh, d'un Rédempteur
qui devait venir. Les rapports des Perses
avec les Juifs avaient favorisé pour eux une
certaine fusion des doctrines israélitiques
dans le système de leur religion populaire.
L'étoile (q.v.) qui sert de guide aux mages,
rappelle cette religion astronomique des
Perses, et peut avoir été choisie de Dieu
comme un flambeau qui ne leur était pas
inconnu, et qui devait, plus sûrement qu'un
autre, en tenant compte de leurs
préoccupations habituelles, les amener vers
une lumière plus grande, la seule véritable;
enfin, peut-être, le souvenir des calculs de
Daniel, qui avait été chef des mages, et
dont les travaux avaient été sans doute
étudiés et médités par les plus fidèles de
ses adhérents, aura contribué à donner aux
mages cette assurance et cette foi qui ne
les abandonna jamais, qui surprend celui qui
n'entend rien aux choses de Dieu, mais qui
ne saurait étonner celui pour qui la parole
divine est une règle suffisante de doctrine
et de conduite. On sait combien, d'après le
témoignage des auteurs profanes, le monde
entier était dans l'attente d'un roi
puissant qui devait se lever dans les mêmes
contrées où le soleil se lève; mais cette
attente, vague et incomprise chez ceux mêmes
qui la partageaient, était plus claire et
plus grande chez les mages; le roi qu'ils
attendaient n'était pas un conquérant qu'ils
dussent fuir, c'était un sauveur qu'ils
devaient chercher. L'ancienne église a vu,
dans cette visite des mages, la salutation
reconnaissante et respectueuse avec laquelle
le monde païen devait accueillir celui qui
venait rompre la clôture de la paroi
mitoyenne, rendre à Dieu l'humanité, aux
hommes l'espérance et leur Dieu.
La tradition, l'on ne sait trop pourquoi, a
fait de ces mages des rois, et a fixé leur
nombre à trois, qu'elle a baptisés: Gaspard,
Melchior et Balthasar. Ce seraient les seuls
rois qui eussent adoré le Roi des rois
pendant son séjour sur la terre, et rien ne
justifie une tradition qui n'a pris
naissance que tard, et que Calmet et
d'autres catholiques regardent à la fois
comme indifférente en elle-même, et sans
fondement dans l'histoire. C'est toujours la
même passion de vouloir introduire la
grandeur terrestre dans la grandeur céleste.
L'adoration des mages a heureusement inspiré
M. L. Delâtre dans un morceau de ses
Chants de l'exil (chez Gosselin):
Le voyage est fini, l'étoile aux ailes d'or
Sur l'humble Bethléem arrête son essor, etc.
MAGIE, Magiciens,
— Voir: Divinations, Enchanteur, etc.
MAGOG,
Genèse 10:2, fils de Japhet, et
frère de Gomer, de Madaï, de Javan, de
Tubal, de Mésec et de Tiras. Le même nom se
retrouve, Ézéchiel 38:2; cf. 39:6, comme
celui d'un pays voisin de Mésec et de Tubal,
et sur lequel règne Gog: le texte de ces
passages indique un pays situé vers le nord
ou le nord-est. Les auteurs orientaux font
mention des peuples Jagoug et Magoug, comme
habitant le nord de l'Asie et le nord-ouest
de l'Europe. Un mur qui, à partir de
Der-ben, passe de la mer Caspienne à la mer
Noire, et qui a été bâti par un des rois de
l'ancienne Perse contre les invasions des
barbares du nord, porte le nom du mur de
Jagoug et Magoug.
— Les descendants de Magog sont probablement
les peuples que les anciens nomment, d'une
manière générale, Scythes (Flavius Josèphe,
Jérôme); Suidas l'entend des Perses;
Braunschweig, dans un travail très
remarquable (Leipsig, 1833), croit que, de
cette race, dérive le peuple des Mantchoux,
qui a fait la conquête de la Chine au
dix-septième siècle.
La mention prophétique qui est faite de
cette nation et de Gog, son roi, dans les
passages cités d'Ézéchiel, et Apocalypse
20:8, nous la représente comme une puissance
formidable; c'est presque le paganisme
personnifié qui viendra, dans les derniers
jours, livrer une dernière bataille au
peuple de Dieu, pour essayer de l'anéantir.
La prospérité d'Israël le tentera, la piété
de ce peuple l'irritera; sa faiblesse enfin,
ses villes sans murailles, ses portes sans
verrous, ses habitants paisibles et sans
méfiance, lui feront espérer une victoire
facile, un grand butin, un grand pillage;
mais cette guerre contre les saints, que
Magog estimera devoir être la dernière, le
sera, en effet, mais autrement qu'il ne le
pense. En prenant les armes, il renversera,
comme Crésus, un grand empire, mais le sien:
Dieu se révélera des cieux; les tours et les
murailles seront abattues; les montagnes
seront renversées; tout ce qui respire sera
épouvanté; Magog et son roi seront détruits;
Israël sera délivré; ce sera la lin des
tribulations du monde; les élus jouiront
éternellement de leur victoire et d'un
triomphe dont rien de fâcheux ne viendra
plus jamais ternir l'éclat, ou diminuer
l'allégresse.
Le nom de Gog, Apocalypse 20:8, est employé
librement et poétiquement pour désigner le
pays, bien qu'il soit le nom propre, ou
peut-être le nom appellatif du souverain qui
régnera sur Magog.
— Voir: sur ce sujet, Hævernick,
Commentaire sur Ézéchiel, p. 594 et suivant.
MAHACA.
-
Mère d'Absalon, 2 Samuel 3:3; 1 Chroniques 3:2.
-
Fille d'Abisalom, seconde femme de Roboam, et mère d'Abijam, roi de Juda, 1 Rois 15:2. On peut conclure de 2 Chroniques 11:20-23, que ce fut par son influence que les fils du premier lit furent dépossédés de la couronne. Quelques auteurs pensent que la Mahaca, nommée la mère d'Asa, 1 Rois 15:10, était proprement sa grand'mère, et qu'elle serait appelée sa mère, selon l'usage oriental de noter et de faire ressortir dans les généalogies, les personnages les plus distingués, en omettant ceux qui le sont moins; et, en effet, cette Mahaca s'est rendue célèbre par son idolâtrie, au point qu'Asa, son fils ou petit-fils, dut lui retirer la régence. Toutefois, si l'identité du nom de Mahaca, et de son père Abisalom, dans les deux passages, semble autoriser cette manière de voir, elle ne la prouve pas; l'usage de la langue même ne peut pas être rigoureusement invoqué, attendu que nulle part ailleurs le mot em, qui signifie mère, n'est pris pour grand'mère. Une autre opinion voit simplement une faute de copie dans 1 Rois 15:2, et se fonde sur ce que la mère d'Abijam est appelée, 2 Chroniques 13:2, Micaja, fille d'Uriel de Guibha.
— Quoi qu'il en soit, et malgré son rang et son pouvoir presque royal, 1 Rois 15:13; 2 Chroniques 15:16, elle vit Asa mettre en pièces l'idole qu'elle avait faite, et la brûler, de même, sans doute, que le bocage, théâtre de son idolâtrie. Quelle était cette idole? c'est ce qu'on ignore; on doit penser que c'était une invention nouvelle, impure et bizarre, etc.
-
D'autres Mahaca sont encore nommées, 1 Chroniques 2:48; 7:15-16, et des hommes du même nom, Genèse 22:24; 1 Rois 2:39; 1 Chroniques 11:43; 27:16, etc.
MAHACATH, ou Mahaca,
ou plus complètement et dans un sens plus déterminé Aram Mahaca (dans l'hébreu), 1 Chroniques 19:6, ville ou province de Syrie, gouvernée monarchiquement, à l'orient et au nord des sources du Jourdain, nommée plusieurs fois à côté de districts syriens, 2 Samuel 10:6,8; 1 Chroniques 19:6; Josué 13:11, et placée, Deutéronome 3:14, sur les frontières de la partie transjourdaine d'Israël, notamment près des tribus de Gad et de Ruben. Josué 13:13. Sa position est inconnue, et plusieurs hypothèses qui ont été mises en avant, restent à l'état de pures présomptions.
MAHALALÉEL,
fils de Caïnan ou Kénan, naquit l'an 395 du monde, et devint père de Jéred à l'âge de cent soixante-cinq ans; il a vécu huit cent quatre-vingt-quinze ans, Genèse 5:12; 1 Chroniques 1:2. Il est nommé dans la généalogie de Marie, Luc 3:37.
MAHALOTH,
— Voir: Psaumes.
MAHANAJIM
(les deux camps), ville d'au-delà le Jourdain, au nord du Jabbok, Genèse 32:2,22, sur les frontières de Gad et de Manassé. Dans le partage, elle fut d'abord comprise dans le territoire de la première de ces deux tribus, puis donnée aux Lévites, Josué 21:38; cf. 1 Chroniques 6:80. Elle fut choisie pour siège de la royauté passagère et rebelle d'Is-Boseth, 2 Samuel 2:8,12; 19:4-5, et Salomon en fit l'une des douze villes chargées de pourvoir aux approvisionnements de la cour, 1 Rois 4:14. David s'y retira pendant la révolte d'Absalon, et c'est non foin de là que périt ce fils ambitieux et dénaturé, 2 Samuel 17:24,27; cf. encore 1 Rois 2:8. Ce nom disparaît après les jours de l'exil.
MAHER-SALAL-HAS-BAS,
très bien traduit par Luther Eilebeute, Raubebald, Ésaïe 8:1,3, et assez lourdement dans nos versions «qu'on se dépêche de butiner, il hâte le pillage.» C'est un peu long pour un nom d'enfant, et on pourrait le remplacer peut-être par «presse-butin, 1 pille-vite.» Ces quatre mots durent être placés en grosses lettres, par le prophète, sur un écriteau destiné à être lu par tout le peuple; la concision de ce langage permettait à chacun d'apprendre et de retenir dans sa mémoire la promesse de la délivrance, en même temps qu'elle exprimait, la rapidité avec laquelle, au jour indiqué, la vengeance divine fondrait sur les ennemis. Achaz, roi de Juda, était vivement pressé par les armées alliées de Retsin et de Pékak, Ésaïe 7:1; idolâtre et incrédule, il ne méritait pas le secours de Dieu, mais Dieu voulait punir les ennemis de son peuple sans sauver Achaz; il annonça donc au prophète la naissance d'un fils auquel il devait donner le nom de Maher-Salal-Has-Bas, et ajouta qu'avant que l'enfant put prononcer le nom de son père, Juda serait délivré: cette prophétie ne tarda pas à s'accomplir, 2 Rois 16:9, et le roi d'Assyrie s'enrichit des secours que lui avait donnés Achaz, ainsi que du butin qu'il fit sur les rois d'Israël et de Syrie.
MAHLON,
— Voir: Élimélec.
MAHON.
-
Ville de la tribu de Juda, Josué 15:55, non loin d'un désert du même nom, et près du Carmel; David demeura pendant quelque temps dans ces contrées pendant que Saül le poursuivait, et Nabal y possédait des propriétés dans le désert, 1 Samuel 23:24; 25:2.
-
Peuplade étrangère qui se trouve, Juges 10:12, en relation avec les Hamalécites, les Philistins et les Sidoniens; peut-être la même que celle qui est mentionnée sous le nom de Méhunites (ou Méoniens), 2 Chroniques 26:7, et 1 Chroniques 4:41; dans le Keri (traduction habitations); ils furent vaincus par Hozias. On croit retrouver leur nom dans l'ancienne Maân (Abulféda, Burckhardt), située dans l'Arabie Pétrée, au sud de Wadi Musa, sur la route de la Mecque, où se voient encore des ruines assez considérables de villes et de villages. Rosenmuller compare, mais sans preuves, la ville de Beth-Méhon, q.v.
-
Fils de Sammaï, et père ou fondateur de Beth-Sur, 1 Chroniques 2:45; Josué 15:58.
MAIN.
Le lavage des mains et des
pieds, acte de propreté en soi, était
souvent considéré comme le symbole de la
pureté; ainsi Pilate lave ses mains pour
déclarer qu'il est innocent du sang du
Juste; saint Pierre veut que ses mains
soient lavées par Jésus; le juste lave ses
mains dans le sang des méchants en
approuvant la vengeance que Dieu tire de
leur iniquité; il lave ses mains dans
l'innocence; Matthieu 27:24; Jean 13:9;
Psaumes 58:10; 26:6. Verser de l'eau sur les
mains de quelqu'un, c'est remplir à son
égard l'office de serviteur, 2 Rois 3:11.
S'appuyer sur la main de quelqu'un est un
acte de supériorité, 2 Rois 7:2,17; 5:18.
Tendre la main signifie, ou demander ou
faire alliance, Lamentations 5:6; cf.
Romains 10:21. La main du Seigneur exprime
sa puissance ou l'influence de son esprit,
Psaumes 19:1; 118:16; Jérémie 1:9; cf. Ésaïe
6:6; 1 Samuel 5:6-7. La main élevée du
pécheur, Deutéronome 32:27, désigne son
insolence.
— On comprend du reste facilement la
signification de ce mot partout où il est
pris dans un sens figuré.
— La main (ou la paume), est plusieurs fois
employée comme unité de mesure (= 0m,09),
cf. 1 Rois 7:26; Lévitique 2:2; etc.
— Quant à la main sèche que Jésus guérit,
Matthieu 12:10; Marc 3:1; Luc 6:6,8, c'est
un engourdissement du bras ou d'une portion
du bras, produit par l'obstruction de
certains canaux qui empêche la nourriture
d'arriver en quantité suffisante, et a pour
résultat le dépérissement, la dessiccation
et la mort de l'organe; c'est une atrophie
locale comme chacun peut en éprouver
momentanément, mais qui est souvent aussi
permanente et incurable. Quelquefois aussi,
cette mort locale peut surprendre les
membres subitement, c'est alors une
paralysie, et il est probable que les cas
dont il est parlé, 1 Rois 13:4; et Jean 5:3,
étaient des cas de cette nature. Jéroboam
fut frappé de paralysie par celui qui dit à
la maladie: Viens, et elle vient,
— Voir: Paralytique.
MAINAN,
Luc 3:31; inconnu.
MAISONS.
Elles étaient ordinairement en
Palestine bâties de briques cuites, ou même
simplement séchées au feu, ce qui ne leur
assurait ni une grande solidité, ni une
longue durée, Matthieu 7:25; Ézéchiel
12:5,7; 13:13; Job 4:19. Il y en avait
cependant aussi qui étaient faites de
pierre, et les palais étaient construits en
pierre de taille, ou même en marbre blanc,
Lévitique 14:40,42; 1 Rois 7:9; Ésaïe 9:9; 1
Chroniques 29:2 (il paraît d'après Esdras
3:10; Job 38:6-7; cf. Zacharie 4:7, qu'il y
avait des fêtes particulières et des
invocations solennelles lors de la pose des
fondements.) Le mortier, la chaux ou le
gypse, et peut-être aussi l'asphalte,
servaient de ciment dans les constructions,
Jérémie 43:9; Ésaïe 33:12; Deutéronome 27:4;
Genèse 11:3, et un enduit de chaux venait
recouvrir les parois extérieures, Lévitique
14:41; Matthieu 23:27; Ézéchiel 13:10: pour
les palais cette couche était colorée,
Jérémie 22:14. La charpente était
ordinairement en sycomore, puis, mais
rarement, en olivier, en cèdre ou en
san-dal, Jérémie 22:14; 1 Rois 6:15,33. Des
colonnes (les plus belles étaient de marbre,
Cantique 3:15), et même quelquefois de
longues galeries de colonnes, servaient
d'ornements extérieurs aux bâtiments de
luxe, 1 Rois 7:6,15; 2 Rois 25:13.
— Voir: Temple.
Les maisons des grands et des riches,
ordinairement bâties en carré, avaient
plusieurs étages, 1 Rois 7:2; Actes 20:9.
Autour de la maison, ou quelquefois au
milieu, lorsque c'était un grand bâtiment,
se trouvait une vaste cour pavée, entourée
d'une ou de plusieurs rangées de colonnes en
galerie, ornée d'arbres, avec une fontaine
et quelquefois avec des bains; c'était dans
la belle saison la pièce la plus importante,
celle où se tenaient les maîtres, et où ils
recevaient leurs amis, 2 Samuel 17:18; 11:2;
Matthieu 26:69; Néhémie 8:16; cf. Esther
1:5; 5:1. Les toits (q.v.) étaient plats,
entourés d'un parapet très peu relevé, et
servaient de terrasses; on s'y réunissait
pour jouir de l'air frais du soir,
quelquefois on y couchait, ou bien l'on y
célébrait le culte et l'on y dressait des
autels; il y avait ordinairement une
communication directe entre le toit et la
chambre haute, 2 Rois 23:12; cette
pièce, qui était la plus élevée de la
maison, et qui était située immédiatement
au-dessous du toit, était une chambre
privée, le plus souvent une chambre à
coucher, ou une retraite tranquille pour les
malades, 2 Samuel 18:33; 1 Rois 17:19; Actes
9:37,39; 1:13; 20:8; elle avait souvent deux
escaliers, dont l'un, extérieur,
communiquait avec la rue, l'autre avec
l'intérieur de la maison. Chez les grands,
il y avait devant la porte une petite cour
qui servait de vestibule ou d'antichambre,
Jérémie 32:2; Marc 11:68; Jean 18:16, et qui
d'un côté s'ouvrait dans la cour proprement
dite, et conduisait de là dans
l'appartement, de l'autre communiquait avec
le toit et avec l'étage supérieur par un
escalier tournant, 1 Rois 6:8, qui était
souvent fait d'un bois recherché et
précieux, 2 Chroniques 9:11. Les chambres du
rez-de-chaussée, qui composaient la partie
la plus importante et la plus considérable
de l'appartement, étaient ornées dans le
goût du luxe oriental, qui attache plus de
prix à la pompe intérieure, qu'à
l'embellissement des murs extérieurs; une
boiserie magnifique, des lambris incrustés
d'or et d'ivoire, des garnitures en
tapisserie, des tableaux, un plancher
quelquefois de marbre, de porphyre ou
d'albâtre, voilà ce que présentaient à leurs
hôtes les riches habitants de la Palestine;
un parquetage de bois de cèdre était déjà
moins splendide, et le plancher des plus
pauvres était un simple travail de gypse et
de terre, ou de briques cuites; 1 Rois 7:7;
22:39; Jérémie 22:14; Amos 3:15; Psaumes
45:8; Esther 1:6; cf. Horac. Od. II, 18
(15), 2. Odyss. 4, 72, etc.
— Les portes tournaient sur des pivots ou
sur des gonds, et se fermaient en dedans au
moyen de verrous de bois que l'on poussait
ou retirait avec des espèces de clefs, Juges
3:25; Proverbes 26:14; 1 Rois 7:50; Cantique
5:5; Luc 11:7. Les riches avaient de
portiers ou des portières remplissant les
mêmes fonctions que les nôtres, 2 Samuel
18:26; Jean 18:16; Actes 12:13,15; Luc
13:25; Matthieu 7:7. Quant aux fenêtres,
— Voir: cet article.
Il y avait pour les femmes des appartements
particuliers et retirés, dont l'entrée était
absolument interdite à tout autre homme que
le maître. Les grandes maisons avaient leurs
chambres d'hiver et leurs chambres d'été;
les premières se chauffaient apparemment de
la même manière que de nos jours, au moyen
d'un feu allumé au milieu de la pièce dans
un enfoncement circulaire; on le couvrait,
lorsqu'il était éteint, d'une espèce de
tambour carré, garni d'un tapis, destiné à
conserver la chaleur, Amos 3:15; Jérémie
36:22; Juges 3:20; cf. Niebuhr II, 394.
Tavernier I, 376. On voyait aussi dans les
palais des chambres à manger indépendantes,
Flavius Josèphe Antiquités Judaïques 8, 5;
2.
Les meubles principaux étaient des sophas ou
lits de repos, des sièges, des tables et des
chandeliers, que la magnificence orientale
s'attachait à charger d'autant d'ornements
que possible, Ézéchiel 23:41; Amos 6:4;
Proverbes 7:16; 2 Rois 4:10.
On a parlé de la lèpre des maisons à
l'article Lèpre.
D'après les récits des voyageurs,
l'architecture orientale moderne ne
différerait pas essentiellement de
l'ancienne, et l'on peut voir dans Niebuhr,
Volney, lady Montague, Hartley, Buckingham,
Schubert, etc., combien peu de changements
il s'est fait sous ce rapport depuis plus de
vingt siècles. «Les maisons, dit Buckingham,
se composent de séries d'appartements
donnant sur une cour qui se trouve au milieu
de chambres souterraines pour se mettre
pendant le jour à l'abri de la chaleur, et
de terrasses découvertes pour prendre le
repas du soir et pour dormir pendant la
nuit. Ces terrasses sont quelquefois
partagées en compartiments séparés, ayant
chacun son escalier, et formant ainsi autant
de chambres découvertes.»
MAÎTRE d'hôtel,
Jean 2:8, en grec
architriclin. Les noces duraient souvent
six à huit jours, et une personne
quelconque, serviteur ou même parent, était
choisie pour être l'ordonnateur des repas,
veiller à la distribution régulière des
plats, notamment des aliments plus
recherchés et des boissons, pour remplir en
un mot les fonctions de maître d'hôtel ou de
maître des cérémonies. Cette charge ne doit
probablement pas être confondue avec celle
du président de table (symposiarque, rex
convivii) qui était choisi ou tiré au sort
entre les convives eux-mêmes et qui était le
roi de la fête au lieu d'en être le
serviteur. Cependant,
— Voir: Wetstein, Novum Testamentum,
I, 847;
le passage de Jean n'a rien qui repousse
positivement l'identité des deux charges.
MAKIR.
-
Petit-fils de Joseph, fils de Manassé et dune concubine syrienne, 1 Chroniques 7:14. Ses enfants purent encore jouir de la vue et des soins de leur aïeul, le gouverneur d'Égypte, Genèse 50:23; plus tard ils occupèrent une partie du pays de Galaad dont ils s'étaient emparés,
— Voir: Jaïr. Nombres 32:39; Deutéronome 3:15; Josué 13:31; 17:1.
Le nom de Makir se retrouve encore Nombres 26:29; 27:1; 36:1; 1 Chroniques 2:21; 7:14; et Juges 5:14, où il semble représenter toute la tribu de Manassé.
-
Fils de Hammiel et probablement un ancien ami de la maison de Saül; il avait recueilli le seul descendant qui restât du premier roi d'Israël, Méphiboseth, et c'est dans sa maison à Lodebar que les employés de David trouvèrent ce jeune prince. Peut-être la nourrice de Méphiboseth appartenait-elle à la famille de Makir, et l'on comprendra que, soit affection, soit compassion, soit espérance de temps meilleurs, elle l'eût retiré chez elle pour le conserver. Il ne paraît pas qu'il y eût de la politique dans l'affection de Makir pour les enfants de Saul, car on le voit plus tard apporter des vivres à David fuyant devant Absalon, et le secourir lui et les siens au milieu du désert, 2 Samuel 4:4; 9:4; 17:27.
MAKKÉDA.
Josué 15:41; cf. 10:28-29, ville de Juda, située, d'après Eusèbe, à 8 milles est d'Éleuthéropolis. Elle fut prise par Josué qui poursuivit jusque là les Cananéens, et compléta par cette victoire la prise de possession du sud du pays.
MALACHIE.
Plusieurs opinions ont été
mises en avant sur l'existence de ce
prophète, dont le nom ne se trouve nulle
part ailleurs que dans son livre. Déjà
quelques docteurs juifs, traduisant le nom
de Malachie par messager ou ange de
l'Éternel, avaient émis l'idée qu'Esdras
était l'auteur de cet oracle, caché sous un
nom symbolique;
— Voir: aussi Jérôme, Calmet et
Simonis;
Vitringa, et après lui Hengstenberg, ont
généralisé cette idée en la modifiant, et
pensent qu'un prophète quelconque a pris ce
nom appellatif si bien en rapport avec ses
fonctions; ils se, fondent en particulier
sur ce que le nom de Malachie n'est
accompagné d'aucune autre désignation de
personne ou de famille; mais,
— Voir: Abdias 1:1; Habacuc 1:1,
où le nom des prophètes est également isolé
sans que personne ait songé à en faire des
noms appellatifs. D'autres encore (Origène)
ont pensé que Malachie était un ange
incarné. Il n'y a pas de raisons pour nier
l'existence de Malachie, et s'il y a dans
son nom un appel et une grande solennité, on
peut dire la même chose d'Osée, de Joël,
etc. On ne sait du reste rien, ni de sa
personne, ni de sa famille, ni de son
activité. Quant à l'époque où il prononça et
rédigea les prophéties qui portent son nom
et qui ne forment qu'un seul oracle, on est
d'accord maintenant, depuis les travaux de
Vitringa, à la faire coïncider à peu près
avec le second voyage de Néhémie en
Palestine, sans que l'on puisse déterminer
si ce fut immédiatement avant son départ,
pendant son absence ou après son retour.
Malachie fut avec Néhémie dans les mêmes
rapports qu'Aggée avec Jéhosuah, que
Zacharie avec Zorobabel; l'activité
intérieure de l'un concourt avec l'activité
extérieure de l'autre; elles s'associent
mutuellement. Malachie reproche aux
sacrificateurs leur négligence dans
l'exercice de leurs devoirs, au peuple son
refus de payer les dîmes, et le choix
d'offrandes et de victimes méprisables; il
reproche à tous leur indifférence religieuse
et leurs murmures, et le portrait qu'il fait
du peuple de Dieu rappelle parfaitement
celui que fait Néhémie, cf. Malachie 2:8;
3:10; et Néhémie 13:10,30, etc. Le même
parallèle pourrait s'établir dans tout le
cours de l'histoire juive entre sa mission
des prophètes et la vie des rois, entre les
paroles des premiers et les actes des
seconds, entre Ésaïe et Ézéchias, entre
Jérémie et Josias. Malachie ajoute des
menaces à ses reproches, et termine en
annonçant la venue du précurseur qui sera
immédiatement suivie de celle du Messie.
— Si cet auteur n'est pas nommé dans le
Nouveau Testament, il y est au moins cité à
diverses reprises, soit directement, soit
indirectement;
— Voir: Matthieu 11:10; 17:10-12;
Marc 1:2; 9:11-12; Luc 1:16-17; 7:27;
Romains 9:13, etc.
MALADIES.
Malgré la salubrité du climat
de la Palestine et des contrées
environnantes, et quoique la régularité de
la vie et la sobriété soient presque un
préservatif immanquable de tous les maux, il
y a quelques maladies qui se développent là
comme ailleurs, qui rappellent aux habitants
les conséquences du péché, et les
avertissent que l'homme n'est que poudre,
que le temps passe, que la fleur se fane et
tombe. Ce ne sont en général que des
maladies de courte durée. La langueur, la
fièvre (chaude), les ulcères, la gale, la
gonorrhée, les hémorroïdes, la lèpre, sont
nommées en plusieurs passages des livres de
Moïse, Lévitique 15:3; 26:16; Deutéronome
28:22,27, etc. Les dysenteries en été, la
fièvre au printemps et en automne,
paraissent avoir régné chez les Juifs, comme
elles sont encore de nos jours en Orient les
maladies de la saison, Actes 28:8; Matthieu
8:14; Luc 4:39; Jean 4:52; cf. Burckhardt,
Arab. 615, etc. L'Écriture parle encore de
coups de soleil, 2 Rois 4:19, d'hypocondrie
et de mélancolie noire, 1 Samuel 18:10, mais
les maladies les plus communes étaient la
lèpre, la cécité, la paralysie, les pestes,
et dans le Nouveau Testament, les maladies
d'esprit ou possessions, q.v.
— La maladie dont le pays fut frappé sous
Joram, 2 Chroniques 21:15, était
probablement une longue et violente
dysenterie qui faisait de cruels ravages
dans le corps, entraînait avec elle du sang
et déchirait les entrailles.
— L'hydropisie était bien connue, Luc 14:2.
La gangrène, nommée 2 Timothée 2:17, est une
espèce de combustion froide qui commence
quelquefois à la suite de coups ou de
blessures, et qui ronge peu à peu autour
d'elle la chair et le système nerveux
jusqu'à la mort complète (sphacèle) de
l'organe attaqué; le couteau peut seul
arrêter les progrès de ce mal auquel sont
comparés les faux docteurs, les fausses
doctrines et les disputes vaines,
— Voir: encore les articles spéciaux,
Médecine, Nébucadnetsar, Vers, etc.
Les Juifs regardaient en général les
maladies comme des châtiments divins, Job
7:20; Jean 5:14; 9:1, etc., et l'Écriture
nous les fait aussi considérer comme les
suites du péché, Genèse 3:16. Jésus en parle
comme en étant le maître absolu, les
envoyant ou les rappelant comme on ferait
d'un serviteur, Matthieu 8:8, et c'est à la
possession des démons qu'est attribuée dans
l'Évangile la cause de la plupart des
maladies, Luc 13:11,16; Matthieu 17:13,18; 1
Corinthiens 5:5; 11:30; 2 Corinthiens 12:7;
cf. Deutéronome 28:22,27; 7:15.
MALCHUS,
serviteur du souverain
sacrificateur Caïphe; son nom se trouve Jean
18:10. Comme il allait mettre la main sur
Jésus pour le saisir, Pierre lui coupa
l'oreille d'un coup d'épée, soit que
l'oreille fût entièrement détachée de la
tête, soit qu'elle ne fût pas entièrement
coupée; il est assez probable que saint
Pierre avait envie de lui couper la tête,
dit Calmet. Mais Jésus qui donnait sa vie ne
pouvait pas faire payer au serviteur les
fautes de son maître; juste et
miséricordieux, il guérit la plaie qu'avait
faite son disciple peu intelligent de l'épée
qui doit servir à la défense du
christianisme; il toucha l'oreille blessée,
et son dernier miracle avant d'être livré,
fut pour un de ses ennemis, cf. Matthieu
26:51; Marc 14:47; Luc 22:50. Jean qui était
en relation avec la cour du pontife, nous a
seul conservé le nom de ce serviteur.
— La tradition porte que Malchus se
convertit plus tard (Corn. ad. Lapid.).
— Ce nom, dérivé de mélech, roi, se
retrouve ailleurs dans l'histoire, et
Flavius Josèphe (Antiquités Judaïques 13, 5;
14, 14, etc.), parle d'un Malchus, roi des
Arabes, qui avait de très grandes
obligations à Hérode, fils d'Antipater.
MALKIEL,
1 Chroniques 7:31, inconnu, de la tribu d'Aser, prince ou fondateur d'une ville, Birzavith, également inconnue.
MALKIJA,
-
fils de Hammélec, Jérémie 38:6, et peut-être frère de Jérahméel, 36:26, n'est connu que pour avoir donné son nom à la citerne dans laquelle fut jeté le prophète Jérémie, et qu'il avait probablement fait creuser lui-même.
-
Père de Pashur, Jérémie 21:1; 38:1.
MALTE,
île bien connue de la
Méditerranée, située entre la Sicile et la
côte africaine; elle a environ 28 kilomètres
de long sur 16 de large, et 85 de circuit.
Selon Diodore, des Phéniciens, ayant
remarqué qu'elle avait plusieurs ports
commodes, en chassèrent les Phéaques, et y
établirent une nouvelle colonie qui
s'enrichit par son commerce et son
industrie; les habitants excellaient surtout
à fabriquer des étoffes d'une beauté et
d'une finesse admirables. Ovide parle de sa
prodigieuse fertilité en grains; maintenant,
on n'y trouve plus que du coton et des
fruits, principalement des oranges. Selon
les poètes, après la mort de Didon, Anne, sa
sœur, qui l'avait suivie en Afrique, se
retira dans l'île de Malte, d'où Pygmalion
ayant voulu l'enlever, elle se sauva en
Italie, et fut très bien reçue par Énée.
Malte passa successivement des Carthaginois
aux Romains. Le consul Tib. Sempronius fit
voile de Sicile à Malte, où Carthage
entretenait une garnison (218 avant J.-C.).
Dès qu'il parut, on lui livra Amilcar, fils
de Giscon, qui commandait dans l'île,
— Voir: Bochart, Can. 1, 26.
C'est sur les côtes de cette île que Paul,
après être sorti de Crète, fit naufrage, et
l'on dit que, depuis son départ, il ne se
trouve plus de bêtes venimeuses dans l'île.
Quelques auteurs ayant donné à la mer
Adriatique, Actes 27:27, le sens moderne de
golfe de Venise, ont cherché cette île dans
la petite île de Mélite, près de la côte
d'Illyrie; mais cette opinion est combattue
par la direction que prit le vaisseau en
partant de l'île, et par le fait que le
voyage s'acheva sur un navire qui, venant
d'Alexandrie, ne pouvait avoir fait, pour se
rendre à Rome, le détour que cette opinion
suppose et nécessite,
— Voir: Adriatique.
MAMRÉ, Escol et Haner,
Genèse 14:13, trois frères amorrhéens, amis et allies d'Abraham, qui aidèrent le patriarche dans son expédition contre Kédor-Lahomer. On peut croire, sans toutefois l'affirmer, qu'ils avaient, comme Melchisédec, renoncé à l'idolâtrie en suivant Abraham. Mamré avait donné son nom à une forêt de chênes située au sud de Jérusalem, à l'orient des montagnes de Juda, près de la haute, large et fertile vallée d'Hébron, et qui fut, pendant quelque temps, la résidence ordinaire d'Abraham et des siens, Genèse 13:18; 18:1; 23:17; 25:9; 35:27; 49:30; 50:13. La vallée de Mamré portait aussi le nom de vallée du Térébinthe, à cause d'un arbre de cette espèce qui s'y trouvait, et qui passait pour aussi ancien que le monde, Flavius Josèphe, Guerre des Juifs 4, 17; 7. Eusèbe, Prép. évang., 5, 9, etc. On prétendait qu'Abraham était assis à l'ombre de cet arbre lorsqu'il fut visité par les anges qui allaient à Sodome. Plus tard, on vit les Juifs, les chrétiens et les païens, y célébrer, chacun à leur manière, les solennités de leur religion; l'on y sacrifiait des victimes, on ornait de lampes allumées le puits du patriarche, et l'on y jetait du vin, des gâteaux et des pièces d'argent. Constantin défendit cette idolâtrie, et y fit bâtir une église. Le chêne de Mamré ne survécut pas longtemps à cette persécution religieuse: il n'en restait que le tronc au temps de saint Jérôme; sans cela, il est à croire que les mahométans seraient venus joindre leur idolâtrie à celle qui dut être supprimée par Constantin. Quelques voyageurs modernes ont cru retrouver les ruines du tronc près des ruines de la chapelle; mais il est difficile de s'y fier.
MANAHEM,
frère de lait d'Hérode le
Tétrarque, élevé avec celui qui fit mettre à
mort Jean-Baptiste, eut le bonheur de se
convertir, et devint l'un des prophètes et
docteurs de l'église d'Antioche, Actes 13:1.
Saint Luc, en faisant le rapprochement de
ces deux hommes, qui, après avoir reçu la
même éducation, finirent d'une manière si
différente, semble vouloir nous dire: «L'un
fut pris, et l'autre laissé.»
— On ne sait rien autre, d'ailleurs, sur sa
vie; quelques-uns le font fils d'un
essénien, ami d'Hérode le Grand, qui prédit
a celui-ci son avènement au trône, et un
règne long, mais injuste; j'autres ajoutent
qu'il fut l'un des soixante-dix disciples.
MANASSÉ.
-
Fils aîné de Joseph et d'Asénath, fut dépouillé de son droit d'aînesse par son aïeul Jacob, qui lui annonça une moins grande prospérité et une postérité moins nombreuse qu'à son frère cadet, Éphraïm, Genèse 41:51; 46:20; 48:4; 1 Chroniques 7:14. Les deux frères sont réunis, sous le nom de Joseph, dans les dernières bénédictions du vieillard, Genèse 49:22, ainsi que dans celles de Moïse, qui leur promet à chacun «ce qu'il y a de plus précieux sur la terre»; mais à Manassé des milliers de descendants, et à Éphraïm des dix milliers, Deutéronome 33:13-17. Manassé apparaît comme chef de tribu, Nombres 1:10; 2:20; 7:54, et le nombre de ses hommes d'armes, au moment de la sortie d'Égypte, est de 32,000 (1:35). Les deux tribus sont presque toujours nommées ensemble, Nombres 26:28; Josué 14:4, etc. Lors de l'entrée en Canaan, Manassé se divisa en deux demi-tribus; Makir, parce qu'il fut homme de guerre, reçut en partage Galaad et Basan; il devait servir de boulevard à Israël contre les peuples inquiets et brigands de la Trachonite, contre les Syriens de Damas, et contre les Gessuriens de l'Anti-Liban. «Les maîtres de l'arc ont irrité Manassé, ont lancé contre lui des flèches, l'ont attaqué; mais son arc a conservé sa force, et ses bras leur vigueur, et il a, de sa corne, heurté les peuples jusqu'aux extrémités du pays.» Il habita des contrées bénies par l'Éternel, les riches plaines de l'Hauran, les belles montagnes de Galaad, et, dans ses vastes limites, il s'est étendu «comme un rameau fertile près d'une source», Nombres 32:39; cf. 34:14; Josué 12:6; 13:7. Cette demi-tribu était séparée de Gad par le Jabbok, et comprenait, dans son territoire, Hastaroth et Édréhi; elle s'étendait ainsi assez loin vers l'est, Deutéronome 3:13; Josué 13:29, et, comme son éloignement du sanctuaire, qui était a Silo, pouvait avoir, par la suite, des conséquences fâcheuses pour ses descendants, qui pourraient oublier leur culte, ou voir leurs droits méconnus, les tribus transjourdaines élevèrent, sur les bords du Jourdain, un autel destiné à témoigner en leur faveur, ou même, au besoin, contre elles, et à les relier ainsi aux neuf autres tribus, Josué 22:10; sq..
— La seconde demi-tribu, dont le territoire fut placé à côté de celui d'Éphraïm, était comprise entre le ruisseau de Cana, la Méditerranée, la chaîne du Carmel, et à l'est les montagnes d'Éphraïm, Josué 16:9; 17:1. Elle avait aussi pour voisins Aser et Issacar, sur le territoire desquels elle paraît même avoir eu quelques parcelles enclavées, 17:11, qu'elle ne put, sous les juges, défendre entièrement contre les Cananéens, Josué 17:12. Juges 1:27.
— Après la mort de Salomon, les deux demi-tribus, sous la puissante main d'Éphraïm, passèrent au royaume des Dix tribus, dont elles suivirent les destinées. Le nom de Manassé se trouve, Apocalypse 7:6,8, avec celui de la tribu de Joseph, qui, dans ce cas, désigne Éphraïm.
-
Manassé, père de Guersom, et grand-père de Jonathan, Juges 18:30. Peut-être faut-il lire Moïse (— Voir: Guersom); peut-être aussi les noms de Moïse et de Guersom se trouvaient-ils parmi les Lévites. Dans tous les cas, il ne faut pas confondre ce nom avec celui du fils de Joseph; car Jonathan descendait de Lévi, 17:7,12; il était Lévite, et non Manas-site.
-
Manassé, quatorzième roi de Juda, fils indigne et successeur d'Ézéchias, régna cinquante-cinq ans (698-643), 2 Chroniques 33, 2 Rois 21. À douze ans il perdit son père et monta sur le trône; mais le parti anti-théocratique s'empara de son esprit, l'entoura et régna par lui; ce fut le triomphe de l'impiété et de l'idolâtrie; le jeune roi suivit fidèlement les principes de ses conseillers; il rétablit les hauts lieux que son père avait détruits, adora les idoles païennes, dressa des autels à Bahal et à tous les astres jusque dans les parvis du temple de l'Éternel, consulta les devins, et opposa des imposteurs aux prophètes que Dieu lui envoyait et dont il fit verser à Jérusalem le sang innocent: Ésaïe, selon la tradition juive, mourut victime de ses fureurs, et c'est peut-être à cette mort que l'apôtre fait allusion, Hébreux 11:37 (ils ont été sciés); enfin, pour n'oublier aucune abomination, il brûla ses propres enfants devant les faux dieux! Les menaces divines étaient méprisées, elles s'accomplirent, et l'Éternel prononça cette terrible sentence: «J'étendrai sur Jérusalem le cordeau de Samarie et le niveau de la maison d'Achab; je torcherai Jérusalem comme une écuelle qu'on essuie et qu'on renverse sur son fond.» Manassé tomba entre les mains des Assyriens, peut-être lorsque Ézar-Haddon transportait ses colons dans le royaume d'Éphraïm, Esdras 4:2; il fut, malgré l'appui de l'Égypte qu'il avait recherché, saisi dans les halliers, chargé de chaînes, et conduit à Babylone la vingt-deuxième année de son règne: ce fut la fin de la première partie de sa vie, de son idolâtrie et de ses malheurs (Seder-Olam). Dans la détresse et dans l'angoisse, il s'humilia, se repentit de ses crimes, et supplia l'Éternel avec larmes; il obtint son pardon, et fut bientôt rétabli sur son trône, peut-être à la condition de rester vassal assyrien; c'est ce que rendent probable les événements qui eurent lieu dans les derniers jours de Josias son petit-fils,
— Sa conversion était sincère: il le prouva en faisant son possible pour remédier aux maux dont il était lui-même l'auteur: il rétablit le culte du vrai Dieu, purifia le temple, renversa les bocages et détruisit les autels. La fin de son long règne fut consacrée à en taire oublier le commencement, et il vit prospérer son activité et son administration intérieure; il releva les murs de Jérusalem à l'occident de Guihon, ceignit Hophel d'ouvrages élevés, rétablit l'ordre dans l'armée, et lui donna une discipline et des chefs. Il mourut à l'âge de soixante-sept ans, et fut enseveli dans un sépulcre qu'il s'était préparé au milieu de ses jardins.
On croit que Joël prophétisa sous son règne; c'est à la même époque aussi que quelques auteurs (Bossuet, Calmet, Bonnechose) placent l'histoire de Judith et d'Holopherne. La tradition a conservé, sous le nom de prière de Manassé dans l'angoisse, un chapitre qui a été ajouté dans quelques exemplaires grecs et latins à la fin du second livre des Chroniques; cette prière est belle, mais sa forme liturgique suffirait pour la faire reconnaître comme apocryphe.
Le second livre des Rois ne parle que des crimes et des malheurs de Manassé; il ne dit mot de sa repentance, mais indique en passant qu'à sa mort il n'était plus prisonnier: ce dernier détail montre qu'il n'y a pas contradiction entre le récit des Rois et celui des Chroniques, mais l'omission d'une partie aussi importante de la vie de Manassé ne s'explique pas: on pourrait croire que l'auteur des Chroniques, qui a puisé à plus de sources, a trouvé aussi plus de détails; mais la conversion de Manassé n'est pas un détail dans sa vie, et caractérise son histoire tout entière; tout Israélite, historien ou non, devait connaître un événement de cette importance.
MANDRAGORE.
