Page 63 - Le Vatican l'argent et le pouvoir
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Image et conformisme de masse

               Ainsi la diplomatie déployée par le Saint-Siège joue-t-elle sur le

               théorème des extrêmes opposés (qui évite, dans tous les cas,, de

               devoir se démentir), ce qui amène à dire tout et le contraire de


               tout, dans une pratique frisant souvent la schizophrénie.



               Schématiquement, il s'agit soit de réaliser un compromis (ou une

               compromission ?) avec des régimes forts de droite ou du centre,

               afin de peser  sur  l'équilibre entre  socialisme  et capitalisme, soit


               de tenter une récupération des utopies politico-religieuses (cfr. la

               'théologie de la libération'), visant cette fois à modifier l'équilibre

               en sa faveur. Les deux thèmes sont traités à travers l'élaborat ou

               de la dichotomie bien-mal (bien et mal étant, cas par cas, redéfi-

               nis). Cette diplomatie insiste d'abord, comme il a été dit, sur l'axe


               Est-Ouest,  et  y  introduit  une  variable  nouvelle  et  pressante,  le

               Tiers Monde. Nous avons ainsi une sorte de  tableau à deux en-

               trées  (bien,  mal)  et  à  trois  variables  (Est,  Ouest,  Tiers-Monde)

               sur lequel le Saint-Siège déplace ses pions selon un nombre res-

               treint de combinaisons possibles. Deux de ces combinaisons sont


               le refus total de l'Urss et l'appui plus ou moins camouflé a Ronald

               Reagan.



               On ne s'étonnera pas du parallélisme qui se dessine entre la per-

               sonnalité de Reagan et celle du pape Wojtyla. Tous deux sont des


               hommes de spectacle dont la présence au monde est assurée par



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