Cette plante, désignée par
certains auteurs sous le nom de mandegloire,
et qui dans son étymologie grecque signifie
ornement des cavernes, est l'atropa
mandragora des Latins, et appartient à la
cinquième classe (pentandrie monogynie) de
Linnée. De tout temps et dans tous les pays
où elle se trouve, elle a été l'objet des
opinions les plus contradictoires, comme des
fables les plus absurdes. Elle aime les pays
chauds, la Palestine, la Grèce, l'Italie,
l'Espagne, et ne croît que très
difficilement dans nos jardins, mais dans
les lieux qu'elle habite elle préfère les
endroits sombres, tels que l'entrée des
cavernes. La racine est épaisse, longue,
fusiforme, ordinairement bifurquée, ou même
divisée en trois, fauve extérieurement,
blanchâtre à l'intérieur: les feuilles
sortent du collet de la racine, grandes,
ovales, pointues, vertes, ondulées sur leurs
bords, et disposées en faisceau: entre ces
feuilles naissent plusieurs pédoncules
simples, courts, portant chacun une fleur
dont la corolle est campanulée, rétrécie
vers sa base en forme de cône renversé, un
peu velue en dehors, blanchâtre, légèrement
teinte de violet: le fruit est une baie
sphérique ressemblant à une petite pomme,
jaunâtre dans sa maturité, molle, charnue,
pleine d'une pulpe qui contient des graines
réniformes, placées sur un seul rang. Cette
baie, narcotique et stupéfiante, n'est
dangereuse que lorsqu'elle est prise en
certaine quantité.
Le nom de la mandragore se trouve deux fois
dans l'Écriture sainte, Genèse 30:14;
Cantique 7:13; c'est ainsi que les
traducteurs ont entendu l'hébreu dudayim;
dans le premier passage, c'est la vertu
prolifique de la plante qui est relevée;
dans le second, c'est son odeur agréable et
forte. Il s'en faut du reste de beaucoup
qu'il y ait eu unanimité pour cette
interprétation, qui a été appuyée par
Jacques Thomasius dans une dissertation
spéciale, 1739, mais déjà fortement
combattue par
-
Ant. Densing (1659), qui entend par dudayim le petit melon de Perse odorant (cucumis dudaïm, L); de même Sprengel, Faber, la traduction persane, etc.;
-
Ludolf, dans son Hist. d'Éthiop., soutient qu'il faut entendre par là un certain fruit que les Syriens appellent mauz, dont la figure et le goût ont beaucoup de rapports avec le ficus indica;
-
Celse entend une espèce de lotus;
-
Pfeiffer y voit une espèce de lys;
-
Calmet, Bochart, Browne croient pouvoir donner à l'hébreu le sens de citron;
-
Junius traduit: des fleurs agréables;
-
Codurque, des truffes;
-
Hiller, des cerises;
-
d'autres, des violettes ou du jasmin;
-
d'autres enfin, Virey, Chaumeton, l'entendent de l'orchis.
Il ressort de toutes ces divergences que la
véritable signification du mot est perdue,
et même qu'elle l'a été de bonne heure; on
voit par le passage de la Genèse que la
plante dont il s'agit passait pour donner la
fécondité, et le nom même de dudayim (dod,
amour) pourrait bien être en rapport avec
cette opinion. La mandragore et l'orchis
sont les deux plantes qui harmoniseraient le
mieux peut-être avec le peu que nous
connaissons du dudayim, la première par la
bifurcation de sa racine, à laquelle, avec
un peu de peine et de bonne volonté, on
pourrait encore donner la forme du corps
humain, de là le nom d'anthropomorphos qui
lui a été donné par Pythagore; la seconde,
par la grossière ressemblance qu'on a cru
trouver dans ses bulbes ordinairement
géminées, et qui a amené la préconisation
ridicule de ses vertus aphrodisiaques. L'une
et l'autre de ces plantes peuvent exercer
une certaine influence sur l'homme; elles
peuvent stimuler, exciter, irriter; Vénus
est appelée mandragoritis, et l'empereur
Julien, dans son épître à Calixène, dit
qu'il boit du jus de mandragore pour
s'exciter à la volupté; mais elles ne
peuvent rien sur les femmes, surtout elles
n'ont pas les vertus qu'on leur prête. Les
bulbes de l'orchis se cueillent à la fin de
l'année; on les lave, et, après qu'on les a
soumises pendant quelques minutes à l'action
de l'eau bouillante, on les fait sécher au
soleil ou dans un four; c'est dans cet état
qu'elles entrent dans le commerce sous le
nom de salep de Perse ou de salap;
elles sont connues pour leurs propriétés
nutritives, émollientes et lubrifiantes;
mais c'est par ces qualités seules, et à
cause de son abondance en principes
assimilants, que le salep peut être
considéré comme aphrodisiaque, et il ne
l'est qu'à la manière des œufs, de la viande
ou du lait, c'est-à-dire parce qu'il est
nourrissant.
— Hasselquist, Michaélis, Maundrell, de même
que l'abbé Mariti (Voyage. II, 195), sont
favorables à la traduction mandragore, et
leurs preuves, sans être très convaincantes,
ont cependant un certain poids: ce qui est
dit du dudayim s'applique en tous points à
la mandragore; c'est au temps de la moisson
des blés (mai) que leur fruit mûrit, cf.
Genèse 30:14; elles ont une odeur agréable;
elles peuvent se conserver, et soutiennent
une espèce de comparaison avec les grenades.
Ces caractères sont, il faut l'avouer, assez
vagues pour permettre l'incertitude, et si
l'on n'admet pas la traduction orchis, le
mieux est peut-être de s'en tenir a la
version traditionnelle.
Pour l'étude des miracles et des fables
relatives à cette plante historique (dont un
des plus grands torts est de nous avoir
donné la Mandragore de Machiavel), on peut
consulter Théophraste, Pline, Dioscoride,
Calmet, Hiller, et Celsius, ainsi que les
monographies de Heiddeger, de Drusius, de
Thomasius, de Laurent Catelan (Rare et
curieux discours de la plante appelée
mandragore, Paris, 1639), de Holzbom, 1702,
et de Garnier de Nîmes.
MANNE,
Exode 16; Nombres 11;
Deutéronome 8:3; Josué 5:12. La nourriture
que Dieu donna aux Israélites dans le
désert, depuis Sin, leur huitième campement,
jusqu'à la fin de leur séjour. Moïse la
décrit comme quelque chose de menu, blanc,
rond comme dû grésil, comme de la semence de
coriandre, et ayant le goût de beignets.
Elle tombait chaque matin avec la rosée, et
lorsque la rosée avait disparu sous l'action
des premiers rayons du soleil, la manne
restait seule sur le roc ou sur le sable, où
les Israélites venaient la ramasser, mais
seulement en quantité suffisante pour la
journée, à l'exception du vendredi où il en
tombait une quantité double et où les
Israélites devaient aussi faire la provision
do sabbat. Elle se gâtait du jour au
lendemain, et ceux qui, se méfiant de la
divine Providence, voulurent essayer d'en
conserver, la virent se corrompre et les
vers s'y mettre. Chacun avait droit à un
homer (litres 3, 50), et celui qui en avait
recueilli beaucoup n'en avait pas plus,
comme celui qui en avait recueilli peu n'en
avait pas moins, c'est-à-dire qu'ils
répartissaient entré eux,
proportionnellement au nombre des membres de
chaque famille, ce qu'ils avaient ramassé,
de sorte que celui qui en avait trop
communiquait de son superflu à celui qui
n'avait pas assez, et ramenait l'égalité
voulue de Dieu. Le passage 2 Corinthiens
8:15; semble établir ce sens, en même temps
qu'il trace aux chrétiens une ligne de
conduite qui n'est malheureusement que bien
peu suivie. En commémoration de cette
merveilleuse Providence qui nourrit pendant
tant d'années un peuple tout entier dans un
désert, Dieu voulut qu'un homer de manne fût
recueilli dans un vase d'or et placé devant
le témoignage à côté de l'arche sainte, cf.
Hébreux 9:4.
Cette nourriture comme telle, et cette
substance considérée en elle-même, était
quelque chose de tout à fait nouveau pour
les Israélites, si bien qu'en la voyant pour
la première fois couvrir le sol, ils se
demandèrent les uns aux autres: Qu'est-ce?
(hébreu, man), et ce nom interrogatif
resta à ce pain descendu du ciel: man hou,
qui signifiait qu'est ce que cela? fut
traduit: cela est de la manne. C'est la même
question que firent plus tard les Juifs au
sujet de Jésus le vrai pain céleste, Luc
4:36, car il était pour eux une apparition
également inconnue, mais plus bénie encore.
Outre les passages déjà cités, la manne est
rappelée Néhémie 9:20. Jean 6:31,49,58;
Psaumes 78:24; Apocalypse 2:17. Ce dernier
passage contient une allusion évidente à
l'urne d'or renfermant la manne: la manne
commune et corruptible du désert était la
nourriture du corps mortel; mais la manne
cachée dans l'urne est incorruptible, c'est
la nourriture du corps immortel.
Psaumes 78:24-25 — «... bien qu'il eût fait
pleuvoir la manne...; tellement que chacun
mangeait du pain des puissants.» Nos
versions rendent exactement le sens de
l'hébreu abirim, mais la phrase n'est
pas claire et ne se comprend pas: la
Vulgate, l'anglais, et Luther ont «le pain
des anges», ce qui ne se justifie pas
par l'usage de la langue; Hengstenberg
paraphrase: le pain venu des lieux habités
par les anges; Durck propose le pain des
taureaux, qui d'après l'analogie de
Sophonie 1:17, pourrait signifier la
viande des taureaux; abirim a en effet
quelquefois le sens de taureaux, Psaumes
22:12; 50:13; 68:30; Ésaïe 34:7; Jérémie
50:11, et l'auteur entendrait que, outre la
manne, Dieu a aussi donné aux Israélites de
la chair à manger, ce qui ne s'accorde ni
avec le sens du passage, ni avec l'histoire
du désert. Dimock pense qu'au lieu de abirim
il faut lire Élohim, ou Abir Jéhovah (cf.
Exode 16:15-16; Jean 6:33), et traduire le
pain de l'Éternel. Harris enfin prend abirim
dans le sens de ailes pour oiseaux,
«chacun mangea (outre la manne) du pain,
c'est-à-dire de la chair d'oiseaux; il leur
envoya de la nourriture à les rassasier.»
Mais toutes ces explications sont un peu
recherchées, et la traduction française, qui
est la plus littérale, n'a besoin que d'être
comprise dans le sens du génie de la langue
hébraïque: le pain des puissants ou des
riches, c'est un pain excellent, ou, d'une
manière générale, une nourriture excellente.
Dieu envoya aux Israélites la manne, le
froment des cieux, tellement qu'au lieu de
disette) chacun avait en abondance un mets
très recherché, une nourriture agréable et
délicate. L'auteur de la Sapience (46, 20;
21) dit que la manne s'accommodait tellement
au goût de ceux qui la mangeaient, que
chacun y trouvait de quoi satisfaire son
appétit, et quelques-uns l'ont entendu en ce
sens qu'elle prenait pour chacun le goût
particulier qu'il désirait y trouver.
Flavius Josèphe dit plus simplement qu'elle
était si excellente qu'on ne pourrait rien
désirer de meilleur; et saint Augustin,
qu'elle se conformait au goût de ceux qui en
usaient, en faveur des enfants de Dieu,
lesquels ne s'en lassèrent pas, tandis que
pour les autres elle ne fut plus bientôt
qu'un objet de dégoût, Nombres 11:6.
La manne n'est pas une substance qui soit
entièrement inconnue ou perdue: elle se
retrouve encore en divers lieux, en Pologne,
dans le Dauphiné, en Calabre, en Arabie, sur
le Sinaï, sur le Liban, et ailleurs. La plus
estimée est celle d'Arabie, espèce de miel
condensé qui suinte des feuilles et des
branches, et que l'on recueille quand elle a
pris une certaine consistance. On peut
augmenter de beaucoup la récolte qu'on en
fait, au moyen d'incisions pratiquées à
l'arbre, et c'est au mois d'août surtout que
cette opération se fait avec le plus de
succès; parfois c'est un petit insecte, le
coccus, qui se charge de piquer l'arbre avec
son aiguillon, et de provoquer ainsi
l'écoulement de la résine. Saumaise pense
que c'est de cette manne qu'il est parlé
dans l'histoire du désert, et que le miracle
a consisté moins dans la production même que
dans l'abondance et la régularité de cette
production. Son opinion peut parfaitement se
soutenir en ce sens qu'elle n'enlève rien à
tout ce qu'il y a eu de miraculeux dans
presque tous les détails de cette
alimentation providentielle; en général on
peut remarquer dans la plupart des miracles
de la Bible, qu'ils ne contrarient pas la
nature, qu'ils ne sont pas des monstruosités
en dehors du cours des choses; mais qu'ils
se distinguent soit par des modifications
apportées à certaines lois, physiques, soit
par l'accélération d'effets qui se
produisent également dans la nature, mais
lentement et suivant certaines règles, soit
enfin par la multiplication , l'augmentation
en nombre ou en volume, des effets que des
causes physiques auraient aussi produits,
mais en moindre quantité. Admettant que la
manne céleste n'ait pas été une création
nouvelle, le miracle reste dans son
abondance, sa régularité, sa périodicité,
interrompue le sabbat, mais précédée d'une
quantité double de nourriture la veille, sa
prompte corruption pendant la semaine, et sa
conservation au septième jour, sa production
au milieu des sables quand d'ordinaire elle
ne se trouve que découlant des arbres, etc.,
tout autant de caractères qui ne sont point
naturels, mais que Dieu a pu miraculeusement
ajouter pour un temps à l'une des
productions de la nature orientale, les uns
pour conserver son peuple, les autres pour
l'habituer au respect de la loi qu'il avait
donnée.
— Disons cependant que les voyageurs donnent
à la manne du désert quelques propriétés qui
ne rendent pas l'identité absolue. Cette
gomme qui découle goutte à goutte ne se
laisse ni piler, ni broyer, comme faisait la
manne israélite, et de plus elle a une vertu
légèrement purgative et affaiblissante, qui
se perd, il est vrai, pour celui qui, par un
fréquent usage, en a pris l'habitude, comme
on sait que l'estomac peut s'accoutumer à
une nourriture qui lui est naturellement
contraire.
Les Hébreux et les Orientaux pensent, à
l'inverse de Saumaise, que la manne était un
miracle, jusque dans la nature même de sa
substance, et c'est bien, à tout prendre,
l'opinion qui paraît le mieux justifiée par
la lettre de l'Écriture; mais ils sont
tellement jaloux de la grâce que Dieu leur
fit en cette occasion, qu'ils vont jusqu'à
prononcer l'anathème contre ceux qui ne
partagent pas entièrement leur manière de
voir à cet égard (Aben Esra, ad Exode
16:15); c'est aller un peu loin.
On peut consulter sur la manne la Physique
sacrée de Scheuchzer avec les notes de
Donat, la dissertation de Faner, l'Histoire
de la manne de Buxtorf, Saumaise, les Notes
de Rosenmuller sur Bochart, le Traité
d'Altomare, et un article dans les Comptes
rendus de l'Académie des sciences, 1846, t.
II, p. 452, séance du 31 août.
MANOAH,
Juges 13:2, de Tsorhah, père de
Samson. Cet homme faible et craintif, mais
bien intentionné, gémissait sur les malheurs
que l'idolâtrie de ses compatriotes avait
amenés sur la commune patrie, lorsque sa
femme, plus pieuse apparemment, et plus
éclairée que lui, vint lui annoncer que sa
longue stérilité qui les affligeait l'un et
l'autre, allait enfin cesser, et qu'un
prophète de l'Éternel lui avait promis un
fils; bien plus, ce fils devait être le
libérateur d'Israël, et pour le préparer à
sa grande et sainte mission, elle devait
elle-même observer jusqu'au moment de sa
naissance toutes les prescriptions du
nazaréat. Manoah, tout ensemble troublé et
réjoui, demanda au Seigneur de lui faire
voir à lui-même ce messager de bonnes
nouvelles, afin qu'il pût apprendre de lui
la conduite qu'il aurait à tenir à l'égard
de ce fils béni. Bientôt après, en effet,
l'ange apparut de nouveau à la femme, qui
alla chercher son mari; mais il ne répondit
pas aux questions prématurées de l'humble
Manoah; il se borna à répéter à la femme
qu'elle devait, pendant tout le temps de sa
grossesse, vivre dans l'abstinence
nazaréenne, et Manoah n'insista plus; mais
désireux de retenir auprès de lui ce
prophète de l'Éternel, et de l'honorer selon
les usages de l'antique hospitalité, il lui
offrit un festin; l'ange le refusa, mais
engagea son hôte à présenter un holocauste à
l'Éternel. L'ange refusa de même de déclarer
son nom, car il est admirable, dit-il (cf.
Ésaïe 9:5}. Manoah qui jusqu'alors n'avait
vu dans celui qui lui parlait qu'un simple
prophète, ne tarda pas à comprendre que
c'était l'Éternel lui-même; car lorsqu'il
eut offert son holocauste, et que la flamme
s'élevant de l'autel vers les cieux,
l'Éternel y fut monté avec la flamme, Manoah
s'écria: Certainement nous mourrons, parce
que nous avons vu Dieu! Sa femme comprit
mieux que lui, la faveur que cette
manifestation divine leur promettait à eux
et à leur fils: elle y puisa de nouvelles
forces, un nouveau courage, une nouvelle
confiance dans la fidélité de celui qui ne
peut mentir.
— L'enfant naquit au temps indiqué, mais il
ne parait pas avoir, dans son éducation,
subi ou accepté l'influence de son faible
père. Sa jeunesse indomptée et ses
fougueuses passions l'émancipèrent de bonne
heure; Manoah vécut assez pour voir, sans
pouvoir l'empêcher, le mariage de son fils
avec, une Philistine, mais son nom qui ne
reparaît plus que dans le nom de son
sépulcre, 16:31; porte à croire qu'il ne fut
pas le témoin des derniers excès, de la
gloire, et de la conversion de son fils.
L'apparition de l'ange à Manoah rappelle
celles dont jouirent Abraham, Jacob et
Gédéon: le refus de l'ange de se faire
connaître, rappelle le même refus qu'éprouva
Jacob dans sa lutte merveilleuse au bord du
Jabbok, Genèse 32:29.
MANTEAU.
Ce mot qui a déjà un sens assez
vaste dans notre langue, en avait un plus
étendu encore en hébreu; il s'appliquait à
plusieurs espèces de vêtements, tunique,
manteau, vêtement de dessus, etc. La pièce
d'habillement dont il est parlé, Marc 12:38,
à propos des scribes, et qui peut aussi se
traduire par manteau, était un large pan
d'étoffe, descendant jusqu à la cheville du
pied.
— Voir: Vêtements.
MARAH
(amertume).
-
Une des premières stations des Israélites dans le désert; ils lui donnèrent ce nom à cause de l'amertume de ses eaux, Exode 15:23; Nombres 33:8. Les voyageurs ne sont pas d'accord sur la situation de ce lieu; Shaw a cru le trouver dans un endroit appelé maintenant Corondel ou Gharendel, où coule encore de nos jours un ruisseau dont les eaux sont amères; Niebuhr, dans le Aijun Musa (fontaine de Moïse), à 2 lieues sud-est de Suez, à une demi lieue du golfe d'Arabie; Burckhardt le place à 15 lieues plus au sud, où il a trouvé une source appelée Howara, dont les eaux sont si amères que les chameaux mêmes refusent d'en boire, à moins qu'ils ne soient très altérés; le même voyageur pense que Moïse se servit des baies du gharcad ou hamra pour adoucir l'amertume de cette source. (Michaélis raconte de même, qu'il y a aux Indes un arbre qui a la propriété de rendre douces les eaux devenues amères). L'opinion de Niebuhr est conforme à la tradition, mais celle de Burckhardt paraît mieux justifiée géographiquement par la marche que suivaient les Israélites; c'est celle qu'a admise Hævernick.
-
Ce même nom est employé au duel Marathayim, Jérémie 50:21, où nos versions l'ont traduit par vous deux, rebelles. Le passage est difficile à entendre, mais il vaut mieux (avec Dahler) le rapporter au pays, et lire: marchez contre ce pays doublement rebelle, ou bien le regarder comme un nom symbolique de Babylone, marchez contre ce pays de Marathayim, ce qui renferme le même sens, mais exprimé d'une manière plus solennelle.
MARBRE.
Substance bien connue pour sa
dureté et le beau poli dont elle est
susceptible. Quatre noms différents
paraissent en avoir désigné différentes
espèces dans la langue des Hébreux. Shesh
ou shish, Cantique 5:15; Esther 1:6;
1 Chroniques 29:2: la version syriaque le
traduit par marbre blanc, ce qui s'accorde
bien avec la comparaison du Cantique; il est
également probable que ce devait être de
cette espèce de marbre qu'étaient faites les
colonnes du temple, et David l'aura fait
venir des contrées voisines de l'Arabie;
Barris compare le nom de shish avec la
montée de Tsits, 2 Chroniques 20:16, qu'il
pense avoir été la carrière, ou l'une des
carrières où les Hébreux choisissaient leur
marbre; mais c'est forcé, et l'hypothèse ne
repose sur aucune autre preuve que cette
lointaine analogie. Le marbre blanc du
palais royal de Suze, était tiré des
carrières mêmes du pays, où il se trouve en
abondance. Le sochereth, Esther 1:6,
ne peut être déterminé d'une manière bien
sûre; les Septante le traduisent comme le
précédent, espèce de marbre blanc. Le
bahat, que le syriaque rend de même, est
traduit par les Septante, émeraude, ce qui
doit s'entendre non de la pierre précieuse
de ce nom, mais d'un marbre nuancé de vert.
Enfin le dar (ibid.) est traduit par
l'arabe, perle, et par les Septante, pierre
de perle; c'est aussi l'opinion de Bochart,
mais elle cadre difficilement avec le
contexte: il faut plutôt l'entendre avec
Michaélis et Winer, de l'albâtre qui,
lorsqu'il est bien travaillé, peut dans une
mosaïque faire l'effet de perles enchâssées.
Il faut avouer, du reste, que ces
significations ne sont que devinées; aucun
fil ne peut plus guider dans ces recherches,
et les savants y dépensent inutilement leur
esprit étymologique et scientifique.
— On sait que les anciens attachaient
beaucoup d'importance au luxe de leurs
planchers, de leurs parquets, et des pavés
de leurs cours ou de leurs jardins: nous en
sommes venus au point, disait Sénèque, que
nous ne voulons plus fouler que des pierres
précieuses. Et Apulée, décrivant le sol des
appartements de Psyché, dit que les pierres
précieuses dont il était composé,
représentaient à l'œil, par leur disposition
et la variété de leurs formes et de leur
grandeur, des tableaux et des peintures de
divers genres.
MARC,
l'auteur du second évangile,
est probablement le fils de Marie; cousin de
Barnabas, et peut-être comme lui Lévite de
naissance, compagnon d'œuvre de Paul et de
Pierre, il est désigné dans les Actes sous
les noms de Jean Marc 12:12,25, de Jean
13:3,13, et de Marc, 15:39; C'est dans la
maison de sa mère que les apôtres étaient
réunis après la mort de Jacques, lorsque
Pierre fut délivré de son cachot et de ses
fers, 12:12. Quelques anciens veulent qu'il
ait été au nombre des soixante-dix
disciples, et Origène, Procope, etc.,
ajoutent qu'il se retira pour un temps du
Sauveur, de même que Luc, à cause de ce
qu'avait dit le Messie: «Si vous ne mangez
ma chair, vous ne pouvez avoir la vie en
vous-mêmes», Jean 6:53. Toutefois cette
anecdote n'est rien moins que sûre, et si
l'on en croit Irénée et Papias, Marc
n'aurait pas connu Jésus, et il aurait été
gagné à l'Évangile par la prédication de
Pierre. Ce fut Barnabas son parent qui
l'introduisit dans la société des apôtres,
et on le voit déjà compagnon de saint Paul,
lors de son premier voyage missionnaire
d'Antioche dans l'Asie Mineure, 12:25; 13:5.
On ignore pour quels motifs, après avoir
suivi ses compagnons de voyage dans l'île de
Chypre, à Salamis et à Paphos, il se sépara
d'eux à Perge en Pamphylie, 13:13; mais la
manière dont saint Luc parle de cette
séparation, 15:38, semble jeter un certain
blâme sur ses motifs, et l'on suppose que
cette vie agitée et l'éloignement de sa
patrie, avaient fatigué son zèle encore
jeune, et sa foi encore peu éprouvée, peu
habituée aux renoncements de la vie
missionnaire. Marc rentra cependant dans la
carrière, et probablement après un
intervalle qui ne fut pas fort long; mais
saint Paul ne le voulut pas d'abord pour
compagnon de voyage, il prit Silas avec lui,
tandis que Marc et Barnabas retournaient en
Chypre. Aucun détail ne nous est donné sur
les résultats de sa mission dans cette île,
mais il faut croire qu'elle fut bénie, et
qu'il se distingua par un redoublement de
zèle pour faire oublier ses précédentes
hésitations; plus tard en effet, il est
rentré en grâce auprès de saint Paul, qui le
compte à Borne au nombre de ses compagnons
d'œuvre, Philémon 24, le recommande à
l'Église de Colosses, Colossiens 4:10, et
prie Timothée de le lui ramener, 2 Timothée
4:11. Il paraîtrait que, pendant l'espace de
temps qui sépara les deux captivités de
Paul, Marc fut le compagnon de Pierre,
auquel l'unissait une affection filiale, et
qui l'avait auprès de lui quand il écrivit
sa première épître, 5:13. D'autres pensent
que le Marc nommé dans ce passage était
véritablement un fils de l'apôtre, ce qui
serait bien possible, puisqu'il était marié;
mais la tradition n'est pas favorable à
cette opinion. D'autres encore, afin de
multiplier autant que possible, les saints
et les évêques des temps primitifs, et de
pourvoir ainsi tous les évêchés, ont
distingué trois Mare, le fils de Marie, le
fils de Pierre et l'évangéliste; c'est
encore plus improbable, et cette manière de
voir n'a pas même pour elle les apparences.
Si, comme on doit le conclure de 2 Timothée
4:11, Marc assista aux derniers jours de
Paul, on peut supposer qu'après la mort de
cet apôtre, il revint en Asie, et qu'il y
rejoignit Pierre. Une tradition ajoute que
Pierre l'envoya prêcher l'évangile en
Égypte, qu'il fonda a Alexandrie une Église
considérable, que ses travaux en divers
lieux de la Basse et de la Haute Égypte, et
jusqu'à Cyrène, furent couronnés des plus
beaux succès, et qu'enfin il fut massacré au
milieu d'une fête païenne par les païens
d'Alexandrie, irrités du grand nombre de
prosélytes qu'il faisait chaque jour, et des
attaques victorieuses qu'il avait portées à
leur culte idolâtre; son corps fut brûlé
selon les uns, transporté selon les autres à
Venise, où un temple magnifique qui porte
son nom lui aurait été donné comme mausolée.
Tous ces bruits ont leur teinte fabuleuse,
et l'on sera d'autant moins porté à y
ajouter foi que déjà Cyprien, Tertullien et
Augustin refusent à l'Église d'Afrique une
origine apostolique.
Son Évangile est le second en date:
Eusèbe dit que c'est à Rome, à la demande
des fidèles de cette église, et sous les
yeux de Pierre, qu'il l'a composé. Quelques
manuscrits grecs, le perse, l'arabe, et le
Pseudo-Damase dans sa vie de saint Pierre,
ajoutent, en outre, que cet ouvrage a été
primitivement écrit en latin, ce qui est
aussi l'opinion de quelques modernes,
Selden, Baronius, Bellarmin; mais il n'est
pas même sûr que ce soit en Italie que Marc
a écrit, et plusieurs auteurs, cités par
Chrysostôme, portent que ce travail a été
fait en Égypte, et pour l'Égypte. Quant à la
part que Pierre a prise à la rédaction de
cet évangile, la tradition est assez
unanime, au point que saint Athanase,
Eutyche d'Alexandrie, et d'autres pères
grecs et orientaux, ont cru que cet apôtre
l'avait dicté, et peut-être écrit de sa
propre main. Supposé même que Marc eût écrit
à Rome pour les chrétiens de cette ville, il
ne serait pas prouvé qu'il se fût servi du
latin: le grec était connu; les deux
ouvrages de Luc sont en grec, et l'épître
aux Romains l'est aussi, sans que personne
ait prétendu que Paul eût dû se servir d'une
autre langue que celle qu'il parlait
ordinairement en s'adressant aux païens. Il
y aurait bien un moyen de décider cette
question, puisque le texte original de saint
Marc se trouve encore actuellement à Venise,
où il est soigneusement conservé, depuis
1564 (Calmet), dans un caveau dont la voûte
est plus basse, en tout temps, que la mer
voisine; mais, malheureusement, ce manuscrit
est tellement altéré et illisible, que l'on
ne peut pas même en déchiffrer quelques
lettres pour voir si elles sont grecques ou
romaines. Ce manuscrit (qui est peut-être
tout autre chose qu'un saint Marc) est écrit
sur du papyrus d'Égypte extrêmement délicat,
et Montfaucon le fait remonter au moins au
quatrième siècle. Cet auteur veut y avoir
remarqué des caractères latins; mais un
autre auteur qui l'avait vu avant lui, et,
par conséquent, dans des conditions
meilleures et dans une moins grande
vieillesse et détérioration, croit avoir
distingué des lettres grecques. Ce débat, au
reste, n'a plus d'importance, comme il ne se
résoudra jamais non plus.
Quant au but que Marc s'est proposé en
écrivant son évangile, on croit qu'il a eu
sous les yeux le travail de saint Matthieu,
et qu'il a voulu le mettre à la portée des
lecteurs païens, en retranchant tout ce qui
se rapportait trop exclusivement aux mœurs,
aux espérances et aux préjugés des Juifs: il
a un but plus catholique que le premier des
évangélistes, mais sa couleur, sous ce
rapport, est moins prononcée que celle de
saint Luc, qui l'a suivi. Il est, avant
tout, historien évangélique; il raconte ce
que le Sauveur a fait, et l'on pourrait
donner, pour épigraphe à son livre, ces
paroles de saint Pierre, qui fut son
compagnon et son père spirituel: «Il allait
de lieu en lieu, faisant du bien», Actes
10:38. Tout est rapide dans son récit, tout
est bref, et le mot aussitôt (en
grec) se rencontre neuf fois dans le
chapitre premier; il dit les faits, et omet
ou abrège les paroles et les discours. Le
chapitre 1 renferme déjà la mission de Jésus
et celle du précurseur, l'effusion du
Saint-Esprit sur le Sauveur après son
baptême, l'histoire de la tentation, la
vocation de quatre apôtres, la guérison d'un
démoniaque, celle de la belle-mère de
Pierre, l'évangélisation de la Galilée, et
la guérison d'un lépreux. Il ne fait guère
de réflexions, et entre sommairement en
matière. Cependant, il ne s'est pas borné à
compléter saint Matthieu, et à donner à
l'évangile un caractère universel; il le
complète conformément à son plan, et l'on y
trouve beaucoup de faits que saint Matthieu
n'avait pas rapportés, l'histoire de
l'aveugle dont la guérison est progressive,
celle du jeune homme enveloppé d'un linceul,
qui suit la troupe qui vient d'arrêter
Jésus, quelques mots sur Simon Cyrénéen, la
pierre roulée à l'entrée du sépulcre, etc.,
ainsi qu'un grand nombre d'observations de
détail qui donnent du relief à l'action, et
trahissent le témoin oculaire qui a dirigé
l'auteur,
— Voir: ρ, ex. 1:13,20,29,33,35,45;
3:5-6; 4:26; 5:5,13,26; 6:13; 10:46,50, etc.
Il ajoute quelques traits de la vie de saint
Pierre, et en omet d'autres qui seraient à
l'honneur de cet apôtre, Matthieu 16:16;
17:24. Il ne le nomme pas, non plus que
Matthieu, dans l'anecdote de Malchus.
On ne peut rien déterminer sur l'époque de
la rédaction: au dire d'Irénée, saint Marc
n'aurait écrit qu'après la mort de Paul et
de Pierre; mais, comme la mort de Pierre
n'est pas connue, cette vague indication ne
suffit pas, et l'on doit, avec Valois,
Heidegger, Calmet, consentir à ne rien
décider.
MARCHANDS,
— Voir: Commerce.
MARCHÉ,
— Voir: Forum.
MARDOCHÉE,
Benjamite de naissance, fils de
Jaïr, et arrière-petit-fils de Kis, l'un de
ceux qui avaient été emmenés captifs avec
Jéchonias, demeurait à Suze avec Ester, sa
cousine, orpheline de père et de mère. Il
laissa sa jeune parente courir la carrière
des honneurs, et la dirigea de ses conseils
ambitieux, sages et politiques: lui-même
obtint à la cour une charge qui lui permit
de correspondre avec Ester et de veiller à
ses intérêts. C'est pendant qu'il faisait
son service à la porte du roi, qu'il
découvrit et déjoua une conjuration tramée
contre Assuérus: un si grand bienfait avait
droit à une bien grande récompense; mais il
fut d'abord oublié, et ce fut plus tard
seulement que Dieu le remit en mémoire à
celui qui en avait été l'objet. Mardochée
nourrissait en son cœur une haine jalouse et
violente contre Haman, le favori du roi,
haine qui n'avait peut-être d'autre motif
qu'un instinct secret, un pressentiment
confus, une mystérieuse antipathie, et la
crainte devoir cet homme puissant travailler
un jour à la perte de la favorite.
Orgueilleux d'être Juif, orgueilleux d'être
le plus proche parent de la reine,
orgueilleux d'avoir sauvé la vie du roi,
orgueilleux de trois titres qui, tous les
trois, étaient inconnus ou oubliés, et dont
seul il avait la conscience, il portait haut
la tête, et refusait de se plier devant le
visir qu'il haïssait et qu'il méprisait: il
aigrissait imprudemment celui qui, d'un mot,
pouvait le perdre, lui et sa nation tout
entière. Et bientôt ce mot fut prononcé: dès
qu'Haman eut connu l'origine méprisable de
ce fils de captif, il demanda et obtint
l'édit fatal, irrévocable (Esther 3:12; cf.
Daniel 6:8,15) qui ordonnait la destruction
de tous les Juifs par tout l'empire, au même
jour. Mais Dieu en avait décidé autrement.
Le roi, inquiet et agité, ne pouvait dormir:
il se fit lire les annales de son règne, et
le nom de Mardochée lui rappela qu'aucun
honneur n'avait récompensé le zèle d'un
serviteur auquel il devait la vie. Cependant
Mardochée avait pris le deuil; il se
promenait par la ville, couvert du sac et de
la cendre, remplissant l'air des cris que
lui arrachait la proscription de son peuple.
Ester, instruite le ces manifestations de
désespoir, en fit demander la cause, et
Mardochée l'instruisit, et du décret obtenu
par Haman contre les Juifs, et de la
conduite qu'elle avait à tenir; ses paroles
étaient fortes et pressantes: «Qui sait si
tu n'es point parvenue au trône pour un
temps comme celui-ci?» lui disait-il en
terminant. Il reparut à la cour, mais
refusa, derechef, de se courber devant
Haman. Sa mort fut résolue: un gibet fut
dressé, et le favori, invité ce jour-là chez
la reine, et devant y retourner le
lendemain, se proposait de faire pendre le
Juif entre les deux repas; mais le roi le
fit mander de bonne heure: Haman, qui se
croyait arrivé au faîte de la grandeur,
concourut, sans le savoir, à l'élévation de
Mardochée, et dut lui-même le revêtir, et le
promener en triomphe par les rues de la
ville. Le règne d'Haman finissait, celui de
Mardochée commençait. Après tous ces
honneurs, Mardochée retourna humblement à
son poste; c'est aussi là que l'appelait son
devoir, et sa présence à la porte du roi ne
fut pas sans influence sur la scène qui se
passa le soir au jardin, après la collation,
et qui se termina par la disgrâce et la mort
d'Haman. Dès lors la parenté d'Ester et de
Mardochée, bien loin d'être compromettante
pour la première, fut un titre de plus à
l'estime et à l'affection royale. Assuérus,
ayant éprouvé la fidélité de l'un et de
l'autre, dut désirer de s'attacher
Mardochée, sûr de trouver en lui un soutien
du trône; il lui remit l'anneau royal, et le
nomma grand visir à la place de son
prédécesseur. Ester, en même temps, lui
confia l'intendance des immenses propriétés
d'Haman, qui avaient été confisquées.
Mardochée se servit du pouvoir en faveur de
ses coreligionnaires, et ne pouvant annuler
un décret royal par un autre, ne pouvant
révoquer l'ordre de destruction qui avait
été envoyé contre les Juifs, il le
neutralisa en prévenant ceux-ci, et leur
permettant de s'armer pour leur défense.
Dans cette lutte, les Juifs furent les plus
forts, et probablement aussi les plus
acharnés; ils tuèrent 75,000 hommes dans un
seul jour, et le lendemain, par une faveur
spéciale et exceptionnelle, le roi fit
pendre les dix fils d'Haman pour plaire à
Ester, à qui, sans doute, Mardochée l'avait
demandé afin d'étouffer toutes les ambitions
d'une famille rivale. Le premier ministre ne
prévoyait pas sans doute autant de meurtres
et d'assassinats; il n'avait voulu que
sauver les Juifs, et si les passions
profitèrent de la lettre d'un décret pour se
baigner dans le sang, il serait injuste de
l'en rendre entièrement responsable. D'un
caractère fort et altier dans l'abaissement,
mais toujours jaloux de la dignité de sa
nation, et poursuivi de l'idée qu'il doit
veiller à la sûreté de ses frères, confiant
aussi peut-être dans des prophéties qu'il
entend mal, ou dont il veut forcer et hâter
l'accomplissement, ambitieux pour les siens
plutôt que pour lui-même, il proteste, au
péril de ses jours, contre une iniquité, et
ne craint pas même de hasarder le bonheur et
la vie de sa parente: il veut qu'au jour de
la détresse on se mette à la brèche, et Dieu
récompense sa courageuse fidélité. Comblé
d'honneurs, serviteur d'un roi païen, il se
montre toujours le représentant des Juifs,
et leur assure dans l'empire une position
tranquille et honorable. La faveur populaire
ne lui défaut pas plus que la confiance
royale, et des cris de joie saluent son
avènement au pouvoir.
Quant à la chronologie de cette histoire, le
livre d'Ester nous offre trois dates: Vasti
fut répudiée la troisième année d'Assuérus
(q.v.) 1:3; quatre ans après, dans la
septième année de son règne, Assuérus épouse
Ester, 2:16, et le décret de destruction est
lancé dans sa douzième année, 3:7. L'année
où Mardochée découvrit le complot des deux
eunuques n'est pas déterminée, et les
paroles, 2:19, ne jettent aucun jour sur la
question. Il n'y eut, entre le décret de
destruction et celui de la révocation, qu'un
intervalle de deux mois et dix jours, et
nous pouvons apprendre de là que, même dans
les circonstances les plus critiques et les
plus désespérées, le peuple de Dieu peut
toujours se confier, avec assurance, en
celui qui seul dispose des événements, et
qui a promis que les portes de l'enfer ne
prévaudront jamais contre son Église.
MARÉSA,
Josué 15:44, ville des plaines
de Juda, que Roboam fit, plus tard,
fortifier, 2 Chroniques 11:8, cf. 14:9-10;
Michée 1:15. Il en restait encore quelques
ruines au temps d'Eusèbe. Flavius Josèphe en
fait une possession des Iduméens, mais qui
leur fut enlevée, plus tard, par Alexandre
(Antiquités Judaïques 12, 8, 6; cf. 13, 15,
4).
— Voir: Moréseth.
MARIAGE.
Chez les Hébreux, comme en
général chez les Orientaux, et de nos jours
encore, c'étaient les pères, et, à leur
défaut, les mères, qui arrangeaient seuls
les mariages de leurs enfants, de sorte
qu'il arrivait souvent que ceux-ci étaient
fiancés avant de s'être jamais vus.
Ordinairement la famille du fils faisait les
premières démarches, et offrait une dot pour
le prix de la jeune fille, vieille et
universelle coutume toujours justifiée par
les circonstances, que l'on retrouve chez
les Grecs de l'antiquité, chez les Germains,
les Babyloniens, les Assyriens, et
maintenant encore en Arabie et dans le
Kurdistan, ainsi que chez presque tous les
peuples de l'Asie. Cette dot variait
naturellement suivant la fortune et la
condition des familles: un minimum de 50
sicles est indiqué, Deutéronome 22:29, et
n'a pas même toujours été donné, Osée 3:2.
D'autres fois l'époux devait, par son
travail, mériter sa fiancée; d'autres fois
encore, celle-ci apportait elle-même quelque
portion de bien que son père lui donnait.
Qu'une femme eût à s'occuper de la recherche
d'un mari, c'était considéré, par les
Orientaux, comme une véritable calamité, et
c'est dans ce sens qu'on peut comprendre
Ésaïe 4:1. Le consentement des frères,
notamment du frère aîné, paraît avoir été
aussi requis pour le mariage de leurs sœurs.
Le contrat était passé verbalement entre les
parents en présence de témoins; quelquefois
le serment intervenait, Malachie 2:14; ce ne
fut que plus tard, après les jours de
l'exil, que les contrats par écrit furent
connus. On trouvera ces détails sur le
mariage chez les Hébreux, Genèse 21, 24, 29,
34, et 38; Exode 22; Deutéronome 22; Josué
15; Juges 1, et 14; 1 Samuel 18; 2 Samuel 3;
1 Rois 2, et 3; Tobie 7; cf. Iliad. 11, 224.
Odyss. 3, 281; 8, 318. Tac. Germ. 8;
Hérodote 1, 196; 6, 127. Diod. de Sicile, 4,
42; 64.
Il était, jusqu'à certain point, permis à un
homme d'avoir plusieurs femmes,
— Voir: Concubines, et Polygamie.
Les mariages étaient défendus, d'abord entre
les Israélites eux-mêmes, dans certains cas
de proche parenté, par consanguinité ou par
alliance, Lévitique 18 et 20, Deutéronome
27, Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 3,
12, 1, et cette prohibition avait pour
sanction, quelquefois la peine de mort,
d'autres fois une simple peine théocratique,
la privation d'enfants, soit qu'on doive
l'entendre d'un simple vœu de malédiction
prononcé par le législateur, soit que Dieu
rendît tout inceste stérile, soit enfin que
la loi refusât de reconnaître ces enfants
comme légitimes. Une pareille défense
reposait sur le besoin de garantir les
familles qui eussent été trop facilement
envahies par l'impureté, de protéger les
filles et les sœurs contre des passions
qu'un contact habituel, intime et familier,
eût embrasées facilement si le mal n'eût été
coupé d'avance dans sa racine, et si les
esprits n'eussent été détournés par une loi
positive, de nourrir avec complaisance un
amour plutôt sensuel et voluptueux que
conjugal; c'était, en outre, une barrière de
plus, élevée entre le peuple juif et les
nations qui l'entouraient, depuis l'Égypte
jusqu'à la Syrie, où les mariages entre les
plus proches parents n'étaient pas rares: la
Grèce et l'Italie avaient déjà, sous ce
rapport, des mœurs moins relâchées. On ne
peut guère s'expliquer comment la princesse
Tamar peut parler de la possibilité d'une
union entre elle et son beau-frère Amnon, 2
Samuel 13:13: ce n'était peut-être, dans sa
bouche, qu'un moyen de chercher à se
soustraire à ses violences.
— On voit, du reste, par Ézéchiel 22:11, que
les Israélites ne respectèrent pas toujours
cette loi morale, et cela n'a rien
d'étonnant lorsqu'on songe à tous les autres
crimes auxquels les poussa leur sensualité
orientale. Les Hérodes, en particulier, ne
se firent pas faute d'alliances défendues,
et l'on en voit un épouser la fille de son
frère, Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques
12, 4; 6; 17, 1; 3; etc, cf. Matthieu 14:4.
Tacit. Hist. 5, 5. 2. On se montra lâchement
tolérant avec les prosélytes, et, sous
prétexte que pour eux les liens du sang
avaient été rompus par leur conversion, on
leur permit des alliances monstrueuses, cf.
1 Corinthiens 5:1.
— Sur les conditions relatives au mariage
des prêtres,
— Voir: cet article.
— Les tribus pouvaient s'allier l'une à
l'autre; il n'y a qu'une seule restriction à
cet égard, relative aux héritières, qui
devaient se marier dans leur tribu pour
maintenir intacte la division des propriétés
et des territoires, Nombres 36:6; cf. Tobie
4:3 (Une disposition semblable existait chez
les Athéniens). On remarque enfin que, dans
l'antiquité juive, comme de nos jours encore
en Orient, les familles aimaient à maintenir
leur unité par des mariages contractés entre
parents aux degrés autorisés, Genèse
24:4,48; 26:34; 28:1,8; 29:19; pour les
patriarches, un motif religieux se joignait
aux motifs x d'affection; ils tenaient et
devaient tenir à ce que la vérité divine,
qui leur avait été confiée, ne fût pas
altérée par le contact de femmes païennes et
idolâtres; la même chose se voit encore en
France ou des familles protestantes,
dispersées dans un grand nombre de villages,
sont presque toutes parentes entre elles, et
ne forment guère d'alliances au-dehors.
Les mariages entre les Israélites et les
Cananéens étaient de même formellement
prohibés, quoique les premiers pussent
épouser des femmes étrangères; les
Cananéennes seules étaient exclues, et les
autres devaient en outre être naturalisées,
Exode 34, Deutéronome 7 et 21, Genèse 24:3;
28:1; Ruth 1:4; 4:13; Nombres 12; 1
Chroniques 2:17; 1 Rois 3:1; 14:21, etc.
(cf. Juges 3:6; 14:1; 1 Rois 11:1; 16:31).
Mais après l'exil, un rigorisme nouveau et
légitime s'introduisit dans les mœurs; on
comprit que ces alliances étrangères,
quoique permises, tendaient à compromettre
la foi et le monothéisme; les prophètes, les
législateurs, le peuple se prononcèrent
énergiquement dans ce sens, Esdras 9:2;
10:3; Néhémie 13:23 (cf. Juges 3:6).
Sur un cas de mariage voulu par la loi,
— Voir: Lévirat.
De secondes noces n'étaient pas réputées
très honorables chez les Grecs et chez les
Romains, surtout de la part des femmes,
Virgile, Æneid. 4:23. Diod. de Sicile, 13,
12. Les Juifs pensaient de même, cependant
ils étaient moins prononcés, et les
pharisiens eux-mêmes avaient quelque
tolérance sous ce rapport; le prêtre Flavius
Josèphe, après avoir renvoyé sa première
femme, procéda sans scrupule à un second
mariage; mais on regardait cependant comme
plus conforme à la sainteté de la vie et au
respect dû à la femme de ne pas se remarier,
cf. Luc 2:36; 1 Corinthiens 7:8. Cette
question a été l'objet de vifs débats dans
l'Église primitive; elle a fini par être
résolue dans le sens naturel, l'Écriture ne
renfermant aucune prescription positive à
cet égard: les premières noces étaient
appelées lex (la règle), les secondes
jus (le droit), les troisièmes
avaient obtenu moins de faveur.
Les esséniens se distinguèrent par leur
mépris pour le mariage, et c'était se
distinguer, en effet, au milieu d'un peuple
qui regardait la vie de famille, non
seulement comme honorable, mais comme
ordonnée de Dieu, Genèse 1:28; cf. 1
Timothée 4:3. L'âge de dix-huit ans était
fixé par les rabbins pour le mariage d'un
homme; une femme pouvait se marier depuis
douze à treize ans, et devait le faire au
plus tôt.
Quelques récits ou paraboles du Nouveau
Testament renferment des allusions aux
coutumes pratiquées par les Juifs dans les
noces et dans les fiançailles, ainsi Luc 14,
Jean 2, Matthieu 25 et 22, cf. Psaumes 45,
Juges 14, Ézéchiel 16:12, etc. W. Jowett's
missionary researches; miss Sardoe, City of
the sultan; Hartley's Christian Researches;
Maltby, Coutumes bibliques, Lamartine,
Chateaubriand, etc.
— Voir: encore les articles Adultère,
Divorce, Laban, Ève, Femme, etc.
MARIE
(hébreu Mireyam, leur rébellion).
-
La sœur aînée de Moïse et d'Aaron, fille ou descendante comme eux de Hamram et de Jokébed, de la tribu de Lévi, Nombres 26:59. 1 Chroniques 6:3. Elle veilla sur le sort de son plus jeune frère déposé dans un coffret de jonc parmi les roseaux du Nil, Exode 2, et sut avec autant de grâce que de présence d'esprit, rendre à sa mère le fils qu'elle croyait perdu. Plus tard elle mérita le titre de prophétesse, et rassemblant sur l'autre rive de la mer Rouge les femmes d'Israël au son du tambourin, elle chanta un cantique de délivrance et les actions merveilleuses de l'Éternel en faveur de son peuple, Exode 15. Une tache apparaît dans sa vie et s'ajoute à tous les exemples qui prouvent que les personnes les plus saintes sont encore sujettes à faillir; elle eut avec sa belle-sœur, la femme de Moïse, une contestation dont l'écrivain sacré ne nous dit pas la nature; peut-être que jalouse de l'autorité de Moïse, et n'osant l'attaquer directement, elle reproche à la femme cusite sa qualité d'étrangère, afin de faire rejaillir sur son frère la honte d'une alliance anti-théocratique et indigne de lui. Aaron se joignit à sa sœur, ils parlèrent mal de Moïse, s'élevèrent contre son autorité, et se prévalurent des grâces que Dieu leur avait faites pour méconnaître le pouvoir législatif et civil que Dieu n'avait donné qu'au seul Moïse. Leurs paroles répétées dans le camp risquaient d'être accueillies avec trop d'empressement par les Israélites toujours disposés à se révolter contre leur chef, et Dieu ne fit pas attendre son jugement; Marie et ses frères durent comparaître au tabernacle d'assignation, et la vengeance divine frappa d'une lèpre subite la sœur qui, dans son âge avancé, n'avait pas craint de troubler par ses médisances la paix d'une famille, et par son ambition l'ordre du camp d'Israël, Nombres 12, cf. Deutéronome 24:9. Mais à la requête de Moïse, la santé lui fut rendue, elle fut nettoyée de la lèpre, et les formalités nécessaires à la purification des lépreux, un exil de sept jours hors du camp, furent la seule peine de sa révolte. Elle mourut au désert de Tsin, quelque temps avant la fin du grand voyage, après avoir vécu cent vingt ans avec le frère dont elle avait été la jeune libératrice; on peut croire qu'elle avait au moins cent trente ans. Flavius Josèphe la fait épouse de Hur l'ami de Moïse.
— Quelques auteurs rapportent à la mort très rapprochée de Marie et de ses deux frères ce qui est dit Zacharie 11:8. «Je supprimai trois pasteurs en un mois, car mon âme s'est ennuyée d'eux.» Les noms de ces trois grandes autorités sont rappelés et réunis, Michée 6:4; mais il ne paraît pas que Marie ait joui elle-même d'une autorité autre que l'autorité naturelle que lui donnaient ses relations d'intime parenté avec le chef et le souverain pontife d'Israël.
— Eusèbe dit qu'on montrait encore de son temps le tombeau de Marie à Kadès.
-
Marie, fille de Méred, inconnue, 1 Chroniques 4:17.
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Marie, fille d'Héli et mère de Jésus: épouse fiancée à Joseph, mais encore vierge, elle vit s'accomplir en elle les antiques promesses faites à la maison de David, et servante de l'Éternel, cette humble femme donna la nature humaine à celui qui, à la fois homme et Dieu, devait délivrer les hommes de leurs péchés en vivant et en mourant pour eux. Dans une visite à sa cousine Élisabeth, qui portait comme elle en son sein un gage de la faveur divine envers elle et envers tous les hommes, elle composa le cantique si humble et si triomphant qui porte son nom, et qui rappelle les paroles d'Anne, la mère de Samuel; puis lorsque le moment de la délivrance de sa cousine fut proche, Marie revint à Nazareth où elle habitait, et où elle se proposait d'attendre dans la retraite les jours de sa gloire; mais l'oracle de Michée, 5:2, devait s'accomplir, et César Auguste, en ordonnant le recensement de la Judée, contraignit Joseph de se rendre à Bethléem, où Marie le suivit, soit qu'elle ne voulût pas se séparer de son époux dans les circonstances où elle se trouvait, soit qu'elle dut aussi, comme fille unique, héritière et propriétaire d'un immeuble dans sa tribu, se présenter elle-même au lieu où elle possédait. Mais son terme était accompli, elle enfanta dans une étable son fils premier-né, qui n'eut qu'une crèche pour berceau, et dont la royauté terrestre ne devait pas avoir un lieu où reposer sa tête. Cette humble fin de tant de glorieuses espérances devait être une déception pour Marie, qui ne comprenait pas encore la nature de la gloire et de la grandeur de Jésus; mais les manifestations célestes qui présidèrent à défaut de pompes terrestres à la naissance de l'enfant, furent pour la mère un enseignement qu'elle garda dans son cœur et qui lui devint clair plus tard, bien qu'elle soit restée de longues années encore avant de comprendre les mystères qui l'entouraient (Luc 1, et 2,). Après avoir vu les mages d'Orient s'humilier aux pieds de son fils, et lorsqu'elle eut accompli les quarante jours de purification exigés des jeunes mères par la loi de Moïse, Lévitique 12:2, les jours de tribulation commencèrent pour elle; divinement avertie, elle partit pour Jérusalem, où elle offrit dans le temple le sacrifice des relevailles, et le vieux Siméon, heureux de tenir dans ses bras le gage de la rédemption d'Israël, bénit son jour, mais ne cacha point à Marie les peines qu'elle aurait à souffrir et l'épée qui devait percer son âme. Elle passa de Jérusalem en Égypte, où elle attendit la mort du tyran qui eut lieu dans le courant de la même année. Lorsque Jésus eut atteint l'âge de douze ans, sa mère, qui se rendait selon l'usage à Jérusalem pour y célébrer la Pâque, le perdit de vue et ne le retrouva qu'après trois jours de recherches; usant de son autorité maternelle, elle crut pouvoir adresser à l'enfant de tendres reproches, expression des inquiétudes auxquelles elle avait été en proie, mais elle ne comprit pas la réponse du Messie, sa justification et la revendication de ses droits dans l'exécution de ses devoirs. Il ne paraît pas même que dans les dix-huit années qui suivirent, elle ait fait des progrès dans la connaissance et dans l'intelligence de la vérité éternelle, car aux noces de Cana, où nous la retrouvons pour la première fois après ce long intervalle, elle s'attire de la part du Sauveur des paroles où l'on est obligé de reconnaître quelque dureté, Jean 2:1-4. (cf. Juges 11:12; 2 Samuel 19:22; 2 Rois 9:18, etc.); c'est ainsi que l'ont entendu les pères de l'Église les plus distingués, Chrysostôme, Augustin, Théophylacte, Origène et Calmet lui-même. Marie n'eut jamais aucune part au ministère de son fils, et lorsque Jésus fut appelé, soit par une folle béatification que l'on voulait faire de sa mère, soit à propos d'une interruption qu'elle occasionna en se présentant avec ses autres fils pendant que la foule, attentive à ses discours, l'environnait et l'écoutait avidement, à parler de celle à qui il devait son corps et sa nature humaine, ce fut pour répondre la première fois: «mais plutôt heureux ceux qui entendent la parole de Dieu et qui la pratiquent, Luc 11:28,» et la seconde fois: «Qui est ma mère et qui sont mes frères? quiconque fera la volonté de mon père qui est aux cieux.» Matthieu 12:48; Marc 3:35; Luc 8:21.
— Cependant l'époque où le Fils de l'homme devait être glorifié, approchait; Marie toujours bornée dans ses espérances, dans ses désirs et dans ses vues sur la grandeur de son fils à qui un trône était promis, n'était pas préparée aux scènes douloureuses dont elle devait être témoin; elle monta encore de Nazareth à Jérusalem pour y faire la Pâque, et l'oracle de Siméon s'accomplit, qui lui avait annoncé qu'une épée percerait son âme; elle accompagna vers le lieu du supplice le fils qu'elle avait tant aimé sans le comprendre; elle se tenait là avec ses pieuses compagnes; elle regardait de loin, Matthieu 27:55; Marc 15:40; Luc 23:49, et s'étant approchée pour recueillir en silence le dernier soupir du Juste condamné, elle eut le bonheur d'entendre encore sa voix qui la recommandait au disciple bien-aimé, léguant à celui-ci une mère, à celle-là un fils, Jean 19:26. Elle se retira en effet chez saint Jean, et la tradition porte qu'elle passa onze années sous son toit hospitalier; son nom se retrouve, Actes 1:14, avec celui des disciples réunis en prières après l'ascension du Christ ressuscité; dès lors il n'en est plus question ni directement, ni indirectement dans aucun des livres du Nouveau Testament, dans aucune des vingt et une épîtres, qui traitent cependant de tous les dogmes et de toutes les vérités religieuses, non plus que dans la description que saint Jean (Apocalypse) nous fait de la demeure des bienheureux. Le silence de l'Écriture sous ce rapport, est la meilleure réponse à la doctrine mariolâtre de l'Église romaine. On ne sait, ni où, ni quand mourut Marie, mais elle devait avoir plus de soixante ans; on ne sait pas non plus comment les papistes ont pu se procurer tout le lait qu'ils montrent de la sainte Vierge, et comme dit Calvin, elle eût été vache, et nourrice toute sa vie, que l'on comprendrait encore difficilement la prodigieuse quantité que l'on en vend en tant de lieux. Il est affligeant pour le christianisme que M. de Chateaubriand ait osé parler de cette beauté qui s'interpose entre Dieu et les hommes; nous voulons aussi appeler Marie bienheureuse, mais c'est parce-qu'elle a été reçue en grâce, parce qu'elle a eu un Sauveur; le silence des livres saints, aussi bien que la manière dont ils parlent de Marie, quand ils le font, doit nous rappeler qu'un seul est adorable, qu'un seul est intercesseur. Sur la question de controverse,
— Voir: A. Bost, Adoration de Marie; Malan, Comment pourrais-je, etc.; Puaux, Anat. du Pap.; Roussel, Portrait de Marie, et plusieurs autres ouvrages et brochures.
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Marie Magdeleine (— Voir: Magdala), Matthieu 27 et 28, Marc 15 et 16, Luc 8:23, et 24, Jean 19 et 20. Elle est toujours, sauf Jean 19:25, nommée la première parmi les pieuses femmes qui accompagnaient le Christ et qui le soutenaient de leurs dons, même avant la femme de Chuzas intendant d'Hérode, et l'on en a conclu qu'elle appartenait probablement à la haute classe de la société, et qu'elle jouissait d'une fortune assez considérable; rien du moins ne peut faire croire le contraire. Elle fut délivrée par la puissance du Sauveur, de sept esprits immondes dont elle était possédée, et cette délivrance fut pour elle une naissance nouvelle; dès lors, pleine de reconnaissance, elle se dévoua sans réserve à son maître, et le suivit jusqu'au calvaire et dans le jardin de Joseph. Elle voulut contribuer ou pourvoir aux dépenses de l'embaumement, et se rendit de bonne heure au tombeau le lendemain du sabbat; mais la pierre était roulée, et le corps n'y était plus. Les femmes qui n'ont pas encore aperçu les anges gardiens, s'inquiètent et s'étonnent; Marie court à Jérusalem avertir les apôtres (Jean 20), et revient au sépulcre, où elle ne trouve plus personne que les deux anges qu'elle ne reconnaît pas, et à qui elle confie le secret de son angoisse; et quand Jésus lui-même s'approche, encore toute troublée, elle le prend pour le jardinier, le supplie de lui rendre le corps de son maître, et ne le reconnaît que lorsque sa voix bien connue et pénétrante, l'appelle de son nom, Marie! Elle se jette alors à ses pieds, qu'elle embrasse en s'écriant: Rabboni! mon maître! Mais il la relève et lui dit: ne me touche point, car je ne suis pas encore monté vers mon père (verset 17); paroles difficiles à comprendre, et dont on ne peut espérer de percer l'obscurité: peut-être renferment-elles un reproche à Marie sur son incrédulité: «Tu n'as pas besoin de me toucher, tu peux être sûre que je vis encore;» peut-être une exhortation, «ne perds pas de temps, et va dire à mes frères que je vis», ou bien, «ne te préoccupe pas de mon corps, il n'est pas encore glorifié, il est charnel, et tes regards doivent s'élever plus haut;» peut-être enfin n'est-ce qu'une parole d'amitié, «tu n'as pas besoin de m'adorer, je suis encore le Fils de l'homme, l'un des vôtres;» ou bien, «calme ta joie, nous nous reverrons encore avant que je monte vers mon père, ce qui ne tardera cependant pas», (cf. Calvin, Bèze, Tholuck, Olshausen, etc.)
— Ici s'arrête son histoire; la tradition ajoute, mais sans le moindre fondement, que c'est elle qui, pauvre pécheresse, après une vie d'impuretés, trouva son pardon aux pieds de Jésus qu'elle oignait de nard pur en les arrosant de ses larmes, Luc 7:37; l'art s'est emparé de ce nom, et rien n'est plus commun en poésie et en peinture, que les pécheresse Madeleine, et les Madeleine repentante; il suffit de se rappeler qu'avant sa conversion elle était affligée d'infirmités qui ne pouvaient se concilier avec les désordres de conduite qu'on lui prête; la pécheresse d'ailleurs était de Naïn et non de Magdala. La tradition (Nicéphore), fait encore venir Marie Madeleine à Rome, et raconte qu'après avoir porté plainte contre Pilate, elle se retira dans les Gaules comme évangéliste, mais rien ne le prouve, et il est plus que vraisemblable que ce n'est qu'un conte.
— Le caractère de Marie Madeleine est un des plus purs portraits de femme du Nouveau Testament; il ne présente pas les mêmes taches que celui de la mère du Sauveur, et son amour pour le maître est empreint de plus d'intelligence, de plus d'élévation, et si on peut le dire, d'un christianisme plus évangélique.
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Marie, femme d'Alphée ou Cléopas, Jean 19:25, et mère de Jacques le Mineur, de Joses, de Simon et de Jude. Elle était sœur de la mère de Jésus, et compta parmi les pieuses femmes qui assistèrent le Sauveur pendant sa vie, le suivirent au Calvaire, se rendirent au sépulcre pour l'embaumer, et annoncèrent sa résurrection aux apôtres, Matthieu 27 et 28, Marc 15 et 16, Luc 23 et 24. Trois de ses fils devinrent apôtres, Joses seul ne le fut pas. D'après d'autres passages, ces quatre enfants auraient été fils de Marie, femme de Joseph, Matthieu 13:55; Marc 6:3, et l'apôtre Jean, 7:5, leur rend le triste témoignage qu'ils ne croyaient pas en Jésus;
— Voir: Jacques.
Sur cette question à laquelle les romanistes ont donné plus d'importance qu'elle n'en a réellement, nous croyons qu'un mot peut suffire; Jésus était le fils unique du Père, il n'est pas le fils unique de Marie, mais son premier-né, Matthieu 1:25; Luc 2:7. Ceci est positif, peu importent les noms de ses frères; et si les deux sœurs, si les deux Marie ont porté le même nom, il est possible qu'elles aient aussi donné à leurs enfants des noms semblables.
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Marie, sœur de Lazare et de Marthe, Luc 10:39; Jean 11 et 12. Dans une visite, peut-être la première, que Jésus fit à la famille de Béthanie, Marie était assise aux pieds du Sauveur, écoutant sa parole, et se réjouissant de la vérité; Marthe, plus vive, plus extérieure, et s'occupant de recevoir de son mieux un hôte, si cher et si vénéré, voyait avec impatience le calme de sa sœur, mais Jésus rendit à celle-ci ce beau témoignage: «Marie a choisi la bonne part qui ne lui sera point ôtée», parole qui se rapportait tout ensemble à la bénédiction du moment, et aux bénédictions à venir, à l'avantage de recueillir les instructions du maître, et au salut qui devait en découler pour la femme disciple.
Lorsque Lazare fut mort, Marthe courut au devant du Seigneur; Marie l'attendait, mais quand elle sut que Jésus la demandait, elle s'empressa de se rendre à son invitation, et se jetant à ses pieds, sans beaucoup de raisonnements ou de paroles, elle dit seulement: Seigneur, si tu eusses été ici, mon frère ne serait pas mort. Au tombeau de son frère, oppressée peut-être par la douleur, en même temps qu'agitée par l'espérance, et soutenue par la foi, elle garda le silence, mais un silence plus significatif que toutes les paroles de sa sœur. Peu de jours après la résurrection de son ami Lazare, Jésus étant encore à Béthanie où tant de souvenirs et tant d'affections l'attiraient, il fut invité à un repas chez Simon dit le lépreux: là, Marie qui célébrait avec les autres convives la résurrection de son frère, sut plus qu'eux tous, plus même que les apôtres, rendre la gloire à celui à qui appartient la gloire, et répandit sur la tête et sur les pieds du Sauveur un parfum précieux qui avait été destiné peut-être à la sépulture de Lazare, et essuya de ses cheveux les pieds qu'elle venait d'honorer ainsi. Un témoignage si naturel de reconnaissance fut cependant mal compris et mal interprété; plusieurs disciples s'indignèrent, et Judas forma le projet de livrer son maître; mais Jésus justifia la pieuse chrétienne, et profita de cette circonstance pour rappeler aux siens que dans peu de jours il marcherait lui-même à la mort, et que son corps réclamerait à son tour les honneurs de la sépulture que Marie venait de lui rendre d'une manière anticipée et sans le savoir.
— Cette onction des pieds de Jésus ne doit pas être confondue avec celle qui est racontée Luc 7:37; sq. Dans l'une et l'autre occasion, du reste, c'est un personnage autre que le chef de la maison qui donne à Jésus cette preuve d'hommage et d'amour; on ne saurait donc y voir l'acte ordinaire de la politesse et de l'hospitalité dont il fallait user avec tous les convives, mais un témoignage extraordinaire de reconnaissance et de dévouement,
— Voir: Bonnet, Famille de Béthanie, et le Sermon de Saurai sur ce texte.
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Marie, mère de Marc, et ainsi tante de Barnabas, Actes 12:12; cf. Colossiens 4:10. C'est dans sa maison que Pierre se rendit après être échappé de la prison, parce qu'il était sûr d'y rencontrer plusieurs frères qui s'y réunissaient ordinairement pour prier. Elle n'est connue que par ce détail, mais on en conclut qu'elle jouissait d'une certaine considération auprès des apôtres, et que peut-être elle était riche, et membre d'une famille distinguée.
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Marie, femme disciple de Rome, à laquelle Paul rend un beau témoignage, Romains 16:6, mais du reste inconnue.
MARTHE,
sœur de Lazare et de Marie, Luc 10:38,40; Jean 11:1,5,20; 12:2. Active, résolue, et plus intelligente d'abord des intérêts de la terre que de ceux du ciel, elle met de l'empressement à bien servir Jésus qui vis ite sa famille; elle veut l'honorer, mais elle s'y prend mal, et le Seigneur doit justifier Marie en adressant à sa sœur ces paroles d'un reproche bienveillant: Marthe, Marthe, tu t'inquiètes et t'agites pour beaucoup de choses; mais une seule est nécessaire; or, Marie a choisi la bonne part qui ne lui sera point ôtée. À la mort de Lazare, Marthe montre le même empressement extérieur; elle accourt au devant du Christ, et le reçoit avec des paroles douloureuses en même temps que pleines de confiance. Prompte à répondre, elle veut toujours paraître avoir compris, et quand le Seigneur lui annonce la résurrection de Lazare, elle répond: Oui, je sais qu'il ressuscitera au dernier jour: mais quand le Seigneur eut déclaré qu'il était lui-même la résurrection, elle confessa franchement sa foi, et rendit témoignage à l'esprit qui l'animait. Sa profession rappelle celle de Saint Pierre, comme son caractère celui de cet excellent apôtre. Enfin, près du tombeau, dans son zèle peu sage, elle fait remarquer que le corps sent déjà, et si ses scrupules eussent été écoutés, Lazare fut resté dans le sépulcre; à force d'une fausse prévenance pour le Seigneur, elle eût rendu à la mort celui qui devait ressusciter à la gloire de celui qui est la vie. D'anciennes traditions portent qu'elle était veuve de Simon le lépreux, et qu'elle passa plus tard dans les Gaules avec son frère Lazare. Son caractère qui est assez généralement jugé d'une manière défavorable, doit au contraire être relevé; trop vif sans doute il a les défauts de la vivacité, mais il en a aussi les avantages; très accessible à toutes sortes d'impressions, Marthe ne garde que les bonnes; elle aime à servir, à se dévouer, et si elle est sans connaissance, au moins elle a du zèle, et c'est quelque chose. Notre Seigneur l'a quelquefois blâmée, mais il ne lui a pas retiré son affection, et ses leçons n'ont pas été perdues pour son humble servante. Sans aller aussi loin que Schulthess qui met Marthe beaucoup au-dessus de Marie, on peut, je crois, ne pas la mettre beaucoup au-dessous; il y a diversité de dons; chez Marie, on remarque plus la foi, chez Marthe, les œuvres.
MASRÉKA.
chef de famille, et tribu ou ville des Édomites, Genèse 36:36; 1 Chroniques 1:47.
MASSA
(tentation),
— Voir: Méribah.
MATTAN,
sacrificateur de Bahal sous le règne impie d'Hathalie, fut tué devant les autels de ses dieux, lorsque le peuple revenu à lui-même rendit à Joas le trône de ses pères, 2 Rois 11:18; 2 Chroniques 23:17. À la fois prêtre de divinités étrangères et soutien d'une couronne usurpée, il périt selon les menaces de la loi, Deutéronome 18:20; Exode 22:20.
MATTANA,
un des campements des Israélites dans le désert; u était près des frontières de l'Arabie et de Moab. Nombres 21:18.
MATTHAN,
un des ancêtres de Jésus par Joseph, Matthieu 1:15, inconnu.
MATTHANIA,
— Voir: Sédécias.
MATTHAT,
deux hommes de ce nom, Matthata, et deux Matthatie, ancêtres de Jésus par Marie, mais inconnus, Luc 3:24-26,29,31.
MATTHIAS,
Actes 1:23; l'un des deux
disciples que les apôtres choisirent, et sur
lesquels ils jetèrent le sort pour trouver
le successeur de Judas Iscariote.
Quelques-uns pensent que c'est le même que
Nathanaël, Jean 1:45. Il résulte des paroles
de saint Pierre, Actes 1:21-22, que Joseph
et Matthias avaient été au nombre des
soixante-dix disciples, et l'honneur que
leur font les apôtres prouve que ces deux
hommes s'étaient distingués dans leur
mission par leur foi, leur zèle et leur
piété. Matthias fut élu et admis au nombre
des douze, mais il reste dès lors ignoré, et
c'est une question de savoir si les apôtres,
en procédant comme ils ont fait, ont agi par
l'esprit de Christ; saint Paul, qui ne se
montre que plus tard, apparaît comme étant
véritablement le douzième apôtre, appelé par
le Seigneur lui-même à compléter le collège
apostolique, et devenant le plus puissant
instrument dans la main de Dieu. L'auteur
sacré ne paraît pas jeter le moindre blâme
sur cette élection par le sort, et nous
voyons qu'elle fut précédée de la prière,
mais il faut se rappeler aussi que les
apôtres n'avaient pas encore reçu l'effusion
du Saint-Esprit, et que leurs actes
officiels n'avaient par conséquent pas
toujours à cette époque une sanction divine
et spirituelle. Si donc c'est une question,
ce n'est que cela, et personne ne peut la
trancher, ni en blâme, ni en approbation.
— Eusèbe et Clément d'Alexandrie mentionnent
un ou deux ouvrages apocryphes de Matthias,
un évangile, et peut-être des mémoires; les
traditions varient sur son genre de mort:
quelques-uns disent qu'il évangélisa la
Judée et que les Juifs le lapidèrent;
d'autres lui font souffrir le martyre en
Éthiopie, d'autres enfin prétendent qu'il
fut décapité en Macédoine.
MATTHIEU, ou Lévi,
aussi nommé Lévi, était
fils d'Alphée, probablement d'un premier
mariage de ce disciple. Quoique Hébreu, il
exerçait à Capernaüm les fonctions de
publicain, si méprisées et si détestées des
Juifs, qu'ils alliaient presque toujours
ensemble les noms de péagers et de gens de
mauvaise vie: on peut croire par la grandeur
du repas qu'il offrit à Jésus, et par le
nombre des convives invités, qu'il était
riche, comme l'étaient presque tous ceux qui
exerçaient la même profession. Il était
assis devant le bureau du péage quand le
Sauveur le vit et l'appela; comme André,
comme Pierre, comme les fils de Zébédée, il
suivit le Seigneur sans hésiter, et
abandonna ses biens et l'emploi dont il
était revêtu. Le jour même, ou quelque temps
après, il réunit dans un grand repas
plusieurs de ses amis, afin de leur fournir
l'occasion d'entendre le Seigneur, et son
nom ne se retrouve plus qu'avec ceux des
frères qui se réunirent pour prier après que
Jésus fut remonté vers son père, Matthieu
9:9; 10:3; Marc 2:14; 3:18; Luc 5:27; 6:15;
Actes 1:13.
Saint Matthieu est généralement regardé
comme l'auteur de l'évangile qui
porte son nom, mais on n'est pas d'accord
sur la langue dans laquelle ce livre a été
d'abord écrit, si ce fut en hébreu, en
syro-caldéen ou en grec. La question est
très ardue et difficile à résoudre, tomme
évidemment cet évangile a été écrit pour les
Juifs, il serait assez naturel de penser
qu'il fut écrit en hébreu ou en
syro-caldéen, dans la langue parlée par ceux
auxquels il s'adressait; mais comme d'un
autre côté l'on n'a jamais trouvé un seul
manuscrit hébreu, et que d'ailleurs le texte
grec a tous les caractères d'un travail
original et non d'une traduction, la force
de la première présomption en est
considérablement affaiblie; Matthieu,
receveur des péages, devait savoir le grec,
et les derniers travaux faits en Allemagne
et ailleurs, semblent militer fortement en
faveur d'un texte primitif grec, ou du moins
d'un texte écrit en grec par saint Matthieu.
On peut, avec Olshausen, reconnaître que le
témoignage de presque tous les pères qui
touchent ce sujet, est pour un texte
syro-caldéen, et admettre en même temps que
saint Matthieu a lui-même traduit son
ouvrage en grec, afin de le mettre à la
portée d'un plus grand public; la langue
grecque étant plus répandue, les manuscrits
dans cette langue auront été plus nombreux,
plus usités, et auront fini par absorber
entièrement les copies hébraïques qui ne
pouvaient avoir d'utilité que pour les
chrétiens d'entre les Juifs, presque
toujours en minorité dans la plupart des
Églises (Olsh., Histoire des Évangiles p.
19). Quelques auteurs modernes, notamment
Schleiermacher et De Wette, ont voulu
refuser à l'évangile, tel que nous le
possédons, un caractère apostolique; ils
s'appuient en particulier sur des indices
extérieurs, et ceux-là sont précisément de
ceux qui nous paraissent parler le plus haut
en faveur de l'inspiration divine de cet
ouvrage, que l'antiquité chrétienne a placé
en tête des livres du Nouveau Testament.
Quant au lieu et à l'époque de la rédaction,
l'on ne peut que conjecturer avec un plus ou
moins grand degré de certitude, sans rien
déterminer; les notices de la tradition sur
la vie et sur l'activité de cet apôtre sont
si vagues et si contradictoires, que tout ce
qui s'y rattache doit aussi rester dans le
vague: les uns le font mourir en Palestine,
d'autres en Éthiopie, d'autres en Syrie ou
en Perse; il mourut de mort naturelle selon
Nicéphore, et martyre selon Isidore,
Ambroise, etc. Le plus probable si l'on
considère les caractères intérieurs de son
évangile, c'est qu'il écrivit en Palestine,
à Jérusalem peut-être, et avant la
destruction de cette grande ville, dont il
annonce la ruine comme prochaine (24:1;
sq.); ce serait entre 60 et 70.
Il s'attache essentiellement à présenter
Jésus comme le Christ, le Messie promis, le
roi qui doit monter sur le trône de David,
le grand prophète, Deutéronome 18:18, le
législateur et le juge; il se tient, autant
que possible, aux prophéties de l'Ancien
Testament, et son langage, sa manière de
parler, est celle d'un Juif parlant à des
Juifs de leurs communes espérances dont il a
vu l'accomplissement; sa conclusion est en
parfaite harmonie avec son commencement; il
montre s'élevant vers les cieux comme Roi
celui qui en était descendu pour pardonner.
Simple et sans apprêt, il ne se laisse pas
lier par l'ordre chronologique, et il groupe
volontiers des événements, des discours ou
des paraboles qui ont un même but, qui
doivent produire un même effet, alors même
qu'ils ont été séparés dans l'action. Seul
il donne avec quelques détails l'histoire de
l'adoration des mages, avec quelque suite le
sermon sur la montagne, avec un plan
déterminé les paraboles du royaume; beaucoup
plus que les autres il cite l'Ancien
Testament. Comme on l'a dit ailleurs,
Matthieu a un caractère moins universel,
moins catholique que saint Luc, et il arrête
la généalogie du Sauveur à Abraham au lieu
de la faire remonter à Adam; il est moins
homme qu'il n'est Juif. La grandeur n'est
pas pour cela étrangère à son récit; au
contraire; il cherche partout l'esprit, et
s'embarrasse peu des détails et de la forme;
les faits ne sont pour lui que l'accessoire
de la pensée, et souvent il est bref là où
les autres évangélistes ne craignent pas
d'être abondants. Partout il est plein de la
grandeur de son maître, et il la comprend
d'autant mieux qu'il la cherche dans le ciel
et non point sur la terre; il contraste avec
le messianisme charnel de ses compatriotes
qui attendaient un roi comme en ont les
autres peuples, mais il ne s'élève pas au
spiritualisme de saint Jean, que les anciens
avaient appelé l'évangile spirituel par
opposition à celui de saint Matthieu qui
était pour eux l'évangile corporel; non
point qu'ils le missent au-dessous, ou
qu'ils lui refusassent l'inspiration divine,
mais comme en Christ il y avait deux
natures, et qu'on pouvait l'envisager sous
diverses faces, ils désignaient ainsi le
point de vue différent auquel s'étaient
attachés ces deux évangélistes; Matthieu a
dit la vie du Sauveur, il est
essentiellement historien.
MÉCHONA,
ville de la tribu de Juda, Néhémie 11:28; peut-être le bourg de Méchanus dont parle Jérôme, qui était situé entre Éleuthéropolis et Jérusalem.
MÉDAD,
— Voir: Eldad.
MÉDÉBAH,
ville frontière de la tribu de Ruben, Josué 13:16. Les Hébreux l'avaient prise sur les Hammonites, mais elle avait d'abord appartenu aux Moabites, qui la reconquirent plus tard, Nombres 21:30; 1 Chroniques 19:7; Ésaïe 15:2. Eusèbe la place dans les environs d'Hesbon et Burckhardt en a encore trouvé les ruines à 8 lieues de cette ville.
MÉDECINE.
La première fois que cet art est mentionné dans l'Écriture sainte, c'est Genèse 50:2, en parlant du corps de Jacob que Joseph fit embaumer par les médecins: l'Égypte, alors la terre classique de toute les sciences, était célèbre dans le monde païen par ses secrets merveilleux, et par l'habileté de ses jongleurs, de ses prêtres et de ses médecins, à guérir les malades ou à les embaumer s'ils venaient à mourir, Hérodote 2, 84. Odyss. 4, 229. Diod. de Sicile, 1, 82. Les Hébreux, et Moïse en particulier, pendant le séjour d'Égypte, avaient pu s'initier aux connaissances égyptiennes, et ils en avaient profité; l'on voit par Exode 21:19, qu'ils étaient plus ou moins en état de soigner toutes sortes de maladies, naturelles ou accidentelles, et quelques auteurs ont voulu même attribuer à la science de Moïse ses préceptes sur le flux, la lèpre, les animaux purs ou impurs, etc. Dans le principe la médecine était surtout chirurgicale, se renfermant presque exclusivement dans le traitement des plaies, blessures ou affections extérieures; il y avait déjà depuis longtemps des sages-femmes pour aider de laborieux enfantements, Exode 1:15, et l'on peut croire que l'étude de cette inévitable souffrance avait commencé avec les douleurs elle-mêmes. Plus tard, les médecins hébreux, parmi lesquels on comptait plusieurs prophètes, continuèrent de pratiquer, en le perfectionnant, l'art de soigner les blessures, 2 Rois 4:21; 5:10; 8:7,9,29; 9:15; 20:7; Ésaïe 1:6; 38:1; sq. Ézéchiel 30:21; ils y joignirent la médecine proprement dite, le traitement des maladies internes, même des maladies de l'esprit, 2 Chroniques 16:12; 1 Samuel 16:16, mais sans donner à cette difficile science un bien grand développement. L'emploi des médecins, assez rare avant l'exil, 2 Chroniques 16:12; Jérémie 8:22, fut plus fréquent dans la suite, Marc 5:26; Luc 4:23; 5:31; 8:43; les esséniens en particulier, consacrèrent leurs loisirs soit à l'étude, soit au traitement des maladies. Le livre de l'Ecclésiastique (38:1-3), tout en ramenant à Dieu la guérison du malade, professe un grand respect pour la médecine «que Dieu a créée», dit-il. Les remèdes le plus ordinairement employés étaient l'huile, le baume, des bains, des eaux thermales et des emplâtres, Jérémie 8:22; 46:11; 51:8; 2 Rois 20:7; 5:10; Luc 10:34; Jean 5:2. Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 17, 6, 5. Parfois aussi, dans la méfiance qu'inspirait encore un art si jeune et si inexpérimenté, l'on avait recours à des devins ou magiciens, qui par leur rites superstitieux, leurs amulettes, leurs prières et leurs chants, devaient guérir les malades et notamment les possédés: c'est probablement l'emploi de remèdes de ce genre qui attira sur Asa le blâme et la peine qu'il encourut, et qui l'empêcha de se relever de son lit de maladie, 2 Chroniques 16:12; cf. 2 Rois 5:11; Jérémie 8:17. Une espèce de police de santé est instituée, Lévitique 13 et 14, contre la lèpre, et l'exercice en était confié aux prêtres; ils n'étaient pas chargés de guérir ou de nettoyer, mais d'inspecter et de constater la présence ou la guérison de cette hideuse maladie, Luc 17:14. D'autres prescriptions sanitaires étaient également établies par Moïse, relatives soit à la nourriture, soit aux purifications. D'après Lightfoot, un médecin particulier (medicus viscerum) aurait été attaché au service du temple, à cause des fréquentes indispositions et des refroidissements auxquels étaient exposés les prêtres, qui devaient remplir leurs fonctions nus-pieds.
MÉDIE, Mèdes.
Cette contrée, qui porte, dans
l'Écriture sainte, le nom du troisième fils
de Japhet, tirait son nom, suivant les
Grecs, de Médus, fils de Médée, qui fut
femme d'Égée, roi d'Athènes. Obligée de fuir
l'Attique, parce qu'on découvrit les
embûches qu'elle dressait à Thésée, elle se
retira dans le pays qu'on appelait alors
plus particulièrement Asie, et donna le nom
de Médes à ses habitants. La Médie n'a pas
toujours eu les mêmes limites: ses défaites
et ses victoires ont quelquefois apporté,
dans son étendue, de notables changements.
Elle touchait au nord à l'Arménie, dont elle
était séparée par l'Araxe, et bordait
ensuite le rivage méridional de la mer
Caspienne; à l'orient, était l'Asie
proprement dite; au midi, la Perse et la
Susiane; au couchant, l'Assyrie; elle était
comprise entre les 34-40° latitude nord, et
vers le 70° longitude. La partie
septentrionale, sur les cotes de la mer
Caspienne, était humide, froide, malsaine;
une chaîne de montagnes qui rejoignait plus
loin l'Anti-Taurus, la séparait du reste de
la Médie. Une peuplade rude, forte et
indépendante, habitait ces demeures sauvages
qui portent encore, de nos jours, le nom de
Masanderan ou Silan. Au sud, se
trouvait la Médie Atropatène,
séparée, à l'ouest, de l'Arménie par le mont
Caspius qui vient de l'Ararat, et resserrée,
au sud et au sud-est, entre les montagnes de
l'Oronte, qui traversent toute la Médie.
Cette contrée, maintenant presque tout
l'Aderbidschan, renfermait un grand nombre
de plaines et de vallées fertiles et bien
cultivées, dont le produit suffisait à
l'entretien de ses habitants; le nord seul
était froid et improductif. Un troisième
district, enfin, était la Grande Médie,
au sud-sud-est de l'Oronte, traversée par le
mont Zagrius, qui la sépare de la Perse à
l'ouest et au sud; des déserts la bornent à
l'est, et la mer Caspienne la met en
communication avec l'Hyrcanie et les
Parthes. C'est un plateau élevé, mais riche
en fertiles vallées et en gras pâturages; il
jouit d'un climat tempéré, salubre et
serein; son nom actuel est Irak-Adshemi. Sa
capitale était Ecbatane, q.v. Là se
trouvaient aussi Rages, ville bien connue
par l'histoire du jeune Tobie, et les
plaines de Nysa, célèbres par leurs nombreux
haras, d'où sortaient des chevaux très
estimés qui servaient aux rois et aux grands
de leur cour.
La Médie avait été d'abord une province de
l'empire d'Assyrie. Divisés en six tribus ou
peuplades, les Mèdes avaient été de bonne
heure assujettis par Ninus, qui en avait
fait une satrapie assyrienne; mais, après la
destruction du premier empire assyrien par
Arbace, ils s'affranchirent du joug; à
l'esclavage succéda la liberté, à la liberté
la licence, et l'anarchie fit regretter au
peuple le despotisme de ses rois. Quelques
historiens assurent qu'Arbace régna sur eux,
mais il n'en est pas fait mention dans
Hérodote, qui dit, au contraire, qu'ils se
donnèrent un roi de leur nation, et qu'ils
élurent, à cet effet, un simple juge de
village, Déjocès, fils de Phraortès, qui
était devenu, par sa réputation de probité,
l'arbitre de tous les bourgs. Après lui
vinrent Phraortès, Cyaxare et Astyage, et
les quatre, d'après Hérodote, régnèrent cent
cinquante ans. Eusèbe et Syncelle comptent
encore, avant Déjocès, quatre autres rois,
et portent à deux cent cinquante-neuf ans la
durée totale du règne des huit. Aucun des
premiers n'est nommé dans l'histoire sacrée,
où les Mèdes n'apparaissent que comme sujets
du roi d'Assyrie Salmanassar, 2 Rois 17:6,
au temps d'Hosée, roi d'Israël, 731 avant
J.-C. Plus tard, sous Nébucadnetsar, on les
voit indépendants et gouvernés par leurs
propres rois, Ésaïe 13:17; Jérémie 25:25;
51:11,28. On peut donc croire que, peu de
temps après Arbace, ils retombèrent sous le
joug assyrien, et que, plus tard seulement,
profitant des guerres lointaines de
Sanchérib, ils s'émancipèrent entièrement
pour se donner, depuis Déjocès, une suite de
rois de leur choix. Au dire d'Hérodote, ils
subjuguèrent, sous Cyaxare, Ninive et
l'empire assyrien, jusqu'à ce que, soumis
par Darius et Cyrus (— Voir: Darius),
et réunis à la Perse, ils cessèrent
d'exister comme nation indépendante; dès
lors, les noms des Perses et des Mèdes sont
réunis, Daniel 5:28; 6:15; 8:20. Esther
1:3,18; 10:2. La Babylonie, également sous
Cyrus, fut aussi réduite en province de ce
double empire médo-perse. Après deux
siècles, cette immense monarchie tomba sous
les coups d'Alexandre le Grand, 330 avant
J.-C.; puis, après la mort de celui-ci,
Séleucus Nicator détacha la Médie de
l'empire uni, et en fit une province du
nouveau royaume de Syrie, jusqu'à ce que,
après une suite de victoires incertaines,
cette province fut définitivement agrégée à
l'empire des Parthes, fondé 250 avant J.-C.
Les anciens Médes passaient pour un peuple
belliqueux, redoutable surtout par son
habileté dans le maniement de l'arc; les
montagnards conservèrent le plus longtemps
leur indépendance et leur force, tandis que
les habitants des plaines et des villes,
livrés de bonne heure aux arts et à
l'industrie, s'adonnèrent au luxe et à la
mollesse qui en firent, pour leurs ennemis,
une proie facile. Leur vêtement, qui se
composait d'un manteau et d'un large
pantalon, fut adopté par les Perses d'abord,
puis généralement en Asie, par les riches et
les nobles. Ils adoraient les astres: le
soleil et la lune occupaient, pour eux, le
premier rang; puis venaient Jupiter, Vénus,
Saturne. Mercure et Mars.», Caldéens et
Mages. Deux langues non sémitiques étaient
parlées dans l'ancienne Médie: le zend au
nord, et le pehlvi au sud; cette dernière
devint la langue dominante des Parthes.
MÉDITERRANÉE,
— Voir: Mer.
MÉGUIDDO, appelée aussi Meguiddon,
Zacharie 12:11, ville située sur le territoire d'Issacar, mais appartenant à la tribu de Manassé; d'abord résidence royale des Cananéens, elle fut prise par Josué, puis reprise par ses premiers possesseurs, Josué 12:21; 17:11; Juges 1:27. Elle était située dans une plaine du plateau de Jizréhel, 2 Chroniques 35:22, et fut témoin de plusieurs batailles, 2 Rois 23:29-30. Dans son voisinage, se trouvaient les eaux de Méguiddo, Juges 5:19, probablement une manière poétique de désigner le torrent du Kison, verset 21, qui a sa source au pied du Tabor. Salomon fit fortifier cette ville, qui avait pour lui une très grande importance militaire, comme clef occidentale du pays entre le nord et le midi; il y établit aussi un des douze commissaires pourvoyeurs de la maison royale, 1 Rois 4:12; 9:15.
MÉ-HAJARKON,
ville danite, Josué 19:46.
— Les Septante ont traduit mer de Jarkon.
MÉHARA,
ville ou bourg appartenant aux Sidoniens, Josué 13:4. Quelques-uns ont cru la retrouver dans la ville de Marathos, citée par Strabon, 16, 753; d'autres y ont vu l'inexpugnable caverne sidonienne (cavea de Tyro), célèbre dans l'histoire des croisades; d'autres enfin (Grotefend, Winer), la ville sidonienne de Moyra, dont il est parlé dans Sanchoniathon, 8:88.
MÉHUMAN,
— Voir: Mémucan.
MÉLANGES,
— Voir: Accouplements.
MELCA, et deux Melchi,
Luc 3:31,24,28, ancêtres inconnus de Jésus par Marie.
MELCHISÉDEC,
Genèse 14. Son nom signifie roi de justice; il était en même temps roi de Salem, soit que ce nom désigne Sichem ou Jérusalem, qui, l'une et l'autre, paraissent avoir porté le nom de Salem, soit que Salem, qui signifie paix, doive être pris dans son sens purement appellatif. Melchisédec était donc un roi distingué par son amour de la justice et de la paix; il était, en même temps, pontife et sacrificateur, comme Jéthro, comme plusieurs autres princes-prêtres dont il est parlé dans l'Ancien Testament, où nous voyons, avant l'établissement de la loi, ces deux fonctions et dignités fréquemment réunies en la même personne. Nous ne nous arrêterons pas à rechercher qui pouvait être ce grand personnage, comme nous n'indiquerons pas non plus toutes les suppositions, plus hardies et plus bizarres les unes que les autres, qu'on a faites sur sa personne. On a voulu mettre du mystérieux là où il n'y avait que de la concision, et quelques-uns ont voulu voir en Melchisédec un ange, et même Jésus-Christ; rien, dans l'Écriture sainte, n'autorise de pareilles hypothèses, et l'on doit admettre que ce n'était qu'un homme comme un autre, un roi comme les rois de la plaine, mais pieux et adorateur de l'Éternel, ainsi qu'il s'en trouvait encore quelques-uns à côté de la famille du grand patriarche. Il alla au-devant d'Abraham lorsque celui-ci revenait de la défaite des rois impies, et, sans doute heureux de saluer un ami si puissant qui venait de châtier la rapine et la brutalité, il lui fit apporter du pain et du vin. Sacrificateur, il bénit le patriarche, et celui-ci, reconnaissant, lui remit la meilleure dîme du butin. Toute l'histoire de Melchisédec est dans cette courte notice; rien sur sa famille, sur sa vie, sur sa mort. Il est naturel que les auteurs sacrés qui voulaient établir qu'il y a, au-dessus de la sacrificature lévitique, une sacrificature plus excellente encore, aient été frappés de l'apparition mystérieuse et solennelle de cette grande ligure, sacrificateur en dehors de toute ordination d'homme, sacrificateur au-dessus d'Aaron, de Lévi, d'Abraham même, puisque celui-ci lui rendit hommage, et lui paya la dîme. Cette sacrificature extraordinaire devait frapper ceux des Juifs à qui Dieu permettait de voir au-delà du voile, et le Psalmiste (110) annonça prophétiquement un nouveau sacrificateur, selon l'ordre de Melchisédec, paroles que saint Paul (Hébreux 5, et 7) applique directement à Jésus en les développant encore. Il y aurait autant d'imprudence à presser le rapprochement, qu'il y a d'impiété à n'y voir qu'un jeu de mots. On a été trop loin peut-être dans le premier sens, et l'on fera mieux de s'en tenir aux traits dessinés par l'apôtre, sans aller voir encore dans le pain et le vin que le prince offrit au patriarche fatigué, un symbole de la sainte Cène, etc. L'abrégé historique des livres de l'Ancien Testament par Jérémie Risler, et Moïse sans voile de Girard des Bergeries, renferment, sur Melchisédec, des observations intéressantes, et seront lus avec fruit, quoique peut-être on puisse aller moins loin qu'eux dans la recherche des types.
MELON,
cucurbitus citrullus L., hébreu abattichim, et maintenant encore en Égypte battich, ne se trouve nommé que Nombres 14:5. Les melons, et surtout les melons d'eau, assez connus en Orient, depuis la Palestine jusqu'aux Indes, l'étaient davantage encore en Égypte, particulièrement sur le Delta et sur les terrains gras et féconds que le Nil déposait sur ses bords. Ils atteignaient jusqu'à une longueur de 1 mètre sur 0,70 de diamètre, et servaient aux pauvres et aux riches de nourriture et de boisson, en même temps qu'on les employait dans la médecine pour leurs propriétés rafraîchissantes. Hasselquist, en parlant de ce fruit, la ressource des pauvres à cause de son abondance, le représente comme une vraie bénédiction dans la saison chaude, et fait voir la main de la Providence donnant à chaque saison ses produits naturels, et à chaque peuple ce qui lui est nécessaire pour supporter ou adoucir les rigueurs de son climat. Il est facile de comprendre aussi les regrets et les murmures des Israélites, qui, dans le brûlant désert, ne trouvaient aucun des rafraîchissements auxquels le séjour d'Égypte les avait habitués. Les habitants du Carmel, dit Harmer, cultivent d'excellents melons dont la chair est rouge surtout vers le centre, et dont l'écorce, d'un blanc rougeâtre, contient une huile facile à exprimer, et d'un usage précieux contre toutes sortes d'inflammations et d'affections cutanées. Les melons à chair blanchâtre sont moins estimés, quoiqu'ils soient aussi savoureux et d'un goût aussi tin que les rouges, mais ils n'ont été cultivés que plus tard, et n'ont pu renverser ni égaler la réputation toute faite des premiers. Les pauvres les mangent avec ou sans pain, et satisfont à la fois leur soif et leur appétit.
MELTSAR,
proprement le maître de la cave, ou le préposé au vin, peut être entendu, soit comme nom propre, soit comme désignation d'un office, Daniel 1:11. C'était l'officier chargé par Aspénaz de pourvoir à l'entretien de Daniel et de ses amis à la cour de Nébucadnetsar; il consentit, après une épreuve de dix jours, à l'abstinence de vins et de viandes dans laquelle les jeunes Hébreux lui avaient témoigné le désir de vivre, et, spéculant sur la pieuse sobriété des captifs, il s'empara de leurs portions qui lui furent, pendant trois ans, une source de malhonnêtes revenus; il se paya lui-même pour sa complaisance.
MEMPHIS,
très ancienne ville de la Basse Égypte, appelée en copte Memphi ou Méphis, en hébreu Moph, Osée 9:6, ou Noph, Ésaïe 19:13, Jérémie 46:19. Elle était située dans une étroite vallée, sur la rive gauche du Nil, à six lieues sud de la pointe du Delta; une forte digue et un large fossé, destinés à la défendit contre les inondations du fleuve, lui servirent aussi de défense militaire. Elle avait déjà des rois au temps d'Abraham, et le nom de Mesr, que lui donnent quelques historiens arabes, peut faire supposer que la terre de Misraïm qu'occupèrent en Égypte Abraham et ses descendants, était le territoire de Memphis. Fondée par Uchoréus, cette ville devint, sous Psammétique, la résidence du maître de l'Égypte et la capitale de tout le pays; elle s'accrut en même temps que Thèbes s'abaissait. Diodore de Sicile lui donne 150 stades de circuit; outre le château royal, elle renfermait une foule de magnifiques monuments, le temple de Phtha (Vulcain), la cour d'Apis, etc. Après la prise de Péluse par Cambyse, Psamménite s'avança contre lui avec une nombreuse armée qui fut défaite dans un combat sanglant, et, du temps d'Hérodote, on voyait encore les crânes des Égyptiens, solides et durs, couvrir la terre à côté de ceux des Perses, si mous qu'on les perçait avec facilité. Memphis commença à déchoir quand elle cessa d'être la résidence des rois; dans la suite, lorsque Alexandrie s'éleva, elle perdit encore davantage; mais elle ne fut démolie, ni par Nébucadnetsar, ni par Cambyse: le premier se contenta d'en transporter les habitants, le second exerça surtout sa fureur sur les temples, et fit périr le bœuf Apis. Aux jours de Strabon, Memphis s'en allait doucement en ruines; plusieurs de ses grands bâtiments étaient dégradés, et, bien qu'elle fût encore riche et peuplée, on pouvait prévoir sa fin prochaine. La construction du Caire, dans son voisinage, acheva ce que le temps et la guerre avaient commencé. Aujourd'hui, l'on ne voit plus que de faibles restes de cette grande ville, en sorte qu'on a été longtemps incertain sur le lieu qu'elle avait occupé autrefois. Ce sont les Sarrasins qui l'ont démolie.
MÉMUCAN ou Méhuman,
Esther 1:10, etc., l'un des sept conseillers intimes d'Assuérus, celui qui prit le premier la parole pour condamner la reine Vasti, soit qu'il fût le plus grand et que le roi l'eût interrogé le premier, soit qu'il fût le plus Jeune et le plus impétueux, et que, dans sa vivacité, il ait parlé avant d'y être appelé. Il condamna Vasti, dans la crainte, dit-il, qu'un exemple de désobéissance impunie venant de si haut, n'encourageât une rébellion générale de toutes les dames de la Perse et de la Médie contre l'autorité de leurs maris. On peut croire que son vote était dicté par des motifs, sinon meilleurs, du moins plus sérieux, et que peut-être il haïssait la favorite, ou qu'il en était haï. Ces sages, ou conseillers du roi, étaient choisis entre les grands du royaume, et devaient être versés dans la connaissance des lois et du droit; c'étaient des politiques, et ils formaient une espèce de conseil d'État ou conseil des ministres.
MÉNAHEM,
seizième roi d'Israël, usurpa une couronne déjà teinte de sang par l'usurpation de Sallum qui la portait, et qu'il fit assassiner. Fils de Gadi, il avait été probablement officier de Zacharie. À la mort de son maître, il accourut, le vengea dans sa capitale, tua le meurtrier et lui succéda sur le trône. Son règne de dix ans fut fécond en crimes et en cruautés: la ville de Thiphsa ayant refusé de lui ouvrir ses portes, il s'en empara, tua tous les habitants jusqu'aux femmes enceintes, et ravagea son territoire. Idolâtre comme ses prédécesseurs, il vit Pul, roi d'Assyrie, fondre sur Israël, et dut se reconnaître son tributaire; il lui paya mille talents, et fit peser cette dette sur les riches du royaume, qu'il taxa à cinquante sicles par tête, à la décharge du pauvre peuple, dont il sut, par cette mesure, se gagner l'affection et s'assurer l'appui. Il se maintint ainsi di;c années sur le trône, et mourut la cinquantième année du règne d'Hozias, roi de Juda. Sa mort fut naturelle, ce qui était bien rare alors dans le royaume des Dix tribus (770-760) 2 Rois 15. Les prophètes Osée et Amos virent, sous son règne, leurs oracles dédaignés, mais n'en continuèrent pas moins leurs avertissements et leurs menaces.
MÉNI,
idole, Ésaïe 65:11;
— Voir: Gad #3.
MÉPHAAT,
ville lévitique de la tribu de Ruben, non loin de Kédémoth, Josué 13:18; 21:37; 1 Chroniques 6:79; elle fut plus tard acquise par les Moabites, Jérémie 48:21. Eusèbe la nomme Méphath et en fait une citadelle romaine située vers l'Arabie.
MÉPHIBOSETH.
-
Fils de Saül,
— Voir: Armoni.
-
Fils de Jonathan; il est aussi appelé Méribaal, 2 Samuel 4:4; 1 Chroniques 8:34; 9:40. Fort jeune encore à la mort de son père, il fut recueilli par sa nourrice qui le laissa tomber dans sa fuite, et il resta boiteux toute sa vie en suite de cet accident. Il vécut longtemps dans l'obscurité; son épreuve était à cette époque plus encore qu'aujourd'hui, de nature à l'éloigner de la scène du monde, et il n'eût plus jamais reparu à la cour si l'ami de son père, si David, aidé de Tsiba, ne l'eût cherché et découvert dans la maison de Makir. Les biens de son aïeul lui furent rendus, il s'établit à Jérusalem et fut admis à la table du roi, 2 Samuel 9. Une incroyable calomnie le perdit, 2 Samuel 16:3. Tsiba accusa le timide boiteux de se poser en prétendant et d'attendre, pour se décider, l'issue de la guerre d'Absalon; le calomniateur obtint pour récompense les biens et la fortune de sa victime. Ab-salon était déjà maître de Jérusalem; Méphiboseth, fidèle à son roi légitime, ne rendit point hommage au vainqueur et porta publiquement le deuil, laissant croître sa barbe et ne changeant pas de vêtements, pour protester de son attachement à la maison de David, 19:24. Bientôt après, il trouva l'occasion de se justifier devant le roi, il se contenta d'établir son innocence sans demander aucune réparation, et répondit par un vœu humble et touchant à la seconde injustice que lui fit David en ne lui rendant que la moitié de ses biens, et en laissant l'autre au calomniateur. Son caractère est humble et modeste, et l'on ne saurait douter que l'infirmité n'ait mûri son âme d'une manière salutaire; il ne réclame qu'une seule chose, l'affection de David et l'intégrité de sa propre réputation; quant à son patrimoine il l'abandonne, et il bénit ses ennemis au lieu de s'indigner en les voyant abuser de leur force contre sa faiblesse. Les désavantages physiques assouplissent le caractère quand il ne l'aigrissent pas, et c'est une chose singulière que ce contraste dans les fruits de la difformité; la bonne part échut à Méphiboseth, et l'esprit se fortifia d'autant que la chair s'affaiblit.
— Lorsque, à la demande des Gabaonites, David leur livra sept enfants de Saül pour être mis à mort (parmi lesquels se trouvait l'autre Méphiboseth), le fils de Jonathan fut encore redevable de son salut à la mémoire de son père et à l'affection de David, 21:7; c'est le dernier fait de son humble vie raconté dans l'Écriture; il n'est rien dit de sa mort.
MER.
-
Méditerranée, appelée mer intérieure par les Romains; les Hébreux la désignaient par grande mer, Nombres 34:6-7; Josué 1:4, mer d'occident, Deutéronome 11:24; Zacharie 14:8, mer des Philistins. Exode 23:31, ou simplement la mer, 1 Rois 5:9; elle formait toute la frontière occidentale de la Palestine. Le rivage de la Méditerranée est escarpé et souvent à pic de Tyr à Ptolémaïs; vers le sud il s'abaisse et devient sablonneux après avoir formé près du mont Carmel le grand golfe d'Acco ou Ptolémaïs, le seul port naturel de toute la côte; des mouillages artificiels ont été de bonne heure creusés à Césarée, Joppe et Gaza. La marée, très peu considérable dans la Méditerranée, est presque insensible et très irrégulière sur les côtes de la Palestine. Un courant qui va du sud au nord se fait apercevoir, surtout à l'époque des inondations du Nil, et dépose sur les côtes d'immenses amas de sables et de boue; aussi a-t-on remarqué depuis quelques siècles que la rive méridionale gagne du terrain sur la mer, un a découvert entre Gaza et Joppe des bancs de corail, et ces eaux sont très poissonneuses. Le commerce juif eût trouvé dans la Méditerranée un puissant auxiliaire, mais déjà l'Égypte et la Phénicie avaient pris possession de l'empire maritime, et d'ailleurs les empêchements que la loi de Moïse mettait au commerce extérieur ne permirent pas de longtemps aux Hébreux de profiter des avantages que la nature leur procurait; les bois du Liban, destinés à la construction du temple furent cependant transportés par mer à Joppe; c'est également sur la Méditerranée que Jonas s'embarqua pour échapper à la mission divine.
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Mer Morte; c'est le plus grand des trois lacs de la vallée du Jourdain; elle porte aussi dans la Bible les noms de mer Salée, merde la Campagne, mer Orientale, Deutéronome 3:17; 4:49; Genèse 14:3; Josué 3:16; Exode 47:18; Joël 2:20; Zacharie 14:8. Flavius Josèphe, Diodore de Sicile et Pline l'appellent lac Asphaltite, et les Arabes lui ont conservé le nom de mer de Lot. Nous empruntons à Bræm les détails suivants, en les modifiant ou les complétant par d'autres géographes et par les détails des voyageurs modernes (Raumer, Chateaubriand, etc.). Le Ghor, ou vallée du Jourdain, conserve sa forme et sa largeur; les bords en sont des montagnes escarpées et nues; la chaîne orientale semble être une prodigieuse muraille; on n'y distingue aucun sommet, et l'on dirait seulement que la main du peintre qui a tracé sur le ciel cette longue ligne horizontale, a tremblé en quelques endroits; ces montagnes, au dire de quelques voyageurs, ressemblent, par leur grandeur et leur situation, aux rives du lac de Genève, vis-à-vis de Lausanne et de Vevey. La chaîne occidentale n'est ni aussi élevée, ni aussi uniforme; elle présente même des montagnes de figures extraordinaires et bizarres. Au fond de la vallée, entre ces deux chaînes, est encaissé un bassin sombre et profond qui a 22 lieues de long sur 5 à 6 de large (Flavius Josèphe compte 580 stades en longueur et 150 en largeur), et qui est rempli par les eaux claires, lourdes et très salées d'un lac immobile et mort. Comme ces eaux contiennent une quantité de sel presque égale à la moitié de leur volume, elles sont si pesantes que le vent ne les agite qu'avec peine. Arvieux, qui voulut porter à ses lèvres quelques gouttes de ces eaux, les trouva si amères et si cuisantes, qu'elles lui causèrent une vive douleur et produisirent de l'enflure; Chateaubriand les compare à une forte dissolution d'alun; un voyageur anglais, qui s'y baigna avec six de ses amis (Morgenl. 1840, p. 190), raconte ainsi ses impressions: «Si nous voulions nager, nous avions de la peine à maintenir nos pieds sous l'eau; si nous voulions nous tenir perpendiculairement, la moitié du corps surnageait, et nous avions de la peine à garder l'équilibre, probablement à cause de la plus grande pesanteur de la tête et des épaules, qui étaient hors de l'eau et qui ne trouvaient pas dans la partie inférieure du corps un contrepoids suffisant. L'un d'entre nous qui ne savait pas nager, restait étendu sur l'eau immobile comme un morceau de liège, et nous avions en général beaucoup de peine à plonger entièrement. Le goût de l'eau à la bouche est très repoussant, salé, amer, sulfureux, et si fort que pendant longtemps nos yeux, qui en avaient été mouillés, en ressentirent une cuisson douloureuse; la peau même en était affectée, et je suis persuadé que si l'on établissait ici une maison de bains, ils agiraient puissamment et avantageusement sur les maladies de la peau.»
Ce lac n'a point d'écoulement, mais l'action d'un soleil ardent y produit une évaporation très active qui dépose une très grande quantité de sel sur les pierres et sur les chétifs arbrisseaux de ses bords, et qui, selon quelques auteurs, peut suffire à maintenir le niveau ordinaire; mais quand on pense que le Jourdain seul charrie journellement en moyenne 6,090,000 tonnes d'eau dans la mer Morte (Shaw), il devient plus probable que ces eaux se perdent par des communications souterraines, soit avec la mer Rouge, soit avec la Méditerranée, soit avec l'intérieur du globe. On ne voit aucune plante, aucune habitation sur ses rives; c'est un désert de sel et de bitume, de l'aspect le plus triste. Aucun poisson ne peut vivre dans ses eaux, et ceux qui y descendent avec les flots du Jourdain y périssent bientôt, Ézéchiel 47:8-10. On n'y voit pas même un coquillage vivant (Seetzen). Les bêtes sauvages, qui n'y trouvent ni nourriture ni breuvage, l'évitent et semblent le redouter; à peine y découvre-t-on quelques vautours, des aigles qui ont élevé leur aire sur ses noirs rochers, et des hirondelles qui font la chasse à quelques insectes près de ses bords. De légères éruptions volcaniques qui partent de ses profondeurs, quelques nuages de vapeurs d'une couleur sombre, s'élancent par moments, surtout vers le milieu du jour, et obscurcissent, mais pour peu de temps seulement, la pureté naturelle de son atmosphère; sur ses rives orientales on trouve des sources chaudes contenant du soufre et un asphalte gras et foncé, qui passe de ces sources dans la mer, sur laquelle il nage en masses parfois très considérables; on les recueille soit pour médicaments, soit pour la teinture des laines, soit pour la construction des bâtiments à la place de chaux; c'est de là que la mer Morte a pris aussi le nom de lac Asphaltite.
La place qu'elle occupe était jadis un pays délicieux comme un jardin de Dieu. L'ardeur du soleil y était adoucie par des eaux abondantes, et elle favorisait probablement ici, comme sur les rives du lac de Génésareth, la production en une même contrée, des fruits les plus variés; la fertilité du sol y était encore accrue, ainsi que dans la plaine de Babylone et ailleurs, par sa nature bitumineuse. Mais les habitants de la plaine de Siddim, q.v., étaient des hommes méchants, et leurs péchés attirèrent sur eux les jugements du Seigneur: il les avait en vain avertis, Genèse 14, et il fit pleuvoir du feu et du souffre sur Sodome, Gomorrhe, Tseboïm et Adama; la fumée monta du pays comme d'une fournaise. Nulle contrée sur la terre entière n'offre une telle désolation, et l'état où a été réduite cette vallée jadis si belle, atteste depuis nombre de siècles que le jour du Seigneur vient sur tous ceux qui se croient en sûreté, tout en vivant dans l'oubli de Dieu et dans le péché.
— On peut conférer les passages suivants de l'Écriture, où il est parlé de ce terrible événement, Ésaïe 13:19; 1:9-10; Jérémie 23:14; 49:18; 50:40; Ézéchiel 16:46; Osée 11:8; Sophonie 2:9; Deutéronome 29:23; Matthieu 10:15; 11:23-24; 2 Pierre 2:1-10; Jude 7.
— Au temps de notre Seigneur, et de nos jours encore, quelques voyageurs peut-être un peu faciles à persuader, croient avoir vu près des bords de cette mer des ruines de murs et de palais dans l'emplacement des villes détruites.
— Cette contrée doit être un jour renouvelée, Ézéchiel 16:53,55-56; 47:8, sq..
II existe un contraste frappant entre cette mer et le lac de Génésareth, si riant et si fertile; et l'on recherchait pendant le moyen âge pourquoi l'eau bénite du Jourdain se versait dans la mer de malédiction, dans la mer du Diable, La mer Morte est toujours citée dans l'Écriture, comme un exemple permanent des jugements de Dieu, et elle est mentionnée seulement dans l'Ancien Testament, qui ne parle qu'en passant du lac de Kinnéreth, tandis que le lac de Génésareth et ses villes ont été le principal théâtre de la vie de notre Sauveur.
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Mer Rouge (hébreu mer des roseaux); appelée par les Grecs et les Latins golfe Arabique. On ne sait d'où lui vient son nom de mer Rouge; quelques-uns l'attribuent à certaines herbes marines abondantes dans ses eaux, et dont les feuilles sont tachetées de rouge, d'autres à un ancien roi Érythros (rouge), ou Édom, qui a la même signification, et qui par sa puissance aurait peut-être bien mérité de donner son nom à cette mer (Calmet); d'autres enfin (Reland et Rosenmuller), le regardent comme synonyme de mer méridionale, les poètes appelant quelquefois la zone torride zone rouge à cause de l'ardeur de son climat. L'ancien nom de mer Rouge servait d'abord à désigner toute la mer qui sépare l'Afrique et les Indes, et comprenait ainsi les deux golfes principaux, celui de l'Arabie et celui de Perse; plus tard cependant sa signification s'est restreinte au seul golfe qui sépare l'Égypte de l'Arabie, l'Afrique de l'Asie: vers le nord il se divise en deux branches, l'Héroopolitanus, maintenant Bahhr Assuez ou Baahr el Kolsum, et à l'orient, l'Ælanites ou golfe élanitique, maintenant Bahhr El Akaba; ces deux branches comprenaient entre elles l'Arabie Pétrée. La longueur de la mer Rouge depuis le détroit de Babel-Mandeb est de 300 milles géographiques en suivant la rive africaine; la largeur varie beaucoup et ne dépasse guère 6 milles au détroit; la profondeur est également très diverse, de 300 pieds en plusieurs endroits, et de 27 seulement près de Suez (Niebuhr). Le flux et le reflux s'y font sentir sur tous les bords d'une manière très remarquable, atteignant près de Suez 2 mètres en temps ordinaire, et 26 décimètres dans le mauvais temps (Dubois-Aymé). Sa surface est, sauf dans le bras de Suez, couverte d'une espèce d'algue, de mousse ou de roseau appelé en hébreu souph, d'où elle a tiré son nom;
— Voir: Roseaux.
— Quant à ce qui concerne la description géographique des côtes de la mer Rouge, nous n'avons pas à nous en occuper ici; on trouvera ces détails dans tous les livres de géographie, notamment dans Ritter, Erdk. II. 204; 245; etc.; v, aussi Rozière, Description de l'Égypte; Dubois-Aymé; Gobat, Voyage en Abyssinie, etc.
Le plus célèbre événement auquel se rattache le souvenir de la mer Rouge, est Te passage miraculeux des Israélites, raconté Exode 14. On a cherché à l'expliquer d'une manière naturelle, et l'on a substitué la science et la sagesse de Moïse à la puissance de Dieu; il faut avouer qu'il y a en effet quelque chose de simple et de naturel dans plusieurs détails de cette explication, et nous la reproduisons d'après les divers auteurs qui l'ont développée. Moïse, parfaitement au fait des heures de la marée, connaissant aussi les gués de la mer Rouge, aurait sous ces deux rapports choisi les circonstances les plus favorables pour effectuer, avec la plus grande promptitude possible, la traversée que l'approche des Égyptiens avait rendue nécessaire, et à laquelle il n'aurait peut-être pas pensé sans cela. Sans rien pouvoir déterminer sur l'endroit qu'il choisit, il est de fait qu'anciennement le golfe qu'ils passèrent s'étendait beaucoup plus au nord, et qu'il avait là une largeur beaucoup moins grande que plus bas; près de Suez encore (Niebuhr), cette largeur ne dépasse guère 1500 pas, ce qui équivaut à quatre fois seulement la largeur de l'Elbe. En plusieurs endroits il y a des gués ou des bancs de sable, qui pendant la basse marée sont presque à fleur d'eau, et très faciles à franchir. Christophe Fürer de Heimendorf, patricien de Nuremberg, traversa en 1565 ce bras de la mer. Rouge près de Suez, mais non toutefois sans danger; on en cite d'autres exemples encore. Le fond de l'eau vers le nord de ce golfe est uni, sans coraux, et presque sans algues ni herbes marines; il se compose essentiellement de sable. On sait que c'est à peu près là que passèrent les Hébreux, et Moïse aura choisi le gué le moins profond et le moment du reflux. Quant à la difficulté de faire traverser ce gué à 600,000 hommes, sans compter les femmes et les petits enfants, pendant les six ou sept heures seulement que dure la marée basse, elle est levée par la circonstance, mentionnée verset 21, d'un grand vent d'orient qui retint les eaux, comme cela se voit souvent en temps d'orage, et Michaélis admet à cause de cette circonstance, une marée double qui dura douze heures, et dont le retour plus violent et plus rapide, parce qu'il avait été longtemps arrêté, fut pour les Égyptiens le messager de mort. Dubois-Aymé fait disparaître encore quelques autres difficultés en supposant que le passage s'est effectué plus au nord de Suez, là où l'on voit maintenant, au sud d'Adsherud, un banc de sable qui paraît s'être formé d'une manière lente et progressive sur un lit peu profond, par les sables du midi; le lit de Suez aurait aussi été anciennement beaucoup plus bas qu'il n'est aujourd'hui. Flavius Josèphe compare le miracle du passage de la mer Rouge avec le passage de la mer de Pamphylie par les Macédoniens sous Alexandre, Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 2, 16, 5, cf. Strabon 14, 458. Liv. 26, 46; mais dans ces passages il est plutôt question de rives côtoyées que de bras de mer traversés: cette observation de l'historien juif est peut-être ce qui a fait croire à quelques anciens pères et rabbins, du reste peu importants, que les Hébreux n'avaient fait que côtoyer la mer Rouge, mais elle n'a pas eu grand succès; il en est de même de plusieurs autres essais de solutions rationalistes, comme aussi de la négation même du fait. L'explication du passage à gué pendant la marée basse, a en revanche trouvé un grand nombre de partisans, depuis les prêtres de Memphis, qui, au rapport d'Artapane, s'étaient prononcés dans ce sens (Eus., Prép. évang. 9, 27, cf. Philon Op., II, 108), jusqu'aux temps modernes où elle a été développée par beaucoup de savants et de théologiens, Leclerc, Michaélis, Ritter, Paulus, Dœderlein, Winer, etc. Il n'y a contre elle qu'une seule objection, mais elle est grave; c'est que le texte sacré, soit de Moïse, soit des auteurs inspirés qui rappellent cet événement, parle clairement d'un fait miraculeux, d'un passage de la mer Rouge d'une rive à l'autre dans un lit très vaste, que les eaux retirées leur laissèrent à sec; que l'on confère seulement Exode 14:16-17; 15:8; Psaumes 78:13; 114:3,5; 77:16; Ésaïe 63:11; Habacuc 3:15;
— Voir: aussi Sapience 10:17-18; 19:7-8.
Ce n'est qu'après avoir maintenu la séparation des eaux comme miraculeuse, que l'on peut y joindre, mais plus comme secours ou comme explication, la coïncidence de faits naturels, de bas fonds ou de marée basse, comme points de contact entre la nature et le surnaturel, entre le connu et l'inconnu; le verset 21 établit en effet, comme on le voit d'ailleurs par l'examen de presque tous les miracles, que si Dieu peut créer des moyens miraculeux, il peut se servir aussi des moyens ordinaires d'une manière miraculeuse.
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Mer de Tibériade,
— Voir: Génésareth.
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Le mot de mer est encore employé dans l'Écriture en diverses acceptions moins étendues, pour désigner une portion de la mer, Ésaïe 11:15, un étang,
— Voir: Jahzer, ou les grands fleuves, le Nil, l'Euphrate, le Tigre, etc.
Une langue de mer désigne ce que nous appellerions une langue de terre. Quant à la mer d'airain ou de fonte,
— Voir: Cuve;
quant à la mer de sable,
— Voir: Mirage.
MÉRAB,
fille aînée de Saül et d'Ahinoham, 1 Samuel 14:49. Fiancée d'abord à David, elle fut donnée à Hadriel, sans que l'on sache à quoi attribuer cette rupture, sinon à l'esprit de jalouse inimitié qui anima toujours le premier roi d'Israël contre celui qui devait être son successeur, 18:17; sq. C'est par erreur que sa sœur Mical est nommée au lieu d'elle, 2 Samuel 21:8.
MÉRARI,
Genèse 46:11; Exode 6:16; Nombres 3:17; 1 Chroniques 6:1, troisième et dernier fils de Lévi, naquit en Canaan, et a donné son nom à l'une des branches lévitiques, celle qui dans le désert fut chargée de veiller à l'entretien et au transport de la partie extérieure du tabernacle d'assignation, piliers du parvis, clous, cordages, etc., Nombres 4:29. Cette famille comptait alors déjà 3,200 personnes de trente à cinquante ans.
MERCURE
(— Voir: Caldéens), divinité bien connue qui représentait chez les Grecs et les Romains le commerce, l'éloquence et le vol; messager des dieux, son esprit souple et intrigant le rendait propre aux négociations; il faisait une espèce de service régulier du ciel à la terre, et accompagnait presque toujours Jupiter dans ses excursions; aussi les habitants de Lystre crurent voir dans les personnes de Paul et de Barnabas ces deux divinités voyageuses, et prirent Paul pour Mercure à cause de son éloquence et de la puissance de sa parole. Quelquefois il était représenté avec de la barbe, d'autres fois il était imberbe, mais toujours dans la force de l'âge, comme l'était aussi saint Paul au commencement de son ministère, lors de son passage à Lystre.
MÉRED,
1 Chroniques 4:17,
— Voir: Pharaon #3.
MÉRIBAH
(querelle). C'est un des noms
que donna Moïse au campement de Réphidim,
q.v., parce que les Israélites manquant
d'eau s'élevèrent contre lui et voulurent le
lapider; il appela aussi ce lieu Massa
(tentation), parce qu'ils tentèrent Dieu,
Exode 17, cf. Psaumes 81:8; Hébreux 3:8. Sur
la fin du voyage dans le désert, l'eau étant
venue de rechef à manquer, les murmures du
peuple éclatèrent de nouveau, et Moïse
partagea ce mécontentement; il parla
légèrement de ses lèvres, Psaumes 106:33, et
Dieu qui ne fut pas glorifié par eux, se
glorifia en eux, il rendit l'eau au rocher,
et annonça aux chefs mêmes du peuple qu'ils
mourraient avant d'avoir vu la terre
promise, Nombres 20. Cet endroit, qui était
Kadès dans le désert de Tsin, au nord-est de
Kadès-Barné, fut appelé Méribah-Kadès pour
le distinguer de l'autre Kadès et de l'autre
Méribah, cf. encore Nombres 27:14; Ézéchiel
47:49; 48:28, etc.
— Selon quelques auteurs cependant les deux
Méribah ne seraient qu'un seul et même
endroit, et ce serait par manque de
coordination que le même fait est raconté
deux fois et avec des circonstances
différentes; cette opinion doit être
repoussée par ceux qui regardent l'histoire
de Moïse comme inspirée, et qui respectent
l'authenticité et l'intégrité du
Pentateuque.
MÉBIBAAL,
— Voir: Méphiboseth.
MÉRODAC-BALADAN ou Bérodac-Baladan,
fils de Baladan, roi de
Babylone, n'est connu que par l'ambassade
qu'il envoya auprès d'Ézéchias pour le
féliciter de sa guérison, 2 Rois 20:12;
Ésaïe 39:1; cf. 2 Chroniques 32:31. Il
s'était rendu indépendant dans la Babylonie,
et cherchait dans l'amitié d'Ézéchias un
appui contre Sanchérib à la puissance duquel
il s'était soustrait. C'est ce roi
probablement que l'on trouve dans le canon
de Ptolémée sous le nom de Mardoc empad;
cependant, d'après ce canon, Mardoc aurait
régné douze ans (721-709), tandis que
Mérodac, d'après un fragment de Bérose cité
par Gesenius, ne sut se maintenir que six
mois: Hitzig et Winer lèvent cette
difficulté en faisant du Mérodac de Bérose
un personnage différent, et en plaçant son
histoire dans l'interrègne de deux ans qui,
selon le canon de Ptolémée, précéda le règne
de Belibus.
— Baladan son père est moins connu, quoique
l'histoire profane en fasse aussi mention
sous le nom de Ingœus ou Ilulæus, comme
contemporain d'Achaz et d'Ézéchias; on l'a
pris longtemps pour Nabonassar. Il se ligua
avec Arbacès, satrape de Médie, contre
Sardanapale roi d'Assyrie, et ces deux
conjurés ne réussirent qu'après plusieurs
années de luttes sanglantes, à faire
reconnaître leur indépendance.
D'après Jérémie 50:2. Mérodac était
probablement aussi le nom d'une divinité
adorée à Babylone; le prophète la place à
côté de Bel et en parle de la même manière;
il est de plus employé dans la composition
de plusieurs noms propres (Évil Mérodac,
Mérodac-Baladan, etc.), selon l'usage des
Babyloniens de se servir de noms d'idoles
pour noms d'hommes, Beltesatsar composé de
Bel, Nébucadnetsar de Nébo, etc. Gesenius
pense que Mérodac était une personnification
de la planète Mars.
(Mérodac est un des noms sous lequel Nemrod fut connu. Son identité avec la planète Mars est fort intéressante, surtout dans le contexte de l'histoire de la tour de Babel. Un ancien document, les Oracles de la Cybèle, nous dit que les hommes construisirent cette tour dans le but de retourner parmi les étoiles. Nemrod s'aurait-il rendu sur Mars pour y établir des colonies ? Une ancienne tradition dit qu'il déroba des documents dans l'arche de Noé qui contenait la science des fils de Dieu d'avant le déluge. S'il y a une vérité à ceci, cela ouvre la possibilité que Nemrod et quelques-uns de ses élites se rendirent sur Mars et que des descendants s'y trouveraient encore de nos jours. Une telle chose expliquerait beaucoup de mystères, mais nous n'en auront jamais l'assurance à moins de nous y rendre nous même pour vérifier. Nous savons qu'il y a des ruines d'anciennes civilisations sur Mars, même sur notre Lune ainsi que sur d'autres planètes et leurs satellites, mais y aurait-il encore de la vie intelligente qui y habite ? Si oui, sa source se trouverait ici sur la terre et nul part ailleurs.)
MÉROM,
lac dont le nom signifie
supérieur, parce qu'il est au nord du lac de
Génésareth et par conséquent plus élevé; il
est formé par l'affluent de plusieurs
ruisseaux dans le Jourdain, q.v. C'est sur
ses bords que Josué vainquit les rois des
Cananéens septentrionaux, Josué 11:5-6.
— Les Grecs l'appelaient lac Samochon, et
maintenant les Arabes Bahrat Hhule,
lac de la vallée-plaine. Il est très
poissonneux, quoique ses eaux ne soient pas
toujours bonnes.
MÉROS,
ville du nord de la Palestine, maudite par Débora pour s'être tenue à l'écart pendant les combats d'Israël, Juges 5:23. On compare le Merrus d'Eusèbe et de saint Jérôme, à 12 milles de Sébaste, non loin de Dothaïm, mais cette dernière ville était au sud du champ de bataille, tandis que Méros était plus au nord.
MÉSA,
une des frontières de la contrée habitée par les Joctanides, Genèse 10:30. Si l'on peut dire avec quelque certitude que c'est en Arabie et dans ses environs qu'on doit chercher cette ville, il est difficile d'en préciser la place davantage. L'opinion de Bochart, soutenue par Gesenius, savoir qu'il s'agit de Mousa, port de mer au sud de l'Yémen, ne peut guère être admise, parce que d'un côté l'orthographe des deux noms dans les langues originales est trop différente, et de l'autre le pays donné comme territoire à la race nombreuse des descendants de Joktan serait trop petit. Michaélis prend pour point de départ l'embouchure de l'Euphrate, et la partie inférieure du cours des deux fleuves réunis, depuis Séleucie jusqu'au golfe Persique; c'est là que se trouve aujourd'hui Bassora. Les Grecs (Philostorg.) appelaient cette contrée Mesène, et Abulféda parle de deux villes situées dans la même direction, sous les noms de Mesan et de Mousan.
MÉSAC,
nom caldéen de Misaël, un des
trois compagnons de Daniel choisis par
Nébucadnetsar pour le service et l'ornement
de sa cour, Daniel 1:7. À son nom hébreu qui
devait lui rappeler la grandeur de l'Éternel
(qui est comme Dieu est?), fut substitué un
nom caldéen dont la signification est
incertaine (d'après Calmet: qui tire avec
force).
— Sur son histoire,
— Voir: Abed-Négo.
MÉSAH.
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Fils inconnu de Caleb, et fondateur ou père de Ziph, 1 Chroniques 2:42.
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Mésah, roi de Moab, occupé de l'élève des bestiaux, dut payer à Achab, roi d'Israël, un impôt annuel de cent mille agneaux, et d'autant de moutons (2 Rois 3); mais après la mort d'Achab, Mésah secoua le joug, 2 Rois 1:1; cf. Ésaïe 16, et Joram prit les armes contre lui pour le soumettre; il fit alliance avec le roi d'Édom et avec le pieux Josaphat de Juda. Ces trois rois passèrent par le chemin du désert d'Édom; mais bientôt l'eau vint à leur manquer, et ils pensèrent périr de soif dans ces arides solitudes: heureusement un des serviteurs de Joram découvrit le voisinage d'Élisée, et les trois rois descendirent auprès du prophète qui consentit, en faveur de Josaphat, à consulter l'Éternel; des canaux furent ouverts dans la vallée, des fossés furent coupés, et Élisée annonça qu'au lendemain matin, sans vent ni pluie, les canaux et les fossés seraient remplis d'eau: il annonça en même temps la défaite du roi de Moab. Dans l'intervalle, Mésah avait appris l'approche des rois alliés; il s'était mis en mesure de les recevoir avec toute la partie de sa population habile à porter les armes, et il s'était avancé à leur rencontre jusqu'à la frontière de ses états. Ses troupes se levèrent de bon matin, et ignorant les travaux de la veille et la prophétie d'Élisée, elles virent la vallée pleine d'eaux qui, aux premiers rayons du soleil, leur parurent rouges comme du sang, et sans réfléchir davantage sur ce phénomène, concluant que leurs ennemis s'étaient entr'égorgés, elles s'élancèrent en criant: Maintenant donc, Moabites! au butin! Mais Israël fondit sur cette armée en désordre, la mit facilement en fuite, et la poursuivit jusque dans son pays; Moab fut ravagé, ses plantations détruites, ses fontaines bouchées, ses puits comblés; les fuyards se retirèrent dans Kir Haréseth qu'ils essayèrent de défendre; Mésah fit contre Édom une sortie inutile, et rentrant dans ses murs, soit désespoir, soit fanatisme, il égorgea son fils premier-né, en holocauste, sur la muraille, à la vue des assiégeants. Indignés de tant d'horreurs, émus d'un si affreux spectacle, les alliés se retirèrent, et l'on peut croire que ce fut à l'instigation du pieux et bon Josaphat, plutôt qu'à celle du sanguinaire Joram, pour le compte de qui cette guerre avait été entreprise.
— Quelques auteurs par une fausse construction de la phrase, et en comparant Amos 2:1, ont cru que c'est le premier-né du roi d'Édom que Mésah fit égorger, mais le passage d'Amos n'a aucun rapport avec cette histoire.
MÉSEC,
peuplade nommée Genèse 10:2,
parmi les descendants de Japhet. Ézéchiel,
27:13, nous apprend que ces deux peuples,
ainsi que celui de Tubal, faisaient avec Tyr
le commerce d'hommes et de vaisseaux
d'airain. Selon toute apparence on doit
penser aux Mosques (Moschi), et comparer les
montes Moschici, chaîne de montagnes
qui s'étend depuis le Caucase dans la
direction sud-ouest. Ce nom est souvent
réuni à celui de Tubal, Genèse 10:2;
Ézéchiel 27:13; 32:26, et l'on voit
ordinairement les descendants de Tubal dans
les Tibaréniens des anciens; c'était un
peuple voisin des Mosques, et les deux
réunis formèrent une province de la
monarchie persane (Hérodote 3, 91; 7, 78).
Plus tard les Tibaréniens furent poussés
vers le nord comme les autres descendants de
Japhet qui occupaient les défilés du
Caucase, et ils reparaissent dans l'histoire
sous le nom de Turcs. Le commerce
qu'Ézéchiel attribue à Mésec et à Tubal est
précisément celui que faisaient ces deux
peuples d'après le témoignage des anciens.
Le peuple Ros était aussi en relation avec
Mésec, Ézéchiel 38:2; 39:1, et l'on peut
retrouver ces trois noms anciens dans trois
noms modernes, Ros dans Russie, Mésec dans
Moscou, Tubal dans le fleuve Tobol et la
ville de Tobolsk en Sibérie.
— Quant au rapprochement de Mésec et de
Kédar, Psaumes 120:5, il n'indique pas un
voisinage, mais une analogie relativement à
la position de celui qui parle, soit qu'on
doive la chercher dans l'idée d'exil, soit
qu'elle rappelle la barbarie de l'un et de
l'autre peuple, comme nous pourrions dire
les Turcs et les Hottentots pour désigner
des peuples barbares (De Wette).
MÉSOBAB,
et plusieurs autres chefs
siméonites, nommés 1 Chroniques 4:34; sq.,
paraissent avoir quitté l'Égypte déjà avant
les jours de Moïse, lorsque leurs familles
se furent accrues; ils se rendirent en
Guédor jusqu'à l'orient de la vallée,
cherchant des pâturages pour leurs
troupeaux; là ils trouvèrent un pays
spacieux et fertile, dont ils chassèrent les
premiers habitants, descendants de Cam, et
où ils s'établirent; plusieurs d'entre eux
se fixèrent même dans le voisinage des
montagnes de Séhir, et achevèrent de
détruire ceux qui restaient des Hamalécites.
— Le verset 41 doit se traduire: «Ceux-ci
donc qui ont été écrits par leurs noms du
temps d'Ézéchias, vinrent etc.» Il paraît
qu'Ézéchias avait fait recueillir les noms
et les hauts faits des anciens héros
d'Israël, et que c'est alors que l'on
découvrit cette expédition singulière de
quelques chefs isolés.
MÉSOPOTAMIE.
Cette contrée dont le nom
signifie un pays entre deux fleuves
(littéralement au milieu des fleuves),
apparaît dans l'Ancien Testament sous les
noms de Padan Aram ou campagne de Syrie,
Genèse 31:18; sq., de Sadeh Aram ou plaine
de Syrie, Osée 12:13, d'Aram Naharayim ou
Syrie des deux fleuves, Genèse 24:10, d'Aram
ou Syrie, Nombres 23:7, et de Padan ou
champ, plaine, Genèse 48:7. Le nom de
Mésopotamie dont l'usage ne remonte guère
au-delà des jours d'Alexandre le Grand, se
trouve employé dans le Nouveau Testament,
Actes 2:9; 7:2.
— La Mésopotamie comprenait tout le pays
entre le Tigre et l'Euphrate, espèce de
grande île, bornée au nord par le Masius
appartenant à la chaîne du Taurus, au sud
par la Babylonie, à l'est par le Tigre qui
la séparait de l'Assyrie, à l'ouest par
l'Euphrate, la Syrie et l'Arabie Déserte;
elle s'étendait entre les 33°-38° latitude,
et les 35° à 61° longitude. Elle ne formait
pas un état à part, et son nom se rapporte
plus à une désignation de géographie
naturelle, qu'à une division politique; les
Romains continuèrent de l'employer, bien que
sous les empereurs la Mésopotamie fût
administrativement jointe à la Syrie. C'est
dans sa partie septentrionale, dans ce
plateau si riche et si fertile,
qu'habitèrent d'abord les ancêtres nomades
des Hébreux, Genèse 11, cf. Actes 7:2.
— Voir: Ur:
c'est de là qu'Isaac reçut son épouse
Rébecca, Genèse 24:10; 25:20.;c'est dans ces
plaines que servit Jacob, qu'il épousa
Rachel, c'est là encore qu'il vit naître
presque tous ses fils, 28:2; 35:26; 46:15.
Plusieurs villes, et des villes assez
considérables, s'élevaient sur les rives des
deux grands fleuves et de leurs affluents le
Chaboras et le Mygdonius,
— Voir: Caran, Carkémis, Édesse et
Tsobah;
leurs habitants étaient d'origine syrienne
et parlaient un dialecte araméen. La partie
méridionale, depuis Carkémis et Mossul, est
une plaine inculte et déserte, qui contraste
singulièrement avec la richesse et la beauté
de la partie supérieure; à l'exception des
rives, qui ont une forte végétation et un
sol susceptible de culture, ce ne sont que
des landes sans eau, habitées par des lions,
des autruches et des brigands arabes;
autrefois on y trouvait aussi des ânes
sauvages. Cependant une route traversait ce
désert, et servait aux caravanes qui
faisaient le commerce entre l'Euphrate et
Babylone ou Séleucie; maintenant encore on
va d'Anah à Bagdad.
L'histoire de ce pays jusqu'à la domination
des Perses est peu connue; Cusan Rischatajim
dont il est parlé, Juges 3:8,10, comme d'un
roi de la Mésopotamie, ne régnait
probablement que sur une partie de la
contrée voisine de l'Euphrate; il en est
peut-être de même des rois de la Syrie de
Tsoba qui apparaissent sous David, 2 Samuel
8:3.
— Voir: Tsoba.
Huit siècles avant Christ, Salmanassar, roi
d'Assyrie, avait déjà assujetti et réuni les
diverses peuplades de cette contrée, 2 Rois
19:13, qui depuis lors partagèrent les
destinées des grands empires qui s'élevèrent
pour se détruire et se succéder en Orient,
Babylone, la Perse et la Macédoine. À la
mort d'Alexandre la Mésopotamie échut aux
Séleucides de Syrie, puis elle devint un
grand champ de bataille où les armes
parthes, arméniennes et romaines se
heurtèrent, jusqu'à ce que Trajan victorieux
y apporta la paix avec sa domination.
MESSULLAM,
fils du sacrificateur Bérécia, fut un de ceux qui contribuèrent à la restauration de Jérusalem, Néhémie 3:4; mais plus tard, ayant donné sa fille au fils de Tobija, on peut croire qu'il s'associa, en partie du moins, aux complots de ce lâche ennemi de Néhémie, 6:18.
MESURES.
Il est parlé assez souvent dans
la Bible, mais toujours en passant, des
mesures des Israélites; leurs rapports,
leurs grandeurs relatives, sont quelquefois
déterminées, cf. Exode 16:36, mais nous
n'avons aucune donnée sûre et positive sur
leur grandeur absolue; l'unité de poids ou
de mesure n'est fixée nulle part, et nous
devons pour ce qui concerne ce sujet nous en
tenir aux indications fournies par Flavius
Josèphe, l'auteur qui compare avec le plus
de soin les mesures hébraïques avec les
mesures en usage de son temps chez les Grecs
et chez les Romains; resterait à savoir si,
à cette époque, les anciennes mesures
étaient encore bien connues des Hébreux
eux-mêmes, et si elles n'avaient pas été
dénaturées ou oubliées pendant les jours de
l'exil et de la captivité. On verra sous
leurs différentes lettres les détails
relatifs à chacune de ces mesures, nous ne
faisons que les indiquer ici avec leurs
valeurs relatives, et leur réduction
approximative en mesures françaises
décimales. Ajoutons seulement que les
Hébreux, peuple agricole, aimaient à compter
ou à mesurer en partant de certaines données
naturelles; et comme les œufs de poule ont
une grandeur assez régulièrement la même,
ils l'avaient prise pour unité de mesure;
les figues et les olives étaient aussi des
unités de mesure pour des quantités plus
petites; la fève du caroubier était l'unité
de pesanteur (un guérah);
— Voir: Mishna Chelim, 17:6-7;
sq. La loi de Moïse avait de même pris dans
l'usage ordinaire, une main pleine, une
poignée, comme unité pour la mesure des
choses sèches, Lévitique 2:2; 5:12; 16:12,
etc.
Mesures de capacité.
-
Pour les liquides.
-
Le bath, 1 Rois 7:26, 35 litres.
-
Le hin, six fois plus petit, litres 5,83.
-
Le log, douze fois plus petit que le hin, litre 0,486.
-
-
Pour les choses sèches.
-
Le homer valant dix baths, Ézéchiel 45:11, aussi appelé core, 350 litres.
-
Le léthek ou demi-core, 175 litres.
-
L'épha, égal au bath, 35 litres; dix faisaient un homer.
-
Le gomer ou homer (différent du premier), la dixième partie de l'épha, Exode 16:36, litres 3,50.
-
Le sat, 2 Rois 7:1; d'après les rabbins c'était le tiers de l'épha, litres 11,70.
-
Le cab, sixième partie du sat, d'après les rabbins, litre 1,94. Dans le Nouveau Testament, les évaluations sont faites quelquefois en mesures grecques; ainsi le chenix, Apocalypse 6:6, et les métrètes de Jean 2:6; cette dernière mesure qui répondait au bath des Hébreux et à l'amphore attique, était d'une grande capacité; Eisenschmidt a calculé qu'elle devait contenir environ 72 bouteilles.
-
Mesures de longueur.
-
Le doigt ou pouce (pris en largeur), Jérémie 52:21, mètres 0,0225.
-
La largeur de la main, 1 Rois 7:26.
-
La paume ou palme valant 12 pouces, Ézéchiel 43:13, 0m,09.
-
La coudée,
— Voir: cet article.
-
La canne ou verge, Ézéchiel 41:8, de la longueur de six coudées.
-
Le gomed de Juges 3:16; est, à ce qu'on suppose, un peu plus qu'une coudée, peut-être une aune.
Mesures de distance.
Le pas était la plus petite, 2
Samuel 6:13; il équivalait à environ 0m,54.
On comptait aussi par journées
et par nuits de voyage, 1 Rois
19:8, mais cette mesure variait
naturellement beaucoup et ne peut être
déterminée; il en est de même du
kiberath haarets, Genèse 35:16;
48:7; 2 Rois 5:19, qu'on doit traduire
vaguement par mesure, petit espace de pays,
station, etc.; la version syriaque et la
version perse traduisent parasange, environ
1 lieue 1/2, 6 kilomètres. Les Septante
l'entendent de l'espace qu'un cheval doit
parcourir chaque jour pour conserver ses
forces et son activité, c'est-à-dire au
moins une lieue; d'autres pensent au chemin
qu'un cheval peut faire à la course sans
s'arrêter, environ 3 lieues, etc.
— Les Juifs comptaient encore par
chemin d'un sabbat, par milles
romains, et par stades grecs,
q.v.
Mesures de pesanteur.
-
La plus petite était le guérah, que nos versions ont rendu par obole, q.v., grammes 0,58 environ; c'était probablement le grain, la fève du caroubier.
-
Le békah, Genèse 24:22; Exode 38:26, traduit dans nos versions par demi-sicle (ou drachme), valait 10 guérahs, grammes 5,83.
-
Le sicle vingt guérahs, grammes 11, 667. Exode 30:13; Lévitique 27:25; Ézéchiel 45:12.
-
La mine, 1 Rois 10:17, valait, d'après Winer, cent sicles (grammes 1,100), d'après la traduction vulgaire de Ézéchiel 45:42, 15 sicles (grammes 175), d'après une traduction préférable de ce même passage,
— Voir: Mine,
suivie par Mackenzie, la mine valait cent sicles, environ une livre, ou grammes 583,333.
-
Enfin le talent valait 30 mines, ou 3,000 sicles, 15 kilos; cf. Exode 38:25; sq..
— Voir: Sicles.
Pour tout cet article, on peut consulter
l'appendice qui est à la fin du dictionnaire
de Calmet; il contient la réduction des
mesures juives aux anciennes mesures de
France, mais peut-être avec une précision
exagérée, qu'il n'est pas possible de
justifier en tous points; il évalue la
coudée juive à 1 pied, 8 pouces 1/2, et le
stade à 125 pas géométriques,
— Voir: Mille #2.
Miehaélis, (Mos. Recht § 226), fait
remarquer que le tabernacle fournissait aux
Hébreux un état exact et constant des poids
et mesures; en effet, dans la détermination
législative des pièces qui entraient dans sa
composition, l'on trouvait la valeur
primitive et rigoureuse de toutes les
mesures de longueur, de poids et de capacité
en usage chez le peuple. Sans insister plus
qu'il n'est juste sur cette observation, et
sans attribuer, ni à Moïse, ni aux
sacrificateurs l'idée que le tabernacle dût
servir à déterminer de pareils détails, il
faut avouer que le fait est intéressant, et
que plusieurs fois peut-être le lieu Saint a
pu conserver ainsi chez les Israélites les
usages et les coutumes des temps anciens,
gages de leur nationalité.
MÉTAUX.
Les montagnes de la Palestine
renfermaient diverses espèces de mé taux et
particulièrement du cuivre (l'airain était
un mélange), Deutéronome 8:9: cependant il
ne paraît nulle part que les Hébreux aient
connu l'art d'une exploitation régulière des
mines, et c'est des contrées voisines, de
l'Asie et de l'Europe, d'Ophir ou d'Espagne,
qu'ils faisaient venir les métaux dont ils
avaient besoin, précieux ou communs, bruts,
en lingots, en plaques, ou déjà travaillés
en objets d'art, d'utilité ou d'agrément.
— Il est parlé dans l'Ancien Testament, du
fer, de l'acier, du cuivre ou de l'airain,
de l'argent, de l'or, de l'étain et du
plomb; cf. Nombres 31:22; Ézéchiel 22:18;
27:12, et les différents articles. Le
commerce de ces métaux se trouvait
principalement entre les mains des
Phéniciens de Tyr, qui les tiraient soit de
leurs colonies, et notamment de l'Espagne,
soit de l'Arabie, soit des contrées voisines
du Caucase, Ézéchiel 27:12-13,19; Jérémie
10:9. Ils paraissent n'avoir pas ignoré
l'art de fondre ensemble et de combiner
plusieurs espèces de métaux, et l'on a cru
voir des compositions de ce genre dans
l'airain brillant d'Apocalypse 1:15, dans le
Hasmal d'Ézéchiel 1:4, et dans le Pouk de
Jérémie 4:30. (— Voir: Airain et
Antimoine), comme, dans l'aurichalque des
Romains; le cuivre resplendissant (Muts'hab)
d'Esdras 8:27; appartenait probablement
aussi à cette classe.
On est surpris de voir avec quelle profusion
l'or et l'argent se trouvaient répandus aux
jours de Salomon, non seulement pour les
ornements du temple et du palais royal, mais
par tout le pays, au point «que l'argent
n'était rien estimé, que l'or et l'argent
n'étaient pas plus prisés dans Jérusalem que
les pierres, tant il y en avait», 1 Rois
10:21; 2 Chroniques 1:15; cf. 1 Chroniques
22:14; 29:4. La même richesse en métaux
précieux se remarquait aussi dans les
anciennes cours de l'Orient,
particulièrement en Perse où les vases et
les ornements d'or et d'argent abondaient et
frappaient la vue partout où elle
s'arrêtait; mais aucun ustensile d'argent ne
se trouvait dans la maison de Salomon, tout
y était or, l'argent trop commun servait au
luxe des petits. C'étaient l'Afrique et
l'Inde qui pourvoyaient aux délices des
rois, l'argent venait d'Espagne et du nord
de l'Asie pour l'usage des peuples.
On travailla de bonne heure les métaux, et
nous voyons dans l'Ancien Testament le fer
employé pour la confection de haches, de
scies, de poêlons, de plaques, de chaînes,
verrous, couteaux, chariots, etc.; le
cuivre, d'une exploitation plus facile,
parce que la terre le livre en masses plus
considérables, et d'un travail de
fabrication plus simple, parce qu'il a
besoin d'une moins grande chaleur que le fer
pour devenir ductile et malléable, était
aussi d'un usage plus répandu; on en taisait
des casques, des boucliers, des lances, des
harnais, des chaînes, des armes, des
miroirs, des vases de toute espèce; lorsque
la grandeur de l'objet que l'on voulait
faire, ne permettait pas le travail au
marteau, on opérait par la fonte; c'est
ainsi que la grande cuve et les colonnes du
temple de Salomon sortirent du creuset, 1
Rois 7; toutefois l'art de mouler n'était
encore, aux jours de Salomon, qu'une
importation de la Phénicie, un art étranger
aux Hébreux et qui ne se naturalisa que plus
tard, au service de l'idolâtrie, Ésaïe
44:10, etc. Les Grecs et le monde d'Homère
se servaient comme les Hébreux, d'armes de
fer et de cuivre, Hésiod. Trav, et Jours,
134. Lucret. 5, 1285.
— L'or et l'argent servaient principalement
à la fabrication des objets de luxe,
boucles, bagues, bracelets, etc.; on en
faisait cependant aussi des vases, des
coupes et d'autres ustensiles à l'usage des
grands; c'est ainsi que tous les vaisseaux
du temple étaient faits de ces précieux
métaux, Esdras 5:14, et qu'ils tentèrent
d'autant plus l'avidité des conquérants.
L'idolâtrie se fit des dieux d'or et
d'argent, Exode 20:23; Ésaïe 2:20; Daniel
3:1; Actes 17:29, ou d'autres reliques
précieuses, Actes 19:24, et se borna souvent
aussi à plaquer d'or ses amulettes
lorsqu'elle ne pouvait suffire à les faire
d'or massif.
— Quant au plomb, moins connu et moins
estimé, il servait comme matière inerte et
pesante; on en faisait des poids et on les
suspendait aux fils à plomb, Zacharie 5:8;
Amos 7:7; cf. Zacharie 4:10. Il paraîtrait,
d'après Job 19:24, qu'on s'en servait aussi
comme de tablettes pour y écrire, même des
ouvrages entiers, cf. Pausan 9:31. Pline 13,
21; cependant Jarchi, Rosenmuller et Umbreit
pensent qu'il ne s'agit là que
d'inscriptions faites dans les rochers et
reproduites au moyen de plomb fondu que l'on
y versait.
Les instruments nommés comme servant au
travail des métaux, sont l'enclume, le
marteau, les tenailles, le soufflet, le
creuset et le fourneau, Ésaïe 41:7; 44:12;
Jérémie 6:29; Ézéchiel 22:18; Proverbes
17:3. La fusion et le travail au marteau
étaient, les procédés les plus ordinaires
pour la manipulation des métaux. La fusion
n'avait pas seulement pour but la mise en
œuvre et la production d'un objet d'art;
quelquefois elle ne se faisait que pour
l'épuration des métaux nobles, pour séparer
de l'or et de l'argent l'alliage qu'ils
pouvaient renfermer, l'écume et l'étain,
Ésaïe 1:25; Ézéchiel 22:18,20; il paraît que
pour faciliter et accélérer cette
séparation, l'on se servait d'ingrédients
particuliers que l'on ajoutait dans la masse
fondue, comme ayant avec l'alliage plus
d'affinité qu'avec l'or ou l'argent, ainsi
du plomb, Jérémie 6:29, du savon, Ésaïe 1:25
(ce passage doit se traduire «je refondrai
ton écume comme avec du savon, et j'ôterai»,
etc.). Il n'est jamais question de la fonte
proprement dite qu'en parlant de l'or, de
l'argent ou du cuivre, jamais du fer, Exode
25:12; 26:37; Ésaïe 40:19. Quant au
martelage, ou battage en feuilles, il en est
parlé, Nombres 16:38; cf. Ésaïe 44:12,
Jérémie 10:4: de soudure, Ésaïe 41:7, de
polissage, 1 Rois 7:45, de placage en
airain, or ou argent, Exode 25:11,24; 1 Rois
6:20; sq. 2 Chroniques 3:5; cf. Ésaïe 40:19;
enfin de l'épreuve des métaux par le feu ou
la pierre de touche, Proverbes 17:3; 1
Pierre 1:7. Différents corps de métiers
s'étaient déjà distingués en Israël
longtemps avant les jours de l'exil: ceux
qui travaillaient le fer, Ésaïe 44:12, ceux
qui étaient habiles dans les ouvrages
d'airain, 1 Rois 7:14, et les orfèvres qui
ne s'occupaient que des métaux nobles, Juges
17:4; Malachie 3:2. Le travail des métaux
utiles remonte d'ailleurs aux plus anciens
jours du monde, et nous voyons, Genèse 4:22,
Tubalcaïn s'en occuper et forger des
instruments de toute espèce. La construction
du tabernacle dans le désert, et plus tard
celle du temple de Salomon, prouvent que les
Israélites ne se laissèrent ni devancer, ni
surpasser; aussi leurs vainqueurs surent-ils
toujours apprécier leurs connaissances en ce
genre, et nous voyons les serruriers, les
maréchaux et les armuriers, emmenés en
captivité chez les ennemis d'Israël, et
obligés de mettre au service des conquérants
leurs talents et leurs forces, 2 Rois
24:14,16; Jérémie 24:1; 29:2; cf. 1 Samuel
13:19; Ésaïe 3:3.
MÉTHUSÉLAH.
Genèse 5:21; 1 Chroniques 1:3; Luc 3:37, fils d'Énoch et père de Lémec; c'est de tous les patriarches dont l'âge nous est rapporté, celui qui a vécu le plus longtemps, ayant atteint l'âge de neuf cent soixante-neuf ans, A. M. 687-1636. D'après la chronologie ordinaire il serait mort l'année même du déluge. Il vécut deux cent quarante-trois ans avec Adam et six cents ans avec Noé, et fut ainsi contemporain de toutes les générations depuis la création du monde jusqu'à sa première destruction par les eaux.
MÉTIERS.
C'est en Égypte probablement
que les Hébreux, jusqu'alors nomades et
pasteurs, apprirent à connaître les arts
mécaniques et les différents métiers; plus
tard, le voisinage des Phéniciens leur fut
également utile sous ce rapport, et leur fil
faire des progrès; mais, sauf le cas tout à
fait exceptionnel et miraculeux rapporté
Exode 31:2,6, il ne faut pas croire qu'avant
la fin de la période des juges, les arts
aient atteint un degré de perfectionnement
bien avancé, cf. 1 Samuel 13:20. La division
du travail était peu connue et peu
pratiquée; le père de famille devait savoir
faire un peu de tout, même les ouvrages les
plus grossiers, et ceux qui de nos jours
seraient le moins estimés, cf. Odyss. 5,
243; les femmes étaient cependant
spécialement chargées de l'ordonnance
intérieure de la maison; à elles le pain, le
fil, la toile et les vêtements, même les
habits d'hommes, Exode 35:25; 1 Samuel 2:19;
2 Samuel 13:8; Proverbes 31:21,24; Actes
9:39, etc. Cependant peu à peu, et à mesure
que le besoin d'artisans spéciaux se lit
sentir, surtout pour les travaux d'une
exécution difficile et qui demandaient un
exercice habituel et constant, les
industries s'établirent, et non seulement
des esclaves, mais des hommes libres
devinrent artisans et se livrèrent au
travail des différents métiers. (— Voir:
aussi Iliad. 4, 110; 485; 18, 601. Odyss. 3,
425; 432) Il est parlé dans les livres
saints, du fondeur, Juges 17:4; Ésaïe 40:19;
Jérémie 10:14, et ailleurs, de l'ouvrier en
or et en argent, spécialement affecté au
travail, placage ou fabrication d'idoles,
Actes 19:24; du parfumeur, Exode 30:35; de
l'artisan ou de l'ouvrier en général, Exode
35:35; Deutéronome 27:15; 1 Samuel 13:19: ce
mot comprend l'ouvrier en fer, Ésaïe 44:12;
2 Rois 24:14; 1 Samuel 13:19, celui qui
travaille l'airain, 1 Rois 7:14; cf. 2
Timothée 4:14, le charpentier et les
ouvriers sur bois, 2 Samuel 5:11; Ésaïe
44:13; cf. Matthieu 13:55; Marc 6:3, les
maçons et plâtriers, 1 Chroniques 14:1, et
les tailleurs de pierre, 2 Rois 12:12. Le
potier est aussi indiqué comme exerçant une
profession spéciale, Ésaïe 29:16; cf.
Matthieu 27:7,10; de même le serrurier,
Jérémie 24:1, le foulon, 2 Rois 18:17; cf.
Marc 9:3, le tisserand et le tapissier,
Exode 28:32, le fabricant de coton, 1
Chroniques 4:21, et même dans les grandes
villes, mais là seulement, le boulanger,
Osée 7:4; Jérémie 37:21; cf. Luc 11:5; plus
tard encore on voit le barbier oriental
s'établir aussi comme industriel dans la
terre sainte, Ézéchiel 5:1. (On trouvera
sous leurs lettres plus de détails sur
quelques-uns de ces métiers.) Cependant
comme une seule personne exerçait souvent
plusieurs de ces professions à la fois,
Exode 31:3; 2 Chroniques 2:14, on ne peut
pas croire que les Hébreux soient jamais
arrivés à une bien grande habileté dans tous
ces différents travaux, et nous voyons que
David et Salomon recherchèrent pour les
grands ouvrages qu'ils firent exécuter au
temple et dans leurs palais, des ouvriers
étrangers, et notamment des Phéniciens de
Sidon, 1 Rois 5:6; 1 Chroniques 14:1; 2
Chroniques 2:7,14.
Après l'exil, les arts et les métiers furent
beaucoup plus considérés qu'ils ne l'étaient
auparavant; des grands et même des savants
se firent artisans, et prirent souvent des
noms destinés à rappeler le métier qu'ils
exerçaient,
— Voir: Paul;
et ceux qui ne donnaient pas à leurs enfants
une profession, passaient pour les mal
élever; c'est, dit un Targum, comme s'ils
leur apprenaient le métier de voleur.
On trouve encore dans le Nouveau Testament
des corroyeurs et des faiseurs de tentes,
Actes 9:43; 10:6,32; 18:3, et dans les
livres apocryphes ainsi que dans Flavius
Josèphe, des fromagers, des cordonniers, des
tailleurs, des fraters sachant pratiquer la
saignée, des orfèvres, des crépisseurs, et
des orfèvres bijoutiers; toutefois ces
métiers étaient rangés au nombre de ceux qui
rendaient inhabiles ceux qui les exerçaient
à pouvoir jamais devenir sacrificateurs.
Les ateliers, boutiques ou magasins,
étaient, dans les grandes villes, réunis sur
les places publiques ou dans des rues très
fréquentées, Jérémie 37:21: il y avait aussi
des boucheries, un marché aux viandes, et
une vallée où se réunissaient les fabricants
de fromages, et qui en a reçu le nom grec de
vallon des Tyropéens.
MEULE
(mouture). Dans les premiers
temps, lorsque l'agriculture était encore
dans l'enfance, comme l'humanité elle-même,
on rôtissait les grains, puis on les pilait
dans un mortier, cf. Nombres 11:8; et Serv,
ad. Æneid. 1, 184. Au dire de Burckhardt, le
même usage subsiste encore chez les Arabes
de nos jours, et dans les petits ménages de
l'Orient. Cependant les moulins à bras, sous
leur forme la plus simple, ont été connus de
très bonne heure; les Hébreux eux-mêmes en
avaient déjà connaissance pendant le séjour
de l'Égypte, Nombres 11:8, et ils
continuèrent de tout temps à s'en servir
comme s'en servent encore aujourd'hui les
Orientaux. Ces moulins consistaient en deux
meules posées l'une sur l'autre, la
supérieure étant mobile et appelée en
conséquence le char ou le coureur,
Deutéronome 24:6; 2 Samuel 11:21; Juges
9:53; l'inférieure immobile, Job 41:15,
était la borne, on l'appelait aussi
quelquefois l'âne, c'est-à-dire le porteur.
Dans les familles pauvres et peu nombreuses,
c'étaient les femmes qui devaient moudre;
dans de grandes familles où ce travail
devenait considérable et pénible, il était
remis à des esclaves, soit hommes, soit plus
ordinairement femmes, Matthieu 24:41; Luc
17:35, et en général aux plus méprisés et à
ceux qui n'étaient pas capables d'un travail
plus délicat, Exode 11:5; Ésaïe 47:2; Juges
16:21; Ecclésiaste 12:5. C'était surtout
comme punition, comme peine corporelle,
qu'on infligeait à des hommes cette
occupation, et lorsqu'ils étaient dangereux
on les chargeait de chaînes, même on les
aveuglait, ce qui avait le double effet de
paralyser des forces qu'ils auraient pu mal
employer en les portant plus loin, et
d'empêcher le vertige que le mouvement de la
meule produit naturellement, Juges 16:21;
Lamentations 5:13. On trouve, Jérémie 25:10,
une allusion au bruit que la meule fait en
tournant, bruit agréable par ses souvenirs,
agréable comme espérance et par liaison
d'idées, agréable, parce qu'il promet du
pain à la famille, et parce qu'il rappelle
la paix et la tranquillité du chez soi; on
peut comparer à l'impression produite par ce
bruit, celle que fait le bruit du moulin à
café: ce bruit cessera comme tant d'autres
jouissances, lorsque s'accompliront les
menaces de l'Éternel. Les meules étant
regardées comme objets de première
nécessité, ne pouvaient être prises en gage,
Deutéronome 24:6.
Il est parlé plus tard, dans le Talmud et
dans le Nouveau Testament,
— Voir: Matthieu 18:6,
de meules d'ânes, c'est-à-dire de meules
pour la mise en mouvement desquelles l'homme
étant trop faible, on se servait d'ânes (asini
molarii); les Grecs, les Romains avaient
des meules de ce genre, et les Orientaux de
nos jours s'en servent encore, et les font
mouvoir par des ânes ou des mulets,
quelquefois par plusieurs esclaves réunis,
Ovid. Fast. 6, 318.
— Voir: Burckhardt, et ailleurs.
Sur la coutume d'attacher une meule d'âne au
cou de certains criminels, et de les
précipiter dans l'eau pour les noyer,
— Voir: Peines.
MEURTRE, meurtrier.
Le droit criminel des
Israélites reconnaissait comme l'ont fait
toutes les législations, la distinction
entre le meurtre proprement dit et
l'homicide involontaire, quoiqu'elle se
servît du même nom pour désigner l'un et
l'autre, cf. Nombres 35:25; sq. Le meurtre
entraînait toujours après lui la peine de
mort sans possibilité de commutation,
Lévitique 24:17: la loi n'était ainsi que
l'écho de la première institution de cette
peine, lorsque Dieu dit à Noé au sortir de
l'arche, «quiconque aura répandu le sang de
l'homme, son sang sera aussi répandu»,
Genèse 9:5-6. L'homicide involontaire
pouvait aussi quelquefois amener la mort
pour le meurtrier, en vertu de l'ancienne
coutume qui abandonnait aux membres de la
famille du mort le droit de la vengeance du
sang; le coupable était innocent devant la
loi, mais, à cause du sang et de la terre
qui en était souillée, les parents pouvaient
poursuivre le meurtrier; la justice refusait
de sévir, mais laissait libre cours aux
ressentiments privés; l'institution des
villes de refuge était la seule garantie que
la loi donnât dans ce cas à l'homicide
innocent, Nombres 35:25; Deutéronome 19:5.
Quand le meurtre avait été commis par un
animal, par un bœuf, par exemple, l'animal
était mis à mort, et son propriétaire, rendu
responsable par la loi, devait une indemnité
à la famille du défunt, et si la famille du
défunt ne se contentait pas de cette
réparation, elle avait le droit de vengeance
comme dans le cas de l'homicide
involontaire, cf. Exode 21:28-30. Mais s'il
y avait eu meurtre volontaire, ou même
simplement intention de donner la mort,
accompagnée de voies de fait et de violences
sur la personne d'un homme libre, la peine
capitale était inévitablement prononcée,
Exode 21:12; Nombres 35:16; Deutéronome
19:11. Il pouvait même ne pas y avoir
intention de donner la mort, mais coups
portés par haine et suivis accidentellement
de la mort par un faux mouvement de celui
qui était menacé; la loi par sa sévérité
pressentait dans ce cas cette belle maxime
du Messie: «Celui qui hait est un
meurtrier;» le coupable était considéré
comme assassin. Le meurtre d'un voleur
surpris pendant la nuit en flagrant délit
n'était pas punissable; mais si le soleil
était levé, il était considéré comme un
meurtre ordinaire, et puni comme tel, Exode
22:2; pendant la nuit, en effet, deux
circonstances pouvaient excuser l'homicide
qui se trouvait dans ce cas: le soin de sa
propre défense, à laquelle il doit pourvoir
seul, puisque chacun dort autour de lui;
puis l'incertitude de ses coups, qu'il ne
peut pas diriger comme il le voudrait dans
l'obscurité, et du funeste résultat desquels
il ne saurait être justement rendu
responsable. La mort d'une femme enceinte,
lorsqu'elle était produite, involontairement
sans doute, dans une rixe entre deux hommes,
était cependant vengée par la mort, du
meurtrier, parce que dans ce cas il y avait
double meurtre, et que la cause de la mort
n'était pas un accident, mais un esprit de
querelle qui en lui-même déjà mérite un
châtiment, et qui doit être responsable du
mal dont il est la cause, Exode 21:23. II
n'est pas sûr que la peine de mort fût
prononcée contre le propriétaire d'une
maison dont le toit, non garni d'une
balustrade, aurait occasionné la chute et la
mort d'une personne, Deutéronome 22:8.
Michaélis penche pour l'affirmative, Winer
croit, au contraire, que le législateur se
borne à mettre cette responsabilité sur la
conscience du propriétaire. Lorsqu'un
esclave frappé par son maître mourait sous
les coups, le maître était puni; rien
n'indique de quelle nature était ce
châtiment, mais on peut croire qu'il était
sévère, puisque pour une dent ou pour un œil
l'esclave était affranchi; les rabbins
pensent que le maître était puni de mort,
mais ils ne s'appuient sur aucune raison
suffisante: si cependant l'esclave survivait
de quelques jours à ces mauvais traitements,
la loi, tenant compte du droit de frapper,
devenait impuissante, et la perte de
l'esclave était considérée comme une peine
assez forte pour qu'il ne fallût pas
l'aggraver par une condamnation spéciale
«c'est son argent.» Exode 21:20. Enfin, dans
le cas d'un meurtre inconnu, Deutéronome
21:1-9, le lieu le plus voisin de l'endroit
où le délit avait été commis était chargé de
la responsabilité, et les anciens de la
ville sacrifiaient en expiation, dans une
vallée solitaire et abrupte, une jeune
génisse à laquelle on coupait le cou comme
on l'aurait fait au criminel, au lieu de la
mettre à mort suivant l'usage ordinaire.
La constatation d'un meurtre ne pouvait
avoir lieu que sur la déposition d'au moins
deux témoins, Nombres 35:30; le faux
témoignage en pareille matière était puni de
mort par la loi du talion, Deutéronome
19:16-20. Les témoins, dans le cas de
lapidation, devaient les premiers jeter la
pierre au condamné; lorsqu'il y avait
décapitation, c'était, semble-t-il, au
vengeur du sang de remplir l'office de
bourreau, Nombres 35:19,21. On peut voir, 2
Samuel 11:4, l'exemple d'un cas où les rois
d'Israël se sont arrogé le droit de grâce à
l'égard de meurtriers reconnus; mais on ne
peut pas généraliser la conclusion tirée de
ce cas particulier.
La loi ne renferme aucune disposition
relative à l'infanticide, et ce crime paraît
avoir été inconnu des Israélites, les causes
qui l'amènent dans nos sociétés modernes
n'existant pas chez eux, où tout tendait à
le prévenir. Il n'est rien dit non plus du
parricide. Les Juifs postérieurs ont
appliqué à l'empoisonneuse ce qui est dit de
la sorcière, Exode 22:18, et ils punissaient
de mort ceux qui préparaient des poisons,
alors même qu'on ne s'en était pas servi.
Enfin, il n'y a rien dans la loi qui soit
relatif au suicide; Flavius Josèphe le
condamne dans une digression théologique, et
l'on trouve des exemples de cas de ce genre,
1 Samuel 31:4, où Saül se perce de son épée
ainsi que son écuyer; 2 Samuel 17:23, où
Achitophel s'étrangle, et Actes 1:18, où le
traître se fait justice à lui-même; cf.
aussi 2 Maccabées 14:41.
— Voir: encore les articles spéciaux.
MICA ou Michée
(Juges 17 et 18), Israélite de la tribu d'Éphraïm, vivait probablement pendant l'époque qui s'écoula entre la mort de Josué et l'institution îles juges, vola à sa mère 1,100 pièces d'argent qu'il ne tarda cependant pas à lui rendre; une partie de cette somme fut consacrée à l'achat de deux images, le reste dut subvenir aux frais de ce culte idolâtre. Mica fit lui-même un éphod et des théraphims, et consacra l'un de ses fils pour prêtre à l'Éternel, mêlant ainsi dans sa conduite le paganisme et la religion révélée, et paraissant ne pas s'apercevoir de toutes ses inconséquences. Bientôt un lévite passe, et Mica l'engage comme prêtre au service de sa maison, dans l'espoir que l'Éternel lui fera du bien pour ce singulier acte de fidélité; mais cette espérance est vaine, son lévite le trahit, quelques espions danites envoyés à la découverte deviennent maîtres de ses secrets, et les livrent avec ses trésors à la troupe armée qui les accompagne. Il réclame, il poursuit, mais ses paroles comme ses démarches sont inutiles, on refuse de l'entendre, et il rentre chez lui, désolé d'avoir perdu des dieux qui n'avaient pourtant pas su le défendre, et dont au contraire la possession avait été pour lui une cause de ruine, en attirant l'attention et la convoitise des soldats pillards. L'histoire de Mica, épisode peu intéressant d'une époque où il n'y avait en Israël ni état ni gouvernement, reste comme un exemple de l'aveuglement où l'idolâtrie jette ceux qui abandonnent la droite voie, et du malheur qui s'attache à ceux qui veulent suivre à la fois Dieu et le monde, les ténèbres et la lumière. Ce pauvre Juif a été peut-être plein de bonnes intentions par devers lui, mais un zèle sans connaissance n'a pas de prix aux yeux de l'Éternel, lorsque c'est par sa faute que le pécheur manque des connaissances qu'il devrait avoir dans la doctrine de la vérité.
MICAËL
(qui est comme Dieu?), un des
grands anges ou archanges dont l'existence
et le nom nous sont révélés par l'Écriture.
Micaël, appelé Michel en grec, Jude 9, était
regardé comme le représentant du peuple juif
devant Dieu, et en quelque sorte sa
personnification. Les rabbins l'opposent
souvent à Sammaël, le prince des ténèbres.
C'est comme protecteur d'Israël qu'il
apparaît Daniel 10:13,21; 12:1, et salut
Jean nous le montre remportant aux derniers
jours la victoire sur Satan et ses anges,
Apocalypse 12:7. Ces différents passages
n'ont pas besoin d'explication, mais le
combat rapporté Jude 9, entre l'archange et
le démon, présente de graves difficultés. On
a cru trouver dans ce passage une allusion à
Zacharie 3:1-2. (Bèze et Vitringa), mais
pour appuyer cette opinion, il faut changer
le texte et lire (au lieu de Michel) Jésus,
Josué, ou Jéhosuah, trois noms qui n'en sont
qu'un dans l'original avec de légères
modifications; cette variante n'étant qu'une
hypothèse sans fondement doit être
abandonnée, d'autant plus qu'il faudrait
encore, en l'admettant, prendre Micaël pour
Jéhovah, et le corps pour la personne.
D'autres théologiens, partageant la même
opinion sans accepter les variantes, pensent
que le corps de Moïse représente le judaïsme
personnifié dans le grand sacrificateur
Jéhosuah (Wolff, Witsius).
— Une seconde classe de commentateurs, et
non seulement les rationalistes, mais aussi
quelques théologiens orthodoxes, par exemple
Ligthfoot, supposent que Jude a cité ici des
traditions apocryphes, comme Paul
quelquefois allègue des poètes païens; il ne
veut ni confirmer, ni réfuter, il se borne à
employer cet argument contre ceux auxquels
il s'adresse, parce qu'ils ajoutent foi à de
pareils récits, tout en faisant parade de
leur prétendue sagesse; il se sert contre
eux d'un argument qu'ils accepteront, bien
qu'il ne l'accepte pas lui-même. Mais quand
Paul fait des citations de ce genre, c'est
avec plus de précautions, et il est probable
que si Jude eût voulu citer une fable, il se
serait exprimé autrement qu'il n'a fait.
Troisièmement enfin, et c'est depuis Calvin
l'opinion le plus ordinairement reçue par
les commentateurs chrétiens, il se peut bien
que cette tradition se trouvât dans les
livres apocryphes, mais ce n'est pas là que
Jude l'a puisée: l'apôtre nous transmet une
tradition qui s'était conservée parmi les
Juifs, et dont il connaissait l'authenticité
par une révélation de l'esprit de Dieu qui
était en lui. C'est ainsi qu'on peut
trouver, dans des légendes, ou racontés par
des prêtres, beaucoup de faits qui n'en sont
pas moins des vérités pour avoir passé par
ces intermédiaires, en général peu dignes de
confiance. Jude a fait ici ce que Paul a
fait 2 Timothée 3:8, en citant les noms de
Jaunes et de Mambrès; il a suivi la
tradition dans un cas où il savait qu'il
pouvait le faire. Bèze s'est joint à cette
manière de faire, ainsi que Buddé,
Schœttgen, Witsius, etc.
On prend-ordinairement comme motif de cette
dispute l'intention de Satan de pousser les
Juifs à l'idolâtrie en leur présentant le
corps de Moïse; mais il vaut mieux avouer
son ignorance que d'avancer des choses sans
fondement. S'il y a dans l'Église chrétienne
une idolâtrie relativement aux corps des
saints, cette idolâtrie n'existait pas, et
ne pouvait même pas exister pour l'Orient où
les corps morts souillent les vivants; on
évite de les approcher, et les Juifs
devaient se purifier s'ils n'avaient pu
éviter de toucher un cadavre. D'autres ont
modifié cette explication en disant qu'il
est question de nécromancie dans ce passage;
mais dans ce but le corps mort de celui
auquel on s'adressait n'était pas
nécessaire, cl. 1 Samuel 28, et 25:1.
— Il paraît bien que la circonstance que
Moïse a été enseveli par le Seigneur
lui-même, a donné occasion à cette dispute,
Deutéronome 34:6, mais nous n'en savons pas
davantage, et lé seul cas un peu analogue
que nous trouvions dans l'Écriture est celui
de Zacharie 3:2. L'opinion qui entend par le
corps de Moïse son corps de doctrine, n'est
pas soutenable.
— Les noms de plusieurs autres Micaël se
trouvent Nombres 13:14; 1 Chroniques 5:13;
7:3; 12:20; 2 Chroniques 21:2.
MICAJA,
— Voir: Mahaca #2.
MICAL,
fille cadette de Saül et d'Ahinoham, 1 Samuel 14:49. Elle aima David et devint son épouse après que Mérab son aînée, d'abord fiancée au fils d'Isaï, eut été donné à un autre, 18:20. Saül se réjouit de cet amour, espérant faire tomber David entre les mains des Philistins en lui demandant une dot sanglante; mais le jeune berger, trop heureux de mériter par son courage une épouse qu'il aimait, revint triomphant et déjoua, sans le savoir, des plans qu'il avait ignorés. La haine de Saül ayant éclaté, Mical fut attentive à veiller sur les jours de son mari, et le tint autant que possible au courant des mesures que Saül prenait contre lui; la maison de David ayant été cernée, Mical le fit évader par une fenêtre, et mit un simulacre avec une hure de poil de chèvre dans son lit, pour retarder les recherches, en faisant croire aux guerriers de Saül que David était malade. La ruse ne pouvait rester longtemps cachée, mais il fallait retourner auprès du roi pour l'interroger sur ce qu'il y avait à faire dans cette circonstance, et pendant ce temps David put gagner du terrain et s'échapper. Mical s'excusa auprès de son père en disant que David l'avait menacée de la tuer si elle essayait de le retenir. C'est probablement pendant cette absence de David que Mical fut donnée par son perfide père à Palti, 25:44, mais cette séparation, et ce second mariage auquel David n'avait pas consenti, furent nuls aux yeux de David, qui ne put appliquer à ce cas l'interdiction prononcée par la loi, Deutéronome 24:4, et qui reprit son épouse aussitôt qu'il le put, 2 Samuel 3:13. Le dernier trait de la vie de Mical n'est pas à sa louange; elle aimait son époux, elle n'aimait pas le roi théocratique et prophète: lorsque l'arche fut transportée de la maison d'Hobed-Édom à Jérusalem, David, plus joyeux des bénédictions divines que soigneux du décorum et de l'étiquette, David qui n'avait pas pris des leçons de royauté à la cour de Saül, s'abandonnait à toute l'allégresse dont son âme était pleine; Mical le vit sautant de toute sa force devant l'Éternel, et elle le méprisa dans son cœur: puis à son retour elle l'accueillit avec des paroles ironiques, qui lui valurent une réponse pleine d'amertume, et qui amenèrent entre ces deux époux qui se comprenaient pour les choses de la terre, mais qui ne se comprenaient plus lorsqu'il était question des choses du ciel, un refroidissement qui dura jusqu'à la mort de Mical (6:16; sq. 1 Chroniques 15:29). Le récit sacré finit en disant qu'elle n'eut point d'enfants jusqu'au jour de sa mort, ce qui emporte tout à la fois l'idée d'un châtiment de Dieu sur la fille de Saül, et de la cessation des rapports entre David et son épouse. La sagesse de Dieu est souvent folie devant les hommes; le chrétien fidèle peut être un objet de ridicule pour les bien pensants de ce siècle et pour les Pharisiens du bon ton.
MICHÉE.
-
Prophète, fils de Jimla, 897 avant J.-C., fut, à la demande de Josaphat, consulté par Achab sur l'issue de la campagne qu'il se proposait d'entreprendre contre la Syrie, 1 Rois 22; 2 Chroniques 18. Achab le haïssait à cause de plusieurs oracles qu'il avait déjà prononcés contre lui, et peut-être ce prophète est-il le même que celui dont il est parlé 1 Rois 20:28,41. Mandé auprès du monarque, il est averti en chemin que tous les autres prophètes, au nombre de 400, ayant annoncé l'heureux succès de la guerre, il ait à en faire autant; mais, prophète de l'Éternel, vrai prophète, il ne dira que ce que Dieu lui dira. Il connaît les mauvaises dispositions d'Achab, il ne craint pas de les irriter encore par l'ironique amertume de son début. Achab voit que ses promesses de bonheur ne sont que dérisoires, et, lorsque le prophète, changeant de langage, lui annonce, d'une voix solennelle, la confusion de ses armées, la dispersion du peuple, sa mort à lui-même, il voit murmurer le monarque et ses faux prophètes; il continue alors, il instruit le procès de chacun, il frappe le roi, il frappe les messagers de mensonge, il raconte une vision divine, le conseil de Dieu et de ses anges, l'esprit d'étourdissement envoyé sur Achab, de mensonge sur ses prophètes-courtisans. En vain l'orgueilleux et violent Tsidkija donne un soufflet à Miellée; en vain Achab fait jeter le prophète en prison, l'oracle ne saurait être changé, la vérité demeure, les prédictions s'accomplissent, Israël est vaincu, Achab est tué.
— L'Histoire sainte s'arrête ici, sans donner aucun détail ultérieur sur la vie et l'activité de ce prophète; mais, dans ce peu de détails, on reconnaît partout l'homme ferme, juste, fidèle à son maître comme à la vérité: rien ne l'émeut, rien ne l'abat, rien ne l'irrite. Il était contemporain d'Élie, et rappelle, à quelques égards, ce grand caractère plein de feu, d'énergie, et parfois d'ironie, un se demande pourquoi Josaphat, désirant entendre un prophète du vrai Dieu, fait chercher Michée plutôt qu'Élie. C'est peut-être qu'on ignorait où se tenait ce dernier; peut-être aussi parce que la haine d'Achab contre le grand prophète était trop implacable; plus probablement et plus simplement enfin parce que Michée était là, et qu'il avait aussi l'esprit du Seigneur comme Eue.
-
Michée, le sixième des petits prophètes (758-699). Nous n'avons sur sa personne et sur sa famille d'autres indices que ceux qu'il nous donne lui-même, 1:1. Il était de Moréseth, et fut contemporain des rois Jotham, Achaz et Ézéchias, contemporain, par conséquent, du prophète Ésaïe, d'Osée et d'Amos, et de deux siècles postérieur au fils de Jimla, dont il a été parlé ci-dessus. Les royaumes de Juda et d'Éphraïm, ce dernier surtout, étaient dans ces jours de crise qui préparaient leur ruine: Salmanassar se levait contre Éphraïm, Sanchérib contre Juda, et, malgré quelques délivrances momentanées et miraculeuses, le temps était à l'orage. Cependant le peuple n'y prenait pas garde, et cette fatale sécurité, qui précède les grandes catastrophes, régnait sur les habitants des deux royaumes et les endormait. Les prophètes seuls veillaient. Michée déclare tour à tour à Jérusalem et à Samarie, à Juda et à Éphraïm, les châtiments qui les attendent, et les invite à la repentance et au salut; mais il sait bien qu'on ne l'écoutera pas; il le dit lui-même: «Un esprit d'erreur, un prophète de mensonge qui prêcherait le vin et la cervoise, voilà qui serait un prophète pour ce peuple» (2:11). Son nom et l'amertume de ses prédictions contribuèrent, cent ans plus tard, à sauver les jours de Jérémie (26:18, cf. Michée 3:12), que les principaux de Jérusalem voulaient mettre à mort, parce qu'il avait censuré leur mauvais train, et annoncé la ruine de la ville sainte.
— Le style de Michée est vif, chaleureux, animé, pittoresque; il abonde en figures, et revêt, par moments, la forme du dialogue. Son livre se divise en trois parties:
-
les chapitres 1-3, qui renferment la description de l'état moral du peuple, et les châtiments qui l'attendent;
-
les chapitres 4 et 5 sont une prophétie messianique, un coup d'oeil dans l'avenir, la perspective de jours meilleurs;
-
-
retour à la première partie, 6 et 7. On peut aussi le diviser historiquement en trois parties, dont la première (1-2:10) renferme les oracles prononcés sous Jotham, roi de Juda, et sous son contemporain, Pékah d'Israël; la seconde (2:10-4:8) a été prononcée sous Achaz et sous Ézéchias, qui fut associé à son trône pendant les dernières années de sa vie, ainsi que pendant la fin du règne de Pékah en Israël; la troisième enfin appartient au règne d'Ézéchias, dont les six premières années coïncident avec la plus grande partie du règne d'Osée, le dernier roi d'Israël (4:9-7). C'est dans cette dernière portion de son livre que se trouve cet oracle si clair et si connu des Juifs, de la naissance du Messie en Bethléem de Juda.
— Ésaïe, 2:2-4, a copié presque littéralement Michée 4:1-3; du moins l'opinion inverse qui suppose que c'est Michée qui a copié Ésaïe se justifie moins bien, de même que celle qui veut que tous les deux aient emprunté ces versets à un troisième prophète plus ancien.
— Voir: Preiswerk, Morgenl. 1839, p. 129, sq..
-
Fils de Guémaria, Jérémie 36:11. Ayant entendu lire dans la salle de son père les oracles de Jérémie contre Jéhojakim, et peut-être ayant vu l'impression que ces paroles avaient faites sur le peuple, il trouva la chose assez importante, et courut avertir les princes. Il ne paraît pas qu'il se proposât de nuire au prophète, et l'on aurait tort de voir en lui un délateur; il a voulu servir les intérêts de ses maîtres, et n'a pas cru pouvoir mieux les servir qu'en leur faisant connaître la parole de l'Éternel; il était assez naïf pour croire que les grands et les chefs des nations désirent d'être éclairés. Si le roi s'est irrité, si la vie du prophète a été en danger, la faute n'en est point à lui, mais aux mauvaises dispositions de Jéhojakim et à son inimitié contre la vérité.
MICHEL,
— Voir: Micaël.
MICHMÉTHA,
ville située sur les frontières d'Éphraïm et de Manassé, non loin de Sichem, vers l'est-nord-est, Josué 16:6; 17:7.
MICMAS,
ville des Benjamites, Esdras 2:27; Néhémie 11:31; cf. 7:31, au sud de Migron, dans la direction de Jérusalem, Ésaïe 10:28, et à l'est de Béthaven, 1 Samuel 13:5. C'est dans le défilé de ce nom, situé à l'est de la vallée d'Ajalon, que Jonathan remporta, par la foi, la victoire sur les Philistins, après avoir jeté l'épouvante dans leur camp. La position de Micmas était importante sous le point de vue militaire, à cause des deux rochers qui fermaient l'entrée du défilé, cf. Ésaïe 10:29; 1 Samuel 14:4; et 1 Maccabées 9:73. Ses environs étaient extrêmement fertiles. On trouve encore quelques ruines, et même des cabanes habitées, placement de l'ancienne Mien faut les chercher plus loin qu'Elbir, et moins à l'ouest de Jérusalem.
MICTAM,
— Voir: Psaumes.
MIDDIN,
ville du désert de Juda, Josué 15:61.
MIEL,
substance bien connue, qui a
été de tous temps, et qui est encore de nos
jours, un des principaux régals des
Orientaux,
— Voir: Genèse 43:11; 1 Samuel 14:27;
2 Samuel 17:29; Psaumes 19:10 (cf. Sirach
39:31); Cantique 5:1; Proverbes 24:13;
Ézéchiel 16:13; Luc 24:42; etc.
Bochart a consacré vingt-huit pages à
l'éclaircissement des passages bibliques où
il est parlé du miel, et son travail doit
être consulté.
Les païens avaient coutume d'offrir du miel
en sacrifice à leurs divinités, et c'est
peut-être pour éloigner toujours plus les
Israélites des usages païens, que Dieu leur
avait défendu de le faire sur ses autels;
d'un autre côté, pour les rattacher
cependant à la vie paisible de
l'agriculture, il avait maintenu les
prémices du miel avec toutes les autres
offrandes en nature, comme devant être
offertes aux prêtres pour servir à leur
entretien; cf. Lévitique 2:11; 2 Chroniques
31:5.
— Quelques auteurs pensent que dans
plusieurs passages de l'Ancien Testament, et
notamment Genèse 43:11; Ézéchiel 27:17;
Jérémie 41:8, il ne s'agit pas du miel
d'abeilles, mais d'une espèce de liqueur
sucrée, de sirop, qui découle des dattes
lorsqu'elle sont en pleine maturité (les
docteurs juifs, Maïmonide, Flavius Josèphe;
Hiller, Celsius, Geddes, etc.); ils
s'appuient entre autres sur ce que le mot
hébreu debash qui signifie miel, a en
arabe le sens de dattes; d'autres pensent
qu'il faut l'entendre d'un miel de raisins,
c'est-à-dire du jus de la vigne, cuit avec
ou sans sucre, jusqu'à épaisseur de sirop
(Rosenmuller); cette boisson se fait de nos
jours encore en Syrie et en Palestine (Shaw,
Russel, Burckhardt). Trois quintaux de
raisins donnent un quintal de cette liqueur,
nommée encore debs (debash). On
l'emploie au lieu de sucre, en la délayant
d'eau; pour les pauvres elle remplace aussi
le beurre, et pour les malades le vin. Les
Grecs et les Romains connaissaient aussi le
miel du raisin, et ils s'en servaient non
seulement avec le vin et le lait, mais aussi
pour l'assaisonnement des fruits cuits
(Virgile, Ovid., Pline, etc.). On fait
observer encore que le miel était si commun
en Palestine qu'on a pu appeler cette terre
un pays découlant de lait et de miel, Exode
3:8; 13:5; Deutéronome 32:13; Psaumes 81:16;
etc., et que par conséquent un présent de
miel ne pouvait pas être quelque chose de
bien rare pour le gouverneur de, l'Égypte,
tandis que du miel de raisin était plus
digne de lui être offert, et plus capable de
le bien disposer, Genèse 43:11.
Quoi qu'il en soit de cette question, les
abeilles abondaient en Palestine, et les
forêts pleines de leurs essaims, étaient
chargées de rayons dont les cellules, se
fondant à l'ardeur du soleil, laissaient
échapper leur miel qui coulait le long des
arbres et sur les rochers, pur de toute
espèce d'alliage, de mélange de cire, plus
délicat et plus recherché que le miel des
abeilles de jardin: les Hébreux l'appelaient
yaarah, mot que nos versions ont
improprement traduit par rayon de miel, 1
Samuel 14:27; Cantique 5:1, au lieu de: miel
qui coule, ou de: ce qui distille des rayons
de miel;
— Voir: aussi Matthieu 3:4.
D'après Suidas, Kühnol, Fritsche, ce miel de
forêts désignerait une espèce de manne qui
découle des feuilles de certains arbres,
soit naturellement, soit par suites des
piqûres d'un insecte; mais cette opinion ne
se justifie que par des analogies éloignées.
— Le mot nopheth employé Psaumes 19:10;
Proverbes 5:3; 24:13; 27:7; Cantique 4:11, a
paru à Harmer désigner le miel de dattes,
mais il signifie étymologiquement ce qui
distille, et le mot noub qui
correspond en arabe à l'hébreu nouph
ou nopheth, signifie encore miel
sauvage, ce qui distille des rayons de
miel (Forskal, Russel). Hasselquist,
Maundrell et Shaw, ont trouvé dans les
plaines émaillées de Jérico des rayons de
miel sauvage aussi gros et aussi soignés que
s'ils eussent été dans des ruches.
Le beurre et le miel sont nommés dans
l'Écriture parmi les rafraîchissements les
plus délicieux, 2 Samuel 17:29; Cantique
4:11; Job 20:17; Ésaïe 7:15. Dans le passage
1 Samuel 14:27; cf. 30, l'effet produit par
le miel sur les yeux de Jonathan, n'est
autre chose que les forces et la clarté
d'esprit que retrouve un homme fatigué et
affamé lorsqu'il s'est un peu reposé et
qu'il a pris quelque nourriture. Mais comme
de violents désirs ont de violentes fins, et
que la voracité s'engloutit et se tue
elle-même dans sa satisfaction, Salomon a
choisi l'exemple du miel pour recommander à
l'homme la sobriété, Proverbes 25:16.
Les Hébreux appelaient bakbuk le vase
destiné à contenir le miel coulé, 1 Rois
14:3: d'après Jérémie 19:1,10, il paraît que
c'étaient des vases de terre, et nos
versions ont improprement traduit ce mot par
bouteille, car il est évident que c'est de
vaisseaux évasés et non de vases à longs
cous que les Hébreux devaient se servir,
pour y mettre une liqueur sirupeuse aussi
facile à se candir que le miel.
MIGDAL.
-
Migdal-El, ville de la tribu de Nephthali, Josué 19:38. L'endroit dont parle Eusèbe sous le nom de Magdiel, tombe en dehors des limites de cette tribu, et ne doit ainsi pas être confondu avec cette ville.
-
Migdal-Gad, dans les plaines de Juda, Josué 15:37.
MIGDOL,
ville d'Égypte située non loin du golfe arabique, à la frontière septentrionale du pays, Exode 14:2; Nombres 33:7; Jérémie 44:1; 46:14; (hébreu, Ézéchiel 29:10; 30:6). La version d'Alexandrie, et Hérodote, la nomment Magdol, et dans la langue des Égyptiens elle s'appelait Meschtôl au dire de Champollion. Elle était entre Pelusium et Daphné, à environ 4 lieues 1/2 de Pelusium.
MIGRON,
ville au sud-sud-ouest d'Aï, et au nord de Micmas, Ésaïe 10:28; 1 Samuel 14:2. D'après Rosenmuller il y aurait eu aussi un endroit de ce nom près de Guibhath-Saül, et c'est de cette place qu'il serait question dans le dernier passage; il s'appuie sur ce que Saül étant à Guibhath, 13:16, et les Philistins à Micmas, 13:23, il ne pouvait avoir franchi l'armée ennemie pour se rendre au-delà, à Migron; mais comme le fait observer Winer, c'est une difficulté qu'une connaissance plus exacte des lieux et des défilés ferait peut-être disparaître; il n'est d'ailleurs pas probable que si près de Migron, se trouvât un endroit du même nom sans désignation spéciale.
MILET,
ville de l'Asie Mineure, peu
éloignée d'Éphèse; d'abord appelée Lelégeis
elle a pris successivement les noms de
Pityusa, d'Anactoria et de Milet, et ses
ruines portent maintenant le nom de Palat ou
Palatsa: Chandler, dernier éditeur des
marbre de Paros, paraît du moins avoir bien
établi l'identité de ces deux endroits, car
à Palat il a trouvé sur le côté du théâtre
qui avoisine la mer, une inscription en gros
caractères, grossièrement taillée, dans
laquelle le nom de la ville de Milet est
répété sept fois.
— Célèbre par la finesse de ses laines et la
beauté de ses étoffes, Milet, capitale de
l'Ionie, avait ouvert quatre ports au
commerce, et possédait un grand nombre de
colonies: Thaïes, Anaximandre et Cadmus
étaient originaires de cette ville, qui
possédait encore beaucoup d'autres citoyens
illustres; mais plus tard des habitudes de
luxe et de volupté corrompirent les mœurs,
et avec elles s'évanouit la bonne réputation
de sagesse et d'intelligence qu'avaient
longtemps méritée ses habitants. L'apôtre
Paul y passa se rendant de Macédoine à
Jérusalem, et il y eut une conférence avec
les pasteurs d'Éphèse, qu'il avait fait
venir ne pouvant se rendre auprès d'eux,
Actes 20:15; 17; cf. aussi 2 Timothée 4:20.
MILLE.
-
Nombre qui se prend souvent dans l'Écriture pour exprimer une quantité considérable, mais indéfinie, Deutéronome 5:10; 7:9; Psaumes 84:10; 105:8; Apocalypse 20:2-4. C'est sur ce dernier passage que repose toute la doctrine du chiliasme ou du règne personnel de notre Sauveur sur la terre pendant mille ans, doctrine que nous ne pouvons examiner ici, qui a été crue des premiers pères comme elle l'était des Juifs, qui a été condamnée par l'Église à cause des aberrations de ses sectateurs, et qui, si elle doit être acceptée par le chrétien fidèle et humble, doit l'être simplement, et sans les additions et les développements d'une fausse sagesse ou d'une riche imagination, car il y a autant et plus de danger à la défigurer qu'à la rejeter; dans le premier cas on flatte la chair en matérialisant l'esprit, dans le second on se prive d'une espérance et d'un privilège.
-
Mille, Matthieu 5:41, mesure de distance qui varie beaucoup d'un pays à l'autre; les Juifs ne connurent que depuis la domination romaine cette mesure qui leur fut donnée par les conquérants; le milliare ou milliarium comptait mille pas géométriques, soit 5,000 pieds, soit plus exactement encore 1,800 mètres, ou bien un tiers de lieue de 25 au degré; c'est le mille anglais, ou le tiers du mille géographique. Les talmudistes ont conservé à cette mesure le nom de mil, mais ils la réduisent à 7 1/2 au lieu de 8 stades. Les Romains établirent sur les grandes routes de la Palestine des pierres milliaires qui indiquaient les distances des villes les plus rapprochées ou les plus importantes,
— Voir: Villes.
MILLÉNIUM.
On est d'accord sur le mot. Les interprètes ne peuvent faire autrement, en présence du vingtième chapitre de l'Apocalypse, que de reconnaître clairement un règne de mille ans comme prédit; mais ils sont extrêmement divisés quant à la manière de le concevoir. Les uns le présument terrestre, comme un règne visible et personnel de Christ au milieu de l'Église et sur le monde vaincu et soumis, qui tentera cependant de se soulever une dernière fois. C'est proprement la théorie apocalyptique. Il y a quelques présomptions assez fortes, à priori, en faveur de cette idée.
-
L'Église étant présentée comme plus glorieuse, même extérieurement, que l'ancien Israël, on ne voit point que cette promesse soit accomplie dans son existence actuelle, où tout bien est invisible, et où toute gloire est cachée.
-
Les promesses faites aux Juifs sur le rétablissement de Jérusalem comme métropole du monde, et où son Messie enfin reconnu dominera en étendant sa loi sur tous les peuples, prophéties qui ont quelque chose de littéral et qui n'ont jamais eu d'accomplissement encore et n'en ont un possible que dans cette hypothèse, Jérémie 32:37-44; 33:20,24-26.
Le seul argument qu'on puisse invoquer
contre ce système est la déclaration de
Christ: Mon règne n'est pas de ce monde.
Mais comme d'autre part son règne doit être
sur la terre, n'y aurait-il pas quelque
vraisemblance à ce que l'Église eût une
période visible, glorieuse, et qui la rendît
supérieure à l'ancienne, à laquelle elle est
certainement inférieure depuis l'éclipsé
presque totale des dons miraculeux. Elle
n'est plus même ce qu'elle a été à son
origine, et pendant ses beaux jours, où les
croyants étaient comme des dieux sur la
terre, et paraissaient manifestement les
enfants du Souverain par l'exercice de cette
grande puissance qu'ils déployaient en
défiant même leurs persécuteurs. Aujourd'hui
tout est réduit, quant aux privilèges du
peuple de Dieu, à une spiritualité nue, à un
mode moral dépouillé de tout caractère
triomphant; et pourtant, avant de le
détruire, Christ doit voir le monde à ses
pieds, autrement les promesses nombreuses
qui s'y rapportent semblent n'avoir pas de
sens, et n'offrent, pour les saisir, ni
corps, ni substance. Tout le parallèle 2
Corinthiens 3:7; sq., où saint Paul fait
valoir, à fortiori, le second ministère
comme infiniment plus glorieux que le
premier, s'en va dans le vide si sa gloire
n'est que la gloire à venir, car la gloire
céleste est le but dans l'éternité, et non
le moyen dans le temps; et une fois le but
atteint, il n'est plus question d'un
ministère qui, en attendant, n'aura point
été glorieux: le ministère, alors sera aboli
comme la foi, l'espérance, le don des
langues, et toute cette divine et brillante
armure dont l'Église aura été revêtue au
temps de ses combats.
On explique le millénium terrestre par
l'idée d'un grand jour sabbatique, en
appliquant à ce jour d'une manière littérale
le principe de saint Pierre: Un jour devant
le Seigneur est comme mille ans. Ce serait
le septième jour de l'œuvre entière de Dieu,
le jour où cette œuvre serait pleinement
bénie et sanctifiée. On aurait compté deux
mille ans avant la loi, deux mille ans sous
la loi, et deux mille ans sous le Messie.
Christ, la lumière du monde, le vrai soleil
de justice, venant à la fin du quatrième
millénaire, correspondrait à la création du
soleil qui eut lieu le quatrième jour. Le
septième millénaire serait le grand sabbat,
le grand repos terrestre auquel se rapporte
cette promesse de l'Épître aux Hébreux,
qu'il reste encore un repos pour le peuple
de Dieu, et cet âge d'or décrit par Ésaïe,
et cette déclaration de l'Apocalypse, qui
nous représente Satan lié pour mille ans.
Pendant cet âge bienheureux, le Christ
régnerait sur la terre visiblement,
c'est-à-dire, selon les uns, par de grandes
et fréquentes manifestations; selon les
autres, même personnellement comme roi,
après avoir renversé les pouvoirs établis,
les puissances terrestres, les royautés et
les puissances, et concentré dans ses mains
les rênes du gouvernement du monde entier.
Les saints alors jugeraient le monde; tel
serviteur serait établi sur cinq villes, tel
autre sur dix. Les saints du Souverain
posséderaient le royaume selon l'oracle de
Daniel, ce qui n'a jamais eu lieu; les
apôtres seraient assis sur douze trônes,
jugeant les douze tribus d'Israël, comme le
dit Jésus, Matthieu 19:28; Luc 22:30. Car,
qu'est-ce que peut être ce royaume promis
aux apôtres?
La doctrine du millénium entendu de cette
manière, rend nécessaire le sens littéral
des deux résurrections dont parlent Paul, 1
Corinthiens 15:23; 1 Thessaloniciens 4:16,
et Jean dans l'Apocalypse, 20:4; sq.;
d'après ce dernier passage, on est cependant
forcé de reconnaître que ce n'est pas toute
l'Église qui ressuscitera, mais ceux-là
seulement qui ont été mis à mort pour le
témoignage de Jésus et pour la parole de
Dieu, lesquels n'ont point adoré la Bête ni
son image, et n'ont point pris sa marque sur
le front ou sur la main. Tous ceux qui
vivront pendant le millénium ne seront pas
des ressuscites.
Les partisans de la doctrine millénaire sont
nombreux, et tendent à le devenir tous les
jours davantage; mais ils sont très loin de
s'accorder entre eux pour les détails, et la
diversité de leurs sentiments ne contribue
pas peu à en rendre l'exposition difficile;
on peut s'en convaincre par la lecture des
ouvrages qui ont paru sur ce sujet, ces
dernières années, depuis Bogue jusqu'aux
publications de l'école de Plymouth. Le
millénarisme proprement dit, le chiliasme, a
été passé sous silence dans toutes les
confessions de foi, ce qui prouve plutôt les
hésitations que l'indifférence de l'Église à
ce sujet. Le chiliasmus dit
crassus, représenté par les Montanistes
et par Papias, évêque d'Hiérapolis; le
chiliasmus subtilis, qui entendait le
bonheur d'une nature spirituelle, sans
écarter l'idée de circonstances extérieures
pleinement favorables, représenté par
l'Épître de Barnabas, et, dans les temps
plus modernes, par Bengel; enfin le
chiliasmus subtilissimus, représenté
par Spener, Vitringa, etc.; ces différents
systèmes, avec toutes leurs nuances et
sub-divisions, forment le champ indéfini de
ce qu'on peut appeler en dogmatique
l'eschatologie terrestre. Les difficultés du
sujet sont grandes et commandent la
prudence, mais on oublie parfois qu'il faut
être prudent des deux côtés. Spener, par
exemple, était plus que prudent lorsque,
interrogé sur ce qu'il pensait du chiliasme,
il répondait «que, s'il y avait des idées
fausses et condamnables sur le millénium, il
y en avait aussi de vraies; qu'on ne devait
pas, en conséquence, taxer d'hérésie et
exclure de l'Église quiconque admettait un
chiliasme: d'autant plus que la confession
d'Augsbourg ne le rejetait pas d'une manière
absolue, mais qu'elle condamnait seulement
une certaine manière de le comprendre.»
Ailleurs cependant il se prononce avec plus
de clarté: la conversion des Juifs, la ruine
de la Rome anti-chrétienne, et une époque
florissante pour l'Église sur la terre, sont
les principaux éléments de son système. Pour
les Juifs, il se fonde sur Romains 11:25; et
Osée 3:5; si tous les individus ne se
convertissent pas, ce sera le cas au moins
de la grande masse, et ainsi tout Israël
sera sauvé. Le chapitre 18 de l'Apocalypse:
«Elle est tombée, la grande Babylone, etc.»,
lui semble prédire la chute de Rome et du
pape, et par conséquent la destruction de
l'empire de l'antéchrist, bien qu'il puisse
en demeurer encore quelques restes épars et
sans force. Enfin il croyait voir l'annonce
de beaux jours pour l'Église dans le
chapitre 20 de l'Apocalypse: sans doute il
ne pouvait pénétrer le sens obscur de ce
passage; mais il voyait bien clairement
qu'il y était question d'un règne de mille
ans de Christ avec ses saints, règne qui
évidemment n'avait point encore commencé, et
qui était tout entier à venir: il ferait
partie du règne de la grâce sur la terre, et
se terminerait par le passage au règne de la
gloire. Il n'ose point se prononcer sur la
durée précise de cette époque, ni sur la
nature de cette félicité, toutefois ce ne
sera point un règne terrestre et mondain; le
règne de Christ n'est point de ce monde,
bien qu'il doive avoir lieu dans ce monde.
— Voir: Spener et son Époque, par
Hossbach, traduction par Clément, p. 268,
sq..
Presque toutes les difficultés dans l'examen
de cette question viennent de ce que
l'Apocalypse présente, sous une autre forme
que le reste des livres du Nouveau
Testament, la doctrine de la fin de toutes
choses, et de ce qu'il répugne au sentiment
naturel du chrétien d'associer un règne de
Christ aux misères de ce monde maudit. Il
nous semble au contraire que la terre, qui
toujours a suivi parallèlement l'histoire de
l'humanité, doit, comme elle, être en
quelque sorte régénérée, convertie avant sa
destruction (et elle le serait par le règne
de Christ), pour être rendue digne d'être
renouvelée et de devenir éternelle, et
passant, comme l'homme, par la mort de la
destruction qui marquera les derniers temps
et le dernier jour.
MILLET,
plante qui doit avoir reçu son nom de son abondante et facile reproduction, parce qu'elle rend beaucoup plus que toute autre, et qu'un épi peut porter sinon mille grains, au moins un nombre très considérable (Martin, Lexic. étym.). Il est encore, selon Niebuhr, très abondant en Égypte et dans l'Arabie Heureuse, où il forme la nourriture la plus ordinaire des pauvres, mais il est si désagréable au goût que ce voyageur lui préfère de beaucoup le pain d'orge; on l'appelle durra. On a cru le reconnaître dans le dochan d'Ézéchiel 4:9, et dans le nisman d'Ésaïe 28:25. Il est probable, en effet, que par dochan il faut entendre une espèce de millet (holcus dochna L.) qui atteint une hauteur de 2 à 3 mètres, et dont les grains, à peu près semblables au riz, donnent une farine peu délicate; on en fait la moisson au commencement de novembre. Mais le passage d'Ésaïe est moins facile à comprendre; quelques auteurs ont voulu lire sésame au lieu de nisman, et l'on a fait plusieurs hypothèses de ce genre; d'autres, prenant nisman pour un nom de plante, l'ont un peu au hasard traduit par millet, et lisent à la fin du verset: «ne sème-t-il pas dans sa terre du froment, de l'orge, du millet et de la vesce, chacun en sa place;» nos versions sont meilleures, elles regardent nisman comme un adjectif pris adverbialement, et elles portent «l'orge en son lieu assigné.» Ce verset rappelle les soins minutieux que les Orientaux donnaient à l'agriculture; le laboureur met le blé en ligne, l'orge à sa place, et l'épeautre pour bordure.
MINES.
-
Bien que les montagnes de la Palestine fussent riches en divers métaux, il ne paraît pas que les Hébreux en aient jamais fait une exploitation régulière, et maintenant encore, on ne trouve aucune trace de mines, anciennes ou modernes dans ce pays. Les allusions faites à l'art des mines, Job 28:1; sq., prouvent que cet art a été connu fort anciennement, mais non qu'il ait été connu, et encore moins qu'il ait été pratiqué des Hébreux. Il est parlé 1 Maccabées 8:3; des mines d'or et d'argent qui se trouvaient en Espagne; elles étaient célèbres dans l'antiquité et ont fait une partie de la fortune des Phéniciens, qui en écoulaient les produits par Tyr dans tous les marchés de l'Asie.
-
Mine, monnaie grecque-attique, évaluée à cent drachmes, un peu plus de 80 francs de notre monnaie, Luc 19:13 (dans le texte). La mine paraît avoir été d'abord une mesure de poids, et c'est comme telle qu'on la trouve mentionnée 1 Maccabées 14:24; cf. 15:18; le bouclier d'or dont il s'agit dans ce passage, aurait pesé, d'après l'évaluation ordinaire de la mine, plus de 880 livres.
— Les Hébreux avaient une mine différente de celle des Grecs, tout à la fois mesure de poids pour les vases d'or ou d'argent, 1 Rois 10:17, et monnaie fictive pour l'appréciation de sommes d'argent considérables, Esdras 2:69; Néhémie 7:71; d'après 2 Chroniques 9:16; cf. 1 Rois 10:17, elle pesait 100 sicles; Ézéchiel, 45:12, parle d'une mine plus petite, du poids de 60 sicles ou même de 50 seulement, si l'on admet la correction plus probable de cet obscur verset «Alors (dans le nouveau royaume d'Israël) le sicle vaudra 20 oboles, une pièce de 5 sicles vaudra 5 sicles, une pièce de 10 en vaudra 10, et la mine en vaudra 50;» c'est-à-dire que les poids et les monnaies une fois fixés, ne seront pas exposés à perdre de leur valeur par des altérations ou des dépréciations.
MINNITH,
ville située au-delà du Jourdain dans le pays des Hammonites, entre Hesbon et Rabbath-Ammon, dans une plaine riche en fourrages et en blés, Juges 11:33; Ézéchiel 27:17. Saint Jérôme l'appelle Mannith, et Eusèbe Maanith.
MIRAGE,
phénomène des sables du désert,
apparences trompeuses produites par
l'évaporation forte et continue qui s'élève
de la terre au matin, dans les pays chauds
ou la rosée est plus abondante que chez
nous; son nom hébreu est sharab qui
emporte une idée de chaleur; il en est parlé
Es 35:7, et l'on peut croire que Jérémie
15:18, y fait allusion, quoiqu'il soit
possible aussi que le prophète ait en vue
ces sources éphémères que le voyageur trouve
sur sa route, mais qui ne tardent pas à
sécher ou à disparaître sous des collines de
sable, et qu'on ne peut plus retrouver quand
on les cherche de nouveau. Voici comment en
parlent MM. Keith, etc. (Les Juifs d'Eur. et
de Palest., p. 35): «Nous vîmes dans
l'éloignement le phénomène bien connu du
mirage auquel le prophète Ésaïe fait
probablement allusion, etc. Nous vîmes
d'abord ce qui
nous semblait une rivière coulant
paisiblement, et réfléchissant sur sa
surface unie des arbres qui croissaient sur
ses bords, tandis que quelque objet plus
éloigné faisait l'effet d'une belle maison
entourée d'arbres. Puis cette vue se
transforma en châteaux entourés de palmiers,
sur le bord d'un beau lac qui s'étendait de
notre côté. Ce changement continuel
d'aspect, ainsi que la vapeur répandue dans
l'atmosphère, sert à faire reconnaître
l'illusion du mirage.»
MIROIRS.
Les miroirs de verre ne sont
connus que depuis le treizième siècle;
jusqu'à cette époque, les anciens ne se
servaient, comme font maintenant encore
presque tous les peuples de l'Orient, que de
miroirs de métal poli, de cuivre, d'étain,
d'argent ou d'un alliage d'étain avec l'un
de ces deux autres métaux; l'usage en était
si commun déjà du temps de Pline, que les
domestiques même avaient souvent des miroirs
d'argent. Cet objet de luxe et de propreté
était une invention des Sidoniens. Les
Hébreux le connaissaient, Job 37:18, et il
ressort de Exode 38:8, qu'il n'était point
rare du tout, et que les femmes hébraïques
en possédaient un fort grand nombre;
c'étaient peut-être des miroirs portatifs
retenus à la ceinture par des agrafes, ou
fixés sur les bagues en guise de chaton. Ces
petits miroirs avaient leur rôle dans
quelques cérémonies païennes, et les femmes,
en les présentant à leurs déesses,
semblaient leur rendre hommage et se mettre
dans leur dépendance; on a voulu voir dans
le passage cité de l'Exode une allusion à
cette coutume, mais on ne l'a ni prouvé, ni
même rendu probable (Gesenius). Une autre
espèce de petits miroirs est nommée, Ésaïe
3:23, parmi les objets de luxe que le
Seigneur détruira dans Juda en punition des
péchés du peuple;
— Voir: encore Jacques 1:23; 1
Corinthiens 13:12.
L'idée de miroirs se retrouve aussi 2
Corinthiens 3:18, qui serait mieux traduit
peut-être: «Nous tous qui faisons rayonner
(comme en un miroir) la gloire du
Seigneur», etc.
On comprend que, pour pouvoir être, non
seulement portés, mais achetés facilement,
des miroirs de métal devaient être très
petits; leur forme était ordinairement ronde
ou ovale. Cependant il paraît qu'avec le
temps, on attacha beaucoup d'importance à
ces objets de luxe, et Sénèque se plaint
d'avoir vu des miroirs aussi grands que le
corps humain. La dot offerte par le sénat
aux filles de Scipion n'aurait pas suffi,
dit-il, à acheter un miroir à la fille d'un
affranchi de son temps.
— Il y avait, chez les païens, une
divination par le miroir, dont nous n'avons
pas à nous occuper ici.
— Voir: Pausan. 7, 21; d'Herbelot,
Bibl. Orient., p. 392.
MISAËL.
-
Misaël et Eltsaphan, fils de Huziel, dernier fils de Kéhath, étaient ainsi cousins de Moïse et d'Aaron. Ils furent chargés de conduire le deuil de Nadab et d'Ahibu, frappés par la vengeance divine pour avoir profané le sanctuaire, et ils remplacèrent, dans cette triste cérémonie, Aaron et ses fils, qui auraient dû naturellement y présider, mais dont la présence, dans ce cas particulier, eût eu l'air de regrets, et presque d'une protestation contre le jugement de Dieu, Exode 6:22; Lévitique 10:4; Nombres 3:30.
-
— Voir: Mésac.
MISÉAL,
ville lévitique de la tribu d'Aser, Josué 19:26; 21:30; d'après Eusèbe, elle était sur les côtes de la Méditerranée, non loin du Carmel: c'est probablement la même que Masal, 1 Chroniques 6:74.
MITHKA,
un des campements des Israélites dans le désert, entre Térah et Hasmonah, Nombres 33:28; du reste, inconnu.
MITHRÉDAT,
— Voir: Bislam.
MITSPA,
nom de ville, qui signifie un signal, une tour d'observation, un lieu élevé, du haut duquel on surveille toute la contrée; plusieurs de ces villes portent ce nom.
-
Juges 11:11,34, la résidence de Jephthé, au-delà du Jourdain, différente probablement de Mitspé de Galaad, verset 29.
-
Mitspa, appelée aussi Mitspé, Josué 18:26, la frontière militaire de Juda contre Éphraïm, située en Benjamin: c'était presque le point central des tribus d'Israël. C'est là que les Israélites se rassemblèrent vers l'Éternel pour punir Benjamin, Juges 20:1; 21:1. Elle acquit sous Samuel une certaine importance: Samuel y juge et y sacrifie; il en fait un lieu de prières, 1 Samuel 7:5-17; cf. 1 Maccabées 3:46. Israël, à sa voix, y abandonne ses idoles et devient vainqueur des Philistins; Saül y est désigné roi par le sort, 1 Samuel 10. Plus tard, le roi de Juda, Asa, la fortifie et en fait le boulevard de ses états du côté d'Éphraïm, 1 Rois 15:22; 2 Chroniques 16:6. Après la destruction de Jérusalem, le gouverneur Guédalia établi par Nébucadnetsar sur la Judée, y fixe sa résidence, Jérémie 40:6; 41:14; 2 Rois 25:22-25. Au retour de l'exil, quelques Juifs s'y établirent de nouveau, Néhémie 3:7,19.
MITSPÉ.
-
Ville des plaines de Juda, Josué 15:38.
-
Ville de Moab, 1 Samuel 22:3.
-
Vallée du Liban, Josué 11:8.
-
et #5...
-
— Voir: Mitspa, et Ramoth.
MITYLÈNE,
ville maritime de l'île de Lesbos, avec deux ports, plusieurs canaux, et des ponts de marbre blanc. C'était un séjour agréable et distingué par l'étude des lettres; Alcée, Eschine et Sapho y naquirent. Saint Paul y passa, se rendant d'Assos à Samos, Actes 20:14.
MNASON,
Cyprien de nation, établi à Jérusalem, donna l'hospitalité à Paul, à Luc et à leurs compagnons de voyagé, soit qu'il ait fait le voyage de Césarée à Jérusalem avec l'apôtre, soit, comme on peut le traduire aussi, que les disciples aient conduit Paul chez lui. Son titre d'ancien disciple semble indiquer qu'il avait été converti déjà pendant la vie du Seigneur.
MOAB, Moabites.
Moab était le fils de Lot et de
sa fille aînée, Genèse 19:37. Ses
descendants, riches en troupeaux, occupèrent
les contrées situées à l'orient de la mer
Morte et du Jourdain, après qu'ils en eurent
chassé la race géante des Émims, Deutéronome
2:10. Le nom de campagnes de Moab était plus
spécialement affecté aux plaines qui se
trouvaient en face de Jérico, Nombres 22:1;
Deutéronome 34:1,8; Josué 13:32. L'Arnon,
qui se, jette dans le Jourdain, les séparait
de Gad et de Ruben. Les Moabites avaient
aussi possédé d'abord la partie comprise
entre l'Arnon et le Jabbok; mais ils en
avaient été dépossédés par les Amorrhéens
qui, à leur tour, durent se retirer devant
Moïse, et céder leurs montagnes et leurs
pacages aux troupeaux des Rubénites et des
Gadites, Josué 13, Nombres 21:13,26; Juges
11:18. Pendant le voyage du désert, les
Israélites respectèrent le territoire et les
frontières de Moab, Deutéronome 2:9; Juges
11:15,18; 2 Chroniques 20:10; ils le
devaient, mais ils allèrent plus loin qu'ils
ne devaient, et se souillèrent aux fêtes de
ces impurs idolâtres. Nombres 25:1. Sous les
juges, les Moabites s'étaient rendu
tributaires les Israélites, au moins la
partie méridionale du pays et les tribus
transjourdaines; mais, au bout de quelque
temps, ils furent vaincus à leur tour, et
soumis par Ehud, Juges 3:12,30. Le livre de
Ruth semble indiquer une époque d'alliance,
ou, tout au moins, de relations amicales
entre les deux pays. Puis, sous Saül, les
hostilités recommencèrent, et David imposa
aux Moabites un tribut en menu bétail (1
Samuel 14:47; 2 Samuel 8:2; 2 Rois 3:4),
qu'ils payèrent dans la suite aux rois
d'Israël, jusqu'au jour où ils trouvèrent le
moyen de s'en affranchir, après la mort
d'Achab, 2 Rois 1:1,3-4; sq. cf. Ésaïe 16:2.
Le roi Joram leur fit la guerre pour les
soumettre de nouveau: mais, quoiqu'il
envahît leur pays après les avoir vaincus,
on ne trouve plus aucune mention d'un tribut
qu'ils auraient payé, 2 Rois 3:4; 2
Chroniques 20:1; il paraît qu'ils se
relevèrent sous Joas, mais que Jéroboam II
les soumit de nouveau, 2 Rois 13:20; 14:25;
Amos 6:14. Après que les tribus
transjourdaines eurent été emmenées en
captivité par les Assyriens, les Moabites
s'emparèrent peut-être de toute la contrée
qu'elles avaient occupée, peut-être aussi
furent-elles bientôt refoulées au-delà de
l'Arnon par l'invasion de Tiglath-Pilézer,
qui eut lieu peu de temps après, 1
Chroniques 5:26. C'est peut-être à cette
époque que se rapporte l'oracle d'Ésaïe (18
et 16), ainsi que celui de Jérémie 48. Les
Moabites, soumis par l'armée caldéenne, et
rendus tributaires de Nébucadnetsar,
conservèrent cependant leurs propres chefs,
et mirent bientôt au service du conquérant
des troupes auxiliaires qui agirent de
concert avec lui contre Juda, 2 Rois 24:2;
puis, lorsque l'armée caldéenne eut quitté
la Palestine, les princes moabites, avec les
chefs de quelques états voisins, cherchèrent
à détourner Sédécias de la fidélité qu'il
avait promise, comme vassal, à
Nébucadnetsar, Jérémie 27:3. On ne connaît
pas le résultat de cette démarche; mais on
sait qu'après la ruine de Juda, sous son
dernier roi, les Moabites firent éclater,
sur les malheurs de ce royaume, une joie
maligne que les prophètes leur reprochent
amèrement, Sophonie 2:8; Ézéchiel 25:8, ce
qui n'a pourtant pas empêché quelques Juifs,
fuyant la guerre des Caldéens, de trouver un
asile parmi eux, comme on le voit Jérémie
40:11. L'historien Flavius Josèphe
(Antiquités Judaïques 10, 9, 7) rapporte
que, cinq ans après la destruction de
Jérusalem, Nébucadnetsar fit la guerre aux
Moabites, et qu'il les subjugua. Cependant
la date de cette expédition n'est pas très
sûre; il paraîtrait même qu'elle doit être
placée encore onze ans plus tard, après la
prise de Tyr, qui eut lieu seize ans après
celle de Jérusalem. Quand les Juifs furent
rentrés dans leur pays, au retour de la
captivité, le pays de Moab était habité
comme auparavant, mais la population était
mélangée; on voit même, Esdras 9:1; Néhémie
13:23, que beaucoup de Juifs avaient épousé
des femmes moabites et hammonites. Dès lors,
le nom de Moab se perd; il n'en est plus
guère fait mention que Daniel 11:41, et
Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 13,
14, 2; 15 et 4. Guerre des Juifs 3, 3, 3, et
il se confond probablement sous le nom plus
général d'Arabes.
Le nom des Moabites apparaît souvent dans
les oracles des prophètes, niais il est
toujours accompagné de menaces et de
malédictions qui se rattachent aux rapports
politiques et religieux de Moab et d'Israël
depuis les jours de Balaam, Ésaïe 11:14;
15:16; 25:10; Jérémie 48, Amos 2:1; Sophonie
2:8; cf. Psaumes 60:8; 83:6, etc.
Le pays de Moab, une partie du Kérek de nos
jours, était en général montagneux, mais
coupé de riches vallées et de plateaux
fertiles, arrosé par les eaux de l'Arnon, du
Séred, et du torrent du désert, Amos 6:14;
Ésaïe 15:7 (mal traduit dans ce dernier
passage ία vallée des Arabes): le
blé, la vigne et les arbres fruitiers y
étaient cultivés avec avantage, et le bétail
y prospérait, Ruth 1:1; 2 Rois 3:4; Ésaïe
16:8.
La capitale du pays était Har-Moab, ou
Rabbath-Moab, (Aréopolis) située près de
l'Arnon, à 6 lieues est de la mer Morte, et
à 12 lieues sud-est de Calirrhoé: on
remarquait encore la forteresse de Kir-Moab,
et dans la partie méridionale du pays Tsohar
et Luhith, Ésaïe 15:5.
Nous avons peu de données sur la
constitution politique et religieuse des
Moabites; ils paraissent avoir été régis
monarchiquement, Nombres 22:4; Juges 3:12; 1
Samuel 22:3; Jérémie 27:3, et avoir conservé
leurs rois (vassaux) même sous la domination
des Israélites, 2 Rois 3:4; mais à côté de
ces rois se trouvaient, comme chez les
nations voisines, les chefs de famille,
anciens et seigneurs, espèce d'aristocratie
dont les prérogatives modéraient ce qu'il y
avait de trop absolu dans l'exercice de la
royauté, Nombres 22:8,14; 23:6. La religion
de Moab était un culte (voluptueux) de la
nature, Nombres 25:1, de Bahal-Péhor, et de
Kémos, Nombres 21:29; 25:3; des sacrifices
humains sont aussi mentionnés 2 Rois 3:27.
MOINEAU.
Ce désagréable petit oiseau, mi-domestique, mi-sauvage, au nom duquel Buffon donne la même étymologie qu'au nom de moine, à cause de son caractère solitaire, et de son isolement habituel, est compris en grec sous le nom général de στρουθίον, puis désigné plus spécialement sous celui de τρωγλίτος: le premier seul apparaît dans l'Écriture, Matthieu 10:29; Luc 12:6, mais peut signifier aussi l'hirondelle, cf. Tobie 2:9; il correspond à l'hébreu tsippor, qui s'applique aux oiseaux purs dont la chair n'était pas défendue par la loi, et peut désigner aussi quelquefois le passereau, le moineau ou l'hirondelle, quoiqu'il y ait pour ce dernier oiseau un nom particulier. On peut conclure des deux passages du Nouveau Testament cités plus haut, que la chair du moineau, qui est très abondante en Orient, servait parfois de nourriture aux pauvres gens.
MOIS.
Les mois des Israélites étaient
lunaires, et le nom même de mois
était chez eux, comme dans plusieurs langues
modernes, le même que celui de lune; on sait
qu'en allemand les deux mots ont beaucoup de
rapports, monat et mond,
peut-être en anglais de même, moon et
month. Le mois commençait avec la
nouvelle lune, et toute l'organisation des
fêtes mosaïques est basée sur une année
lunaire. Pour marcher avec la lune, les mois
durent être d'abord alternativement de 30 et
de 29 jours; on appela les premiers pleins,
et les seconds vides: plus tard encore on
s'aperçut qu'outre les 29 jours et 12 heures
il y avait un surplus d'environ 3/4 d'heure,
tellement qu'au bout de 32 lunaisons on se
trouverait en retard d'un jour; on ajouta
donc ce jour à chaque troisième année qui
compta ainsi 355 jours au lieu de 354, et
qui fut appelée abondante; mais comme cette
quantité était un peu trop forte, on dut
retrancher de temps en temps un jour à
l'année qui ne fut ainsi que de 353 jours,
et fut nommée déficiente (Heidegger).
Les Hébreux ne distinguèrent d'abord les
mois que par leur rang dans l'année, le
premier, le second, etc.,
— Voir: Genèse 7:11; 8:3-4; 2 Rois
25:27; Jérémie 32:31; Ézéchiel 29:1.
On trouve cependant quelques mois désignés
par leurs caractères: ainsi celui d'abib
ou des épis, Exode 13:4; 23:15. Deutéronome
16:1; c'est celui dans lequel tombait la
Pâque, et qui fut plus tard le nisan; le
zif, ziv, ou mois de la floraison, 1
Rois 6:1,37; le bul, qui signifie
peut-être le mois des pluies, 1 Rois 6:38;
et l'éthanim, ou mois des gros
torrents, 1 Rois 8:2. C'est surtout à
l'époque de David et de Salomon que prirent
naissance ces noms appellatifs; nous ne
connaissons que ces quatre appartenant à
cette époque. Après le retour de la
captivité les Juifs adoptèrent les noms en
usage parmi les peuples chez lesquels ils
avaient été esclaves, noms qui sont
évidemment d'origine caldéenne, à
l'exception de adar qui est syrien, 2
Maccabées 15:37: ainsi on lit chez les
auteurs postérieurs les noms de nisan,
sivan, kisleu, tebeth, sebat, et elul,
Esther 3:7; 2:16; 8:9; Zacharie 1:7; 7:1;
Néhémie 6:15; mais l'usage si naturel de
désigner les mois par leur rang dans l'année
ne fut point abandonné entièrement, comme on
peut le voir Aggée 1:1; 2:1; Néhémie 8:2;
Daniel 10:4; Esdras 3:1; Esther 9:1, etc.
Les Quakers ont conservé ou adopté le même
usage.
MOÏSE,
chef et législateur des Juifs,
descendant de Lévi, fils d'Hamram et de
Jokébed, Exode 6:20; 2:1; sq., naquit en
Égypte pendant les jours de l'esclavage
(1571 avant J.-C.); il était divinement
beau, dit l'apôtre, Hébreux 11:23. Il fut
adopté par une princesse égyptienne, qui lui
donna, en souvenir de sa naissance et de sa
délivrance, le nom qu'il a toujours porté
depuis (en égyptien ma signifie
l'eau, et ysès ou oudsché
sauvé, d'après Jablonsky; ou bien selon
Renaudot, moou signifie l'eau, et
si tiré). L'Histoire sainte se tait
presque entièrement sur les quarante
premières années de sa vie; elle raconte
seulement qu'il fut instruit dans toute la
science des Égyptiens, et le Pentateuque
qu'il a écrit porte partout l'empreinte des
profondes connaissances qu'il avait
acquises; Moïse y apparaît comme un homme
versé dans toutes les spécialités. Entouré
de pompes et d'espérances, avec la
perspective peut-être de monter sur le trône
des Pharaons, il préféra le ciel à la terre,
et l'opprobre de Christ à la gloire de ce
monde: il quitta la cour et voulut devenir
semblable à ses frères qui gémissaient sous
l'ignominie et l'oppression; il voulut les
secourir, tua un Égyptien, essaya
d'intervenir comme médiateur entre deux
Hébreux, et comprit par la réponse qu'il
reçut de l'un d'eux, que l'heure de la
délivrance n'était pas encore arrivée.
Menacé de mort, il s'enfuit en Madian, et,
allié d'un prince berger, il acheva de mûrir
pendant quarante années de solitude, en
gardant les troupeaux de son beau-père, les
projets qu'il avait formés en faveur de son
peuple; l'indépendance de sa nation pouvait
être différée, mais elle ne pouvait être
perdue pour toujours; on peut croire aussi
que vieillissant et s'affaiblissant, il en
vint à ne plus former que de simples vœux,
renonçant pour lui-même à l'honneur qu'il
avait rêvé plus jeune, d'affranchir son
peuple de tant de misères. Une vision
miraculeuse, accompagnée de grands prodiges
et de paroles sublimes, vient dans sa
quatre-vingtième année l'arracher aux
travaux paisibles dont il avait pris
l'habitude, et faire d'un conducteur de
brebis un conducteur d'hommes vivants.
Faible, craintif, irrésolu, se défiant de
lui-même, et s'exprimant avec peine, Moïse
avait besoin de miracles pour se décider, et
il les obtint: la puissance de Dieu se
manifesta dans son infirmité, et le futur
législateur, accompagné de son frère le
futur pontife d'Israël, part et vient sans
mystère déclarer au monarque polythéiste les
desseins du seul vrai Dieu. Celui qui est.
Les efforts réunis des deux frères, leurs
menaces, leur parole accomplie, dix plaies
qui frappent successivement l'Égypte en
épargnant les Hébreux, ouvrent à ceux-ci le
chemin de la liberté, Exode 6-14. Moïse
conduit au désert ce peuple d'esclaves, leur
fait passer de pied sec la mer Rouge, leur
donne la loi en Sinaï, les organise en
nation, règle leur culte et leurs
institutions religieuses et politiques, ne
les entretient que de miracles, ne voit chez
eux que murmures et incrédulité, révoltes et
idolâtrie, Exode 11-40; Nombres 10-13.
Désespérant enfin d'un peuple auquel il a
tout donné, excepté le cœur et l'amour des
grandes choses, il sème et perd au désert
ces hommes qui préfèrent des oignons à la
liberté, laisse éteindre cette lâche
génération d'esclaves, forme aux combats et
à la prière des hommes nouveaux et libres,
leur promet à eux seuls et à leurs efforts
la possession de la terre sainte, abîme les
peuplades cananéennes situées en dehors des
limites de la Palestine, et donne leur
territoire à quelques tribus plus
impatientes; puis, à l'âge de cent vingt
ans, il dépose son autorité entre les mains
du fidèle Josué, et meurt ou s'endort sur la
montagne du haut de laquelle sa vue encore
bonne a pu contempler la terre après
laquelle il avait longtemps soupiré, dont un
mouvement d'incrédulité l'a banni lui-même,
et où il n'est entré enfin que deux mille
ans plus tard, lorsque Jésus le reçoit sur
le mont Tabor, Matthieu 17:3.
La vie de Moïse embrasse les quatre derniers
livres du Pentateuque, et c'est lui-même qui
l'a écrite. Elle est trop connue pour qu'il
soit nécessaire de la raconter ici en
détail, et se rattache d'ailleurs à une
quantité de noms et de faits qui tous ont
leurs articles spéciaux,
— Voir: Aaron, Balaam, Manne, Coré,
Loi. Mer Rouge, etc., etc.
Nous nous bornerons donc à éclaircir les
points obscurs de son histoire qui ne
touchent qu'à lui seul, sans entrer dans
l'examen de questions qui sont résolues
ailleurs.
-
On ne peut ni prouver ni commenter les miracles, et l'histoire de Moïse en est pleine: la foi seule les admet, l'incrédulité les rejette ou cherche à les expliquer d'une manière naturelle. Quoiqu'il faille en général se méfier des explications, il faut cependant éviter aussi de tomber dans l'excès contraire, qui cherche à multiplier inutilement une intervention du Très-Haut dans les événements de la nature, lorsque rien dans l'Écriture ne justifie l'idée d'un miracle proprement dit. C'est ainsi qu'on a voulu voir un miracle dans la délivrance du jeune Moïse sauvé des eaux par une princesse d'Égypte; à ce compte-là, toutes les préservations providentielles seraient des miracles, et si l'on veut en effet donner ce nom à toutes les dispensations divines, à la bonne heure; mais on doit se rappeler des faits tout semblables dans les histoires de Sémiramis, de Cyrus, de Romulus, et d'autres personnages historiques arrachés à la mort contre toute probabilité humaine, mais par des moyens et des secours tout humains: c'étaient des cas, si l'on veut, extraordinaires et inattendus, mais nullement miraculeux. La défaite des Hamalécites appartient à la même classe d'événements; ce fut une prière exaucée, mais la victoire d'armes terrestres. Il y a dans la vie de Moïse un second ordre de faits, c'est celui de miracles réels produits par des causes naturelles; ainsi, le passage de la mer Rouge, cf. Exode 14:21; ainsi, peut-être, quelques-unes des plaies de l'Égypte, le génie de Betsaléel et d'Aholiab, les cailles du désert et les maux qui s'y rattachèrent, la plaie de Sittim, etc. Enfin, l'on doit ranger dans une troisième classe la vision du buisson ardent, les pouvoirs donnés à Moïse, la plupart des plaies, la manne, la nuée du tabernacle, l'eau du rocher, l'entretien des vêtements pendant quarante ans, la mort soudaine de Nadab et d'Abihu, celle de Coré et de ses complices, le serpent d'airain, etc. Ces distinctions sont permises, mais elles ne sont justes qu'au point de vue humain; elles sont claires lorsqu'on définit le miracle une perturbation momentanée des lois ordinaires de la nature; elles sont inutiles quand on admet l'intervention constante de Dieu dans tous les phénomènes, ordinaires et extraordinaires, du monde physique, et qu'on se rappelle que pas un cheveu ne tombe en terre sans la permission de celui qui dirige les mondes dans leur cours.
-
On s'est étonné que Jobéked ait pu garder son fils pendant trois mois sans que rien l'ait trahie; que la princesse ait pu élever le jeune Hébreu à la cour de celui qui avait porté l'édit de destruction; et enfin que Moïse, malgré ses relations avec la cour, soit représenté plus tard comme y étant complètement inconnu et étranger. Mais la première observation montre bien peu de connaissance du cœur d'une mère, de ce cœur habile à tromper tous les ennemis, à déjouer toutes les ruses, à écarter tous les dangers; l'on sait d'ailleurs, par des faits qui se reproduisent continuellement de nos jours encore, et sous nos yeux, qu'il n'est pas de lois, si sévères qu'elles soient, et souvent même en proportion de leur sévérité, auxquelles bon nombre d'individus ne réussissent à se soustraire. La seconde observation prouverait également peu d'intelligence des rapports d'une fille avec son père; il n'est pas de loi qui n'ait ses exceptions naturelles, et la prière d'une fille, dans un cas surtout qui semblait présenter si peu d'importance politique, a dû décider sans peine le monarque absolu de l'Égypte. On pourrait ajouter aussi que Pharaon étant sans enfants mâles, et sa fille étant sans enfants, l'adoption du jeune Moïse aura été facilitée par cette circonstance, et qu'elle aura pu sourire au vieux roi. D'anciens interprètes ont, en effet, compris Exode 2:10, comme si Moïse avait été destiné au trône de l'Égypte, et, si cette opinion a été abandonnée, elle n'est cependant pas absolument sans vraisemblance. Quant à l'objection tirée de ce que Moïse, reparaissant à la cour, semble ne pas y être reconnu, elle ne repose que sur le silence de l'Écriture à cet égard, et non sur un texte quelconque. Rien ne dit que Moïse fut oublié; comme aussi, à cause des rapports nouveaux de Moïse avec Dieu, rien ne nécessitait la mention de ses anciennes relations avec la cour: rappelons d'ailleurs qu'entre la fuite de Moïse en Madian et sa réapparition en Égypte, quarante ans s'étaient écoulés, et que le souvenir d'un homme avait pu s'effacer dans cet intervalle, plusieurs rois s'étant peut-être succédé sur le trône, et tout le personnel de la cour ayant pu être changé.
-
Il est digne de remarque que Moïse ayant entrepris la délivrance des Hébreux, à laquelle il était cependant destiné, échoua dans sa première tentative. C'est que son heure n'était pas encore venue; c'est aussi que, lorsque Dieu veut que l'homme accomplisse une œuvre, il ne suffit pas que l'homme l'entreprenne, il faut qu'il l'entreprenne au nom de Dieu, avec son secours, avec le Saint-Esprit pour guide, pour mobile, pour conseil et pour aide, non point de lui-même et par lui-même, mais par celui qui l'a envoyé. Dieu, en se servant des homme pour l'accomplissement de ses desseins, veut toujours manifester sa force dans notre infirmité, et le jeune, le puissant, le savant Moïse a échoué, quand le vieillard affaibli, sans enthousiasme, sans courage, sans élan, sans forces, a réussi. L'Écriture nous présente un grand nombre d'exemples de ce genre, et toutes les entreprises chrétiennes, individuelles ou générales, feront l'expérience de leur faiblesse, même dans le bien, quand elles voudront travailler en dehors des inspirations divines, de leur force, même dans l'infirmité, quand elles iront en avant par la foi.
-
L'enlèvement des vases d'or et d'argent que les Israélites empruntèrent aux Égyptiens, et qu'ils ne leur rendirent pas, Exode 3:22; 11:2; 12:35-36, a servi de thème aux déclamations de bien des incrédules. C'est un vol, ni plus, ni moins, dès qu'on veut faire abstraction de tout ce qui l'a accompagné; ce n'en est plus un dès qu'on se rappelle (11:2) que les Hébreux empruntèrent de bonne foi et avec l'intention de rendre, et que les circonstances, la guerre étant survenue, ne le leur ont plus permis; chez les anciens, une déclaration de guerre faisait considérer comme butin tout ce que l'on possédait appartenant à l'ennemi. Ce n'est plus un vol quand on se rappelle que les Israélites abandonnaient, entre les mains des Égyptiens, les cultures de Goscen, et beaucoup d'autres propriétés dont la valeur était de beaucoup supérieure à celle des vases qu'ils emportaient. Ce n'était plus un vol enfin, parce que cet enlèvement avait lieu sur l'ordre de celui à qui toutes choses appartiennent; de celui qui, après avoir prêté des richesses aux Égyptiens, jugeait à propos de les répartir autrement, de les donner à son peuple élu, de les faire passer en d'autres mains, afin que, plus tard encore, elles servissent à l'ornement de sa demeure. Les commandements que Dieu a donnés ne le lient point lui-même: il peut commander à Abraham le meurtre de son fils; aux Hébreux, l'extermination des Cananéens; à Osée, la fréquentation d'une femme de mauvaise vie.
— Voir: Grand-pierre, Essais sur le Pentateuque.
-
La durée du séjour des Hébreux en Égypte a-t-elle été de 430 années, comme il est dit Exode 12:40, ou bien ces 430 années doivent-elles être comptées depuis la promesse qui fut faite à Abraham, Galates 3:17? Dans ce dernier cas, le séjour de l'Égypte n'aurait duré que 215 ans. C'est une question qu'il n'est pas possible de résoudre. À moins d'admettre une contradiction entre les historiens sacrés, il faut admettre une altération dans les chiffres qui nous ont été laissés.
— Voir: Sardinoux, Commentaire sur Galates 3:17.
-
Le nombre des hommes de guerre à la sortie d'Égypte étant de 600,000, Exode 12:37, suppose une population totale d'au moins un million et demi de personnes de tout âge, chiffre imposant quand on se rappelle que c'était la postérité du seul Jacob, venu auprès de Pharaon avec ses soixante-dix enfants et petits enfants, mais dont l'exagération diminue et s'explique facilement, ainsi qu'on le verra à l'article Nombres.
-
La grande émigration du peuple juif a été connue des Grecs, et mentionnée par leurs historiens, ainsi que par les historiens latins (Tacit. Hist. 3, 3. Justin 36, 2. Diod. de Sicile, 40, 1; 34, 1); mais ils la racontent, d'après des données égyptiennes, comme une expulsion des Hébreux par les Égyptiens, nécessitée par une maladie épidémique, peste ou lèpre, qui aurait régné dans les rangs des Israélites, et menacé la santé publique.
— Voir: Lèpre.
D'après Lysimaque, le roi Bocchoris aurait fait noyer les malades, et chassé les autres dans le désert. Les plaies envoyées sur les Égyptiens (Exode 9) peuvent avoir donné naissance à cette tradition malveillante, et l'on comprend que le peuple païen ait saisi avec empressement un moyen de dénaturer la vérité, et de rendre suspects les esclaves qui avaient secoué leur joug. Ce ne serait pas, dans l'histoire, le dernier exemple de ce genre.
-
On a essayé de comparer, à la disparition subite de Romulus, la mort de Moïse sur le mont Nébo; on a voulu la rapprocher aussi de l'enlèvement d'Énoch et de celui d'ÉIie. Le choix de ces deux derniers exemples aurait, en tout cas, plus de valeur que le premier; mais tout ce qu'on a voulu voir de merveilleux dans la mort de Moïse, on a été obligé de l'y mettre. Le texte biblique nous dit clairement et simplement: «Moïse mourut là, selon le commandement de l'Éternel, et il l'ensevelit dans la vallée», Deutéronome 34:5-6. Ce qui peut donner lieu à discussion, ce n'est donc point le fait de sa mort, mais ce qui est dit, Jude 9, de la dispute du démon avec l'archange Michel, au sujet de son corps,
— Voir: ce qui a été dit à l'article Michel.
-
Moïse, d'après la chronologie ordinaire, à vécu de 1571-1450 avant J.-C., et nous nous contentons de cette date, faute d'une base chronologique plus sûre; d'autres placent sa naissance à l'an 1726, d'autres en 1948. La détermination des dynasties égyptiennes dont le législateur des Hébreux a été contemporain, serait d'un grand secours pour la fixation des dates, si cette détermination même était possible, mais à cet égard aucun fait n'est acquis à la science: les uns placent la fuite des Hébreux sous le neuvième roi de la 18e dynastie, celle des Pharaons, dans la 16e ou 17e année de ce roi; d'autres la mettent au commencement de la 19e dynastie; d'autres enfin, mais c'est évidemment erroné, à l'époque de la 24e dynastie, qui doit avoir été contemporaine de Pékah, roi d'Israël.
-
On suppose que Moïse a employé les loisirs des quarante années qu'il passa en Madian, à la composition de la Genèse, et probablement du livre de Job; il a écrit les quatre autres livres qui portent son nom, pendant le voyage des Hébreux dans le désert, à l'exception du dernier chapitre du Deutéronome, que l'on attribue à Esdras, ou plus probablement encore à Josué son successeur,
— Voir: Pentateuque.
On croit aussi que c'est lui qui a composé le psaume 90.
— Voir: Psaumes.
-
Le nom de Moïse, le plus grand homme qui ait jamais existé, le chef de l'ancienne alliance, reparaît constamment dans les Écritures; tout repose sur lui dans l'Ancien Testament, tout achève son œuvre dans le Nouveau. Josué le rappelle à chaque page; les Juges, les Rois et les Prophètes, se réclament de son nom et de son autorité en rendant témoignage à la gloire et à la grandeur de sa mission:
— Voir: Josué 1:1; 3:7; 8:31; 9:24; etc., 1 Samuel 12:6; 1 Rois 8:53; Néhémie 9:14; Psaumes 77:20; 103:7; 105:26; 106:16; etc., Ésaïe 63:11-12; Jérémie 15:1; Daniel 9:11; Michée 6:4; Malachie 4:4.
— Dans le Nouveau Testament plusieurs de ses prophéties sont rappelées, Jean 1:45; Actes 3:22; 7:37; Romains 10:19: son nom sert à désigner non seulement ses ouvrages, mais tous ceux qui furent écrits dans l'esprit de son économie, Matthieu 8:4; Marc 1:44; Luc 2:22; 20:28; 24:27; Actes 6:11,13,39; 15:1; Romains 5:14; 1 Corinthiens 9:9; 10:2; Hébreux 3:2; 7:14; et ailleurs. Il serait trop long de citer tous ces passages; notons au moins encore quelques expressions particulières, telles que celle de disciples de Moïse, opposée à celle de disciples de Christ, Jean 9:28; celle de chaire de Moïse, désignant la fonction de l'enseignement mosaïque, Matthieu 23:2; celle de cantique de Moïse, comme symbole des chants de triomphe des rachetés à leur entrée dans la gloire, Apocalypse 15:3. L'Épître aux Hébreux est une comparaison suivie des deux économies et de leurs chefs; d'autres comparaisons de détail se lisent Jean 6:32; 1 Corinthiens 10:2; 2 Corinthiens 3:7; etc.
— Voir: enfin Jude 9.
MOISSON.
C'est ordinairement vers le
milieu d'avril, ou d'abib, que tombait et
que tombe encore en Palestine, la saison des
moissons, Jean 4:35, quoiqu'en plusieurs
endroits aussi les épis commencent à mûrir
déjà vers la fin de mars. La moisson était
officiellement et solennellement ouverte le
deuxième jour de Pâque, soit le quinzième de
nisan, par l'offrande des prémices dans le
sanctuaire de la nation, Lévitique 23:10, et
durait depuis ce moment jusqu'à la
Pentecôte, c'est-à-dire sept semaines,
comprenant les travaux de tous genres,
depuis la faucille jusqu'à l'aire et au van,
Deutéronome 16:9; Exode 23:16; Lévitique
23:10; sq.; puis on offrait derechef à
l'Éternel un gâteau nouveau. On recueillait
d'abord les orges, 2 Samuel 21:9; Ruth 1:22;
2:3, puis vers la fin d'avril ou même plus
tard le blé, Genèse 30:14; Juges 15:1; Ruth
2:23; 1 Samuel 6:13; 12:17, et enfin
l'épeautre.
Partout on entendait les cris joyeux des
moissonneurs, Ésaïe 9:2; Psaumes 126:6; au
milieu du jour ils se reposaient de leurs
pénibles travaux, et se rafraîchissaient
avec du pain trempé dans du vinaigre, Ruth
2:14. La faucille était, comme elle l'est
encore en beaucoup de lieux, l'instrument du
moissonneur, Deutéronome 16:9; 23:25. Le blé
était ensuite lié en gerbes, que l'on
amassait les unes sur les autres jusqu'à ce
que la moisson fut finie, Psaumes 129:7;
Ruth 2:16; 3:7; Juges 15:5; Cantique 7:2;
Ésaïe 17:5 (?): puis on foulait et on
vannait le grain, souvent dans le champ
même, Ruth 2:17 (— Voir: cependant
Néhémie 13:15), et la récolte était ainsi
portée dans des greniers ou granges, qui
étaient le plus ordinairement des trous
fabriqués en terre, des espèces de puits ou
de creux, destinés à préserver le grain de
la chaleur et du froid, des vers et des
voleurs, Matthieu 3:12; 13:30; Luc 3:17; Job
5:26;
— Voir: Puits.
Ces puits sont encore en usage dans les pays
méridionaux; on les nomme silos en Algérie,
et plus d'une fois ils ont été vidés par les
armées françaises. Les Juifs, surtout les
riches, avaient cependant aussi quelquefois
des bâtiments construits exprès pour
recueillir le grain, cf. Luc 12:18.
— La loi renfermait diverses prescriptions
d'humanité, auxquelles les Juifs se sont
presque toujours scrupuleusement soumis, et
que leurs docteurs ont déterminées d'une
manière plus exacte encore, afin de ne
laisser aucun subterfuge; Moïse voulait
qu'on laissât quelques épis debout pour les
pauvres, et les rabbins ont fixé pour cela
au moins la soixantième partie de la
moisson, mesure qu'ils étendaient aux fruits
des arbres comme aux grains des champs; en
outre, les moissonneurs ne devaient pas
faire trop attention aux épis qui pouvaient
tomber des javelles, ni retourner dans les
champs pour chercher une gerbe oubliée par
mégarde, Lévitique 19:9; Deutéronome 24:19;
Ruth 2:2. De même, pendant que les blés déjà
mûrs étaient encore sur pied, chaque passant
pouvait pour son usage du moment en cueillir
ce qu'il lui fallait, sans que les gardes
établis pour protéger les champs contre les
oiseaux, les bêtes sauvages et les voleurs,
eussent le droit de s'y opposer, Jérémie
4:17; Deutéronome 23:25; Matthieu 12:1.
MOLADA,
ville située dans la partie méridionale de la tribu de Juda, sur la frontière d'Édom, Josué 15:26. Elle avait d'abord appartenu à la tribu de Siméon, Josué 19:2; 1 Chroniques 4:28. Après l'exil on la retrouve encore, Néhémie 11:26. Flavius Josèphe parle d'une ville iduméenne nommée Malatha; il est bien possible que ce soit la même, les limites de Juda ayant pu être resserrées, et une partie de son territoire conquis par les Iduméens.
MOLOC, ou Molec, Milcom, Malcam.
les Septante traduisent ce nom
hébreu en grec archonte ou roi.
C'était une divinité des Hammonites,
affreuse idole à laquelle on sacrifiait de
petits enfants; statue creuse, que l'on
chauffait intérieurement, à forme humaine et
à tête de bœuf, dont les bras étendus et
brûlants recevaient les innocentes victimes
qui étaient ainsi consumées, 1 Rois
11:5,7,33; 2 Rois 16:3; 21:6; 23:10,13;
Lévitique 18:21; 20:2-5; Jérémie 2:23; 7:31;
19:5; 32:35; 49:1,3. Salomon, séduit par les
femmes de son sérail, introduisit le premier
en Israël ce culte abominable, et il paraît
que dès lors, en dépit de la loi qui
punissait de mort une pareille idolâtrie,
Lévitique 20:2, les Juifs continuèrent sans
interruption de rendre à cette divinité,
dans la vallée de Hinnom, le culte qu'elle
était censée demander, jusqu'à ce que vint
Josias qui en renversa de fond en comble les
odieux sanctuaires. Quelques auteurs ont cru
que l'expression «faire passer les enfants
par le feu», indiquait simplement leur
consécration à Moloc, et ils pensent qu'on
se bornait à faire sauter les enfants sur un
feu, ou à les faire passer entre deux feux
consacrés à cette idole; mais des passages
tels que Psaumes 106:38; Ésaïe 57:5;
Ézéchiel 16:21; 23:39, ne peuvent laisser
aucun doute sur la nature du culte de Moloc.
— Voir: Adrammélec.
— Les Phéniciens, les Carthaginois et les
Crétois sont, au rapport des historiens, les
peuples qui dans l'antiquité se signalèrent
le plus par leurs sacrifices humains, et
même en Afrique cette coutume barbare ne fut
entièrement abolie qu'au temps de Tibère.
— D'après les caractères connus de
l'astrolâtrie babylonienne, syrienne, et
phénicienne, on peut croire que Moloc était
le nom donné par quelques-uns de ces peuples
à la planète, réputée malfaisante, de
Saturne, et c'était pour l'apaiser et se la
rendre favorable, que tant de malheureux lui
offrirent si longtemps le sacrifice de ce
qu'ils avaient de plus cher. Le vrai Dieu ne
demande pas de ses adorateurs un moindre
esprit d'abnégation, un moindre renoncement
à soi-même, mais il le demande autrement; il
refuse le sacrifice d'Isaac, et veut celui
d'un cœur froissé.
— D'autres ont cru que Moloc était le même
que Baal, et que le soleil.
— Voir: aussi Actes 7:43; cf. Amos
5:26.
MONNAIE.
Les Hébreux ne connurent que
fort tard l'argent monnayé; jusqu'aux jours
de l'exil, on les voit peser l'argent et
l'or, et ne faire entrer en ligne de compte
dans les dons, les échanges ou les ventes
que le poids des métaux, leur nature et leur
plus ou moins bon aloi; Abraham pèse 400
sicles pour le tombeau de Sara, Joseph est
vendu pour 20 pièces d'argent, Élihéser
donne à Rébecca des bracelets pesant 10
sicles et des boucles d'oreilles de 2
sicles; Moïse mesure en sicles les doses des
divers objets qui doivent entrer dans la
composition du parfum du tabernacle; le
poids des cheveux d'Absalon est de 200
sicles, et toujours l'unité de poids est
prise pour l'évaluation de l'argent, cf.
Genèse 23:16; 24:22; 37:28; 43:21; 2 Samuel
18:12; Jérémie 32:9.
— Voir: Mines, Sicle, Talent, etc.
Chez tous les peuples, les monnaies frappées
au coin ne se sont introduites que fort
tard, et les Chinois, à l'heure qu'il est,
ne les possèdent pas encore, au dire des
voyageurs. L'unité de poids chez les
Hébreux, n'était cependant pas aussi
incertaine et flottante qu'on pourrait le
croire, parce que l'étalon en était conservé
avec soin dans le sanctuaire, Exode 30:24,
et qu'il devait servir à découvrir les
fraudes et à maintenir immuablement l'unité
une fois adoptée; cf. Lévitique 27:25;
Ézéchiel 45:12; Amos 8:5. Il paraît que les
Arabes ont eu aussi fort anciennement des
poids fixes destinés à la vérification des
contrats; de là cette expression: «un sicle
ayant cours chez les marchands», Genèse
23:16; etc. On s'en servait, sauf à les
vérifier eux-mêmes, comme de nos jours
encore, les marchands orientaux acceptent
nos pièces monnayées, et ne les en pèsent
pas moins. On se servait, comme chez nous,
de bourses et de sacs pour porter l'argent
ou pour l'expédier, 2 Rois 5:23; 12:10. Les
Phéniciens, et selon d'autres, les Indiens
encore avant eux, ont eu la première idée de
donner une empreinte aux pièces en
circulation. Après l'exil, on trouve d'abord
des monnaies perses, les dariques, puis de
l'argent gréco-syrien, des philippes, des
archers, des bœufs, etc., suivant que
l'image du roi, d'un archer ou d'un bœuf se
trouvait frappée sur le métal; enfin, après
avoir été regardés comme nuls pendant la
captivité babylonienne et sous la domination
des Grecs, les Hébreux obtinrent sous
Antiochus Sidétès la permission de frapper
des sicles et des demi-sicles à l'image de
leur prince Simon Maccabée; c'est la
première monnaie hébraïque connue.
— La pièce d'argent mentionnée Genèse 33:19;
Josué 24:32; Job 42:11, sous le nom hébreu
de kesitah, n'était qu'un poids
déterminé d'or ou d'argent qui, par la
comparaison de Genèse 33:19; avec 23:16,
devait valoir 4 sicles environ; les anciens
traducteurs rendent ordinairement ce mot par
mouton, brebis, mais rien ne justifie cette
version, quoique Munter essaie de la
maintenir en comparant une monnaie de Chypre
qui avait l'empreinte d'un mouton.
— On trouve encore dans plusieurs cabinets
de médailles des sicles juifs à l'image de
Simon, mais ils renferment un bon huitième
d'alliage de plus que les monnaies grecques;
on les connaît sous le nom de monnaies
samaritaines; la légende est en vieux
caractères hébraïques. Il ne parait pas, du
reste, que ces sicles maccabéens aient joui
d'un grand crédit dans la circulation, et
les princes juifs n'étaient pas bien placés
pour battre monnaie avec avantage: l'argent
grec n'a jamais été hors de cours chez les
Hébreux, et du temps de Jésus on calculait
souvent encore en drachmes, en didrachmes,
et en patères. La pite, ou lepton,
était la plus petite de ces monnaies, Marc
12:42; Luc 12:59; elle valait environ 7
centimes.
— Sous la domination romaine, les Juifs
adoptèrent aussi le système monétaire de
leurs vainqueurs, et même il paraît que du
temps de Jésus c'était, sans exclusion des
autres, celui qui avait le plus généralement
cours; on trouve mentionnés dans le Nouveau
Testament: le denier, q.v. (0,83
cent.); l'as, Matthieu 10:29; Luc 12:6, à
l'effigie de l'empereur; il était de cuivre
et valait d'abord 1/10, puis seule ment 1/18
du denier; enfin le quadrain de
cuivre qui valait 1/4 d'as, Matthieu 5:26;
Marc 12:42, selon d'autres 0,07 cent.
— Pour se faire une idée, non point exacte
sans doute, mais approximative de la valeur
relative de l'argent aux différentes époques
de la vie juive, on peut comparer les
chiffres suivants: en temps ordinaire le sat
de fine farine valait un sicle, et pour le
même prix on pouvait avoir deux sats d'orge,
2 Rois 7:1; un cheval d'Égypte valait sous
Salomon 150 sicles, 1 Rois 10:29; le prix
ordinaire d'un esclave était de 30 sicles,
Exode 21:32; cf. Genèse 37:28; Matthieu
26:15; sous les juges un homme donna 10
sicles par an au sacrificateur de sa maison,
Juges 17:10; un bon cep de vigne est évalué
à un sicle, Ésaïe 7:23; David achète pour 50
sicles une aire avec une paire de bœufs, 2
Samuel 24:24; une vigne doit rapporter à
Salomon 1,000 sicles par an, Cantique 8:11;
cf. encore Juges 17:4; 1 Samuel 9:8; Néhémie
5:15. Dans le Nouveau Testament, nous voyons
la journée de travail payée un denier,
Matthieu 20:2, et les soins donnés à un
malade dans un caravansérail pour plus d'une
journée, rétribués deux deniers, Luc 10:35.
Plusieurs de ces chiffres laissent de
l'incertitude dans l'esprit à cause de
l'indétermination des poids et des mesures;
il en ressort pourtant d'une manière
générale que la vie n'était pas chère, et
que les denrées nécessaires à la vie étaient
bon marché aussi bien que la main d'œuvre.
MONTAGNES.
La Palestine est une contrée
fort montagneuse, partagée par le Jourdain
du nord au sud en deux parties naturelles
d'inégale grandeur, Deutéronome 11:11;
Ézéchiel 34:13; Exode 13:17; 1 Rois 20:23.
Les chaînes qui la traversent se rattachent
toutes au mont Liban, et rejoignent au sud
les hauteurs de l'Idumée et de l'Arabie
Pétrée. Au delà du Jourdain
l'Anti-Liban se termine par le Djebel Heisch
qui s'abaisse par une pente douce et fertile
vers l'orient, tandis que sa face
occidentale se précipite en rochers
basaltiques jusqu'au bord du lac de
Génésareth. Le fleuve Hiéromax coupe un
instant le terrain de l'est à l'ouest, puis
un nouveau plateau s'élève, riche et varié,
fertile, entrecoupé de vallées et de
ruisseaux, de plaines et de grottes, jusqu'à
l'Arnon, frontière de l'ancienne Canaan, et
communique, au sud de ce fleuve dont les
bords escarpés font la clef de la Palestine,
avec les montagnes iduméennes: vers l'est
les montagnes de ce plateau se perdent dans
les plaines fécondes du Hauran, et dans les
sables arabes; à l'ouest elles se jettent en
pentes rapides sur les rives du Jourdain.
Dans la Palestine occidentale les
chaînes du Liban et de l'Anti-Liban marchent
parallèlement jusqu'au sud-ouest de la
Galilée, et se terminent non loin de
Ptolémaïs, en coteaux que le Kison sépare du
mont Carmel; mais elles s'élèvent à
l'orient, forment le plateau de Jizréhel, et
s'abaissent en terrasses vers les bords du
lac de Génésareth: c'est là que se trouve le
cœur de la Palestine, ses plus fertiles
districts, sa nature alpestre la plus bénie,
tandis que le nord-nord-ouest ne présente
guère que des rochers sauvages non
susceptibles de culture, et que le sud offre
plus de jolies vallées et de gras pâturages,
que de montagnes à forte végétation, à
plantations faciles, à fertiles vignobles.
Au milieu de ce plateau s'élève presque
isole, et comme frontière entre la haute et
la basse Palestine, le puissant Mont-Tabor.
Plus au sud, des montagnes terminent le
plateau, et couvrent dans presque toutes les
directions la plus grande partie de
l'ancienne Samarie, escarpées et rocheuses,
mais avec quelques plaines et quelques
vallées: elles s'avancent dans la Judée un
peu au nord de Jérusalem, et la couvrent
aussi presque entièrement: au sud de la
ville sainte le plateau s'élève davantage,
les montagnes courent au sud-sud-est où
leurs flancs escarpés donnent une ceinture à
la mer Morte, ou bien se confondent dans la
plaine haute d'El Tyh avec les rochers de
l'Arabie Pétrée. À l'ouest les chaînes du
centre et du midi de la Palestine n'arrivent
pas au bord de la mer, mais s'abaissent par
degrés, et se terminent par des plaines qui
deviennent toujours plus larges à mesure
qu'on avance vers le sud; à l'est elles
s'arrêtent brusquement aux rives du
Jourdain, et ne laissent que près de Jérico
se former une petite plaine qu'elles
entourent comme en amphithéâtre. La double
chaîne, dans sa plus grande largeur, n'a
nulle part plus de 15 à 20 milles allemands
(environ 50 kilomètres), et l'on peut
aisément, en trois journées de voyage, la
franchir partout de l'est à l'ouest.
— Ces montagnes sont presque toutes
calcaires et de la même formation que le
Jura: on y trouve aussi beaucoup de craies
et de silex, surtout sur les hauteurs; très
peu de sommets ont des neiges éternelles, et
leurs formes présentent beaucoup de variétés
et d'irrégularités. Le nord-est offre dans
une certaine étendue un terrain basaltique
dont les couches et les ramifications
s'avancent jusqu'aux bords du lac de
Génésareth.
Les montagnes les plus célèbres dont il est
parlé dans l'Écriture, sont celles de
l'Idumée, le mont Horeb, le Hor, le Sinaï,
le Guilboah, le Nébo, le Tabor, le Liban,
les monts d'Hen-Guédi, le Calvaire, Hébal et
Guérizim, les montagnes de Galaad, le mont
d'Hamalec, Morija, l'Hermon, le Gahaz, le
Paran, le Pisga, le mont des Oliviers, le
Carmel, etc., les montagnes d'Éphraïm, de
Juda, de Nephthali, les monts Abarim, etc.
La carte de la terre sainte est encore à
faire pour ce qui concerne les montagnes,
leur direction, leur hauteur et leurs
ramifications. Les voyageurs n'en ont guère
étudié et tracé que les sommets et les
chaînes principales, et la carte de Grimm,
la meilleure de toutes, laisse encore
beaucoup à désirer: si quelque chose avait
pu être fait avec les données actuelles, le
génie actif, laborieux et facile, de Ritter
l'aurait fait.
L'Écriture nous apprend à regarder les
montagnes comme aussi anciennes que le
monde, Psaumes 90:2; 104:6,8; Proverbes
8:25; en plusieurs endroits elles sont
appelées coteaux d'éternité, ou montagnes
éternelles, parce qu'elles datent des jours
de la création, Genèse 49:26; Deutéronome
33:15. Ailleurs cependant elles sont
davantage mises en rapport avec les
terribles phénomènes, avec les
bouleversements qui leur ont donné
naissance, Psaumes 18:13-15; 104:6,8; 97:5;
144:5; Zacharie 14:4,8, etc. Le nom de
montagnes de ravage leur est donné Psaumes
76:4, parce qu'elles étaient souvent des
retraites de voleurs.
— On remarque le rôle important que les
montagnes ont joué dans les grandes époques
de la religion; le sacrifice d'Isaac, la
promulgation de la loi, la mort du Sauveur,
ont lieu sur des hauteurs; c'est également
sur des montagnes que vont se promener les
pieds des prophètes, et Jésus-Christ s'y est
souvent entretenu avec son père pendant la
nuit; c'est sur le Tabor qu'il a été
transfiguré, c'est du mont des Oliviers
qu'il s'est élevé vers les cieux.
La montagne d'assignation, Ésaïe 14:13, ne
désigne pas la montagne sur laquelle était
construit le temple à Jérusalem, comme on
l'a cru quelquefois en comparant Ésaïe
38:20. Si l'on fait attention à la personne
qui parle, on verra que son idée ne pouvait
rien avoir de théocratique: ses vœux et ses
espérances lui sont reprochés; il est
probable que le prophète introduit ici les
idées babyloniennes sur une ancienne et
sainte montagne située vers les confins du
septentrion, et dans laquelle résidaient les
sources de la vie; on peut comparer ici l'Ai
Bordsch des Perses, les Kuen-lun des
Chinois, le Mérou des Indiens, et l'Olympe
des Grecs: le Nord était regardé comme le
commencement du monde, son origine, son
principe, et chaque peuple mettait ses dieux
sur la montagne la plus septentrionale de
son territoire.
Les Syriens, après avoir été battus par les
Israélites dans une rencontre, prétendirent
que ceux-ci étaient protégés par les dieux
des montagnes, 1 Rois 20:23. On ne sait
presque rien de ces espèces de dieux, si ce
n'est qu'ils devaient protéger ceux qui se
confiaient en eux, et qu'ils dirigeaient
tout ce qui avait lieu sur leurs flancs:
quelques-uns d'entre eux avaient des noms
particuliers: Pan appartenait d'une manière
éloignée à cette catégorie. On se rappelle
en tout cas le respect qu'avaient les païens
pour les hauts lieux en général.
Le sermon de Jésus sur la montagne, admiré
de tous ceux qui le lisent, comme un des
plus beaux résumés de la morale chrétienne
et de la sainteté évangélique, présente des
difficultés de détail, et surtout des
difficultés d'ensemble qu'aucun ouvrage
théologique français n'a encore, ni
résolues, ni même posées et constatées.
L'ouvrage allemand de Tholuck (Bergpredigt),
traduit en anglais, est le seul travail
spécial que nous connaissions sur ce sujet,
et il serait digne d'être reproduit dans
notre langue.
MONTRES.
L'Orient, et notamment la
Babylonie, a connu de très bonne heure l'art
de mesurer, de diviser et de calculer le
temps au moyen d'horloges à soleil, de
cadrans solaires, et par la longueur
relative des ombres aux différentes heures
de la journée. De bonne heure aussi, par
suite des nombreux et fréquents rapports qui
existaient entre la Babylonie et l'Asie
occidentale, cette connaissance a pu être
communiquée aux Hébreux, chez qui nous en
trouvons des traces déjà avant l'exil, 2
Rois 20:9; Ésaïe 38:8;
— Voir: Cadran.
Ces horloges primitives étaient tantôt une
colonne qui projetait son ombre sur un
escalier dont chaque degré marquait les
heures, tantôt une colonne divisée en
degrés, et qui recevait l'ombre d'un corps
étranger. Les Romains inventèrent plus tard
les horloges d'eau ou clepsydres (158 avant
J.-C.), au moyen desquelles on fixait aux
orateurs la durée de leurs discours, aux
hommes de garde le temps de leur faction, et
les heures où les sentinelles devaient être
relevées: on ne sait pas si les Juifs au
temps de Jésus avaient adopté cette manière
de mesurer le temps, mais il ressort de
plusieurs passages qu'ils se servaient
d'instruments de ce genre, gnomons,
clepsydres ou autres; les besoins de la vie
civilisée, comme les progrès de la
civilisation, en étaient venus chez eux au
point qu'une découverte de ce genre devait
être pour eux une nécessité. On se sert de
nos jours encore de clepsydres pour l'usage
ordinaire, dans l'Inde et le royaume de
Siam.
MOPH,
Osée 9:6,
— Voir: Memphis.
MORE,
Genèse 12:6; Deutéronome 11:30;
Juges 7:1, colline située dans la vallée de
Jizréhel, non loin de Sichem; elle tirait
probablement son nom de son possesseur, qui
était un Cananéen.
MORÉSETH-GATH,
petite ville de la Palestine, apparemment voisine de Gath et d'Éleuthéropolis, patrie du prophète Michée, Michée 1:14; Jérémie 26:18. Quelques auteurs pensent que c'est la même que Marésa, ainsi le paraphraste caldéen; d'autres, sans plus d'indication, disent que ce village était situé entre Jérusalem et la Méditerranée, et le distinguent de Marésa.
MORIJA
(l'Éternel y pourvoira),
colline de Jérusalem sur laquelle le temple
fut bâti par Salomon, 2 Chroniques 3:1. Elle
était située à l'est de Sion, et au
sud-sud-est d'Akra, dont elle était séparée
par une vallée large et peu profonde, qui
fut rehaussée et presque comblée, sous Simon
Maccabée, par les décombres d'une forteresse
ennemie que les Syrien savaient construite
sur Akra. Le vallon des faiseurs de fromage
séparait Morija de Sion, et un pont la
mettait en communication directe avec la
ville haute. Au dire des anciens auteurs, la
colline de Morija, sous le temple, était
pleine de réservoirs souterrains immenses,
dont les entrées n'étaient connues que des
prêtres. On a cru, à cause de la
signification du nom de Morija, comparée
avec les paroles d'Abraham, Genèse 22:8, que
c'était là que devait avoir eu lieu le
sacrifice d'Isaac. Cependant, cette manière
de voir présente de grandes difficultés: les
Samaritains, au lieu de Morija, lisent More
dans le passage de la Genèse, et prétendent
que ce fut de ces plaines que partit le père
des croyants, et qu'il conduisit son fils
sur le mont Guérizim.
— Le nom de Morija était peu usuel; on ne le
trouve pas 1 Rois 6, où on aurait pu
l'attendre, et Flavius Josèphe qui parle
beaucoup de Jérusalem et du temple, ne
renferme qu'une seule fois le nom de Morija,
Antiquités Judaïques 1, 13, 1, et encore
est-ce en parlant de Genèse 22.
MORT,
— Voir: articles
Meurtre, et Peines.
Conjurer les morts,
— Voir: Python.
Mer Morte,
— Voir: Mer.
Le nom de mort a, dans l'Écriture,
différentes significations que l'on ne doit
pas confondre: d'abord le sens simple et
matériel, la séparation du corps et de
l'âme, la fin de la vie physique, la mort
qui est entrée dans le monde avec le premier
péché, comme un dérangement, un
affaiblissement de la nature primitive qui
avait été créée saine et immortelle. Cette
mort n'est point naturelle; c'est, au
contraire, un accident violent dont la
nature a été troublée, mais qui a passé dans
le cours ordinaire des choses comme le
péché. Puis l'ensemble de la vie actuelle,
négation permanente de la vie primitive, est
également désigné dans l'Écriture sous le
nom de mort; l'homme ne vit pas: il est mort
dans ses fautes et dans ses péchés,
Éphésiens 2:1. Cette mort est aussi appelée
la colère de Dieu, et il faut en être
délivré pour hériter le royaume du bonheur
éternel, Éphésiens 2:3. Si cette mort se
consomme, elle est appelée la condamnation:
c'est dans ce sens que la parole de Dieu,
qui parle d'une nouvelle naissance, parle
aussi de la conversion comme d'une
résurrection, Colossiens 3:1. Enfin, il faut
distinguer le sens mystique du mot, la mort
du chrétien au monde et à la vie extérieure,
la mort des sens, dont la mort de Christ a
été l'image sans préjudice à sa propre
réalité; elle est appelée une vie cachée
avec Christ en Dieu, Colossiens 3:3. Celui
qui est mort au monde a cessé d'être sujet à
la mort du péché; le rétablissement de
l'être a commencé, il n'attend plus que la
résurrection du corps comme dernière
délivrance.
— La mort seconde désigne aussi la damnation
éternelle, Apocalypse 20:6,14.
On trouve dans l'Écriture plusieurs
expressions poétiques et comparaisons
particulières pour rendre l'idée de mort;
mais elles se comprennent facilement. La
mort est appelée le roi des épouvantements,
Job 18:14; les portes de la mort désignent
le tombeau, Psaumes 107:18; les instruments
de mort sont des armes meurtrières; un fils
de la mort, c'est un homme condamné à
mourir, ou qui a mérité la mort. L'amour est
fort comme la mort, dit Salomon, Cantique
8:6, c'est-à-dire que l'amour triomphe de
tout, de même que rien ne peut résister à la
mort. Les Hébreux avaient, pour les corps
morts, un grand respect, autant par l'idée
de la souillure légale qui résultait de leur
contact, qu'à cause de leur croyance en la
résurrection des corps; ils regardaient
comme un malheur réel la privation de
sépulture, 1 Rois 14:11; 16:4; 21:24;
Jérémie 7:33; 8:2; 9:22, etc. Ézéchiel 29:5,
etc. Psaumes 79:3, etc, cf. Sophocle, Ajax
1156. Le livre de Tobie 1:21; 2:8, met au
nombre des œuvres de charité la sépulture de
cadavres abandonnés. C'était aux plus
proches parents, aux fils, qu'était imposé
le devoir d'enterrer leurs pères et leurs
mères, Matthieu 8:21. Si un corps restait
exposé ou abandonné, il risquait de devenir
promptement la proie de bandes de chiens
affamés et sans maîtres, ou celle des
oiseaux de l'air, 1 Rois 14:11; 16:4, etc.,
2 Rois 9:35; cf. Iliad. 22, 41; mais ce cas
était rare chez les Juifs, et n'arrivait
presque qu'en temps de guerre, car les
criminels eux-mêmes étaient ensevelis après
leur exécution, Deutéronome 21:23; Matthieu
27:58. Il n'en était pas toujours de même
chez les Égyptiens, Genèse 40:19. D'après le
Talmud, il y aurait eu à Jérusalem des
sépulcres spécialement destinés aux
suppliciés. La sépulture, ou enterrement, a
été chez les Juifs, dès les temps les plus
anciens, la manière ordinaire de faire
disparaître les cadavres, Genèse 23:19;
25:9; 35:8,19. Juges 2:9; 1 Samuel 25:1;
Jean 11:17, etc. L'usage grec de les brûler
n'existait pas, et le seul exemple que nous
en trouvions, 1 Samuel 31:12, se présente
avec des circonstances extraordinaires, qui
ont pu justifier ou provoquer cette mesure
également extraordinaire. Saül était rejeté
de Dieu: roi d'Israël, il s'était suicidé,
et les usages, comme les nécessités de la
guerre, la mutilation, et peut-être la
décomposition des corps, exigeaient qu'il en
fût ainsi. On peut comparer encore Amos
6:10, dont l'idée principale est que le
malheur des temps voudra que les corps
soient brûlés (et cela, par les plus proches
parents, à défaut d'autres), comme le seul
moyen de s'en défaire sans danger. Après
l'exil, l'usage de brûler les corps n'entra
pas davantage dans les mœurs judaïques: le
Talmud en fait exclusivement une coutume
païenne, et Tacite (H. 5, 5; 4) dit aussi
que les Juifs ne se défaisaient pas de leurs
morts autrement que par l'inhumation.
L'Écriture ne donne pas beaucoup de détails
sur les cérémonies funèbres et sur
l'ensemble des funérailles; on peut voir ce
que nous avons dit aux articles Cadavre,
Deuil, et Sépulcres. Le corps était
ordinairement enveloppé de linges, Jean
19:40; 11:44, et emporté les pieds devant.
Comme on ne se servait pas toujours de
bières, il n'était pas besoin d'un long
temps entre la mort et la sépulture, on le
voit par l'exemple d'Ananias et de Séphirah.
Anciennement, des pleureuses à gages et des
joueurs d'instruments accompagnaient le
convoi, auquel devaient se joindre, par
respect, tous ceux qui le rencontraient,
usage auquel notre Sauveur semble faire
allusion, Luc 7:32, et saint Paul, Romains
12:15.
MOSEL,
Ézéchiel 27:19,
— Voir: Uzal.
MOUCHES, Moucherons, Moustiques.
On trouve en Orient, et surtout
dans les plaines marécageuses de l'Égypte,
un nombre fort considérable d'insectes
ailés, aussi incommodes par leur multitude
que dangereux par leurs piqûres, et qui
attaquent indistinctement les hommes et les
bestiaux. L'existence d'un Dieu des mouches,
ou Bahalzébub, ne pouvait ainsi manquer
d'être inventée par des peuples qui
divinisaient tout ce qu'ils craignaient,
tout ce qu'ils haïssaient,
— Voir: Bahal.
Trois expressions différentes sont employées
dans la Bible pour désigner les insectes,
mais l'exacte signification de chacune n'est
pas bien déterminée:
-
Zébub, Ecclésiaste 10:1; Ésaïe 7:18. C'est probablement le nom général de toute la classe des insectes ailés.
-
Ken (ou kinnim), Exode 8:17; cf. Psaumes 105:31. Nos versions l'ont traduit par poux; mais cette signification est fort peu probable, et la plupart des voyageurs, comme la plupart des interprètes, la rejettent, sans s'accorder, du reste, sur l'espèce d'insecte qu'il faut entendre par là. Un simple nom d'animal ne peut être déterminé, après deux ou trois mille ans, lorsque rien d'ailleurs ne tend à le faire connaître. Les pères de l'Église, les Septante, Origène et saint Augustin, disent qu'il s'agit d'un insecte fort petit, presque invisible à l'œil nu, fort inquiétant, voltigeant toujours, et revenant à mesure qu'on le chasse. Hasselquist et Maillet parlent aussi de fort petits insectes dont ils ont été tourmentés en Égypte, et qui pourraient bien être les mêmes. D'un autre côté, le docteur Clarke pense que l'espèce de poux qui affligea l'ancienne Égypte est l'acarus sanguisugus, qui se trouve dans cette contrée, et jusque dans la Cafrerie (— Voir: Voyage d'Arbousset au nord du Cap, p. 138); il est plus gros que la mouche ordinaire, et d'une forme plate et presque ronde; il tourmente singulièrement les hommes et les animaux.
Le moucheron de Matthieu 23:24; est-il le même que le ken de l'Égypte? C'est ce qu'on ignore, puisqu'on ne peut connaître celui-ci; mais il paraît plutôt que ce doit être le culex vinarius, l'hôte imperceptible du vinaigre, et les raisons alléguées par Bochart semblent ne laisser aucun doute sur ce point.
-
Harob. Nos versions le traduisent: un mélange d'insectes; c'était la quatrième plaie de l'Égypte, Exode 8:21; cf. Psaumes 78:45; 105:31. Selon quelques auteurs, c'est le tabanus ou taon. Ruppel pense à de petits insectes qui naissent, pendant les grandes chaleurs, du limon déposé dans la vallée du Nil. Ils se précipitent avec fureur sur les hommes et sur les animaux, pénètrent dans les narines et dans les oreilles, et causent aux yeux des douleurs infinies; mais ce voyageur n'ayant pas décrit l'insecte dont il parle, on ne sait à quelle famille il appartient. Œdmann croit qu'il s'agit de la blatta orientalis à, e Linnée, connue chez nous sous le nom de teigne, animal qui s'attache aux vêtements comme aux hommes; cette manière de voir souffre aussi de grandes difficultés. D'autres enfin ont traduit ce mot par loups, mais sans raison.
— Harob dérive, selon les uns, d'un mot arabe qui signifie manger; selon les autres, du mot hébreu harab, mêler, et c'est de cette dernière étymologie que sont partis les traducteurs français, Luther, etc. C'est, dans l'incertitude, la traduction la plus sûre et la moins compromettante.
Luther a traduit de même le mot tselatsal, Deutéronome 28:42, où nos versions portent hanneton. Il est plus probable, étymologiquement, qu'il faut entendre par là le grillon, gryllus stridulus de Linnée.
— Voir: Sauterelles.
Toutes les mouches étaient déclarées impures parla loi, Lévitique 11:42.
MOUT,
— Voir: Vin.
MOUTARDE,
Matthieu 13:31; 17:20; Marc 4:31; Luc 13:19; 17:6. La famille du sénevé compte treize espèces, dont cinq étaient particulières à l'Égypte. C'est un arbrisseau à siliques qui vient souvent sans culture, mais dont plusieurs espèces, et notamment la sinapi nigra, et l'alba, sont aussi cultivées avec soin, comme épices et assaisonnement, soit en Orient, soit même dans l'Europe méridionale. Les Juifs en cultivaient dans leurs jardins. Les grains de moutarde, employés déjà par les anciens comme un piquant assaisonnement, désignaient proverbialement une chose extrêmement petite, Matthieu 13:32. II paraît aussi, d'après ce passage, que, dans les pays chauds, le sénevé devenait un arbre véritable, et atteignait une certaine hauteur, non point seulement par extraordinaire, mais assez habituellement; en Europe, il ne s'élève guère qu'à 70 centimètres de terre.
MOUTON,
— Voir: Brebis.
MUGUET,
— Voir: Lys.
MULET,
produit stérile de l'âne et du
cheval; participe toujours plus des qualités
de son père que de celles de sa mère;
l'espèce inférieure, produit de l'âne et de
la jument, est cependant la plus répandue.
On peut croire, à cause de la défense
indiquée Lévitique 19:19, que les Hébreux ne
firent point naître de mulets, mais il ne
leur était pas défendu d'en acheter et de
s'en servir; nous voyons en effet, surtout
depuis les jours de David, que les mules et
les mulets étaient assez communs parmi eux;
ils servaient même de monture aux rois, 1
Rois 1:33,38,44, aux princes, 2 Samuel 18:9;
13:29, etc., et dans les écuries royales ils
étaient, aussi bien que les chevaux, confiés
aux soins d'un inspecteur en chef, 1 Rois
18:5. Les mulets étaient employés comme
montures en temps de guerre, 2 Samuel 18:9,
cf. Zacharie 14:15., et en Perse, les
courriers du gouvernement s'en servaient
comme de chevaux et de dromadaires, Esther
8:10,14. Le transport de fardeaux se faisait
aussi à dos de mulet, 2 Rois 5:17; cf. Ésaïe
66:20; 1 Chroniques 12:40; Esdras 2:66, et
la force, comme la marche sûre et ferme de
cet animal, le faisait généralement préférer
au cheval et à l'âne, dont il réunissait en
lui-même les différentes qualités. On voit,
1 Rois 10:25, que parmi les tributs que les
peuples voisins payaient annuellement à
Salomon, se trouvent des mulets: la contrée
de Thogarma (Arménie), était surtout
renommée pour ses beaux produits en ce
genre, Ézéchiel 27:14, qui sont encore
admirés de nos jours; un mulet de Syrie se
paie de 750 à 850 ou 900 francs
(Burckhardt).
— Le nom hébreu est péred ou
pirdah; quelques anciens interprètes ont
cru que les jemim de Genèse 36:24,
signifiaient aussi des mulets, et ils
attribuent à Hana l'honneur d'avoir
découvert le mélange du cheval et de l'âne,
mais,
— Voir: Hana.
MURIER,
Luc 17:6,
— Voir: Sycomore.
MUSETTE,
— Voir: Musique.
MUSIQUE.
Cet art, presque aussi ancien
que le monde, et qui doit survivre au monde,
cet art magique dont la puissance se fait
sentir pour le mal comme pour le bien, qui
élève les âmes vers l'Éternel, et qui
souvent divinise la matière et favorise tant
de désordres, qui souffle la guerre, qui
inspire la volupté, qui, tour à tour, calme
les douleurs ou arrache des larmes aux cœurs
joyeux, puissant dans le Ranz des vaches,
puissant dans la Marseillaise, puissant dans
les Te Deum, bienfaisant et malfaisant,
religieux ou impie, cet art, connu des
anciens Hébreux, et maintenant encore
cultivé avec tant de succès par leurs
descendants, depuis Asapb jusqu'à
Mendelsohn, a été connu dès avant les jours
du déluge, et peut-être que le premier homme
a entendu déjà les chants meurtriers des
enfants de Caïn. C'est à cette famille, en
effet, que l'Écriture sainte attribue
l'invention des instruments de musique;
Jubal, dont le nom rappelle la joie et les
jubilations, fut le premier qui découvrit ou
qui inventa les sons éclatants des
instruments de cuivre, Genèse 4:21. En
rapportant cette triste origine, l'Écriture
ne paraît pas vouloir jeter de la défaveur
sur l'art lui-même, non plus que sur les
bergers en général, sur les nomades comme
tels ou sur les ouvriers en fer ou en
airain, dont les premiers furent aussi
Caïnites; elle ne paraît pas blâmer ces
découvertes en elles-mêmes, et cependant la
mention qu'elle en fait n'est pas absolument
indifférente non plus. L'homme était destiné
primitivement à l'agriculture; c'était le
genre de vie le plus facile, le plus
agréable, le plus en rapport avec son
organisation, celui aussi qui exigeait le
moins de soucis, qui était le moins de
nature à détourner sa pensée des choses de
Dieu; mais la famille de Gain s'étant
détachée de celui qui a la vie éternelle, et
ne vivant plus que pour ce monde, elle a pu
diriger toutes les pensées vers les
beaux-arts et vers les arts utiles à
l'homme; elle a été mise en mesure de bien
mériter de la race humaine, d'autant plus
que sa direction était devenue toute
humaine; terrestre, et vivant pour la terre,
la famille de Caïn a dû chercher à orner le
séjour qu'elle habitait, et moins elle
faisait de progrès dans la connaissance des
mystères divins, plus elle devait en faire
dans la connaissance des arts et des
sciences de la terre. Lémec, père de Jubal,
chantait sans doute ses crimes, Genèse 4:23,
et l'on regrette que les plus anciens
souvenirs du chant et de la musique se
rattachent à des meurtres et à une famille
proscrite de Dieu.
Il est assez probable, que le monde ayant
fait invasion dans l'Église, et la famille
de Caïn dans celle de Seth, les arts
passèrent d'une famille dans l'autre, et que
c'est ainsi qu'ils survécurent au déluge, à
la race détruite de Caïn. La Bible ne dit
pas que la musique ait été une seconde fois
inventée, et l'on peut croire que Noé et ses
fils, avertis du sort réservé à la terre,
profitèrent du terme de 120 ans qui leur
était donné, pour recueillir tout ce qui
pouvait être conservé d'utile et d'agréable
de l'ancien monde. Quoi qu'il en soit, nous
voyons la musique généralement en usage aux
jours de Laban, Genèse 31:27; nous la
retrouvons aux jours de Moïse après
l'esclavage d'Égypte, Exode 15:1-22; Nombres
10:2. David organise de nombreux chœurs de
chantres et de musiciens pour le service du
temple, et les choisit parmi les Lévites
dont les occupations ont diminué depuis
l'érection du tabernacle, 1 Chroniques 25:1;
cf. 2 Chroniques 29:25; 30:21; 35:15;
— Voir: Chantres.
— Il paraît que les rois avaient aussi leur
musique particulière, comme on peut le
conclure de 1 Chroniques 25:2; 2 Samuel
19:35; Ecclésiaste 2:8. Chez les Hébreux, la
musique était souvent accompagnée de danses.
Quant à sa nature il est difficile d'en rien
dire, car elle est perdue, et les
conjectures nombreuses que l'on a faites
prouvent mieux que tout le reste, qu'on ne
doit pas songer à la retrouver. Il est
probable cependant qu'elle était simple et
sérieuse, peut-être même sans connaissance
de l'harmonie, qui est un perfectionnement,
ou selon quelques-uns, une détérioration du
goût naturel, une corruption, dans tous les
cas la civilisation transportée dans la
musique, par conséquent l'art dans le sens
ordinaire de ce mot. Ils chantaient, à ce
qu'on pense, unisono, chacun suivant la
force et la portée de sa voix, et l'on sait
que J.-J. Rousseau regardait ce chant comme
le plus pur et le plus beau, tandis que la
musique composée n'était, selon lui, qu'une
volupté artificielle réellement inférieure.
C'est une affaire de goût sur laquelle on ne
peut disputer, mais il est sûr que de
grandes masses chantant à l'unisson peuvent
produire de grands effets, et que plusieurs
airs perdent plutôt qu'ils ne gagnent à un
accompagnement. En tout cas, on doit croire
que la musique vocale et instrumentale sur
laquelle devaient se chanter de si beaux
psaumes, était elle-même belle, excellente
et parfaite. Qu'on se rappelle l'impression
produite par la harpe de David sur la sombre
mélancolie de Saül, 1 Samuel 16:23,
l'impression produite par les prophètes de
Samuel sur les hommes envoyés par Saul pour
prendre David, et sur Saül lui-même, 1
Samuel 19:23-24; cf. 10:5, la manière dont
le prophète Élisée calma l'émotion qui
l'agitait, et se disposa à recevoir les
impressions du Saint-Esprit, 2 Rois 3:15, et
l'on comprendra la puissance mystérieuse de
cette musique sacrée, simple, sans
recherche, mais profonde.
À côté des chants religieux nous voyons
mentionner aussi la musique des festins qui
assaisonne la joie des amis, mais nulle part
elle n'est rappelée comme innocente, Ésaïe
5:42; 14:11; 24:8; Amos 6:5; Lamentations
5:14: il paraît que les Israélites pieux se
contentaient pour leur intérieur, du chant
des saints cantiques, et que les Psaumes
fournissaient à leurs joies domestiques tous
les textes qu'ils pouvaient penser et
désirer. La joie publique se manifestait
aussi au son des instruments, 1 Rois 1:40,
mais rien ne laisse supposer qu'il s'agisse
dans ce passage d'une musique étrangère à la
joie théocratique: en voyant couronner son
roi légitime, le peuple pouvait célébrer son
avènement par des chants religieux qui
répondaient à ses besoins intérieurs, et
faisaient ressortir le bonheur d'une nation
gouvernée par un roi choisi de Dieu.
Un assez grand nombre d'instruments sont
nommés dans l'Écriture, d'où l'on peut
conclure que l'orchestration était connue
des Israélites, mais on ne peut rien
affirmer de positif sur leur forme et leur
importance: c'est même là une des parties
les plus obscures de l'archéologie des
Israélites. On divise ordinairement ces
instruments en trois classes, et nous
rapportons ici les suppositions les plus
généralement adoptées.
-
Espèces de tambours ou tambourins,
-
Le thoph ou tambourin, cercle de bois ou de métal, recouvert d'une peau tendue, de 8 pouces de diamètre: on le frappait avec le doigt, et il servait surtout à marquer la mesure: avec l'accompagnement de la cymbale ou des castagnettes il produisait un effet qui n'était point désagréable. C'étaient ordinairement les femmes qui battaient le tambourin en Orient, Exode 15:20; Juges 11:34; Psaumes 68:25; Jérémie 31:4, et c'était dans les réjouissances publiques qu'on en faisait usage,
— Voir: aussi Job 21:12; 2 Samuel 6:5; Ésaïe 5:12; 24:8.
-
Les tseltselim ou cymbales, q.v.
-
Les mnahanehim, 2 Samuel 6:5, traduits sistres dans nos versions, d'après la Vulgate et les interprètes juifs; instrument composé de deux verges qui se coupent à angle droit, et dont les deux autres extrémités, se rejoignant, dessinent une figure ovale, ou allongée, en forme de baudrier: des anneaux de métal attachés à cet instrument produisent, lorsqu'il est secoué, un bruit qui rappelle de loin les tintements du chapeau chinois. Le sistre était autrefois fort commun en Égypte, où l'on s'en servait surtout pour le culte d'Isis.
-
Shalishim, 1 Samuel 18:6, probablement, comme l'indique son étymologie, l'instrument encore connu sous le nom de triangle, soit qu'on en frappe les trois côtés avec une baguette de fer, soit que ces côtés portent des anneaux métalliques qui rendent, lorsqu'ils sont agités, le même son aigu que les anneaux du sistre. Le triangle est, d'après Athénée, une invention syrienne.
-
-
Instruments à vent,
-
Le hougab, que nos versions traduisent orgues, Genèse 4:21; Job 21:12, et qui d'après saint Jérôme, appuyé des interprètes juifs et caldéens, doit plutôt s'entendre de la cornemuse.
-
La soumphonia, Daniel 3:5,10,18, que nos versions rendent par symphonie. C'est apparemment le même instrument que le hougab, du moins les interprètes juifs le traduisent ainsi: la cornemuse s'appelle maintenant encore en italien sambuja, et c'est la langue des traditions musicales. La cornemuse est une espèce de flûte dont les deux moitiés sont séparées par une grande vessie, ou sac de cuir, qui reçoit le souffle du joueur, se gonfle, et communique par la pression l'air au tuyau inférieur: ce dernier tuyau est percé de trous comme une flûte ordinaire, et rend des sons suivant le jeu des doigts; cet instrument a plutôt des tons criards, nasillards, et peu harmonieux. Quelques auteurs, dont Calmet, croient cependant que le hougab désigne la flûte de Pan, ou chalumeau, composé de roseaux d'inégale longueur.
-
Le mashrokhita, Daniel 3:5, serait d'après Winer la flûte de Pan: les bergers de l'Orient s'en servent de nos jours encore, comme ceux de la Suisse et de l'Italie; c'est le mot que nos versions ont traduit par clairon,
-
Hhalil ou nehhil, Psaumes 5:1; etc. On est généralement d'accord à penser qu'il s'agit ici de la flûte. Cet instrument qui servait à célébrer la joie comme le deuil, 1 Rois 1:40; Ésaïe 5:12; 30:29; Matthieu 9:23, était fait de diverses matières; il y en avait de roseaux, de bois, de corne, et d'os, et l'on en comptait chez les Israélites, comme chez les Grecs et les Romains, différentes espèces, suivant le nombre de trous qu'elles portaient; elles étaient loin toutefois de pouvoir être mises en comparaison avec nos flûtes modernes, si compliquées et si parfaites,
-
La hhatsotserah, que nos versions ont traduit par trompette, Nombres 10:2; cf. 31:6; 2 Rois 11:14; 12:13; Osée 5:8. Moïse avait ordonné que deux de ces instruments, d'argent massif, fussent employés au service du tabernacle, pour convoquer les chefs ou le peuple, et pour annoncer le moment du départ. La forme de ces trompettes, telles du moins qu'elles existaient dans le second temple, a été conservée avec celle de tous les vases du sanctuaire, sur l'arc de triomphe de Titus: elle rappelle singulièrement celle des Alpenhœrner: c'est une espèce de long tube qui va en s'évasant vers son extrémité inférieure, et qui paraît avoir dû rendre un son éclatant, mais un seul: aussi Moïse, en marquant les divers signaux qui devaient être donnés par ces trompettes, n'indique pas qu'elles fussent susceptibles d'aucune modulation: leur usage devait être celui des cloches; suivant que l'on sonnait une ou deux fois, suivant que les trompettes sonnaient ensemble ou séparément, l'assemblée devait être avertie, soit de se réunir, soit de prier, soit de partir,
-
Le shophar, traduit par trompette, Lévitique 25:9; Job 39:28, par cor, Jérémie 4:5; 6:1; Ézéchiel 33:6; Ésaïe 58:1; Exode 19:16,19; Osée 5:8; Josué 6:4, peut en effet se traduire des deux manières, en réservant l'incertitude où l'on est sur sa signification véritable. On s'en servait pour annoncer l'année du jubilé; on s'en servait à la guerre, les sentinelles et les gardes s'en servaient pour donner des signaux. Le shophar avait un son fort étendu, auquel Moïse compare le son du tonnerre, lors de la promulgation de la loi sur le Sinaï. Ce qu'il est permis de supposer sur la forme de cet instrument d'après ce qui est dit Josué 6:4, c'est que c'était peut-être une corne d'animal, comme les patres des Alpes s'en servent souvent encore, ou bien que c'était un instrument qui affectait cette forme, et qui par conséquent ne pouvait, non plus que le précédent, donner qu'un seul son, mais clair et bruyant. C'est apparemment le même mot qui se rend en caldéen par kharna, Daniel 3:5, et que Martin a traduit par cor.
-
Le susan ou sosannim-héduth, Psaumes 45, 60, 69, et 80. Heidegger en fait un instrument à (six) cordes: c'était plutôt un instrument à vent, semblable à notre trompette ou à la clarinette; son nom de susan (lys) fait croire qu'il avait quelque ressemblance avec cette fleur. Susan héduth signifierait la trompette du témoignage, ou la trompette destinée aux chants (lyriques).
-
-
Instruments à cordes.
Leur nom général était neguinoth.
-
Kinnor et
-
Nebel,
— Voir: Harpe.
C'était probablement une espèce de lyre ou de guitare plus ou moins grande,
-
Le sabeka, Daniel 3:5, traduit saquebute; instrument triangulaire semblable à la harpe, avec quatre cordes ou même davantage, qui se pinçaient avec les doigts et rendaient des sons aigus; les bayadères de l'Orient voyageaient avec la saquebute, et Tite-Live, 39, 6, raconte qu'il en vint jusqu'à Rome (psaltriæ sambucistriæque).
-
Le psanther, Daniel 3:5, traduit psaltérion, était également une espèce de harpe, mais d'une forme qu'on ne peut déterminer,
-
Le kithros, Daniel 3:5,
— Voir: Harpe.
Les Hébreux connaissaient-ils une manière quelconque de noter la musique? C'est fort peu probable; la simplicité de leur musique non composée ne leur faisait pas sentir le besoin de compositions écrites, et la supposition que les accents ou la ponctuation des Psaumes servaient en même temps de notes, est dénuée de fondement; les accents ne remontent pas aux beaux jours de l'antiquité israélitique, et même si cela était, ils n'auraient pu fournir qu'une notation très incomplète. L'Occident n'a connu les notes de musique qu'au onzième siècle, et l'Orient moderne ne fait pas remonter les siennes au-delà du dix-septième. Qu'il y ait eu quelques expressions destinées à indiquer soit la mesure, soit des changements de ton, c'est possible, mais il ne faut pas en demander davantage.», les articles Psaumes, Sélah, Séminith, Halamolh, Guittith, etc.
— Quant au chant des psaumes, il ne faut pas le juger par la monotone et souvent nasillarde cantillation qu'on entend dans les synagogues modernes; ce devait être un chant proprement dit, c'est-dire de la musique; mais si l'on se rappelle que le chant des Grecs même n'a pu être encore déterminé, on comprendra que pour celui des Juifs il ne soit guère possible non plus de autre chose que des généralités. -
MYRA,
ville maritime de la Lycie, Actes 27:5; elle était située, d'après Strabon, à 20 Milles de la mer, sur une colline.
MYRRHE,
parfum végétal qui découle en
gomme d'un arbrisseau commun en Arabie. On
la mélangeait quelquefois à a autres
parfums, surtout pour le service du
sanctuaire, Exode 30:23; Cantique 3:6; ou
bien on l'employait pour parfumer les
vêtements, et les lits, pour embaumer les
morts, et pour oindre les personnes qu'on
aimait ou qu'on honorait, Esther 2:12;
Psaumes 45:9; Proverbes 7:17; Jean 19:39;
Cantique 5:5. Un peut conclure de Matthieu
2:11, que la myrrhe ne croissait pas
naturellement en Palestine, quoiqu'elle ait
pu être cultivée dans quelques jardins et
sur quelques coteaux, Cantique 4:6. Dans
tous ces passages il est question de cette
myrrhe si recherchée de l'ancien monde, qui
a été vantée par Pline (13, 2; 21, 18), par
Dioscoride (1, 73), par Athénée (3, 101),
par Euripide (Troad. 1064), et par tant
d'autres. Al'état liquide ou à l'état
solide, gomme ou huile, elle était
l'ingrédient principal dont on composait les
encens ou les parfums les plus précieux; on
la mêlait aussi au vin, non pour le rendre
plus fort, mais pour lui donner un goût plus
fin, quelque chose de plus recherché (comme
on fait infuser de l'angélique dans de
l'eau-de-vie); peut-être aussi ce mélange
communiquait-il au vin une vertu
étourdissante, et l'employait-on à cause de
cela pour amortir chez les suppliciés le
sentiment trop vif de la douleur, Marc
15:23.
— La myrrhe découlait, soit naturellement,
soit par des incisions artificielles, de
l'écorce d'un arbre ou arbrisseau de
l'Arabie et de l'Éthiopie, que les anciens,
qui ne le connaissaient que par ouï-dire,
n'ont pas décrit d'une manière exacte et
suffisante. Les naturalistes modernes
eux-mêmes n'ont, pendant longtemps, pu
déterminer non plus d'une manière précise
l'arbre de la myrrhe, et l'on s'est contenté
de voir et d'apprécier dans le commerce ces
morceaux te parfum, durs, opaques, en forme
de larmes, que les marchands orientaux
venaient échanger contre nos produits.
Ehrenberg, en 1829, est le premier qui ait
décrit l'arbre auquel on donne maintenant le
nom de balsamodendron myrrha; l'écorce en
est unie et d'une couleur gris cendré, le
bois est d'un jaune blanchâtre, les feuilles
fort nombreuses reposent soit isolées, soit
réunies en faisceaux, sur des pétioles
courts et unis; elles se composent de trois
folioles ovées d'inégale grandeur; les
fruits reposent également sur des pétioles;
ils sont ovés et se terminent en pointe,
leur peau est brune. La résine d'abord
huileuse, puis de la consistance du beurre,
est d'un blanc jaunâtre; elle passe ensuite
au jaune doré et devient rougeâtre en se
durcissant. Il est probable que d'autres
arbrisseaux donnent cependant aussi de la
myrrhe, et Belon dit avoir trouvé en
Palestine près de Rama, un buisson qui
distillait cet encens.
— Ce qui est appelé de la myrrhe franche,
Exode 30:23; Cantique 5:5, ou plutôt de la
myrrhe libre, c'est celle qui coule
d'elle-même et sans incisions, c'est
l'essence de la résine de l'arbre; elle est
encore connue et recherchée de nos jours
sous le nom de myrrha electa.
MYRTE,
arbuste de l'Asie qui s'élève quelquefois à une hauteur de 6 à 7 mètres. Il a l'écorce rougeâtre, des rameaux forts et flexibles, des feuilles unies, ovées et toujours vertes; des fleurs blanches, tirant parfois sur le rouge, et entourées d'un calice à trois sépales. Elles apparaissent au mois de mai, et donnent naissance à des baies ovales, pleines de pépins blancs et d'un goût très fort; ces baies deviennent noires en mûrissant. Les feuilles, comme les fleurs, répandent une odeur agréable (Virgile, Egl. 2, 54), et ont un goût épicé avec une vertu légèrement astringente. Le myrte choisit de préférence les vallées et le bord des ruisseaux (amantes littora myrti, dit Virgile), cf. Zacharie 1:8. Virgile, Géorg. 4, 124. On en trouve cependant aussi sur les hauteurs, Néhémie 8:15. Pline 16, 30. Les anciens faisaient du myrte un des plus beaux ornements de leurs jardins, soit à cause de son feuillage toujours vert, soit à cause de son parfum; ils en connaissaient et en cultivaient plusieurs espèces. Le myrte d'Égypte passait pour le plus odoriférant. Dans toutes les solennités, dans toutes les fêtes publiques ou domestiques, on ne manquait jamais de décorer les maisons et les appartements avec des branches de myrte; des couronnes étaient tressées pour ceindre la chevelure des jeunes gens et des jeunes filles, et le front chauve des vieillards, Pline 15, 36. Théophr. Plant. 4, 6. Les Hébreux ont aussi cultivé le myrte, comme on peut le conclure de Ésaïe 41:19; 55:13. Cependant, il est possible aussi qu'ils n'aient connu cet arbuste que dans son état sauvage, le mvrtus sylvestris.
MYSIE,
Actes 16:7, province de l'Asie
Mineure, voisine de la Bithynie, au nord de
la Troade. Lors du voyage de Paul, ce
district appartenait tout entier à la
province romaine de l'Asie, q.v., et le nom
de Mysie ne servait plus que comme ancienne
dénomination, facile à comprendre et d'un
usage commode, comme celui des anciennes
divisions, de même qu'en France on se sert
encore plus volontiers de la division par
provinces que de celle par départements. On
disait la Mysie comme on dit le Languedoc,
la Bourgogne; mais les géographes étaient
d'autant plus embarrassés pour donner des
limites exactes à ce district, que les
Mysiens et les Phrygiens avaient maintes
fois, par suite de diverses circonstances,
occupé une portion du territoire les uns des
autres. La Mysie était, en tout cas, un
petit district; sous les empereurs, il
touchait à l'Hellespont et à la Propontide,
et comprenait les embouchures de Æsopus et
du Granique. On comptait peut-être encore
dans l'origine, comme appartenant à la
Mysie, le district occidental qui longeait
la mer Égée jusqu'au fleuve Caïcus, et qui
prit le nom d'Æolide depuis que les Æoliens
s'en furent emparés,
— Voir: Strabon 12, 564.